1 LE PÉCHÉ DE L`HONNÊTE HOMME Le chapitre neuf de l

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1 LE PÉCHÉ DE L`HONNÊTE HOMME Le chapitre neuf de l
LE PÉCHÉ DE L’HONNÊTE HOMME
Le chapitre neuf de l'Évangile selon Jean nous rapporte une scène semblable à
beaucoup d'autres dans la vie du Sauveur : la guérison d'un aveugle de naissance. Mais il
est impossible de lire cette page sans être frappé par le réalisme de l'apôtre Jean et la
pénétration de son coup d'œil. D'une part, il y a le malade. Il est dans la nuit. Il ne connaît
pas la lumière. À travers sa guérison, nous voyons l'expression de la mission de Jésus,
sans cesse soulignée : « 12 Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera
pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » (Jean 8, 12) « 46 Je suis venu
comme une lumière dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans
les ténèbres. » (Jean 12, 46)
D'autre part, il y a les témoins. Les Juifs enfoncés dans leur obstination aveugle.
« 9 Cette lumière était la véritable lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde.
10 Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l'a point
connue. 11 Elle est venue chez les siens, et les siens ne l'ont point reçue. » (Jean 1, 9-11)
Aussi n'est-il pas étonnant d'entendre Jésus parler de l'aveuglement profond de ceux qui
ne veulent pas voir : « 39 Je suis venu dans ce monde pour un jugement, pour que ceux
qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » (Jean 9, 39) C'est
le renversement des rôles que Jésus signalait lorsqu'il bénissait son Père de s'être
manifesté aux petits et de se cacher aux orgueilleux. (Matthieu 11, 25; Luc 10, 21)
Quelques Pharisiens qui se trouvaient là se sentant visés. Comme on fait en pareil
cas, ils protestent en exigeant que Jésus mette les points sur les “i”. Oserait-il insinuer
que les Pharisiens sont aveuglés!? (Car ils avaient bien compris qu'il n'était plus question
de cécité physique mais d'aveuglement moral.) « 40 Nous aussi, sommes-nous
aveugles? » Jésus leur répondit : « 41 Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché.
Mais maintenant vous dites : Nous voyons. C'est pour cela que votre péché subsiste. »
(Jean 9, 40-41)
Répondre du tac au tac par l'affirmation n'aurait en effet avancé à rien. Jésus va
plus au fond de la situation en opposant les vrais aveugles qui ne peuvent pas, à ceux qui
étant aveugles, prétendent voir clair et se montrent rebelles à toute guérison. Les premiers
ne sont pas responsables : leur cécité n'est pas coupable. Les seconds ne veulent pas voir
(Voir Jean 3, 20) soit à cause de leur négligence, soit de propos délibéré. Par leur
obstination insensée, ils se mettent dans l'impossibilité de recouvrer la vue, comme
certaines espèces animales qui perdent l'organe de la vue à force de vivre dans les
ténèbres sous-marines ou souterraines. Tel est l'état des Pharisiens. Notez que nous ne
pouvons pas dire : tel était l'état des Pharisiens, car ils sont toujours parmi nous. Et peutêtre nourrissons-nous encore dans notre propre vie, certains de leurs travers, si ce n'est
celui-là.
SOMMES-NOUS AUSSI AVEUGLES?
« 40 Et nous, sommes-nous aussi des aveugles? » (Jean 9, 40) Nous avons
entendu la réponse de Jésus. Elle s'adresse aux Pharisiens de tous les temps. Ceux qui se
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sentent tranquilles et en sécurité dans leur conscience parce qu'ils pratiquent les signes
extérieurs de la religion. « 17 Toi », dira l'apôtre Paul dans un terrible réquisitoire
« 17 Toi qui te donnes le nom de Juif, qui te reposes sur la loi (A.T.), qui te glorifies de
Dieu, qui connais sa volonté, 18 qui apprécies la différence des choses, étant instruit par
la loi; 19 toi qui te flattes d'être le conducteur des aveugles, la lumière de ceux qui sont
dans les ténèbres, 20 le docteur des insensés, le maître des ignorants... 21 toi donc, qui
enseignes les autres, tu ne t'enseignes pas toi-même! ... » (Romains 2, 17-24)
Mes chers amis, je vous invite avec moi à vous sentir personnellement atteint par
cette réponse de Jésus à ses auditeurs; car nous sommes encore trop souvent comme eux,
dangereusement satisfaits de notre apparente honnêteté. Nous nous sentons trop souvent
bien-portants spirituellement – indignés, comme les Pharisiens, lorsqu'on ose mettre en
doute la sincérité de notre engagement religieux ou de notre foi en général.
