Chariots élévateurs : un secteur qui avance

Transcription

Chariots élévateurs : un secteur qui avance
MANUTENTION
Focus réalisé par Laurène de Vialar et
Thibault Puel.
FOCUS
FOCUS
Chariots élévateurs :
un secteur qui avance
Un marché qui se rétablit, des innovations et des réflexions constantes, des acteurs
déterminés et des produits renouvelés, le monde du chariot continue de se développer
et d’anticiper les besoins et les exigences de ses clients.
Petit à petit, le marché se redresse. La
reprise a été légère en 2010, en 2011
puis en 2012. Selon Patrick le Bourg,
secrétaire général du pôle économique
du Cisma : « Au niveau macro économique, le premier semestre 2013 a été
bon. Les chariots industriels ont une
répartition polysectorielle clients permettant au marché de ne pas être malmené
par un secteur. À fin juillet, en “year to
date”, nous sommes proches de l’équilibre sur les quatre “familles” de chariots ». Du côté des acteurs du secteur,
les chiffres sont-ils les mêmes ? Pour Still,
par exemple, Pierre Guillaumot, son président annonce un « marché à peu près
stable au niveau des quantités par rapport à l’an dernier » et pense « arriver à
environ 50 000 chariots ». Cet équilibre,
fragile et incertain, s’explique pour Benjamin de Castelnau, directeur marketing
et développement d’Aprolis : « par le
fait que les clients jouent la prudence.
Les enveloppes d’investissement n’ont
pas forcement été débloquées. Nous
n’avons pas perdu de clients, mais au lieu
de mettre des machines neuves, nous
avons convenu ensemble de prolonger
le contrat ». Cette flexibilité et cette souplesse sur les contrats, sans doute dues
à la volatilité des activités économiques,
ne semblent pourtant pas altérer le moral
des spécialistes du chariot. Le marché de
l’occasion se porte bien et pour accélerer
la reprise et satisfaire une clientèle toujours plus exigeante, ces derniers se sont
appuyés, depuis quelques années déjà,
sur un certain nombre de tendances et
de moyens. L’un des plus flagrants ? La
diversification. Patrick le Bourg l’exprime
ainsi : « Depuis quelques années, nous
assistons au développement d’offreurs
“toutes catégories” ou full liner. Ceci
est le résultat d’une évolution qui a
pris plusieurs années, les constructeurs
doivent désormais répondre à toutes les
demandes ». Électriques, thermiques,
magasiniers, porte-à-faux, l’arrivée d’Atlet
en 2012 dans le groupe UniCarriers
suite au rapprochement des divisions
chariots de manutention des groupes
Nissan Motor (Nissan Forklift) et Hitachi
Construction Machinery (TCM) en est
une des illustrations. Mais là n’est pas le
seul exemple. Chez Jungheinrich, Benjamin Bourguet, responsable support
produits explique : « Sur les secteurs où
nous sommes bien implantés, il faut
se renforcer pour résister à ce que la
concurrence essaye de mettre en place
pour compenser les pertes par ailleurs.
À l’inverse, là où nous sommes moins
présents, nous devons établir des stratégies permettant d’arriver à une pénétration de marché au même niveau que
pour les autres types de matériel. Nous
voulons renforcer notre position lorsque
nous sommes leaders et renforcer notre
offre sur les produits pour lesquels nous
sommes plus outsiders ». Même constat
chez Aprolis où Benjamin de Castelnau
explique aller chercher la croissance par
la diversification des matériels : « Nous
représentons Caterpillar et Crown (pour
les matériels de magasinage), et nous
offrons à ses mêmes clients des nacelles
électriques, du matériel de nettoyage et
des véhicules électriques que l’on va également proposer avec des contrats. Cette
diversification des matériels va apporter
de la valeur ajoutée et être différenciante. Pour faire face à cette crise nous
avons donc proposé plus de produits à
nos clients ».
