gluck-orfeo ed euridice - Médiathèque de la Cité de la musique

Transcription

gluck-orfeo ed euridice - Médiathèque de la Cité de la musique
André Larquié
président
Brigitte Marger
directeur général
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
mercredi 15
et jeudi 16
novembre - 20h
salle des concerts
Christoph Willibald Gluck
Orfeo ed Euridice
opéra en trois actes sur un livret de Ranieri da Calzabigi
version en italien de 1762
(version de concert) (voir traduction page 7)
entracte au milieu de l’acte II
René Jacobs, direction
Bernarda Fink, mezzo-soprano (Orfeo)
Veronica Cangemi, soprano (Euridice)
Maria Cristina Kiehr, soprano (Amore)
RIAS Kammerchor
Freiburger Barockorchester
durée du concert (entracte compris) : 1h50
En prélude au concert du jeudi 16 novembre à 20h, une conférence d’introduction à cet opéra vous est proposée par
Martine Kaufmann (producteur à France Musiques) et Michel
Noiray (musicologue). Cette séance débute à 18h30 et s’inscrit dans la série des clefs d’écoute.
le concert du 16 novembre est diffusé en direct sur Radio Classique
Christoph Willibald
Gluck
Orfeo ed Euridice
Si l’on tente d’aller droit à la physionomie particulière
à Orfeo, c’est la diversité stylistique qui retient d’abord
l’attention. Sonorités d’église, ballet pantomime, ballet classique à la française, il n’est guère de registre
qu’Orfeo laisse inexploré : le rôle d’Amore autorise
même une intrusion dans la légèreté propre à l’opéracomique. Seul reste exclu l’air à vocalises de l’opéra
seria traditionnel ; c’est le paradoxe de cette œuvre qui
prend un chanteur comme héros, mais c’est justement l’un des ressorts de son originalité.
L’exécution en concert ne permet qu’imparfaitement
de prendre la mesure de toutes les innovations d’Orfeo,
dont la conception d’ensemble fait une part importante à l’aspect visuel. Rappelons donc ces éléments
de mise en scène qui ont laissé leur trace dans la
musique. Le premier est la pantomime, qui explique par
exemple la longue introduction orchestrale du premier
chœur : l’orchestre y accompagne les évolutions de
Bergers et de Bergères qui « portent des couronnes de
fleurs et des guirlandes de myrte », et qui font brûler
des parfums sur la tombe d’Eurydice. La pantomime
se fait plus mélodramatique dans les danses de Furies
au début de l’acte II, lorsqu’Orphée fait son entrée au
séjour des morts. L’« horrible symphonie » qui se fait
alors entendre, avec ses éclats d’orchestre et ses harmonies dissonantes, est destinée à fournir l’équivalent sonore d’un décor d’épouvante.
Les cornets et les trombones évocateurs des Enfers
viennent en droite ligne de la musique d’église. Après
avoir apporté leur couleur funèbre dès le chœur du
premier acte, ils atteignent leur paroxysme sur les
« No » répétés des Furies, en alternance avec les supplications d’Orphée. Mais les divinités infernales passent progressivement de la colère à la soumission,
dans un mouvement continu qui est l’une des grandes
idées de l’opéra. Il fallait pour cela avoir conçu l’exigence d’une musique assez plastique pour rendre
une situation en permanente évolution ; à bien des
égards, la scène des Enfers d’Orfeo représente l’archétype de l’action en musique telle que l’a systénotes de programme | 3
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
matisée l’opéra moderne.
L’autre versant de l’œuvre est son euphonie. La grâce
et la sensualité sonore d’Orfeo ont même posé problème aux commentateurs qui trouvaient la mélodie
de « Che farò senza Euridice » d’une incompréhensible
sérénité. Mais c’est oublier que cet air est précédé
d’un récitatif du plus pur pathétique et que le pic d’intensité avait déjà été atteint dans la scène infernale.
C’est oublier aussi qu’Eurydice a eu droit, peu avant,
à un air d’une grande violence, (« Che fiero
momento ») dont les procédés se trouvèrent durablement associés, jusqu’aux œuvres de Beethoven,
à la tonalité d’ut mineur.
Orfeo suscite encore bien des motifs d’interrogation,
comme sa brièveté, son ouverture festive, ou encore
sa « fin heureuse », en contradiction avec la cruauté
du mythe d’Orphée. Il faudrait, pour en rendre compte,
se référer au contexte historique des années 1760 ;
mais par chance, on peut aujourd’hui apprécier Orfeo
pour sa seule musique, sans le secours de la mise
en scène et sans l’appareil esthétique qui a présidé à
sa conception.
acte I
Le chœur des Nymphes et des Pasteurs chante une
déploration sur la mort d’Eurydice tout en célébrant un
rite funèbre. Resté seul, Orphée passe de la douleur
élégiaque (« Chiamo il mio ben così ») à l’expression
de la révolte (« Numi, barbari Numi ! »). A peine a-t-il
exprimé sa détermination d’aller chercher Eurydice
dans le monde des morts qu’Amore lui explique le
« pacte » qui lui permettra de la ramener parmi les
vivants : il ne devra pas la regarder avant d’avoir franchi
le Styx, ni lui révéler que les dieux lui ont imposé cette
« interdiction ». Orphée prend le chemin des Enfers.
acte II
La confrontation entre Orphée et les Furies se déroule
dans un long dialogue où alternent chœurs et solos.
Les Furies, peu à peu attendries par le chant du demidieu musicien, lui ouvrent le passage de l’Enfer. Un
nouveau décor représente les « bosquets délicieux »
4 | cité de la musique
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
des Champs-Elysées. Après un ballet d’Ombres heureuses, Orphée chante son admiration pour ce séjour
enchanteur dans un long récitatif obligé (« Che puro
ciel »). Le chœur, encadrant un « ballet des héros »,
annonce l’arrivée d’Eurydice.
acte III
Les époux sont réunis, mais très vite Eurydice prend
l’attitude d’Orphée pour de l’indifférence. Ses soupçons se transforment graduellement en désespoir, au
point que ses forces l’abandonnent. Orphée la regarde,
et Eurydice meurt à nouveau. Orphée va se tuer
lorsqu’Amore survient et ressuscite Eurydice. L’opéra
se termine par un chœur de réjouissances encadrant
un ballet de Bergers en quatre mouvements.
Michel Noiray
notes de programme | 5
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Atto Primo
acte I
Ameno, ma solitario boschetto di allori e di
cipressi, che ad arte diradato racchiude in un
piccolo piano il sepolcro d’Euridice.
Un petit bois de lauriers et de cyprès, isolé mais
agréable. Dans un espace dégagé, la tombe
d’Eurydice.
scena 1
scène 1
Orfeo ed il Coro
Orphée et le Chœur
Ad alzarsi della tenda al suono di mesta sinfonia si
vede occupata la scena da uno stuolo di Pastori e
Ninfe seguaci di Orfeo, che portano serti di fiori e
ghirlande di mirto, e mentre una parte di loro arder
fa dei profumi, incorona il marmo, e sparge fiori
intorno alla tomba, intuona l’altra il seguente Coro,
interrotto da lamenti d’Orfeo che disteso sul
davanti sopra d’un sasso, va di tempo in tempo
replicando appassionatamente il nome di Euridice.
Au lever du rideau, un ensemble de bergers et
de nymphes, compagnons d’Orphée, portent
des couronnes de fleurs et des guirlandes de
myrthe. Certains font brûler des parfums, déposent des couronnes sur le tombeau et répandent des fleurs. D’autres entonnent un chœur,
entrecoupé par les plaintes d’Orphée qui,
étendu sur une pierre, répète de temps en
temps passionnément le nom d’Eurydice.
Pastori, Ninfe
Bergers, Nymphes
Ah ! Se intorno a quest’urna funesta,
Euridice, ombra bella, t’aggiri,...
Ah ! Si tu erres autour de cette urne funeste,
Eurydice, belle ombre,...
