Gestion des risques La sécurité financière dans les organisations
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Gestion des risques La sécurité financière dans les organisations
Associations La revue L’actualité juridique, sociale, fiscale et comptable, n° 68, février 2016 Gestion des risques La sécurité financière dans les organisations humanitaires Gestion La feuille de paie version 2016 Interview : Alain Serrie Président de l’association Douleurs sans frontières Financement Comprendre la territorialité des dons Édito Les organisations humanitaires à l’honneur Le numéro de La Revue Associations que vous avez entre les mains n’échappe pas à la traditionnelle mise à jour des barèmes sociaux et fiscaux induits par les lois, de finances et de financement de la Sécurité sociale, qui ont été votées à la fin de l’année dernière. Mais nous revenons également sur la mise en œuvre de différents dispositifs législatifs qui se concrétisent par la publication des décrets et circulaires qui les accompagnent. Les associations humanitaires sont des organismes qui se sont « professionnalisés » au cours de ces dernières années. L’image de l’ONG aventureuse a laissé la place à de véritables entreprises, responsables et structurées, conscientes du bon usage qu’elles doivent faire des fonds dont elles disposent de la part des bailleurs ou des donateurs. Nous consacrons les principales rubriques de ce numéro à des sujets qui conditionnent le quotidien de ces structures, associations ou fondations. Leur objet consiste à secourir les populations en détresse ou encore à permettre à des territoires de se construire et développer leurs activités économiques et sociales au secours de la préservation de leurs cultures et traditions. L’association « Douleurs sans frontières », créée par des médecins responsables de structures hospitalières, est une ONG française qui se donne pour mission principale la prise en charge de la douleur, de la souffrance et des symptômes de fin de vie (soins palliatifs). Nous avons rencontré son président qui nous a livré un témoignage poignant des actions engagées par cette association. En ce début d’année, nous renouvelons le vœu d’une vie harmonieuse faite de compréhension mutuelle, de tolérance et d’attention envers les autres. Bonne lecture ! La revue Associations, février 2016, n° 68 Réalisée par la cellule Associations du groupe Deloitte / In Extenso En partenariat avec Les Échos Publishing Directeur de la publication Philippe Guay Rédacteur en chef Michèle Lorillon Secrétariat de rédaction Agathe Trignat Directeur marketing Martin Mathieu Conception, édition Les Échos Publishing Siège social In Extenso Opérationnel 106, cours Charlemagne - 69002 Lyon www.inextenso-associations.com Photo de couverture : S. Nivens 2 4 5 6 8 12 16 Sommaire Actualités 3 Gestion La feuille de paie version 2016 4 Santé et sécurité au travail Compte pénibilité Assemblée générale Respect des statuts 5 Financement Le cadre juridique des subventions Commissaire aux comptes Incompatibilité 6 Générosité publique Les Français généreux envers les associations Secteurs / Associations 7 Sport, spectacle vivant, insertion Dossier 8 Gestion des risques La sécurité financière dans les organisations humanitaires Interview 12 Alain Serrie Président de Douleurs Sans Frontières Questions / Réponses 15 Action en justice, médecine du travail, émission de reçus fiscaux, fonds de dotation Zoom 16 Financement La territorialité des dons 18 Tableaux de bord Actualités Gestion de la paie La feuille de paie version 2016 Outre les modifications habituelles de début d’année, on notera une hausse des cotisations de retraite et d’assurance maladie-maternité. Revalorisation du Smic Le taux horaire brut du Smic est fixé, à compter du 1er janvier 2016, à 9,67 €, soit un Smic mensuel brut de 1 466,65 € pour une durée de travail de 151,67 heures. À noter que le résultat du Smic mensuel brut est légèrement différent si l’on utilise la formule de calcul, également valable, qui consiste à ne pas arrondir la durée mensuelle du travail : 9,67 x [35 x (52/12)] = 1 466,62 €. Cotisation maladie-maternité Le taux de la part patronale de la cotisation maladiematernité est fixé à 12,84 % depuis le 1er janvier 2016 (au lieu de 12,80 % en 2015). Cotisation AGS Le taux de la cotisation AGS (Association pour la gestion du régime d’assurance des créances des salariés) est abaissé, en 2016, de 0,30 % à 0,25 %. Cotisations de retraite Au 1er janvier 2016, la cotisation d’assurance vieillesse de base applicable sur la part de rémunération ne dépassant pas le plafond de la Taxe sur les salaires Abattement Les seuils d’application des taux de la taxe sur les salaires sont relevés dans la même proportion que la première tranche du barème de l’impôt sur le revenu soit, cette année, de 0,10 % (cf. tableaux de bord, p. 18). De même, l’abattement général applicable au montant de cette taxe est majoré et passe de 20 262 € en 2015 à 20 283 € pour 2016. Rappelons que cet abattement s’applique aux associations et aux fondations Cotisation GMP définitive Depuis le 1er janvier 2016, le montant mensuel de la cotisation garantie minimale de points (GMP) est fixé à 68,07 € (42,23 € dus par l’employeur et 25,84 € par le salarié). Quant au salaire annuel charnière, en deçà duquel la GMP joue, il est de 42 590,88 €, soit un montant mensuel de 3 549,24 €. Réduction Fillon Les paramètres de calcul de la réduction Fillon ont été modifiés, au 1er janvier 2016, pour tenir compte de la hausse des cotisations patronales de Sécurité sociale et assurer le maintien du dispositif « zéro charges » pour une rémunération égale au Smic : - associations appliquant une cotisation Fnal de 0,10 % : (0,2802/0,6) x [1,6 x (Smic annuel/ rémunération annuelle brute) - 1] - associations appliquant une cotisation Fnal de 0,50 % : (0,2842/0,6) x [1,6 x (Smic annuel/ rémunération annuelle brute) - 1]. ainsi qu’aux syndicats et leurs unions, mais pas aux fonds de dotation ni aux mutuelles qui emploient plus de 30 salariés. Il ne s’applique pas non plus aux groupements d’intérêt économique ni aux groupements d’intérêt public qui n’entrent pas dans son champ d’application, même lorsque ces derniers assurent la gestion de centres d’aide par le travail constitués sous la forme associative. Loi n° 2015-1785 du 29 décembre 2015 de finances pour 2016, JO du 30 ; BOI-TPS-TS-30 du 4 février 2015, § 490 Fiscalité Nouveaux seuils En ce début d’année, d’autres seuils fiscaux qui concernent le secteur associatif sont également revalorisés de 0,10 %. Ainsi, les versements effectués au profit d’organismes d’aide aux personnes en difficulté et qui ouvrent droit à une réduction d’impôt de 75 % sont désormais retenus dans la limite de 530 € par an. Quant au seuil de la franchise des impôts commerciaux applicable à l’impôt sur les sociétés (pour les CONTRASTWERKSTATT Les principaux changements à prendre en compte pour établir la feuille de paie. Sécurité sociale a augmenté de 0,10 point pour s’établir à 15,45 % (part patronale de 8,55 % et part salariale de 6,90 %). Le taux de la cotisation assise sur la totalité de la rémunération passe, lui, de 2,10 % à 2,20 % (part patronale de 1,85 % et part salariale de 0,35 %). Pour les salariés cadres, la cotisation AGFF qui était, jusqu’alors, prélevée uniquement sur les rémunérations n’excédant pas quatre fois le plafond mensuel de la Sécurité sociale est également due, depuis le 1er janvier 2016, sur la part des salaires comprise entre quatre et huit fois ce plafond, au taux de 2,20 % (part patronale de 1,30 % et part salariale de 0,90 %). Titres-restaurant À compter du 1er janvier 2016, la contribution patronale aux titres-restaurant est exonérée de cotisations sociales dans la limite de 5,37 €, contre 5,36 € en 2015. recettes de 2015), à la TVA (sur les recettes encaissées à compter du 1er janvier 2016) ainsi qu’à la cotisation foncière des entreprises (établie au titre de 2016), il serait porté de 60 540 € en 2015 à 60 601 € pour 2016. Pour mémoire, c’est la loi de finances pour 2015 qui a instauré le principe de l’indexation annuelle de montant de la franchise des impôts commerciaux applicable aux activités lucratives accessoires des associations. Loi n° 2015-1785 du 29 décembre 2015 de finances pour 2016, JO du 30 3 Actualités Ressources humaines Santé et sécurité au travail Complémentaire frais de santé Depuis le 1er janvier 2016, toutes les associations doivent faire bénéficier leurs salariés d’une complémentaire « frais de santé » prévoyant des garanties minimales, regroupées sous l’appellation « panier de soins », et qu’elles financent au moins pour moitié. Sachant que l’employeur doit financer au moins 50 % de la couverture santé collective et obligatoire mise en place dans l’association, même si celle-ci est plus généreuse que le panier de soins minimal. Par ailleurs, un accord de branche ou d’entreprise peut prévoir que, pour les salariés en contrat à durée déterminée ou contrat d’intérim de 3 mois ou moins ainsi que pour les salariés à temps partiel dont la durée de travail hebdomadaire est inférieure ou égale à 15 heures, la mise en œuvre de cette complémentaire s’opère uniquement par le biais d’une aide financière versée par l’employeur. Sachant que l’employeur