Article en PDF - Culture (ULg)

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Article en PDF - Culture (ULg)
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège
Poches - Romans étrangers
Margriet de Moor, Une catastrophe
naturelle
Le 31 janvier 1953, les Pays-Bas sont victimes d'un
raz-de-marée extrêmement meurtrier qui va décider
du destin des héroïnes de ce roman. Ce jour-là, en
effet, cédant aux supplications de sa sœur Amanda,
Lidy part en Zélande avec sa filleule. Elle n'en
reviendra pas et Amanda, de son côté, épousera son
mari devenu veuf, dont elle aura deux enfants, sans
trop manifester de remords. Alternativement, nous
suivons les deux époques. Tandis que Lidy se bat
contre les éléments, bien plus tard dans le temps sa
sœur poursuit tranquillement sa vie. La force de ce
roman empli d'émotions est sa subtile construction
grâce à laquelle, pour le lecteur, les deux sœurs
restent intimement liées l'une à l'autre. (10/18, 331
pages)
Alberto Torres-Blandina, Le Japon
n'existe pas
Le narrateur, balayeur dans un aéroport international
à six mois de la retraite, raconte aux passagers, dont
certains sont des habitués, ou aux autres employés
de ce lieu de transit des histoires vécues, arrivées à
ses connaissances ou entendues. Ce sont autant de
prétextes à des réflexions sur la condition humaine :
une fille retrouvée amnésique et sans identité après
un atterrissage lors duquel elle s'était retranchée
dans les toilettes de l'avion, une romance avortée
entre un serveur et une serveuse qui s'aiment sous
une autre identité, un vrai-faux poète finlandais
retrouvé mort sur un siège de la salle d'attente, un
mystérieux Club des Désirs impossibles, etc. Quant
au Japon du titre, il n'est, d'après le héros, qu'«
une façade », « une opération de marketing ». Et il
explique pourquoi. Un vrai bonheur d'intelligence et
de finesse humoristique. (Suites Métailié, 159 pages)
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Herta Müller, La bascule du souffre
Née en 1953 en Roumanie, membre de la minorité
allemande des Souabes persécutée par Ceausescu,
Herta Müller a émigré à Berlin en 1987. Ce roman
paru en Allemagne en 2009, l'année où elle a reçu
le Prix Nobel de Littérature, aborde le sort de la
population germanophone de Transylvanie menacée
au lendemain de la guerre. Son jeune narrateur,
Léopold, est envoyé dans un camp où, pendant
cinq ans, il va souffrir du froid et de la faim, en proie
au découragement et à l'incompréhension. Conçu
comme le miroir éclaté d'une réalité tragique, cette
Bascule du souffle est un grand texte sur un univers
concentrationnaire peu connu chez nous. (Folio, 355
pages).
Khaled al-Khamissi, Taxi
C'est en 2007 que le journaliste et réalisateur cairote
né en 1962 a publié ce bref roman devenu un bestseller dans son pays. Donnant la parole à plus
de cinquante chauffeurs de taxi, il rend compte
du profond mécontentement et de la colère des
Égyptiens à l'égard du régime. Il est question de
leur pauvreté et du racket auquel les policiers
les soumettent, de leur haine envers ceux-ci, de
l'instrumentalisation de Frères musulmans par le
gouvernement (et entretenue par les Américains
et les Occidentaux accusés en outre de soutenir
la dictature), de la mascarade des élections, des
slogans pro-Moubarak placardés un peu partout
(jusque dans le métro), du mépris du Président de la
République pour son peuple et pour ses expatriés,
du règne du mensonge et de la corruption, etc.
Bref, de la transformation du pays en un « enfer ».
Passionnant à lire un an et demi après la révolution.
(Babel, 192 pages)
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Haruki Murakami, Sommeil
Avant la publication à l'automne prochain de la
trilogie 1Q84 de l'écrivain japonais régulièrement cité
pour le Prix Nobel de Littérature, la collection 10/18
propose une longue nouvelle extraite de son recueil
L'éléphant s'évapore. Sa narratrice, qui lorsqu'elle
était étudiante a connu un mois d'insomnie, ne
dort plus depuis dix-sept nuits. Dissimulant à son
mari ce drôle d'état, elle qui n'a plus ouvert un livre
depuis des lustres passe ses heures nocturnes à lire
Anna Karénine dont l'ambiance et les personnages
finissent par s'immiscer dans son quotidien. Ce texte
très étrange, entre réalisme et fantastique, traduit
avec justesse l'univers de l'auteur de Kafka sur le
rivage. (10/18, 93 pages).
