biogaz carburant christchurch
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Energie-Cités/ADEME Biogaz carburant 1999 CHRISTCHURCH (NZ) BIOGAZ CARBURANT Dans le secteur du transport, la recherche des municipalités pour diminuer les émissions passe par le transfert modal de la voiture particulière vers des modes de transport préservant l’environnement (transports publics notamment), mais aussi par la limitation des émissions des transports publics urbains et des flottes captives. Plusieurs municipalités se sont lancées dans des expériences de valorisation énergétique d’une énergie renouvelable qui provient des déchets ménagers et/ou agricoles ainsi que des stations d'épuration des eaux usées : le biogaz carburant. C’est le cas à Christchurch. ASPECTS GENERAUX Située sur la côte est, à l’entrée d’une riche plaine agricole (plaine de Canterbury), Christchurch, Ville de Nouvelle-Zélande, comprend environ 300 000 habitants. La Ville fut fondée en 1848 par des immigrants anglicans. Elle est la troisième du pays et le deuxième centre industriel : énergie hydroélectrique, industries alimentaires (viande, produits laitiers), textiles (laine), mécaniques (outils), du meuble, équipement de transport, produits en bois et liège, matières plastiques, etc. Son port, Lyttelton, est situé à proximité de la ville (exportation de laine, viande, produits laitiers et blé). Christchurch EXPERIENCE DE CHRISTCHURCH (NZ) • La Municipalité a en charge des services très variés : éclairage public, pompage de l’eau, traitement des déchets, bibliothèques, piscines et centres de loisirs, etc., de même que la gestion de 2 600 logements communaux. La consommation énergétique annuelle induite par ces services est d’environ 120 GWh. le Conseil Municipal est engagé, dans ses opérations, en matière d’efficacité énergétique et d’utilisation rationnelle de l’énergie (27.11.96), • pour quelques projets et les grosses réhabilitations comprenant une dimension énergétique importante, une évaluation de l’efficacité énergétique et de la durabilité des projets doit être réalisée (27.11.96). Ce sont des raisons économiques qui ont motivé la municipalité à valoriser le biogaz en tant que carburant. En 1983 en effet, quand le projet a démarré, le coût du biogaz était de 23 cents/équivalent par litre contre 71 à 99 cents pour 4 3 un litre d’essence . Avant 1983, environ 3 000 m 3 de biogaz par jour (2 000 m de méthane) étaient brûlés en torchère. Avec la valorisation du biogaz en tant que carburant, tout le biogaz pouvait être utilisé. L’expérience a duré jusqu’en 1994. En matière d’énergie, les mesures suivantes ont été adoptées ces dernières années et sont en cours d’instauration : • maîtrise de l’énergie : il est prévu que le conseil municipal mette en oeuvre des stratégies visant à minimiser les consommations énergétiques, à recourir aux énergies renouvelables chaque fois que cela est possible et à réduire les impacts sur l’environnement (26.11.97), 4 33 1 dollar néo-zélandais ~ 3,49 FRF Energie-Cités/ADEME Biogaz carburant 1999 Le site de production du biogaz Le biogaz est produit à la station d’épuration des eaux usées de Christchurch, laquelle traite environ 3 138 000 m d’eaux usées par jour. Schéma de la station d’épuration des eaux usées de Christchurch Le biogaz est produit par la digestion des boues en condition anaérobie, c’est-à-dire en absence 3 d’oxygène, à une moyenne de 11 500 m par jour. 3 Trois digesteurs d’une capacité de 5 000 m chacun sont utilisés. A ce stade, le biogaz brut est composé de 64% de méthane (CH4), 34% de soit passé dans le second étage du compresseur, il transite par une colonne d’épuration pour y être débarrassé du dioxyde de carbone et de l’hydrogène sulfuré. La colonne a une hauteur de 10 mètres et un diamètre interne de 250 mm. Huit mètres de la section centrale sont remplis de façon aléatoire par de petits anneaux de plastique. C’est en fait cette partie de la colonne qui finalement permet l’épuration du biogaz. Le principe utilisé est le suivant : il consiste à injecter de l’eau (en pluie) par le haut de la colonne 3 à une moyenne de 4,2 m par heure et à faire entrer le biogaz par le bas (proche de la base) à 3 une moyenne de 65 m par heure. L’eau chargée des polluants quitte la colonne par la base puis est déversée dans le réseau d’eaux usées, tandis qu’un système de séchage situé en partie haute de la colonne enlève les gouttelettes d’eau du gaz quand il en sort. A ce stade, le biogaz se compose à 99% de méthane et comprend moins de 5 ppm d’hydrogène sulfuré, le reste étant principalement de l’air. Ensuite, le biogaz passe par les troisième et quatrième étages du compresseur, d’où il sort à une pression maximale de 25 Mpa (250 bar). La prochaine étape du processus est l’injection dans le 3 gaz épuré d’environ 50 cm de méthanol par heure, après quoi il passe par un système de séchage et de réfrigération du gaz afin d’abaisser le point de condensation à environ 3° C. Cette étape est nécessaire pour prévenir les formations d’hydrates qui bloquent les tuyaux et valves. Le gaz pénètre ensuite dans trois groupes de stockage composés de 20 cascades, lesquels sont remplis successivement grâce à un système de valve automatique. Le gaz est alors délivré aux véhicules La colonne d’épuration du biogaz dioxyde de carbone (CO2) et 0,05% d’hydrogène sulfuré (H2S). Depuis les digesteurs, une conduite permet d’acheminer le gaz à une pression de 172 kPa jusqu’au compresseur. La pression du gaz y est alors réduite à 76 kPa avant d’entrer dans le premier étage du compresseur. Après que le gaz 34 Energie-Cités/ADEME Biogaz carburant 1999 dans le sens inverse du remplissage des cascades (la