exposition einstein - manep-nccr
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E=mc2 EXPOSITION EINSTEIN par Isaac Benguigui Du 27 octobre au 28 novembre 2005 Bâtiment «Sciences III» 3, boulevard d’Yvoy v - Genève v Avec le soutien de: Exposition: ouver v te du lundi au vendredi v de 8h à 20h. « La source de tout progrès technique réside dans la divine curiosité et l'esprit ludique du chercheur qui cogite et expérimente, tout autant que dans l'imagination créatrice de l'inventeur » Albert Einstein Einstein enfant et adolescent Albert Einstein est né le 14 mars 1879 à Ulm, dans le Wurtenberg. Son père, Hermann Einstein (1847 – 1902) a une petite entreprise d'appareillage électrique. Sa mère, Pauline, née Koch (1858 – 1920) est une femme cultivée et musicienne. Elle même pianiste, elle inculque à son fils la passion de la musique. Après sa faillite, Hermann Einstein emmène sa famille à Munich, en 1880, où il tente sa chance une seconde fois en s'associant à son frère Jakob, ingénieur de formation, pour créer une nouvelle entreprise, toujours dans l'appareillage électrique. L'école juive étant très éloignée de son domicile, le jeune Albert est inscrit à l'école catholique, la Peters Schule. Il a quelques difficultés d'élocution jusqu'à l'âge de neuf ans. Albert a une sœur, Maria (Maja) née à Munich le 18 novembre 1881. À l'âge de cinq ans, il reçoit une boussole pour son anniversaire, et l'enfant est intrigué par la direction constante qu'elle indique. En 1889, Albert entre au Lycée, le Luitpold Gymnasium. C'est déjà un enfant têtu et indépendant, au caractère un peu rebelle. Bien plus que l'école, c'est un jeune étudiant en médecine, Max Talmud, (1869 – 1941) qui aura de l'influence sur Albert. Il lui offre des ouvrages de vulgarisation scientifique. Cet ami de la famille Einstein, futur médecin en Amérique, est impressionné par la facilité d'Albert à comprendre certains ouvrages, notamment la géométrie d'Euclide. L'entreprise familiale a de nouveau quelques difficultés. La concurrence est difficile et, en 1894, les deux frères Hermann et Jakob Einstein décident de transférer leur entreprise à Milan. Albert demeure seul à Munich. La séparation est douloureuse pour l'adolescent qui aura bientôt quinze ans. Le lycée devient un cauchemar pour lui. Ses professeurs le blâment régulièrement. Le maître qui enseigne le grec lui dit « Vous n'arriverez à rien. Votre seule présence ici sape le respect dû par une classe à son maître ». Détestant la manière autoritaire et la discipline militaire qui caractérisent l'enseignement en Allemagne à cette époque, Einstein décide de rejoindre ses parents en Italie où il prépare pendant un semestre l'examen d'entrée au "Poly" de Zurich. Il a presque deux ans d'avance (l'entrée au "Poly" se fait normalement à 18 ans). Il échoue dans les disciplines littéraires. Soixante ans plus tard, il se souvient: « l'examen me montra d'une manière douloureuse les lacunes de ma formation… mon échec me parut parfaitement justifié. » Sur le conseil d'Albin Herzog, directeur de l'École Polytechnique, Einstein se dirige en octobre 1895 vers l'école cantonale d'Aarau. Il impressionne ses camarades par ses talents de violoniste. Le 3 octobre 1896, Einstein obtient son certificat de maturité à Aarau. Il obtient la note maximale (6) en mathématique et physique. En français il est moyen. Sa moyenne générale est honorable, il obtient 5, ce qui correspond à la mention "bien" pour la maturité en Argovie. À présent, la voie est libre pour l'École Polytechnique de Zurich. Einstein est vraiment heureux à Aarau. L'enseignement et la pédagogie pratiquée sont à l'opposé de ce qu'il a connu en Allemagne. Une année avant sa mort, il écrira « cette école m'a laissé une impression inoubliable… j'ai pris vivement conscience de la supériorité de cette éducation orientée vers la liberté et la responsabilité. » À Aarau, Einstein était pensionnaire chez Jost Winteler, son professeur de latin, grec et histoire. Les Winteler (Pauline et Jost) deviennent sa seconde famille. Il les appelle "papa" et "maman". Maja, la sœur d'Einstein épousera plus tard le fils des Winteler, Paul, quant à son meilleur ami, Michele Besso, il épousera leur fille. Maja finira également sa scolarité dans cette même école, de 1898 à 1902. Elle ira ensuite à Berne où elle étudiera les langues romanes, passera quelques semestres d'étude à Paris et Berlin avant de revenir à Berne où elle soutient, en 1908, sa thèse de doctorat en lettres. Deux ans plus tard, elle épouse Paul Winteler. Einstein au Polytechnicum Lorsque Einstein entre à l'E.T.H (Eidgenössische Technische Hochschule) de Zurich, le Polytechnicum ou "Poly", cette école est l'une des meilleures du monde. Fondée en 1854 et ouverte en 1855 elle comptera vingt deux Prix Nobel qui sont liés à son histoire, comme étudiants ou comme professeurs. Ses laboratoires son inégalés et ses professeurs sont mondialement connus. Parmi eux figurent Adolf Hurwitz (1859 – 1919) qui restera un ami d'Einstein avec qui il jouait de la musique à Berlin, et Hermann Minkowski (1864 – 1909) qui donna à la théorie de la relativité une nouvelle forme mathématique. Einstein s'est inscrit au "Poly" le 29 octobre 1896, en section VI pour la formation des professeurs de mathématiques et de sciences naturelles. Il prend alors une décision importante : il ne sera pas ingénieur, comme le souhaitait son père, mais professeur. Il délaisse un peu les mathématiques pour la physique. Il étudie à la maison les ouvrages de Kirchhoff, Helmholtz, Hertz et d'autres. En physique, Einstein a comme professeur Heinrich F. Weber (1843 – 1912) avec lequel le courant ne passe pas et qui lui refusera plus tard, d'une manière injuste, une place d'assistant au Poly. Parmi ses camarades d'études, Einstein conservera quelques solides amitiés. Marcel Grossmann (1878 – 1936) brillant mathématicien qui prête régulièrement ses notes à Einstein qui "sèche" les cours. Grossmann deviendra professeur de mathématiques pour finir comme directeur du département au Poly. C'est lui qui volera au secours d'Einstein pour sa formulation mathématique de la Théorie de la relativité générale. Parmi les autres amis d'Einstein, mentionnons Jakob Ehrat (1876 – 1960) professeur à l'École cantonale d'Aarau, Louis Koltros (1878 – 1959) professeur de géométrie au "Poly" et enfin celle qui deviendra sa première épouse Mileva Maric, sans oublier l'ami le plus fidèle, Michele Besso (1873 – 1955), le seul qu'Einstein remerciera dans son article de 1905. Ils continueront à correspondre jusqu'à leur mort survenue à quelques semaines d'intervalle, en 1955. Autre condisciple à l'E.T.H, Friedrich Adler (1879 – 1960), fils de Victor, l'ancien fondateur du parti social-démocrate autrichien. Adler, nommé professeur-adjoint de physique théorique à l'Université de Zurich à l'âge de 30 ans, se désista en faveur de son ami Einstein « un homme, dit-il, qui peut rendre tant de bienfait à notre université en en élevant le niveau général ». Après un bref séjour à Prague, Einstein est nommé en février 1912 professeur ordinaire de physique théorique au "Poly" avec l'un des plus hauts salaires académiques suisses (11'000 francs par année). Grossmann, spécialiste de la géométrie différentielle lui prêtera son concours. Einstein écrira le 29 octobre 1912 « Je m'occupe exclusivement du problème de la gravitation et je crois maintenant que je surmonterai toutes les difficultés avec l'aide d'un mathématicien d'ici. Il y a au moins une chose certaine, c'est que je n'avais jamais travaillé aussi dur de ma vie… ». Le 8 novembre 1930, à