Orfeo
Orphée
Euridice !
Eurydice !
Pastori, Ninfe
Bergers, Nymphes
... odi i pianti, i lamenti, i sospiri
che dolenti si spargon per te.
...écoute les pleurs, les lamentations et les soupirs
qui sont répandus pour toi.de douleur
Orfeo
Orphée
Euridice !
Eurydice !
Pastori, Ninfe
Bergers, Nymphes
Ed ascolta il tuo sposo infelice
che piangendo ti chiama,...
Et écoute ton époux infortuné
qui, au milieu de ses pleurs, invoque ton nom...
Orfeo
Orphée
Euridice !
Eurydice !
ballet (larghetto)
Ballo (larghetto)
Coro
Chœur
Ah, se intomo a quest’una funesta,
Euridice, ombra bella, t’aggiri,
Odi i pianti, i lamenti, i sospiri
Che dolentti si spargon per te.
Ah ! Si tu erres autour de cette urne funeste,
Eurydice, belle ombre,...
...écoute les pleurs, les lamentations et les soupirs
qui sont répandus pour toi.de douleur
(Dopo il seguite ballo, il coro parte.)
(C’est ensuite le ballet, une fois celui-ci terminé,
le Chœur s’en va.)
Aria
air
Orfeo
Orphée
Chiamo il mio ben così
quando si mostra il dì,
quando s’asconde.
Ma, oh vano mio dolor !
L’idolo del mio cor
non mi risponde.
C’est ainsi que j’appelle ma bien-aimée
quand se lève le jour,
et quand il disparaît.
Mais, comme ma douleur est vaine !
celle que mon cœur idolâtre
ne me répond pas.
récitatif
Orfeo
Orphée
Euridice ! Euridice ! Ombra cara,
ah, dove sei nascosta ?
Affannato il tuo sposo fedele
invano sempre ti chiama,
agli dei ti ridomanda,
e sparge ai venti
con le lagrime sue invan
i suoi lamenti.
Eurydice ! Eurydice ! ombre chérie,
ah, où donc es-tu cachée ?
A en perdre l’haleine, ton époux fidèle
en vain ne cesse de t’appeler,
il te réclame aux dieux,
et sème aux vents
ses vaines lamentations
en même temps que ses larmes.
Aria
Bergers, Nymphes
... ti chiama, e si lagna ;
come quando la dolce compagna
tortorella amorosa perdè.
... invoque ton nom, et se lamente ;
telle l’amoureuse tourterelle
qui a perdu sa douce compagne.
récitatif
Orfeo
Orphée
Basta, basta, o compagni !
Il vostro duolo aggrava il mio !
Spargete purpurei fiori,
Inghirlandate il marmo,
Il suffit, il suffit, ô mes amis !
Votre douleur rend la mienne plus lourde à porter !
Répandez des fleurs purpurines, ornez de
guirlandes le marbre du tombeau,
6 | cité de la musique
laissez-moi !
Je veux rester seul
parmi ces ombres funèbres et sombres
en la cruelle compagnie de mon infortune.
Recitativo
Pastori, Ninfe
Recitativo
Partitevi da mel
Restar vogl’io solo
Fra quest’ombre funebri e oscure
Coll’empia compagnia de mie sventure.
air
Orfeo
Orphée
Cerco il mio ben così
in queste, ove morì,
funeste sponde.
Ma sola al mio dolor
perché conobbe amor,
l’eco risponde.
C’est ainsi que je cherche ma bien-aimée,
sur ces rives funestes
où elle mourut.
Mais, à ma douleur,
seul l’écho répond,
car lui-même connut l’amour.
Recitativo
récitatif
Orfeo
Orphée
Euridice ! Euridice !
Ah ! questo nome sanno le spiaggie,
e le selve l’appresero da me !
Eurydice ! Eurydice !
Ah ! ce nom que les rivages connaissent
et que les forêts apprirent de moi !
notes de programme | 7
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
In ogni valle
Euridice risuona : in ogni tronco
Scrisse il misero Orfeo :
Orfeo in felice,
Euridice, idol mio,
Cara Euridice !
Chaque vallée
retentit du nom d’Eurydice : sur chaque arbre
l’infortuné Orphée le grava :
malheureux Orphée,
Eurydice ma déesse,
chère Eurydice !
Aria
air
Orfeo
Orphée
Ab, come ? Ab, quando ?
E possibil sarà ?
Spiegati !
Ah, comment ? Ah, quand ?
Est-ce possible ?
Explique-toi !
Amore
L’Amour
Avrai valor che basti
A questa prova estrema ?
Auras-tu assez de courage
pour cette suprême épreuve ?
Orfeo
Orphée
Orfeo
Orphée
Piango il mio ben così
se il sole indora il dì,
se va nell’onde.
Pietoso al pianto mio
va mormorando il rio,
e mi risponde.
C’est ainsi que je pleure ma bien-aimée
quand le soleil pare le jour de tous ses ors,
et quand le soleil s’abîme dans les flots.
Prenant part à mes sanglots
le ruisseau s’écoule en murmurant,
et me répond.
Mi prometti Euridice,
E vuoi ch’io tema ?
Tu me promets Eurydice,
et tu voudrais que j’aie peur ?
Amore
L’Amour
Sai però con qual patto
L’impresa hai da compir.
Mais tu sais à quelle condition
il te faudra accomplir ton œuvre.
Orfeo
Orphée
Parla !
Parle !
Amore
L’Amour
Euridice ti si vieta il mirar
finchè non sei fuor dagli antri di Stige !
E il gran divieto rivelarde non dei !
Se no, la perdi e di nuovo e per sempre ;
E in abbandono al tuo fiero desio
Sventurato vivrai !
Pensaci, addio !
Il t’est interdit de regarder Eurydice
tant que tu n’es pas sorti du Styx !
Et tu ne dois pas lui révéler ce grand secret !
Sinon tu la perdras à nouveau et pour toujours ;
et livré à ton cruel désir
tu vivras dans le malheur !
Réfléchis-bien, adieu !
Recitativo
récitatif
Orfeo
Orphée
O Numi ! Barbari numi,
d’Acheronte e d’Averno
pallido abitator,
la di cui mano
avida delle morti
mai disarmò mai trattener non seppe
beltà né gioventù,
voi mi rapiste
la mia bella Euridice –
oh memoria crudel ! –
sul fior degli anni !
La rivoglio da voi, numi tiranni !
Ho core anch’io
per ricercar sull’orme
de’ più intrepidi eroi,
nel vostro orrore
la mia sposa, il mio ben !
Dieux ! Dieux barbares,
habitants blafards
de l’Achéron et de l’Averne,
dont la main avide de morts
jamais n’a désarmé et jamais n’a su retenir
la beauté ni la jeunesse,
vous m’avez enlevé
ma belle Eurydice –
Ô cruel souvenir ! –
dans la fleur de sa jeunesse !
Je veux que vous me la rendiez,
dieux tyranniques !
J’ai moi aussi le courage
de partir, sur les traces des
héros les plus intrépides et à travers votre
domaine terrifiant,
à la recherche de mon épouse, de ma bien-aimée !
scena 2
scène 2
(Amore e detto)
(L’Amour et Orphée)
Amore
L’Amour
Tassiste Amore !
Orfeo, della tua pena
Giove sente pietà.
Ti si concede le pigre
Onde di Lete vivo varcar !
Del tenebroso abisso sei sulla via :
Se placar puoi col canto le furie,
I mostri, e l’empia morte,
Al giorno la diletta Euridice
Farà leso ritorno.
L’Amour vient à ton aide !
Orphée, de ton chagrin
Jupiter a pitié.
Il t’est permis, vivant,
de franchir les eaux paresseuses du Léthé !
Tu es sur le chemin du ténébreux abîme :
si tu sais de ton chant apaiser les furies,
les monstres, et la cruelle mort,
Eurydice, ta bien-aimée, à la lumière
reviendra avec toi.
