Médecine traditionnelle chinoise et art martial… ou la culture du QI

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Médecine traditionnelle chinoise et art martial… ou la culture du QI
Médecine traditionnelle chinoise et
art martial… ou la culture du QI
dans la maitrise de l’action
Par Bernard George-Bâtier
Introduction
Au début de l’humanité, l’homme a lutté
pour sa survie d’une part contre le climat, les
prédateurs et d’autres part, contre les autres
humains, pour défendre son territoire, sa
tribu, etc., à ce titre il développa l’art du
combat pour être le vainqueur, il s’intéressa
aussi naturellement aux différentes méthodes
pour soigner ses blessures et pour être apte à
combattre. Un des axes principaux du
combattant est sa foi dans les forces visibles
et invisibles qui l’entourent. Au fur et à
mesure de la civilisation, des médecines
apparurent ainsi que des arts martiaux
souvent en relation avec ces médecines.
1 - Les médecines et les arts martiaux
Nous nous arrêterons sur trois médecines
significatives :
L’Inde avec la médecine ayurvédique,
comprenant la phytothérapie, les massages, le
yoga, (posture, techniques respiratoire,
mantras, mudras) la psychologie en rapport
avec l’indouisme. L’art martial pratiqué
essentiellement dans le sud de l’Inde (Kerala)
est le Kalaripayat utilisant des postures
d’animaux (crocodile, lion, etc.) ainsi que
l’utilisation de bâton, sabre, poignard, etc.,
associés à des rituels.
L’enseignant en titre est souvent aussi un
médecin en médecine ayurvédique, il soigne
les blessures faites au cours de
l’entrainement, ces méthodes ont plusieurs
millénaires.
La Chine, avec la médecine traditionnelle
chinoise, depuis plusieurs millénaires, trouve
sa source dans le taoïsme.
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On distingue deux groupes :
-Le Wai Jia (externe) tel que le Wu Shu de -Shaolin, et le
-Nei Jia (interne) qui regroupe le Taijiquan, le
Bagua Zhang, et le Xingyi Quan.
Si le Wuhu de Shaolin est inspiré par le
bouddhisme Chan (Dyana en sanscrit)
importé de l’Inde par Damo (Bodhi Dharma) le
Neijia est d’inspiration taoïste et vient
essentiellement du Wudang Shan.
Le Japon, avec la médecine traditionnelle
japonaise, qui est d’inspiration chinoise au
même titre que l’écriture, et certains arts
martiaux (Judo, Karaté…). La religion
originelle du Japon est le Shinto (la voie des
dieux) d’origine shamanique. Le bouddhisme
importé de Chine se révéla sous des « écoles »
différentes tel que le Zen (Chan) ou le
Tantrisme (Tendai, Shingon). Les samouraïs,
répartis dans des clans, adoptèrent dans la
pratique des arts martiaux spécifiques (lance,
sabre, arc, mains nues …) qui, associés avec la
force spirituelle du bouddhisme et du Shinto,
leur permettaient de faire face à la mort.
2 - Les qualités issues des arts Martiaux
Prenons quelques exemples :
Le Kalaripayat apporte : souplesse, vitalité et
une grande maitrise de soi.
Le Wu Shu de Shaolin apporte :
concentration, précision, puissance, rapidité,
maitrise de soi et aussi la sérénité intérieure
par la méditation Chan.
Le Taijiquan apporte : relaxation dans la
gestuelle, sensation de la circulation
intérieure du Qi, harmonie du corps et de
l’esprit.
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Passons maintenant aux arts martiaux
japonais.
Nous avons choisi le Iai-Do (l’art de dégainer
et couper d’un seul geste) qui sur le plan
psychologique et énergétique amène le
processus suivant : calme, intuition ressentie
non formelle, jaillissement de la lame qui
tranche la vie, le geste qui nettoie la lame,
mise à l’étui de la lame. Le bénéfice de cette
pratique est le développement de l’intuition
et de la décision.
Un autre art martial considéré aussi comme
un art de vie est l’Aïkido « La voie (Do) de
s‘unir (Aï) avec les souffles de l’univers (Ki) ».
L’intérêt majeur de cette discipline est la
présence d’un ou plusieurs adversaires qu’il
faut neutraliser sans dommage, ce qui
implique une connaissance pour mener son
action sur un savoir immédiat adapté à la
situation présente, se traduisant par une
grande observation, un discernement, une
disponibilité et une réponse adaptée.
3 - Utilisation des qualités obtenues dans la
pratique de l’art martial dans la fonction de
thérapeute.
A) Une maitrise de soi permettant de donner
confiance au patient, d’avoir une gestuelle
contrôlée, utilisation du Qi.
Application : acupuncture/moxas et massage.
B/ Une observation optimisée du patient
(attitude, démarche, expression verbale,
détection d’informations non exprimées)
connaissance subtile des énergies.
Application : bilan.
C/ Une expérience des arts corporels.
Application : conseils.
(Psychologique, énergétiques) en
complément à une action thérapeutique.
Cette liste n’est pas limitative, elle est en
relation avec la capacité de pénétration et
d’absorption du pratiquant, ainsi que de son
expérience dans le temps.
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Il est évident que la maitrise de l’art martial
par le thérapeute est un atout essentiel dans
sa pratique de soins, nous agissons dans la
MTC sur le Qi pour « garder » un équilibre
de l’être qui nous confie sa santé au même
titre que le pratiquant de l’art martial se doit
de garder sa vie.
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Ce sujet est très vaste, nous ne pouvons
mesurer tous ses aspects que par la pratique
éclairée, pour conclure nous vous proposons
de méditer sur ce dicton Zen :
« Le grand chemin n’a pas de porte.
Des milliers de routes y pénètrent.
Celui qui franchit cette porte sans porte,
Marche librement entre le Ciel et la Terre. »