l'occasion des festivités du 75ème anniversaire de sa fondation, l'École Polytechnique Fédérale décida de décerner un doctorat honoris causa à Einstein « en souvenir plein de gratitude pour les services qu'il a rendus à la Suisse et à l'École Polytechnique. » Einstein à Berne Diplômé du Polytechnicum (E.T.H) de Zurich, Einstein ne trouve pas de travail. Il enseigna les mathématiques pendant deux mois à l'École technique de Winterthur (1901) et trois mois dans un pensionnat de Schaffhouse (octobre 1901 – janvier 1902). Il écrira à son ami Marcel Grossmann, ancien camarade au « Poly » et futur professeur de mathématique dans cette prestigieuse école: « … Ai-je besoin de te le dire que je serais comblé si je pouvais occuper cet emploi et que je n'épargnerais aucun effort pour faire honneur à votre recommandation… ». [lettre du 14 avril 1901] Grâce au père de Marcel Grossmann qui connaissait bien Friedrich Haller (1844 – 1936), directeur de l'Office des brevets à Berne, Einstein fut engagé comme « expert technique de IIIe classe » le 23 juin 1902, avec un salaire annuel de 3500 francs. C'est là qu'Einstein se rendait à pied au Bureau de cet office créé en 1888, situé à l'angle Genfergasse / Speichergasse, qui se trouvait à quelques rues de son domicile du 49 Kramgasse. Huit heures par jour et six jours par semaine, avec une douzaine d'autres examinateurs, Einstein va mettre le doigt sur les aspects essentiels d'une invention prometteuse ou au contraire mettre dans un tiroir des projets peu sérieux ou irréalisables. Ce n'est pas le travail dont il rêve mais cela lui permet d'échapper à une condition économique précaire et de consacrer le reste de son temps au domaine pour lequel et par lequel il vit : la physique. C'est sa passion. Titularisé en 1904, il fit entrer son fidèle ami Michele Besso qui dirigeait un cabinet d'ingénieurs de Trieste, au Bureau de Berne. On trouve également Lucien Chavan, 31 ans, ingénieur électricien et quatrième membre du groupe de discussion d'Einstein. Einstein donnera sa démission le 6 juillet 1909. Haller, qui dirigea le bureau jusqu'en 1921, en prend connaissance avec grand regret d'autant plus que le salaire d'Albert est passé à 4500 francs par an. (Einstein fut promu en mars de la même année). À la mort de son ami Marcel Grossmann, Einstein écrira à son épouse Elsbeth Grossmannn « … Tout le monde m'a soudainement abandonné, désorienté, au seuil de la vie. Il est resté à mes côtés et grâce à son père et à lui j'ai obtenu, plus tard, un travail sous la direction de Haller au Bureau de la propriété industrielle. Ce fut une sorte de salut qui m'évita sinon la mort, du moins une souffrance intellectuelle… » [lettre du 26 septembre 1936] Einstein présenta à Berne sa thèse d'habilitation pour devenir privat-docent, celle-ci est refusée deux fois et en 1908 il peut enfin enseigner à l'Université de Berne. Il n'a que trois auditeurs qui sont d'ailleurs ses amis. Les sept années passées à Berne ont été les plus fructueuses pour Einstein. Quelque 60% des fondements de son œuvre scientifique voient le jour pendant cette période. Mileva Einstein D’origine serbe, Mileva Maric est née le 19 décembre 1875 à Titel, en Hongrie. Fille de notables orthodoxes, elle reçoit une éducation exceptionnelle pour une fille de cette époque. Après quelques années passées au Lycée royal de Sabac où elle est la seule fille de sa classe en section mathématique et physique, elle suit son père fonctionnaire à Zagreb et finit ses études secondaires au Lycée supérieur royal, l’Obergymnasium avec le premier prix d'excellence. En 1896 elle est admise à l'E.T.H de Zurich. Au « Poly » elle se retrouve la seule fille dans la section VI « Mathématique et Physique ». Ils ne sont que cinq : Mileva et quatre garçons dont Einstein. Entre temps, elle passa un semestre à Heidelberg où elle voulait étudier la médecine avant de revenir au Polytechnicum. L’amour de Mileva et d'Einstein commence par une simple amitié. Le soir Albert et Mileva partagent leur passion pour la musique, le premier joue du violon et la seconde de la mandoline. Il l'appelle « doxerl », qui est un diminutif du mot allemand « Docke » (poupée) et elle répond « Johnnie ». De cette amitié naît un amour qui ne durera pas. Ils se marièrent le 6 janvier 1903. Les deux témoins du mariage sont les deux amis d'Einstein : Maurice Solovine et Conrad Habicht. Malgré l’opposition de ses parents à ce mariage, Einstein est séduit par cette fille intelligente, anticonformiste, émancipée et qui ne « colle » pas à l’image classique des femmes de cette fin de siècle. Mileva est une surdouée mais d'un caractère difficile et taciturne, avec des yeux qui expriment une grande tristesse, assez dépressive. Handicapée par une coxalgie qui la fait boiter, c'est une cause de plus à ses nombreuses dépressions dues à un mauvais sort qui semble l'accabler : sa sœur Zorka perd la raison et son frère disparaît mystérieusement sur le front russe avant de réapparaître par la suite parmi les sommités médicales du régime de Moscou. Après une séparation décidée en juin 1914, Mileva et Albert divorcent le 14 février 1919. Sur le plan universitaire, Mileva n’a pas plus de chance. Elle échoue deux fois de suite ses examens finaux et quitte l'E.T.H sans aucun diplôme. Elle se désintéresse des questions scientifiques après son mariage pour se consacrer à ses enfants. Elle meurt à Zurich le 4 août 1948. L'Académie Olympia Tout commença par une annonce qu’Einstein publia dans un journal bernois : « Cours particuliers de Mathématiques et de Physique pour lycéens et étudiants... Leçons d'essai gratuites ». Le premier étudiant qui se présenta fut un juif roumain Maurice Solovine « un grand libéral, un esprit très éclairé » originaire de Roumanie. C'était un philosophe en quête de vérité et qui espérait trouver quelques éléments de réponse en mathématiques et physique. Einstein et Solovine avaient un point commun : ils détestaient les gens motivés uniquement par la gloire ou la fortune; ils partageaient la même aspiration à la justice sociale. Après quelques jours, les cours font place à des discussions informelles et passionnantes. Un autre ami se joindra au groupe. C'est Conrad Habicht, un ancien ami du Collège originaire de Schaffhausen. Il se trouva à Berne pour achever sa formation de professeur de mathématiques. Solovine et Habicht payaient chacun deux francs par cours à Einstein. Ils sont bientôt rejoints par un fidèle ami d'Einstein : Lucien Chavan, 31 ans, originaire de Nyon, ingénieur électricien au Bureau fédéral de la propriété industrielle. Le groupe se baptisa « Académie d’Olympie ». Ils dînent chez l’un ou l'autre des membres ou dans quelque brasserie bernoise. Les discussions vont bon train et se prolongent parfois jusqu’au petit matin. Ils étudient les ouvrages de philosophes et scientifiques. Tout y passe ; dans le désordre : Ampère, Spinoza, Platon, Henri Poincaré, Ernst Mach, Bernhard Riemann, Dickens, Cervantes, Racine, John Stuart Mill, David Hum et d'autres encore. Bien qu'elle eût formellement une vie assez courte (quelques années), l’Académie Olympia fondée en 1902 eut une influence certaine sur les idées d'Einstein. Les trois amis fondateurs restèrent longtemps en contact. Cinquante ans plus tard, Einstein dira : « Ces temps furent idylliques ; notre Académie qui était, après tout, moins enfantine que ces académies respectables que j’ai découvertes par la suite ». Quant aux réunions qui se déroulaient au Kramgasse 49 (troisième domicile d'Einstein à Berne) elles étaient « radieuses » et un « délice ». Habicht quitta Berne en 