l`action indispensable des chsct lors des restructurations
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l`action indispensable des chsct lors des restructurations
L’ACTION INDISPENSABLE DES CHSCT LORS DES RESTRUCTURATIONS Le projet de loi transposant l’ANI du 11 janvier risque d’être préjudiciable à l’action des CHSCT lors des PSE s’il est adopté en l’état. En effet, tel qu’il est rédigé, il réduit le temps nécessaire à l’information-consultation et rend très difficile la réalisation des missions d’expertise pour les CHSCT. Les plans sociaux dégradent la santé des salariés Le rapport européen HIRES, synthèse des travaux de recherche sur l’impact des plans de licenciements sur la santé des salariés, a constaté que « la perte d’un emploi dans un contexte social centré autour du travail doit être perçu comme un facteur fondamental de stress, c’est-à-dire associé aux risques graves de troubles de la santé et d’exclusion sociale ». Dès 2008, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) exprimait ses craintes de voir une crise sanitaire succéder aux crises financières, économiques et sociales. D’autres études ont montré que les restructurations ont un impact grave sur la santé : augmentation des problèmes de dépression, d’anxiété et de détresse psychologique. On sait que le stress se traduit aussi par des problèmes cardiovasculaires, des troubles musculo-squelettiques, des maladies psychosomatiques. En lien avec ces pathologies, on observe également une augmentation de la prescription de psychotropes ainsi que des changements de comportement en termes de santé : augmentation des addictions, régime alimentaire médiocre, manque d’activité physique, troubles du sommeil. Ces conséquences pour la santé de la perte d’emploi viennent s’ajouter au préjudice social et économique. L’augmentation du risque social (isolement, problèmes familiaux, financiers…) est également démontrée en phase de restructuration. N’oublions pas, par ailleurs, que les salariés qui restent dans l’entreprise après la restructuration sont aussi impactés. On parle de « syndrome du survivant des licenciements » et ceux-ci peuvent présenter également de nombreux symptômes de stress. On observe que les « rescapés » ressentent une culpabilité d’être encore présents alors que d’autres ont dû quitter l’entreprise. Dans le même temps, ils subissent une charge de travail accrue, de nombreux disfonctionnements d’organisation, une réduction des moments de récupération face aux contraintes à la fois mentales et physiques du travail, auxquelles s’ajoute la crainte d’être la possible victime d’une prochaine réorganisation. Face à ces enjeux majeurs de santé, les CHSCT ont donc un rôle essentiel à jouer. 1 L’ACTION INDISPENSABLE DES CHSCT LORS DES RESTRUCTURATIONS Le CHSCT doit pouvoir jouer son rôle d’alerte sur la santé et faire des propositions. Face à l’annonce terrible d’un plan social, le CHSCT doit pouvoir agir, en bonne coordination avec le comité d’entreprise. L’objectif principal est, de mettre en évidence tous les phénomènes qui vont encore aggraver les conséquences pour la santé physique et mentale des travailleurs. Nous pouvons notamment mentionner : Un sentiment d’arbitraire qui apparaît lorsque les fondements économiques ne sont pas clairement établis, que les informations fournies sont parcellaires. Un sentiment d’impuissance lorsque le projet paraît tellement rigide qu’aucune contreproposition n’est écoutée ni discutée, alors même qu’elle serait de nature à réduire certains effets négatifs identifiés. Un sentiment d’injustice qui est particulièrement fort lorsqu’une entreprise engage des licenciements mais maintient ses dividendes ou les bonus des dirigeants. Un sentiment d’isolement chaque fois que les causes d’une restructuration sont imputées aux difficultés individuelles des salariés en accentuant le sentiment d’être en échec personnel. Ces différents facteurs peuvent complètement déstabiliser des individus, atteindre gravement leur santé psychique, parfois créer un contexte favorable au suicide. Le CHSCT doit combattre pied à pied chacun de ces phénomènes et faire des propositions. Le CHSCT doit être très vigilant sur le travail de « ceux qui restent ». En général, dans les semaines qui suivent un PSE, les tâches de ceux qui partent sont redistribuées brutalement à « ceux qui restent », sans faire l’objet d’une réflexion approfondie sur l’activité réelle. Des problèmes graves de sécurité peuvent se poser. Les salariés doivent faire face à des difficultés techniques ou à des exigences des clients alors même que les plus expérimentés sont partis sans que les transmissions de connaissances ou de savoir-faire aient pu s’opérer, situation fréquente lors des « plans de départ volontaire ». Le sentiment de ne pas avoir les moyens de faire un travail de qualité, de manquer de compétences, de soutien, bref d’être en situation d’échec, peut alors être très fort. Nous observons des attitudes de « repli sur soi » et de malaise à exprimer les difficultés ressenties et cela, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il peut sembler gênant de faire remarquer ce que certains pourraient prendre pour des lacunes professionnelles, au risque d’être stigmatisé et « inscrit au prochain plan ». Mais aussi, parce que l’on hésite à se plaindre, eu égard à la situation pire de ceux qui ont été licenciés. Ces difficultés peuvent aussi être à l’origine de tensions relationnelles, voire d’agressivité. Il est notoire que les accidents du travail sont aussi plus nombreux dans ces contextes. 