peut lui aussi prendre une telle décision mais seulement jusqu’au 31 décembre 2016. Ce « versement santé » est ainsi directement payé au salarié, à condition qu’il justifie être couvert par une complémentaire « frais de santé » individuelle respectant le cahier des charges des contrats responsables. Son montant est calculé, en principe, à partir de la contribution que l’association aurait dû verser pour la couverture collective du salarié. En vigueur depuis le 1er janvier 2015, le compte pénibilité permet au salarié exposé à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels de cumuler des points échangeables notamment contre le financement d’une formation professionnelle. Toutefois, l’année dernière, seuls quatre des dix facteurs de risques étaient applicables (milieu hyperbare, travail répétitif, travail de nuit et travail en équipes successives alternantes). Censés entrer en vigueur en janvier dernier, les six facteurs restants ne devront finalement être pris en compte qu’à compter du 1er juillet prochain. Il s’agit de la manutention manuelle de charges, des postures pénibles (positions forcées des articulations), des vibrations mécaniques, de l’exposition à des agents chimiques dangereux, du travail à des températures extrêmes et de l’environnement bruyant. Par ailleurs, la fiche de prévention des expositions ayant été supprimée, l’employeur doit déclarer au moyen de la DADS (déclaration annuelle des données sociales) ou de la déclaration sociale nominative (DSN) les facteurs de risques auxquels les salariés ont été exposés au-delà des seuils fixés par décret. Cette déclaration peut être rectifiée avant le 5 ou le 15 avril de l’année suivant celle au titre de laquelle elle est souscrite (selon la date de paiement de ses cotisations sociales par l’association). Mais, exceptionnellement, la déclaration pour l’année 2015 pourra être modifiée jusqu’au 30 septembre 2016. Décrets n° 2015-1885 et n° 2015-1888 du 30 décembre 2015, JO du 31 WAVEBREAKMEDIAMICRO PHOTOGRAPHEE.EU Compte pénibilité Art. 34, loi n° 2015-1702 du 21 décembre 2015, JO du 22 ; décret n° 2015-1883 du 30 décembre 2015, JO du 31 Assemblée générale Respect des statuts Les statuts d’une association déterminent son fonctionnement et notamment celui de son assemblée générale. L’association doit donc respecter les règles qu’ils édictent quant à la convocation, la composition, les attributions et les délibérations, dont les modalités de vote, de l’assemblée générale. À défaut, les décisions prises dans le cadre de cette réunion peuvent être annulées en justice. Ainsi, la Cour 4 de cassation a déclaré nulle, car contraire aux statuts, l’élection d’un président qui avait eu lieu lors d’une assemblée générale à laquelle des non-adhérents avaient été admis à voter. Pour mémoire, les personnes victimes de l’irrégularité, le plus souvent les membres de l’association, peuvent demander, pendant 5 ans, l’annulation d’une décision prise en assemblée générale. Cassation civile 1re, 14 octobre 2015, n° 14-23471 Impôt sur la fortune Déduction La loi de finances rectificative pour 2015 étend la possibilité de déduire de son impôt sur la fortune (ISF), dans les conditions de droit commun, une souscription au capital d’une entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS). En insérant un nouvel article dans le Code général des impôts, le législateur permet ainsi aux entreprises bénéficiant de l’agrément ESUS de bénéficier de souscriptions en numéraire à leur capital. Cette disposition est toutefois assortie des réserves suivantes : - l’activité de l’entreprise ne doit pas avoir un caractère financier en termes de gestion ; - la société ne doit pas procéder à la distribution de dividendes ; - la société réalise son objet social sur l’ensemble du territoire national. Loi n° 2015-1786 du 29 décembre 2015 de finances rectificative pour 2015, JO du 30 Actualités Zoom sur les règles encadrant les relations financières entre les collectivités publiques et les associations. Une circulaire adoptée en septembre dernier fait le point sur « les nouvelles relations entre les pouvoirs publics et les associations ». Un soutien durable aux associations Le Premier ministre met l’accent sur la place essentielle des associations dans la vie civile en reconnaissant qu’elles « sont fréquemment amenées à anticiper, éclairer ou compléter l’action conduite par les pouvoirs publics, inspirant à l’État et aux collectivités territoriales de nouvelles formes d’intervention ». Il souhaite ainsi favoriser, dans la durée, un soutien public aux associations concourant à l’intérêt général, notamment en développant une politique d’attribution des subventions. Cette circulaire est ainsi accompagnée de quatre annexes consacrées à la subvention et d’une cinquième concernant la mission des nouveaux délégués régionaux à la vie associative. La notion de subvention L’annexe 1 présente les règles encadrant les relations financières des collectivités publiques avec les associations. Elle rappelle la définition légale de la subvention publique et précise les caractéristiques d’une subvention provenant de l’État ou des collectivités territoriales. Commissaire aux comptes Incompatibilité Le commissaire aux comptes a interdiction de fournir tout conseil ou toute prestation de services non liés à sa mission à l’entité dont il certifie les comptes mais également à celles qui la contrôlent ou sont contrôlées par elle. La Compagnie nationale des commissaires aux comptes se base sur les dispositions de l’article L. 233-33 du Code de commerce pour étendre le champ Une subvention est versée par une autorité administrative ou un organisme chargé de la gestion d’un service public industriel et commercial aux organismes de droit privé porteurs d’une initiative propre, préalablement définie et qu’ils entendent mettre en œuvre pour la réalisation d’un investissement, d’un projet spécifique ou dédier au financement global de l’activité associative, répondant à un intérêt local (territorial) ou général (État). Elle n’est pas constitutive d’une contrepartie économique constituée par un prix et peut prendre des formes variées (espèces ou en nature). La subvention en numéraire, à la différence du prix versé dans le cadre d’un marché public, ne correspond pas à la valeur économique du service rendu ; il n’y a aucun lien entre la somme versée et l’action réalisée, contrairement aux marchés publics. Son montant ne doit pas excéder le coût de sa mise en œuvre, ce qui suppose l’établissement d’un budget prévisionnel. Toutefois, l’association peut réaliser un excédent qualifié de raisonnable, sans autre précision sur le terme « raisonnable ». L’acte d’attribution de la subvention octroyée doit intégrer la valorisation des contributions en nature, si existantes. La subvention est discrétionnaire, c’est-à-dire que son attribution ne constitue pas un droit, ce qui la distingue des contributions obligatoires versées en application des lois et règlements. L’annexe 1 contient également une présentation du droit de l’Union européenne relatif aux aides d’État. Enfin, un guide d’usage de la subvention doit être publié prochainement. Circulaire du Premier ministre, n° 5811-SG du 29 septembre 2015 d’application de cette interdiction à toute personne ou entité, même autre que les sociétés, dans lesquelles le commissaire aux comptes exerce sa mission. Les associations, coopératives, syndicats et mutuelles sont donc concernés. C’est l’analyse des statuts, du règlement intérieur ou de la charte d’adhésion organisant le fonctionnement du groupement, ainsi que la répartition des pouvoirs et responsabilités entre entités membres qui permet de déterminer l’étendue de l’interdiction. Bulletin CNCC 178 n° 6-2015 p. 295 Travail dissimulé Statut de salarié La Cour d’appel de Toulouse a confirmé deux décisions de l’Urssaf qui considèrent les situations suivantes comme du travail dissimulé. Une comédienne se produisant dans un théâtre géré par une association a ainsi été requalifiée de salariée au motif qu’aucune preuve suffisante G. DURIS Financement Le cadre juridique des subventions Convention exigée Toute subvention d’un montant annuel en numéraire supérieur à 23 000 € doit faire l’objet d’une convention obligatoire. La convention pluriannuelle sera privilégiée autant que possible. de son immatriculation comme travailleur indépendant n’avait été apportée. Conclusion identique pour une comédienne présentée comme bénévole et occupée à la régie. Un contrat de coproduction stipulait que l’association organisatrice devait fournir le personnel nécessaire au service des représentations et avoir un régisseur : pour l’Urssaf, ce contrat induit un lien de subordination entre le théâtre et le régisseur. Cour d’appel de Toulouse, 12 novembre 2015, n° 1356, 15/02680 5 Actualités Générosité publique Exonération de TVA Les Français généreux envers les associations La dernière étude réalisée par l’association Recherches & Solidarités en collaboration, cette année, avec l’Institut des dirigeants d’Associations & Fondations permet de constater que les Français ont donné aux associations plus de 4,2 milliards d’euros en 2014, soit une progression de 4 % par rapport à 2013. Pour la première fois, les plus généreux sont les actifs de moins de 30 