8 | cité de la musique
Aria
air
Amore
L’Amour
Gli sguardi trattieni,
affrena gli accenti,
rammenta che peni,
che pochi momenti
hai più da penar.
Sai pur che talora
confusi, tremanti
con chi gl’innamora
son ciechi gli amanti,
non sanno parlar ;
confusi, tremanti,
son ciechi gli amanti
con chi gl’innamora,
non sanno parlar.
Gli sguardi trattieni,
rammenta che peni… ecc.
Maîtrise tes regards,
Modère tes emportements,
souviens-toi que tu souffres,
mais que tu n’as plus à souffrir
que quelques moments encore.
Tu sais aussi que parfois,
avec l’être aimé,
les amants, confus et tremblants,
sont aveugles,
et ne savent parler ;
confus et tremblants,
les amants sont aveugles
avec l’être aimé
et ne savent parler.
Maîtrise tes regards,
souviens-toi que tu souffres… etc.
(parte)
(L’Amour s’en va.)
notes de programme | 9
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Recitativo
récitatif
Orfeo
Orphée
Che disse ! Che ascoltai !
Dunque Euridice vivrà, l’avrò presente !
E dopo i tanti affanni miei,
in quel momento,
in quella guerra d’affetti,
io non dovrò mirarla,
non stringerla al mio sen !
Sposa infelice ! Che dirà mai ?
Che penserà ?
Preveggo le smanie sue !
Comprendo le angustie mie.
Nel figurarlo solo
sento gelarmi il sangue,
tremarmi il cor...
Ma... lo potrò... lo voglio !
Ho risoluto. Il grande,
l’insoffribil de’ mali
è l’esser privo dell’unico dell’alma
amato oggetto.
Assistetemi, o dei, la legge accetto.
Qu’a-t-il dit ! Qu’ai-je entendu !
Ainsi Eurydice vivra donc, elle se tiendra à mes côtés !
Et après toutes les souffrances que j’ai endurées,
au moment même de la revoir,
alors que tant de sentiments s’affronteront en moi,
je ne devrai pas la regarder,
ni la serrer contre mon cœur !
Épouse infortunée ! que dira-t-elle donc ?
que pensera-t-elle ?
Je prévois son inquiétude !
Je pressens mon malaise.
A cette seule perspective,
je sens mon sang se glacer,
mon cœur trembler...
Mais... je réussirai... je le veux !
Je suis résolu. Le plus grand,
le plus intolérable des maux
est que l’âme soit privée
de l’unique objet de son amour.
Assistez-moi, Ô dieux, j’accepte votre loi.
(Si vede un lampo, si sente un tuono, e parte
Orfeo.)
(On voit un éclair, on entend un coup de tonnerre. Orphée s’en va.)
Atto secondo
acte II
Orrida caverna di là del fiume Cocito, offuscata poi in
lontananza da un tenebroso fumo illuminato dalle
fiamme, che ingombra tutta quella orribile abitazione.
Une caverne effrayante sur l’autre rive du
Cocyte. Ses profondeurs obscures sont remplies de fumée noire et de flammes.
scena 1
scène 1
Orfeo ed il Coro
Orphée et le Chœur
Appena apperta la scena al suono di orribile sinfonia comincia il Ballo di Furie e Spettri che
viene interrotto per l’armonia della lira d’Orfeo, il
quale comparendo poi sulla scena, tutta quella
turba infernale intonna il seguente.
Tout de suite après l’ouverture de la scène au
son d’une symphonie horrible, commence le
ballet des Furies et des Spectres qui est interrompu par l’harmonieuse lyre d’Orphée, lequel
apparaît ensuite sur scène, et la foule des Enfers
entonne le chœur suivant.
Ballo (maestoso)
ballo (maestoso)
Coro
Chœur
Chi mai dell’Erebo
fra le caligini,
sull’orme d’Ercole
e di Piritoo conduce il piè ?
Mais qui donc,
à travers les brumes de l’Erèbe,
dirige ses pas
sur les traces d’Hercule et de Pirithoos.
Ballo (presto)
10 | cité de la musique
Coro
Chœur
Chi mai dell’Erebo, ecc.
D’orror l’ingombrino
le fiere Eumenidi
e lo spaventino
gli urli di Cerbero,
se un dio non è.
Mais qui donc,
à travers les brumes de l’Erèbe,
dirige ses pas, etc.
Que les fières Euménides l’emplissent d’horreur
et que les hurlements de Cerbère
l’épouvantent, s’il n’est pas un dieu.
Ballo (maestoso)
ballo (maestoso)
Orfeo
Orphée
Deh ! Placatevi con me,
Furie...
De grâce ! Apaisez la colère que vous nourrissez contre moi, Furies...
Coro
Chœur
No !
Non !
Orfeo
Orphée
... larve,...
...fantômes,...
Coro
Chœur
No !
Non !
Orfeo
Orphée
... ombre sdegnose ...
...Ombres méprisantes,...
Coro
Chœur
No !
Non !
Orfeo
Orphée
Vi renda almen pietose
il mio barbaro dolor.
Ayez au moins pitié
de ma cruelle douleur.
Coro
Chœur
No ! No ! No !
Non ! non ! non !
Orfeo
Orphée
Deh ! Placatevi con me, ecc.
De grâce ! Apaisez la colère… etc.
Coro
Chœur
Misero giovane !
Che vuoi, che mediti ?
Altro non abita
che lutto e gemito
in queste orribili
soglie funeste.
Che vuoi, misero giovane ? Che ?
Altro non abita, ecc.
Malheureux jeune homme !
Que veux-tu, quels sont tes desseins ?
Dans ces lieux horribles
et funestes
n’habitent que deuil et gémissements.
Que veux-tu, malheureux jeune homme ?
Que veux-tu ?
Dans ces lieux horribles et funestes, etc.
entracte
entracte
ballet (presto)
notes de programme | 11
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Aria
air
Arioso
arioso
Orfeo
Orphée
Orfeo
Orphée
Mille pene, ombre sdegnose,
come voi sopporto anch’io ;
l’inferno mio ho con me,
lo sento in mezzo al mio cor.
Comme vous, ombres méprisantes,
je souffre, moi aussi, mille peines ;
mon enfer, je le porte en moi et
je le sens tout au fond de mon cœur.
Coro
Chœur
Ah ! Quale incognito
affetto flebile,
dolce a sospendere
vien l’implacabile
nostro furor !
Ah ! Quale incognito, ecc.
Ah ! Quelle affection,
triste et inhabituelle,
vient suspendre de sa douceur
notre implacable fureur !
Ah ! Quelle affection,
triste et inhabituelle, etc.
Che puro ciel ! Che chiaro sol !
Che nuova serena luce è questa mai !
Che dolce lusinghiera armonia
Formano insieme
Il cantar degli augelli,
Il correr de’ ruscelli,
Dell’aure il sussurrar !
Questo è il soggiorno
De’ fortunati Eroi !
Qui tutto spira un tranquillo contento,
Ma non per me.
Se l’idol mio non trovo,
Sperar non posso !
I suoi soavi accenti,
Gli amorosi suoi sguardi, il suo bel riso,
Sono il mio solo, il mio diletto Eliso !
Ma in qual parte ei sarà ?
Comme le ciel est pur ! comme le soleil est clair !
quelle est donc cette nouvelle lumière !
Quelle douce et ravissante harmonie
forment ensemble
le chant des oiseaux,
la course des ruisseaux,
le murmure de la brise !
C’est là le séjour des bienheureux Héros !
Ici tout respire une joie tranquille,
mais pas pour moi.
Tant que je n’aurai pas trouvé ma bien-aimée,
je ne puis espérer !
Ses douces paroles,
son regard plein d’amour, son beau sourire
sont les seuls Champs Elysées que je chérisse !
Mais en quel endroit est-elle ?
Aria
air
Orfeo
Orphée
Men tiranne voi sareste
al mio pianto, al mio dolor,
se provaste un sol momento
cosa sia languir d’amor.
