Diététique - Œuvre du Marin Breton

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Diététique - Œuvre du Marin Breton
Almanach 1907 : P. 80
UN PRÉCIEUX ALIMENT-REMÈDE
L’Huile de foie de Morue.
L’hiver dernier, les Abris-duMarin ont été heureux de
pouvoir en distribuer plus de
cinquante litres, au petit verre,
à d’intelligents marins.
Le marin-pêcheur, habitué au goût du poisson quelquefois pas très frais, n’éprouve
aucune difficulté à boire de l’huile de foie de morue lorsqu’il est malade ; aussi, nous
croyons rendre service en insistant sur la grande valeur alimentaire de cette huile.
Les médecins regardent l’huile de foie de morue comme le plus utile et le plus parfait
des aliments et des remèdes après le lait. C’est une grande erreur que de croire que
l’huile de foie de morue doit être réservée aux poitrines faibles ou malades ! Non
certes, ce sont aussi tous les gens affaiblis pour une cause quelconque, ce sont tous
les enfants chétifs, sujets aux humeurs, ce sont en un mot tous ceux dont l’organisme se trouve affaibli, qui doivent boire de l’huile de foie de morue, tant que leur
estomac le permet, c’est-à-dire tant que l’estomac accepte de la digérer : deux, trois,
quatre, cinq cuillerées à soupe, tous les jours d’hiver, si on le peut...
Donc, pas d’idées fausses et pas de mauvaise honte : empressez-vous bien vite
de boire de l’huile de foie de morue aussitôt que votre médecin vous la conseille;
et même sans cela, pour peu que vous vous trouviez débilité par la fatigue ou par
quelque maladie.
L’hiver dernier, les Abris-du-Marin ont été heureux de pouvoir en distribuer plus
de cinquante litres, au petit verre, à d’intelligents marins.
Almanach 1907 : P. 83
CE QUE LES MÉDECINS DISENT
DES CONFITURES
Tout le monde, maintenant, sait que le sucre est une nourriture de première importance, parce qu’il exerce une action très active sur nos muscles, à tel point qu’on
l’a surnommé l’aliment musculaire par excellence.
Pour mieux en démontrer la valeur, on a fait dans divers pays des séries d’expériences sur des travailleurs, sur des marcheurs toujours, c’était la bande à laquelle on
donnait une dose de sucre à ses repas qui résistait le plus à la fatigue et qui fournissait
le plus de travail.
La conclusion qui s’impose, c’est, évidemment, que nous devons manger souvent
du sucre ; nos provisions de bord doivent toujours posséder une certaine quantité
de sucre, sous forme soit simplement de sucre, soit de confitures. Rien n’est plus
efficace pour refaire les forces épuisées et augmenter la vigueur. Aussi, ne sauraiton assez le recommander aux marins-pêcheurs : leur métier demande parfois de si
grands efforts et souvent leur impose de si rudes fatigues !
Donc ayez du sucre, toujours, dans votre sac et dans votre armoire de bord.
D’autre part, les médecins reconnaissent tous les jours davantage que les fruits
exercent une influence des plus heureuse sur notre santé et notre organisme. Ils ne
peuvent assez recommander les fruits mûrs, principalement les pommes, les raisins,
les fraises, les guignes, etc.
Donc ayez du sucre, toujours,
dans votre sac et dans votre
armoire de bord.
Dès lors, vous comprenez quelle nourriture précieuse doit être la confiture,
puisqu’elle est composée de moitié sucre, moitié fruits...
Et c’est bien parce qu’en effet la confiture est un aliment de haute importance que
nous tenons à lui consacrer ces deux pages de l’ Almanach : nous avons bon espoir
que les intelligentes ménagères de nos côtes accorderont leurs faveurs aux confitures
et en auront sur leur table le plus souvent possible. Mieux vaut se priver de vin, ou
même de cidre, ou même de viande, et consacrer cet argent-là à acheter du sucre.
Nous venons de dire acheter du sucre ; nous n’avons pas dit confitures. Voici
pourquoi. Assurément, la confiture achetée à l’épicerie est un aliment nourrissant et
appétissant ; mais, combien plus profitables et délicieuses sont les confitures faites
à la maison ! Au moins, celles-là sont faites avec du vrai sucre et avec de vrais fruits.