Hermann Melville, Bartleby
« J'aimerais mieux pas » - ou sa variante plus
littérale « Je préfère ne pas » - est l'une des
répliques les plus connues de la littérature mondiale.
C'est ce qu'invariablement répond à son supérieur
le nouveau copiste d'un cabinet de Wall Street.
Sans raison apparente et sans donner de raison.
Par ces simples mots, « I would prefer not to »,
il dérègle tout un système pourtant assuré de sa
longue stabilité, tout en s'isolant. La réédition de
cette longue nouvelle est complétée par deux autres
textes moins connus - Les îles enchantées et Le
Campanile - et suivie d'une longue préface de Gilles
Deleuze qui juge l'œuvre « violemment comique ».
La même collection reprend l'œuvre la plus connue
de l'auteur new-yorkais, Moby Dick. (GF Flammarion,
201 pages)
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Etgar Keret, La colo de Kneller
Né en 1987 à Tel-Aviv, Etgar Keret, dont l'œuvre
est publiée en France par Actes Sud, est l'un des
auteurs les plus populaires dans son pays. Ses livres
racontent, souvent sous la forme d'instantanés,
et avec une autodérision savoureuse, la société
israélienne actuelle. Il est également scénariste BD
et cinéaste (Les Méduses, Caméra d'or à Cannes en
2007). Le héros de cette « novella » s'est suicidé et
se retrouve dans une sorte de monde parallèle où il
travaille dans une pizzéria et dont les habitants ont
également, le plus souvent, mis fin à leurs jours. Il y
recherche la jeune fille qu'il aimait dans la vraie vie.
Où l'on s'aperçoit que, sous la plume de cet auteur
décoiffant, causticité et lucidité font bon ménage.
(Babel, 89 pages).
Jack Kerouac, Sur la route
Ce manifeste de la Beat Generation paru en 1957
connaît une nouvelle jeunesse grâce au film qu'en
a tiré Walter Salles. Cette nouvelle édition est
précédée de quatre textes le resituant dans son
contexte historique et littéraire, et notamment À
toute allure où Howard Cunnel raconte l'histoire de
sa rédaction. Fruit de trois ans de réflexion et de
prises de notes, ce roman devenu culte raconte
l'épopée américaine de deux jeunes en quête de
filles, de drogues et de liberté. Il a été écrit en trois
semaines, du 2 au 22 avril 1951, et sans retour à la
ligne, sur des feuilles de papier calque d'architecte
scotchées les unes aux autres pour former un long
ruban de trente-six mètres. Refusé par son éditeur,
le manuscrit sulfureux et novateur ne sera publié
que six ans plus tard moyennant quelques coupures.
(Folio, 611 pages)
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P.G. Wodehouse, Oncle Fred and Co
De ce volume est absent Jeeves, le très stylé
majordome sauvant de situations les plus délicates
l'aristocrate anglais dilettante qu'il sert. Il reprend
six autres titres de l'hilarant auteur britannique
(1881-1975), décidément indémodable. Des romans
où interviennent Pongo et son oncle Fred dont les
interventions ne sont pas avares de catastrophes
(Bravo, oncle Fred, Oncle dynamite), ainsi que
Lord Emsworth et son cochon de concours (Tous
cambrioleurs), plus des nouvelles centrés sur Mister
Mulliner, un pilier de bar multipliant les histoires
extravagantes censément arrivées à un membre de
sa famille. L'ouvrage se termine par la Défense de
P.G. Wodehouse écrite par George Orwell en 1945.
À noter la réédition chez 10/18 d'Au pays du fou rire.
(Omnibus, 1237 pages)
Steven Galloway, Le violoncelliste de
Sarajevo
La guerre en ex-Yougoslavie, et notamment le siège
de près de quatre ans de la capitale bosniaque,
reste comme une plaie ouverte dans l'histoire
e
européenne de la fin du 20 siècle. C'est sur un fait
authentique que l'écrivain canadien, qui avait vingt
ans au milieu des années 1990, a écrit ce roman
magnifique. Quotidiennement, pendant vingt-sept
jours, à 16 heures précises, celui qui était le premier
violoncelliste dans l'orchestre de Sarajevo va jouer,
en smoking, l'Adagio d'Albinoni en hommage aux
22 victimes civiles d'un bombardement qui faisaient
la queue devant une boulangerie. Parallèlement,
nous regardons vivre trois habitants de la ville qui
tentent de survivre comme ils peuvent, s'accrochant
à un passé heureux et espérant en un futur possible.
Sidérant de force et de beauté. (10/18, 239 pages).
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