bulletin vétérinaire pratique - Société Vétérinaire Pratique de France
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bulletin vétérinaire pratique - Société Vétérinaire Pratique de France
JANVIER/FÉVRIER/MARS 2009 - NO 1 - TO M E 9 3 - ISSN 0395-7500 BULLETIN VÉTÉRINAIRE P R AT I Q U E DE LA SOCIÉTÉ DE FRANCE SANTÉ ANIMALE - HYGIÈNE DES ALIMENTS Utilisation des implants d’or chez les carnivores domestiques Obstruction œsophagienne chez le cheval par impaction d’aliment complet sous forme de granulés Sommaire BULLETIN VETERINAIRE Bulletin de la Société vétérinaire pratique de France Tome 93 JANVIER/FEVRIER/MARS 2009 - No 1 Directeur de la publication : M. BONI Partie administrative Les réunions ont lieu, en principe quatre fois par an, à 14 heures 30, à la Maison des vétérinaires, selon un calendrier communiqué en début d’année. Certaines séances peuvent être tenues hors de Paris. Adresse du siège social Société vétérinaire pratique de France 10, place Léon Blum, 75011 Paris [email protected] 3 3 5 6 8 Assemblée générale du 11 février 2009 Bilan de l’annnée 2008 Elections du bureau et des commissions pour l’année 2009 Allocution de J.Y. Kervella, président sortant Allocution de P. Tassin, nouveau président Bureau pour l’année 2009 Président P.TASSIN (Saint-Maur-des-Fossés, Val-de-Marne) Communications Vice-Président M.VEILLY (Vouzon, Loir-et-Cher) Secrétaire général M. BERNADAC (Coye-la-Forêt, Oise) 10 Obstruction œsophagienne chez le cheval par impaction d’aliment complet sous forme de granulés : observations de 20 cas sur une période de trois mois B. Tainturier, X. Ribot, J. Martinet 25 Utilisation des implants d’or chez les carnivores domestiques F. Minguell Martin, X. Ribot Secrétaire général adjoint L. MAURIZI (Paris, Seine) Trésorier J.P. MARTY (Paris, Seine) Secrétaire des séances X. RIBOT (Paris, Seine) Responsable du site informatique O. CARETTE (Savigny-le-Temple, Seine-et-Marne) Bibliothécaire-Archiviste X. RIBOT (Paris, Seine), Président sortant J.Y. KERVELLA (Le Chesnay, Yvelines) Conseiller, membre du comité de lecture C. MILHAUD (Clamart, Hauts-de-Seine) Conseiller, chargé de la communication B. PELLETIER (Le Vésinet, Yvelines) Comité de lecture J.P. BORNET, H. BRUGERE, P. DELATOUR, F. DESBROSSE, Ph. DORCHIES, M. GUIDONI, C. MILHAUD, F. SCHELCHER, P. TASSIN Abonnement annuel France métropolitaine et départements outre-mer 42 € Etranger 44 € Elèves des écoles vétérinaires / ASV / Techniciens des DSV Auxiliaires vétérinaires / Techniciens 21 € Prix du numéro : 10 € sauf numéro spécial : 25 € Grande Imprimerie de Troyes 25, rue Lamoricière, 10300 Sainte Savine Tél. 03 25 82 62 30 Dépôt légal 9796 - Avril 2009 CPPAP 0509 G 85065 ISSN 0395-7500 Comme le prévoient nos statuts, l’assemblée générale de la Société vétérinaire pratique de France se réunit lors de sa première séance de l’année. Elle approuve, selon son article 8, les rapports sur la gestion du bureau et sur la situation financière et morale de l’Association. Elle approuve les comptes clos, vote le budget et pourvoit (antépénultième alinéa de l’article 5) au renouvellement annuel des membres du bureau. Aussi, les phases de notre séance du 11 février, première des quatre prévues pour l’année 2009, s’imposent d’elles-mêmes : – la phase administrative, – la phase technique, – et pour conclure, la phase de convivialité ou le pot de l’amitié. Le bilan de l’année 2008, grâce notamment au dynamisme de l’équipe en place, est plutôt positif, même s’il n’atteint pas l’ampleur indispensable à notre association sinon espérée par chacun. Le rattrapage éditorial est en assez bonne voie. Toutefois, la plus grande attention s’impose sur deux points majeurs, qui conditionnent l’existence même de la Société : – le nombre des membres mais aussi leur activisme, (qui peut se traduire par la proposition de projets, de thèmes, d’actions à mener et une participation à leur mise en œuvre ; par le parrainage de nouveaux membres ; par la présentation ou l’envoi de communications, de notes pratiques,..), – la situation financière, la quasi-absence des abonnements et souscriptions pendant des années s’étant traduite par une ponction importante du capital. Les noms des lauréats, de grand talent, des deux seuls prix décernés par l’Association en 2008 sont dévoilés. La majorité des membres du bureau a accepté d’être reconduite. L’acceptation par de jeunes confrères d’assurer la vice-présidence et d’aider au secrétariat général est un signe très prometteur pour l’Association. Au cours de la partie technique, deux communications sont présentées : – la première expose, de façon très didactique, l’obstruction œsophagienne chez le cheval par impaction d’aliment complet sous forme de granulés. Puis, à partir de l’observation de 20 cas sur une période de 3 mois, sont évoquées les mesures de traitement et de prévention en mettant l’accent sur un examen de laboratoire très simple à réaliser par le praticien et, en l’occurrence, très utile. – la seconde, que nous devons à un confrère espagnol invité par le bureau, traite de l’utilisation des implants d’or chez les carnivores, dont les résultats ne manqueront pas d’intéresser tous nos amis lecteurs. Lors du traditionnel pot de l’amitié, que la présence de plus de membres animerait davantage, le bilan de l’année 2008, les projets 2009, la qualité des récipiendaires des prix et les deux très intéressantes communications nourrissent la conversation. 2 Le bureau P a r t i e a d m i n i s t r a t i v e Assemblée générale du mercredi 11 février 2009 Présidence de Jean-Yves Kervella La séance est ouverte à 14 heures 30. Le président Jean-Yves Kervella déclare ouverte cette première séance de l’année 2009 au cours de laquelle se tient statutairement l’assemblée générale annuelle de la Société. L’ordre du jour appelle le compte rendu du bilan de l’année par le secrétaire général, Michel Bernadac, et il est procédé au renouvellement du bureau et des commissions pour l’année 2009. En cours de séance, le président sortant, puis le nouveau président, prononcent successivement une allocution. Bilan de l’année 2008 왔 Rapport financier Recettes Encaisse au 1-1-2008 Abonnements 2007 et antérieures Abonnements 2008 Abonnements 2009 Autres revenus Revenus coupons et intérêts Remboursements de titres Remboursement de TVA Total Dépenses Salaires et frais de personnel Sécurité sociale AGRR (retraite complémentaire) Assédic chômage Frais de banque Fonctionnement Cinquantenaire Impression du bulletin Routage du bulletin Fichier, imprimés Achat de titres Encaisse au 31-12-2008 Total € 38 336,50 0,00 4 955,78 298,02 1 444,20 5 331,66 43 825,97 2 500,00 96 692,13 € 8 364,75 3 264,00 1 210,00 659,00 48,91 3 877,03 0,00 41 434,07 4 447,65 969,99 0,00 32 416,73 96 692,13 3 Portefeuille «titres» au 31-12-2008 Le portefeuille «titres» de la Société se compose : • d’obligations : La Poste et divers ; • de fonds communs de placement et de divers SICAV. Les variations des cours et les mouvements se sont traduits par une stabilité du portefeuille «titres» par rapport à celui de l’année précédente. Rapport moral Service du bulletin au 1er janvier 2009, après les entrées et sorties 2008 : Abonnés Echanges Service gratuit Dépôts Total des numéros à distribuer Tirage par numéro Abonnements non acquittés au 31-12 Commentaires sur le bilan de l’année 2008 Avant que de vous commenter le bilan de l’année 2008, et même si le mois de janvier est largement derrière nous, je tiens à reformuler des vœux les meilleurs, pour l’année 2009, bien sur pour vous-mêmes et pour vos proches mais aussi pour notre Association. Nous avons placé l’année 2008 sous le double signe du rattrapage dans la publication des bulletins et d’une relance de notre Société en sachant que nous n’avions pas d’autre choix 292 20 17 11 340 450 171 que de compter sur nousmêmes. Au cours de l’année 2008, grâce à l’engagement de tous et plus particulièrement du Directeur de la publication qui n’a pas ménagé son temps et auquel je tiens à renouveler nos très sincères remerciements, nous avons pu accomplir l’essentiel du redresse- Perspectives budgétaires de l’année 2009 Salaires et charges Frais abonnement, P.T. Télécom, Bur, Banq. Déplacements, SVPF Impression Routage Invitations et jubilés Total des dépenses Abonnements Autres recettes Total des recettes Balance Ventes sur titres Impact sur bilan Encours final 4 14 900 1 530 600 26 500 3 500 6 500 53 530 6 500 10 000 16 500 – 37 030 35 000 – 2 030 30 387 ment éditorial que nous nous étions engagés à tenter. Tous nos membres ont reçu les bulletins en souffrance des années précédentes et recevront d’ici peu les deux derniers de 2008, en dépit d’une décision initiale de ne le faire qu’à ceux à jour de leur abonnement. La présentation du bilan financier a montré que ce résultat a été obtenu sur nos fonds propres. En effet, comme vous n’avez pas manqué de le constater, les rappels concernant la souscription annuelle au bulletin ont été plutôt « discrets » et son règlement spontané n’a été fait que par un nombre très restreint de membres. Ainsi, à partir de cette séance et du premier bulletin de l’année 2009, nous allons pouvoir reprendre un rythme normal dont le non respect nous a coûté si cher, pas exclusivement mais notamment, en termes d’image et en départ de membres. Depuis des années, la « Pratique » se trouve dans une situation délicate et s’inquiète, à juste raison, d’un avenir qu’elle perçoit comme fragile. La souscription annuelle des abonnements ne couvre que très partiellement le coût de l’impression du bulletin et le soutien d’annonceurs nous fait défaut. Certes, la vie (voire la survie) et le rayonnement de notre Société dépendent du nombre de ses souscripteurs et du dynamisme de ses membres mais aussi de l’aide matérielle que peuvent lui apporter les laboratoires, laboratoires de plus en plus stricts sur leur cible publicitaire mais que nous avons sollicité dès janvier 2009 et que nous relancerons en cours d’année. Il m’est agréable de vous rappeler que, cette année, notre Société a 130 ans ; nous commémorerons l’évènement au cours de notre troisième séance 2009. Dans cet esprit, pour nous permettre de continuer à faire vivre l’esprit confraternel qui anime notre association depuis si longtemps, pour maintenir ce lieu d’échanges, pour éloigner les menaces qui pèsent sur l’avenir, il nous faut absolument et rapidement obtenir que chaque membre renouvelle son abonnement au bulletin, dont nous avons décidé de ne pas augmenter le prix pour qu’il reste attractif. Il nous échoie de rassembler un maximum de vétérinaires, des jeunes mais aussi des plus anciens qu’il faut convaincre de continuer à nous soutenir mêmes s’ils sont très éloignés de la pratique, pour redresser la situation et laisser à nos successeurs une société en mouvement. L’assemblée générale donne quitus au bureau pour son rapport de gestion. Élections du Bureau et des Commissions pour l’année 2009 Conformément aux statuts, Monsieur Pierre TASSIN, vice-président en 2008, devient président pour l’année 2009. Ont été élus ou réélus* : • Vice-président : Marc Veilly • Secrétaire général : Michel Bernadac* Coye-la-Forêt (Oise) • Secrétaire général adjoint : Laurent Maurizi • Trésorier : Jean-Pierre Marty* Paris (Seine) • Directeur de la publication : Mickael Bon Vincennes (Val-de-Marne) • Secrétaire des séances : Xavier Ribot Paris (Seine) • Responsable du site informatique : Olivier Carette* Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) • Bibliothécaire-archiviste : Xavier Ribot* Paris (Seine). 