RAPPORT DE FIN DE SEJOUR

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RAPPORT DE FIN DE SEJOUR
Frédéric REMY
Stage aux Philippines
RAPPORT DE FIN DE SEJOUR
PHILIPPINES
Contexte : Je suis parti 5 mois en stage aux Philippines, du 16 juillet 2014 au 17 décembre 2014.
J’étais sous contrat avec l’ONG Gawad Kalinga et je travaillais en milieu rural à 1h30 au nord de
Manille. L’ONG lutte contre la pauvreté dans le pays et construit à travers tout le territoire des villages
en dur pour remplacer les bidonvilles. Je vivais dans l’un de ses villages autour duquel se
développaient plusieurs entreprises sociales. Au quotidien je travaillais pour l’une de ses entreprises,
Plush & Play, une manufacture de peluche qui emploie les femmes de la communauté qui vivaient
autrefois dans l’extrême pauvreté et qui place ses employées au cœur de la prise de décision.
I – VIE PRATIQUE
Logement
Mon logement a été mis à disposition par l’ONG Gawad Kalinga. Je dormais donc dans une des
maisons de la communauté dédiées aux stagiaires. Je n’ai donc pas payé de loyer pendant ma période
aux Philippines. Le logement était rudimentaire : plusieurs lis superposés avec une salle de bain.
J’ai tout de même rencontré des français aux philippines qui pour environs 400 euros par mois logeait
dans les plus beaux immeubles de Manille.
Argent
La monnaie aux Philippines est le peso philippin. 1 euros vaut actuellement 55 pesos. Mais 1 euro
valait 58 pesos à mon arrivé d’où une diminution notable du taux de change en seulement 5 mois !
La majeure partie des échanges s’effectue en liquide aux Philippines. La carte bleue s’utilise presque
uniquement dans les centres commerciaux. Ainsi je vivais toujours avec quelques milliers de pesos sur
moi (60 euros en moyenne).
Attention il n’est pas possible de retirer de l’argent au distributeur de n’importe quelle banque. La
plupart des banques rurales (rural bank, land bank, veteran bank etc) n’acceptent pas les cartes
internationales. Ainsi pendant mon voyage sur la petite et magnifique île de Siquijor je me suis
retrouvé bloqué à ne pas pouvoir payer l’hôtel car je n’avais pas assez de liquide sur moi et qu’il n’y
avait que des banques locales sur l’île. Toutefois, mis a part les lieux très reculés il n’est pas très
difficile de trouver un distributeur qui accepte les cartes internationales (BPI, BDO, PNB, Bank of
China, Netbank etc).
Pour rappel votre banque vous débitera un pourcentage de commission pour chaque transaction
effectuée à l’étranger (retrait ou achat). La plupart des banques proposent d’annuler cette commission
pour environ 5 euros par mois.
Cependant la plupart des banques aux Philippines vous feront payer 200 pesos (un peu moins de 4
euros) pour chaque retrait d’argent via un distributeur et quelques soit le montant de celui-ci. Mais
étant à la Société Générale avec une carte Visa je ne payais pas cette taxe quand je retirais de l’argent
à la BPI.
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Stage aux Philippines
Santé
Les médicaments ne sont pas remboursés aux Philippines et il n’existe pas vraiment de couverture
sociale (si ce n’est quelques aides locales). Ainsi si on tombe malade ou on attrape une infection,
même avec le pouvoir d’achat d’un français, on se met très vite à acheter des médicaments génériques.
Par exemple, pour une semaine d’antibiotiques qui me servaient à traiter une infection j’en avais pour
40 euros avec les médicaments de marque contre 12 euros avec les médicaments génériques.
Pour ce qui est des maladies dangereuses, si le paludisme n’est pas si répandu qu’on nous le laisse
croire, il faut cependant faire très attention aux moustiques puisque la Dengue est très courante
(pendant mon stage j’en ai attrapé une forme bénigne et mon patron a attrapé la forme la plus courante
et la plus dangereuse).
Pour avoir côtoyé plusieurs médecins et plusieurs hôpitaux (pour moi ou pour d’autres personnes), les
professionnels de santé philippins sont plutôt compétents.
