Financer la reprise d`une entreprise

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CÉDER
& REPRENDRE
07
Une série en 10 parties - épisode 7 - mercredi 19 mars
Financer la reprise d’une entreprise
C’est fait : la reprise de votre entreprise est négociée. Qu’en est-il à présent du financement de l’opération ? Comme lors de l’achat d’un
immeuble, la transaction ne se réalisera que si l’acheteur boucle son financement. « C’est peut-être même une des étapes les plus
importantes du processus », estime Marie-Pierre Tasiaux, Senior Wealth Manager chez Belfius Banque & Assurances.
Établissez un plan d’affaires réaliste
Généralement, le repreneur doit contracter un
emprunt bancaire afin de financer la transaction. Dans
la plupart des cas, ce crédit est remboursé grâce aux
cash-flows de l’entreprise reprise, qui sont reversés aux
repreneurs sous la forme de dividendes, de tantièmes
ou de management fees. Établissez dès lors un business plan réaliste et tenez compte des futurs investissements et autres besoins en fonds de roulement,
explique Marie-Pierre Tasiaux. « Sur la base de ce budget, le banquier analysera si les cash-flows estimés
seront suffisants pour rembourser le crédit. Les scénarios trop optimistes ne sont pas retenus. »
« Établissez un business plan
réaliste et tenez compte des
futurs investissements et
autres besoins en fonds
de roulement »
Marie-Pierre Tasiaux,
Senior Wealth Manager chez Belfius
« Se mouiller » avec la banque
Le vendeur comme source
de financement
Si l’acquéreur n’a pas suffisamment de fonds propres à
investir, il peut solliciter l’aide de membres de sa famille ou d’amis, de business angels ou d’organismes
publics comme des invests, le Fonds de Participation ou
la Sowalfin en Wallonie. Cela dit, le vendeur peut également apporter de l’eau au moulin, note Marie-Pierre
La législation limite les possibilités d’utiliser les actifs de
l’entreprise reprise, en tant que garantie d’un crédit
octroyé pour financer une reprise. Un portefeuille de placements, des biens immobiliers ou des montages plus
complexes, comme le debt push down, offrent alors une
solution.
Sous certaines conditions, la banque peut également
faire appel au Fonds européen d’investissement (FEI)
pour consolider ses garanties. « Si une nouvelle société
est créée pour l’acquisition et si la transaction porte sur
la totalité des actions, le FEI fournira une garantie gratuite par l’intermédiaire de Belfius », explique Marie-Pierre
Tasiaux.
Conclusion ? Veillez à établir un plan d’acquisition de
qualité. « Dans ce plan, vous devrez détailler à la fois les
perspectives financières de l’entreprise à reprendre et
la manière dont l’acquisition sera financée », conclut
Marie-Pierre Tasiaux. Les collaborateurs de votre agence Belfius vous apporteront l’aide nécessaire.
conTeyor, une entreprise qui imagine et produit des
solutions d’emballages durables pour le secteur de
l’assemblage automobile, a récemment fait l’objet d’un
management buy-out. L’équipe du MBO a fait appel à
Belfius pour financer la reprise.
Belfius collabore avec le Fonds européen d’investissement (FEI) pour la promotion de la
compétitivité et du potentiel d’innovation d’entreprises européennes. Grâce à ce
partenariat, les chefs d’entreprises qui souhaitent lancer une nouvelle activité et
introduisent une demande de financement auprès de Belfius peuvent obtenir gratuitement
une garantie du FEI. Cette garantie peut faciliter l’analyse de leur demande, dans la mesure
où les starters devront fournir moins de garanties en propre. La demande de crédit doit
cependant réunir une série de conditions : le crédit doit notamment être compris entre
75 000 euros et 500 000 euros, et être assorti d’une durée comprise entre 18 mois et 20 ans.
conTeyor a été créée en 1995, mais les divergences de vues
entre l’actionnaire principal familial non actif et le management dynamique s’étaient exacerbées ces dernières années.
Le management voulait explorer de nouveaux marchés et
d’autres segments d’activités. Un MBO semblait donc la
meilleure solution pour préserver la croissance de l’entreprise.
« C’était une cession d’actions typique : le management a
racheté les parts des actionnaires existants avec l’aide d’un
investisseur private-equity », explique le CFO Bruno Caboot.