5 Allocution du président sortant Monsieur Jean-Yves Kervella Monsieur le nouveau Président, Monsieur le secrétaire général, Mesdames et Messieurs, Chers Confrères, Chers Amis, Durant une année, j’ai pu mesurer tout l’honneur qui m’a été fait lors de ma désignation à la présidence de la Société vétérinaire pratique de France. La SVPF est une des plus anciennes associations de notre profession et c’est aussi pour moi l’occasion, encore et toujours, de rendre hommage aux prestigieux anciens qui m’ont précédé dans cette fonction et à qui nous sommes moralement redevables de nos choix et des résultats de nos actions. Déjà en 1999, la Société vétérinaire pratique de France, en actualisant le format de sa publication, répondait aux exigences toujours plus prégnantes imposées aux formes d’édition des revues techniques et scientifiques. Malgré les actions développées en 2008, par le bureau de la Société ces exigences sont encore d’actualité. Les retards, accumulés ces dernières années par les publications, ont été rattrapés et je remercie tout particulièrement le secrétaire général Michel Bernadac et le rédacteur en chef Mikaël Boni pour leur ténacité à respecter les échéances que le bureau s’était fixé en matière de publications. J’ai eu plaisir à présider les séances trimestrielles de travail du bureau qui ont permis de décider, collégialement, des actions que nous pouvions raisonnablement entreprendre. Parmi ces actions, le principe de retenir des séances thématiques qui participent à la formation ou à l’information des praticiens adhérents à la société m’apparaît celui qu’il convient de mettre en exergue. En effet, le regroupement de présentation par thématiques paraît séduisant car il permet de répondre de manière pragmatique aux attentes du plus grand nombre de praticiens vétérinaires et surtout de conserver dans chaque thématique une place pour une publication scientifique et technique de qualité à côté de thématiques plus pratiques relevant des préoccupations de l’exercice vétérinaire quotidien de terrain. Il n’en demeure pas moins que le principal objectif est le maintien des revenus de la société dans un contexte professionnel et économique en ébullition. Il s’agit en particulier de susciter une augmentation du nombre des adhérents en privilégiant les formes modernes de communications, dont le développement du site internet, sans abandonner la forme « papier » qui s’avère à l’évidence de très bonne facture. Dans cet esprit, permettez-moi encore de formuler des vœux pour que la Société vétérinaire pratique de France demeure ce lieu d’échange, de convivialité et de confrontation de nos connaissances et de nos expériences. 6 Je transmets, ce jour, le flambeau à notre nouveau président Pierre TASSIN. De part son assiduité aux séances de la SVPF, son expérience professionnelle et sa personnalité, notre estime se lie à notre confiance et à notre respect pour lui souhaiter tous nos vœux de satisfaction dans cette nouvelle fonction. Il bénéficiera sans nulle doute de l’assistance d’un vice-président dévoué et compétent. Enfin, Je ne peux conclure sans exprimer mes remerciements les plus chaleureux aux membres du bureau, avec qui j’ai pu partager de bons moments de convivialité, tout particulièrement à notre secrétaire général et ami Michel Bernadac, à notre rédacteur en chef Mikaël Boni et à notre secrétaire Madame Sylvie Thévenet. Je souhaite donc longue vie à la Société vétérinaire pratique de France. En vous remerciant de votre attention, je cède la parole à notre nouveau président. Jean-Yves Kervella 7 Allocution du nouveau président Monsieur P. Tassin Monsieur le Président, Monsieur le secrétaire général, Mesdames et Messieurs, Chers Confrères et Amis, Je mesure toute la bienveillance dont vous avez fait preuve en me proposant la présidence de la Société vétérinaire pratique, en dépit, dois-je l’avouer d’une certaine réticence de ma part lorsque j’avais été pressenti par notre ancien secrétaire général. C’est un honneur mais aussi une lourde responsabilité compte tenu des difficultés actuelles évoquées à maintes reprises dans les derniers bulletins, j’essaierai de me montrer digne de votre confiance. Avant tout, je me permettrai de rappeler tout le travail effectué en 2008 sous l’impulsion du président Kervella. Mon général, vos mérites qui vous ont conduit au commandement de l’inspection technique des services vétérinaires des armées, la formation que vous aviez acquise autrefois en obtenant à l’université un certificat d’aptitude à l’administration des entreprises, ont fait que vous avez su animer l’équipe du bureau et redresser une situation critique. Notre secrétaire général Michel Bernadac s’est adapté rapidement à ses nouvelles fonctions. Par son dévouement, sa compétence et beaucoup de travail, il a su reprendre le flambeau. Ses relations lui ont permis de faire appel à des conférenciers de qualité en s’efforçant de privilégier les séances thématiques qui répondent mieux aux attentes de nos confrères en exercice. On ne peut que remercier très vivement les secrétaires adjoints et des séances Xavier Ribot et Mickaël Boni. Toujours présents ils ont réalisé le tour de force d’assurer la parution et l’envoi des numéros manquants depuis 2005. Merci à notre trésorier Jean-Pierre Marty, attentif à l’évolution de nos finances dans un contexte difficile et à Madame Sylvie Thévenet notre dévouée secrétaire. Il me reste maintenant à vous présenter notre vice-président Marc Veilly en essayant de dégager les faits majeurs d’un curriculum vitae particulièrement dense. Né en 1962 vous effectuez vos études vétérinaires à Toulouse d’où vous sortez en 1985. Vous soutenez votre thèse l’année suivante consacrée à un sujet d’hygiène alimentaire. Durant votre scolarité vous êtes président de l’association des étudiants cavaliers de l’école, sans doute déjà vos camarades avaient reconnu votre sens de la gestion et votre implication dans la vie associative. Vous effectuez ensuite votre service militaire en tant qu’aide technique à l’institut Pasteur de Cayenne ayant la responsabilité d’une importante animalerie. Les deux années suivantes vous exercez la médecine vétérinaire, essentiellement des petits animaux, dans un cabinet de groupe du Loir-et-Cher. 8 Vous aimez la communication puisque déjà vous êtes animateur sur des radios à Cayenne et Orléans. En 1989-1990 vous obtenez à HEC Jouy-en-Josas un diplôme de 3e cycle en gestion des affaires. En 1991 vous intégrez le groupe MARS Petcare and Food France, plus connu à l’époque sous les noms d’Unisabi puis Masterfoods, société agroalimentaire dont la vocation principale est la fabrication d’aliments préparés pour animaux familiers diffusés sous différentes appellations, mais aussi pour l’Homme (confiseries chocolatées, céréales précuites, etc.). Afin d’affiner votre spécialisation vous obtenez en 1993 le diplôme d’enseignement spécialisé de diététique canine et féline à l’école d’Alfort. Vous exercez au sein du groupe les fonctions de conseil en communication et relations publiques, responsable des affaires scientifiques tant auprès de la profession qu’avec les nutritionnistes et diététiciens, diffusant les informations auprès des publics scientifiques et des médias. Rédacteur en chef d’un magazine grand public et d’un magazine vétérinaire, tous deux à périodicité trimestrielle et largement diffusés chez nos confrères, vous avez assuré l’édition française d’un magazine scientifique vétérinaire à audience internationale. Toujours dans le domaine de la communication vous avez participé également à de nombreuses émissions télévisées ou radiophoniques. Vous avez aussi été l’initiateur et le porte-parole d’une campagne nationale annuelle grand public contre les abandons d’animaux. Depuis cette année, vous avez créé votre propre agence de conseil en communication et relations publiques spécialisée pour les animaux. Vos domaines d’intervention sont la stratégie de communication, la prise en charge des relations avec les médias, la gestion des crises, la rédaction et l’édition. Il s’agit donc d’un domaine qui nous est moins familier mais qui répond à l’évolution et aux attentes de notre monde, une formation marketing et gestion existant déjà dans les écoles vétérinaires dans le cadre d’un enseignement optionnel spécialisé. Nul doute que votre formation particulière, votre expérience professionnelle et vos qualités humaines seront tout à fait adaptés au bon fonctionnement de la Société vétérinaire pratique. Nous sommes donc heureux de vous accueillir parmi nous. P. Tassin 9 C o m m u n i c a t i o n Obstruction œsophagienne chez le cheval par impaction d’aliment complet sous forme de granulés : observation de 20 cas sur une période de trois mois par Benoît Tainturier Vétérinaire des armées, Régiment de cavalerie de la Garde républicaine, 18 boulevard Henri IV, 75181 Paris Cedex 04 Xavier Ribot Vétérinaire en chef, Service de santé des armées, Régiment de cavalerie de la Garde républicaine, Quartier des Célestins, 18 boulevard Henri IV, 75181 Paris Cedex 04 et Jacques Martinet Vétérinaire des armées, Secteur vétérinaire de Poitiers Mots-clés chevaux - obstruction - œsophage Keywords horses - choke 10 B u l l . S o c . V é t . P r a t . d e F r a n c e , j a n v i e r / f é v r i e r / m a r s 2 0 0 9 , T. 9 3 , n o 1 Introduction ’obstruction œsophagienne ou engouement œsophagien, dénommée « choke » par les Anglo-Saxons, est l’affection de l’œsophage la plus fréquente chez le cheval. Elle est le plus souvent due à des composés alimentaires car les chevaux ingèrent rarement des corps étrangers. Dans les effectifs équins militaires, cette affection apparaît de façon sporadique avec une fréquence d’environ un ou deux cas par an pour cent chevaux. La survenue inhabituelle de 20 cas sur une période de trois mois dans un effectif de 110 chevaux nous a conduits à nous interroger sur les circonstances d’apparition de cette affection. Après avoir rappelé l’anatomie de l’œsophage, l’étiologie, les symptômes, le diagnostic et le traitement de l’obstruction œsophagienne, nous présenterons les observations cliniques relevées au cours de notre étude. Nous décrirons les investigations menées avec l’aide du laboratoire pour comprendre l’origine des obstructions et préconiser des mesures correctives. Dans une discussion, nous évoquerons les facteurs pouvant être à l’origine d’une telle série d’obstructions œsophagiennes. L Anatomie de l’œsophage L’œsophage du cheval adulte mesure de 