Histoire du Commons
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Histoire du Commons
Le légendaire Commons Hotel — 75 ans de « fun noir » à Morin- Heights par Donald Stewart Le légendaire «Commons Hotel» a certainement été l’endroit le plus connu de Morin-Heights jusqu’à il y a peu. On peut dire que ce nom a traversé les âges, même le pays, et qu’il évoque d’incroyables souvenirs à travers la planète. Pour bien des gens de l’extérieur, le « Commons » est automatiquement lié au nom même de Morin-Heights. « Vous vous rappelez du Commons? Vous rappelez-vous du « fun noir » qu’on y avait? Vous vous rappelez le Rock & Roll qu’on y jouait et dansait? » De tous les établissements de Morin-Heights à travers le temps (Bellevue, Carriage House, Rockcliffe, Chuckies, Alpino, Swiss Inn, etc.) le «Commons» a été la place ou il fallait aller pour de la bonne musique, de la bonne “booze” et de la bonne danse. On y couchait même car le 3ième étage a longtemps été une maison de chambres qui offrait le gîte pour pas cher aux skieurs des années ’30 et plus tard dans les années ’60 aux clients éméchés qui avaient un peu trop consommé. À l’arrière, un immense stationnement, au sous-sol un deuxième bar pendant bien des années. On y a même tenu un restaurant à une certaine époque. Du début des années 1960 jusqu’aux années ’90, le Commons était l’endroit ou aller pour la musique à tue-tête et le bon rock & roll. 1 De nombreux célèbres musiciens qui enregistraient au Le Studio situé pas très loin venaient souvent aux petites heures du matin pour « jammer » avec les groupes de musique locaux. Le plus important changement qu’ait connu le Commons est survenu en 1983. En effet, les propriétaires décidèrent d’agrandir l’endroit après que le groupe Iron Butterfly eut donné un concert qui attirât 550 personnes. Ils élevèrent une scène surélevée et scièrent même le plafond afin que plus des spectateurs puissent s’installer à un nouveau balcon. On transformat alors le 3ième étage pour y accueillir un bar. Pendant les années ‘Showbar’ du Commons une belle brochette d’artistes vinrent s’y produire, parmi lesquelles Blue Rodeo, Levon Helm, Jeff Healey, Honeymoon Suite, Dutch Mason, le ZZ Top tribute band Très Hombres, Long John Baldry, Rare Earth, Edgar Winter, Blushing Brides, James Cotton, Corey Hart, Minglewood, et les Downchild Blues Band. Les artistes locaux les plus courus furent sans contredit Barb and the Barband et les fabulous Harris Sisters. Mais bien avant le rock&roll, le Commons a été un endroit où on allait danser. Il fut construit en 1925 à une courte distance du centre du village, tout près de la voie ferrée du CN, sur Station Road (aujourd’hui le chemin du Lac Écho), le bâtiment d’origine s’appelait Hammond’s Dance Hall. Au cours de les 75 ans d’existence, le Commons Hotel a été maintes fois vendu et racheté pas différents propriétaires. Une chose est certaine, le Commons a été un des plus célébres – parfois infâme – endroit de Morin-Heights. Une partie de la toiture de l’immeuble s’est écroulée en mars 2005 après l’accumulation d’importantes chutes de neige. L’endroit étant désert, il n’y eut heureusement que des dommages à l’immeuble. Il y eut par la suite quelques tentatives pour reconstruire ce bâtiment historique mais le jeu n’en valait pas la chandelle. De plus, les temps ayant changé, les établissements offrant des spectacles dans les petites villes n’avaient plus la cote et l’alcool au volant devenait un enjeu de plus grande importance. L’immeuble restât inoccupé un certain temps et fut finalement démoli. Il valait certainement mieux le démolir que de le voir périr dans un incendie comme on l’a parfois vu dans le passé. Il est dommage qu’il n’y ait pas eu de cérémonie officielle de fermeture de ce formidable endroit. On y aurait certainement versé quelques larmes 2 en