le chant d`amour

Transcription

le chant d`amour
Analyse d’une œuvre
Le chant d’amour (1914)
Par Giorgio De Chirico (1888-1978)
73×59,1 cm
New York, the museum of Art
I.
L’Oeuvre(Arts Visuels)
TITRE: c’est le titre d’une peinture symbolique, dite “ métaphysique »
Le peintre fait une référence discrète au poète Guillaume Apollinaire.
L’écrivain composera par la suite une poésie portant le même titre.
 Un autre tableau a été réalisé
Par Giorgio De Chirico, l’admiration du peintre
s’exprime directement dans :
« le Portrait prémonitoire d’ Apollinaire »
(avril- juin 1914 ; 81,5×65 cm, musée d’art
moderne de Paris, centre Pompidou)
Il montre Apollinaire en silhouette noire sur
un ciel vert (référence à Véronèse, 1528-1588,
peintre italien de la Renaissance, école de
Venise) dessiné en « homme cible ».
Cette peinture est dite prémonitoire car 2 ans
plus tard, pendant la grande guerre, l’écrivain
fut touché à la tête par un éclat d’obus qui
provoqua sa trépanation en 1917, comme
dans le dessin du tableau.
Cette prémonition plaît aux surréalistes, le
peintre leur apparaît comme un peintre
visionnaire, créateur de la peinture
surréaliste.
De Chirico réalise ce tableau et Apollinaire lui
écrit « Océan de terre »
Les écrits d’Apollinaire :
« Alcools », poèmes (1893-1913)
« calligrammes » (1913-1916)
« Et moi aussi, je suis peintre » (1914)
« le cortège d’Orphée »
(idéogrammes lyriques et colorés.)
---
 L’écrivain Guillaume Apollinaire
Il a choisi ce pseudonyme pour garder le prénom
de son grand- père maternel « Apollinaris »,
qui lui rappelle Apollon, dieu de la poésie.
Il se nomme Guillaume Albert Vladimir Alexandre
Apollinary de Kostrowitzky .
(1880- 1918)
Il est né à Rome ; sa famille maternelle est de la
noblesse polonaise ; son père est inconnu.
Il est sujet de l’empire Russe, naturalisé en 1916.
Il disparaît à 38 ans affaibli par la blessure reçue à
la guerre, atteint par la grippe espagnole en 1918.
Poète et écrivain français, il se trouve au centre de
nombreuses recherches d’avant- garde de son
époque. Il révèle de nombreux artistes qu’il
soutient.
Son grand amour reste Marie Laurencin, artiste
peintre.
Il est le précurseur du surréalisme, du cubisme et
de l’orphisme.
Le terme de calligramme (poème écrit sous forme
de dessin) est de son invention, comme le terme de
Sur- réalisme.
Epoque de sa réalisation : 1914, la veille de la grande guerre.
Lieu où se trouve exposée l’œuvre : New York, musée d’Art Moderne.
Le support : peinture à l’huile sur toile.
Format : rectangulaire, sens du portrait ; 73×59.1cm : ce n’est pas un grand format, l’œuvre fait moins d’un
mètre.
Le sujet : un portrait « métaphysique »
Le terme est d’Apollinaire ; Pour l’écrivain, G. De Chirico en 1913 est un peu comme L. de Vinci en son
temps, le peintre est un poète, un peintre, un philosophe, un savant.
 Le peintre philosophe et la métaphysique
Le peintre est celui qui lit le visible et à qui l’invisible est
révélé.
Le peintre est un devin du réel et de l’au- delà du réel,
c’est-à-dire de la métaphysique .
G. De Chirico joue sur le contraste entre la précision
réaliste des objets et de l’espace représentés, et la
dimension du rêve qu’il leur donne.
« je rêve de régénérer le monde, à partir d’un élément
connu » (1910)
Ce qu’il fait en 1910 les surréalistes le feront en 1924 (surréalisme)
(cf. voir André Breton et le manifeste du surréalisme)