125 à 150 cm (22). Il est possible de distinguer une partie cervicale, une partie thoracique et une courte partie abdominale de quelques centimètres (7, 17). Au tiers supérieur de l’encolure, l’œsophage est situé dans le plan médian, dorsalement à la trachée (7, 22). Au tiers moyen, il se trouve à gauche de la trachée, à proximité de la gouttière jugulaire gauche parfois, il est situé à droite de la trachée (7, 22). Dans ce cas, le praticien doit avoir le réflexe de regarder à la fois à gauche puis à droite lors de la pratique du sondage naso-œsophagien. La partie thoracique de l’œsophage chemine ventralement à la trachée, jusqu’à la bifurcation des bronches, puis reprend une position dorsale (7). L’œsophage présente une muqueuse, une sousmuqueuse, une musculeuse et une adventice. Une séreuse recouvre la courte partie de l’œsophage qui traverse l’abdomen, entre le diaphragme et l’estomac. L’adventice est attachée de façon lâche aux structures avoisinantes. L’œsophage peut ainsi se déplacer au cours du passage des bolus alimentaires et lors des mouvements de l’encolure (7). Sur les deux tiers proximaux de l’œsophage, entre le pharynx et la base du cœur, la musculeuse est constituée de fibres musculaires striées. Plus caudalement, dans sa partie thoracique, la musculeuse est composée de fibres lisses (7, 22). L’œsophage n’intervient pas directement dans la digestion des aliments. Son unique rôle est d’assurer le transport des aliments, de l’eau et de la salive jusqu’à l’estomac (17). Étiologie des obstructions de l’œsophage La plupart des obstructions œsophagiennes sont dues à une impaction alimentaire (25). Les aliments en cause sont principalement les granulés (4, 5). Les caractéristiques physiques des aliments industriels sont souvent mises en cause (trop secs ou trop fins par exemple (12)). Les autres aliments impliqués sont l’herbe issue de tonte de gazon, les fourrages (herbe, foin et paille), les carottes entières et les petites pommes (4, 5, 9, 12). Les corps étrangers sont rarement responsables d’obstruction œsophagienne chez le cheval. En effet, la mastication du cheval, habituellement lente et minutieuse, ne le prédispose pas à l’ingestion de corps étrangers (9). Les facteurs prédisposants sont les affections dentaires, une nourriture de mauvaise qualité, un abreuvement insuffisant, une ingestion trop rapide de la ration, une affection préexistante de l’œsophage et un accès à la nourriture après une forte sédation (25). De nombreux tranquillisants modifient la motilité et/ou la contractilité de l’œsophage (3, 26). C’est pourquoi une obstruction peut survenir chez des chevaux fortement tranquillisés (3). Plus rarement, les obstructions œsophagiennes peuvent être secondaires à une autre affection de l’œsophage (7, 9). Ces obstructions secondaires sont dues à des anomalies intramurales (tumeur, sténose, diverticule, kyste, etc.) ou extramurales (tumeurs et abcès médiastinaux voire cervicaux par exemple) qui vont gêner le passage des aliments (7). La plupart des obstructions surviennent dans la partie crâniale de l’œsophage (caudalement au larynx) ou à l’entrée du thorax (5, 11, 16). La fréquence des obstructions à l’entrée du thorax peut s’expliquer de deux manières : d’une part cette portion de l’œsophage se dilate moins facilement que la partie cervicale (17), d’autre part la vitesse de transit du bol alimentaire est plus faible dans la partie thoracique (13). 11 Plus rarement, les obstructions peuvent survenir à mi-encolure ou dans l’œsophage thoracique (à la base du cœur ou crânialement au cardia) (3, 5). Symptômes des obstructions de l’œsophage Figure 1 – Jetage nasal bilatéral La plupart des obstructions primaires apparaissent brutalement en raison d’une obturation complète de l’œsophage (9). À l’inverse, les obstructions secondaires à une autre affection œsophagienne peuvent apparaître de façon insidieuse, au fur et à mesure de l’accumulation des aliments dans l’œsophage (9). L’obstruction œsophagienne se manifeste typiquement par un jetage nasal alimentaire (écoulement nasal contenant de la salive et des aliments), un ptyalisme, une dysphagie, des tentatives répétées de déglutition, la présence d’une masse plus ou moins visible et palpable en région ventrale gauche de l’encolure (4, 5, 9) (cf. figures 1 et 2). Toutes les tentatives du cheval pour s’abreuver ou s’alimenter sont vaines. L’eau et les aliments sont rejetés par les naseaux, après un délai variable suivant la localisation de l’obstruction (6, 13). Cette régurgitation d’aliments et d’eau par les naseaux, plutôt que par la bouche, s’explique par la longueur et le positionnement du voile du palais chez le cheval (11). Figure 2 – Obstruction visible en région ventrale gauche de l’encolure Moins fréquemment, sont observées de la toux, de l’anxiété, un phénomène de sudation, une extension de la tête et de l’encolure (4, 5) (cf. figure 3). Dans les cas chroniques (plus de 48 heures), le cheval peut être fortement déshydraté en raison de la perte continue de salive et de l’incapacité à s’abreuver (25). La déshydratation se traduit par une élévation de l’hématocrite et des protéines totales (25). De plus, la salive du cheval étant riche en sodium et en chlorure, la perte de salive entraîne une hyponatrémie et une hypochlorémie (9). L’hypochlorémie va entraîner l’apparition d’une alcalose métabolique, en favorisant la résorption de bicarbonates et l’élimination de H+ par les reins (23, 25). Complications associées aux obstructions de l’œsophage Figure 3 – Extension de la tête et de l’encolure 12 Les complications les plus graves sont l’ulcération œsophagienne et la pneumonie par fausse déglutition. Lésions de l’œsophage L’ulcération de la muqueuse œsophagienne est une séquelle fréquente des obstructions chroniques (9). Les petites zones d’ulcération focales ou longitudinales guérissent généralement sans complication une fois l’obstruction levée (9). Les ulcérations étendues de forme annulaire peuvent être à l’origine d’une sténose œsophagienne, qui prédisposera le cheval à de nouvelles obstructions de l’œsophage (9). Une ulcération étendue avec sténose ultérieure de l’œsophage a de fortes chances d’apparaître si l’obstruction persiste plus de 3 ou 4 jours (19). Les ulcérations de la muqueuse œsophagienne, les dilatations de l’œsophage (proximales ou sur le site d’obstruction) et les œsophagites sont des séquelles d’impaction œsophagienne qui prédisposent le cheval à une récidive (7). Pneumonie par fausse déglutition L’apparition d’une pneumonie secondaire par fausse déglutition est une complication possible de toute obstruction œsophagienne (9). Elle est due au passage de débris alimentaires dans les voies respiratoires du cheval (9). Il s’agit d’une complication potentiellement mortelle, qui compromet le pronostic vital à court terme (1). Chez certains chevaux, cette affection se manifeste par une fièvre et une halitose (9). Le risque de pneumonie de déglutition augmente avec la durée de l’obstruction (5). Plus le traitement est tardif, plus le cheval risque de développer une pneumonie de déglutition (3). (25). La palpation de la gouttière jugulaire gauche peut mettre en évidence une déformation (25). La présence d’une inflammation, d’un emphysème sous-cutané et d’une crépitation en regard de l’obstruction est en faveur d’une perforation de l’œsophage (7, 9, 22). L’auscultation pulmonaire est indispensable pour rechercher une pneumonie secondaire par fausse déglutition (22, 25). Cette complication est courante et peut survenir de façon précoce (22). L’auscultation met en évidence une matité et un assourdissement des bruits, en particulier en région crânio-ventrale de l’aire d’auscultation pulmonaire (11, 18). Le thorax peut être ausculté pendant que le cheval respire dans un sac. Cette méthode d’auscultation stimule la respiration profonde et rend les bruits pulmonaires plus audibles (25). Une pneumonie de déglutition peut s’accompagner d’une fièvre (15). Il est fréquent d’observer une neutrophilie et une élévation du fibrinogène (11). Le diagnostic est confirmé par le passage d’une sonde nasogastrique qui vient buter sur l’obstacle (22). Cette méthode permet également de localiser l’obstruction (22). Examens complémentaires L’endoscopie et la radiographie de l’œsophage ne sont généralement pas nécessaires pour établir un diagnostic d’obstruction œsophagienne (5). Toutefois, ces examens peuvent être utiles pour déterminer la nature et la sévérité de l’obstruction œsophagienne (25). Ces techniques d’imagerie médicale permettent également d’évaluer l’intégrité de l’œsophage et des tissus avoisinants (25). Ces examens complémentaires sont indiqués lors d’obstruction chronique ou récidivante (15). Diagnostic des obstructions de l’œsophage Examen clinique Endoscopie Le signe d’appel d’une obstruction œsophagienne est la régurgitation de nourriture par les naseaux (5). L’endoscopie de l’œsophage permet de déterminer la nature de l’obstruction (25). La présence d’aliments mélangés à de la salive en amont de l’obstruction peut gêner la visualisation de lésions de l’œsophage (9). Un examen clinique minutieux, comprenant une exploration complète de la cavité buccale, doit être réalisé pour éliminer les autres causes d’hypersalivation, de dysphagie et de jetage nasal (7). L’examen de la cavité buccale permet de rechercher des surdents et des malocclusions dentaires La trachée peut être examinée afin de rechercher la présence de débris alimentaires dans les voies respiratoires (25). Cependant, la mise en évidence d’une contamination alimentaire de la trachée par endoscopie semble peu corrélée à l’existence d’une pneumonie par fausse déglutition (5). 13 Après le traitement de l’obstruction, une radiographie avec produit de contraste permet de mettre en évidence d’éventuelles lésions de l’œsophage (diverticule, sténose, rupture de l’œsophage, etc.) (7). Pronostic des obstructions de l’œsophage Figure 4 – Injection intraveineuse d’un tranquillisant Le pronostic est bon lors d’obstruction simple survenant pour la première fois et en l’absence de complication (5). Il est réservé lors de pneumonie par fausse déglutition (9). Il est mauvais si l’obstruction est due à une anomalie fonctionnelle ou morphologique, telle qu’une sténose de l’œsophage (5). Traitement des obstructions de l’œsophage L’obstruction œsophagienne doit être considérée comme une urgence, en raison du risque d’apparition de complications graves telles qu’une ulcération étendue de la muqueuse de l’œsophage et une pneumonie par fausse déglutition (3, 21). Figure 5 – Jetage bilatéral chez un cheval fortement tranquillisé L’endoscopie est surtout utile une fois l’obstruction levée, pour évaluer les lésions de l’œsophage (ulcération de la muqueuse, perforation de l’œsophage) (25). Elle permet également d’identifier les facteurs prédisposants tels que la présence d’une masse, d’un diverticule ou d’une sténose de l’œsophage (7, 25). Radiographie La radiographie peut apporter des informations sur la nature et la sévérité de l’obstruction (25). Une impaction alimentaire présente une structure granuleuse caractéristique (7, 17). Une accumulation d’air est souvent observée proximalement à l’obstruction (7). Les clichés de l’œsophage cervical sont assez faciles à réaliser (13). En revanche, les clichés de l’œsophage thoracique sont très difficiles à obtenir (13). 