Télécommunications
Il est très simple de se fournir une carte SIM aux Philippines puisque dès la sortie de l’avion vous
trouvez très facilement un revendeur de cartes SIM Globe ou Smart (les deux principaux opérateurs du
pays). Les tarifs sont comparables à ceux qu’on trouve en France, il faut compter 1000 pesos par mois
(soit 17 euros) pour avoir un forfait internet. Le territoire est assez bien couvert même si la 3G n’est
pas disponible partout.
Vie universitaire
Je ne connais pas grand chose de la vie universitaire aux Philippines puisque j’y ai effectué un stage en
entreprise.
L’université se termine là-bas aux alentour de 20/21 ans et elle est calqué sur le modèle américain : de
grand campus avec une grand importance accordé au sport. Le championnat de basket universitaire est
ainsi un événement de très grande ampleur, les joueurs sont de véritables stars.
Chaque étudiant affiche avec fierté sont appartenance à telle ou telle université, véritable symbole de
réussite sociale. Les deux universités les plus réputées sont Ateneo et LaSalle.
Stage
Mes conditions de travail étaient très particulières et ne reflètent en aucun cas les conditions de travail
aux Philippines.
Je n’avais jamais d’heures fixes, je ne commençais ni ne finissait à une heure précise et je travaillais
beaucoup le weekend.
De manière générale les Philippins se lèvent très tôt pour aller travailler (aux alentours de 5h du matin)
et à 6h30 il n’est déjà plus possible de traverser manille en moins de 3h30.
Vie quotidienne
En allant aux Philippines il faut se préparer à un régime alimentaire à base de riz et poulet ! C’est deux
aliments se retrouvent quasiment à tous les repas et à toute heure de la journée. Les deux seules
variétés de pâte que les philippins mangent sont les spaghettis (vous serez ainsi surpris de découvrir le
Mc Spaghetti au McDonalds) et les nouilles appelées Pancit. En tant qu’occidental il est assez
frustrant de se priver de pomme de terre pendant 5 mois ! Le deuxième et dernier type de viande
consommé est le porc. Il est ainsi difficile de trouver du bœuf en dehors des chaines de fast food.
Enfin les produits laitiers se font rares et coutent relativement chers. Mais de manière générale
l’alimentions coute trois fois rien en comparaison avec la France.
Bien que l’on retrouve souvent les mêmes aliments dans les plats philippins, ils ont plein de manières
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de cuisiner le poulet et le riz qui sont aussi bonnes les unes que les autres.
Pour ce qui est des horaires d’ouverture, les Philippins sont de gros travailleurs, ainsi les magasins
ouvrent assez tôt (aux alentours de 7h pour une partie) et ferment tard (plus de 20h).
Les transports sont incroyablement bon marché aux Philippines et cela que ce soit l’avion, le taxi, le
bus ou le tricycle. Beaucoup de philippins n’ont pas leur propre voiture et dépendent donc beaucoup
des transports en commun. C’est pourquoi les routes grouillent de Tricycles (moto avec side-car
couvert et aménagé) et de jeepneys (sorte de petit bus à banquette).
Les tricycles vous emmènent où vous le souhaitez sur des petites distances. Les bus et les jeepneys ont
des trajets bien précis mais il n’existe pas d’arrêt de bus et ni d’horaire de passage. La jeepny et le bus
nous prennent sur leur route et nous déposent quand on le souhaite. L’absence d’horaire de passage
n’est pas un handicap les jeepneys bus passent relativement souvent.
Contrairement au Vietnam ou à la Thailande il est plus difficile de louer un scooter ou une moto.
Seulement dans les petites îles où il n’y a pas beaucoup de voitures, les motos sont le moyen de
transport le plus courant et dès lors il est assez facile de trouver un loueur.
Pour ce qui est des loisirs à Manille, une grande partie des philippins passent tout leur samedi ou tout
leur dimanche dans les centres commerciaux. La ville regorge d’immenses centres commerciaux qui
font généralement deux fois la taille de ceux que l’on trouve en France (c’est là un des signes les plus
manifestes de l’influence américaine). C’est assez étonnant de constater que ces centres commerciaux
attirent autant de monde alors que les prix des biens vendus aussi bien dans l’électronique que dans le
prêt à porter sont très proches de ceux qu’on trouve en France alors que le niveau vie est bien en
dessous du notre.
II – BILAN ET SUGGESTIONS
Quel bilan faites-vous de ce séjour à l’étranger ? Quelles ont été les principales difficultés que
vous avez rencontrées ?
