Roanne Eco n°7 - Décembre 2003

Transcription

Roanne Eco n°7 - Décembre 2003
N°7 - Décembre 2003 - 2,50 €
Magazine de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Roannais
INTERVIEW
Michel Troisgros,
chef de l’année
2003
COMMERCE
DISTRIBUTION
Demoras voit
la vie en “roses“
INDUSTRIE
CTM Inox :
chaud devant !
Ces entreprises
qui réussissent
en Roannais
N° 7 / DÉCEMBRE 2003
ROANNE ECO
INTERVIEW
Réalisation :
Chambre de Commerce
et d’Industrie du Roannais
4, rue Marengo
42334 Roanne Cedex
Tél. : 04 77 44 54 64
Fax : 04 77 72 17 17
www.roanne.cci.fr
E-mail : [email protected]
Flashage,
impression, façonnage
et routage :
Imprimerie Chirat
42540 St-Just-La-Pendue
Distribution :
La Poste
Produits
Actualités
Agenda
Dossier Stratégie
Michel Troisgros, élu chef
de l’année 2003 par le guide Gault
et Millau, évoque les chiffres clés
de la SA Troisgros et nous parle
de ses projets, à Paris et en Roannais.
DOSSIER STRATÉGIE
PAGE
Secrétaire de rédaction :
Claudine Auboyer
Photos :
Thierry Beguin
Crédit photos :
Christian Verdet
(Mairie de Roanne)
Tous droits réservés.
Reproduction interdite
sauf accord de la direction
de Roanne Eco
Michel Troisgros,
chef de l’année 2003
Michel Troisgros,
chef de l’année 2003
Directeur de la
publication :
Robert Barriquand
Publicité :
SARL Communiquer
Tél. : 04 77 70 09 42
Conjoncture
Editorial
Interview
ISSN :
1632-9406
Rédaction :
Eric Billoir
Frédéric Thomasson,
Agence de presse
be.presse
6
par Lucien Deveaux
Commission paritaire :
0307 B 05950
Rédactrice en chef :
Elisabeth Ballery
PAGE
SOMMAIRE
Ces entreprises qui
réussissent en Roannais
Haut de gamme
14
Ces entreprises
qui réussissent en Roannais
Le Château d’Ailly
entre simplicité et féerie
Industrie
CTM Inox :
chaud devant !
International
Desserts and Co augmente
ses parts à l’export
Commerce-Distribution
Le constat est à la fois simple
et rassurant : les entreprises
qui se développent et créent
de l’emploi en Roannais
sont beaucoup plus nombreuses
qu’on ne l’imagine.
Demoras
voit la vie en “roses”
Tourisme
Le Bel’Vue :
à cœur Vaillant...
Services
Enquête.
RHÔNE-ALPES ÉCONOMIE
PAGE
35
Fêtes de fin d’année :
le renouveau
des centres-ville
Au moment des fêtes, les commerces
de centre-ville reprennent tous leurs
avantages. Quels sont les facteurs de
renouveau ? Comment le petit
commerce se différencie-t-il ?
Perchey Organisation
en tête d’affiche
Multimédia
In Virtuel, chirurgien
de l’informatique
Création-Reprise
Les Salaisons Maingue
osent la tradition
Eau
Sécheresse 2003 :
l’industrie roannaise
évite la surchauffe
Etude économique
4
5
6
8
10
12
14
19
20
21
22
23
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25
26
27
31
Commerce : les mutations
s’accélèrent
Exemples en Rhône-Alpes.