14 Dès les premiers symptômes, le cheval ne doit pas avoir accès à la nourriture ni à l’eau, afin de limiter le risque de pneumonie par fausse déglutition (9). En attendant l’arrivée du vétérinaire, le propriétaire peut placer le cheval dans un box sans litière consommable ou utiliser un panier à coliques (25). Traitement médical initial La première étape du traitement est une sédation profonde (cf. figure 4). La sédation permet de diminuer l’anxiété du cheval, d’assurer une contention chimique du cheval et de garantir une position basse de la tête, évitant ainsi les fausses déglutitions toujours possibles (8, 13, 25). Elle permet également de réduire les spasmes de l’œsophage provoqués par la douleur ou par l’augmentation du tonus œsophagien (7). Plusieurs molécules peuvent être employées. L’acépromazine (0,02-0,05 mg/kg IV) est utilisée dans les cas non compliqués (3, 7). Toutefois, ses effets sont limités. La sédation obtenue est généralement insuffisante. De plus, l’acépromazine ne semble pas posséder d’effet décontractant sur l’œsophage sain à cette posologie (10, 12). Les α2-agonistes (détomidine, xylazine, romifidine) permettent d’obtenir une sédation profonde et une relaxation de l’œsophage. Par exemple, l’administration de détomidine provoque une dilatation œsophagienne pendant au moins 30 minutes (10). La détomidine (0,01-0,02 mg/kg IV) et la xylazine (0,25-0,5 mg/kg IV) sont les molécules de choix car elles permettent d’obtenir un abaissement important de la tête et de l’encolure (7). Le butorphanol peut être utilisé pour renforcer l’effet analgésique des α2-agonistes (7). L’association de détomidine (0,01 mg/kg IV) et de butorphanol (0,02 mg/kg IV) donne de bons résultats (3). Figure 6 – Sondage naso-œsophagien Les antispasmodiques peuvent également être utilisés pour provoquer une relaxation des muscles lisses du tiers distal de l’œsophage (2). Néanmoins, l’efficacité de la dipyrone n’a pas été observée sur l’œsophage sain par King et al. (10, 13). L’ocytocine (0,11 à 0,22 UI/kg IV) a été utilisée pour le traitement d’obstructions œsophagiennes proximales (16). En effet, elle induirait une relaxation des muscles striés des deux tiers proximaux de l’œsophage (8). Toutefois, l’ocytocine ne semble apporter aucun bénéfice par rapport aux α2-agonistes (3). Wooldridge et al. n’ont observé aucun effet sur la musculature de l’œsophage avec l’ocytocine utilisée à cette posologie (26). Certaines obstructions guérissent spontanément ou après un traitement médical (7, 9). Cependant, le traitement médical est parfois insuffisant et la résolution mécanique de la levée de l’obstacle doit être recherchée dans les plus brefs délais, afin d’éviter les complications évoquées précédemment (12). Lavage naso-œsophagien sur cheval debout La deuxième étape du traitement est un lavage de l’œsophage avec de l’eau tiède (cf. figure 6). Ce lavage est réalisé par sondage naso-œsophagien, sur un cheval debout et fortement tranquillisé (1, 25). Pour cela, une sonde nasogastrique est introduite jusqu’au site d’obstruction. Une fois la sonde nasogastrique au contact de l’impaction, de l’eau tiède est administrée sous faible pression par la sonde (22). Le flux d’eau dirigé vers l’impaction doit être intermittent (25). Une pompe manuelle peut être utilisée, en gardant à l’esprit qu’une pression d’eau trop importante peut entraîner une rupture de l’œsophage (25). Il est également pos- Figure 7 – Sonde transparente contenant des granulés sible de réaliser une jonction manuelle de la sonde avec un tuyau d’arrosage, relâchée régulièrement (13). Une occlusion manuelle de l’œsophage peut être effectuée de manière intermittente en amont de l’impaction, afin de provoquer une distension des parois de l’œsophage en regard de l’impaction (9). Un massage de l’œsophage par voie externe peut faciliter le délitement des aliments (6). Le lavage de l’œsophage permet de ramollir et de déliter progressivement l’impaction (9). Il est possible d’avancer progressivement la sonde au fur et à mesure du délitement du bouchon (3). Parfois, la sonde nasogastrique s’enfonce dans l’impaction, alors le retrait du tuyau permet d’extraire de véritables « carottes » d’aliments (cf. figure 7). L’opérateur prendra soin de ne pas exercer une force trop importante avec la sonde nasogastrique (9). En effet, repousser l’impaction avec force est rarement efficace et risque de provoquer des lésions de l’œsophage (9). 15 l’œsophage et permet d’utiliser un plus grand volume d’eau en toute sécurité, en assurant une étanchéité des voies respiratoires par une sonde endotrachéale bien ajustée (9). Figure 8 – Sonde à ballonnet et à double voie L’eau et les débris alimentaires issus de l’impaction s’éliminent par la bouche et les naseaux (9). La sonde peut également être vidangée par gravité (12). La position basse de la tête, obtenue grâce à la sédation, permet au contenu de l’œsophage de s’écouler par les naseaux, plutôt que dans la trachée (25). La tête doit être plus basse que le poitrail, afin de limiter le risque de pneumonie par fausse déglutition (15, 25). Une fois l’impaction entièrement délitée, la sonde nasogastrique peut être introduite jusque dans l’estomac (9). Le praticien doit garder à l’esprit que cette technique s’accompagne d’un certain risque de fausse déglutition. L’utilisation d’une sonde nasogastrique à ballonnet permet de minimiser ce risque (25). En cas de traitement infructueux, il est inutile d’insister compte tenu des risques de lacérations (6). Il est préférable de mettre le cheval à la diète complète, à l’aide d’un panier à coliques, et de le perfuser pendant huit à douze heures (21). Un nouveau sondage naso-œsophagien est alors réalisé. Cependant, plus l’obstruction persiste longtemps, plus le risque de complications est élevé (ulcération de la muqueuse, sténose, pneumonie par fausse déglutition) (7). Une alternative consiste à réaliser un lavage naso-œsophagien plus agressif sous anesthésie générale avec une intubation trachéale du cheval. Lavage naso-œsophagien sous anesthésie générale Certaines obstructions nécessitent un lavage de l’œsophage sous anesthésie générale (7). Cette technique permet une meilleure relaxation de 16 Le cheval est anesthésié et placé en décubitus latéral droit (9). Une sonde orotrachéale à ballonnet est mise en place pour éviter tout risque de fausse déglutition (9, 25). La tête et l’encolure sont placées en contrebas par rapport au reste du corps, afin de faciliter l’évacuation de l’eau par la bouche et les naseaux (9, 25). Le lavage nasoœsophagien est alors pratiqué de la même façon que sur cheval debout (9). Une fois le lavage terminé, la sonde trachéale est retirée avec le ballonnet partiellement gonflé, afin de retirer tout débris alimentaire éventuellement présent dans la trachée (9, 25). Il est possible d’utiliser une sonde nasogastrique à ballonnet et à double voie afin de réaliser un lavage sous pression (6) (cf. figure 8). La première voie, de faible diamètre, permet l’arrivée d’eau et la seconde voie, de plus grand diamètre, permet l’évacuation de l’eau et des débris alimentaires. Le ballonnet est gonflé pour éviter le reflux de liquide autour de la sonde (25). À la fin de l’anesthésie générale, l’extrémité proximale de la sonde nasogastrique est abaissée au sol pour s’assurer que l’œsophage distal est vide puis le ballonnet est dégonflé (4). Chirurgie Les impactions rebelles à tout traitement peuvent nécessiter une œsophagotomie, à condition d’être accessibles par chirurgie (7). En pratique, seules les impactions de l’œsophage cervical peuvent être traitées de cette manière. Néanmoins, le recours à la chirurgie est rarement nécessaire (14). Traitement complémentaire Après la levée de l’obstruction, une alimentation adaptée est essentielle (9). En effet, le risque de récidive est élevé pendant 24 à 48 heures voire plus, suivant la durée de l’obstruction et le degré de traumatisme ou de dilatation (7). À ce stade, l’endoscopie est un examen particulièrement utile pour rechercher d’éventuelles lésions de l’œsophage (9). Dans les cas aigus, une zone inflammatoire peut être visualisée sur le site de l’impaction (9). Lors de complication, une ulcération de la muqueuse peut être visible (9). Dans tous les cas, il est recommandé de mettre le cheval à jeun pendant 24 à 72 heures, suivant la présence ou non de lésions œsophagiennes (25). Pendant cette période, seule de l’eau est mise à disposition du cheval. La litière de paille est remplacée par des copeaux de bois ou le cheval est équipé d’un panier à coliques (24). Une nourriture de consistance molle est réintroduite pour permettre une mastication aisée (25). Il est possible de distribuer par exemple des granulés préalablement trempés dans l’eau (un volume de granulé dans un volume d’eau), ou encore du barbotage ou du mash (9, 24, 25). Une autre alternative est la mise au pré afin qu’il s’alimente d’herbe fraîche (24). La ration sera progressivement plus ferme et plus sèche puis le foin est réintroduit (9). Cette réalimentation progressive sera étalée sur deux ou trois jours, dans les cas simples, et jusqu’à quatre à six semaines dans les cas chroniques qui s’accompagnent de lésions de l’œsophage (9). Lors de sténose de l’œsophage, il peut être nécessaire de distribuer une ration spéciale pendant le reste de la vie du cheval (25). En cas de suspicion de pneumonie par fausse déglutition, une antibiothérapie à large spectre doit être mise en place (25). La population bactérienne présente dans l’alimentation et dans la région oropharyngée est mixte et constituée en partie d’anaérobies (25). L’association de pénicilline procaïne (22 000 UI/kg IM deux fois par jour), de gentamicine (6,6 mg/kg IV une fois par jour) et de métronidazole (15 mg/kg PO trois fois par jour) donne de bons résultats (6). D’autres antibiotiques peuvent être utilisés, en fonction des résultats d’un antibiogramme réalisé sur un prélèvement obtenu par aspiration des voies respiratoires (9). Les antibiotiques sont administrés pendant une à trois semaines (6, 18). Des anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être utilisés pour lutter contre la douleur et contrôler l’inflammation sur le site de l’obstruction (3, 25). Lors d’obstruction chronique (plus de 48 heures), la perte de salive peut s’accompagner d’une hypochlorémie, d’une hyponatrémie et d’une alcalose métabolique (7, 24). L’hypochlorémie étant à l’origine de l’alcalose métabolique, l’addition de sel (NaCl) dans la ration suffit généralement à corriger ces déséquilibres (23, 24). Le sel peut facilement être ajouté à du mash, qui constitue une nourriture adaptée (24). En cas de déshydratation, une perfusion de solution de NaCl à 0,9 % est mise en place (25). Enfin, la cause primaire est traitée le cas échéant (6). Par exemple, un nivellement dentaire est réalisé en cas d’impaction de fourrage (6). Prévention des obstructions de l’œsophage La prévention de l’obstruction œsophagienne est basée sur la distribution de foin de bonne qualité, un nivellement dentaire régulier et la distribution d’eau fraîche à volonté (25). Un cheval qui ingère rapidement sa ration en raison de compétition avec d’autres chevaux doit être nourri séparément (25). Il est possible de ralentir l’ingestion des granulés en plaçant un bloc de sel ou une pierre dans la mangeoire des chevaux les plus gloutons, ou en dispersant la ration de granulés sur le sol du box. Lorsqu’un cheval est fortement tranquillisé, la nourriture et la litière de paille doivent être retirées (25). Une autre solution consiste à utiliser un panier à coliques pour empêcher le cheval de manger (25). Les affections de l’œsophage (diverticule, sténose, dilatation, masse dans la lumière de l’œsophage, compression extramurale par une masse) nécessitent un traitement chirurgical ou une alimentation adaptée (25). Par exemple, il est possible d’humidifier les granulés avec de l’eau chaude avant chaque repas (20). Il est également possible d’augmenter la dimension des granulés (12). Observation clinique Une série de 20 cas d’obstructions œsophagiennes a été observée sur une période de trois mois au sein d’un effectif équin militaire. Ces 20 cas ont concerné treize chevaux, sur un effectif moyen entretenu de 110 chevaux. À titre de comparaison, un suivi clinique antérieur sur une période de 18 mois n’avait fait apparaître que deux cas. Le premier cas est apparu huit jours après la première livraison d’un nouvel aliment présenté en granulés. Auparavant, les chevaux étaient nourris avec du foin et un aliment en granulés de 5 mm de diamètre (aliment A). À l’occasion d’un nouveau marché d’aliment, mis en place par les responsables de l’organisme, le fournisseur a changé. L’aliment A a été remplacé par un aliment en granulés de 4 mm de diamètre (aliment B). Le délai d’apparition des premiers cas après la première livraison de l’aliment B correspond au temps nécessaire à la vidange de silos qui contenaient encore de l’aliment A. Le facteur déclenchant principal est donc représenté par le changement de l’aliment en granulés. 17 D’un point de vue clinique, les animaux présentent l’obstruction dans les dix minutes suivant la distribution du repas de granulés. Le cheval a la tête tendue sur l’encolure, les muscles de l’encolure sont contractés et des efforts de régurgitation violents sont observés. Au bout de cinq à dix minutes, l’animal présente un jetage alimentaire si l’obstruction est au niveau de l’œsophage cervical, ce qui est le plus souvent le cas (seules deux obstructions ont concerné l’œsophage thoracique). La présence d’aliment souillant les naseaux permet de porter immédiatement le diagnostic. L’emploi d’une sonde naso-œsophagienne met en évidence, à chaque fois, la présence d’un bouchon très dur d’aliments non délités qui obstrue la lumière de l’œsophage. Le traitement est basé sur l’administration d’antispasmodique de type Spasmoglucinol® (phloroglucinol) ; trois des 20 obstructions ont rétrocédé ainsi. Lorsque l’obstacle persiste, le cheval est tranquillisé avec un α2-agoniste (xylazine ou détomidine) et une sonde naso-œsophagienne transparente est employée pour déliter le bouchon par irrigation d’eau tiède sous contrôle de la vue. Cette opération peut nécessiter jusqu’à 90 minutes. Lorsque l’obstacle est levé, deux litres de paraffine mélangés à de l’eau chaude sont administrés, et le cheval est laissé à la diète hydrique durant 24 heures. Nous avons cherché à utiliser le diazépam, à la place des α2-agonistes, car cette molécule provoque une bonne myorelaxation. Néanmoins, le diazépam présente l’inconvénient, aux posologies préconisées, de provoquer une chute des chevaux sur le sol, d’où un risque de blessure et de pneumonie par fausse déglutition. Le tableau I présente les 20 cas cliniques et leur traitement. Le cheval Kerrelou a la particularité de présenter un caractère très glouton. Ce cheval a fait un total de cinq obstructions œsophagiennes. Il est mort d’une pneumonie par fausse déglutition sept jours après la dernière obstruction. Tableau I Chronologie d’apparition des 20 cas d’obstruction œsophagienne 18 Date Nom du cheval Traitement 5/10 Kerrelou phloroglucinol 240 mg IV 12/10 Kerrelou xylazine 300 mg IV + détomidine 8 mg IV + sondage naso-œsophagien 17/10 Mescala Vicq phloroglucinol 240 mg IV + détomidine 8 mg IV + sondage naso-œsophagien 25/10 Kerrelou détomidine 8 mg IV + sondage naso-œsophagien 26/10 Larissat phloroglucinol 240 mg IV + xylazine 300 mg IV + sondage naso-œsophagien 28/10 Mescala Vicq phloroglucinol 240 mg IV + xylazine 300 mg IV + sondage naso-œsophagien 31/10 Sphinx phloroglucinol 240 mg IV + xylazine 200 mg IV + sondage naso-œsophagien 31/10 Parcalana IA phloroglucinol 480 mg IV + diazépam 120 mg + détomidine 16 mg IV + sondage naso-œsophagien 6/11 Smurf IV phloroglucinol 240 mg IV + détomidine 8 mg IV + sondage naso-œsophagien 7/11 Sphinx phloroglucinol 240 mg IV + détomidine IV + sondage naso-œsophagien 28/11 Marizien diazépam 120 mg 29/11 Kerrelou phloroglucinol 240 mg IV + diazépam 100 mg + détomidine 14 mg IV + sondage naso-œsophagien 5/12 Kerrelou phloroglucinol 480 mg IV + xylazine 300 mg IV + détomidine 6 mg IV + sondage naso-œsophagien 8/12 Sphinx détomidine 6 mg IV + sondage naso-œsophagien 14/12 Joliflor phloroglucinol 240 mg IV + détomidine 16 mg IV + sondage naso-œsophagien 15/12 Princenoir phloroglucinol 240 mg IV 22/12 Le Vin Rosé guérison spontanée 22/12 Nimbe du Vallon phloroglucinol 240 mg IV 3/01 Rembrandt détomidine 5 mg IV + sondage naso-œsophagien 8/01 Lord Crub détomidine 5 mg IV + sondage naso-œsophagien Examens de laboratoire La série d’obstructions œsophagiennes fait suite à un changement de l’aliment en granulés. Cette observation nous conduit à mettre en cause les caractéristiques physico-chimiques des granulés et à demander l’aide du Laboratoire du commissariat de l’armée de terre d’Angers. La première cause envisagée est la taille des granulés. En effet, le diamètre des granulés est un facteur pouvant influer la résistance à l’écrasement de l’aliment. L’aliment A présente un diamètre de 5 mm et l’aliment B présente un diamètre de 4 mm. Il est donc demandé une fabrication de granulés de 6 mm de diamètre. La résistance à l’écrasement de ces nouveaux granulés, mesurée à l’aide d’une pince dynamométrique, est plus élevée que les mêmes granulés en 4 mm. La deuxième livraison est effectivement constituée de granulés de 6 mm mais le phénomène d’obstruction continue. Figure 9 – Introduction de 200 g d’aliment dans chaque éprouvette Nous nous intéressons ensuite aux matières premières entrant dans la composition du nouvel aliment (aliment B). Sa composition est la suivante : blé et issues, avoine, luzerne, soja, pulpe de betterave, pulpe d’agrumes, pulpe de pomme de terre, complément minéral. Nous remarquons une teneur élevée en pulpe de pomme de terre (12 %) et en pulpe de betterave (8 %). Nous demandons ensuite au laboratoire une analyse chimique et microbiologique de l’aliment B. L’analyse ne révèle aucune anomalie particulière. Une étude comparative est alors décidée entre l’aliment incriminé (aliment B) et celui précédemment utilisé (aliment A). Une première analyse concerne la composition chimique des aliments (cf. tableau II). Cette analyse indique une proportion de cellulose nettement plus faible dans l’aliment B (9,0 % pour l’aliment B contre 15,1 % pour l’aliment A). Tableau II Composition chimique des aliments (les valeurs sont exprimées en pourcentage par rapport au produit brut) Aliment A Aliment B - humidité 10,5 % 11,5 % - cendres 5,8 % 5,8 % - lipides 2,7 % 3,2 % - cellulose 15,1 % 9,0 % - protides 11,2 % 14,0 % Figure 10 – Introduction d’eau pour atteindre un volume de 1 litre. Une autre analyse concerne la densité et les caractéristiques de délitement des aliments. Pour cela, un protocole d’hydratation des granulés est mis au point par le laboratoire (cf. figures 9 à 13) : – 50 g d’aliments sont placés dans une éprouvette graduée de 500 ml ; 19 Figure 11 – Délitement terminé dans l’éprouvette de droite Figure 13 – Deux éprouvettes vidées et renversées, contenant des granulés délités qui adhèrent aux parois. – l’éprouvette est remplie d’eau distillée pour atteindre un volume de 500 ml ; – le volume occupé par l’aliment est mesuré régulièrement jusqu’au délitement complet des granulés. Les résultats indiquent que les aliments A et B sont comparables du point de vue de la densité réelle et du pourcentage de prise d’eau (cf. tableau III). Par contre, la vitesse de délitement de l’aliment A est beaucoup plus rapide que celle de l’aliment B (15 minutes pour l’aliment A contre 120 minutes pour l’aliment B). Mesures correctives Figure 12 – Délitement terminé dans les deux éprouvettes 20 Les investigations du laboratoire font apparaître deux différences significatives entre l’ancien aliment (aliment A) et le nouvel aliment (aliment B) : – la composition des granulés avec une proportion de cellulose qui est nettement plus faible dans l’aliment B ; – la vitesse de délitement des granulés qui est beaucoup plus lente pour l’aliment B. Les chevaux consommant des fourrages (foin et paille) en plus des granulés, le faible taux de cellulose de l’aliment B n’est pas retenu comme facteur responsable des troubles alimentaires. Par contre, la lenteur du délitement de l’aliment B peut expliquer la formation de bouchons alimentaires très durs dans l’œsophage. Toutes ces observations sont communiquées au fabricant à l’occasion d’une table ronde regroupant les responsables de l’effectif équin, le service vétérinaire et le laboratoire. Une nouvelle formule de granulés (aliment C) est proposée, dans laquelle certaines matières premières (pulpe de betterave et pulpe de pomme de terre) sont supprimées et remplacées par d’autres (issues de blé et tégument de soja). Soumis à l’épreuve d’hydratation, l’aliment C se délite complètement dans un délai acceptable de 15 min, au lieu de 120 min pour l’aliment B (cf. tableau III). Les troubles alimentaires disparaissent aussitôt après la mise en place de cette nouvelle formule. Tableau III Densité et épreuve d’hydratation des aliments Aliment A Aliment B Aliment C 1,34 1,26 1,26 - volume initial 80 ml 70 ml 75 ml - après 15 min 175 ml (délitement complet) 125 ml 140 ml (délitement complet) - après 25 min 200 ml 160 ml 160 ml - après 45 min 220 ml 170 ml 200 ml - après 120 min 220 ml 200 ml (délitement complet) 260 ml 2) prise d’eau par 100 g de produit 360 g 350 g 380 g Densité réelle Épreuve d’hydratation : 1) volume occupé dans une éprouvette de 500 ml d’eau par 50 g de produit Discussion Étiologie La série d’obstructions œsophagiennes