Globalement ce fut une expérience extraordinaire. Je ne connaissais rien à l’Asie du Sud Est avant de
partir et encore moins des Philippines. J’ai choisi cette destination uniquement pour le stage chez
Gawad Kalinga. Et c’est surement parce que je n’attendais pas grand chose du pays que j’ai tant aimé
ce pays et notamment les philippins. C’était la première fois que je partais si loin de la France et quelle
magnifique première fois !
Je n’ai pas véritablement rencontré de difficultés une fois sur place. J’ai été assez bien pris en charge
par l’ONG à mon arrivé et bien que mes conditions de vie n’étaient pas aussi faciles que celle que j’ai
en France je m’y suis fait très facilement.
Vos projets personnels et professionnels ont-ils évolué au cours de ce séjour ? En quoi ?
Mon expérience professionnelle aux Philippines a confirmé mes envies à propos de mon projet
professionnel dans les années à venir.
J’ai intégré une école de commerce dans le but de me spécialiser dans l’entrepreneuriat afin de monter
ma propre entreprise à la fin de mes études. La seule particularité c’est que je souhaite inscrire mon
projet de création dans la mouvance de l’économie sociale et solidaire. Je veux donc créer une
entreprise rentable mais dont l’objectif premier est l’impact social. J’ai donc cherché mon stage dans
une jeune entreprise sociale. J’ai choisi de travailler avec l’ONG Gawad Kalinga car après m’être
renseigné j’ai appris que l’ONG encourageait des entrepreneurs sociaux à venir travailler avec eux
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dans le but de monter des entreprises qui intègrent dans leur business model les familles relogées par
Gawad Kalinga et qui vivaient autrefois dans l’extrême pauvreté.
C’est ainsi que je me suis retrouvé à travailler chez Plush & Play. Une manufacture de peluches créée
par Fabien COURTEILLE, un jeune français qui s’est installé aux Philippines et qui après un stage de
3 mois chez Gawad Kalinga a voulu participer à ce projet de l’ONG. Fabien a ainsi mis au point toute
une gamme de peluches, de fruits et légumes ainsi qu’une gamme de monstres. Les peluches sont
fabriquées par les femmes d’un des villages construits par Gawad Kalinga. Lors de sa deuxième
années il a réalisé plus de 2 000 000 de pesos de chiffre d’affaire. Il s’agit d’une entreprise sociale
pour plusieurs raisons :
- il réembauche des femmes qui ont perdu leur travail dans l’industrie textile à cause des
délocalisations vers la Chine.
- Il paye ces femmes environs 3 fois plus que le salaire habituel dans le secteur.
- Mais surtout il leur propose des conditions de travail décentes, à des années lumières de ce
qu’on a l’habitude de voir dans les pays en développement en ce qui concerne l’industrie du
textile. Ainsi 80% de l’activité est réalisée chez elles, elles sont autonomes dans la gestion de
leur temps de travail, elles n’ont pas d’horaire à respecter, seulement un volume de travail à
réaliser pour chaque semaine. Tout cela dans le but de leur permettre de trouver un équilibre
entre famille et travail.
- Elles participent également à la conception des nouveaux produits et à l’élaboration des
méthodes de rémunération de leur travail.
Et malgré tout ça, Fabien a mis en place une entreprise plus que rentable grâce un management bien
particulier. Je pourrais écrire plusieurs pages sur le management des ressources humaines et le
management des opérations qu’il a mis en place pour à la fois être rentable et avoir un impact
social mais ce n’est pas là le propos.
Avoir eu la chance de travailler avec Fabien et dans son entreprise m’a permis de confirmer mes
aspirations pour l’entrepreneuriat social. J’ai eu la preuve que la volonté d’impact social ne remet pas
en cause la rentabilité d’une entreprise.
Avez-vous eu besoin d’être encadré(e), préparé(e) et orienté(e) avant et pendant votre séjour ?
Par chance je n’ai pas eu besoin de chercher bien loin pour trouver ce stage. En effet c’est mon école
(EMLYON Business School) qui a posté l’offre sur son site dédié aux offres d’emplois et de stages.