1904 pour Schaffhouse et Solovine se retrouva à Paris l'année suivante comme éditeur scientifique. C'est avec Paul Habicht (frère de Konrad) qu'Einstein sortira un potentiomètre capable de mesurer le millivolt (1913). Einstein citoyen suisse Einstein déposa sa demande de naturalisation le 19 octobre 1899. Il fut entendu le 14 décembre par une commission de huit personnes. La procédure était stricte et les questions plutôt gênantes : « êtes-vous alcoolique ? », « vos parents étaient-ils syphilitiques ? ». À cette époque, Einstein est sans travail et sans argent. Il épargne 20 Francs chaque mois. Les frais de naturalisation s'élèvent à 800 francs. Il obtient la nationalité suisse le 21 février 1901. Trois semaines plus tard, un examen médical d'aptitude au service militaire l'exempte pour "pieds plats et varices", résultats contestés d'ailleurs par un autre médecin, le père d'un de ses amis. Ses relations avec la Suisse connurent une longue histoire d'amour depuis son arrivée à Aarau en 1895, à l'âge de 16 ans et demi, jusqu'à la fin de sa vie, en 1955. Mais comme toutes les histoires d'amour, celle-ci eut quelques périodes noires : en 1933, les nazis confisquèrent tous ses biens en Allemagne. Einstein demanda aux autorités suisses d'intervenir pour que les Allemands les lui rendent. Les autorités suisses ne réagirent pas. « Ces chers Suisses ne levèrent pas le petit doigt lorsque ces salauds d'Allemands m'ont envoyé leurs graines de vauriens ». En fait, les autorités suisses invoquèrent le fait qu'il avait voulu passer pour un Allemand pour lui refuser l'aide qu'il demandait. Le problème de la nationalité se posa déjà pour la remise du prix Nobel, en 1922 : pour l'Allemagne Einstein était Allemand, alors qu'il voyageait tout le temps avec son passeport Suisse. Jusqu'à la fin de sa vie, ses liens avec la Suisse sont restés très forts et il est resté attaché à ce pays. Le 1er octobre 1940, Einstein devient, à l'âge de 61 ans, citoyen des États-Unis d'Amérique, plus précisément de Treton, dans le New-Jersey, en même temps que Margot (la fille de sa seconde femme Elsa) et que sa fidèle secrétaire Helen Dukas (née le 17 octobre 1896 à Freiburg, décédée le 10 février 1982 à Princeton). Ce savant "citoyen du monde" comme il aimait se définir, déclara avec son sens aigu de l'humour, en novembre 1916, après la publication de sa Théorie de la relativité générale : « On me décrit aujourd'hui en Allemagne comme un "savant allemand" et en Angleterre comme un "juif suisse". Si le destin venait à faire de moi une "bête noire", je deviendrais, au contraire un "juif suisse" pour les allemands et un "savant allemand" pour les Anglais ». Rappelons qu'il existe à Berne une Société Albert Einstein. La première Médaille Einstein qu'elle attribua fut décernée en 1979 à Stephen Hawking. Elsa Einstein Elsa et Albert Einstein sont des cousins très proches. Leurs mères sont sœurs et leurs pères sont cousins. Elsa est la fille de Rudolf Einstein et Fanny Koch. Elle est née le 18 janvier 1876 à Hechingen. À l'âge de vingt ans, elle épousa en premières noces un négociant en textiles, Max Loewenthal (1864 – 1914). Ils vécurent à Hechingen où ils eurent deux filles : Ilse (1897 – 1934) et Margot (1899 – 1986). Un troisième enfant est né en 1903, mais il décède quelques semaines plus tard. En 1902, pour des raisons professionnelles, Max Loewenthal quitte seul Hechingen et s'établit à Berlin. En 1908, Elsa et Max divorcent. Elsa se retrouve alors à Berlin avec ses deux filles. La rencontre avec Einstein en 1912 réveilla quelques vieux souvenirs chez ce dernier : ils jouaient ensemble lorsqu'ils étaient enfants. Déjà à Prague, puis à Zurich, Einstein et Elsa correspondaient; ce sont des lettres où leurs sentiments amoureux s'expriment. Le 2 juin 1919 il se marièrent, les deux filles d'Elsa font désormais partie de la famille d'Albert. Elsa est, pourrait-on dire, le contraire de Mileva. Elle n'est pas intellectuelle; elle s'occupe exclusivement de son foyer. Elle est pour Einstein plus une mère qu'une épouse. En fait Einstein a toujours recherché des femmes ordinaires qui ne brillent ni par leur esprit ni par leur beauté. Il a plutôt avec les femmes une attitude qu'on pourrait qualifier de "machiste". Cet esprit brillant et plein d'humour ne laissait pas indifférent de nombreuses femmes de tous milieux et de toutes origines sociales ou culturelles : de la fleuriste à la physicienne, de la danseuse de cabaret à la bibliothécaire, y compris une jeune, belle et riche veuve. Elsa ne peut que se résigner. Esla a joué un rôle de protectrice. Elle a pris soin d'Albert, l'a accompagné dans ses voyages. Elle émigra avec lui à Princeton, dans le New Jersey en 1933. Ils emménagèrent ensemble en août 1935 dans leur nouvelle maison au 112 Mercer Street. Elsa est décédée à Princeton le 20 décembre 1936. Les enfants d'Einstein Mileva et Albert Einstein eurent trois enfants. Une fille née en dehors du mariage fin janvier 1902. Son prénom, Lieserl, est mentionné pour la dernière fois dans une lettre d'Einstein à Mileva datée du 19 septembre 1903. Il existe peu d'informations fiables au sujet de cette fille morte chez les parents de Mileva avant l'âge de deux ans des suites d'un lourd handicap mental de naissance. Le premier des deux fils est Hans-Albert, né le 14 mai 1904 à Berne et décédé le 26 juillet 1973 à Woods Hole, Massachusetts, USA. Après avoir suivi des études en génie civil à l'E.T.H de Zurich, il passa son doctorat en 1936 et émigra aux États-Unis en 1937 où il travailla une dizaine d'années à l'Institut technologique de Pasadena avant de devenir professeur d'Hydraulique dans la prestigieuse université de Berkeley en Californie de 1947 à 1971. Hans-Albert avait épousé en premières noces Frida Knecht (1895 – 1958) d'origine suisse et se remaria en 1959 avec Élisabeth Roboz une neurochimiste, fille du Grand-Rabbin de Szaszaros (Transylvanie). Quant à Eduard (1910 – 1965) c'était "une sorte de génie" dans son enfance. Il jouait merveilleusement du piano et parlait parfaitement l'anglais. Il voulait entreprendre des études de médecine lorsqu'une déception amoureuse déclencha sa névrose. Schizophrène, il passa les vingt dernières années de sa vie à l'hôpital psychiatrique Burghölzli à Zurich. Les deux enfants semblent avoir souffert du divorce de leurs parents survenu le 14 février 1919. Eduard surtout a eu l'impression que son père s'était désintéressé de lui. Einstein avait le sentiment de ne pas avoir fait tout ce qu'il aurait dû faire, mais il était persuadé que la maladie de son fils était d'origine héréditaire : Zorka, la sœur de Mileva, était déclarée folle. Le moins qu'on puisse dire est qu'Einstein n'a pas laissé l'image d'un père idéal, mais c'est difficile de le comprendre vu les tensions qui existaient entre Mileva et lui. Parmi ses petits-enfants, mentionnons Bernhard qui travailla pour l'armée suisse où il perfectionna le système de blindage des tanks. Einstein et Genève L'Université de Genève et sa Faculté des Sciences ont souvent fait preuve d'une grande lucidité dans leur choix des docteurs honoris causa. Nombre d'entre eux se verront décerner un Prix Nobel. En 1909, l'Université de Genève décida de fêter le 350ème anniversaire de sa Fondation et d'attribuer à cette occasion le titre de docteur honoris causa à un certain nombre de personnalités scientifiques, parmi lesquelles Marie Curie, Wilhelm Ostwald et Albert Einstein. C'est ainsi qu'Einstein s'est vu décerner son premier doctorat honoris causa; il n'avait alors que 30 ans ! Les cérémonies se sont déroulées les 6 et 7 juillet 