est survenue suite à l’utilisation d’un nouvel aliment en granulés (aliment B) répondant à un cahier des charges basé sur la composition chimique seule. Une épreuve d’hydratation des aliments a été mise au point par le Laboratoire du commissariat de l’armée de terre d’Angers. Cette méthode originale s’est révélée très utile pour estimer les caractéristiques d’hydratation d’un aliment en granulés. La vitesse de délitement de l’aliment, observée en immergeant un échantillon d’aliment dans une éprouvette, semble étroitement corrélée au risque de provoquer des obstructions œsophagiennes. L’analyse de l’aliment B nous a permis d’identifier certaines matières premières pouvant être à l’origine de la survenue d’obstructions œsophagiennes. Le cahier des charges imposait un aliment exempt de mélasse. La mélasse est un liant couramment utilisé dans la fabrication des aliments sous forme de granulés. Elle présente l’inconvénient d’une appétence marquée chez les chevaux. De plus, les fonds de cuve de mélasse sont parfois riches en potassium. Dans l’impossibilité d’incorporer de la mélasse, le fabricant de l’aliment B a eu recours à une forte gélification des amidons afin d’assurer la tenue des granulés. La matière première retenue a été l’amidon de pomme de terre. L’aliment B contenait 12 % de pomme de terre. La gélification étant variable suivant les amidons utilisés, nous avons émis l’hypothèse que la nature des amidons gélifiés influence la tenue du granulé ainsi que la vitesse de délitement de l’aliment. Nous nous sommes également intéressés à la pulpe de betterave, qui représente 8 % de la composition de l’aliment B. La pulpe de betterave est à l’origine d’une absorption d’eau importante. En effet, une épreuve d’hydratation réalisée sur un autre aliment, riche en pulpe de betterave (12 % de pulpe de betterave), indique une prise d’eau très élevée de 550 g pour 100 g d’aliment. Cette prise d’eau témoigne d’une forte capacité d’absorption qui peut entraîner une dilatation du bolus alimentaire et favoriser les obstructions œsophagiennes. Elle peut aussi être à l’origine d’une dilatation de l’estomac si l’absorption d’eau a lieu dans l’estomac. La pulpe de pomme de terre et la pulpe de betterave pouvant favoriser l’apparition d’obstructions œsophagiennes, nous avons exclu ces deux composants lors de la formulation de l’aliment C. Le fabricant les a remplacés par des issues de blé et du tégument de soja. L’utilisation de l’aliment C a permis de mettre un terme à la série d’obstructions œsophagiennes. 21 Cette étude met en évidence l’importance de la formule d’un aliment. L’utilisation de composants inappropriés peut être à l’origine de troubles graves chez l’animal. La formule chimique de l’aliment est fournie par le fabricant. Elle indique les taux d’humidité, de cendres, de lipides, de cellulose et de protides. La formule chimique sert de base au marché. Cependant, c’est la formule ouverte (indiquant les matières premières utilisées) qui influence le plus les caractéristiques physiques de l’aliment. Malheureusement, la formule ouverte est rarement fournie par le fabricant. Ces observations mettent en lumière la difficulté rencontrée par les fabricants lorsqu’ils modifient la formule d’un aliment. Par exemple, la substitution d’une matière première par une autre peut modifier grandement les caractéristiques physiques de l’aliment sans en changer la composition chimique. L’analyse des caractéristiques physiques est nécessaire pour prévenir le risque d’obstruction œsophagienne. Les fabricants d’aliments contrôlent la qualité physique des granulés. Pour cela, ils se basent généralement sur les paramètres suivants : diamètre et longueur des pellets, résistance à l’écrasement et résistance à l’abrasion. Ces paramètres physiques sont peut-être insuffisants pour garantir l’absence de risque d’obstruction œsophagienne. Le recours à une épreuve d’hydratation, permettant d’évaluer la vitesse de délitement des granulés, permet de mieux connaître les caractéristiques des granulés. La mélasse est une matière première stockée en citerne. La mélasse de betterave est beaucoup plus riche en potassium que la mélasse de canne. Les fonds de cuve sont plus riches en potassium. La mélasse a été incriminée dans les problèmes rénaux lors de distribution de paille mélassée. Il s’agissait de mélasse bas de gamme, c’est-à-dire de fonds de cuve. Toutefois, les chevaux recevaient plus d’un kilogramme de mélasse par jour et n’étaient probablement pas assez abreuvés. En fait, la mélasse est un bon liant. Elle confère une certaine appétence à l’aliment (goût sucré). Il semble raisonnable d’incorporer 2 à 3 % de mélasse, en contrôlant le taux de potassium initial. Par sécurité, la mélasse de canne sera préférée à la mélasse de betterave. La mélasse peut être remplacée par des bentonites (argiles de type montmorillonite) ou des lignosulfites (sousproduits de l’industrie papetière). D’autre part, nos observations confirment que l’ingestion trop rapide de la ration favorise l’apparition d’obstructions œsophagiennes (25). Le 22 cheval Kerrelou, ayant un caractère très glouton, a présenté cinq obstructions œsophagiennes en deux mois. Les obstructions œsophagiennes surviennent généralement dans la partie cervicale de l’œsophage, et plus rarement dans la partie thoracique de l’œsophage (3, 5). Dans notre étude, seules deux obstructions (soit 10 % des cas) ont concerné l’œsophage thoracique. Complications Nous avons observé un seul cas de pneumonie par fausse déglutition (soit 5 % des cas). Dans une étude portant sur 34 cas d’obstruction œsophagienne, Feige et al. ont diagnostiqué huit pneumonies par fausse déglutition, soit 23 % des cas (5). Dans notre étude, cette complication a été fatale malgré un traitement antibiotique. La gravité de cette complication confirme l’importance de rechercher systématiquement la présence d’une pneumonie lors d’obstruction œsophagienne. Traitement Le traitement médical est une étape indispensable à la levée d’une impaction. Cette première étape du traitement fait appel aux α2-agonistes qui permettent d’obtenir une sédation profonde et une relaxation de l’œsophage. Dans notre étude, nous avons cherché à utiliser les benzodiazépines à la place des α2-agonistes. En effet, les benzodiazépines provoquent une bonne myorelaxation mais la posologie nécessaire risque de provoquer une chute des animaux sur le sol, d’où l’impossibilité d’emploi du médicament. Les antispasmodiques peuvent être utilisés pour provoquer une relaxation des muscles lisses du tiers distal de l’œsophage. Nous avons utilisé le Spasmoglucinol® (phloroglucinol) à la dose de 0,5 mg/kg IV dans treize cas. Trois obstructions sur treize ont rétrocédé suite à ce seul traitement. Néanmoins, dix obstructions sur treize ont nécessité un traitement complémentaire basé sur l’injection d’un α2-agoniste et un sondage nasoœsophagien. L’intérêt des antispasmodiques semble donc limité dans le traitement des obstructions œsophagiennes. Nous avons eu recours à un sondage nasoœsophagien sur cheval debout dans quinze cas. Le sondage a permis dans tous les cas de lever l’obstruction œsophagienne. Aucune obstruction n’a nécessité un sondage nasoœsophagien sous anesthésie générale. Ceci semble lié d’une part à la rapidité du diagnostic et d’autre part à la nature de l’obstruction. Prévention Les observations réalisées dans notre étude suggèrent de limiter le taux d’incorporation de pulpe de betterave et de pulpe de pomme de terre dans la fabrication des granulés. Des études complémentaires seraient utiles pour confirmer ou non cette hypothèse. Conclusion L’obstruction œsophagienne est une affection grave qui doit être considérée comme une urgence. D’origine principalement alimentaire chez le cheval, cette affection peut survenir avec une fréquence anormalement élevée lorsqu’une ration inadaptée est distribuée. Une méthode simple et originale, basée sur une épreuve d’hydratation, a été mise au point afin d’évaluer la vitesse de délitement des granulés. Cette méthode pourrait être mise en œuvre par les fabricants d’aliments pour déterminer si une nouvelle formule ouverte pour un aliment concentré risque de prédisposer les chevaux à des obstructions œsophagiennes. Lors de la rédaction du cahier des charges, il n’y a aujourd’hui aucune raison de supprimer la matière première mélasse, vu les qualités actuelles du produit. Il faut que les fabricants fournissent la formule ouverte et un maximum de caractéristiques physiques du granulé : la seule composition chimique est insuffisante. Enfin, il ne faut pas être trop exigeant sur les pourcentages des différents composés chimiques, mais plutôt fixer des limites hautes (humidité, cellulose) ou des limites basses (lipides). 쮿 Références bibliographiques 1. Craig D.R., Shivy D.R., Pankowski R.L. et Erb H.N. Oesophageal disorders in 61 horses. 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Res., 2002, 63 (12), 1738-1744. C o m m u n i c a t i o n Utilisation des implants d’or chez les carnivores domestiques par Francese Minguell Martin Clínica Veterinaria Ca n´Oriac y Centre Veterinari Aura, Sabadell, Barcelona, España, www.sabavet.com, [email protected] et Xavier Ribot Vétérinaire en chef, Service de santé des armées, Régiment de cavalerie de la Garde républicaine, Quartier des Célestins, 18 boulevard Henri IV, 75181 Paris Cedex 04 RÉSUMÉ Plusieurs études scientifiques ont montré les effets de l’or administré par voie orale ou par voie locale. L’indication la plus fréquente de l’emploi des implants d’or est représentée par le traitement d’articulations douloureuses lors d’arthrose avancée. Cependant, il ne faut pas oublier leur grand intérêt que ce soit à titre préventif ou à titre curatif dans des indications aussi variées que la dysplasie de la hanche chez le chiot, le syndrome de la queue de cheval, les malformations vertébrales (syndrome de Wobbler, hémivertèbre), les stomatites chroniques félines, les incontinences urinaires et fécales et l’épilepsie. Cet article a pour but de faire le point sur l’emploi des implants d’or en clinique des carnivores domestiques avec un recul de 8 années. Les indications courantes et les résultats sont décrits. Cette technique peu agressive peut être à l’origine de résultats satisfaisants et doit donc constituer une alternative thérapeutique pour le praticien. Mots-clés implants d’or - arthrose - acupuncture canine B u l l . S o c . V é t . P r a t . d e F r a n c e , j a n v i e r / f é v r i e r / m a r s 2 0 0 9 , T. 9 3 , n o 1 25 Aspect historique de l’utilisation de l’or en médecine vétérinaire pas d’effets secondaires néfastes. Sous sa forme pure à 24 carats, il est très stable et agit comme un excellent conducteur électrique. ’utilisation de l’or dans la médecine traditionnelle orientale (MTO), particulièrement en acupuncture est une pratique très ancienne. On a pu montré l’usage d’aiguilles en or pour la stimulation mais aussi l’insertion de filaments ou de petites boules d’or au niveau des