L’époque de G. De Chirico
En 1912
On parle encore du Fauvisme (1905)
(Henri Matisse)
On parle de la naissance du Cubisme (1907)
(Braque et Picasso)
On parle de l’orphisme
(Robert et Sonia Delaunay)
Sur le tableau, un portrait, il n’y a aucune personne représentée, aucun être vivant, il n’y a que des objets
symboliques qui évoquent la personnalité de celui qui est représenté et à qui est dédié l’œuvre.
Motif de l’inspiration :
Comparaison des 2 tableaux
1. Le portrait Prémonitoire de G. Apollinaire
(1914)
Apollinaire dessiné en noir avec le cercle de sa blessure
sur la trempe, se détache sur un ciel vert
(comme les ciels de Véronèse). C’est un homme cible.
1) Le thème de ce portrait est celui d’Apollinaire,
comparé à un Homère moderne.
C’est le plâtre de la tête d’Homère (poète grec du
IXe s. av JC) auteur épique de l’Iliade et l’Odyssée.
La tradition le représente âgé et aveugle errant de ville
en ville et récitant ses vers. Il porte des lunettes noires
d’aveugle.
C’est un tableau prophétique, il voit ce qui n’est pas
visible.
2) C’est aussi le thème du lien entre les Arts
Plastiques et la littérature (la poésie), la
musique.
La frise faite de 2 moules représente les attributs
d’Orphée (un poisson sorti de l’eau charmé par sa lyre
et une coquille.)
Orphée est le plus grand poète légendaire de la Grèce
comblé de dons multiples par Apollon, il reçut en
cadeau du dieu une lyre. Il tirait de cet instrument des
sons si mélodieux qu’il enchantait la nature, les
animaux et les hommes intraitables, raconte Ovide
(poète latin, 43 av. JC – 17 après JC, auteur des
« métamorphoses ».)

2. Le chant d’Amour (1914)
1) C’est le thème d’Apollinaire comparé cette fois à
Apollon, dieu de la musique de la poésie, des
Arts.
2) C’est le témoignage des relations entre De
Chirico et l’avant- garde parisienne.
3) C’est le dialogue entre peinture, littérature
(poésie ,théatre)musique et la culture populaire.
Une sphère verte côtoie une figure de plâtre et un gant
de caoutchouc accrochés sur un mur en perspective, le
long d’une architecture à arcades, avec au fond un mur
de brique derrière lequel passe un locomotive.
Le chant d’amour et les symboles énigmatiques : description et analyse.
o L’Apollon du Belvèdère.
La plus remarquable statue d’Apollon, la plus célèbre qui nous reste de l’Antiquité est l’Apollon du
Belvédère : figure et attitude idéales. Il est pénétré de sa puissance, rayonnant de joie contenue ; son
regard porte au loin dans l’infini, l’œil plein de douceur.
Dans le tableau
L’immense tête en plâtre blanc
d’Apollon occupe la moitié du mur en
perspective qui fuit vers la droite.
Son regard est tourné vers la
Gauche.
La modernité
L’esprit et l’Art nouveau
Un tableau est exprimé par les
couleurs complémentaires : le
Rouge et le vert.
*Ce qui assigne aux arts et aux sciences
une fonction avant tout curative pour
l’individu ce qui fait de la poésie le seul
art qui guérit en douceur.
L’Apollon du Belvédère est une copie en marbre de
L’époque Antonine. (Les Antonins, nom donné à 7empereurs
romains qui ont régné de 96 à 192 : Nerva, Trajean, Adrien,
Antonin,Marc-Aurèle, Vérus et Commode.)
D’après l’original grec en bronze, attribué à Léocharès, sculpteur de
la seconde moitié du 4ème Siècle av. JC . Le dieu Apollon tient un arc
et de l’autre main une feuille de laurier ( symbole curatif ). La copie
en marbre se trouve au musée du Vatican.
A la fin du 15ème siècle, le pape Jules II (le cardinal Della Rovere) a fait
installer l’Apollon dans son palais du Belvédère à Rome, et la statue
est devenue très populaire (d’où son nom). Elle a été diffusée dans
toute l’Europe (copies, répliques).
Sa particularité est que le dieu est représenté plus grand que
l’homme (2.24m). Il regarde vers la gauche et les longues mèches
ondulées de ses cheveux sont ramenées en haut du front et nouées.
 Le gant de chirurgien en caoutchouc. Il est accroché
au mur avec un clou, le poignet ouvert vers le ciel. Il est
aussi disproportionné par rapport à l'architecture qui
apparaît sur la droite. Le rouge- orangé évoque le
rayonnement et les forces de la vie. Un gant suggère
une main absente, l'action demeure donc pour le
moment à l'état de pensée ou de suggestion. Un gant
de chirurgien indique une opération curative qui fait
référence à la modernité "curative" du langage
poétique du poète et du peintre.*
 La perspective du mur conduit à un début
d'architecture, un palais à arcades et à étages dont les
ouvertures vides laissent passer la lumière, l'air et un
ciel vert (comme ceux de Véronèse, peintre vénitien de
la Renaissance). (Référence à l'Antiquité Romaine et à
la Renaissance Italienne.)
 Sur le sol, flotte en suspension, (il n'y a pas d'ombre
portée) une sphère verte (une boule de croquet) qui
serait le symbole de "la condition humaine" (les
malheurs de Sisyphe, roi légendaire grec de Corinthe,
condamné à remonter sans arrêt un rocher sur une
montagne, les mélancolies de Dürer et Cranach,
peintres allemands de la Renaissance, les toiles
mystérieuses de Dali et Magritte.) Cf. voir "la condition
humaine" de Magritte. C'est une remise en cause de
l'existence et de l'être. Mais la sphère est verte,
couleur de l'espoir, triomphe de l'amour.
 Au loin, derrière un mur de brique rouge, au fond du
Régénérer le monde
tableau, l'invisible; une locomotive passe avec un
panache de fumée blanche: C'est l'invitation au voyage
et un hommage à son père, ingénieur ferroviaire.
II.
L'artiste
Giorgio De Chirico