ans qui ont donné, en moyenne, 395 €, soit 1,8 % de leur revenu, contre 1,4 % pour les personnes de plus de 70 ans et 1,1 % pour l’ensemble des donateurs. Une implication plus importante des jeunes par rapport à 2013 qui est principalement due à l’émergence des dons en ligne, via surtout les plateformes de financement participatif. Tous les secteurs associatifs ont bénéficié de cette embellie. Les trois causes qui progressent le plus en 2014 étant la recherche médicale, l’environnement et les organisations de solidarité internationale liées à la santé. Enfin, après 3 années consécutives marquées par une baisse des dons en leur faveur, les associations qui collectent moins de 150 000 € par an ont réussi à tirer leur épingle du jeu, notamment en utilisant les réseaux sociaux. Sous certaines conditions, l’article 261 B du Code général des impôts exonère de TVA les prestations de services (uniquement) réalisées pour leurs membres par des groupements constitués par des personnes physiques ou morales exerçant une activité exonérée de TVA ou pour laquelle elles n’ont pas la qualité d’assujetti. Les associations sans but lucratif ainsi que certains autres organismes rendant à leurs membres des services que les intéressés utilisent pour les besoins de leur activité professionnelle peuvent donc bénéficier, à ce titre, de l’exonération prévue par cet article à condition qu’ils remplissent toutes les conditions requises pour son application. L’administration fiscale, dans une mise à jour du Bofip du 4 novembre 2015, a supprimé l’exonération de TVA pour la mise à disposition, à prix coûtant, de personnel ou de biens (mobiliers ou immobiliers) effectuée pour des motifs d’intérêt public ou social, soit au profit de personnes morales de droit public ou d’organismes sans but lucratif, soit en vertu d’une obligation légale ou réglementaire. Bénéficiaient notamment de cet avantage fiscal les mises à disposition consenties par les entreprises comme EDF à leur comité d’entreprise ou par les chambres de commerce et d’industrie à des comités interprofessionnels du logement (CIL). Ainsi, les fondements de la doctrine fiscale applicable aux fédérations, unions et groupements de moyens continuent à s’appliquer selon les dispositions établies par l’administration. BOI-TVA-CHAMP-30-10-40 du 4 novembre 2015 YAKOBCHUKOLENA L. DOLGACHOV Mise à disposition à prix coûtant Recherches & Solidarités et Institut des dirigeants d’Associations & Fondations, « La générosité des Français », 20e édition, novembre 2015 Sirene De nouvelles mentions Les associations qui, notamment, emploient du personnel salarié ou bénéficient de subventions publiques doivent s’inscrire au répertoire Sirene (système informatique pour le répertoire des entreprises et des établissements). L’inscription est effectuée soit par l’Urssaf ou le centre des impôts, soit directement par l’association auprès de l’Insee. Ce répertoire mentionne entre 6 autres la dénomination de l’association, l’adresse de son siège social et, depuis le 1er janvier 2016, le numéro de l’association au répertoire national des associations (RNA) et, le cas échéant, sa qualité d’entreprise de l’économie sociale et solidaire. Cette dernière mention peut figurer sur tous les documents émis par l’association, tels que ses bons de commande, ses factures ou bien encore ses contrats. Décret n° 2015-1219 du 1er octobre 2015, JO du 3 Loi ESS Libéralités La loi relative à l’économie sociale et solidaire (loi ESS) du 31 juillet 2014 a « ouvert » la capacité juridique de certaines associations en leur permettant de recevoir, à titre gratuit, des immeubles ou encore des libéralités entre vifs et testamentaires. Sur ce point, nous pouvons toutefois regretter que l’administration fiscale n’ait pas suivi en aménageant le régime fiscal de faveur au titre des droits d’enregistrement. Cette absence d’alignement met, en effet, un frein à cette émancipation attendue dont les associations pourraient bénéficier, dans les mêmes conditions que les entités reconnues d’utilité publique ou encore les fonds de dotation, dès lors qu’elles exercent une activité générale, existent depuis au moins 3 ans et répondent aux critères du b) du 1 de l’article 200 du Code général des impôts. Loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014, JO du 1er août Secteurs / Associations Insertion Spectacle vivant ELIVAGAR Le recrutement des sportifs et entraîneurs professionnels se fait désormais dans le cadre d’un contrat de travail spécifique. Un crédit d’impôt est créé en faveur des associations de spectacles vivants pour les exercices ouverts à compter du 1er janvier 2016. Une durée de travail dérogatoire est instaurée pour les personnes rencontrant des difficultés particulièrement importantes. Depuis le 28 novembre dernier, les associations sportives qui recrutent des sportifs et entraîneurs professionnels doivent obligatoirement conclure avec ces derniers un contrat à durée déterminée spécifique. Sa durée est, en principe, fixée à 12 mois minimum, ce qui correspond à une saison sportive, et ne peut excéder 5 ans. Établi par écrit, le contrat doit notamment mentionner sa durée, la date d’embauche du salarié ainsi que l’emploi qu’il occupe et les activités auxquelles il participe. Par ailleurs, l’association doit, en lien avec les fédérations sportives, les ligues professionnelles et les organisations représentatives de sportifs et d’entraîneurs professionnels, assurer le suivi socioprofessionnel des sportifs salariés qu’elle recrute. Enfin, les associations peuvent conclure des contrats d’apprentissage avec des personnes inscrites sur la liste des sportifs de haut niveau et ayant plus de 25 ans. Sont concernées par cet avantage fiscal, sur agrément, les associations soumises à l’impôt sur les sociétés qui ont la responsabilité du spectacle et qui supportent le coût de sa création. Les dépenses ouvrant droit au crédit d’impôt doivent être engagées pour la création, l’exploitation et la numérisation d’un spectacle musical ou de variétés (frais de personnel, de location de salles, d’assurance annulation..) par des associations établies en France ou dans un autre pays européen qui y effectuent les prestations liées à la réalisation du spectacle. Elles doivent, en outre, porter sur un spectacle dont les coûts de création sont majoritairement engagés en France et sur des artistes dont aucun spectacle ne doit avoir comptabilisé plus de 12 000 entrées payantes (hors festivals et premières parties) pendant les 3 ans précédant la demande d’agrément. Le montant des dépenses pris en compte est plafonné à 500 000 € par spectacle et l’avantage fiscal ne peut, quant à lui, dépasser 750 000 € par association et par exercice. Les associations qui mettent en place des ateliers et chantiers d’insertion embauchent, dans le cadre de contrats à durée déterminée, des personnes sans emploi rencontrant des difficultés sociales et professionnelles. La durée du travail de ces salariés doit être d’au moins 20 heures par semaine. Toutefois, depuis le 8 novembre 2015, il est possible de conclure des contrats comportant une durée de travail hebdomadaire inférieure à 20 heures. Pour cela, l’association doit obtenir, avant l’embauche, l’accord de Pôle emploi. Un accord donné lorsque le bénéficiaire rencontre des difficultés particulièrement importantes qui « caractérisent un risque de grande exclusion dont l’absence de prise en charge ferait obstacle à son insertion professionnelle ». Enfin, il ne peut, en principe, être dérogé à cette durée minimale de travail que pendant une période de 6 mois. Loi n° 2015-1541 du 27 novembre 2015, JO du 28 Loi n° 2015-1785 du 29 décembre 2015 de finances pour 2016, JO du 30 VISIVASNC Spectacle vivant MORENOVEL MASSIMHOKUTO Sport Décret n° 2015-1435 du 5 novembre 2015, JO du 7 Les salaires minimaux des artistes-interprètes sont modifiés. L’avenant du 30 juin 2015, relatif aux salaires minimaux des artistes-interprètes prévus à l’annexe 1 de la convention collective nationale des entreprises du secteur privé du spectacle vivant du 3 février 2012, est étendu. Il concerne les exploitants de lieux (théâtre, opéra...) ainsi que les producteurs ou diffuseurs de spectacles dramatiques, lyriques, chorégraphiques et de musique classique. Tous les employeurs compris dans le champ d’application de la convention collective doivent donc respecter ces nouvelles dispositions. L’extension de cet accord est toutefois soumise à deux réserves : - la négociation annuelle sur les salaires doit permettre de définir et de programmer les mesures permettant de supprimer les écarts de rémunérations entre les femmes et les hommes ; - la différence de rémunération entre salariés ayant la même qualification et accomplissant les mêmes tâches doit se fonder sur des critères objectifs et vérifiables en relation directe avec la valeur du travail effectué, conformément au principe « à travail égal, salaire égal ». Arrêté du 26 novembre 2015 portant extension d’un avenant à la convention collective nationale des entreprises du secteur privé du spectacle vivant, JO du 4 décembre 2015, texte n° 63 7 Dossier Dossier réalisé par Laurent Simo - In Extenso S. NIVENS Gestion des risques La sécurité financière dans les organisations humanitaires 8 Dossier A u