points d’acupuncture. L’histoire moderne de l’insertion d’implants d’or dans les points d’acupuncture débute avec un vétérinaire, Grady Young qui en 1970 aux USA commence à traiter avec cette technique quelques cas d’épilepsie canine et des maladies chroniques douloureuses du chien. Il place les implants d’or au niveau des points d’acupuncture du cou et de la tête. En 1975, un autre vétérinaire, Terry Durkes également aux USA, se met à utiliser les implants d’or pour traiter des affections dégénératives du système musculo-squelettique (4). C’est à partir de cette époque que la technique est introduite en Europe par Kothbauer, Klitsgaard, Ben-Yakir (1), Kasper (11), Thoresen (17) . La technique se vulgarise alors et fait l’objet de plusieurs communications lors de congrès vétérinaires (4, 11, 17). Dans le même temps des publications paraissent sur les effets des implants d’or dans le traitement de la dysplasie de la hanche chez le chien (11, 15, 17). C’est également à cette époque que sont publiés les premiers travaux scientifiques et les études expérimentales faisant référence à des groupes contrôles validant la technique ainsi que la durabilité des effets des implants d’or chez le chien (7, 9). En médecine humaine, il semble que le pionnier dans l’utilisation des implants d’or, sur des cas de maladie de Legg-Perthes-Calvé, soit Primar Helmut Liertzer en 1988. Récemment, des médecins ont publié des essais cliniques et présenté des résultats lors de congrès internationaux sur les effets des implants d’or dans le traitement de l’arthrose au niveau de la hanche, du genou, du coude et des vertèbres chez l’homme (12, 13). Plusieurs études scientifiques ont montré l’intérêt des sels d’or administrés par voie orale dans le traitement de l’arthrite rhumatoïde : Mangalam et al. en 2001 (10) pour l’aurothiomalate de sodium qui est classiquement administré par voie intramusculaire (Myochrisine ND) et plus récemment l’usage de l’auranofin. L Bases théoriques et scientifiques de l’utilisation médicale de l’or L’or est un métal non réactif avec le corps, il ne présente pas de problème de rejet et ne provoque 26 D’autres travaux ont montré les effets de l’or administré par voie locale. – « Les ions d’or provoquent une inhibition des enzymes lysosomiales des phagocytes du tissu synovial inflammé » (Persillin et Ziff, 1966). – « Les ions d’or sont de puissants inhibiteurs des macrophages et des leucocytes polynucléaires » (Vernon-Roberts, 1979 ; Fleming et al., 1996 ; Hostyunek, 1997). – « Les ions d’or suppriment l’inflammation dans les articulations rhumatisantes » (Empire Rheumatism Council, 1961 ; American Rheumatism Association, 1973). – « Les ions d’or inhibent le processus antigénique et suppriment l’activité de NF-kappa B et l’activation de la I-kappa B kinase ce qui conduit à une production réduite de cytokines inflammatoires » (Yang et al., 1995 ; Traber et al., 1999 ; Yoshida et al., 1999). – « Libération in vivo d’ions d’or à partir d’implants d’or. Tracé autométallographique de l’or dans les cellules adjacentes à l’or métallique » (Gorm Danscher, 2002), certainement le plus important d’entre eux (3). La technique des implants d’or (Gold Bead Implants, GBI) qui consiste à injecter des petits morceaux d’or au niveau des points d’acupuncture va donc permettre une stimulation constante du point d’acupuncture. Les implants d’or provoquent 2 types d’effet : – le premier est la stimulation même du point d’acupuncture (effet au niveau local avec libération de neurotransmetteurs et d’inhibiteurs de l’inflammation qui réduisent la douleur). Quelques études sur les GBI ont été réalisées sans prendre en compte la localisation exacte des points d’acupuncture, les auteurs ont alors remarqué une efficacité moindre (2) ; – le second effet est dû à l’action locale des ions d’or (3). A ce jour, il y a deux types d’explications données sur le rôle que jouent les GBI au niveau des articulations douloureuses : – elles sont le siège d’une alcalose localisée et d’une augmentation des charges électriques Figure 1 – Mise en place des implants d’or. négatives (17). A un degré d’alcalose et de charges électriques négatives plus important correspond une intensité de douleur plus forte. Le métabolisme des animaux affectés s’adapte à cette augmentation progressive des charges électriques négatives en élevant la concentration en cations Na+, Ca2+, H+. Les ions Ca2+ jouent le rôle le plus important. Ceci est retrouvé sur les radiographies avec la formation d’ostéophytes et de calcifications diverses sur les articulations atteintes. Les GBI émettent des charges électriques positives qui vont neutraliser les charges négatives de l’articulation d’où une diminution de la douleur et une prévention des changements supplémentaires que peut subir une articulation atteinte d’arthrose. L’or va donc réduire la douleur et entrer en compétition avec le calcium pour prévenir la formation de calcifications articulaires. Chez certains chiens, il est même possible d’observer une décalcification des articulations affectées par l’arthrose (diminution des ostéophytes) après un traitement de 6 à 12 mois par des implants d’or (4). L’utilisation des GBI quand la zone atteinte est chargée positivement ou est en acidose va faire empirer les lésions. C’est pourquoi il ne faut jamais utiliser les GBI dans les processus cancéreux et dans les ostéomyélites ; – les GBI provoquent une réaction du système immunitaire qui engendre la libération d’ions or (3) lesquels vont envahir les macrophages, mastocytes et fibroblastes. Ces ions or exercent une inhibition de l’inflammation soit en s’unissant directement à des peptides ou des protéines soit en se transformant auparavant en ions aurocyanide avec un effet anti-inflammatoire démontré (6). Aspects cliniques de l’utilisation des implants d’or en médecine vétérinaire La taille des implants varie entre celle d’une tête d’épingle et celle d’une pièce de 1 à 2 millimètres de diamètre. Le métal utilisé est un fil d’or de 24 carats ; c’est la seule forme qui ne produit pas de rejet. Il est également possible d’employer des petites boulettes magnétiques baignées dans de l’or (implants de Magraine). Selon les points d’acupuncture utilisés, les implants d’or sont placés en région sous-cutanée ou musculaire après sédation des animaux. La mise en place des implants d’or est un acte chirurgical, ce qui impose d’une part le respect des règles de l’asepsie lors de la préparation du site (tonte, rasage, désinfection) et d’autre part des conditions de stérilité parfaite pour tout le matériel (cf. figure 1). Les traitements et leurs indications suivent les principes de la MTO selon lesquels le clinicien ne traite pas des affections mais des individus. Ainsi une même affection peut se traiter de façon différente chez deux individus distincts. Cette approche engendre des difficultés importantes pour réaliser des études objectives (17). La principale indication de la technique des implants d’or est représentée par la prise en charge des articulations douloureuses qui sont le siège de processus d’arthrose évoluée. Cependant, il ne faut pas oublier l’intérêt de cette technique pour d’autres indications qui peuvent concerner aussi bien des traitements préventifs que palliatifs. Il est possible de citer les indications suivantes : – prévention de la dysplasie de la hanche chez le chiot, l’acupuncture et les implants d’or utilisés durant la phase de croissance vont permettre 27 des chiens traités appartiennent à des races de grande taille et leur âge s’échelonne entre 4 mois et 15 ans. La taille du chien n’est pas un facteur déterminant dans le succès thérapeutique obtenu avec cette technique à la différence de l’âge (4, 11). Prévention de la dysplasie chez le chiot Figure 2 – Cas n° 1 - Dysplasie de la hanche chez un chiot berger allemand de six mois. Insertion des implants d´or bilatérale au point F3 (entre métatarse II et III) à l’âge de 6 mois et résultat 180 jours après à l’âge de 12 mois. d’éviter un développement anormal de la hanche (4, 15, 17) ; – prévention de la coxarthrose chez le chien adulte présentant une dysplasie de la hanche (4, 17) ; – traitement de lésions vertébrales (hémivertèbres chez les Bulldogs (15), du syndrome de la queue de cheval (15), des affections des disques intervertébraux, de l’instabilité des cervicales (Wobbler)), des affections nerveuses (certains types de paralysie (1), myélopathies dégénératives (1), de l’épilepsie (5)) des stomatites chroniques félines (1) de l’incontinence fécale ou urinaire (1) et des affections propres à la croissance et au développement des chiots (ostéochondrose, panostéite, ostéodystrophie hypertrophique). Les cas traités le plus fréquemment en clinique canine sont représentés par l’arthrose sur les articulations des membres (hanche, coude, grasset) ou sur les vertèbres, le syndrome de la queue de cheval et les hémivertèbres chez le Bulldog. Dysplasie de la hanche (DC) Cette affection représente 50 % de nos indications de traitement à l’aide d’implants d’or. La plupart 28 Il faut prendre en compte le fait que la dysplasie n’est pas au départ une affection articulaire mais dans un premier temps une altération musculotendineuse comme chez l’homme. Elle débute par un affaiblissement ou une laxité des tendons et muscles se trouvant autour de l’articulation ce qui provoque une subluxation et un développement anormal de la hanche. L’articulation coxofémorale ne se développe donc pas normalement s’il n’y a pas congruence entre la tête fémorale et l’acétabulum (16). Le diagnostic précoce est fondamental et les meilleurs résultats de traitement s’obtiennent quand les processus dégénératifs de l’articulation ne sont pas déjà entamés. Le traitement avec les GBI permet de redonner aux muscles et tendons périarticulaires un tonus suffisant pour maintenir la congruence entre les surfaces articulaires de la hanche et éviter la subluxation qui va déclencher la dysplasie. C’est ainsi qu’il est possible de prévenir la survenue des processus dégénératifs de l’articulation. Par conséquence, les chiens chez lesquels est dépistée une prédisposition à la DC lors d’un diagnostic précoce (5 à 6 mois) vont pouvoir être traités efficacement et parvenir à la fin de leur croissance sans développer de lésion de DC (4, 15, 17) (cf. figure 2). Traitement de la dysplasie chez le chien adulte Lorsque l’articulation de la hanche est déjà le siège d’un processus dégénératif, le traitement par acupuncture et GBI a pour but d’une part de soulager la douleur et d’autre part de rendre aux muscles, tendons et ligaments de la région leur volume et tonus normaux. Une fois ces deux objectifs atteints, il est possible de stabiliser l’état de l’articulation et dans la plupart des cas d’améliorer son fonctionnement. L’objectif du traitement est donc de ralentir le processus d’arthrose voire d’arrêter son évolution. Les chiens sont le plus souvent traités de façon bilatérale même si une seule des deux hanches semble affectée car il