1909. Les Genevois lui ont réservé un accueil chaleureux. Il débarqua en costume fripé et chapeau de paille dans le cortège de plus de deux cents personnalités, parmi lesquelles figuraient les autorités universitaires dans leurs atours académiques : habits brodés d'or, toges médiévales et chapeaux pointus en soie violette. Après les nombreux discours, toute ce monde fut invité à l'Hôtel National pour « le plus riche banquet que j'aie jamais vu de ma vie », racontera plus tard Einstein. Ses liens avec Genève sont forts. Il s'y fera quelques amis parmi lesquels le physicien Charles-Eugène Guye (1866 – 1942), ancien chargé de cours au Poly de Zurich, qui compta Einstein parmi ses étudiants. Guye fut appelé à la chaire de physique expérimentale de l'Université de Genève en 1900. On lui doit la vérification expérimentale de la formule de Lorentz-Einstein sur la variation de la masse de l'électron en fonction de la vitesse. Einstein dira que c'est "la meilleure vérification" de la théorie de la relativité restreinte. Quatre ans plus tard, Einstein enverra un télégramme à la Faculté des Sciences pour s'excuser de ne pouvoir assister à l'inauguration du buste du grand savant genevois Pierre Prévost (1751 – 1839) qui eut lieu le 5 juin 1913. Einstein reviendra plusieurs fois à Genève. C'est dans cette ville qu'il fera de belles promenades au bord du lac avec Marie Curie en 1925 et lors de discussions au sein du Comité International de Coopération Intellectuelle en 1923. Ensemble ils feront de la voile sur le Léman. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Maja, la sœur d'Einstein, qui habitait Florence et venait de se séparer de son mari Paul Winteler (1882 – 1952) trouva refuge à Genève pour quelques mois chez son beau-frère Michele Besso (1873 – 1955). Einstein résistant au nazisme En 1933, la vie d'Einstein prit un nouveau tournant : il cessa d'être Allemand et quitta définitivement l'Allemagne. Lorsque les nazis prirent le pouvoir, ils le déclarèrent ennemi public No 1. Einstein réunissait en lui tout ce que les nazis détestaient : il était Juif, démocrate et pacifiste. Près de deux mille lois et décrets anti-juifs ont été sitôt proclamés. Peu d'Allemands non-juifs réagirent. Ce fut une "lâcheté générale, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Allemagne". En deux jours les nazis ravagèrent son appartement cinq fois, brûlèrent sa maison de Caputh, confisquèrent ses biens et mirent sa tête à prix. Einstein est la cible d'une violente campagne de haine, il est calomnié et ses livres sont brûlés sur la place publique. Des attaques d'une violence inouïe sont menées contre la "science juive", le nom d'Einstein est prohibé des conférences et colloques scientifiques. Leur meneur n'est autre que Philipp Lenard, prix Nobel de physique (1905) qui n'hésite pas à écrire dans le journal nazi : « le meilleur exemple de l'influence dangereuse des Juifs sur les sciences de la nature a été fourni par Einstein et ses théories fondées sur des calculs mathématiques bancals […] » Les nazis lancèrent la chasse aux Juifs dans toutes les sociétés scientifiques allemandes. Max Born, James Franck, Otto Stern tous prix Nobel de physique doivent abandonner leurs postes. Même le fameux Haber (prix Nobel de chimie) qui a tellement fait pour renforcer la puissance militaire allemande pendant la Première Guerre Mondiale, est contraint de démissionner (il meurt à Bâle en 1934). Les seuls scientifiques réputés qui désavouèrent clairement les nazis furent Max von Laue et Otto Hahn. Planck également essaya de résister. Einstein écrira le 18 décembre 1948 à Otto Hahn « l'attitude des intellectuels allemands, comme classe, n'a pas été différente de celle de la plèbe ». Loin de se laisser intimider Einstein lança une condamnation sans appel du nouveau régime et démissionna de l'Académie des Sciences de Prusse et de la Société de Physique allemande (il avait succédé à Max Planck à sa présidence). Il dénonça la cruauté nazie en ces termes : « L'autoritarisme et le militarisme gouvernent leur système d'éducation. Leur obéissance aveugle est due aux ordres qui tombent d'en haut. Leur tyrannie fondée sur l'antisémitisme et le maintien de la terreur périra inévitablement de son propre poison ». Pas moins de douze prix Nobel quittent l'Allemagne à cause du nouveau statut de la fonction publique. Une grande partie de l'élite scientifique allemande est chassée et se réfugie aux États-Unis principalement, déplaçant peu à peu outre-Atlantique le centre de gravité de la recherche de pointe. Après la guerre, Einstein sera constamment approché pour renouer les liens avec l'Allemagne à travers nominations et décorations. Ce sera toujours le même refus. En 1951 lorsque les Allemands veulent le réintégrer dans l'Ordre Allemand du Mérite, il refuse une fois de plus tout contact et la moindre relation « au nom de mes frères martyrisés, dit-il, c'est une responsabilité collective que je dénonce, une responsabilité imprescriptible ». Einstein n'a épargné aucun effort, aucune énergie pour venir en aide à tous ceux qui furent persécutés, juifs et non-juifs. Il vendit aux enchères des livres et des manuscrits pour les sauver, appliquant ce précepte du Talmud qu'il ignorait: « Celui qui sauve une seule vie, c'est comme s'il sauvait toute l'humanité ». Einstein Prix Nobel Einstein fut nominé 62 fois pour le Prix Nobel ! Alors comment se fait-il que le plus grand savant depuis la création du prix Nobel (1901) ait été si longtemps écarté ? Il semble qu'il y ait au moins deux raisons : la théorie de la relativité posait un grand nombre de questions à d'éminents physiciens parmi lesquels des membres du Comité d'attribution du prix Nobel qui étaient plutôt des spécialistes de la physique expérimentale (parmi eux un membre influent Allvar Gullstrand qui s'est opposé à Einstein parce qu'il ne comprenait rien à la relativité), et l'influence de Lenard luimême prix Nobel de physique (1905) qui a distillé son "venin antisémite". C'est en 1922 qu'Arnold Sommerfeld (1868 – 1951) rédigea une lettre enthousiaste en faveur d'Einstein. De nombreux et grands savants l'imitèrent parmi lesquels le physicien français Marcel Brillouin, le mathématicien français Jacques Hadamard, l'astrophysicien suisse Robert Emden et les fidèles amis d'Einstein : Max von Laue, Paul Langevin, Edward Poulton d'Oxford, tous d'éminents savants. C'est Carl Wilhelm Oseen de l'Université d'Uppsala qui fit un rapport fort élogieux en faveur d'Einstein. Einstein reçut (enfin !) le prix Nobel de physique en 1921 « pour ses contributions à la physique théorique et en particulier pour sa découverte de la loi de l'effet photoélectrique ». Il reçoit le prix en 1922 attribué au titre de l'année 1921 (cette année là, le prix Nobel n'a pas été attribué « faute de candidats présentés »). Einstein est parti au Japon en octobre 1922 pour six semaines et c'est juste quelques jours avant qu'il débarque qu'il apprit la nouvelle par un télégramme reçu sur le bateau. On remarquera qu'Einstein n'a pas reçu le prix Nobel pour sa théorie de la relativité restreinte mais pour la découverte de l'effet photoélectrique. Il a fallu onze ans pour donner raison à Einstein. C'est Millikan, prix Nobel de physique (1923) qui annonce « qu'Einstein avait prédit exactement les résultats observés ». Et Millikan ajoute : « j'ai passé dix ans de ma vie à vérifier expérimentalement l'équation trouvée par Einstein en 1905… Je fus contraint d'affirmer, en 1915, que sa confirmation était indiscutable en dépit de son caractère déraisonnable, car elle semblait contredire tout