sein du secteur associatif, les associations humanitaires, qu’elles interviennent sur le territoire national ou qu’elles soient des organisations de solidarité internationale, sont particulièrement soumises à des aléas financiers. Ainsi, elles doivent mettre en place des processus permettant d’identifier leurs risques afin de bien se positionner dans un environnement complexe et en pleine mutation. Quels points de vigilance ? Les ressources financières La première caractéristique des associations humanitaires se situe au niveau de la perception des ressources financières. En effet, pour leur plus grand nombre, les associations humanitaires exercent peu d’activités de ventes ou de prestations accessoires leur permettant d’assurer des revenus réguliers. Le décryptage de chaque niveau de ressources et leur potentiel d’évolution doivent donc être mesurés. Les subventions Toutes les associations sont sujettes aux aléas d’obtention de subventions, de leur éventuelle restriction ou encore de la réorientation d’enveloppes budgétaires. Cependant, les associations humanitaires perçoivent le plus souvent des financements pour des projets spécifiques, ce qui implique pour tout nouveau projet une nouvelle demande de subvention et une nouvelle justification, sans avoir toutefois l’assurance de son octroi. Par conséquent, le nombre de financements affectés est volumineux pour ces structures. Ainsi, des modifications de politiques publiques auront tendance à limiter en priorité des projets jugés trop ambitieux ou trop fréquents pour certaines associations. Le premier point de vigilance consistera donc à analyser les différentes sources de subventions pour les répartir de la meilleure façon possible afin de limiter les risques. En outre, il convient de surveiller de manière régulière les orientations politiques et stratégiques de certains bailleurs de fonds pour s’assurer que les projets à venir seront maintenus dans leur domaine prioritaire. Ceci est notamment valable pour des politiques publiques, mais encore davantage dès lors que l’association est financée majoritairement par des organisations internationales. Les dons Seconde catégorie de ressources sujette à de fortes variations, les dons issus de campagnes d’appel public à la générosité. Les observatoires de mécénat soulignent la baisse du nombre de nouveaux donateurs et la difficulté à les fidéliser dans un contexte économique et sociétal qui rend plus volatils les dons réguliers. Ainsi voit-on se développer les systèmes de crowdfunding (ou financement participatif) basés sur la captation de montants peu significatifs pour chaque donateur, mais nombreux, portant souvent sur des projets originaux fixés dans le temps et qui n’engagent pas les donateurs sur le long terme. Cette tendance démontre une mutation des attitudes des donateurs et il convient d’anticiper ces changements, aussi bien en termes de méthodes techniques que de communication, pour continuer à percevoir des financements de particuliers. Le mécénat d’entreprise Bon nombre d’associations humanitaires misent sur le développement du mécénat d’entreprise qui apparaît comme une manne encore insuffisamment explorée. Cependant, beaucoup s’aperçoivent qu’il demeure difficile de développer de manière significative ce type de ressources car le nombre de prétendants s’accroît au fur et à mesure que les financements publics s’amenuisent. De plus, si le nombre d’entreprises mécènes a tendance à augmenter, les volumes octroyés stagnent et ne décollent pas réellement. Le plafonnement du soutien des bailleurs de fonds internationaux oblige les associations à cofinancer leurs projets. Un suivi financier et comptable sans surprise L’obtention de subventions et de dons affectés à des projets impose la mise en place d’un suivi rigoureux afin d’éviter les mauvaises surprises. Ainsi, leurs spécificités doivent être analysées et transcrites en comptabilité analytique. Les fonds dédiés Dès lors que des subventions ou des dons affectés à un projet spécifique n’ont pas été intégralement consommés, l’association doit constater, à la clôture d’un exercice, des fonds dédiés, c’est-à-dire la partie des ressources non utilisées à reporter sur l’exercice suivant. Or, la bonne utilisation de ces fonds dédiés nécessite une comptabilité analytique précise, un suivi dans le temps et une bonne appréciation de la part qui pourra au final être consommée ou non. Des fonds dédiés calculés de manière aléatoire ou non suivis peuvent provoquer des variations significatives de résultat d’un exercice à l’autre, voire un reversement de la part de financements non utilisés dans le cadre des subventions. Les clauses conventionnelles des subventions Une lecture approfondie des conventions de subvention doit permettre d’évaluer les clauses les plus sensibles. En effet, malgré les discours de simplification, il est rare de voir des conventions de financement s’alléger en termes de clauses juridiques. La prudence est donc de mise pour s’assurer que l’association sera bien en mesure de produire 9 Dossier les états sollicités et de répondre aux exigences de délais ou de critères spécifiques. Les suivis budgétaires La gestion de projet implique un suivi régulier pour apprécier si le montant des dépenses engagées correspond avec le budget défini. Des suivis budgétaires par projet doivent être mis en place afin de pouvoir alerter, corriger en temps nécessaire la réalisation de nouvelles dépenses ou accentuer la recherche de nouveaux financements. La sécurité des biens, des personnes et du numéraire Le fait d’évoluer au sein de projets à destination de personnes défavorisées ou en situation précaire rend les organisations humanitaires plus vulnérables au risque de vol ou de détérioration de matériel. Ceci est d’autant plus vrai pour les opérations impliquant le maniement d’argent liquide. La mise en place de procédures de contrôle interne adaptées apparaît donc nécessaire pour ne pas mettre en péril l’accomplissement des projets. L’incertitude de continuité des fonctions bénévoles Le secteur associatif s’inquiète (à juste titre) d’une diminution du nombre de bénévoles et constate une difficulté à en recruter de nouveaux. Sans revenir sur les facteurs impliquant ce constat, il est certain que l’évolution de la complexité de l’environnement (responsabilité juridique par exemple) ne favorise pas l’engagement volontaire. Dans les associations humanitaires, outre les membres du conseil d’administration, ce sont surtout les bénévoles de tous les jours, ceux qui permettent d’assurer des tâches simples mais indispensables, qui commencent à manquer. Or, ceux-ci constituent un moyen d’économiser des ressources pour ces associations car ils viennent en Le traitement des legs et donations Philippe Guay - Deloitte Les associations humanitaires trouvent fréquemment une grande partie de leurs financements au moyen de dons et libéralités qu’elles sollicitent par des campagnes d’appel à la générosité. Si la collecte de dons est une fonction bien souvent confiée à des prestataires spécialisés, le traitement et le suivi des dossiers de legs et donations est assuré par un service interne à l’organisme. En effet, la relation avec le donateur requiert une attitude et une relation particulière et confidentielle. Ensuite, le dénouement des dossiers peut prendre un certain temps, surtout lorsque les attributions testamentaires visent plusieurs organismes. Dans ce 10 cas, le dossier notarié n’en est que plus complexe. Les procédures de suivi des legs et donations mises en place au sein de l’association ou de la fondation permettent de connaître régulièrement les enjeux financiers en cause. Cette information doit être intégrée régulièrement dans les comptes de l’organisme. Tous les legs ne sont pas bons à prendre ! En effet, certains dossiers sont parfois accompagnés de conditions exprimées par le testateur qui peuvent se révéler contraignantes et coûteuses. C’est pourquoi il convient de faire accepter ou refuser de façon formelle les différents legs par une délibération du conseil d’administration. substitution de prestations ou d’emplois salariés. Ainsi, les associations humanitaires recourant de manière significative aux bénévoles doivent veiller au maintien des équipes existantes, voire susciter de nouvelles « vocations », pour favoriser la réalisation des missions dans les meilleures conditions. Le cas spécifique des organisations de solidarité internationale Évoluer dans des pays nécessitant l’aide internationale accroît les difficultés de mise en place et de suivi des projets. Cette contrainte peut impliquer une fragilisation financière importante. La gestion des devises étrangères Gérer des devises étrangères est synonyme de risque de perte de change, de dévaluation et d’augmentation des prix pouvant avoir des incidences fortes sur des gestions de projet. Outre la surveillance nécessaire de la variation des cours des devises, des politiques anticipées de gestion des devises peuvent être réalisées par des systèmes d’achats à terme ou l’utilisation (lorsque cela est possible) de monnaie forte. Le facteur des financements internationaux Le cadre de prise en charge des budgets par des financements de l’Union européenne ou des Nations unies a considérablement changé ces