Messe de rentrée - Homélie du Père Jean
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Messe de rentrée - Homélie du Père Jean
1 Saint Louis de Gonzague Homélie de la Messe de rentrée 2015 Évangile : Luc 6, 1-5 ; Lecture choisie (JM) : 1 Lettre de Jean 3, 11-21 DE L’OUVERTURE DU CŒUR Il y a la loi et il y a la vie. Jésus ne les oppose pas : il cherche à clarifier les relations entre la loi et la vie. La loi n’est pas donnée « pour être appliquée » sans que l’on se préoccupe de son sens ou de ses limites ; surtout s’il s’agit d’une autorité qui fait loi. La loi a été donnée pour que les hommes aient la vie : la loi est au service de la vie. Qu’ont fait les disciples pour être mis en cause par les pharisiens ? Ils ont froissé dans leurs mains des épis de blé, pris au bord du chemin, pour en manger les grains. Oui, mais un jour de sabbat et voilà le manquement à la loi selon les casuistes pharisiens qui qualifient cet acte de « travail », interdit le jour du sabbat. Jésus répond en donnant l’exemple de David, avant qu’il ne devienne roi d’Israël. Alors qu’il était encore un homme jeune poursuivi par le roi Saul qui était jaloux de lui. Saül avait manqué clouer David au mur avec sa lance, et David arrive avec ses hommes, affamés, dans un sanctuaire. Il demande du pain au prêtre ; il n’y en a pas sauf le pain des offrandes réservé aux prêtres. Il le mange avec ses hommes. La transgression de cette loi est en faveur de la vie de « l’élu de Dieu » : la vie de l’élu – David- plutôt que la mort, l’accomplissement de la mission donnée par Dieu plutôt que l’oubli du choix de Dieu. A y regarder de plus près, les disciples ont quitté leur travail professionnel, ils ont laissé leurs filets pour se mettre à l’écoute de Jésus, de Celui qui est la Parole de Dieu. Les disciples n’ont pas de travail, ils ont faim sur les routes et mangent ce qu’ils trouvent. Or la loi qui demande d’« arrêter le travail » le jour du sabbat, s’applique à quelqu’un qui a un travail. Appeler travail le fait de froisser des épis dans sa main et critiquer les disciples de Jésus parce qu’ils n’observent pas la loi selon une interprétation littérale et formelle, c’est manifester le refus de reconnaître quelque chose de beaucoup plus grand : ils ont cessé leur travail pour se mettre à l’écoute de la Parole, du Verbe de Dieu qui s’est incarné en Jésus de Nazareth. Voilà le refus. Dans son enseignement, Jésus donne une parole d’interprétation de ce qui se passe : c’est le Fils de l’homme, l’envoyé de Dieu, qui est là et ceux qui le suivent ont un statut identique aux prêtres qui servent dans le temple : ils n’ont pas de terre, ils sont au service de Dieu, ils peuvent manger les pains réservés aux prêtres, ils peuvent manger les grains de blé au bord du chemin. La vie de mon frère est sacrée. Une interprétation de la loi guidée par le refus du Christ et de l’autre ne vaut pas. Jésus appelle les pharisiens à l’ouverture du cœur. A L’OUVERTURE DU CŒUR Dans la première lecture, St Jean nous dit : « Voilà comment nous avons reconnu l’amour : Jésus, lui, a donné sa vie pour nous, nous, et nous devons donner notre vie pour nos frères ». « Celui qui a de quoi vivre en ce monde, s’il voit son frère dans le besoin sans faire preuve de compassion, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? ». Or, dans la situation précédente, le cœur des pharisiens semble fermé à la compassion. L’application de la loi est devenue une idole. Finalement, Jésus les appelle à partager avant que le pauvre ne soit réduit à voler, selon les catégories de la loi. Laisser la grâce de Dieu ouvrir nos entrailles par compassion. Com-passion ; passion-pâtirpatein ; porter avec lui la souffrance de l’autre. 2 Vous avez été réfugiés. Vous dont les pères ont été jetés sur les routes de France pendant la débâcle de la guerre de 1940 ; vous dont les pères ont été éliminés parce qu’ils étaient du Peuple d’Israël ; vous les fils de « pieds noirs » lorsqu’ils ont débarqué en France Métropolitaine après la guerre d’Algérie et qu’ils n’étaient pas reçus comme des frères ; vous dont les grands-parents ont vu leurs proches assassinés lors du génocide arménien de 1915 ; vous qui avez dû quitter la guerre civile au Liban alors que vous aviez dix ans. Selon un grand journal français, la seule France a su, dans les années 1920, alors qu’elle comptait 37 millions d’habitants, recevoir quelque 140 000 Arméniens. « Où est ton frère ? » Aujourd’hui, la souffrance des chrétiens du Proche-Orient, et de tant d’autres, est brûlante au Liban, en Syrie, en Irak, en Jordanie, en Égypte, en Palestine. Elle appelle notre charité et, avec la grâce de Dieu, notre compassion : « pâtir » la souffrance avec eux, partager avec eux, les accueillir, partager les biens que nous avons, prier pour eux. C’est le thème des JM (Journées Missionnaires) 2016. « Où est ton frère ? ». Aujourd’hui, nous posons la « première pierre » d’un nouveau bâtiment où il sera inscrit « Des hommes et des femmes pour les autres et avec les autres ». Vivons-le afin que nos fils et nos filles croient que nous cherchons à aimer par des actes et en vérité. Ce sera un témoignage, une éducation selon Dieu. Car nous sommes appelés à la SAINTETE. Oui, quel que soit notre âge, du plus jeune au plus âgé, nous sommes tous appelés à la sainteté ! 5 septembre 2015 P. Jean-Marc Furnon sj Aumônier de l’Établissement