2 L’ACTION INDISPENSABLE DES CHSCT LORS DES RESTRUCTURATIONS Dans ces situations, le CHSCT doit bien identifier les causes des problèmes et faire des propositions sur les conditions réelles de réalisation du travail. Il faut absolument montrer que les difficultés ressenties trouvent leur origine dans la situation globale de l’entreprise et non dans les insuffisances des individus. Il faut mettre en débat les difficultés de la réorganisation et s’appuyer sur les savoirfaire de chacun pour trouver des solutions. Cette « mise en débat du travail » contribuera à réduire les tensions relationnelles et à restaurer une ambiance de travail correcte. Prévenir la dégradation de la santé des collègues licenciés Un sujet essentiel concerne les actions de prévention qu’il faut proposer pour les personnels licenciés. Tant que les salariés sont en poste, ils sont suivis par la médecine du travail qui dispose d’un dossier médical tenu dans la durée et qui garde la mémoire de l’état de santé du salarié ainsi que de ses expositions professionnelles. Dès lors que le salarié est licencié, et alors même qu’il entre dans une zone de risque accru pour sa santé physique et psychique, il ne bénéficie plus d’aucun soutien de la part des services de santé au travail. Si l’on ajoute à cela qu’il perdra aussi sa mutuelle au bout d’un certain délai, on mesure mieux en quoi un préjudice sanitaire est à prendre en compte en cas de licenciement économique. Le CHSCT peut proposer plusieurs actions pour réduire ces risques : Promouvoir tout ce qui va permettre de maintenir le lien social et de lutter contre l’isolement et le repli sur soi. Mettre en place un suivi médical renforcé dès les premières annonces, avec une régularité de visite médicale du travail accrue, par exemple tous les 6 mois comme dans le cas des travailleurs de nuit. Proposer que l’entreprise finance la mise en place d’un suivi médical par une structure de santé locale afin de pouvoir proposer régulièrement une visite médicale aux personnels licenciés. De cette façon, les dérives de leur état de santé seraient identifiées plus tôt, des actions de prévention et des soins pourraient leur être proposés avant que des dégradations plus lourdes ne viennent gravement pénaliser les intéressés avec les conséquences que l’on peut imaginer pour leur vie familiale et pour leur capacité à retrouver un emploi. 3 L’ACTION INDISPENSABLE DES CHSCT LORS DES RESTRUCTURATIONS Le CHSCT doit avoir les moyens d’agir lors des restructurations Face à l’ensemble des problèmes que pose une restructuration pour la santé et les conditions de travail, l’on comprend que c’est au contraire des moyens d’action étendus qu’il faut mettre en place : Les CHSCT doivent pouvoir évaluer l’ensemble des problèmes posés pour les licenciés, pour ceux qui restent, et sans oublier que la situation peut être très différente selon les métiers, selon les sites, etc. Cela ne sera pas possible si l’approche est trop centralisée et se fait dans la précipitation. Il s’agit de construire des propositions alternatives ancrées dans l’analyse du travail, seules capables de construire les bases d’une nouvelle efficacité productive avec de bonnes conditions de travail. Cela suppose d’avoir suffisamment de temps pour le faire avec les intéressés, souvent métier par métier, service par service. Enfin, les CHSCT doivent pouvoir assurer un suivi dans le temps de la situation qui permette de vérifier la mise en œuvre effective des engagements de l’entreprise, de contribuer à revenir à de bonnes conditions de production en contribuant à réduire ou supprimer les facteurs de dégradation de la santé. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à nous contacter : Paris – Jean-Mathieu Sassier- Mail : [email protected] – Tél. : 01 53 62 65 32 Lyon – Bertrand Artigny - Mail : [email protected] - Tél. : 04 78 63 78 55 Bordeaux - Cyril Longin - Mail : [email protected] - Tél. : 05 57 22 92 01 Lille – Anne-Marie Penzo - Mail: [email protected] - Tél. : 03 20 14 64 53 Marseille – Christophe Cauchon - Mail : [email protected] - Tél. : 04 91 93 92 08 Metz – Philippe Beaufort - Mail : [email protected] - Tél. : 03 87 56 85 50 Nantes – François Coutenceau - Mail : [email protected] - Tél. : 02 40 80 24 04 Toulouse – Laurent Maunier - Mail : [email protected] - Tél. : 05 62 72 45 38 4