dernières années. Les contrôles sont fréquents, précis et laissent peu de marge disponible. Ainsi la bonne interprétation des conditions générales de financement demeure absolument nécessaire pour ne pas se voir refuser telles ou telles dépenses lors d’un contrôle, plusieurs mois voire plusieurs années après la fin d’un projet. Par ailleurs, ces financements d’opérations de développement reposent le plus souvent sur le principe d’une part d’autofinancement de l’association ou d’apports de ressources complémentaires. Ceci se matérialise par un pourcentage maximum pris en charge par le financement sur le budget du projet. Dès lors que les autres cofinancements à l’opération ne sont pas assurés, l’association court le risque de devoir engager le projet dans sa totalité et de devoir mobiliser ses ressources propres pour compléter la part manquante. Le cadre juridique des pays d’intervention L’intervention dans des pays étrangers est souvent facteur de complexité. Les législations et réglementations applicables peuvent parfois être confuses et peu adaptées aux contextes d’intervention. Dans ce cadre, les habilitations en termes d’autorisation de fonctionnement ou la législation sociale du personnel employé peuvent constituer une réelle source de fragilité (connaissance des méthodes d’indemnisation de fins de contrat par exemple). Ainsi, un conseil adapté par des professionnels locaux DR Dossier permettra d’identifier ces risques, de les mesurer et de trouver les solutions optimales. Des conditions spécifiques de sécurité La sécurité est une priorité pour les organismes intervenant dans des pays éprouvant des tensions sociales importantes ou en état de guerre. Bien entendu, les associations humanitaires mettent en place les conditions nécessaires pour assurer cette nécessaire sécurité. Néanmoins, il est plus délicat d’évaluer leurs conséquences financières en cas d’arrêt d’un projet, d’un départ précipité ou de conditions nécessitant des remplacements de matériel. Si possible, c’est dès la construction budgétaire du projet que les impacts financiers de l’éventuelle mise en sommeil d’un projet pour des raisons de sécurité seront évalués parmi lesquels l’analyse des charges fixes (frais de personnel, locations, etc.), les coûts de rapatriement, les conditions spécifiques des financements, etc. Ceux-ci pourront être complétés par une actualisation régulière de la connaissance des conditions du pays d’intervention. Définir un cadre adapté de prévention de risques et de sécurisation financière Les associations humanitaires sont le plus souvent très professionnelles et expérimentées mais il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas toujours possible de tout prévoir. Quelques conseils simples peuvent être appliqués pour insérer la sécurisation financière au sein des priorités de l’association : - identifier une ou plusieurs personnes au sein d’un comité dédié dont la responsabilité sera de mettre à jour des procédures fiables et leur suivi ; - ne pas agir seul, faire partie intégrante des réseaux associatifs spécialisés ou mener des partenariats avec d’autres associations ; - définir une stratégie financière adaptée à l’évolution des sources de financement ; - faire évoluer sa politique de communication afin de répondre aux attentes des donateurs. La cartographie des risques, une bonne méthode pour connaître ses forces et ses faiblesses Les associations humanitaires se penchent de plus en plus souvent sur les risques relatifs à leurs activités. Elles mettent en œuvre des réflexions qui impliquent autant bénévoles et salariés réunis dans des comités d’audit. Les travaux de ces comités sont consignés dans une cartographie des risques dont les contours et les conclusions sont présentés à leurs conseils d’administration. La cartographie des risques de chaque organisme est propre aux activités déployées, à son organisation et à ses caractéristiques. À l’instar de ce qui se pratique dans les entreprises pour appréhender la gestion des risques, on peut citer les orientations suivantes qui sont le plus souvent examinées : - au titre des risques externes : • la concurrence avec d’autres organismes ; • le lobbying avec différentes instances ; • la politique étrangère ; • la législation, la réglementation ; • le traitement des situations d’urgence (catastrophes naturelles, terrorisme, crise sur le marché...) ; • les relations avec les parties prenantes et les partenaires. - au titre des risques internes : • les risques stratégiques : stratégie de développement, stratégie marketing, modèle socio-économique, équilibre financier, gouvernance ; • les risques opérationnels : santé et sécurité, connaissance et savoir-faire, accident majeur, dommages aux tiers, dommages aux actifs, carence des fournisseurs ; • les risques liés à l’organisation des ressources humaines : externalisation, personnes clés, communication, gestion du changement/recrutement ; • les risques de gouvernance : leadership, délégation, autorité ; • les risques liés aux systèmes d’information : technologie, infrastructure, intégrité, accès, maintenance, disponibilité, confidentialités, externalisation ; • les risques de conformité : législation et réglementation, contractuelle, juridique, communication financière ; • les risques dépendant des règles d’intégrité : fraude, actes illégaux, usage illégal, éthique, image de marque ; • les risques liés aux transactions et opérations financières : management finance (budget, prévision, impôts…), taux d’intérêts, dépréciation d’actifs. La qualité des risques identifiés est appréciée, d’une part, en fonction de leur niveau ou degré d’importance (faible, modéré, élevé, important), puis d’autre part, en fonction de leur probabilité à se révéler et de leur maîtrise par l’organisation en place. Cette démarche permet ainsi aux organismes gestionnaires d’actions humanitaires d’entreprendre un véritable plan d’amélioration de leurs procédures qui s’inscrit dans un concept de démarche qualité actif et rassurant. 11 DAHMANE “En France, comme partout dans le monde, la douleur n’est pas une fatalité.” Interview Alain Serrie Président de l’association Douleurs Sans Frontières Depuis 20 ans, Douleurs sans frontières œuvre dans les pays émergents pour faire avancer la prise en charge de la douleur. Le professeur Alain Serrie, son président, nous en présente le fonctionnement et revient sur son mode de financement. Comment est née Douleurs Sans Frontières ? Douleurs sans frontières (DSF) est née, il y a une vingtaine d’années, de la rencontre entre plusieurs responsables de structures françaises du traitement de la douleur. Nous nous sommes demandé comment aider, dans les pays émergents et dans les pays en voie de développement, ceux qui présentaient des douleurs chroniques avec les répercussions que cela implique sur le plan psychique et physique. Nous avions conscience que, dans les pays du Sud, la douleur était trop souvent ignorée, voire méprisée, et qu’elle était considérée comme une fatalité, une épreuve qui mène à la rédemption. Or, au Nord comme au Sud, la souffrance des hommes reste la même. Et pour prendre en charge la douleur d’un patient cambodgien qui a un cancer, il nous faut utiliser les mêmes outils pharmacologiques que pour un patient parisien tout en respectant, et c’est très important en matière de lutte contre la douleur, les us, les coutumes et la culture du patient. Quelles sont vos missions ? Nous exécutons trois sortes de missions. La première, que nous appelons « mission de santé primaire », correspond à des actions de prise en charge, des consultations douleurs, menées au sein de dispensaires fixes ou itinérants, d’hôpitaux ou dans des camps de réfugiés. Par ailleurs, nous savons tous que rien n’est pérenne s’il n’y a pas de transfert de compétence. C’est pourquoi nous menons également des missions de transmission au cours desquelles nous formons, dans le cadre universitaire ou en dehors, des soignants locaux à prendre en charge la souffrance de leurs patients. Alors bien sûr il y a une déperdition. Il y a ceux qui vont se servir de ces nouvelles compétences dans un intérêt privé ; d’autres qui ne vont pas s’en servir du tout. Mais il y en a aussi beaucoup qui, suite à ces formations, vont adopter un nouveau comportement vis-à-vis des patients douloureux. Enfin, nous organisons des missions d’audit, d’aide et de soutien aux institutions et aux gouvernements qui nous le demandent. Au Maroc, par exemple, nous avons participé à l’élaboration du plan antidouleurs et du plan contre le cancer. Quels sont les pays dans lesquels vous êtes aujourd’hui présents ? Sans compter les pays dans lesquels nous réalisons des missions ponctuelles, nous sommes présents en Arménie, au Cambodge, à Haïti, à Madagascar, au Mozambique et au Maroc. Dans ces six pays, nous disposons de structures permanentes dans lesquelles travaillent de dix à cent personnes. L’effectif évoluant en fonction de l’objectif de la mission. Nous employons des salariés locaux et nous envoyons sur place des bénévoles pour des missions courtes. Pour des missions plus longues, nous proposons des contrats dans le cadre du dispositif de volontariat de solidarité internationale (VSI). Nous avons également en projet de nous implanter au Burkina Faso