Des choix pour l’avenir
Jeudi 11 mars 2004
Samedi 13 mars 2004
Journée du Savoir-faire
Opération Carrières et
Roannais
Journée des Formations
technologiques et professionnelles
Les 11 et 13 mars 2004 - Espace Congrès - Roanne
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 3
RUBRIQUE
CONJONCTURE
Le Roannais : données économiques
Population
1
Emploi salariés privés et publics
Evolution de la population
entre 1990 et 1999 du bassin d’emploi
(Arrondissement de Roanne)
(Arrondissement de Roanne + Cantons de Thizy et Amplepuis)
1999 Variation
absolue
1990
Arrondissement de Roanne
Industrie
20 253 19 962 19 253 19 061 18 940 18 303 18 338 18 310 17 498 - 2755 - 13,6%
152 682
- 3 570
- 2,3%
20 736
20 035
- 701
- 3,4%
Commerces et
Services privés 15 706 16 311 16 613 17 027 17 611 17 910 18 783 18 838 18 943 + 3237 + 20,6%
176 988
172 717
- 4 271
- 2,4%
Services publics 10 820 10 712 10 896 10 755 10 696 10 749 10 646 10 586 10 397 - 423
- 3,9%
Total
+ 0,1%
Source : INSEE - RGP
Population et emploi
2
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Evolution 1994/2002
156 252
Secteur Rhône
Total Bassin d’emploi
Variation
relative
Part de l’emploi public et privé
dans la population totale
46 779 46 985 46 762 46 843 47 247 46 962 47 767 47 734 46 838
(Arrondissement de Roanne)
1994
30,2%
2002
30,9%
EMPLOIS SALARIÉS PERDUS
Nombre
Evolution
de 1994 à 2002
d’emplois
sur 9 ans
Industrie
Textile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .- 1 588 . . . . . . . . - 27,1%
Habillement, cuir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .- 1 190 . . . . . . . . - 43,6%
Bois et papier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .- 306 . . . . . . . . - 30,8%
Industries des produits minéraux . . . . . . . . . . . . . .- 195 . . . . . . . . - 38,3%
Industries des équipements du foyer . . . . . . . . . . . .- 148 . . . . . . . . - 21,9%
Equipements mécaniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .- 104 . . . . . . . . . - 5,0%
Commerce - Services
Activités associatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .- 207 . . . . . . . . - 39,1%
Administration publique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .- 51 . . . . . . . . - 11,1%
Activités financières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .- 42 . . . . . . . . . - 5,9%
Recherche et développement . . . . . . . . . . . . . . . . . .- 20 . . . . . . . . - 62,5%
Autres (tous secteurs) . . . . . . . . . . . . . . . . . .- 1 158 . . . . . . . . - 49,1%
TOTAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .- 5 009
(estimations sur la base des extrapolations
démographiques entre 1990 et 1999)
Sources : INSEE - RGP/ASSEDIC/enquête CCI sur les emplois publics (hors poste agriculture)
Chômage
3
Taux de chômage sur le bassin d’emploi
(Arrondissement de Roanne + Cantons de Thizy et Amplepuis)
EMPLOIS SALARIÉS CRÉÉS . . . . . . . .Nombre . . . . . . Evolution
de 1994 à 2002
d’emplois
sur 9 ans
Industrie
Métallurgie et transformation des métaux . . . . . . . . .251 . . . . . . . . . 23,3%
Construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .232 . . . . . . . . . . 9,1%
Industries agricoles et alimentaires . . . . . . . . . . . . . .174 . . . . . . . . . 11,7%
Edition, imprimerie, reproduction . . . . . . . . . . . . . . .124 . . . . . . . . . 33,8%
Commerce - Services
Services opérationnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 084 . . . . . . . . . 98,1%
Santé, action sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .805 . . . . . . . . . 30,0%
Commerce de détail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .558 . . . . . . . . . 20,3%
Conseils et assistance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .395 . . . . . . . . . 36,3%
Commerce de gros . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .229 . . . . . . . . . 17,6%
Activités récréatives, culturelles et sportives . . . . . .129 . . . . . . . . . 55,1%
Hôtels et restaurants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .115 . . . . . . . . . 10,7%
Transport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .78 . . . . . . . . . . 6,2%
Commerce et réparation automobile . . . . . . . . . . . . . .66 . . . . . . . . . . 6,1%
Services personnels et domestiques . . . . . . . . . . . . . .56 . . . . . . . . . 19,2%
Services publics . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .627 . . . . . . . . . . 7,0%
Autres (tous secteurs) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .145 . . . . . . . . . . 5,7%
TOTAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 068
Variation 1994/2002 . . . . . . . . . . . . . . . . .+ 59 emplois
taux brut hors CVS*
Source : DG INSEE (données
au 31/12 de chaque année
jusqu’en 2002 puis données
par trimestre pour 2003).
(*) Correction des Variations
Saisonnières.