Vous seriez moins tyranniques
envers mes pleurs et ma douleur,
si vous pouviez éprouver, un instant seulement,
ce que signifie se languir d’amour.
(guardando per la scena)
Chiedasi a questo
Che mi viene a incontrar stuolo felice.
(inoltrandosi verso il Coro)
Coro
Chœur
Ah ! Quale incognito, ecc.
Le porte stridano
sui neri cardini ;
e il passo lascino
sicuro e libero
al vincitor ;
e il passo lascino, ecc.
Le porte stridano, ecc.
Ah ! Quelle affection, triste et inhabituelle,
etc.
Que les portes grincent
sur leurs sinistres gonds et
qu’elles livrent un passage sûr et libre
au vainqueur ;
et qu’elles livrent un passage, etc.
Que les portes grincent, etc.
Cominciano a ritirarsi le Furie ed i Mostri e dileguandosi per entro le scene, ripetono l’ultima
strofa del Coro, che continuando sempre frattanto che si allontanono, finisce finalmente in un
confuso mormorio. Sparite le Furie, sgombrati i
Mostri, Orfeo s’avanza nell’inferno.
Les Furies et les Monstres commencent à se retirer. En quittant la scène, ils répètent la dernière
strophe du Chœur qui continue tandis qu’ils
s’éloignent, et qui s’achève en un murmure
confis. Après la disparition des Furies et le départ
des Monstres, Orphée s’avance dans l’enfer.
(Il se dirige vers le Chœur)
Où se trouve Eurydice ?
Euridice dov’è ?
scena 2
scène 2
Paesaggio delizioso per i boschetti che vi verdeggiano, i fiori che rivestono i prati, i ritiri
ombrosi che vi si scoprono, i fiumi ed i ruscelli,
che lo bagnano.
Un paysage délicieux, avec des bosquets verdoyants, des prairies recouvertes de fleurs,
d’accueillants ombrages, baignés de rivières et
de ruisseaux.
Ballo (andante)
ballet (andante)
12 | cité de la musique
(Il regarde autour de lui)
Demandons à cette heureuse compagnie
qui vient à ma rencontre.
Coro
Chœur
Giunge Euridice !
Vieni ai regni del riposo,
grande eroe, tenero sposo ;
raro esempio in ogni età.
Euridice Amor ti rende ;
già risorge, già riprende
la primiera sua beltà, ecc.
Eurydice vient !
Viens dans le royaume du repos,
grand héros, tendre époux ; comme chaque
époque en connaît peu d’exemples.
L’Amour te rend Eurydice ;
déjà elle renaît, déjà elle recouvre
sa beauté première, etc.
Ballo
ballet
(andante)
(andante)
Recitativo
récitatif
Orfeo
Orphée
Anime avventurose,
ah, tollerate in pace
le impazienze mie !
Se foste amanti,
conoscereste a prova
quel focoso desio,
che mi tormenta,
che per tutto è con me.
Nemmeno in questo placido albergo
esser poss’io felice,
se non trovo il mio ben.
Ames bienheureuses,
ah, acceptez avec sérénité
mon impatience !
Si vous aimiez,
vous connaîtriez en l’éprouvant
ce désir brûlant,
qui me tourmente,
et qui exclut tout autre sentiment.
Pas même dans ce havre de paix,
je ne puis être heureux
si je n’y trouve pas celle que j’aime.
notes de programme | 13
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Coro
Chœur
Orfeo
Orphée
Vieni, Euridice !
Torna, o bella, al tuo consorte,
che non vuol che più diviso
sia da te, pietoso il ciel.
Non lagnarti di tua sorte,
ché può dirsi un altro Eliso
uno sposo sì fedel.
Non lagnarti di tua sorte, ecc.
Viens, Eurydice !
Retourne, belle jeune fille, à ton époux,
que le ciel compatissant ne veut pas
voir plus longtemps séparé de toi.
Ne te lamente pas sur ton sort,
car tu as un époux si fidèle qu’il peut être regardé
comme un nouvel Elysée.
Ne te lamente pas sur ton sort, etc.
Saprai tutto da me.
Per ora non chieder più !
Meco t’affretta, e il vano
importuno timor dall’alma sgombra !
Ombra tu più non sei,
io non son ombra.
Tu apprendras tout de ma bouche.
Mais à présent ne me questionne plus !
Accompagne-moi en hâte,
et soulage ton âme de cette crainte vaine et
[importune !
Ombre, tu n’es plus,
pas plus que moi, je ne suis une ombre.
Euridice
Eurydice
Da un Coro di Eroine vien condotta Euridice
vicino ad Orfeo, il quale senza guardarla, e con
atto di somma premura la prende per mano, e
la conduce subito via. Seguita poi il Ballo degli
Eroi ed Eroine, e si ripiglia il canto del Coro, supposto continuarsi fino a tanto Orfeo ed Euridice
non sono affatto fuora degli Elisi.
Un chœur d’héroïnes conduit Eurydice à
Orphée, qui, sans la regarder, la prend par la
main et l’emmène rapidement hors de la scène.
C’est ensuite le ballet des héros et des
Héroïnes, et l’on reprend l’air du Chœur, qui doit
se prolonger tant qu’Orphée et Eurydice ne sont
pas complètement sortis des Champs Elysées.
Cha ascolto ? Sarà ver ?
Pietosi numi,
qual contento è mai questo ?
Io dunque in braccio all’idol mio
fra’ più soavi lacci
d’Amore e d’Imeneo
nuova vita vivrò !
Qu’entends-je ? Serait-ce possible ?
Dieux pleins de pitié,
quelle est donc cette joie ?
Dans les bras de l’être que j’adore,
dans les liens les plus suaves
de l’Amour et de l’Hyménée,
je vivrai donc une nouvelle vie !
Orfeo
Orphée
Sì, mia speranza !
Ma tronchiam le dimore,
ma seguiamo il cammin.
Tanto è crudel la fortuna con me,
che appena io credo di possederti,
appena so dar fede a me stesso.
Oui, mon espérance !
Mais ne tardons pas davantage,
et poursuivons notre chemin.
Tant la fortune est cruelle avec moi,
que j’ose à peine croire te posséder,
et que j’ose à peine faire confiance à mes yeux.
Euridice
Eurydice
E un dolce sfogo del tenero amor mio
nel primo istante che tu ritrovi me,
ch’io ti riveggo, t’annoia, Orfeo !
Les doux épanchements de mon tendre amour,
à l’instant même que tu me retrouves et
que je te revoie, t’ennuient donc, Orphée !
Orfeo
Orphée
Ah, non è ver, ma...
sappi... senti... (Oh legge crudel !)
Bella Euridice, inoltra i passi tuoi !
Ah, ce n’est pas vrai, mais...
Apprends... écoute... (Oh loi cruelle !)
Belle Eurydice, hâte le pas !
Euridice
Eurydice
Che mai t’affanna in sì lieto momento ?
Quelle est donc la cause de ton tourment en un
[moment si heureux ?
Orfeo
Orphée
(Che dirò ? Lo prevvedi !
Ecco il cimento ?)
(Que dire ? Je l’avais prévu !
voici venu le moment de l’épreuve !)
Euridice
Eurydice
Non m’abbracci ? Non parli ?
Guardami almen.
Dimmi, son bella ancora,
qual era un dì ?
Vedi, che forse è spento
il roseo del mio volto ?
Odi, che forse s’oscurò,
quel che amasti e soave chiamasti,
splendor de’ sguardi miei ?
Tu ne m’embrasses pas ? Tu ne parles pas ?
Regarde-moi, au moins.
Dis-moi, suis-je belle encore,
belle comme autrefois ?
Vois, peut-être le rose de mes joues
s’est-il fané ?
Écoute, peut-être la splendeur de mon regard,
que tu aimais et qualifiais d’exquis,
s’est-elle obscurcie ?