Partenaire à long terme
Une partie de l’opération a fait l’objet d’un financement
bancaire. conTeyor a dès lors mené une étude de
marché parmi les banques disposées à
participer à la transaction. « Belfius était
l’une d’entre elles et elle portait un
regard intelligent sur le dossier. Même
si nous ne collaborions pas encore
avec Belfius, nous avons immédiatement noté que la banque était
disposée à réfléchir sur le long
terme. Ils ont écouté notre histoire, cru en notre vision et
compris la spécificité de l’entreprise. Nous ne sommes pas un
équipementier automobile typique qui fournit toujours les
mêmes composants. Nous concevons chaque fois de nouveaux
projets et nous n’avons par conséquent pas toujours le même
nombre de projets en portefeuille. Belfius nous a donc proposé
un portefeuille de crédits innovants sur mesure, qui nous
permettait non seulement de réaliser le MBO, mais aussi de
financer notre croissance future avec une grande souplesse. »
Pour conTeyor, la réflexion à long terme de la banque
constituait une valeur ajoutée. « Si vous obtenez en plus des
conditions conformes au marché et des covenants
flexibles qui tiennent compte du plan d’entreprise,
vous avez votre partenaire à long terme »,
commente Bruno Caboot. « Chez Belfius, nous
avons trouvé une banque prête à participer à nos
réflexions. »
Côté financement, conTeyor a opté pour la
structure la plus classique. « Nous
avons créé un holding dont le
capital a été apporté par les
nouveaux actionnaires, à savoir
le partenaire en private-equity
et l’équipe du MBO. C’est
aussi à partir du holding que
les crédits à long terme
seront remboursés. »
© Sofie Van Hoof
PROCESSUS PRÉCÉDANT
LA REPRISE
2 Préparation
3 Chercher un cédant
4 Valorisation
5 Structuration du deal
REPRISE
6 Négociations
Financement du deal
7
CONSEIL : rencontrez votre
banquier pour vous informer
des sources de financement
envisageables.
8 Contrat
Garantie supplémentaire du Fonds européen d’investissement
En pratique La banque, un partenaire
à long terme
REPRISE ENVISAGÉE
1 Faire le point
Le FEI pour optimiser les garanties
© Sofie Van Hoof
Il n’est pas possible de financer intégralement une reprise par crédit bancaire. La banque demande toujours au
repreneur de mettre une partie du montant sur la table.
Un apport propre de 30 % est la norme. « Le repreneur
doit prouver qu’il est également disposé à engager ses
fonds propres, afin que la banque ne soit pas la seule
partie à courir un risque financier », explique MariePierre Tasiaux. « Le bénéfice potentiel direct pour la
banque est en effet limité : si tout se passe bien, le bénéfice de la banque reposera principalement sur les intérêts du crédit accordé. En revanche, le risque est important : si les choses se passent mal, le banquier pourrait
ne pas être remboursé. »
Tasiaux. « Il peut accorder un vendor loan. Une partie du
montant de l’acquisition est alors payée ultérieurement. En échange, l’acheteur verse un intérêt au vendeur. Nous remarquons qu’un nombre croissant de vendeurs sont prêts à accorder un tel vendor loan. »
APRÈS LA REPRISE
9 Financement
de la croissance
10 Gestion financière :
professionnel et privé
Le financement bénéficie
d’une garantie octroyée dans
le cadre du programme-cadre
pour la compétitivité et l’innovation de l’Union européenne.
En pratique
Découvrez les conseils et les checklists « repreneur » et « cédant » sur
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Optimiser
le montage financier
David Graitson, la quarantaine, connaît bien le
monde des PME belges. Il est actif dans la société
familiale de fabrication d’abris de jardin jusqu’en
2009, lorsqu’il décide de relever de nouveaux défis.
Il réalise alors une mission de management au sein
de deux PME belges, mais l’envie de diriger sa propre société demeure. En mars 2013, l’entrepreneur
décide alors de racheter une activité existante.
En un temps record
Du genre fonceur, David Graitson prend des contacts tous azimuts avec tous les spécialistes possibles dans le domaine de la transmission d’entreprises et intensifie le réseautage. Après quelques mois, il a bien défini le type de cible qu’il
recherche mais n’a pas encore trouvé la perle.
« Après avoir pris de vraies vacances en juillet et
août, j’ai décidé d’entrer en contact direct avec
des sociétés que je connaissais. De fil en aiguille,
j’ai rencontré Investsud, qui désirait revendre ses
actions dans les ateliers RC, une entreprise active dans la fabrication et l’installation de bennes
sur camions ainsi que dans la distribution et le
placement de grues de manutention », explique
David Graitson. La société correspondait à tous
ses critères et une lettre d’intention était déjà
signée le 17 octobre. Restait à réaliser l’audit
opérationnel et financier et à boucler le financement de la reprise. Deadline : le 20 décembre !
geux de réaliser la reprise via une société holding,
dans laquelle j’ai apporté des fonds propres »,
raconte l’entrepreneur. « Le holding a également
souscrit, auprès de Belfius, un emprunt à long
terme bénéficiant de la garantie du Fonds européen d’investissement (ndlr : voir texte principal).
Ensuite, le holding a bénéficié d’un dividende
ordinaire des ateliers RC au titre de l’exercice
2013 ainsi que d’un dividende exceptionnel financé par un emprunt à long terme dans la société
d’exploitation. » C’est donc la technique du debt
push down qui a été employée, permettant de
placer une partie de la dette dans la société d’exploitation, de manière à réduire
l’endettement du holding,
répartir les risques et limiter
les garanties personnelles de
l’acquéreur. Cette technique
et le recours à la
garantie du FEI ont
permis d’optimiser
le montage financier dans l’intérêt
de l’entrepreneur.
© Debby Termonia
Il est essentiel de rechercher la forme de financement la plus adéquate, ce qui peut être complexe. Voici dès lors quelques conseils à même
d’aider acheteur et vendeur.
Check-list à
considérer lors
de la reprise
d’une société
Prochain épisode : 23 avril
Le contrat
Sous la responsabilité de
Debt push down et garantie du FEI
« Après discussions avec le service Wealth
Management de Belfius, il semblait plus avanta-

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