Corée du Nord, Corée du Sud : quel avenir

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Corée du Nord, Corée du Sud : quel avenir
M. Philippe de Chabaud Latour apporte le témoignage de
son expérience en Corée et s’interroge sur l’avenir de la
Corée du Nord face sur les plans politique, infrastructurel
et géostratégique.
Depuis son arrivé en Corée du Sud en 1988, Philippe
de Chabaud Latour aide les sociétés françaises et
européennes à monter leur partenariat en Corée dans
différents secteurs. Son implantation en Corée du Nord
en 2001 était difficile comme la France est le seul état
européen sans relation diplomatique avec ce pays. Par
contre, Libra Conseils a réussi à ouvrir le premier bureau
de conseil étranger en Corée du Nord en Novembre 2001,
et à développer plusieurs jeunes entreprises en Corée
du Nord, établissant ainsi une relation fructueuse avec le
gouvernement nord-coréen.
Le système nord-coréen
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Pour mieux comprendre le système nord coréen, Philippe
de Chabaud Latour estime nécessaire de noter l’existence
de trois pouvoirs – le gouvernement, le parti et l’armée. Les
3 pouvoirs s’affrontent dans les développements industriels
et commerciaux et ils sont continûment en concurrence.
Kim Jong Il a contrôle du parti et du gouvernement, mais il
ASIA CENTRE CONFERENCE SERIES
Paris, 5 octobre 2010
Débat Asie avec Philippe de Chabaud Latour,
PDG Libra Conseils,
Animé par
François Godement, Asia Centre, et
Dorian Malovic, Asia Presse et auteur de l’ouvrage :
« Évadés de Corée du Nord : témoignages »
memo
Corée du Nord,
Corée du Sud :
quel avenir ?
a toujours des problèmes de communication avec l’armée.
Kim Jong Il est le chef d’état et surtout secrétaire général
du parti des travailleurs, mais officiellement président Kim
Yong Nam représente la Corée du Nord. Bien que les
confirmations de Kim Jong Il soient nécessaires pour les
discussions semi-stratégiques et semi-industrielles, c’est
souvent ce que les nord-coréens veulent faire croire.
Selon Philippe de Chabaud Latour, il est également
essentiel de distinguer Pyongyang et le reste de la
Corée du Nord. Pyongyang est une ville propre et assez
développée, mais 70 pourcent de la surface Corée du
Nord est constituée de paysages montagneux et il existe
ainsi beaucoup de problèmes de production de denrées
alimentaires. Les ressources minières, importantes sur la
côte et vers le centre nord, servent peu parce qu’il n’y a
aucun système agricole pour les exploiter. Par ailleurs, tous
les hôpitaux manquent de médicaments et de matériel.
Pourtant, la population nord-coréenne “maintient” bien
le pays – c’est propre partout malgré les problèmes de
santé/nutrition. Le système éducatif et le système de
sécurité sociale sont bien organisés. Il y a une partie de la
population qui sait bien lire et écrire dans les petits villages
hors de Pyongyang.
La qualité de l’éducation en Corée du Nord
La première surprise pour la plupart d’étrangers qui
viennent à Pyongyang, c’est la qualité de communication
des nord coréens qui connaissent bien des langues
étrangères. Les employées au bureau de conseil à
Pyongyang qui ne sont jamais, pour la plupart, sortis de
la Corée du Nord, parlent parfaitement français et savent
ce qui se passe à l’extérieur, même mieux que les sudcoréens qui ont étudié à l’étranger. Les ingénieurs français
ou européens sont souvent impressionnés par la qualité
de l’information à Pyongyang et les nouvelles technologies
bien connues par les nord-coréens.
En plus, aujourd’hui dans une librairie en Corée du Nord,
on peut trouver des magazines publiés en 5 langues –
coréen, chinois, anglais, russe et français. Cela fait partie
de la propagande, mais on trouve aussi une bibliothèque
avec une grande quantité de livres écrits en français et
publiés en Corée du Nord.
Développements internationaux
La relation entre la Corée du Nord et la Mongolie est
excellente. Les mongoles n’ont pas besoin d’un visa
pour aller en Corée du Nord et réciproquement. Encore
communiste il y a une vingtaine années, la Mongolie a subi
une transition vers un système à la fois décommuniste
et décapitaliste pendant laquelle elle a discuté avec des
nord-coréens sur la façon dont ils pourraient l’aider à se
transformer (la Corée du Nord a aussi eu un passage vers
un monde décapitaliste).