Atto terzo
acte III
Oscura spelonca, che forma un tortuoso laberinto, ingombrato di massi, staccati dalle rupi,
che sono tutte coperte di sterpi, e di piante selvagge.
Une gorge de montagne sombre, en forme de
labyrinthe qu’encombrent des blocs de pierre,
de rochers couverts de ronces et de plantes
sauvages.
scena 1
scène 1
Orfeo ed Euridice
Orphée et Eurydice
Recitativo e Duetto
récitatif et duo
Orfeo
Orphée
Vieni ! Segui i miei passi,
unico, amato oggetto
del fedele amor mio !
Viens ! suis mes pas,
objet unique et adoré
de mon amour fidèle !
Euridice
Eurydice
Sei tu ? M’inganno ? Sogno ?
Veglio ? O deliro ?
Est-ce toi ? Me tromperais-je ?
Est-ce un rêve ? ou est-ce que je délire ?
Orfeo
Orphée
Amata sposa, Orfeo son io,
e vivo ancor.
Ti venni fin negli Elisi a ricercar.
Fra poco il nostro cielo, il nostro sole,
il mondo di bel nuovo vedrai.
Épouse aimée, je suis Orphée,
et je suis toujours en vie.
Je suis venu jusqu’aux Champs-Elysées pour
[te chercher.
Et bientôt, tu reverras notre ciel,
notre soleil, notre monde.
Euridice
Eurydice
Tu vivi ? Io vivo ? Come ?
Ma con quel arte ? Ma per qual via ?
Tu es vivant ? je suis vivante ? Comment ?
Mais par quel artifice ? Mais par quel moyen ?
14 | cité de la musique
notes de programme | 15
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Orfeo
Orphée
Orfeo
Orphée
(Più che l’ascolto, meno resisto.
Orfeo, coraggio !)
Andiamo, mia diletta Euridice !
Or non è tempo di queste tenerezze,
ogni dimora è fatale per noi.
(Plus je l’écoute, moins je résiste.
Orphée, courage !)
Partons, Eurydice ma bien-aimée !
Le moment n’est pas propice à ces effusions,
tout retard nous serait fatal.
No, mia vita, ombra seguace
verrò sempre intorno a te !
Non, ma vie : telle une ombre fidèle,
je serai toujours à tes côtés !
Euridice
Eurydice
Ma perché sei sì tiranno ?
Mais pourquoi tant de tyrannie ?
Euridice
Eurydice
Orfeo
Orphée
Ma un sguardo solo.
Mais un regard seulement.
Ben potrò morir d’affanno,
ma giammai dirò perché !
Dussé-je périr de mes tourments,
jamais je ne dirai pourquoi,
Orfeo
Orphée
E’ sventura il mirarti.
Te regarder nous porterait malheur.
Euridice, Orfeo
Eurydice, Orphée
Grande, o numi, è il dono vostro,
Lo conosco e grata / grato io sono.
Ma il dolor che unite al dono
è insoffribile per me.
Grand, ô dieux, est votre don,
je le reconnais et je suis
rempli de gratitude.
Mais la douleur dont vous accompagnez
votre don m’est intolérable.
Euridice
Eurydice
Ah, infido ! E queste son l’accoglienze tue !
Mi nieghi un sguardo,
quando dal caro amante,
e dal tenero sposo
aspettarmi io doveva
gli amplessi e baci !
Ah ! Traître ! Voici donc l’accueil que tu me
[réservais !
Tu me refuses un regard,
alors que, d’un amant chéri et d’un tendre
époux,
je devais attendre
les étreintes et les baisers !
Orfeo
Orphée
(Che barbaro martir !)
Ma vieni e taci !
(Quel atroce martyre !)
Viens plutôt et garde le silence !
(Sentendola vicina prende la sua mano e vuol
condurla.)
(La sentant près de lui, il lui prend la main et
veut la guider.)
Euridice (ritira la mano con sdegno)
Eurydice (retire sa main avec irritation)
Ch’io taccia ! E questo ancora
mi restava a soffrir ?
Dunque hai perduto la memoria,
l’amore, la costanza, la fede ?
E a che svegliarmi dal mio dolce riposo,
or ch’hai pur spente quelle
a entrambi sì care d’Amore
e d’Imeno pudiche faci !
Rispondi, traditor !
Que je me taise ! Il me restait encore
ceci à endurer ?
Tu as donc perdu la mémoire,
l’amour, la constance, la fidélité ?
Pourquoi donc me réveiller de mon doux repos,
alors que se sont éteintes en toi
ces flammes pudiques qui sont si chères tant
à l’Amour qu’à l’Hyménée !
Réponds, traître !
Duetto
duo
Orfeo
Orphée
Ma vieni, e taci.
Vieni, appaga il tuo consorte !
Viens donc, et garde le silence !
Viens, conforme-toi aux désirs de ton époux !
Euridice
Eurydice
No, più cara è a me la morte,
che di vivere con te !
Non, la mort m’est plus chère
que la vie avec toi !
Orfeo
Orphée
Ah, crudel !
Ah, cruelle !
Euridice
Eurydice
Lasciami in pace !
Laisse-moi en paix !
16 | cité de la musique
Recitativo
récitatif
Euridice
Eurydice
Qual vita è questa mai,
che a vivere incomincio !
E qual funesto, terribile segreto
Orfeo m’asconde !
Perché piange, e s’affligge ?
Ah, non ancora troppo avvezza
agli affanni che soffron i viventi !
A sì gran colpo manca la mia costanza ;
agli occhi miei si smarrisce la luce,
oppresso in seno mi diventa
affannoso il respirar.
Tremo, vacillo e sento
fra l’angoscia e il terrore
da un palpito crudel vibrarmi il core.
Quelle est donc cette vie
que je m’apprête à vivre !
Et quel funeste et terrible secret
Orphée me cache-t-il !
Pourquoi pleure-t-il et s’afflige-t-il ?
Ah, je ne suis pas encore accoutumée
aux tourments que souffrent les vivants !
Ma constance défaille devant un coup si fort ;
à mes yeux la lumière se trouble,
ma poitrine est oppressée et ma respiration
devient douloureuse.
Je tremble, je vacille et je sens,
entre l’angoisse et la terreur,
vibrer mon cœur d’une palpitation cruelle.
Aria
air
Euridice
Eurydice
Che fiero momento !
Che barbara sorte !
Passar dalla morte
a tanto dolor !
Che fiero momento, ecc.
Avezza al contento
d’un placido oblio, fra queste
tempeste, si perde il mio cor !
Comme cet instant est effroyable !
Comme mon sort est amer !
Passer de la mort à
tant de douleur !
Comme cet instant est effroyable !
Accoutumée au bonheur
d’un paisible oubli, au milieu
de ces tempêtes,
mon cœur s’égare !
Recitativo
récitatif
Orfeo
Orphée
Ecco un nuovo tormento !
Voici un nouveau tourment.
notes de programme | 17
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Euridice
Eurydice
Amato sposo, m’abbandoni così ?
Mi struggo in pianto ;
non mi consoli ?
Il duol m’opprime i sensi ;
non mi soccorri ?
Un’altra volta, oh stelle,
dunque morir degg’io
senza un amplesso tuo,
senza un addio ?
Époux aimé, c’est ainsi que tu m’abandonnes ?
J’éclate en sanglots ;
et tu ne me consoles pas ?
La douleur m’oppresse les sens ;
et tu ne me secours pas ?
Une nouvelle fois, O étoiles,
je dois donc mourir
sans pouvoir t’étreindre,
sans pouvoir te dire adieu ?
Orfeo
Orphée
Più frenarmi non posso,
a poco a poco la ragion m’abbandona oblio la legge, Euridice e me stesso ! E...
Je ne puis résister plus longtemps,
la raison m’abandonne peu à peu j’oublie la condition qui m’a été imposée,
avec Eurydice et moi-même ! Et...
Sposa ! Euridice !
Mon épouse ! Eurydice !