Profitons de cet épisode dans la vie de notre Seigneur, non pas pour ricaner de la
déconfiture des Pharisiens, mais pour nos aider à démasquer le péché des honnêtes gens
que nous sommes, à préciser ses aspects, ses dangers, sa source profonde.
GUETTÉS PAR L'ORGUEIL
Il y a beaucoup de gens très convenables aux yeux du monde mais qui ne savent
pas ce que c'est que d'aimer Dieu et leur prochain de tout leur cœur, et qui, s'imaginent
naïvement obéir au sommaire de la loi alors qu'ils en enfreignent constamment les
exigences. Jésus a trouvé souvent une plus grande capacité d'amour chez les pécheurs que
chez les « 20 justes » (Luc 20, 20).
Voyez les honnêtes gens dans les paraboles de Jésus.
Honnêtes gens, assurément, le prêtre et le Lévite qui accourent vers Jérusalem
pour reprendre leur service dans les parvis sacrés et qui auront bien vite effacé de leur
mémoire l'image douloureuse du blessé rencontré sur la route déserte de Jéricho.
Honnêtes gens qui demain regarderont du haut de leur fierté sacerdotale le Samaritain,
miséricordieux peut-être, mais Samaritain quand même, membre d'une race infidèle.
(Luc 10)
Ainsi, ne sommes-nous pas également paralysés dans notre élan d'amour qui ne
devrait connaître aucune limite, par des calculs, et des préjugés de toute sorte – tout en
nous drapant dans notre respectabilité de “croyant pratiquant”?
Nous sommes également, nous les honnêtes gens, guettés par l'orgueil de
l'honnêteté et de la respectabilité.
L'orgueil qui conduit l'homme à juger son frère et à fermer les yeux sur le mal
caché qui demeure en son propre être intime – l'orgueil artisan de la chute, de la chute
primitive et de tant d'autres chutes depuis.
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Souvenez-vous de la parabole du Pharisien et du publicain. Le Pharisien est
l'honnête homme, un citoyen au-dessus de tout soupçon; le publicain, exécré, méprisé par
les bien-pensants. Jésus les envisage tous les deux au Temple :
« 11 Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : Ô Dieu, je te rends grâces de
ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères,
ou même comme ce publicain; 12 je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous
mes revenus. 13 Le publicain, se tenant à distance, n'osait pas même lever les yeux au
ciel; mais il se frappait la poitrine, en disant : Ô Dieu, soit apaisé envers moi, qui suis un
pécheur. 14 Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l'autre.
Car quiconque s'élevé sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé. » (Luc 18, 9-14)
Nous qui sommes d'honnêtes gens, ayons au moins l'honnêteté de nous
reconnaître dans ce pharisien qui énumère ses vertus, fait la comptabilité des travers des
autres et ferme les yeux sur sa radicale misère. Souvenons-nous de cette mise en garde de
Jésus : « 20 Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous
n'entrerez pas dans le Royaume des cieux. » (Matthieu 5, 20)
Oui, Seigneur, nous aussi nous sommes aveugles. Nous nous imaginons sans
reproche parce que nous n'avons commis aucun acte grossier. Parce que notre réputation
est sans tache; parce que nous jouissons de la considération publique; parce que nos petits
défauts personnels, tribut payé à la faiblesse humaine, ne sont rien à côté des péchés
criants des autres. Nous sommes aveugles parce que n'étant ni rapaces ni voleurs, ni
adultères, ni meurtriers nous nous imaginons que nous ne sommes pas pécheurs et que
nous n'avons pas besoin de mendier le pardon de notre Dieu!
Combien sommes-nous ainsi qu'une honnête moralité exile hors de la terre sainte
de la foi et de la vraie prière.
Ouvre-nous les yeux Seigneur; fais que nous consentions à voir notre véritable
visage dans le miroir de ta Parole!