Car hélas, de nos jours, les confitures, elles aussi, sont terriblement falsifiées dans les
usines qui les fabriquent en grand... Oh, le progrès !!! Vous avez donc tous avantages
à faire à la maison vos confitures. Mais, je vous entends vous écrier, mesdames, que le
fruit est rare en Bretagne ! Allons donc ! N’avez-vous pas sous la main, pour presque
rien, là des pommes, ailleurs des fraises ou bien des guignes, presque partout des
mûres, des prunes, de petites poires ?... Sans compter qu’avec certains légumes, les
carottes, les tomates, etc., on fait aussi de très nourrissantes confitures.
D’ailleurs le royaume britannique n’y regarde pas pour la
nourriture de ses marins.
Nous ne pouvons mieux terminer ce chapitre qu’en citant l’exemple que nous
donne le gouvernement anglais qui possède la plus grande marine du monde : il
comprend si bien l’importance capitale des confitures dans l’alimentation, qu’il en
donne à ses soldats et à ses matelots, en abondance véritablement. Jugez-en plutôt :
à bord des navires de guerre anglais, le marin jouit tous les jours et aux deux grands
repas de l’étonnante variété qui suit : confitures de groseilles, confitures de prunes,
confitures de raisins, confitures de fraises, confitures d’abricots... au choix de chacun ; sans compter les compotes et les marmelades de fruits pendant leur saison.
D’ailleurs le royaume britannique n’y regarde pas pour la nourriture de ses marins:
tandis qu’en France à bord d’un cuirassé de la taille du Magenta, notre gouvernement ne dépense annuellement que 250,000 francs en nourriture, le gouvernement
anglais consacre 370,000 francs à l’alimentation d’un même nombre de ses marins,
c’est-à-dire moitié plus que chez nous !
Pour revenir au sucre, concluons en faisant appel à l’intelligence, au bon sens, à
l’esprit d’ordre et d’économie bien compris des lecteurs et des lectrices de l’Almanach : ne ménagez jamais les dépenses de sucre et de confitures : c’est de l’argent
parfaitement employé, puisque le sucre est un des meilleurs combustibles de la machine humaine.
Docteur X***
Almanach 1907 : P. 93
Le Poivre ne fait que déralinguer les
estomacs.
Le médecin reste stupéfait, lorsqu’en causant dans une famille de pêcheurs, il
vient à apprendre par hasard la quantité de poivre que les ménagères et les marins
mettent dans leur nourriture. Pour ma part, je connais deux médecins qui entrent en
colère à chaque fois qu’ils découvrent chez leurs clients cette très mauvaise habitude.
Si encore il n’y avait que les hommes à se faire mal avec le poivre. Mais, non : il y
a encore les femmes, elles qui ont si souvent le sang échauffé et que le poivre ne fait
qu’échauffer davantage ; il y a surtout, hélas ! les enfants, les bébés, ces pauvres bébés, auxquels à peine sevrés (avant même le sevrage !) on fait manger l’affreux poivre
dans la soupe de tous les jours ! Ah ! si les mères pouvaient savoir le mal qu’elles font
à leurs petits enfants en leur donnant de la soupe poivrée, elles jetteraient dehors
tout leur poivre. Que de constipations, de coliques, de diarrhées, de boutons sur le
corps, de souffrance et de mauvais tempéraments sont causés tout simplement par
l’habitude de la soupe poivrée ?
Pour voir un peu : faites donc goûter votre soupe à un médecin !... Vous verrez ce
qu’il vous en dira : des sottises pour sûr... ou tout au moins de vifs reproches !
Ménagères à la maison, marins à vos bords, perdez donc cette très mauvaise habitude que vous avez de poivrer votre nourriture : le poivre ne fait aucun bien, aucun.
En revanche, il abîme l’estomac et trouble le tempérament.
Docteur H***
Almanach 1907 : P. 100
La vogue de l’Eucalyptus
Marins chers amis,
Nous avons le plaisir de vous annoncer, en ce début d’hiver, que de généreux amis
ont donné à notre Œuvre, cette année, plus de cinq mille kilos de feuilles d’eucalyptus. C’est une grande libéralité de leur part, car le prix de ces feuilles a beaucoup
augmenté : elles coûtent actuellement, en Algérie, 25 centimes le kilo !
Nous avons fait des dépôts de ces feuilles, non seulement dans les Abris-du-Marin,
mais encore dans d’autres ports de pêche afin d’en mettre à la portée d’un plus
grand nombre. Des milliers de marins bretons pourront donc cet hiver apprécier les
bienfaits de la précieuse plante.