ainsi qu’au Kurdistan. Dans ce dernier pays où sévit la guerre, les besoins de prise en charge sont énormes. Il est certes important d’aider à reconstruire les ponts et les routes, mais il faut également reconstruire les gens qui ont été violés, violentés, blessés psychologiquement et physiquement. Vous intervenez également en France. Quelle est la nature de votre mission ? Avant de répondre à cette question, je tiens à rappeler que s’il reste imparfait, le système de santé français est très performant. Et l’idée n’était pas d’entrer en concurrence avec les structures nationales de lutte contre la douleur dont l’efficacité n’est plus à démontrer. Nous avons décidé d’intervenir en France pour sensibiliser l’opinion publique et la société. Au-delà des professionnels de santé, c’est le citoyen que nous souhaitons interpeller pour lui faire comprendre que la douleur n’est pas une fatalité et qu’il est toujours possible de faire quelque chose pour la faire disparaître ou tout au moins l’atténuer. Nous voulons que chacun comprenne qu’il n’est pas normal d’avoir mal. Des messages sur la douleur que nous avons choisi de diffuser par le biais du théâtre forum. Un théâtre itinérant qui donne aux spectateurs venus assister à la pièce la possibilité d’intervenir ou de monter sur scène pour s’exprimer à la place d’un des acteurs. Nous en sommes déjà à la 23e représentation. Comment DSF se finance-t-elle ? Comme beaucoup d’associations, DSF s’appuie sur deux sources de financement. Une partie de son budget est constituée grâce au soutien de grandes institutions nationales ou internationales comme l’ONU, l’Union européenne ou encore l’Agence Française du Développement. L’autre partie est le fruit de la générosité du public. Ainsi, aujourd’hui, 50 % 13 Interview Alain Serrie Consultation - Haïti Constatez-vous un moindre soutien des institutionnels ? Il y a 10 ou 15 ans, il était plus simple d’obtenir le soutien des grands institutionnels. Mais à l’époque, il y avait davantage d’argent et moins de missions à financer. Aujourd’hui, ces organismes sélectionnent plus durement les projets qui leur sont soumis. De plus, ils ne financent pratiquement plus l’intégralité des missions. Leur contribution, d’une manière générale, ne va pas au-delà de 40 % ou 50 % du budget nécessaire pour mener à bien la mission. Il faut donc trouver un cofinancement à hauteur d’au moins 50 %. Sans parler du fait que ces financements publics peuvent ne pas être reconduits alors que la mission, elle, a vocation à durer plusieurs années. Aussi, la baisse et l’incertitude des soutiens institutionnels nous obligent-elles, comme toutes les ONG, à revoir notre stratégie et à renforcer nos fonds propres. Comment réalisez-vous vos campagnes d’appel aux dons ? C’est une opération qu’il nous est impossible de réaliser en interne. Pour bien mesurer l’ampleur de la tâche, il n’est pas inutile de donner quelques chiffres. Nous recevons actuellement à peu près trente mille dons par an. Ces donateurs, qui font partie de notre fichier « fidélisation », nous soutiennent en général plusieurs années. Mais ce fichier doit être nourri ne serait-ce que pour remplacer les personnes qui en sortent. Et pour le nourrir, il faut passer des appels de « prospection ». Aujourd’hui, pour remplacer les dix mille donateurs qu’en moyenne nous perdons chaque année, il faut passer trois cent mille appels utiles, c’est-à-dire un appel à l’issue duquel la personne appelée s’engage à PHOTOS : DOULEURS SANS FRONTIÈRES de notre budget provient des institutionnels et 50 % des dons que nous recevons. Soins à domicile - Cambodge Formation - Mozambique donner. Et pour obtenir trois cent mille appels utiles il est nécessaire d’en passer deux millions. Enfin, il faut savoir que 20 % des appels utiles, adressés à des membres du fichier « fidélisation », débouchent sur un don contre seulement 4 % des appels utiles en « prospection ». Mener ces campagnes de dons est un combat très difficile et représente le premier poste de dépenses de notre association. Comment sollicitez-vous les grands mécènes ? Tout naturellement nous sollicitons ceux qui peuvent être le plus intéressés par notre activité. Il s’agit essentiellement des fondations de laboratoires pharmaceutiques. Par exemple, notre prochaine opération au Burkina Faso va être entièrement montée avec le soutien de la Fondation Pierre Fabre. Puis il y a un dernier financement qu’il convient d’évoquer. En effet, nous avons la chance à DSF, depuis de nombreuses années, de pouvoir compter sur le soutien d’artistes de renom. Cela nous a permis, il y a deux ans, d’organiser une vente aux enchères au cours de laquelle nous avons vendu des planches et des dessins originaux de créateurs de bandes dessinées comme Enki Bilal ou encore Jacques Tardi. En l’espace de vingt minutes, cette vente nous a rapporté beaucoup plus que peut-être trois mois ou quatre mois de campagne et de recherche de dons dans le public. Date de création 1996 Président Pr Alain Serrie Adresse Hôpital Lariboisière 2, rue Ambroise Paré - 75475 Paris cedex 10 Budget 2015 2 M€ Pays d’intervention Arménie, Cambodge, France, Haïti, Madagascar, Maroc, Mozambique Projets d’intervention Burkina Faso, Kurdistan Site Internet www.douleurs.org Contact Tél. 09 64 28 19 99 [email protected] L’avis d’expert In Extenso L’objet de l’association prend une place prépondérante dans la formulation de ses statuts. Par conséquent, il est indispensable que celui-ci soit non seulement clairement défini mais aussi compris et adopté par son environnement. En effet, c’est autour de l’objet de l’association que les membres, 14 les adhérents, les dirigeants et les bénévoles doivent se retrouver. Il peut parfaitement bien être accompagné d’autres documents comme une « profession de foi » ou encore une « charte ». L’objet de l’association est également le lien et le ciment de toutes les actions qui seront entreprises. C’est pourquoi il est important que cet objet « colle » à la réalité et aux réalités de l’association. Pour cela, il est indispensable de le repenser régulièrement afin qu’il corresponde concrètement aux orientations prises ainsi qu’à la stratégie proposée et définie à chaque assemblée générale. Les activités de l’association évoluent inévitablement pour s’adapter aux attentes du terrain. Il est sain de débattre régulièrement sur la place occupée par l’association dans ce contexte. Le témoignage de l’association Douleurs Sans Frontières est un bel exemple d’une association qui vit et évolue avec son environnement. Retrouvez sur votre espace client de notre site www.inextenso.fr l’entretien vidéo d’Alain Serrie Émission de reçus fiscaux Nous sommes une fondation reconnue d’utilité publique (FRUP) et nous souhaitons intenter une action en justice. Or, nous nous demandons si c’est notre conseil d’administration ou notre président qui doit agir ? Notre association organise des dîners de charité pour collecter des fonds. Peut-elle émettre des reçus fiscaux afin de permettre aux personnes participant à ces dîners de bénéficier d’une réduction d’impôt ? La question est légitime, en effet, car deux textes semblent s’opposer. D’une part, l’article 19-5 de la loi du 23 juillet 1987 sur le mécénat réserve au conseil d’administration le pouvoir de décider des actions en justice. Mais, d’autre part, les statuts types des FRUP dotées d’un conseil d’administration stipulent que « le président représente la fondation dans tous les actes de la vie civile ». Heureusement, les tribunaux ont apporté une réponse à cette interrogation : seul le président d’une FRUP peut ester en justice pour le compte de la fondation. En effet, les statuts d’une telle fondation prévoient expressément que « le président représente la fondation dans tous les actes de la vie civile [...] et ne peut être représenté en justice que par un mandataire agissant en vertu d’une procuration spéciale ». De plus, aucun autre organe de la fondation ne tient, des mêmes statuts, le pouvoir de la représenter en justice et de décider d’engager une action en justice en son nom. Enfin, l’article 19-5 de la loi du 23 juillet 1987 ne concerne que les fondations d’entreprise et n’est donc pas applicable aux FRUP. M. NIVELET Action en justice Médecine du travail Nous avons reçu du médecin du travail une fiche déclarant l’un de nos salariés inapte à occuper son poste. Pouvons-nous demander à ce médecin des informations sur la pathologie qui justifie cette inaptitude ? Le dossier que le médecin du travail constitue pour chaque salarié et qui mentionne notamment les renseignements relatifs à son état de santé est protégé par le secret médical et ne peut donc vous être communiqué. Plus généralement, le médecin du travail ne peut vous transmettre aucune information médicale sur le salarié (antécédents médicaux, nature de la pathologie…). L’employeur qui, malgré le secret professionnel qui lie le médecin du travail, recevrait des informations médicales sur un salarié ne pourrait pas s’en servir en justice sous peine d’être condamné à verser des dommages-intérêts à ce dernier. Au-delà des conditions générales que votre association doit remplir pour délivrer des reçus fiscaux (gestion désintéressée, intérêt général...), le don du participant au dîner ne doit pas