souvenir du bon temps qu’on y a passé. Il n’en reste plus rien, sinon qu’un bout de mur de béton. Un lieu plein de souvenirs Tous ceux qui ont fréquenté le Commons ont toujours quelque histoire qui s’y rattache. Pour certains, c’est une nuit passée dans une des chambre du 3ième. Pour d’autres ça peut être un flirt d’un soir qui se termine par une belle ballade au clair de lune à l’arrière du bâtiment. Ou encore une bonne bagarre avec les gars des Mille-Isles avec bouteilles et chaises qui volent comme des projectiles d’un côté à l’autre de la « gang ». Sans compter les bals costumés de l’Halloween, les danses carrées accompagnées d’un violoneux, les parties d’huitres, les rencontres de célèbres musiciens venus enregistrer un disque au Le Studio, un p’tit joint fumé sur la véranda, une petite descente en traine sauvage derrière le Commons au Mont Bellevue avec une bière dans une main et une cigarette dans l’autre, une petite virée d’amis et de blondes dans les rues du village avec un bouteille de scotch qui passe d’une bouche à l’autre. C’est dans les années ’30 et ’40 que le Commons a connu ses premiers moments de popularité et c’est par le train que les skieurs ont envahi Morin-Heights et les villes et villages des Laurentides. Ces nombreux touristes venaient pour le weekend et s’installaient qui à l’hôtel, qui dans une des dizaine de maisons de chambres du village. Les gens venaient faire du ski alpin et du ski de fond sur l’une ou l’autre des montagnes des environs. Morin-Heights en comptait d’ailleurs quelques unes, pour la plupart opérées par les villageois et équipées de “tire-fesses”. Morin-Heights était d’ailleurs une “party town” où on ne venait pas que pour skier. Les touristes venaient pour la joyeuse camaraderie, les activités d’après-ski et les bons hôtels avec spectacles. De 1921 à 1938, dans le temps de la prohibition, Morin-Heights devint officiellement, comme plusieurs autres du pays, une ville sans alcool. Il semble cependant que ce ne fut pas vraiment le cas ici. Certains de nos ainés qui ont vécu cette ère de supposée prohibition parlent de temps où l’alcool coulait à flots grâce à nos contrebandiers locaux. On pouvait facilement se procurer le l’alcool “en dessous de la table” dans les pensions de famille, à la salle de danse ou dans la valise (coffre arrière) de l’un ou l’autre des contrebandiers locaux. En 1938 de furieux débats se tenaient avec d’un côté l’église et le Women’s Institute et de l’autre les propriétaires de bars et 3 commerçants. La ville tenu un référendum pour trancher le débat. Le vote très « serré » du 7 novembre 1938 donna le résultat suivant : 105 en faveur de la prohibition, 3 absentions et 110 pour que la vente et la consommation d’alcool soient permises. L’établissement Hammond’s Dance Hall/The Commons fut le premier détenteur d’un permis d’alcool. Dans « l’ancien temps » les salles de danse étaient généralement paquetées de danseurs et danseuses de sets carrés. Rowena Blair se rappelle que Willie Baldwin lançait à tue-tête “Honour your partners and corners all” pendant que Henry Baldwin se mettaient au violon et Bella Seale ou Peggy Gilbey jouaient au piano. “La place était paquetée et c’était la fête… ….Put another nickel in, in the nickelodeon. On dansait le jive, le jitterbugging et la grande valse au son de la musique d’Artie Shaw, Benny Goodman, Tommy Dorsey. C’était le bon temps! George Wade and the Cornhuskers habillés en cowboy. Al Griffin and his Harvesters. Le guitarist Bobby Seale jouait pour ces deux groups.” 