Paris Photo : l`intrigante obsession pour le motif léopard, de Paris à

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Paris Photo : l`intrigante obsession pour le motif léopard, de Paris à
Paris Photo : l’intrigante obsession pour le
motif léopard, de Paris à Kinshasa
par Matthew Kirby | 15 novembre 2016
Depuis quelques décennies, l’imprimé léopard est un incontournable de la mode. Mais
avant qu’il ne devienne si populaire, ce vêtement à motifs était très cher et exotique.
Chef Matadi Kibala, Kinshasa, 2015 (© Emilie Regnier)
De Mobutu à Dior, le léopard est l’imprimé le plus utilisé dans le monde de la mode depuis
l’ère du mammouth laineux. Porté comme symbole de pouvoir, de richesse et de statut par les
rois et reines d’Afrique, il est aussi populaire chez les fortunés d’Occident. Fascinée par celuici, la photographe canadienne Émilie Regnier a décidé d’en retracer les différentes
interprétations modernes. À la recherche de fashionistas qui se prélassent dans la peau de
ce chat majestueux, Émilie est allée au Texas, à New York, à Paris, à Johannesburg et dans
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bien d’autres villes : en rencontrant des gens de milieux différents ayant le même amour
pour l’imprimé léopard, elle a découvert ce qu’il signifiait vraiment pour eux.
Ainis, elle a rencontré Samuel Weidi, qui a passé sa vie à se prendre pour Mobutu Sese Seko,
l’ex-président du Congo. Lors de la Contemporary African Arts Fair à Londres, Émilie
Regnier nous a expliqué : “Chaque matin, il se réveille et s’habille comme Mobutu, même
chapeau, même canne… Et pas seulement pour les photos.” Il y a aussi le chef Matadi Kibala
(photo ci-dessus), un chef de tribu très populaire à Kinshasa — la plus grande ville de la
République démocratique du Congo. Après avoir demandé l’autorisation à ses ancêtres, il a
proposé à Émilie Regnier de le prendre en photo devant sa Jeep. “Il s’est changé trois
fois pour me montrer l’étendue de son attirail”, explique-t-elle.
De la haute couture à la culture urbaine
La photographe a également rencontré un homme appelé Larry, qui est recouvert de tatouages
de taches de léopard… jusque sur ses parties génitales. Il lui a raconté que son obsession pour
les léopards a commencé en 1993, quand il a quitté l’université et qu’il a commencé à vivre
dans la rue : “J’ai vu à quel point les humains pouvaient être cruels envers les autres
humains, et j’ai décidé que je ne voulais plus faire partie de cette espèce. Je suis donc devenu
un homme-léopard”, a-t-il confié.
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Larry, Texas, 2015 (© Emilie Regnier)
Lors de son “tour du monde du motif léopard”, Émilie Regnier a rencontré d’autres
personnages hauts en couleur, des DJs parisiens aux dames de 60 ans entièrement drapées
d’imprimés léopard en Afrique. Elle raconte que le plus intéressant était de découvrir
comment le léopard était passé de la haute couture à la culture urbaine en seulement quelques
décennies.
En 1947, Dior a été la première maison de haute couture à produire des vêtements et des
fourrures léopard. Au début du 20e siècle, il était réservé aux “prostituées et aux femmes de
petite vertu”, explique Émilie Regnier. Depuis, il s’est largement répandu au point d’être
l’imprimé le plus porté : des célèbres campagnes de Dolce & Gabbana aux podiums des
fashion shows en passant par les concerts de Kanye West.
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Madame Faye, Dakar, 2015 (© Emilie Regnier)
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Samuel Weidi, Kinshasa, 2015 (© Emilie Regnier)
Regnier a exposé ses photos à Paris Photo ce week-end.
http://cheese.konbini.com/photos/paris-photo-lintrigante-obsession-leopard-de-paris-akinshasa/
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