UN MARCHÉ
QUI RESTE EN MOUVEMENT
Source : Cisma - pôle économique - mars 2013.
60
N°109  Octobre 2013
LE JOURNAL DE LA LOGISTIQUE
Et c’est plus précisément sur cette diversification que les acteurs se démarquent.
Qu’ils s’agissent d’offres économiques,
notamment chez OMS Manutention
(filiale d’Aprolis) via la distribution de
la marque Heli, ou de chariots dotés
de technologies permettant des éco-
nomies d’énergie : « Il y a actuellement
beaucoup de discussions concernant
l’énergie. Nous sentons une volonté du
marché, des utilisateurs et des différents
fournisseurs de proposer des solutions
alternatives telles que le lithium ion ou
de nouvelles technologies afin de sortir
de cette contrainte qu’est la gestion de
l’énergie, que ce soit son entretien ou
sa manipulation. L’intérêt est de réaliser
des gains en temps et donc des économies d’argent », analyse Benjamin Bourguet. Ce sujet est également l’un des
fers de lance du constructeur allemand
Still. Pierre Guillaumot prédit ainsi « une
future domination de l’électrique, et
même si cela ne se constate pas encore
dans les chiffres, on assiste sur le terrain à
un réel attrait pour ces chariots. Cela est
en partie dû au durcissement des normes
concernant les émissions de CO2, poussant les clients à se tourner vers les technologies électriques. Nous avons des
chariots hybrides qui répondent aux
besoins sur les économies d’énergie et
les émissions de CO2 ». Pour des clients
ayant des parcs importants, l’alternative technologique et écologique ne
laisse pas indifférente. Un phénomène
qui contraste avec le développement
des gammes économiques, qui correspondent à une utilisation sans doute
moins intensive et surtout à un investissement moins important. Cependant, pour
Patrick Le Bourg, cette tendance « reste
pour l’instant très marginale en France.
Certains grands groupes ne veulent pas
de low cost pour ne pas “polluer” leur
notoriété, d’autres en commercialisent
sous d’autres marques. Le marché se
prépare à l’arrivée des chariots chinois (il
y a environ 25 constructeurs chinois) en
préparant des solutions pour contrer ces
nouveaux arrivants », constate-t-il.
tion du marché va beaucoup dépendre
du facteur économie d’énergie. Nous
sommes peut-être en train de vivre un
virage énergétique avec la fin des batteries classiques, mais cela reste une
projection. Cela va également dépendre
des fournisseurs d’énergie, la révolution
peut se faire en fonction de leur capacité
à pouvoir imposer leurs technologies ».
Celles-ci, liées à l’énergie, ne seront d’ailleurs sans doute pas les seules à émerger.
Communication, connectivité, ergonomie, continueront aussi sans doute
à faire apparaître de nouveaux modèles
et services : « La flexibilité deviendra un
point important, il y aura besoin de polyvalence. Ce besoin de modularité se tra-
duira par des chariots qui combineront
plusieurs fonctions en une (cf. le concept
CubeXX de Still) », assure quant à lui Pierre
Guillaumot. Et ce souci d’exemplarité face
aux demandes clients se confirme d’ailleurs par Benjamin de Castelnau : « Les
clients veulent de plus en plus un service
premium, avec la possibilité de gérer leurs
flottes à distances, 24H/24 et en temps
réel, d’optimiser les coûts de façon instantanée… » Ainsi, qu’ils s’agissent de
services ou de technologies, le marché du
chariot, même s’il ne jouit pas d’une croissance sans précédent, ne cesse d’innover
et de chercher à se renouveler, volontaire
face à un contexte économique qui tarde
à s’améliorer. ■
DES TENDANCES, UN AVENIR
Pour Patrick Le Bourg, « la réglementation technique va également commander l’avenir ». Un avis partagé par
Benjamin Bourguet pour qui « l’évolu-
Source : Cisma - pôle économique - mars 2013.
N°109  Octobre 2013
LE JOURNAL DE LA LOGISTIQUE
61