ce que nous savions sur les interférences lumineuses ». Einstein ne s'est pas présenté pour la réception du prix Nobel (étant au Japon). L'ambassadeur d'Allemagne soutint contre son collègue suisse qu'Einstein était allemand, oubliant qu'au moment de son élection à l'Académie des sciences de Berlin Einstein avait pourtant bien stipulé qu'il n'acceptait cette élection qu'avec la garantie de pouvoir garder sa nationalité suisse. L'incident diplomatique fut clos : c'est l'ambassadeur de Suède en Allemagne qui remit à Einstein la médaille et le diplôme du prix Nobel. À cette occasion Einstein donna une conférence sur la relativité à Göteborg en juillet 1923, devant la société scandinave, en présence du roi Gustave V et deux mille personnes. Comme il l'avait promis, Einstein remit la totalité du prix, soit 120'000 couronnes (environ 180'000 francs suisses) à Mileva, en trois versements : 1923, 45'000 couronnes pour l'achat d'un immeuble et en 1930, 40'000 couronnes pour acheter deux maisons, le reste était déposé au nom de Mileva dans une banque de New York. Einstein aux U.S.A Tournant définitivement le dos à l'Allemagne nazie, Einstein se réfugie aux États-Unis. Il y arrive le 17 octobre 1933 accompagné de sa femme Elsa, de son assistant Dr. Walter Mayer et de sa secrétaire Helen Dukas. Sa venue est saluée comme un grand événement. Invité par le Président Roosevelt, le couple Einstein se rend à la Maison Blanche en janvier 1939. Le fondateur et directeur de l'Institute For Advanced Studies, le professeur Abraham Flexner, lui renouvela son offre de 1927 en lui garantissant qu'il pourrait se consacrer entièrement à ses recherches comme à l'Institut Kaiser Wilhelm de Berlin (sans obligation d'enseigner). C'est en août 1935 qu'Einstein, sa femme Elsa (qui mourut une année plus tard) et sa fidèle secrétaire s'installent au 112 Mercer Street à Princeton, dans le New Jersey. C'est dans cet endroit qu'il passera le reste de sa vie, consacrant son temps à la physique mais aussi au combat sans relâche pour la dignité humaine. Il continuera de parler haut et fort contre les nazis. Il soutenait le camp républicain dans la guerre civile espagnole « je serai, dit-il, constamment insulté et diffamé de mon vivant à cause de mon combat pour la vérité et la justice, mais on me canonisera après ma mort ». Un correspondance invraisemblable lui parvenait de partout. Il n'y répondait jamais, sauf pour réparer une injustice ou aider quelqu'un dans une situation difficile. Il traitait tout le monde en égal, avait du respect pour chacun. Il offrit des exemplaires de ses livres à des paysans et des garagistes. Les gens l'aimaient beaucoup, son côté simple et modeste le rendaient attachant. Allergique à toute forme d'injustice, il s'est battu pour la grâce des Rosenberg, a défendu des Noirs injustement accusés, a pris la défense de Robert Oppenheimer (1904 – 1967) le grand physicien américain, lors de son procès le 15 avril 1954. Le F.B.I surveilla Einstein pendant plus de vingt ans. Il était fiché en tant que « pacifiste, penseur libéral ». Il est néanmoins devenu citoyen américain le 1er octobre 1940, cinq ans après en avoir fait la demande. En 1936, l'Université de Pennsylvanie nomina Einstein parmi les dix meilleurs professeurs au monde. Pour ses septante ans, la crème des physiciens fut invitée à présenter des communications sur les développements issus de la Théorie de la Relativité. Einstein fit remarquer : « pourquoi infliger une corvée à des gens importants et occupés qui se sentiront obligés de se montrer aimables envers un vieux savant ? » Ce fut une grande ovation, toute la salle se leva pour l'applaudir comme un seul homme. Einstein mourut à Princeton le 18 avril 1955 à 1h15 d'une rupture d'anévrisme de l'aorte. Selon sa volonté, il fut discrètement incinéré. Le sort de ses cendres restera tenu secret… Einstein et la bombe Contrairement à ce que continue de croire une bonne partie de l'opinion publique, Einstein n'a pas participé au "Projet Manhattan" qui devait conduire à la construction de la bombe atomique. Plus tard, il écrira à son ami Linus Pauling, prix Nobel de chimie (1954) « j'ai commis une seule erreur dans ma vie, le jour où j'ai signé cette lettre au président Roosevelt ». L'histoire commence en 1938 avec la découverte de la fission nucléaire par Otto Hahn et Fritz Strassmann. Peu après, le phénomène fut expliqué correctement par Lise Meitner (1878 – 1968) qui quitte l'Allemagne à cause de ses origines juives et se réfugie en Suède, et son neveu Otto Frisch : des noyaux d'uranium, sous l'action de neutrons lents, se scindent en deux en libérant de l'énergie et de nouveaux neutrons. Léo Szilard, brillant esprit et angoissé de nature conclut que la fission découverte en Allemagne pourrait constituer l'arme absolue entre les mains des nazis. Peu écouté aux États-Unis où il s'est réfugié (Hongrois d'origine) mais tenace et courageux il décida d'aller alerter Einstein. Il fut accompagné par deux autres Hongrois d'origine, le futur prix Nobel de physique (1963) Eugène Wigner et Édouard Teller, le futur père de la bombe H (thermonucléaire). Les trois parvinrent à convaincre Einstein, qui se trouve en vacances à Long Island où il fait de la voile (son sport favori), de l'avancement des travaux dans ce domaine en Allemagne, et à lui faire signer la fameuse lettre du 2 août 1939 qui devait alerter le président F.D. Roosevelt sur la possibilité des armes atomiques. La lettre n'est arrivée que le 11 octobre 1939 et la réponse de Roosevelt date du 19 octobre. Le "projet Manhattan" démarre sous la responsabilité du général Leslie Groves et de la direction scientifique de Robert Oppenheimer. C'est l'union sacrée en Amérique. Ingénieurs, physiciens, techniciens, militaires et industriels s'engagent dans l'une des plus terribles aventures humaines. Le comité de préparation sous la responsabilité de Vannevar Bush, ingénieur et mathématicien, invita Einstein qui refusa net. « le refus de collaborer sur les questions militaires devrait être un principe moral essentiel pour tous les véritables savants » Sur le plan scientifique Enrico Fermi obtint pour la première fois, le 2 décembre 1942, une réaction nucléaire contrôlée ("pile atomique"). C'est à Los Alamos, dans le désert du Nouveau-Mexique, que les deux bombes se feront. La première à l'uranium 235 lancée sur Hiroshima (6 août 1945) et la seconde au plutonium lancée sur Nagasaki (le 9 août). Elle feront plus de deux cents mille victimes. Einstein qui croyait se battre contre les nazis, découvre qu'il s'était battu pour la bombe. « Si j'avais su qu'on ferait la bombe, je me serais fait cordonnier » dira-t-il. Apprenant la nouvelle concernant la bombe il poussa un cri de désespoir « Hélas, mon Dieu ». Einstein fera tout pour éviter une course aux armements nucléaires. "L'appel Russel-Einstein" sera lancé à Londres par plusieurs prix Nobel et le mouvement Pugwash naîtra deux ans après la mort d'Einstein. Lettre au Président Roosevelt Albert EINSTEIN Old Grove Road Nassau Point Peconic, Long Island Monsieur, à F. D. ROOSEVELT Président des États-Unis Maison Blanche Washington D.C 2 août 1939 Quelques travaux récents de E. Fermi et L. Szilard, qui m'ont été communiqués sous la forme manuscrite, m'amènent à penser que l'élément uranium peut devenir, dans un avenir immédiat, une nouvelle et importante source d'énergie. Certains aspects de la situation ainsi créée semblent demander une vigilance particulière et, si nécessaire, une action rapide de la part de l'Administration. C'est pourquoi, je crois qu'il est de mon devoir de