argumentaire sur l`homosexualité - Eglise évangélique réformée du

Transcription

argumentaire sur l`homosexualité - Eglise évangélique réformée du
Débat de l’EERV sur la question de l’homosexualité
Préambule
A la veille d’un débat sensible au Synode, les signataires souhaitent sensibiliser les délégués
synodaux aux enjeux suivants. Nous nous appuyons notamment sur trois textes, à notre avis
complets, pertinents et constructifs 1. Nous le faisons avec l’accord des auteurs.
Les enjeux
Nous voyons les enjeux fondamentaux suivants dans la discussion en Eglise sur la question de
l’homosexualité :
1) Référence à l’Ecriture
Question centrale : Quel emploi faisons-nous des textes bibliques ?
Pour la très grande majorité des théologiens à travers le monde et dans l’histoire de
l’Eglise, les textes bibliques ne peuvent servir à légitimer l’homosexualité comme un
mode de vie béni et voulu par Dieu. Les textes n’ouvrent pas non plus la perspective d’une
bénédiction ou d’une forme de reconnaissance d'un couple homosexuel.
Enjeu : Voulons-nous continuer à nous inscrire dans la tradition de la Réforme qui
se réfère en premier lieu à l’Ecriture ?
2) Référence à la société
Question centrale : En entrant en matière sur la question de l’homosexualité, l’Eglise le
fait-elle par conformisme à la société ou de manière critique/prophétique ?
Nous constatons l’évolution des mœurs et les pressions qui conduisent les Eglises à « se
positionner », autrement dit, à se repositionner en faveur d’une légitimation toujours plus
large de l’homosexualité dans nos sociétés occidentales.
Enjeu : Voulons-nous continuer à exercer, en temps qu’Eglise, un rôle critique et
prophétique, au risque d’un débat difficile mais constructif avec la société ?
3) Défense du couple
Question centrale : Dans une société où le couple et la famille ont besoin de soutien,
l’Eglise n’apporte-t-elle pas davantage de confusion en acceptant une bénédiction des
couples homosexuels?
La lecture des premiers chapitres de la Genèse nous présente l’altérité « homme-femme »
comme un modèle de couple voulu par Dieu. La différence sexuée montre qu’homme et
femme ont fondamentalement besoin l’un de l’autre pour véritablement former un couple.
La procréation en est un signe.
1
Ces trois documents sont accessibles sur le site : www.feref.ch puis aller sous “Forum
évangélique réformé”
- Risquer des thèses et proposer des démarches, Shafique Keshavjee, pasteur, docteur en
science des religions, professeur de théologie oecuménique à l'Université de Genève, dans
Hokhma 87, 2005
- Penser de manière œcuménique, Martin Hoegger, pasteur, chargé du ministère de dialogue
œcuménique et interreligieux dans l’EERV , dans Hokhma 87, 2005
- Bénir les couples homosexuels ? Pascal Hämmerli, théologien laïc, délégué synodal de
l’Eglise Evangélique Réformée Neuchâteloise
Enjeu : Voulons-nous donner un message clair et sans confusion qui nous permette
d’accompagner les couples et les familles dans leurs évolutions actuelles ?
4) Référence aux autres Eglises chrétiennes
Question centrale : Comment prenons-nous en considération les positions et réflexions
des autres Eglises chrétiennes ?
Une décision sur la question de l’homosexualité ne peut se faire en vase clos, sans prendre
en compte les processus en cours dans d’autres Eglises ou institutions œcuméniques :
seule une minorité d’Eglises, essentiellement réformées, se sont ouvertes récemment à la
reconnaissance de ministres homosexuels ou à la bénédiction de couples unis par un pacte
social. Les Eglises catholiques, orthodoxes, évangéliques et bon nombre d’Eglises issues
de la Réforme continuent d’affirmer la position traditionnellement tenue par les Eglises.
Enjeu : Voulons-nous considérer fraternellement et sérieusement les positions des
Eglises sœurs, au prix d’un vrai dialogue?
5) Respect des opinions exprimées
Question centrale : En acceptant une liturgie pour les couples homosexuels, le Synode
respecte-t-il les opinions exprimées lors de la consultation de l’EERV en 2004-2005?
Le rapport du Conseil Synodal relève qu’« un consensus très large (quasi unanimité) se
dessine quant au refus de cérémonies de mariage pour les couples homosexuels » (p. 8) et
que « les risques de confusion, donc de perte de repères dans ce que propose l’Eglise au
travers de son langage liturgique et rituel, sont très souvent mis en avant» (p. 9).
Enjeu : Voulons-nous d’une liturgie spécifique aux couples homosexuels qui serait
inévitablement confondue avec un mariage homosexuel?
6) Fonction de modèle
Question centrale : Les responsables en Eglise exercent-ils une responsabilité de
modèle ?
« Les personnes qui assument des responsabilités dans l’Eglise –ministres, conseillers de
paroisse, catéchètes, etc.- sont données en exemple au reste du peuple de l’Eglise (cf. 1
Timothée 3/1-13 et parallèles), qu’elles le veuillent ou non. » (voir Risquer des thèses et
proposer des démarches, Shafique Keshavjee, p. 85 , dans Hokhma 87, 2005)
Enjeu : Dans une société à la recherche de repères, voulons-nous aider les
responsables d’Eglise à vivre et à assumer leurs rôles de modèles?
Un autre chemin commun
Les signataire souhaitent que notre Eglise se dirige dans les directions suivantes :
1. Faute d’unanimité, la voie du consensus
Nous voulons privilégier l’unité dans et de l’Eglise, en visant le consensus.
Bien des Eglises réfléchissent au thème de l’homosexualité depuis de nombreuses années.
Certaines d’entre elles ont pris des décisions hâtives qui ont provoqué des moratoires ou
de graves tensions.
L’Eglise Evangélique Réformée de Neuchâtel vient d’aborder la question de la
bénédiction des couples homosexuels. Voulant privilégier la voie du consensus, le Synode
neuchâtelois a refusé d’entrer en matière sur les propositions du Conseil synodal.
Le consensus est une méthode de discernement reconnue et adoptée par le COE et par le
Conseil des Eglises chrétiennes dans le Canton de Vaud.
"Il devint alors évident que si vous abordez le débat dans l'esprit de prendre une décision
plutôt que dans celui de chercher un discernement, vous vous égarez. Cela crée des
divisions radicales. La méthode doit être la discussion et la réflexion, non pas la décision
législative. " Léonid Kishkovsky2
Faute d’unanimité sur le rapport soumis au Synode, nous encourageons la reprise de la
question selon le mode et les règles du consensus.
2. L’amour et l’accompagnement
L’Eglise est appelée en premier lieu à l’amour du prochain. Concrètement, les signataires
appellent notre Eglise à combattre l’homophobie et à favoriser l’authenticité dans nos
rapports avec les personnes homosexuelles. Seule cette authenticité permet de développer
un vrai amour fraternel.
La réponse à la question posée par l’homosexualité ne passe pas par une décision
législative qui va diviser notre Eglise mais par une conversion continue de nos cœurs à
l’amour du prochain, quel qu’il soit.
Les signataire
2
9
cité dans Le modèle du consensus : un changement institutionnel radical, Martin Hoegger, p.