La Corée du Sud s’intéresse également de plus en plus
au développement potentiel de la Mongolie, qui a des
ressources naturelles énormes. Il y a une forte population
sud-coréenne en Mongolie puisque la Corée du sud
(et aussi le Japon) ont des investissements considérables
dans ce pays. La Mongolie est aussi un territoire favorable
à l’organisation de rencontres discrètes entre Corée du
Nord et Corée du Sud.
Aujourd’hui, avec un marché sud-coréen en voie de
saturation, et les perspectives de développement pour
les entreprises françaises en diminution dans ce pays,
il y a des opportunités pour amener des sociétés sudcoréennes en Afrique et en Algérie tout particulièrement.
La possibilité d’avoir une main d’œuvre nord-coréenne
sur les projets de construction algériens est discutée au
sein du gouvernement algérien. Les deux Corées doivent
essayer aussi de se mettre d’accord pour employer des
nord-coréens à la place des chinois dans les sociétés sudcoréennes en Algérie.
La relation entre la Corée du Nord et la Chine est plutôt
nuancée. Faisant vœu d’ouverture industrielle, la Corée
du Nord s’adosse énormément à la Chine. La relation
change un peu quand les chinois cherchent à récupérer
les ressources naturelles en Corée du Nord. Néanmoins,
la Corée du Nord continue à s’approcher des chinois
pour ses investissements. Cela peut mener la Corée du
Sud à une situation compliquée – si la Chine contrôle
financièrement la Corée du Nord, (même si ce n’est pas
le cas politiquement et stratégiquement), les sud-coréens
doivent-ils se ramener à négocier avec les chinois pour
réaliser une réunification avec la Corée du Nord ?
Corée du Sud, Corée du Nord, quel avenir ?
Jusqu’en 1995, il était interdit, en Corée du Sud, de
mentionner le nom de « Corée du Nord ». Aujourd’hui, il y
a de plus en plus d’échanges de courriers entre les jeunes
nord-coréens et sud-coréens, et les étudiants posent
beaucoup de questions sur le système éducatif de l’autre
pays.
D’un autre côté, le premier monument d’unification fut
érigé en Corée du Nord. Désireuse d’une unification avec
système nord-coréen, la Corée du Nord organise tous les
ans une parade avec des milliers de participants qui se
rejoignent et forment la couleur du drapeau de l’unification.
Au contraire, en Corée du Sud, il est encore difficile de
parler de la Corée du Nord.
Q&R
Q : Quelles sont les stratégies françaises en Corée du
Nord ?
R : Les grandes raisons pour les entreprises françaises de
fabriquer en Corée du Nord sont des suivants – il n’y a pas
besoins de payer des taxes d’importation pour envoyer les
produits en Corée du Sud ; la qualité des mains d’œuvre
nord-coréen est très haute ; la compétitivité de la monnaie
et du prix nord-coréen. Ces entreprises qui travaillent en
Corée du Nord préfèrent rester discrètes par rapports des
potentielles sanctions, pour avoir le marché des Etats-Unis
qui est souvent le plus important.
Q : Pourriez-vous donner une précision sur la présence
chinoise en Corée du Nord sur le plan économique par
exemple ? Comment la Chine est perçue par les nordcoréens ?
R : La plus grande population étrangère en Corée du Nord,
c’est la population chinoise qui est très importante dans
les projets de fabrication. Les nord-coréens veulent garder
la bonne relation avec la Chine mais veulent aussi diminuer
la dépendance des chinois. Les autorités chinoises
regardent la Corée du Nord avec beaucoup d’intérêts mais
il existe un grand décalage entre la relation politique et
diplomatique entre les deux pays et la relation industriel qui
est plutôt mauvais. Les chinois veulent investir beaucoup
au niveau industriel pour récupérer les mines, pourtant
pour les nord-coréens la Chine est la dernière ressource.
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Q : Quel est l’état de connaissance de technologies
nucléaire ?
R : Pas du tout d’information précise. Les nord-coréens
ont Kim Jong Il en tête et ses discours « maintenant avec
la force nucléaire, on fait tous les efforts possible pour
défendre le pays... ». A Pyongyang, la télévision montre ce
qui se passe en extérieur en valorisant la Corée du Nord.
Sur le nucléaire, en interne, c’est un produit marketing
important.
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