Paul Verlaine, L`enterrement

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Paul Verlaine, L`enterrement
corrigé bac 2012
Examen : Bac 1ère ES, S
Epreuve : Français
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RAPPEL DU SUJET
EXERCICE D'ECRITURE : LE COMMENTAIRE
Vous ferez le commentaire du texte de Paul Verlaine, "L'enterrement" ci-après.
TEXTE C : Paul Verlaine, "L'enterrement", Poèmes saturniens
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LE CORRIGÉ
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I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET
II. PROPOSITION DE PLAN
L’analyse linéaire est toujours possible mais elle demande d’avoir des fils conducteurs et risque de noter des éléments
redondants. Par ailleurs la visée ironique se traduit dans son ensemble et a déjà fait l’objet d’une réponse détaillée lors de la
1ère question, c’est pourquoi nous proposons ici un plan thématique :
1. Un éloge paradoxal (une description inattendue)
2. Une satire sociale
III LES PISTES DE REPONSES
Introduction :
Présentation du texte (auteur, date et spécificité du texte : un sonnet), problématique (visée satirique), annonce du plan (deux
axes de lecture).
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I. Un éloge paradoxal
A. Un poème descriptif
Le titre du poème fixe l’objet de la description. Le nom "enterrement" est d’ailleurs repris dès le premier vers. Le poème se
fait énumératif des différents spectateurs de cet événement : "Les fossoyeurs", "le prêtre", "l’enfant de chœur".
La description se veut générale comme en témoigne l’usage du présent de vérité générale. Elle ne prétend pas se saisir
d’un enterrement en particulier. Ainsi, les personnages présents restent anonymes ou sont saisis collectivement ("les
croque-morts", "les héritiers").
La description adopte un ordre chronologique , celui de la cérémonie : chaque strophe du sonnet marque une nouvelle
étape. Par exemple, vers 6 "et quand", vers 10, 12, 13 : "Et puis" en anaphore.
B. Un événement funeste
La mort est présente sous toutes ses facettes. C’est d’abord l’univers religieux qui est dénoté par la mention du personnel
religieux ("prêtre", "enfant de chœur"), ou d’objets représentatifs comme "la cloche" qui situe le cadre de l’action.
Le personnel des
pompes funèbres
("fossoyeurs", "croque-morts") se trouve aussi évoqué avec des accessoires
caractéristiques comme "la pioche".
Le mort, quant à lui, figure au cœur du poème (à la fin du dernier quatrain) : "cercueil", "défunt".
C. Transfiguré en événement joyeux
Le premier vers présente une
contradiction avec l’oxymore
entre « gai » et « enterrement », qui annonce la
tra
C’est à un éloge (inattendu) d’un événement tragique que se livre le poète (éloge paradoxal). Certains termes tissent un
champ lexical du bonheur : "gai", "heureux", "charmant", "allègrement", ce qui fait de l’enterrement un moment de joie. Les
exclamations (v.1, 9) semblent d’ailleurs indiquer l’enthousiasme du poète.
Ainsi, la mort se trouve dédramatisée : le mort fait d’ailleurs l’objet d’une caractérisation oxymorique , puisqu’il devient
"heureux drille" et que la fosse est décrite comme un lit confortable : "douillettement", "mol", "bien au chaud" et le cercueil, par
une métaphore, devient "édredon".
Transition : Si la dimension tragique de l’enterrement disparaît derrière une dimension festive, il n’en reste pas moins que le
poème possède une dimension satirique.
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II. Une satire sociale
A. La critique de la vénalité
La pointe du sonnet (ou sa chute dans le dernier vers) avec la mention des héritiers est annoncée par une première mention
financière "les pourboires" qui peut sembler étrange dans une description de ce qui est censé être un moment de
recueillement.
La mention des héritiers est retardée et est mise en relief au dernier vers du poème, sous une forme exclamative. La chute
est encore renforcée par le changement de mètre : l’octosyllabe a remplacé l’alexandrin.
La disparition de leur proche est synonyme de triomphe pour les héritiers : "élargis", "front", "gloire", éléments qui
symbolisent l’ambition. A ce titre, la rime "pourboires" "gloire" d’un tercet à l’autre est significative de ces gens pour qui la
réussite ne passe que par l’argent.
L’absence de tout autre sentiment que la joie contribue à montrer la vénalité de ces proches, qui, de manière révélatrice,
ne sont évoqués que par la dénomination "héritiers", l’important étant moins les sentiments qui les lient au mort que le legs
qu’ils recevront de lui et dont ils se réjouissent déjà.
B. Critique d’un rituel vidé de son sens
Chacun paraît vaquer à ses occupations et à aucun moment il n’y a de recueillement collectif : c’est ce que suggère le
passage en revue de tous les présents qui ne partagent guère autre chose que l’allégresse (le chant est ainsi commun aux
fossoyeurs et à l’enfant de chœur).
On notera le double-sens possible de "beaux discours" (v.12) : ou bien l’expression renvoie au poète qui caractérise de
"beaux" les discours ou bien il s’agit de "faire de beaux discours", c’est-à-dire des paroles trompeuses, creuses. Les éloges
funèbres ne seraient alors que de pures conventions.
Le poème mentionne des éléments triviaux comme "la pioche", "le trou", "leur frac", qui ne renvoient qu’à la
dimension matérielle de l’enterrement et éloignent de toute dimension spirituelle.
C. Ironie du poète
C’est à une satire légère que se livre le poète telles certaines mentions humoristiques comme le détail des croque-morts
"rondelets", l’enfant à "voix de fille" ou l’évocation d’objets qui n’ont rien de poétique : "pioche", "édredon", "nez rougi". Le ton
du poète rappelle celui de la conversation ("je ne sais rien", "en vérité", tout comme les enjambements) vers 6-7-8 ; 10-11,
13-14 qui assouplissent la forme fixe qu’est le sonnet.
Le poète semble manifester une certaine désinvolture , il n’hésite pas à se mettre en scène avec l’usage du "je" dès le
premier vers, rappelé au premier vers du tercet avec "me paraît", sous les traits d’un spectateur de ce rituel lui aussi joyeux.
Le poète semble se calquer sur l’ambiance commune pour faire l’éloge ironique de l’enterrement tel que l’organise la
société qui lui est contemporaine.
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Conclusion : derrière un poème qui chante la liesse d’un événement funèbre, se cache la critique de la société qui se
livre à un rituel plus conventionnel que spirituel et où la vénalité a pris la place de la tristesse.
IV - LES FAUSSES PISTES
Il ne fallait pas :
●
●
Se limiter à la forme
A contrario : oublier de tenir compte de la forme du poème, le sonnet.
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