dernière remplie est la première utilisée). Un véhicule est rempli lorsque la pression dans un groupe de stockage est de 90%. Dès lors, le système automatique de remplissage passe au prochain groupe de stockage qui a la pression la plus élevée. Il en va ainsi jusqu’à ce que le système de remplissage des véhicules atteigne 16,5 MPa (165 bar). En procédant ainsi, environ 50% du gaz stocké peut être utilisé. Si toutes les cascades étaient couplées les unes aux autres, il ne serait possible d’utiliser que 28% du gaz stocké. Après ce seuil en effet, la pression dans les cascades ne serait pas suffisante pour remplir complètement les véhicules. Un véhicule faisant le plein de biogaz au “ Christchurch Drainage Board ” Chronologie des événements Nov. 80 Avril 82 06.08.82 23.09.82 27.09.82 19.10.82 01.11.82 09.11.82 22.11.82 29.11.82 03.12.82 20.12.82 09.02.83 17.02.83 18.02.83 27.05.83 23.06.83 29.06.83 Proposition faite au syndicat de traitement des eaux usées (“ Christchurch Drainage Board ”) pour que le biogaz soit utilisé pour faire fonctionner les véhicules de ce même syndicat Etude détaillée présentée aux membres du syndicat ; accord donné le même jour pour construire une station de remplissage et convertir 38 véhicules Commande de la colonne d’épuration du biogaz Commande des premiers équipements pour le site Début des travaux de génie civil Fin des travaux de pose de la conduite de gaz Début de la conversion des premiers véhicules Construction des fondations de la colonne d’épuration Début de la construction des installations mécaniques Livraison du compresseur de gaz Installation de la colonne d’épuration du gaz Connexion des points de remplissage Mise en marche du système air Mise en marche du système gaz Introduction des premiers véhicules Mise en marche du système de séchage et de réfrigération du gaz Mise en marche du dynamomètre Commande de l’équipement servant à injecter le méthanol fonctionner les véhicules s’est élevé à 340 000 Dollars néo-zélandais par an. Aspects économiques Le compresseur, le système d’extraction du gaz, le système de stockage du gaz, la station de remplissage, la conversion de 70 véhicules et le dynamomètre pour l’atelier de maintenance des véhicules ont coûté au total 340 000 Dollars néozélandais. Si l’on fait la comparaison avec la solution “ essence ”, l’utilisation du biogaz comme carburant a permis de réaliser une économie annuelle de 140 000 Dollars néo-zélandais Cette économie aurait été de 60 000 Dollars néo-zélandais si la comparaison avait concerné la solution “ gazole ”. Il est à noter qu’une taxe de 9 cents était appliquée 3 par m de biogaz carburant produit (“ road tax ”). 3 Le coût de production d’un m de biogaz était de 23 cents, soit 965 000 Dollars néo-zélandais par an pour la quantité totale produite (prix 1985), dont une part seulement était utilisée comme carburant pour véhicules. Le coût total de production du biogaz (depuis sa production jusqu’à sa distribution en passant par son traitement) utilisé pour faire Le projet a été financé en totalité sur fonds propres de la Municipalité de Christchurch et le temps de retour sur investissement a été de deux années et demie. 35 Energie-Cités/ADEME Biogaz carburant 1999 usées (“ Christchurch Drainage Board ”) qui a supervisé l’ensemble des opérations entre 1983 et 1989 et à partir de 1990 la Municipalité de Christchurch. La compagnie Caltex Oil Ltd était le seul autre partenaire du projet. Les partenaires impliqués La conception et la réalisation de l’installation est le fruit d’ingénieurs de la Municipalité (aucun consultant extérieur n’a été impliqué dans le projet). C’est le syndicat de traitement des eaux EVALUATION L’expérience a duré jusqu’en 1994, date à laquelle la Municipalité a modifié sa stratégie et a conclu un accord avec le fournisseur local d’énergie afin de produire de l’électricité à partir du biogaz produit à la station d’épuration. La priorité n’était donc plus de valoriser le biogaz en tant que carburant pour véhicules. D’ailleurs, la part du biogaz destinée à être utilisée comme carburant était passée de 8% de la production en 1983 à 4% en 1994, différentes raisons ayant conduit à cette baisse. On peut citer : • un prix du gazole bas (carburant alors considéré comme énergie alternative), • des coûts de maintenance plus élevés et des temps de remplissage plus longs pour les véhicules fonctionnant au biogaz par rapport à des véhicules conventionnels, • une perte de puissance des véhicules après avoir été convertis au biogaz (il n’existait pas sur le marché de véhicules dédiés biogaz), • un faible nombre de camions fonctionnant à l’essence (les véhicules lourds fonctionnant le plus souvent au gazole). A cela venait s’ajouter le fait qu’il n’y avait qu’une station de remplissage des véhicules située à la station d’épuration, ce qui signifiait pour les responsables municipaux pertes de temps et surcoûts. PERSPECTIVES Depuis 1994, le biogaz produit à la station d’épuration de Christchurch est valorisé en électricité. Pour l’heure, il n’est pas envisagé de relancer la production de biogaz carburant, principalement en raison du faible coût du gazole. POUR ALLER PLUS LOIN Christchurch City Council Mr. Leonid ISTKOVICH - Energy Manager Civic offices 163-173 Tuam Street P.O. Box 237 NZ-CHRISTCHURCH Tél. : +64 3 371 17 93 Fax : +64 3 371 14 93 E-mail : [email protected] Responsable du projet biogaz carburant Alan BEARD – Pumping and Maintenance Manager Cette fiche de cas a été réalisée par Energie-Cités grâce à la collaboration des responsables de la Ville de CHRISTCHURCH et au soutien technique et financier de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME). 36