Art Martial ou Sport de combat

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Art Martial ou Sport de combat
ART MARTIAL
OU SPORT DE COMBAT
Cette distinction, même pour de nombreux participants, est souvent floue. En
préambule à cette question, référons nous donc aux définitions du dictionnaire :
SPORT : Activité visant à améliorer sa condition physique. Ensemble des exercices physiques individuels ou
collectifs, donnant généralement lieu à compétition, pratiqués en observant certaines règles précises.
ART : Ensemble des procédés, des connaissances et des règles intéressant l’exercice d’une activité. Habileté,
talent, réflexion sur un mode d’expression, sur un absolu à atteindre.
Ces deux aspects sont ils possible à concilier ?
Un Art Martial est à l’origine un ensemble de techniques (et de leurs perfectionnements)
ayant pour but de neutraliser un adversaire avec un maximum d’efficacité. Ces arts puisent
leurs sources à des époques ou les compétions n’existaient pas, mais ou les combats
étaient bien réels. La compétition appliquée à un Art Martial pose donc les contradictions
suivantes :
Un combat réel ne connaît pas de règles, alors que le propre de la compétition est d’être
encadré par des règles. D’une part ces règles sont nécessaires pour la protection des
combattants, mais d’autre part ces règles sont souvent réductrices. Parfois à tel point que
l’Art Martial d’origine a presque totalement disparu.
Ainsi, Mochizuki Sensei, le grand maître Japonais aux 53 Dan, pensait radicalement que
les Arts Martiaux étaient incompatibles avec la compétition. Il disait à la fin de sa vie « Le
jour ou les Arts Martiaux Japonais seront devenus des sports, ils seront morts »
Minoru Mochizuki Sensei
Pourtant, comment valider l’efficacité d’un style sans confrontation réelle.
Dans beaucoup de cas, les échanges lors des entraînements deviennent une simulation
entre deux adversaires complices, et pour cette raison, Bruce Lee avait réintroduit dans
ses cours les oppositions réelles avec protections.
A l’extrême, l’histoire dit que l’enseignement du maître Yang Lu Chan était si réaliste et
violent, que seul deux ou trois élèves parvenaient à passer une année sans blessure
grave. Effectivement, les techniques étaient réellement mises en pratique, mais bien
heureusement de telles méthodes ne peuvent plus exister de nos jours.
Le maître d’armes Olivier Patrouix (membre de l’académie des armes de France)
analyse ces contradictions de façon très intelligente dans une interview récente.
Il déclare « Le Sport de Combat nous renvoie à la pratique d’une discipline en compétition. La compétition est
un objectif à part entière auquel s’adaptent les apprentissages puis ensuite les entraînements. Dans les Arts
Martiaux, la compétition est un outil éducatif plaçant le pratiquant dans une situation différente de celle du club,
de façon à ce que cette expérience l’enrichisse. Ainsi l'Art Martial ne se borne pas aux frontières d’un calendrier
sportif, mais à celle d’une vie humaine »
Yang Lu Chan
Ceci nous amène à penser que le problème, en tant que pratiquant d’un Art Martial, n’est
pas la compétition en elle même, mais l’esprit dans lequel elle est abordée.
Dans un esprit de confrontation et d’échange avec un adversaire, elle peut aider à corriger
ses faiblesses, à mieux comprendre certaines techniques, à se remettre en question et à
progresser.
Dans un but uniquement tourné vers les résultats, elle sera restrictive dans la pratique et
dans l’esprit. Techniquement, toutes les techniques n’étant pas les plus efficaces au
regard des règles et des juges seront abandonnées. Dans l’esprit, le pratiquant se sentira
grandi les jours de victoires et déçu les jours de défaites, il mesurera ce qu’il pensera être
sa progression à la qualité de ses résultats sportifs et non à la valeur de son
enrichissement personnel.
Taisen Deshimaru
Pour finir, nous citerons Taisen Deshimaru, le grand maître Zazen, qui exprimait sa méfiance envers la
compétition sportive et les titres obtenus par les propos suivants « Dans la voie du Budo comme dans celle du
Zen, il faut pratiquer sans but ni esprit de profit. Or la plupart des gens veulent toujours acquérir quelque chose.
Ils cherchent à avoir plutôt qu’à être »
N’oublions donc pas que le vrai but, à ne jamais perdre de vue, doit être l’épanouissement de chacun.
Quel que soit le moyen choisi pour se confronter, aux autres et à soi même, avec ou sans compétition.
© Académie de Kung Fu du Tigre Blanc

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