Rapport de synthèse BMN_EPS agro

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Rapport de synthèse BMN_EPS agro
ÉTUDE DE POSITIONNEMENT STRATÉGIQUE DU SECTEUR
AGROALIMENTAIRE AU CAMEROUN
RAPPORT DE SYNTHÈSE
Introduction
Le secteur agroalimentaire regroupe en amont les activités de transformation des
matières premières agricoles en produits alimentaires intermédiaires ou finis, comestibles
par les humains ou les animaux et en aval par les activités de transformation ou
d’assemblage de produits intermédiaires. Le secteur est segmenté en filières à l’intérieur
desquelles on retrouve des entreprises de taille différente allant de l’artisanat aux
entreprises du secteur moderne en passant par les petites et moyennes entreprises.
Au Cameroun, le secteur des industries agro-alimentaires est délimitée par la nomenclature
des produits du Cameroun et la nomenclature d’activités du Cameroun élaborées par
L’Institut National de la Statistique, ce, à partir de la nomenclature harmonisée des
produits des États membres d’AFRISTAT. Les industries y sont regroupées en huit
branches à savoir l’industrie de la viande et du poisson, le travail des grains et fabrication
des produits amylacés, l’industrie du cacao, du café, du thé et du sucre, l’industrie des
oléagineux et d’aliments pour animaux, la fabrication de produits à base de céréales,
l’industrie du lait, des fruits et légumes et des autres produits alimentaires, l’industrie de
boissons et l’industrie du tabac.
L’objectif poursuivi par l’étude était de réaliser le positionnement stratégique des
entreprises agroalimentaires en rendant disponible une masse d’informations exhaustives
et pertinentes sur l’environnement institutionnel, le marché, la demande, l’offre, dans les
branches étudiées. Cette étude permettra de renforcer la compétitivité de l’économie
camerounaise à travers l'amélioration de la productivité et la progression qualitative des
entreprises camerounaises, en vue de la valorisation des avantages comparatifs des filières
compétitives sur les marchés d’exportation (régionaux et internationaux) et du
développement des entreprises nationales sur le marché intérieur.
L'étude s'est appuyée sur une recherche approfondie de la documentation et une enquête
empirique auprès d'un échantillon d'entreprises de l'ensemble des unités agroalimentaires.
Cette enquête a, en outre, été complétée par des interviews auprès de certaines
structures institutionnelles et de recherche.
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Aperçu général sur l’agro-industrie au Cameroun
Le PIB du pays est en nette progression au cours de ces dernières années. Le taux de
croissance est passé de 1,9% en 2009 à 5,9% en 2014. Le secteur secondaire (y compris les
agro-industries) a contribué pour 1,6 point à la croissance du PIB en 2014 contre 1,3% en
2013. Au cours de la période de référence, la valeur de la production des industries
agroalimentaires s’est élevée à 2 063 milliards de F CFA pour une valeur ajoutée évaluée à
846 milliards contre 1 979 milliards de production et 811 milliards de valeur ajoutée en
2012. Entre 2012 et 2013, le niveau des emplois dans l’agro-industrie a augmenté de 5%
passant ainsi de 933 616 effectifs employés à 980 067.
Les importations des produits agroalimentaires du Cameroun se chiffrent à 665,0 milliards
de FCFA en 2012 et à 753,9 milliards de FCFA en 2013 et constituent respectivement
20,0% et 23,0% des dépenses d’importation en 2012 et 2013. Elles ont plus que triplé par
rapport à l’année 2003 (après une décennie) où elles s’élevaient à 219,5 milliards de FCFA
Quant aux exportations, les recettes s’élèvent respectivement à 369,4 milliards en 2013
et 373,1 milliards en 2012 et représentent en moyenne 17% des recettes d’exportations du
Cameroun entre 2012 et 2013.
Cette ouverture au commerce international met en exergue un certain nombre d’exigences
dont la qualité qui se trouve être l’une des clés de compétitivité sur le marché des produits
agroalimentaires aujourd’hui. Il importe de ce fait pour les entreprises de bien
appréhender le cadre institutionnel régissant la qualité autant sur le plan international
(accord SPS et normes privées) que sur le plan national (CNCOSAC et ANOR).
En effet, selon les données de l’enquête
menée sur le terrain, les industries
agroalimentaires tardent à prendre conscience de la nécessité d’une adaptation des
processus de production et de gestion de l’entreprise aux normes reconnues à l’échelle
internationale.
Analyse diagnostique des branches
Cette analyse intègre les éléments de la documentation existante, les conclusions des
discussions avec des personnes ressources, les opinions des chefs d’entreprises sur les
questions de compétitivité, les analyses SWOT et les analyses benchmarking.
Il ressort globalement par branche les différents constats suivants :
Industrie de la viande et du poisson : (1) le déficit structurel de la production nationale
en produits carnés par rapport à la demande, (2) le faible développement du maillon de la
transformation, (3) la forte dépendance des importations pour les produits halieutiques
frais et l’ensemble des produits carnés transformés.
