© Quentin Gibaud Bernard - 2013 Séance 7 Lecture analytique d`un
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© Quentin Gibaud Bernard - 2013 Séance 7 Lecture analytique d`un
Séance 7 Lecture analytique d’un extrait d’Un Cœur Simple Support : Extrait du chapitre II, Un Cœur Simple, Gustave Flaubert Objectif : Préparer le commentaire littéraire Présentation de l’œuvre : Un Cœur Simple est une nouvelle de Flaubert, publiée dans son unique recueil de nouvelles, Trois Contes, dernière œuvre de Flaubert. Nouvelle d’une soixantaine de pages structurée comme un roman en cinq chapitres. Un Cœur Simple se déroule en Basse-Normandie, près de Toucques, et raconte l’histoire d’une fille d’ouvrier, Félicité. Elle se retrouve seule à la mort de ses parents et devient fille de ferme car elle doit subvenir seule à ses besoins. A la suite d’une déception amoureuse, elle part pour Pont l’Evêque et elle n’en bougera plus jusqu’à sa mort. Elle y travaillera comme domestique de madame Aubain, veuve et mère de deux enfants. A la fin de sa vie, elle se prend de passion avec un perroquet qui, avec la religion, constituera sa seule passion. Première phrase du chapitre II : « Elle avait eu, comme une autre, son histoire d’amour ». Réfléchir à cette phrase et faire des hypothèses en observant le temps… A quelle histoire peuton s’attendre avec une telle ouverture de chapitre ? Le plus-que-parfait est le temps d’évocation de l’histoire d’amour. Comme tous les temps du passé, le plus-que-parfait a une valeur d’accompli. Au moment même où le second chapitre commence, l’histoire d’amour est déjà connue comme malheureuse. Il se démarque du conte, dans lequel le mariage est toujours l’aboutissement du récit : « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Ce qu’elle a vécu est d’une grande banalité, la plus effrayante (« comme une autre »). Suggestion par cette expression que cette histoire aurait pu être vécue par Félicité comme une autre aurait pu la vivre. « Son histoire » : - Elle n’en a eu qu’une seule mais elle était malheureuse - L’amour qu’elle portait à Théodore n’était probablement pas réciproque L’emploi du pronom « elle » renforce la banalité de son histoire d’amour Mes impressions de lecture : I- L’histoire racontée est malheureuse, elle finit par une rupture. Théodore donne une impression de lâcheté : il n’annonce pas la rupture à Félicité directement Théodore est menteur Définition du commentaire littéraire Un commentaire littéraire est un travail écrit (un des travaux d’écriture /16, épreuve qui s’accomplit en 2h45) qui consiste en un examen approfondi et personnel d’un texte littéraire afin d’en donner une interprétation personnelle, mais surtout sensible et convaincante, donc argumentée. Un commentaire est construit en deux ou trois parties, aussi appelées axes de lecture, qui répondront chacune, partiellement à une question (= problématique ou projet de lecture) élaborée dans l’introduction. La problématique est une question élaborée après avoir recueilli ses premières impressions de lecture et après avoir examiné attentivement le texte. Il y a trois risques majeurs à éviter dans le commentaire : Contresens : c’est une mauvaise interprétation d’un mot ou d’une expression du texte Paraphrase : c’est un résumé insipide du texte ou d’un passage. Celui qui compose se cache derrière le texte. Extrapolation : c’est une exagération du sens à donner à une expression. C’est un « délire interprétatif ». / ! \ Un commentaire ne doit pas être écrit à la 1ère personne. Le « je » est interdit. © Quentin Gibaud Bernard - 2013 II- Mes impressions de lecture Il faut systématiquement se demander à tout texte littéraire, ce qui en fait l’originalité, ce en quoi il est unique. Quel est le point de vue du narrateur ? Les deux thèmes à recueillir sont : Les personnages : que peut-on en dire ? (impressions…) La manière dont l’histoire est racontée 1. Les personnages Théodore est un homme riche qui a employé quelqu’un à sa place pour exécuter son service militaire. Il est lâche et utilise un de ses amis pour annoncer la rupture. Félicité est une femme malheureuse, suit à la rupture, elle est attristée et elle pleure, seule. Le personnage de Théodore est antipathique. Il est trompeur et manipulateur. Théodore est également lâche car il envoie un de ses amis annoncer sa rupture avec Félicité. Il est également égoïste et intéressé par l’argent, ce pourquoi il se marie, et il fait des promesses à Félicité pour satisfaire son « appétit sexuel ». Félicité est naïve (Théodore est son « amoureux », elle interprète mal la « couardise » de Théodore). Malgré cela, elle n’est pas stupide et a une forme d’intelligence, car elle hésite à croire la demande de Théodore. Son intelligence est quand même animale : « instruite par les animaux », « instinct de l’honneur ». On constate qu’il y a une inversion des rôles : les deux personnages sont opposés. 