porter à votre attention les faits et les recommandations suivants : Au cours des quatre derniers mois, il est devenu probable – par le travail de Joliot en France, ainsi que celui de Fermi et Szilard en Amérique – d'envisager la possibilité de provoquer une réaction en chaîne nucléaire dans une grande masse d'uranium, réaction par laquelle pourraient être produites une énorme puissance et de grandes quantités de nouveaux éléments analogues au radium. Il apparaît maintenant presque certain que ceci pourrait être réalisé dans un avenir immédiat. Ce nouveau phénomène pourrait aussi conduire à la fabrication de bombes et on peut concevoir – bien que ce soit beaucoup moins sûr – que des bombes extrêmement puissantes d'un nouveau type pourraient être ainsi construites. Une seule bombe de ce type amenée par bateau et explosant dans un port, pourrait très bien détruire le port entier ainsi qu'une partie du territoire environnant. De telles bombes pourraient cependant bien s'avérer trop lourdes pour être transportées par avion. Les États-Unis possèdent, seulement en quantités modérées, des minerais très pauvres en uranium. Il y a quelques bons minerais au Canada et dans l'ancienne Tchécoslovaquie, mais la source d'uranium la plus importante est le Congo Belge. En raison de cette situation, il peut vous paraître souhaitable de maintenir des contacts permanents entre l'Administration et le groupe de physiciens travaillant sur les réactions en chaîne en Amérique. Une manière de parvenir à ce but serait pour vous de confier cette tâche à une personne qui aurait votre confiance et qui pourrait peut-être agir à titre officieux. Sa tâche pourrait inclure ce qui suit: a) prendre contact avec les différents ministères, en les tenant informés des développements ultérieurs, et proposer des recommandations pour une action gouvernementale, en veillant tout particulièrement à ce que les États-Unis soient assurés d'un approvisionnement en minerai d'uranium. b) d'accélérer le travail expérimental qui est, jusqu'à présent, mené dans les limites des budgets des laboratoires universitaires, en procurant des fonds, si de tels fonds étaient demandés, par l'intermédiaire de ses contacts avec des particuliers prêts à apporter des contributions pour cette cause et peut-être aussi en obtenant la coopération de laboratoires industriels disposant de l'équipement nécessaire. Je crois savoir que l'Allemagne a actuellement arrêté la vente d'uranium provenant des mines de Tchécoslovaquie dont elle a pris le contrôle. Qu'elle ait décidé d'une telle mesure aussi rapidement pourrait peut-être se comprendre par le fait que le fils du Sous-Secrétaire d'État Allemand aux Affaires Étrangères, von Weizsäcker, travaille à l'Institut Kaiser Wilhelm de Berlin où une partie du travail américain sur l'uranium est actuellement en train d'être répétée. Avec mes sentiments dévoués, Albert Einstein Einstein et l'identité juive C'est le regard des antisémites et leur haine raciale qui ont donné conscience à Einstein de son identité juive dont il s'était détaché, comme l'a fait l'immense majorité des juifs allemands de l'époque. Devenus citoyens à part entière, les Juifs s'assimilèrent et se "germanisèrent" devenant « plus allemands que les Allemands ». En 1920, Einstein dénonça "l'esprit de servilité" et la lâcheté des juifs germanisés. Très vite, Einstein est confronté à la réalité : la voie de l'assimilation est illusoire, les Juifs doivent assumer leur identité. Sa conscience juive se renforça le lendemain de l'Armistice où un antisémitisme virulent rongea toute la société allemande. Juif, pacifiste et démocrate, il devient alors le juif le plus connu mais aussi le plus détesté et le plus attaqué. Cette "pathologie mentale" qu'est l'antisémitisme touche même des savants éminents parmi lesquels deux Prix Nobel de physique. Ces derniers mènent une campagne contre Einstein et ce qu'il appèlent la "physique juive", à savoir la théorie de la relativité et la théorie des quanta. Pour Einstein, l'identité juive s'exprime : « par la soif de connaissance pour elle-même, un amour quasi-fanatique du sentiment de justice et l'aspiration à l'indépendance personnelle ». Sa définition du judaïsme n'est pas de nature religieuse. C'est plutôt « une attitude morale dans la vie et pour la vie en sacralisation du vivant ». Son attachement au peuple juif, qu'il appelle "ma tribu" est indéfectible et inconditionnel « partageant une communauté de destin particulier ». Cette communauté de destin, Einstein l'exprime à sa façon : « ce qui unit les juifs, et les a unis depuis des millénaires, est avant tout un idéal démocratique de la justice sociale, l'idée de devoir s'entraider et la tolérance mutuelle entre tous les hommes sans distinction aucune ». Le judaïsme est pour lui un ensemble de valeurs éthiques et morales et c'est au nom de ces valeurs qu'il fera tout pour venir en aide aux Juifs et non-Juifs qui sont en situation de détresse. Einstein et la foi Lorsque, en 1911, l'empereur François Joseph offrit à Einstein la chaire de physique de l'Université de Prague, il exigea, comme il était de coutume à l'époque, qu'il indique sa religion. Einstein mentionna "mosaïque", terme officiel à Prague pour désigner la religion juive. Contrairement à ce qu'on peut parfois lire sur lui, Einstein était profondément religieux, mais sa croyance en Dieu n'est pas dans le sens théologique. Sa conception de Dieu s'exprime "dans la magnifique harmonie du Cosmos". Pour Einstein, « Dieu se cache dans l'architecture ou l'horlogerie cosmique ». De ce point de vue Einstein est "spinoziste" (Baruch Spinoza (1632 – 1677), philosophe panthéiste, excommunié en 1656, auteur de l'Éthique en 1677 pour qui le salut passe par la connaissance). Einstein admire Spinoza qui représente à ses yeux « l'une des âmes les plus pures et les plus profondes qu'ait produites notre peuple juif » Pour Einstein, la notion de pureté, d'humilité et une grandeur d'âme sont nécessaires pour appréhender la notion de Dieu « Nous voyons, dit-il, un univers merveilleusement arrangé et qui obéit à certaines lois, nous ne comprenons seulement vaguement ces lois… Nos esprits limités ne peuvent appréhender la force mystérieuse qui meut les constellations. » Pour le Grand-Rabbin de Genève (Dr. Alexandre Safran) qui l'a rencontré en 1947 à Princeton et qui a longuement discuté avec lui « Einstein, avec son émerveillement devant l'harmonie de l'univers, appartient à la famille des mystiques juifs. » Pour Einstein, il s'agit plutôt d'une religiosité cosmique qui consiste à s'étonner, à s'extasier devant les harmonies des lois de la nature qui sont la manifestation d'un esprit bien supérieur à celui de l'homme. Être religieux pour Einstein signifie « être libéré des chaînes des désirs égoïstes propres ». Einstein qui ne se séparait jamais de son violon (il aimait beaucoup la musique, surtout Mozart, Bach et Haydn) rencontra Yehudi Menuhin lors d'un concert que ce dernier donna le 12 avril 1930 à la Synagogue de Berlin (Menuhin n'avait alors que 13 ans). Einstein se précipita sur lui et s'exclama « Maintenant je sais qu'il y a un Dieu au ciel. » Pour aider les œuvres de bienfaisance, Einstein n'hésitait pas à mettre une "kippa" (couvre-chef) sur la tête et jouer avec son violon dans les synagogues. Lui-même disait: « je ne peux concevoir un scientifique authentique qui n'aurait pas une foi profonde. » Einstein et l'Université Hébraïque de Jérusalem Kurt Blumenfeld, l'un des dirigeants du mouvement sioniste en Allemagne demanda à Einstein de se joindre à Chaïm Weizmann (1874 – 1952) professeur