(la scuote)
Euridice ! Consorte !
Ah più non vive,
La chiamo invan !
Misero me !
La perdo, e di nuovo e per sempre !
Oh legge ! Oh morte !
Oh ricordo crudel !
Non ho soccorso,
Non m’avanza consiglio !
Io veggo solo – ah, fiera vista ! –
Il Iuttuoso aspetto
Dell’orrido mio stato !
Saziatì, sorte rea !
Son disperato !
(Il la secoue.)
Eurydice ! Ma femme !
Ah, elle ne vit plus,
c’est en vain que je l’appelle !
Pauvre de moi !
Je la perds à nouveau, et pour toujours !
Ô toi ! Ô mort !
Ô cruel souvenir !
Je n’ai pas d’aide,
je n’ai plus de recours !
Je vois seulement – ah, vision cruelle –
la funèbre apparence
de mon horrible condition !
Sois comblé, sort cruel !
Je suis désespéré !
Aria
(in atto di voltarsi e poi pentito)
Euridice
Eurydice
Orfeo, consorte !
Orphée, mon époux !
(si getta a sedere sopra un sasso)
(elle se précipite et s’assied sur une pierre)
Ah... mi sento... languir.
Ah... je me sens... défaillir.
Orfeo
Orphée
No, sposa ! Ascolta ! (in atto di voltarsi a guardarla) Se sapessi...
Ah che fo ? Ma fino a quando
in questo orrido inferno
dovrò penar ?
Non, mon épouse ! Écoute ! (sur le point de se
retourner pour la regarder) Si tu savais...
Ah que fais-je ? Mais jusqu’à quand
devrai-je souffrir
dans cet horrible enfer ?
Euridice
Eurydice
Ben mio, ricordati... di... me !
Mon amour, souviens-toi... de... moi !
Orfeo
Orphée
Che affanno !
Oh, come mi si lacera il cor !
Più non resisto...
Smanio... fremo... deliro...
Quelle douleur !
Oh, comme mon cœur est déchiré !
Je ne puis résister plus longtemps...
Je brûle de... je frémis... je délire...
(si volta con impeto e la guarda)
(se retournant violemment vers elle)
Ah ! mon amour !
Euridice
Eurydice
Giusti dei, che m’avvenne ?
Io manco, io moro.
Justes dieux, que m’est-il arrivé ?
Je défaille, je meurs.
(more)
Orfeo
Orphée
Che farò senza Euridice ?
Dove andrò senza il mio ben ?
Che farò ? Dove andrò ?
Che farò senza il mio ben ?
Dove andrò senza il mio ben ?
Euridice ! Euridice !
Oh dio ! Rispondi ! Rispondi !
Io son pure il tuo fedele.
Che farò, ecc.
Euridice ! Euridice !
Ah ! Non m’avanza
più soccorso, più speranza,
né dal mondo, né dal ciel !
Che farò, ecc.
Que ferai-je sans Eurydice ?
Où irai-je sans mon amour ?
Que ferai-je ? où irai-je ?
Que ferai-je sans mon amour ?
Où irai-je sans mon amour ?
Eurydice ! Eurydice !
Ô ciel ! réponds ! réponds !
Je suis toujours ton fidèle époux.
Que ferai-je sans Eurydice ? etc.
Eurydice ! Eurydice !
Ah ! il ne me reste plus aucun secours, plus
[aucun espoir,
ni sur la terre, ni dans le ciel !
Que ferai-je, etc.
Recitativo
Ah ! Mio tesoro !
Orphée
Ahimè ! Dove trascorsi ?
Ove mi spinse un delirio d’amor ?
Malheur ! Quelles sont ces frontières que je
[viens de franchir ?
Jusqu’où mon délire amoureux m’a-t-il entraîné ?
récitatif
Orfeo
Orphée
Ah ! Finisca e per sempre
con la vita il dolor !
Del nero Averno già sono insù la via !
Lungo cammino non è
quel che divide il mio bene da me.
Sì, aspetta, o cara ombra dell’idol mio !
Aspetta, aspetta !
No, questa volta senza lo sposo tuo
non varcherai l’onde lente di Lete.
Ah ! que finisse, et pour toujours,
ma douleur en même temps que ma vie !
Je m’avance déjà sur la route qui descend
vers le noir Averne !
Le chemin n’est pas long qui me sépare de mon
amour.
Oui, attends, o chère ombre de celle que j’adore !
Attends, attends !
Non, cette fois tu ne franchiras pas
l’onde lente du Léthé sans ton époux.
(Elle meurt)
Orfeo
(Le s’accosta con fretta)
aria
(il va se retourner, mais se reprend)
(vuol ferirsi)
(Il s’apprête à se poignarder)
(Il s’approche d’elle en hâte.)
18 | cité de la musique
notes de programme | 19
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
scena II
scène 2
Amore e detti
Les mêmes, l’Amour
Recitativo
récitatif
Amore (lo disarma)
L’Amour (lui ôtant son arme)
Orfeo, che fai ?
Orphée, que fais-tu ?
Orfeo
Orphée
E chi sei tu,
che trattenere ardisci
le dovute a miei casi
ultime furie mie ?
Et qui es-tu,
toi qui as l’audace de réprimer
mes emportements,
les derniers que je doive au sort ?
Amore
L’Amour
Questo furore calma,
deponi e riconosci Amore !
Apaise ta fureur,
renonce-y et reconnais l’Amour !
Orfeo
Orphée
Oh, sei tu ? Ti ravviso !
Il duol finora
tutti i sensi m’oppresse.
A che venisti in sì fiero momento ?
Che vuoi da me ?
Oh, c’est toi ? Je te reconnais !
La douleur jusqu’à présent
a opprimé tous mes sens.
Que viens-tu faire en un moment si cruel ?
Que veux-tu de moi ?
Amore
L’Amour
Farti felice ! Assai per gloria mia
soffristi, Orfeo, ti rendo Euridice,
il tuo ben. Di tua costanza
maggior prova non chiedo.
Ecco : risorge a riunirsi con te.
Te rendre heureux ! Pour ma gloire, Orphée,
tu as assez souffert et je te rends Eurydice,
ton amour. De ta constance
je ne demande pas de meilleure preuve.
La voici : elle renaît pour s’unir à nouveau à toi.
(Si alza Euridice come svegliandosi da un profondo sonno)
(Euridice se relève comme si elle s’éveillait d’un
sommeil profond)
Orfeo
Orphée
Che veggo ! Oh numi ! Sposa !
Que vois-je ! Ô dieux ! Mon épouse !
(corre ad abracciare Euridice)
Venite, avventurosi amanti,
usciamo al mondo,
ritornate a godere !
Venez, amants bienheureux,
quittons ces lieux pour retourner dans le monde,
retrouvez-y ses jouissances !
Orfeo
Orphée
Oh fausto giorno ! Oh Amor pietoso !
Ô jour faste ! Ô Amour compatissant !
Euridice
Eurydice
Oh lieto, fortunato momento !
Ô, moment de joie et de bonheur !
Amore
L’Amour
Compensa mille pene un mio contento !
Un seul des bonheurs que je procure rachète
[mille peines.
Scena 3 e ultima
scène 3
Magnifico tempio dedicato ad Amore. Amore,
Orfeo ed Euridice, preceduti da nuleroso drapella di Pastori e Pastorelle che vengono a festeggiare il ritorno di Eurdice e cominciando un
allegro ballo, che s’interrompe da Orfeo che
intuona il seguente coro.
Le Temple du dieu de l’Amour. L’Amour,
Orphée et Eurydice, précédés par de nombreux Bergers et Bergères qui viennent fêter le
retour d’Eurydice. Commence un joyeux ballet, interrompu par orphée qui entonne le
chœur suivant.
maestoso
maestoso
Ballo
ballet
(grazioso), allegro, andante, allegro
(grazioso), allegro, andante, allegro
Orfeo e Coro
Orphée et Chœur
Trionfi Amore, e il mondo intero
serva all’impero della beltà.