2. Le rythme du récit L’épisode amoureux est raconté très rapidement : en 28 lignes, on raconte leur histoire de la rencontre à la rupture. Ces 28 lignes sont composées de 9 paragraphes. Les rencontres sont racontées à l’imparfait itératif (= imparfait d’habitude) dans le troisième paragraphe. La fin est brutale. Les phrases sont courtes et il n’y a pas de suspens. On a l’impression qu’il n’y a pas de surprise. Il n’y a pas non plus de dialogue. PROBLEMATIQUE : Comment s’affirme dans ce texte le pessimisme de l’écrivain réaliste au sujet de l’amour ? Il faut ensuite construire un plan qui réponde à cette question. I- Titre (Groupe Nominal enrichi ou phrase courte) 1. Sous partie 1 2. Sous partie 2 3. (Sous partie 3) IITitre (Groupe Nominal ou phrase courte) 1. Sous partie 1 2. Sous partie 2 3. (Sous partie 3) / ! \ Lors de la rédaction, les titres disparaissent. III- Un récit rapide L’opposition des personnages © Quentin Gibaud Bernard - 2013 Outils d’analyse, procédés stylistiques, lexicaux et grammaticaux Relevés « chirurgicaux » Analyse et interprétation « Elle (…) l’ombre » (l.4) Le narrateur ne s’attarde pas sur « Elle (…) croire » (l.10) Phrases courtes et simples chaque étape de son récit. Il y a « Ce fut un chagrin désordonné » (l.24) peu de développement. « Le vent était mou » (l.1) Champ lexical de la lenteur « Les étoiles brillaient » (l.1) + Cadre de l’action propice à « Le foin oscillait devant eux » (l.1) lieu commun de la l’amour, qui s’avèrera décevant « entre 11h et minuit » (l.18) rencontre amoureuse « elle s’échappait la nuit » (l.15) « il annonça qu’il irait lui-même » Les paroles ne sont pas Verbes de parole au passé « il proposa de l’épouser » développées, il n’y a pas de simple qui introduisent du « il fit de grands serments » discours direct. Cela donne une discours indirect (discours « il lui apprit qu’elle ne devait plus le revoir » impression de banalité, comme si narrativisé) « elle déclara son intention d’en partir » c’était convenu. « Couardise » « A sa place, elle trouva un de ses amis » Théodore est lâche, il passe sa vie Champ lexical de la lâcheté « Ses parents (…) acheté un homme » à se faire remplacer. « L’idée de servir l’effrayait » « la semaine suivante » Compléments « bientôt » circonstanciels de temps Rapidité du récit. « dimanche prochain » + Sommaire (résumé de l’action) « au bout du mois » + « se rencontraient » Indices temporels « [sa tendresse] redoubla » Verbes d’action qui Félicité est simple, naïve et « elle s’échappait » indiquent l’élan de Félicité. spontanée « elle courut » Elle a la simplicité d’un (≠ calculatrice) « instinct de l’honneur » animal Les deux dernières phrases sont construites Elle vit son amour au premier symétriquement : degré. Cette faiblesse fait aussi sa 4 verbes d’action, 4 propositions juxtaposées force : elle s’en remet très vite. Mais elles sont le contraire l’une de l’autre Discours narrativisé : Résumé des paroles des personnages complètement fondu dans la narration : il n’y a pas de précision sur leur contenu. « Il fit de grands serments » : l’adjectif grand et la marque du pluriel suggère que les promesses de Théodore sont trop belles et trop nombreuses pour être vraies, honnêtes, crédibles. En trois phrases (lignes 18 à 20), tous les espoirs s’effondrent. Remarques sur le commentaire rédigé : Rester focalisé sur le texte à commenter Commentaire : texte rigoureusement construit et argumenté Les citations sont nombreuses et introduites dans les phrases de commentaire : pas de parenthèses Pas de « je », tournures impersonnelles Connecteurs logiques qui relient les idées Vocabulaire d’analyse précis © Quentin Gibaud Bernard - 2013