de Chimie à l'Université de Manchester (il avait enseigné à l'Université de Genève de 1901 à 1904), l'un des principaux dirigeants sionistes et futur premier président de l'État d'Israël, pour rechercher les fonds nécessaires à la création à Jérusalem d'une université hébraïque. La bourgeoisie juive allemande voit d'un mauvais œil cette implication d'Einstein qui lui-même d'ailleurs n'appréciait guère ce genre d'action. Bien que réservé à cette époque sur la question du nationalisme juif, il accepte cette mission car, pour lu,i un temple juif du savoir symbolise parfaitement sa vision du sionisme. Il écrit le 9 mars 1921 à son ami Fritz Haber (1868 – 1934), prix Nobel de chimie en 1918 : « … la perspective de construire une université juive me remplit d'une joie particulière, après avoir été, ces derniers temps, témoin d'innombrables exemples de perfidie et de méchanceté avec lesquelles on traite ici de jeunes juifs remarquables dans le but de leur couper les moyens d'accéder à l'éducation […] ». Weizmann et Einstein débarquent à New-York le 2 avril 1921. L'accueil qui leur est réservé est très chaleureux. Il y a huit mille personnes dans la salle et trois mille autres dehors. Weizmann parle plus d'une heure et demi, Einstein moins d'une minute. A la fin de la séance, tout le monde se lève comme un seul homme pour les ovationner. Einstein s'impliqua personnellement dans le plan d'étude en mathématiques et physique. Il veut un enseignement scientifique de haut niveau et un foyer rayonnant de la spiritualité juive. (Il ne serait pas déçu aujourd'hui). A son retour du Japon il s'arrête quelques jours à Jérusalem où il prononce, le 7 février 1923, devant une salle comble de personnalités juives et non-juives un discours où il exalte le rôle de la science dans la collaboration entre les peuples. Déjà à cette époque il lance un appel pour une coopération scientifique régionale. Pour remercier l'Université Hébraïque de Jérusalem de l'accueil qu'elle lui a réservé, Einstein offrit à la Bibliothèque de cette Université le manuscrit de sa Théorie de la Relativité Générale. Einstein fut président du Conseil académique de l'Université dont il démissionna en 1928 (en raison de divergences avec J.L. Magnes, président de l'Université). Il reviendra au Conseil en 1935 lorsque l'Université prit une orientation plus en accord avec ses vues. En 1933 avec l'arrivée des nazis au pouvoir, Einstein décline une offre de l'Université car il considère le responsable du programme de recherches comme incompétent. Il décide finalement de se rendre à Princeton. Einstein a reçu le 15 mars 1949 un doctorat honoris causa l'Université Hébraïque dont il fut une trentaine d'années plus tôt l'un des fondateurs. Einstein et le sionisme C'est à Prague, en 1911, qu'Einstein se trouva confronté à la question juive. Cette ville est à cette époque un foyer rayonnant de la culture juive. Einstein fait la connaissance de grands intellectuels juifs : Max Brod (1844 – 1968), Franz Kafka (1883 – 1924), Franz Werfel (1890 – 1945) et Hugo Bergmann (1883 – 1975). Loin d'être un nationaliste (c'est contraire à sa nature), Einstein rêve dans le sionisme un foyer de civilisation, de paix et de progrès pour tous les habitants, Juifs et Arabes, vivant en harmonie. Certaines de ses déclarations peuvent être qualifiées de prophétiques. Une fois de plus, l'Histoire lui aura donné raison. Revenant du Japon le 7 février 1923, il fait escale en Terre sainte et déclare « C'est le plus beau jour de ma vie; c'est un grand moment de la libération de l'âme juive. Cela a été possible grâce au mouvement sioniste, et personne au monde ne pourra détruire ce qui a été accompli. » Concernant les relations entre Juifs et Arabes, il déclare : « on doit concevoir une politique de rapprochement afin de parvenir à une meilleure compréhension mutuelle… Les Arabes sont facilement poussés au fanatisme religieux par une caste de politiciens qui ont intérêt à les maintenir séparés des Juifs ». Son attachement à ses frères juifs est sans équivoque : « La relation que j'entretiens avec le peuple juif est devenue le lien humain le plus fort que je puisse éprouver ». La recherche de la paix est une constante dans la vie d'Einstein : « je crois que les deux grands peuples sémites qui ont apporté, chacun à sa manière, une contribution impérissable à la culture de l'humanité occidentale contemporaine peuvent avoir un grand avenir commun et doivent se soutenir mutuellement dans leurs aspirations nationales et culturelles… » Après le décès de Chaïm Weizmann (1952), Ben Gourion, alors premier ministre, propose à Einstein de devenir président de l'État d'Israël. Il refuse : « je n'ai ni la compétence naturelle ni l'expérience nécessaire pour résoudre les problèmes humains et exercer des fonctions officielles ». Quatre jours avant sa mort (survenue le 18 avril 1955), Einstein rédige un texte dans lequel il met en garde les grandes puissances contre les menaces qui pèsent sur l'État d'Israël, dont il considérait la naissance comme "l'un des rares événements politiques qui aient eu un réel sens moral". L'année miraculeuse d'Einstein En l'espace de six mois, du 17 mars au 27 septembre 1905, Einstein va publier six articles dont cinq vont devenir immortels, ce qui fait de l'année 1905 l'annus mirabilis. A son ami Conrad Habicht, Einstein écrit « je te promets en échange quatre articles dont le premier est très révolutionnaire. » • Le premier article s'intitule « Un point de vue heuristique concernant la production et la transformation de la lumière ». Il est envoyé à l'éditeur le 17 mars 1905 qui le publie le 9 juin dans la revue Annalen der Physik. Il introduit une véritable révolution en physique : l'énergie a une structure quantifiée (la théorie quantique est née le 14 décembre 1900 à la conférence donnée par Max Planck devant la Société allemande de physique). Cette notion de quanta de lumière ne sera admise qu'une quinzaine d'années plus tard. Einstein découvre la loi de l'effet photoélectrique (ce qui lui vaudra le prix Nobel de physique 16 ans plus tard). Einstein défie toutes les structures admises : la lumière est ondes et quanta. Comme la matière, la lumière est discontinue. C'est une propriété qui ne s'y substitue pas mais s'y ajoute; les ondes se voient ainsi attribuer les propriétés d'une particule. • Le deuxième article « Une nouvelle détermination des dimensions moléculaires » est son travail de doctorat. Einstein donne une nouvelle méthode pour déterminer les rayons moléculaires et le nombre d'Avogadro (N = 6.02 1023). Le directeur de sa thèse (Kleiner) juge ce travail insuffisant et par deux fois le mémoire est refusé par l'Université de Zurich. Einstein ajoute deux phrases et il est finalement accepté… Cette thèse est d'une grande importance bien qu'elle soit très courte : 17 pages ! Elle est dédiée à son ami Marcel Grossmann. Acceptée le 15 juillet 1905, elle est publiée dans Annalen der Physik en 1906. Einstein obtint le titre de docteur le 15 janvier 1906 à Zurich. Le texte de sa thèse est l'un des plus cités en physique aujourd'hui encore. En 1909, Jean Perrin (1870 – 1942) vérifia expérimentalement avec une grande précision la formule donnée par Einstein concernant le nombre d'Avogadro. • Le troisième article est consacré au mouvement brownien (du nom du botaniste écossais Robert Brown (1773 – 1858)), c'est à dire à une manifestation macroscopique de l'existence des atomes. Il arrive aux Annalen der Physik le 11 mars et s'intitule « Le mouvement des particules en suspension dans les fluides au repos requis par la théorie