Di sua catena talvolta amara,
mai fu più cara la libertà.
Que l’Amour triomphe et que le monde tout entier
se mette au service de l’empire de la beauté.
Malgré ses chaînes, parfois amères,
la liberté ne fut jamais davantage chérie.
Amore
L’Amour
Talor dispera, talvolta affanna,
d’una tiranna, la crudeltà.
Ma poi la pena oblia l’amante
nel dolce istante della pietà !
La cruauté d’une femme tyrannique
tantôt désespère, tantôt tourmente.
Mais l’amant oublie ensuite ses peines
au doux instant de la consolation.
Coro
Chœur
Trionfi Amore, ecc.
Que l’Amour triomphe… etc.
Euridice
Eurydice
La gelosia strugge e divora ;
ma poi ristora la fedeltà.
E quel sospetto che il cor tormenta,
alfin diventa felicità.
La jalousie consume et dévore ;
mais ensuite la fidélité récompense.
Et ce soupçon qui tourmente le cœur
devient à la fin félicité.
Coro
Chœur
Trionfi Amore… ecc.
Que l’Amour triomphe… etc.
(Il court serrer Eurydice dans ses bras.)
Euridice
Eurydice
Consorte !
Mon époux !
Orfeo
Orphée
E pur t’abbraccio ?
Puis-je t’embrasser ?
Euridice
Eurydice
E pure al sen ti stringo ?
Puis-je te serrer contre mon cœur ?
Orfeo (ad Amore)
Orphée (à l’Amour)
Ah quale riconoscenza mia !
Ah, combien ma reconnaissance est grande !
Amore
L’Amour
Basta !
Assez !
Fine dell’opera
20 | cité de la musique
Ranieri da Calzabigi
fin de l’opéra
d’après la traduction de Gilles Demonet
© L’Avant-Scène Opéra, Paris 1997
notes de programme | 21
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
biographies
René Jacobs
a commencé le chant en
tant que choriste à la
cathédrale de Gand, sa
ville natale. Il rencontre les
frères Kuijken, Alfred Deller
et Gustav Leonhardt, qui
l’encouragent à se spécialiser dans le registre de
contre-alto. En quelques
années, il en deviendra
l’un des plus éminents
chanteurs, donnant des
récitals à travers le monde
entier. Passionné par l’immense répertoire baroque
restant à découvrir, il crée
dès 1977 le Concerto
Vocale. Son activité de
chef le conduira à diriger,
sur les grandes scènes
européennes et au Japon,
les opéras de Monteverdi,
Cesti, Cavalli, Gluck,
Haendel. La plupart de
ces productions ont été
enregistrées et ont obtenu
les récompenses les plus
prestigieuses. Depuis
1991, René Jacobs a été
nommé directeur artistique des programmes
d’opéra au Festival
d’Innsbruck ; il a par
ailleurs complété son
cycle des opéras de
Monteverdi avec l’Orfeo
22 | cité de la musique
donné au festival de
Salzbourg en 1993. Il se
consacre avec passion à
l’opéra vénitien depuis de
nombreuses années, un
travail parvenu à son point
culminant avec le
triomphe de La Callisto de
Cavalli au théâtre de la
Monnaie à Bruxelles en
1993 (un spectacle repris
à Berlin, Barcelone, Lyon
et Montpellier). Nommé
principal chef invité et
conseiller artistique pour
l’ancien répertoire avec le
Staatsoper de Berlin, il
dirige dans ce cadre
l’Orpheus de Telemann,
Cesare e Cleopatra de
Graun et l’Opera seria de
Gassmann avec grand
succès. En 1996 et 1997,
il est invité à diriger son
premier opéra de Mozart
par le festival de
Schwetzingen et l’opéra
national de Hollande. Il
choisit Così fan tutte qui
remporte un tel succès
que le spectacle est repris
la même année au
Staatsoper de Berlin. En
1999, René Jacobs dirige
Croesus de Reinhard
Keiser, La Callisto de
Cavalli, l’Orfeo de
Monteverdi, L’Argia de
Cesti, Castor et Pollux de
Rameau.
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
Bernarda Fink
Née à Buenos aires, d’origine slovène, Bernarda
Fink étudie le chant à
l’Instituto Superior de Arte
del Teatro Colon, théâtre
qui l’engage régulièrement depuis 1983.
Bernarda Fink remporte le
Premier prix du Concours
Nuevas Voces Liricas en
1985 et se fixe alors en
Europe. Elle se produit
avec des formations telles
que les philharmonies de
Londres et de Vienne, la
Philharmonie tchèque, le
Gewandhaus de Leipzig,
l’Orchestre philharmonique de Radio France,
l’Orchestre national de
France, l’Ensemble
orchestral de Paris,
l’Orchestre de la Suisse
Romande, les Musiciens
du Louvre, The Academy
of Saint-Martin-in-theFields, les English
Baroque Soloists, le
Chamber Orchestra of
Europe, Concerto Köln,
l’Akademie für Alte Musik
Berlin, sous la direction
de John Eliot Gardiner,
Nikolaus Harnoncourt,
Trevor Pinnock, Sir Neville
Marriner, René Jacobs,
Philippe Herreweghe,
Marc Minkowski, Sir
Roger Norrington.
Bernarda Fink a été
acclamée dans des productions du Grand
Théâtre de Genève, de
l’Opéra national tchèque,
des opéras de Montpellier
et d’Innsbruck où elle
interprète Il Ritorno
d’Ulisse in Patria, de
Rennes (Cenerentola), de
Barcelone, de Salzbourg
(Così fan tutte), du
Nederlandse Opera, du
Teatro Colon et de
l’Opera de Sidney. On a
pu l’entendre également
aux festivals de
Salzbourg, Vienne,
Prague, Tokyo, Montreux,
Aix-en-Provence,
Ludwigsburg, Bonn ou
encore à la Philharmonie
de Berlin. Parallèlement à
de nombreuses apparitions en tant qu’interprète
de musique sacrée, elle
se consacre également
au Lied. Elle s’est produite au Concertgebouw
d’Amsterdam, à Carnegie
Hall de New York, à
l’Opéra de Sydney, au
Konzerthaus de Vienne,
au Théâtre des ChampsElysées, au Rudolfinum
de Prague, Sarajevo et
Ljubljana et au Japon. En
janvier 2000, elle débute
avec grand succès au
Wigmore Hall de Londres
et en juin au prestigieux
Musikverein de Vienne.
Parmi ses engagements
pour les saisons prochaines, on citera
notamment Così fan tutte,
sous la direction de René
Jacobs à Paris, des cantates de Bach avec
Nikolaus Harnoncourt au
Musikverein de Vienne,
l’oratorio de Schumann
Das Paradies und die Peri
à Londres, les Lieder
eines fahrenden Gesellen
de Malher sous la direction d’Armin Jordan à
Genève, la Passion selon
saint Jean avec
l’Orchestre philharmonique de Vienne dirigé par
Trevor Pinnock dans le
cadre du festival
Osterklang à Vienne. Son
répertoire s’étend sur une
vaste période qui va de la
musique baroque aux
compositeurs contemporains, ce dont témoigne
une trentaine d’enregistrements auxquels
Bernarda Fink a participé.
Parmi ces enregistrements, citons des
disques consacrés à
Monteverdi (Orfeo, Ulisse,
Poppée), Haendel
(Amadigi, Flavio, Poro, Le
Messie), Bach (Messe en
si mineur), Rameau,
Caldara, Haydn, Mozart,
Schubert, Rossini,
Dvorák, Hasse, Bruckner,
Schumann, Brahms...
Plusieurs d’entre eux ont
été primés : Diapason
d’Or, Gramaphone
Awards pour Maddalena
ai piedi di Cristo de
Caldara et Giulio Cesare.
Bernarda Fink vient par
ailleurs d’enregistrer la
Passion selon saint
Mathieu sous la direction
de Nikolaus Harnoncourt
et son prochain disque
sera consacré à la chanson espagnole.