1888 - 1978
Il est né le 10 juillet à Volos, Port grec de la Thessalie
Il disparait à Rome, à 90 ans
Kirix Kirikos veut dire en grec « Héraut »
Héraut : personne chargée d'annoncer publiquement une nouvelle .
Par jeu de mot « héros » : homme qui se distingue par ses actions
éclatantes.
(=Apollinaire)
Il souligne ainsi la mission du peintre, messager de la vérité, qui
témoigne de la dimension intemporelle et multiculturelle de l'Art.


En 1911 il se rend à Paris, capitale des
Arts où il intègre le cercle d'Apollinaire.

Sa rencontre avec le poète lui permet
d'accéder (et de se révéler) à l'avant-garde
formée autour du poète.
Apollinaire est aussi à l'origine des
rencontres des artistes avec le marchand d'art
Paul Guillaume qui les prend en contrat dans
sa galerie.
Des liens amicaux se nouent entre les écrivains
et les artistes qui partagent leur amour de la
poésie et aussi leur statut d'étrangers : Apollinaire
est né en Italie, d'une mère polonaise, De Chirico
est italien, Picasso est espagnol, Chagall est Russe…
Pour Apollinaire De Chirico, comme P. Picasso,
est un artiste idéal dont l'œuvre originale porte
un esprit nouveau.
Le cercle d’Apollinaire est celui de la revue :
" Les soirée de Paris". Ils y fréquentent toute la
Bohème artistique de Montparnasse.
cf: voir l'Ecole de Paris.
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
Sa vie
Le mouvement auquel il a donné naissance
Il est né en Grèce de parents italiens.
A la mort de son père, sa famille se
rend en Allemagne à Munich où il est
influencé par le peintre Arnold
Böcklin, et par le poète allemand Max
Klinger. C'est une période en
littérature allemande appelé "Sturm
und Drang". Puis la famille revient à
Milan.
Sa peinture "Métaphysique" hantée
par les statues, les mannequins
encadrés d'architectures
mystérieuses fait de lui l'un des pères
du surréalisme.
Après la 1ère guerre, il se tourne vers
la tradition classique qu'il revisite à sa
manière en reprenant les thèmes qu'il
aime.
Son œuvre finit par devenir
personnelle et échapper à tout
courant pictural.
= Le surréalisme.
Le poète et le peintre
 classiques ( l’antiquité gréco- romaine)
 orphiques
(liens entre les arts)
 prophétiques (annonce l'esprit nouveau,
moderne, pour régénérer le monde)

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