Avant de choisir Gawad Kalinga parmi les différentes opportunités de stage que j’avais, j’ai pris le
temps de solliciter l’avis des élèves de mon école qui avaient déjà fait leur stage là-bas. Cela m’a
permis d’une part de vérifier que le stage était conforme à la description faite sur le papier et d’autre
part de me mieux appréhender le stage et les conditions vie et donc de m’adapter plus rapidement une
fois sur place.
Cependant, une fois sur place l’encadrement est assez minime. Comme je l’ai dis plus haut, je n’avais
pas d’horaire de travail et Fabien ne me donnait pas d’obligation. C’était à moi d’être autonome et de
me lever pour aller travailler. Toutefois Fabien récompensait cet effort d’autonomie et
d’investissement dans l’entreprise en me donnant toujours plus de responsabilités.
Si vous deviez repartir à l’étranger, quelles erreurs éviteriez-vous ? Comment vous y
prépareriez-vous ?
Premièrement je n’oublierais pas d’aller voir ma banque pour négocier la gratuité de mes paiements et
retraits à l’étranger comme l’ont fait certains de mes amis.
Deuxièmement j’arrêterais d’être réticent quant à mon départ. J’appréhendais beaucoup de partir aussi
loin pour la première fois, de quitter mon pays, ma famille et mes habitudes. Mais en fin de compte je
me suis fait très vite à la vie sur place. Mes conditions de vie étaient beaucoup moins confortables que
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Stage aux Philippines
celles que j’ai en France mais je n’ai ressenti aucun manque pendant ces 5 mois.
J’étais avec d’autres stagiaires français sur place. Et chacun d’entre nous a plus ou moins apprécié ce
stage mais dans tous les cas tout le monde est satisfait d’avoir vécu quelque chose de différent.
Que suggéreriez-vous à ceux qui vont partir ?
Partez aux Philippines l’esprit tranquille !!! Les Philippines est un pays où la pauvreté est encore très
importante. Elle se voit au quotidien que soit à Manille ou en milieu rural.
Manille est une ville de contraste, on passe très vite des grands buildings modernes aux bidonvilles en
bord de route, du centre commercial ultra moderne aux enfants sans abris dans la rue. La pauvreté est
omniprésente aux Philippines et c’est cela qu’on appréhende avant de partir avec tout ce que cela
suggère de violence et autre problème sociaux. Et on appréhende d’autant plus que l’on sera étranger
là-bas.
Et pourtant après quelques semaines aux Philippines j’ai eu la joie de découvrir que je venais d’atterrir
dans un pays où il fait bon d’être étranger ! Les philippins sont sans doute l’un des peuples les plus
accueillants au monde. Leur gentillesse et leur bienveillance à l’égard des étrangers semblent au début
très douteuses mais après quelque temps passer dans le pays on se rend compte qu’elle sont tout à fait
sincères.
C’est ainsi que la pauvreté, bien qu’elle soit non négligeable, n’est pas oppressante, elle ne nous met
pas (nous occidentaux) dans une situation mal à l’aise ou d’insécurité. La pauvreté se voit au
quotidien, elle est manifeste mais on ne la ressent pas !
Partez donc l’esprit tranquille et n’hésiter pas à partir seul. Il sera assez facile de rencontrer des
philippins et de se faire des amis.
Même si la plus grande richesse du pays sont les philippins à mes yeux, on y va aussi pour découvrir
des paysages magnifiques et les plus belles plages du monde. Les Philippines étant un archipel le pays
possède des ressources naturelles époustouflantes aussi incroyables que les affiches d’agences de
voyages !
Toutefois rien n’est parfait ! Si les Philippines est une destination incontournable d’Asie du Sud Est de
part l’incroyable gentillesse de sa population et de la beauté de ses ressources naturelles, les
Philippines présentent un patrimoine culturel bien moins intéressant que les pays alentours comme la
Malaisie, le Vietnam ou la Birmanie. Un patrimoine culinaire maigre, un patrimoine architectural
quasi inexistant et un patrimoine historique qui se limite assez vite à la colonisation des espagnols et
des américains.
Ceci s’explique par le fait que les Philippines est un archipel constitué de plus de 7000 îles. Avant
l’arrivée des Espagnols le pays n’était pas unifié et était divisé en plein de différentes tribus avec
chacun leur dialecte. Ce sont donc les espagnols qui ont unifié le pays notamment grâce à
l’évangélisation des différents peuples vivant sur ces terres.
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