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Industrie des fruits et légumes et des autres produits alimentaires ::(1) un important
potentiel de compétitivité des produits frais à l’exportation, (2) le faible développement
du maillon de la transformation, (3) la faible capacité des entreprises à s’adapter à
l’évolution du marché local et régional des produits frais, (4) le poids dominant du secteur
informel sur la distribution des produits frais sur le marché local et régional.
Industrie du lait : (1) la position dominante de la multinationale NESTLE sur produits
laitiers de longue conservation (lait en poudre et lait concentré), (2) la concentration des
PME sur la production des produits frais, (3) la forte concurrence sur le segment des
produits frais qui pousse les entreprises à l’innovation et au renforcement de la logistique
distribution pour maintenir leur part de marché.
Travail des grains et fabrication des produits amylacés : (1) le déficit structurel de la
production nationale en produits céréaliers par rapport à la demande, (2) le faible
développement du maillon de la transformation, (3) la forte dépendance des importations
pour satisfaire les besoins des industriels et les besoins en consommation directe des
ménages.
Industrie du cacao, café, thé et sucre :(1) le faible niveau de transformation locale
surtout en ce qui concerne le cacao ; (2) faible articulation entre la recherche, la
formation et l’industrie ; (3) difficulté à s’adapter aux normes en vigueur sur le marché
international (faible niveau de certification des entreprises aux référentiels standards) ;
(4) Les difficultés de mobilisation des crédits pour les investissements par les PME de la
branche.
Industrie des oléagineux et d’aliments pour animaux :(1) des segments de marché à
développer et/ou insuffisamment investis par les entreprises nationales ; (2) un déficit
de production pour satisfaire la demande croissante du marché local et régional notamment
pour des produits tels que l’huile brute de palme et huiles raffinées et du savon de
ménage ; (3) la forte dépendance des importations notamment l’aliment pour bétail.
Industrie de boissons : (i) la forte dominance du secteur de la production par les grandes
entreprises et les multinationales (bière et boissons gazeuses) ; (ii) un important tissu de
PME qui offrent des produits assez compétitifs par rapport aux importations ; (iii) un
volume important et croissant des importations sur les liqueurs et les vins et (iv) la faible
intégration de la branche à la production agricole.
Suite à une faible progression des exportations et du fait des importations massives de
produits alimentaires et des produits intermédiaires ou finis, la balance commerciale du
Cameroun est structurellement déficitaire, avec un déficit qui va en s’aggravant. Les
exportations sont concentrées sur un petit nombre de produits bruts dominés par le cacao,
la café, la banane, les partenaires commerciaux sont peu diversifiés avec en tête l’Union
Européenne et les parts de marché du Cameroun dans le commerce mondial restent
marginales.
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Positionnement stratégique des branches et axes d’interventions
De l’analyse diagnostique des différentes branches et de l’analyse benchmarking, il ressort
que le Cameroun présente des forces et des faiblesses, des opportunités et des menaces
dans toutes les branches des industries agroalimentaires. Des différents constats et des
recommandations formulées, le positionnement stratégique branche par branche est
décliné dans le rapport de l’étude. Les principaux avantages comparatifs portent sur :
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Demande nationale et régionale supérieure à l’offre ;
Rationnement des importations de certains produits ;
Position géographique en zone tropicale favorable à la culture ;
Existence de vastes étendues de terres propices au développement de l’agriculture ;
Marché de proximité peu exigeant sur les normes de qualité sanitaire des aliments ;
Demande en forte progression avec la croissance démographique et la forte
urbanisation ;
Disponibilité locale potentielle de tout ou partie des matières premières.
Les recommandations des axes d’intervention formulées ont pour ambition, au regard des
constats qui découlent du diagnostic et du benchmarking des branches, de :
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Proposer des solutions innovantes à l’effet de lever les contraintes essentielles de
l’environnement et permettre aux entreprises d’améliorer leurs performances et
renforcer leurs positions sur le marché;
Positionner les entreprises sur les segments de marché où elles ont de réels
avantages concurrentiels et jouissent des facteurs favorables de différenciation ;
Consolider le potentiel à l’exportation des filières porteuses (café, cacao, fruits et
légumes) ;
Réduire la pression des importations en améliorant la compétitivité de l’offre des
entreprises locales ;
Trouver des sources alternatives locales aux importations à l’effet de réduire la
détérioration de la balance commerciale des produits alimentaires.
Les actions proposées d’un coût global de 979 millions de FCFA sont regroupées en deux
catégories : (1) d’une part les interventions de portée transversale susceptibles d’avoir de
l’impact sur l’ensemble du secteur agroalimentaire du Cameroun (181 millions de FCFA),
(2) et d’autre part les actions spécifiques pour chaque branche (898 millions de FCFA).
Ces propositions concernent les appuis à apporter au niveau macro et méso (cadre
institutionnel) et au niveau micro (appuis directs aux entreprises).
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