Veronica Cangemi
Née à Mendoza, en
Argentine, elle a d’abord
été violoncelliste de
l’Orchestre symphonique
de Mendoza, avant de
remporter les Premiers
prix des Concours Mozart
de Buenos Aires et
Francisco-Vinas de
Barcelone. Sa carrière
débute en Europe et on a
pu l’entendre dans
Armide de Gluck avec
Marc Minkowski à
Versailles, dans les rôles
de Zerlina dans Don
Giovanni, Pamina dans La
Flûte enchantée au Teatro
Colon de Buenos Aires,
Despina dans Così fan
notes de programme | 23
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
tutte et dans Les Pélerins
de la Mecque avec
William Christie et Les
Arts Florissants à l’Opéra
de Montpellier. En 19992000, elle est notamment
invitée à l’Opéra de national de Lyon pour
Idomeneo ainsi qu’au
Ruhrfest de
Recklinghausen pour le
rôle titre de
L’Incoronazione di
Poppea. En 2000-2001,
elle fait l’ouverture de la
saison du Teatro Real de
Madrid dans un opéra
baroque espagnol, sous
la direction de JeanClaude Malgoire, et
reprend Griselda au
Staatsoper de Berlin.
Parmi ses enregistrements, on compte Le
Bourgeois gentilhomme
de Strauss, Tancredi avec
Roberto Abbado,
l’Oratorio de Noël de
Bach et Dalinda dans
l’Ariodante de Marc
Minkowski.
Maria Cristina Kiehr
commence sa formation
musicale en Argentine.
Elle poursuit ses études
avec René Jacobs à la
Schola Cantorum
Basiliensis. Parallèlement,
elle suit l’enseignement
24 | cité de la musique
d’Eva Krasnai. Elle a participé à de nombreux
enregistrements et
concerts dans le monde
entier avec René Jacobs,
Chiara Bianchini, le
Cantus Cölln, Philippe
Herreweghe, Jordi Savall,
Frans Brüggen et Gustav
Leonhardt. Maria Cristina
est membre fondateur
des ensembles La
Colombina, Daedalus et
Concerto Soave. Elle a
fait ses débuts à l’opéra
en 1988, à Innsbruck,
sous la direction de René
Jacobs dans Giasone de
Cavalli, puis elle a participé aux productions de
l’Incoronazione di Poppea
de Monteverdi. Elle a par
ailleurs chanté le rôle-titre
dans Dorilla in Tempe de
Vivaldi, ainsi que dans Il
Schiavo di sua moglie de
Provenzale.
RIAS Kammerchor
Fondé en 1948, le RIASKammerchor de Berlin
joua, au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale, un rôle capital dans
le renouveau de la vie
musicale berlinoise,
notamment comme partenaire privilégié de
l’Orchestre philharmonique de Berlin et du
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
RIAS-SymphonieOrchester. Des chefs
comme Ferenc Fricsay,
Karl Böhm, Herbert von
Karajan et Lorin Maazel
travaillèrent alors en
étroite collaboration avec
cet ensemble, comme
Claudio Abbado, James
Levine ou Daniel
Barenboim aujourd'hui.
Le RIAS-Kammerchor mit
dès sa création un point
d'honneur à défendre
activement la musique
contemporaine. Des compositeurs tels que
Hindemith, Blacher,
Kagel, Krenek, Boulez,
Henze et Reimann ont
d'ailleurs écrit pour cet
ensemble ou lui ont confié
la création de leurs
œuvres. C'est, comme
son nom l'indique, essentiellement en tant que
chœur de chambre que le
RIAS-Kammerchor s'est
développé. Ses dimensions relativement
réduites (35 membres) lui
ont permis de demeurer
le seul chœur radiophonique allemand autonome
et de n'être rattaché à
aucun orchestre. Au
début des années
soixante-dix, sous l'impulsion de son directeur
artistique Uwe Gronostay,
le chœur s'est imposé
parmi les meilleurs de la
scène internationale. Une
position renforcée sous
l'impulsion de son actuel
directeur artistique
Marcus Creed. Avec lui, le
RIAS-Kammerchor a
effectivement élargi son
répertoire à la musique
ancienne et baroque.
Philippe Herreweghe,
René Jacobs, Nikolaus
Harnoncourt, Frans
Brüggen, John Eliot
Gardiner ont été parmi les
chefs invités à diriger le
RIAS-Kammerchor.
sopranos
Gudrun Barth
Madalena Faria
Kristin Foss
Sabine NürmbergerGembaczka
Stéphanie Petitlaurent
Judith Schmidt
Marianne Schumann
Hannelore Starke
Inès Villenueva
Dagmar Wietschorke
Almut Wilker
altos
Ulrike Andersen
Ulrike Bartsch
Andrea Effmert
Waltraud Heinrich
Bärbel Kaiser
Franziska Kimme
Marie-Luise Wilke
Claudia Türpe
ténors
Volker Arndt
Reinhold Beiten
Horst-Heiner Blöß
Wolfgang Ebling
Wilhelm Füchsl
Friedmann Körner
Christian Mücke
Kai Roterberg
basses
Erich Brockhaus
Janusz Gregorowicz
Roland Hartmann
Werner Matusch
Paul Mayr
Johannes Niebisch
Rudolf Preckwinkel
Klaus Thiem
Freiburger
Barockorchester
Le Freiburger
Barockorchester a donné
son premier concert en
1987 à Berlin. En 1995, il
entreprend une tournée
aux Etats-Unis. De 1990 à
1997, Thomas
Hengelbrock assure la
direction artistique de l’orchestre. Gottfried von der
Goltz succède à ce dernier et réalise
l’enregistrement remarqué
des Quatre Saisons de
Vivaldi. Le répertoire du
Freiburger
Barockorchester s’étend
du début du XVIIe siècle
jusqu’au milieu du XIXe
siècle. Le Freiburger
Barockorchester a par
exemple ravivé la tradition
de jouer des œuvres symphoniques du début du
romantisme sans chef
d’orchestre : une pratique
courante jusqu’au XIXe
siècle. L’avenir du
Freiburger
Barockorchester est
assuré avec des concerts
au Ravinia Festival à
Chicago, au Tanglewood
Festival, au Lincoln Center
de New York, au Teatro
Colon à Buenos Aires, au
Palais des Beaux-Arts à
Bruxelles, aux Proms à
Londres, au
Concertgebouw à
Amsterdam, au
Schleswig-Hofstein Musik
Festival, à la Philharmonie
de Berlin, à Helsinki, à
San Sebastian et aux
Festwochen de Lucerne.
flûtes
Susanne Kaiser
Marion Hofmockel
hautbois
Ann-Kathrin Brüggemann
Kristin Linde
notes de programme | 25
Christoph Willibald Gluck - Orfeo ed Euridice
chalumeau
violons II
Lorenzo Coppola
Javier Zafra
Giorgio Mandolesi
Brian Dean
Beatrix Hülsemann
Rachel Harris
Thomas Mittelberger
Kathrin Tröger
cors
altos
Bolko Kloosterman
Martin Mümer
Christian Goosses
Ulrike Kaufmann
Annette Schmidt
Lothar Haass
fagott
trompette
Jaroslav Roucek
violoncelles
trompette, cornet à bouquin
François Petit-Laurent
Guido Larisch
Melanie Beck
Patrick Sepec
trombones
Katherine Couper
Peter Stelzl
Werner Engelhard
contrebasses
Love Persson
Dane Roberts
timbales
Frank Aarnink
harpe
Masumi Nagasawa
piano-forte
Nicolau de Figueredo
violons I
Petra Müllejans
Martina Graulich
Daniela Helm
Julita Forck
Franka Palowski
Martina Warecka-Tjuvajev
technique
régie générale
Olivier Fioravanti
régie plateau
Eric Briault
régie lumières
Joël Boscher
26 | cité de la musique