Nous rappelons ici que, pour tirer bon parti de l’eucalyptus, il faut se conformer
aux règles suivantes :
1° C’est dix minutes environ qu’il faut faire bouillir les feuilles dans de l’eau, et
cela à raison d’environ six à dix feuilles par litre d’eau. (Les feuilles conservent deux
ou trois ans leurs propriétés bienfaisantes). Jetez les feuilles qui ont servi une fois.
2° Evitez les casseroles en fer ou en fonte, parce que ces métaux décomposent
partiellement l’eucalyptus.
3° Ne mettez dedans ni cognac, ni rhum, ni aucun alcool, car cela vous ferait
perdre tout le bénéfice de l’eucalyptus, et vous ne feriez alors qu’irriter votre gorge
et votre estomac.
4° N’oubliez pas que ce thé d’eucalyptus vous fera d’autant plus de bien que vous
l’aurez sucré largement et bu très chaud.
5° En mer mettez dans chaque tasse un peu de lait de conserve (lait en boite) et
vous aurez une boisson extrêmement réconfortante.
Hiver 1905 - 1906 : 80 000
tasses d’Eucalyptus...et plus de
1 000 kilos de feuilles.
Pendant l’hiver dernier (1905-1906), l’Œuvre-des-Abris, limitée par la dépense de
sucre dans ses distributions de tasses d’eucalyptus, n’a guère pu distribuer plus de
80,000 tasses, mais, en revanche, elle a eu la satisfaction de pouvoir donner, par petits paquets, plus de mille kilos de feuilles grâce à l’abondance de colis postaux que
de charitables propriétaires d’Algérie et de la Provence ont eu la générosité d’envoyer.
Nous prévenons encore une fois nos amis les pêcheurs bretons qu’ils pourront obtenir gratuitement des feuilles d’eucalyptus dans tous les Abris-du-Marin, ainsi que
dans quelques autres ports, tels que Ouessant, Molène, Douarnenez, Névez, Douélan, Lomiquélic, Groix, Houat, Hoedic, La Turballe, Saint-Nazaire, La Rochelle,
etc... et cela, jusqu’à l’épuisement complet de notre provision.
Les marins qui déjà ont pris l’habitude de faire à leur bord du thé d’eucalyptus ou
d’en mettre dans la cotriade peuvent donc sans crainte recommander à tous leurs
collègues la précieuse feuille ; il y en aura pour tout le monde.
Les Croyances nuisibles : Le Pain blanc.
Vive le pain gris !
Vous allez peut-être vous figurer, chers amis, que c’est pour vous consoler et pour
vous encourager que nous écrivons ces lignes contre le pain blanc ? Nullement ! Une
vérité reconnue par la grande majorité des savants, c’est que le pain blanc est moins
nourrissant et moins salutaire que les autres pains. Si vous voulez des explications,
lisez les livres de sciences qui le démontrent ; ici, nous sommes obligés de vous résumer la question, et de conclure en vous affirmant que le corps ne peut que gagner
en santé, en force et en bon équilibre par l’usage du pain bis ou même du pain noir.
Notons en passant que ce dernier est particulièrement précieux pour les tempéraments échauffés. Vive le pain gris !
Almanach 1907 : P. 110
LE CAFÉ NE VAUT RIEN POUR LES
PETITS ENFANTS
L’un des meilleurs médecins du Finistère nous a écrit
ce qui suit :
Votre excellent Almanach ferait une œuvre bien utile en avertissant les jeunes mères du mal
qu’elles font à leurs bébés en leur donnant souvent « du café ! Le café, qui est une très bonne
boisson pour ceux qui fatiguent (non pas parce qu’elle redonne des forces, mais parce qu’elle
excite, un peu à la façon du coup de fouet sur le cheval), est détestable pour les petits enfants,
surtout s’ils sont faibles ou tourmentés par quelque maladie : le café les énerve sans leur faire
aucun bien.
Expliquez bien cela à vos marins ! Quant à l’eau-de-vie dans le café, je n’en parle pas :
j’espère que vos lecteurs sont assez instruits pour savoir quelle sottise ils feraient s’ils donnaient
à leurs petits mignons du café avec de l’alcool...
Notre ami le médecin a cent fois raison ! Il faut absolument perdre l’habitude de
donner du café aux petits enfants, surtout quand ils sont chétifs. Seul le médecin,
dans certains cas, assez rares, jugera s’il est à propos de donner un peu de café à votre
bébé...

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