« 15 Je connais tes œuvres. Je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être
froid ou bouillant. 16 Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te
vomirai de ma bouche. 17 Parce que tu dis : Je suis riche, je me suis enrichi, et je n'ai
besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre,
aveugle et nu, 18 je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu
deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité
ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies. » (Apocalypse 3,
15-18)
ET L'ÉGOÏSME
Où ira-t-il se réfugier notre orgueil d'honnête homme dès l'instant où nous
consentons à déchiffrer la volonté de Dieu à travers la révélation de Jésus qui condamne
le regard impur comme l'inconduite, la colère comme le meurtre, le mensonge, le faux
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serment?! Où chercherons-nous un abri contre Dieu saint dès l'instant où le péché n'est
pas seulement dans ce que nous faisons ou dans ce que nous ne faisons pas, mais où il est
déjà dans ce que nous pensons?!
Mais il n'y a pas que l'orgueil – il y a aussi l'égoïsme au fond de nous, cet amour
de soi qui nous lie solidairement à une humanité perdue. L'égoïsme qui fait que tant de
vies extérieurement droites sont en réalité de pauvres vies sans joie et sans élan.
“L'amour de moi, Seigneur, est un poison que j'absorbe chaque jour.
L'amour de moi choisit la meilleure part et garde la meilleure place;
L'amour de moi parle de moi et me rend sourd à la parole de l'autre;
L'amour de moi choisit et impose le choix à l'ami; L'amour de moi me déguise et
me grime, il veut me faire briller en effaçant les autres;
L'amour de moi me plaint et néglige la souffrance d'autrui;
L'amour de moi prône mes idées et méprise celles des autres;
L'amour de moi me trouve vertueux, il m'appelle homme de bien;
L'amour de moi m'invite à gagner de l'argent, à le dépenser pour mon plaisir, à le
thésauriser pour mon avenir;
L'amour de moi me conseille de donner aux pauvres pour endormir ma conscience
et vivre dans la paix; L'amour de moi est satisfait de moi, il m'endort doucement.”
(Michel QUOIST – Prières)
“Sommes-nous aussi des aveugles?” Oui, Seigneur, nous le sommes aussi
longtemps que notre orgueil nous fait dire : nous sommes les clairvoyants; aussi
longtemps que notre égoïsme nous fait dire : moi d'abord!
Voyez-vous, lorsque nous nous sentons satisfaits de notre état; moralement bienportants, nous cessons de faire partie de l'auditoire auquel s'adresse le Christ. Nous
n'avons plus besoin de lui, ni de son appel, ni de sa croix. Il n'est plus ni notre Sauveur, ni
notre Seigneur. Car nous l'avons relégué au rang d'un simple moraliste dont nous suivons
plus ou moins vaguement les principes.
Voilà sans doute le plus grave péril qui menace l'honnête homme satisfait.
LE REMÈDE
Il n'y a qu'un seul remède à cela. Aller rencontrer Dieu sur son terrain, dans
l'Évangile; écouter son diagnostic à notre égard; reconnaître qu'il correspond à la Vérité;
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car, par la Parole de Dieu l'homme se découvre tel que Dieu le voit : être de chair,
vulnérable à toutes sortes de tiraillements, incapable par lui-même de persister dans le
bien, drapé dans un habit de suffisance, d'égoïsme et d'orgueil.
Il découvre le seul remède la conversion, c'est-à-dire une transformation par
l'intérieur, que Jésus appelle une Nouvelle Naissance (Jean 3, 1-13) et qui affectera toute
sa conduite. Car la Parole de Dieu fait naître la foi (Romains 10, 17) laquelle conduit au
repentir et au baptême (l'immersion) pour le pardon des péchés. (Voir Actes 2, 38; 22,
16)
Alors seulement, l'homme régénéré peut s'exclamer comme l'aveugle guéri par
Jésus : « 25 J'étais aveugle et maintenant je vois. » (Jean 9, 25) Et que voit-il? Ce que son
orgueil, sa suffisance et son égoïsme lui voilaient jusqu'alors :
► La Toute Puissance de Dieu et son amour pour lui.
► Le sens de la vie, c'est-à-dire sa direction et sa signification véritable.
► Sa destinée
► Son espérance pénètre jusqu'au-delà de la mort, désormais dépouillée de son manteau
d'épouvante.
Selon l'expression de l'apôtre Paul : « 18 Car nous marchons par la foi et non par
la vue, » (2 Corinthiens 5, 7) « 18 parce que nous regardons, non point aux choses
visibles, mais à celles qui sont invisibles; car les choses visibles sont passagères, et les
invisibles sont éternelles. » (2 Corinthiens 4, 18)
L'auteur : M. RICHARD ANDREJEWSKI
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