1. C’est dans ces mêmes années que Robert John Ivall (photo) violonnait avec sa soeur Naomi au piano pendant que Melvin Dey callait. Il y avait évidemment des gens de la ville qui venaient en weekend à Morin-Heights et certains d’entre eux ont trouvé au Commons leur futurs époux ou épouses. Citons Fernand Guenette, (né en 1921), qui a rencontré sa future épouse Geraldine au Commons au début des années ’40. Elle était de Montréal et venait skier chez nous les fins de semaine et logeait au gîte de ferme Watchorn. Certaines personnes venaient s’établir à Morin-Heights simplement pour le grand plaisir qu’ils trouvaient à aller au Commons. Faye Rankin se rappelle que lui et ses copains 4 “fermaient” le Commons à 4 heures du matin et allaient ensuite au restaurant Boyd’s pour se taper les hamburgers. Bien de gens se rappellent être aller au Commons bien avant atteint l’âge de consommer de l’alcool. Le plus belles filles étaient souvent acceptées en dépit du fait qu’elles s’avaient que 14 ou 15ans. Le sous-sol du Commons Bien que le rez-de-chaussée du Commons ait été mieux connu que ce qu’il y avait au sous-sol, celui-ci n’en a pas moins eu une intéressante histoire. En effet, il y eut dans les années ’70 un pub qui s’appelait “Chez Van” et géré par Kim et Bob Brewster. On y jouait principalement du Van Morrison. Quelques temps plus tard Mark Sherry ouvrit le Cabaret du Nord, établissement qui offrait de la musique “live” et c’était un endroit où on aimait se retrouver entre amis les vendredi et samedi soirs. Cette boîte devint par la suite le pub Buddy’s, appellation qui venait du nom d’un chien terrier, Buddy Bardog, propriété du barman d’en haut, Neil Zack, qui incidemment devint par la suite journaliste. Neil a écrit en 1994 dans le magazine Perspective un hilarant article à propos de Buddy Bardog. À la fin des années ’90 on rénovat le sous-sol pour en faire un chic pub irlandais, le William’s Pub. Au cours des années ’60, l’étage du haut a brièvement abrité un bar de danseuses qu’on disait opéré par la mafia. Au même moment le sous-sol était loué par un groupe de musiciens qui y faisait ses pratiques. On dit que les mafiosi organisaient à l’étage du haut des tournois de billard, invitant les gens du coin à venir y jouer pour de l’argent et évidemment pour bien les arnaquer. On raconte qu’un jour Vic Cotroni envoya un de ses garde-du-corps au sous-sol en demandant que le groupe de musique vienne faire un tour « en haut » car le « boss » voulait entendre un « toune ». Le groupe croisa les doigts, s’exécuta et chanta « To Love Somebody » des BeeGees, espérant que le “boss” aimerait ça. 2. Au cours de toutes les années d’existence du Commons il ne n’est produit qu’une seule réelle tragédie. C’était l’été, dans les années ’80 et il faisait une chaleur étouffante. Willie Marshall refaisait la peinture extérieure du Commons et avait appuyé une échelle en aluminium sur l’un 5 des murs tout prés des fils électrique d’Hydro-Québec. Un arc électrique se produisit près de Willie et Wayne “Charlie” Hyde, un des propriétaires du bar, prit héroïquement l’échelle en mains pour la déplacer de l’endroit où se trouvait Willie. Celui-ci s’en tira indemne mais Wayne “Charlie” Hyde fut mortellement blessé par l’électrocution. Quand on y pense, le Commons a été une institution bienveillante à l’égard de notre communauté. C’était l’endroit où, au fil des ans, tout le monde s’y est retrouvé pour parfois des activités aussi diverses que le carnaval du village ou les matches de boxe des jeunes écoliers. Dans ses dernières années, on organisait au Commons des événements destinées à amasser des fonds: Soupers spaghetti, diverses réunions, et soirées avec dîner meurtres et mystères. Toute une institution. Levons nos verres au Commons et que sa mémoire soit éternellement célébrée! -------1. Porc-épic 4, page 44, 2001 2. Porc-épic 5, page 65, 2002 Réunion Commons Le 1er août 2015 À compter de 18h Ski Morin-Heights Plusieurs groupes sur place, incluant Barb Harris from Barb and Barband et Liz Harris des Ste-Agathe Flyers Les profits seront versés à l’école MHES et au LES (programme des petits déjeuners) 6