faut rappeler que le but du trai- Figure 3 – Cas n° 2 - Implantation de GBI aux points locaux de la hanche (29-30VB, 54V) et au point distal sur les métatarses (F3) chez un Labrador de deux ans. tement est d’assurer un équilibre de l’individu et pas seulement de traiter la maladie. Les hanches qui ont subi une intervention chirurgicale (prothèse fémorale, exérèse de la tête fémorale, triple ostéotomie) peuvent également être traitées avec des GBI à condition qu’il n’y ait aucun processus infectieux sous-jacent en particulier une ostéomyélite (cf. figure 3). Arthrose du grasset Cette affection répond bien au traitement par les GBI. Cependant, il faut rappeler qu’il est rare de la rencontrer isolément car elle est souvent la conséquence d’une rupture du ligament croisé antérieur. Le traitement par les implants d’or n’est, bien sûr, envisageable que sur une articulation stabilisée. Dans cette indication, les GBI sont placés sur les faces latérale et médiale du genou (cf. figure 4). Arthrose du coude L’arthrose du coude peut avoir diverses origines mais sa principale cause reste la dysplasie du coude quelle que soit sa forme. Son incidence est élevée chez le Labrador. Dans les cas où les lésions sont débutantes, sans grande difficulté ni limite pour les mouvements de flexion-extension du coude, le traitement par les GBI donnent de bons Figure 4 – Cas n° 3 - Chienne guide d’aveugle présentant une arthrose évoluée du grasset après une plastie du LCA. Implantation de GBI au niveau du grasset permettant à l’animal de travailler durant plus de trois ans sans prise d’AINS (aucune consultation pour boiterie ou douleur durant ces trois années). 29 par les GBI peut être initié en plaçant les implants en région sous-cutanée (absence de masse musculaire conséquente dans la zone) au niveau des points d’acupuncture sur les faces latérale et médiale du coude (cf. figure 5). Spondylarthrose Figure 5 – Cas n° 4 - Chien labrador de 5 ans avec arthrose grave du coude provoquant une boiterie marquée et une flexion de l’articulation limitée à 40°. Deux années après l’implantation des GBI, reprise normale de toutes les activités sans douleur apparente. C’est la deuxième maladie que nous traitons le plus couramment avec des GBI. Cette affection touche les chats et les chiens mais plus particulièrement les chiens de grande taille. Une incidence élevée est observée chez les chiens de race boxer, labrador, golden-retriever et berger allemand. Environ 30 % des chiens qui présentent une arthrose coxofémorale sont également atteints d’une spondylarthrose. Chez les chiens qui développent une spondylarthrose (présence de becs de perroquet à l’examen radiographique) de façon précoce vers l’âge de 3 à 4 ans, il a été constaté dans plus de 80 % des cas la coexistence d’intolérances alimentaires avec augmentation des IgE ou des IgG. Ce constat fait en clinique ne relève peut être que de la simple coïncidence car actuellement il n’y a aucune interprétation scientifique possible à fournir. Dans ces cas, le traitement de choix est représenté par l’implantation des GBI dans les points d’acupuncture du « méridien vessie » (au niveau des apophyses transverses) ou dans les points Huatuo (entre les apophyses transverses et dorsales) les plus proches des lésions (cf. figure 6). Syndrome de la queue de cheval Figure 6 – Cas n° 5 - Golden-retriever de 8 ans présentant une spondylarthrose lombaire évoluée avec difficulté à la marche et multiples épisodes de douleur. Trois ans après implantation de GBI, l’animal n’a présenté aucun épisode douloureux. résultats. En revanche, lorsque l’articulation présente une ankylose marquée avec une flexion inférieure à 45° et une douleur élevée, il faut mettre en place de façon préalable un traitement de chélation locale avec l’EDTA (2) jusqu’à obtenir une flexion avoisinant les 90°. Ensuite le traitement 30 Appelé également sténose dégénérative lombosacrée ou syndrome lombosacré, cette affection peut se présenter comme un ensemble de sténose vertébrale primaire d’ostéochondrose sacrée et de segments de transition lombosacrés (16). Cette affection est retrouvée chez environ un tiers des chiens qui ont une dysplasie de la hanche, c’est pourquoi elle a tendance à être sous-diagnostiquée au moins dans ces cas-là. La difficulté du diagnostic tient également au fait que de nombreux animaux atteints ont une ou plusieurs de ces lésions qui sont à un stade d’expression subclinique. Le schéma physiopathologique repose sur la modification du disque intervertébral qui subissant une accumulation de pression va réagir en formant un tissu fibreux et rigide. Il s’ensuit une perte d’élasticité du disque qui va aboutir à la formation d’une hernie discale. Ceci va entraîner une réaction périphérique sur le tissu osseux, les ligaments et la capsule articulaire qui vont s’hypertrophier et, avec le disque hernié, venir comprimer des racines nerveuses. Cette compression nerveuse va engendrer la douleur et les signes neurologiques. L’implantation des GBI au niveau des points locaux (28V et Bai hui) constitue une alternative intéressante à la prescription au long cours d’antiinflammatoires et à la décompression chirurgicale par laminectomie. Bien évidemment, les meilleurs résultats sont obtenus sur les cas cliniques ayant bénéficié d’un diagnostic précoce avec des lésions neurologiques mineures (cf. figure 7). Résultats Suite à l’implantation de GBI, l’amélioration clinique apparaît au bout de quelques jours dans certains cas mais chez une part importante des animaux, il faut attendre jusqu’à 2 semaines pour observer les effets antalgiques. Parfois, il est même possible d’observer une augmentation des symptômes cliniques pendant les quinze jours suivant l’implantation des GBI puis ensuite l’amélioration clinique survient de façon systématique. Tous les cas cliniques sont revus à 30 jours puis à 90 jours pour analyser l’évolution complète des symptômes. Il a été possible de constater que les effets maximaux attendus dans chaque cas sont obtenus 3 mois après la mise en place des implants d’or. L’effet dure le plus souvent pendant plus de deux ans (9, 10). Cependant, dans certains cas, l’évolution des lésions impose de placer de nouveaux implants. Aucune aggravation des symptômes cliniques n’a été observée à long terme après implantation des GBI, de même aucun cas de rejet n’a été constaté. Figure 7 – Cas n° 6 - Labrador de 9 ans présentant un syndrome de la queue de cheval associé à une dysplasie de la hanche, traité par implantation de GBI au niveau de la hanche et des points locaux lombosacrés (28V et Bai Hui). Conclusion L’implantation des GBI est une alternative thérapeutique simple à mettre en œuvre (anesthésie de courte durée ou analgésie-sédation), peu traumatique (post-opératoire court), sans aucun effet secondaire. Son coût reste modique par rapport à celui d’une chirurgie orthopédique. Les indications sont multiples lors de lésions d’arthrose de l’appareil locomoteur et lors d’affections neurologiques. Les propriétaires l’acceptent facilement car les animaux récupèrent rapidement. Une expérience de 8 années portant sur 300 cas (50 en 2007, 62 en 2008), associée aux travaux et résultats cliniques publiés par plusieurs confrères permettent de penser que la technique des implants d’or est un traitement plein d’avenir. Cette technique a manifestement une place à tenir dans l’arsenal thérapeutique à la disposition des praticiens. Il faut rappeler les deux contre-indications formelles à l’emploi des GBI que sont l’infection (ostéomyélite en particulier) et les processus tumoraux quelle que soit leur nature. 쮿 Nous adressons nos remerciements à Amélie Ribot pour la traduction française du manuscrit original rédigé en espagnol. 31 Références bibliographiques 1. Ben-Yakir Sagiv - Proceedings of The Second Academic Conference of Asian Society of Traditional Veterinary Medicine. National Taiwan University, Taipei, Taiwan, Agosto 2008, pág 44-45, Proceedings of The 34th Annual International Congress on Veterinary Acupuncture, September 2008, Colorado, USA for IVAS, pp. 193194. 2. Castel Hervé - Association Internationale d’Hydrotomie Percutanée. www.hydrotomiepercutanee.com 3. Danscher Gorm - In vivo liberation of gold ions of gold implants. Autometallographic tracing of gold in cells adjacent to metallic gold. Histochem Cell. Biol., 2002, 117, 447-452. 4. Durkes Terry - DVM, Marion, Indiana, USA. 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La Société vétérinaire pratique de France Elle a pour but l’étude des questions intéressant les vétérinaires et leur culture du point de vue scientifique, technique et sous l’angle de la pratique. Tout docteur vétérinaire, après avoir rempli et adressé un bulletin d’adhésion, peut en devenir membre. Elle est administrée par un bureau élu par l’assemblée générale qui se tient lors de la première séance annuelle. Les réunions ont lieu, en principe quatre fois par an, à 14 heures 30, à la Maison des Vétérinaires, selon un calendrier communiqué en début d’année. Certaines séances peuvent être tenues hors de Paris. Elles permettent des communications et des réflexions confraternelles à vocation essentiellement pratique. Les réunions sont ouvertes à tous, qu’ils soient praticiens généralistes, spécialistes, enseignants, universitaires, chercheurs, biologistes, agents de la fonction publique, thésards, élèves des Ecoles nationales vétérinaires, auxiliaires vétérinaires, techniciens des Directions des services vétérinaires, techniciens de laboratoire. La participation des membres aux séances peut se manifester soit par la présentation orale et résumée d’une communication écrite, soit par la discussion des sujets traités. Le compte rendu des séances, des nouvelles de la Société ainsi que de la profession est édité dans les meilleurs délais dans un bulletin trimestriel dont l’abonnement est annuel. Il est renouvelé d’année en année par tacite reconduction sauf résiliation au plus tard fin janvier de l’année en cours. L’actualité vous inspire des réflexions, vous souhaitez partager avec la communauté vétérinaire des observations, des solutions originales de votre pratique quotidienne : les pages du bulletin de la Société vétérinaire pratique de France vous sont ouvertes. Ainsi, peuvent être publiées des communications, des notes brèves, des mises au point, des analyses ou synthèses bibliographiques. Des recommandations aux auteurs donnent des indications simples et utiles. N’hésitez donc pas, renseignez-vous, venez nous rejoindre. Tous les deux ans, les cinquantenaires professionnels des membres de la Société sont célébrés lors d’une séance solennelle, au cours de laquelle sont aussi remis les prix attribués aux auteurs des publications les plus remarquées des deux dernières années notamment en parasitologie, aux vétérinaires praticiens et à tous membres de la Société. Point de contact : Michel Bernadac, secrétaire général 10, place Léon Blum, 75011 Paris Téléphone : 06 36 19 64 57 E-mail : [email protected]