cinétique moléculaire de la chaleur ». Einstein complétera cet article par un autre en décembre 1905 : « À propos de la théorie du mouvement brownien ». • Le quatrième article intitulé « À propos de l'électrodynamique des corps en mouvement » arrive aux Annalen der Physik le 30 juin 1905. Il s'agit d'un texte de 30 pages et c'est le texte fondateur de la théorie de la relativité. Röntgen (1845 – 1923), prix Nobel de physique en 1901, a eu la sagesse de le publier. Einstein remet en cause ce qui était considéré depuis des siècles comme les piliers de la physique : il remet en cause notre conception de l'espace et du temps absolus. L'existence d'une vitesse limite, celle de la lumière, indépendante du mouvement de sa source, anéantit le caractère d'un espace absolu et d'un temps absolu. Seule la vitesse de la lumière est absolue. La contraction de l'espace et la dilatation du temps découlent de cette théorie. Avec sa théorie de la relativité restreinte, Einstein réconcilie l'électromagnétisme et la mécanique. La seule personne remerciée dans ce travail est Michele Besso avec qui il avait eu une journée de discussions sur les contradictions induites par l'invariance de la vitesse de propagation de la lumière (un concept contraire à la règle de composition des vitesses de Galilée). Après une nuit agitée, Einstein rencontre Besso et, avant même de le saluer, il s'exclame « merci, j'ai entièrement résolu le problème ». L'éther devient superflu et il est rejeté par Einstein. La lumière n'a pas besoin de ce support. • Nous arrivons finalement au cinquième article « L'inertie d'un corps dépend-elle de son contenu en énergie ? » Il arrive aux Annalen der Physik le 27 septembre en post-scriptum à l'article précédent (celui du 30 juin). Il contient la formule la plus célèbre que connaît le public : E = mc2 et qui immortalise Einstein dans le portrait où il tire la langue à un journaliste. En trois pages, Einstein montre que la masse et l'énergie rayonnante d'un corps sont équivalentes et convertibles l'une en l'autre. Cette équation, qu'on trouve dans tous les livres de physique, est reproduite par toutes les formes de publicité. Elle a de nombreuses applications dans notre vie quotidienne : énergie électrique d'origine nucléaire, tomographie à émission de rayonnement synchrotron appliquée à un large ensemble d'activités en recherche fondamentale (sciences du vivant) et en recherche appliquée (chimie, pharmacie). Théorie de la relativité générale La relativité générale est la théorie de l'infiniment grand. C'est une théorie dans laquelle la gravitation est interprétée comme une force d'inertie résultant de la déformation de l'espace-temps causée par la présence d'une masse. Pour Einstein, la gravitation n'est plus une propriété intrinsèque de la matière mais une manifestation de l'espace courbe. La relativité "restreinte" ne s'applique qu'aux référentiels inertiels (galiléens, c'est à dire en mouvement rectiligne à vitesse uniforme les uns par rapport aux autres). Einstein se demande « si le principe de relativité vaut également pour des systèmes qui sont accélérés les uns par rapport aux autres ». Quand il entreprend son travail en 1907, il est découragé par la complexité du formalisme mathématique nécessaire à sa nouvelle théorie. C'est son ami Marcel Grossmann qui vient à son secours. Après neuf ans d'efforts, Einstein dira : « À côté de ce problème, la première théorie de la relativité [restreinte de 1905] est un jeu d'enfant ». Il arrive à poser le principe d'équivalence : « l'égalité des masses inertes et des masses pesantes ». Autrement dit, localement l'effet de la gravitation est identique à celui produit par une accélération. Il n'y a donc pas de différence entre un champ de gravitation et un référentiel accéléré; tous deux sont localement équivalents. En conséquence, l'espace n'est plus euclidien ; le champ de gravitation est un espace courbe ! Les grandeurs "temps" et "espace" sont remplacées par l'"espacetemps". On peut représenter l'espace-temps comme une feuille quadrillée élastique déformée par la présence de masses, comme un trampoline. S'il n'y a pas d'objets, donc pas de champs de gravitation, l'espace-temps est plat comme la surface d'un trampoline sur lequel il n'y a rien. Mais si on est en présence d'un objet massif, l'espace-temps se courbe, la feuille se creuse comme un trampoline chargé. L'espacetemps est courbé par la matière. Cette théorie apportera des réponses à de nombreuses questions telles que l'origine de l'univers, le Big-Bang, la déviation des rayons lumineux près du soleil, le déplacement du périhélie de Mercure (périhélie : point de la trajectoire le plus proche du soleil), la démonstration de l'existence d'ondes gravitationnelles, les "trous noirs" (objets célestes massifs dont la gravitation serait telle que même la lumière qui devrait s'en dégager ne pourrait que retomber vers l'intérieur) et l'effet de décalage vers le rouge d'une lumière passant à proximité d'un objet massif. Le manuscrit de la théorie de la relativité générale a été vendu une première fois aux enchères à Sotheby's, en 1987, pour une valeur de 1.2 million de dollars. Il a été revendu une seconde fois aux enchères à New York, le 16 mars 1996, par la même maison pour 3.3 millions avant d'être acheté par la famille du financier genevois Edmond Safra pour 4 millions. La famille Safra l'a généreusement offert au Musée d'Israël à Jérusalem. Les équations définitives du champ de gravitation sont données le 25 novembre 1915 ; quant à la synthèse finale, le texte fondateur, il est publié en mars 1916 dans les Annalen der Physik où Grossmann est remercié. Pour vérifier la théorie de la relativité générale, deux expéditions ont lieu lors de l'éclipse solaire du 29 mai 1919. L'une est dirigée par Arthur Eddington à l'Ile de Principe, vers la Guinée espagnole, et l'autre par Crommelin à Sobral, au nord du Brésil. Les résultats confirment la théorie d'Einstein. J. J. Thomson (qui a découvert l'électron) déclare lors de la séance de la Royal Society du 6 novembre 1919 qu'il préside : « la théorie d'Einstein est le plus grand monument de l'histoire de la pensée humaine. » On peut dire qu'Einstein est le père de la cosmologie moderne. Plusieurs de ses idées sont également à la source de nombreuses technologies : DVD, lecteurs CD, lasers industriels et chirurgicaux, système GPS… alors que se profile une deuxième révolution quantique. Pour ce qui est de la première révolution, celle de la mécanique quantique développée dans les années 1920 et qui se révéla fructueuse, son interprétation en termes de probabilités se heurta à une résistance farouche et acharnée d'Einstein. Pendant les 30 dernières années de sa vie il ne cessa, seul contre tous, de répéter à qui veut l'entendre : « Dieu ne joue pas aux dés. ». Niels Bohr, l'un des grands maîtres de cette interprétation de la physique lui répond : « Mais qui êtes-vous, Einstein, pour dire à Dieu ce qu'il doit faire ? » Einstein est resté déterministe jusqu'à la fin de sa vie, à la recherche d'une théorie unifiée qui sera reprise par des générations de jeunes chercheurs dans la voie de la Grande Unification. Remerciements Cette exposition a été conçue et réalisée par Isaac BENGUIGUI avec le soutien logistique et les conseils d'Alfred MANUEL et Renald CARTONI du pôle de recherche national MaNEP que je tiens à remercier. Mes remerciements vont également au Dr. Éric HAUF, président de l'Association Suisse des Amis de l'Université Hébraïque pour tous ses encouragements et sa disponibilité ainsi qu'à Madame Julie SAFDIÉ, secrétaire.