comporter de contrepartie significative. Ainsi, pour un particulier, cette contrepartie ne peut excéder 25 % du montant du don dans la limite de 65 € par an et par bénéficiaire. Par ailleurs, la participation financière au repas organisé par votre association doit s’analyser en deux éléments : - la participation au repas proprement dit : il s’agit de la vente d’un repas facturé à prix coûtant par votre association. Cette participation ne peut pas faire l’objet de l’émission d’un reçu fiscal pour don. Sa valeur doit être définie par rapport aux coûts directs induits par la confection et le service de ce repas (traiteur, service en salle, boissons, etc.). Les autres frais engagés pour l’organisation et la réalisation du dîner sont considérés comme des frais consécutifs à la collecte de dons et n’ont, en principe, pas d’incidence dans l’évaluation du repas. - le geste philanthropique réalisé par les participants au dîner : cette somme correspond à la partie complémentaire payée pour le dîner et peut être assimilée à un don ouvrant droit à avantage fiscal pour le donateur et donc à l’émission d’un reçu. RIDO Questions / Réponses Fonds de dotation Un fonds de dotation peut-il recevoir la dévolution du patrimoine d’une fondation d’entreprise ? La réponse est négative car le fonds de dotation n’est pas mentionné parmi les structures reconnues comme bénéficiaires potentiels de la dévolution du patrimoine d’une fondation d’entreprise. En effet, cette dévolution ne peut s’effectuer qu’au profit d’établissements publics ou reconnus d’utilité publique (liste d’interprétation stricte) et dont l’activité est analogue à celle exercée par la fondation. Or, le fonds de dotation n’est pas assimilé à un établissement reconnu d’utilité publique puisqu’il se crée par la seule volonté de son (ses) fondateur(s) par simple déclaration en préfecture, sans recourir aux formalités tel un décret en Conseil d’État, et sans garantie financière. 15 Zoom A. LIDSTONE Financement La territorialité des dons La question de la territorialité du don est intimement liée au dispositif fiscal associé au don. Dossier réalisé par Jean-Claude Marty - Deloitte En règle générale, un État accorde une réduction d’impôt au donateur lorsqu’il reconnaît notamment le caractère d’intérêt général de l’affectation de ce don, sur son territoire national. Le sujet est sensible et le consensus entre l’État et l’administration fiscale d’une part et le secteur associatif d’autre part difficile à atteindre comme en attestent le rapport de Gilles Bachelier sur les règles de territorialité du régime fiscal du mécénat (février 2013) et le projet d’instruction fiscale sur la territorialité du mécénat (janvier 2012). Les dispositifs fiscaux du mécénat en France En France, le bénéfice du régime fiscal des dons et du mécénat ouvre droit à différents avantages fiscaux sous 16 forme de réductions d’impôt sur le revenu ou de l’impôt de solidarité sur la fortune (66 % pour les particuliers, dans la limite de 20 % du revenu imposable ; 60 % pour les entreprises, dans la limite de 5 ‰ du chiffre d’affaires ; 75 % pour l’ISF, dans la limite de 50 K€ de réduction). Cet avantage est toutefois subordonné au respect de conditions de fond comme : - la gestion désintéressée de l’organisme bénéficiaire des dons : absence de toute distribution au profit des membres, absence de rémunération des dirigeants, sauf tolérance administrative des ¾ du Smic ou application stricte du dispositif prévu par l’article 261 7 1° d) du Code général des impôts (CGI) ; - l’absence de caractère lucratif des activités au sens de l’article 206 1 bis du CGI ; - la réalisation de ces activités au profit d’un cercle de personnes non restreint ; - l’exercice d’une activité appartenant à l’une des catégories limitativement énumérées par les articles 200 et 238 bis du CGI ou bien le versement à un organisme dont la forme juridique appartient à la liste de l’article 885 0 V bis A du CGI ; - le lieu d’établissement de l’organisme bénéficiaire du don, ainsi que le lieu de réalisation de l’action. Sur ce dernier aspect, la question de la territorialité du don porte sur : • la destination primaire : le lieu d’établissement de l’organisme bénéficiaire du don est-il situé en France ? • la destination secondaire : quel est le lieu d’utilisation des fonds collectés par l’organisme bénéficiaire du versement ? Le lieu d’établissement du bénéficiaire du don Cette question est aujourd’hui celle qui semble la plus claire. Le 27 janvier 2009, la Cour de justice des communautés européennes (CJCE), dans l’affaire Persche, a, sur le motif de la libre circulation des capitaux, rendu une décision ouvrant la perspective pour un donateur (particulier ou entreprise) de bénéficier des dispositifs fiscaux du mécénat de son propre pays alors même que le versement est effectué au profit d’un organisme d’intérêt général situé dans un autre pays de l’Union européenne (UE) ou dans un pays de l’Espace économique européen (EEE) ayant conclu avec la France une convention fiscale contenant une clause d’assistance administrative en vue de lutter contre la fraude ou l’évasion fiscale. Cette jurisprudence transposée en droit français, le législateur et l’administration fiscale ont défini les conditions de fond et de forme devant être respectées par un organisme de l’UE ou de l’EEE pour remettre à un contribuable français un reçu fiscal (voir encadré Zoom ci-dessous). Au regard de ces conditions, d’aucuns s’interrogent sur la substitution d’une discrimination « administrative » à la discrimination tenant au lieu d’établissement de l’organisme bénéficiaire. En effet, parmi elles, figure notamment l’exercice en France d’une activité éligible : si la CJCE oblige les États à accorder le bénéfice du reçu fiscal au titre d’un versement consenti au profit d’un organisme situé dans un autre État, la condition de la territorialité de l’action menée revient bien à n’accorder ce bénéfice qu’à la condition d’une activité d’intérêt général exercée en France (sauf actions humanitaires). Le lieu d’utilisation des fonds L’essentiel des domaines énumérés par les articles 200 et 238 bis du CGI relève d’actions devant être réalisées en France : activités à caractère philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial, culturel. Certaines activités peuvent être mises en œuvre à l’étranger. Il s’agit de celles concourant à la diffusion de la culture, de la langue ou des connaissances scientifiques françaises et de celles relevant d’un programme humanitaire d’aide en faveur des populations en détresse pour la satisfaction de besoins indispensables notamment alimentaires, médicaux et, par tolérance, éducatifs. En dehors de toute catastrophe ou calamité naturelle, apprécier si une situation relève du domaine humanitaire et si les besoins élémentaires inhérents à la vie et à la dignité humaine ne sont pas satisfaits peut constituer une difficulté, une source de divergence et, donc, une source d’insécurité juridique en matière de reçus fiscaux. L’organisme devra en outre apporter la démonstration qu’il organise et contrôle le programme à partir de l’État dans lequel il a son siège. Comme on peut le voir au travers de ces développements, l’ouverture au don transnational offerte par les règles applicables en France au regard de la territorialité des dons trouve à ce stade une concrétisation assez limitée du fait de la lourdeur administrative de la demande d’agrément et des règles de territorialité pour l’utilisation par l’organisme bénéficiaire des fonds collectés. Une telle situation justifie par exemple la mise en place de dispositifs privés tels que le « Transnational Giving Europe » ou TGE. Il résulte d’une initiative privée et consiste en une intermédiation par un réseau de fondations reconnues d’utilité publique entre lesquelles ont été définis des accords de réciprocité permettant de favoriser la générosité transnationale. Conditions à respecter par un organisme situé dans un pays de l’UE ou de l’EEE pour obtenir un agrément de l’administration fiscale française Poursuivre des objectifs et présenter des caractéristiques similaires à ceux des organismes éligibles dont le siège est situé en France, dont la gestion désintéressée, la prépondérance des activités non lucratives et ne pas agir au profit d’un cercle restreint de personnes Exercer une activité éligible en France (cf. articles 200 et 238 bis du CGI) ou organiser à l’étranger un programme humanitaire d’aide en faveur des populations en détresse (sous condition, d’organiser et contrôler à partir de l’État dans lequel l’organisme a son siège, le programme initié) Respecter la procédure de demande d’agrément (1) : répondre à un questionnaire détaillé et y joindre des pièces justificatives en application de l’arrêté du 28 février 2011 fixant les modalités d’application de la procédure d’agrément. La durée de validité de l’agrément va jusqu’à la fin de la 3e année suivant son obtention Parties du questionnaire Pièces justificatives à joindre et traduire en français Identification de l’auteur de la demande Mandat de représentation Objet de la demande Dispositif fiscal pour lequel l’agrément est demandé Identification de la personne morale ou de l’organisme demandeur (PMOD) Liste et adresses des établissements et des antennes de la PMOD situés dans l’UE ou l’EEE Copie des statuts et document officiel attestant de l’existence Activités exercées en France par la PMOD Activités exercées hors de France par la PMOD Rapports d’activité des trois dernières années Composition et gestion de la PMOD Documents relatifs aux rémunérations, notamment des dirigeants Ressources de la PMOD Bilans et rapports financiers des trois dernières années Régime fiscal applicable dans l’État dans lequel la PMOD a son siège Nature et affectation des biens reçus par voie de dons ou de legs Attestation ou tout autre document officiel émanant de l’administration fiscale et confirmant l’éligibilité au dispositif fiscal du mécénat Copie de la déclaration ou de l’acte enregistré par le service de la direction générale des finances publiques compétent Observations complémentaires (1) En l’absence d’agrément, c’est au contribuable souhaitant bénéficier d’une réduction d’impôt d’apporter la documentation démontrant que l’organisme auquel il verse des fonds remplit les critères. 17 Tableaux de bord Progression de l’indice du coût de la construction Indice du coût de la construction Année 1er trimestre 2e trimestre 3e trimestre 4e trimestre 2006 1 362 1 366 1 381 1 406 2007 1 385 1 435 1 443 1 474 2008 1 497 1 562 1 594 1 523 2009 1 503 1 498 1 502 1 507 2010 1 508 1 517 1 520 1 533 2011 1 554 1 593 1 624 1 638 2012 1 617 1 666 1 648 1 639 2013 1 646 1 637 1 612 1 615 2014 1 648 1 621 1 627 1 625 2015 1 632 1 614 1 608 Trimestre Sur 3 ans Sur 1 an 1 trim. 2013 9,15 % 1,79 % er 2 trim. 2013 7,91 % 1,74 % 3e trim. 2013 6,05 % - 2,18 % 4e trim. 2013 5,35 % - 1,46 % 1 trim. 2014 6,05 % 0,12 % 2 trim. 2014 1,76 % - 0,98 % 3 trim. 2014 0,93 % 0,18 % 4 trim. 2014 - 0,80 % 0,62 % 1 trim. 2015 0,93 % - 0,97 % 2 trim. 2015 - 3,12 % - 0,43 % 3 trim. 2015 - 2,43 % - 1,17 % e er e e e er e e Indice de référence des loyers Année 1er trimestre 2e trimestre 3e trimestre 4e trimestre 2013 124,25 + 1,54 %* 124,44 + 1,20 %* 124,66 + 0,90 %* 124,83 + 0,69 %* 2014 125,00 + 0,60 %* 125,15 + 0,57 %* 125,24 + 0,47 %* 125,29 + 0,37 %* 2015 125,19 + 0,15 %* 125,25 + 0,08 %* 125,26 + 0,02 %* 125,28 - 0,01 %* *Variation annuelle Barème fiscal de remboursement des frais kilométriques pour 2014 Puissance administrative Jusqu’à 5 000 km Au-delà de 5 000 km et jusqu’à 20 000 km Au-delà de 20 000 km 3 CV d x 0,41 € 824 € + (d x 0,245) d x 0,286 € 4 CV d x 0,493 € 1 082 € + (d x 0,277) d x 0,332 € 5 CV d x 0,543 € 1 188 € + (d x 0,305) d x 0,364 € 6 CV d x 0,568 € 1 244 € + (d x 0,32) d x 0,382 € 7 CV et plus d x 0,595 € 1 288 € + (d x 0,337) d x 0,401 € d = distance parcourue à titre professionnel en 2014. Indice et taux d’intérêt Taux de base bancaire (1) Taux Eonia (moy. mens.) Indice prix tous ménages Hausse mensuelle Hausse 12 derniers mois 1 ou 2 CV d x 0,338 € 760 € + (d x 0,084) d x 0,211 € 3, 4 ou 5 CV d x 0,4 € 989 € + (d x 0,07) d x 0,235 € + de 5 CV d x 0,518 € 1 351 € + (d x 0,067) d x 0,292 € Nov. 2015 Déc. 2015 6,60 % 6,60 % 6,60 % (2) - 0,1387 % - 0,1346 % - 0,2039 % 127,91 127,67 127,95 + 0,1 % - 0,2 % + 0,2 % + 0,1 % 0,0 % + 0,2 % (1) Taux variable suivant les établissements de crédit. (2) Depuis le 15 octobre 2001. Taux de l’intérêt légal : 1er semestre 2016 : 4,54 % pour les créances des personnes physiques n’agissant pas pour des besoins professionnels et 1,01 % pour tous les autres cas. Taxe sur les salaires 2016 Taux (1) ATTENTION ment des rembourse es ne Les barèm de Frais kilométriques motos 2014 es pour 2015 qu frais kilométri re connus à l’heure s enco Puissance Depa 3 001 km esse. sont Jusqu’à 3 000 km sous prde 6 000 km ns Au-delà administrative à 6 000 km no où us metto Oct. 2015 4,25 % 8,50 % 13,60 % 20 % Tranche de salaire brut/salarié Salaire mensuel Salaire annuel - de 643 € de 643 € à 1 283 € de 1 283 € à 12 677 € + de 12 677 € - de 7 713 € de 7 713 € à 15 401 € de 15 401 € à 152 122 € + de 152 122 € Abattement des associations : 20 283 € (1) Dom (sauf Guyane et Mayotte) : 2,95 %, Guyane et Mayotte : 2,55 %, toutes tranches confondues. d = distance parcourue à titre professionnel en 2014. Frais kilométriques bénévoles* Frais kilométriques vélomoteurs et scooters 2014 Puissance administrative - de 50 cm3 Jusqu’à 2 000 km De 2 001 km à 5 000 km Au-delà de 5 000 km d x 0,269 € 412 € + (d x 0,063) d x 0,146 € d = distance parcourue à titre professionnel en 2014. 18 Véhicule Montant autorisé/km Automobile Vélomoteur, scooter, moto 0,308 € 0,120 € * Barème 2015, www.interieur.gouv.fr, 16 avril 2015 Mis à jour le 2 février 2016 Smic et minimum garanti en euros SMIC 2015/2016 Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Déc. Janv. Fév. SMIC horaire 9,61 9,61 9,61 9,61 9,61 9,61 9,61 9,61 9,61 9,61 9,67 9,67 Minimum garanti 3,52 3,52 3,52 3,52 3,52 3,52 3,52 3,52 3,52 3,52 3,52 3,52 Feuille de paie | Cotisations sur salaire brut depuis le 1er janvier 2016 Charges sur salaire brut Cotisations à la charge du salarié de l’employeur 2 Base 1 CSG non déductible et CRDS 3 2,90 % - CSG déductible 3 5,10 % - totalité tranche A totalité totalité totalité 0,75 % 4 6,90 % 0,35 % - 12,84 % 5 8,55 % 1,85 % 5,25 % 6 taux variable Contribution solidarité autonomie totalité - 0,30 % 5 Cotisation logement (Fnal) - Employeurs de moins de 20 salariés - Employeurs de 20 salariés et plus tranche A totalité - 0,10 % 0,50 % Assurance chômage tranches A + B 2,40 % 4 % 7 Fonds de garantie des salaires (AGS) tranches A + B - 0,25 % 0,024 % 0,036 % 3,10 % 8,10 % 0,80 % 0,90 % 3,10 % 7,80 % variable 8 0,13 % 0,80 % 0,90 % - 4,65 % 12,15 % 1,20 % 1,30 % 4,65 % 12,75 % variable 8 0,22 % 1,20 % 1,30 % 1,50 % - 0,016 % Sécurité sociale - Assurance-maladie - Assurance vieillesse plafonnée - Assurance vieillesse déplafonnée - Allocations familiales - Accidents du travail APEC (cadres) tranches A + B Retraites complémentaires tranche 1 - Non-cadres (ARRCO) minimum tranche 2 - Non-cadres (ARRCO) minimum tranche 1 - Non-cadres (AGFF) tranche 2 - Non-cadres (AGFF) tranche A - Cadres (ARRCO) tranche B - Cadres (AGIRC) minimum tranche C - Cadres supérieurs (AGIRC) tranches A + B + C - Cadres (AGIRC) - CET tranche A - Cadres (AGFF) tranche B + C - Cadres (AGFF) Prévoyance cadres (taux minimum) tranche A Contribution au financement des totalité organisations professionnelles et syndicales Forfait social sur la contribution totalité de patronale de prévoyance 9 la contribution Versement de transport 10 totalité Smic mensuel en fonction de l’horaire hebdomadaire (1) Horaire hebdomadaire 35 h 36 h 37 h 38 h 39 h 40 h 41 h 42 h 43 h 44 h Nb d’heures mensuelles 151,67 h 156 h 160,33 h 164,67 h 169 h 173,33 h 177,67 h 182 h 186,33 h 190,67 h Smic mensuel brut au 01/01/16* 1 466,65 € 1 518,99 € 1 571,33 € 1 623,79 € 1 676,13 € 1 728,47 € 1 780,93 € 1 833,26 € 1 885,60 € 1 948,55 € * Calculé par nos soins (1) Pour une durée légale hebdomadaire de 35 heures, avec majoration de salaire de 25 % pour les 8 premières heures supplémentaires et 50 % au-delà. - 8 % variable Plafond de la Sécurité sociale 1 Tranches A et 1 : dans la limite du plafond mensuel de la Sécurité sociale. Tranche 2 : de 1 à 3 plafonds. Tranche B : de 1 à 4 plafonds. Tranche C : de 4 à 8 plafonds. 2 Les salaires inférieurs à 1,6 Smic ouvrent droit à une réduction des cotisations sociales patronales dite « réduction Fillon ». 3 Base CSG et CRDS : salaire brut, majoré de certains éléments de rémunération, moins abattement forfaitaire de 1,75 % (l’abattement de 1,75 % ne s’applique que pour un montant de rémunération n’excédant pas 4 plafonds annuels de la Sécurité sociale). 4 Pour les départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle, une cotisation salariale supplémentaire est due au taux de 1,50 %. 5 Attention, l’Urssaf intègre le taux de la contribution solidarité autonomie à celui de l’assurance-maladie, affichant ainsi un taux global de 13,14 %. 6 Ce taux est abaissé à 3,45 % pour les rémunérations annuelles inférieures ou égales à 1,6 Smic. 7 Taux majoré pour certains CDD de très courte durée. 8 Sur la tranche C, la répartition employeur-salarié est variable, le taux global étant de 20,55 %. 9 Uniquement dans les associations d’au moins 11 salariés. 10 Associations d’au moins 11 salariés, notamment dans certaines agglomérations de plus de 10 000 habitants. Avant d’établir vos feuilles de paie, n’hésitez pas à consulter le site Internet, rubrique « Actualités techniques » / « La Paie » Remboursement forfaitaire des frais professionnels 2016 Brut 2016 Trimestre Mois Quinzaine Semaine Journée Horaire (1) 9 654 € 3 218 € 1 609 € 743 € 177 € 24 € Plafond annuel 2016 : 38 616 € Plafond annuel 2015 : 38 040 € Plafond annuel 2014 : 37 548 € Plafond annuel 2013 : 37 032 € Plafond annuel 2012 : 36 372 € Plafond annuel 2011 : 35 352 € (1) Pour une durée inférieure à 5 heures Frais de nourriture 2016 Restauration sur le lieu de travail 6,30 € Repas en cas de déplacement 18,30 € professionnel (restaurant) par repas Repas ou restauration hors entreprise 8,90 € Logement et petit déjeuner Par jour Paris, Hauts-de-Seine, SeineSaint-Denis, Val-de-Marne - Au-delà de 3 mois - Au-delà de 24 mois Autres départements* - Au-delà de 3 mois - Au-delà de 24 mois 65,30 € 55,30 € 45,70 € 48,50 € 41,20 € 34 € * En métropole. 19