Emploi
4
Emplois salariés privés du bassin d’emploi
(Arrondissement de Roanne + Cantons de Thizy et Amplepuis)
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Evolution 1994/2002
Industrie
20 253 19 962 19 253 19 061 18 940 18 303 18 338 18 310 17 498 - 2755 - 13,6%
Commerces et
Services privés 15 706 16 311 16 613 17 027 17 611 17 910 18 783 18 838 18 943 + 3237 + 20,6%
Rhône
Total
5 869 6 148 6 085 6 181 6 246 6 286 6 396 6 440 6 283 + 414
+ 7,0%
41 828 42 421 41 951 42 269 42 797 42 499 43 517 43 588 42 724 + 896 + 2,14%
Source : ASSEDIC
Emplois salariés privés arrondissement de Roanne
Sources : ASSEDIC (hors poste agriculture) et enquête CCI sur les emplois publics
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Evolution 1994/2002
Industrie
20 253 19 962 19 253 19 061 18 940 18 303 18 338 18 310 17 498 - 2755 - 13,6%
5
Etudiants à Roanne (après Bac)
Commerces et
Services privés 15 706 16 311 16 613 17 027 17 611 17 910 18 783 18 838 18 943 + 3237 + 20,6%
1994 1995 1996 1997
Total
1 428 1 506 1 590 1 558 1 590 1 597 1 616 1 777 1 830 1 803
35 959 36 273 35 866 36 088 36 551 36 213 37 121 37 148 36 441 + 482 + 1,34%
Source : ASSEDIC
4 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
+ 59
Sources : ASSEDIC (hors poste agriculture) et enquête CCI sur les emplois publics
1998 1999 2000 2001 2002 2003 Evolution 1994/2003
375 +26,26%
Source : Grand Roanne
ÉDITORIAL
L’avenir du Roannais
passe par nous...
a mondialisation de notre
économie avance à grands
pas en faisant évoluer notre
vie quotidienne très rapidement.
Les conséquences peuvent être
positives - amélioration du niveau
de vie des consommateurs entraînée par la possibilité pour le même
argent d’acheter plus - et négatives
sur l’emploi dans notre région. Le
débat est beaucoup plus vaste. Ces
deux faits ne sont que des
exemples parmi d’autres.
Le Roannais se doit de réaliser sa
mutation dans cet environnement
et se doit de réussir.
Vous trouverez ci-contre des
données économiques relatives aux
dix dernières années qui traduisent :
- une diminution de la population
de 2,4 %,
- une augmentation de l’emploi
dans les services,
- une diminution de l’emploi
industriel, celui-ci restant toutefois deux fois plus important
dans le Roannais que dans le reste
de la France,
L
Par Lucien Deveaux,
président de la Chambre
de Commerce et d’Industrie
du Roannais.
- une diminution de l’emploi
public,
le tout faisant ressortir un léger
solde positif.
L’important, c’est que l’emploi
dans sa globalité est passé de
30,2% à 30,9% de la population
totale. Chiffre remarquable.
Le taux de chômage du Roannais
est inférieur à celui de la France, de
la Loire. Qui l’eût cru ?
Notre objectif reste que ce taux soit
aussi inférieur à celui de notre
région Rhône-Alpes.
Le nombre d’étudiants augmente
significativement, confortant les
pistes de notre avenir et la pertinence de nos efforts de formation.
Sachons dans ce contexte défendre
le bassin d’emploi en mobilisant
toutes nos énergies et nos moyens
(taxe d’apprentissage et 1% logement réservés à notre Roannais en
priorité absolue) afin de permettre
aux jeunes et aux moins jeunes de
trouver un emploi et une habitation
dans notre région.
Le Roannais dynamique malgré les drames économiques...
Mobilisons-nous tous pour faire encore mieux.
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 5
RUBRIQUE
INTERVIEW
Michel Troisgros,
chef de l’année 2003
On la présente,
à juste titre, comme
une institution,
un mythe,
un monument...
La Maison Troisgros,
trois étoiles Michelin
depuis 35 ans, est
aussi une entreprise
comme les autres.
Michel Troisgros, élu
chef de l’année 2003
par le guide Gault et
Millau, évoque pour
nous les chiffres-clés
de la SA Troisgros
et nous parle de
ses projets, à Paris
et en Roannais.
Après la grande
réussite du “Central”,
un nouvel établissement pourrait voir
le jour à court terme...
Michelin et l’hôtel quatre étoiles,
réalise un chiffre d’affaires de
4,9 millions d’euros et emploie 62
personnes réparties en trois tiers :
un en cuisine, le second au service,
et le dernier tiers en personnel
d’hôtellerie. A côté de cela, nous
avons deux autres structures : la
SARL Le Central (760 000 euros
de CA, 8 salariés) et la SARL
des produits Troisgros dont le
chiffre d’affaires annuel avoisine
300 000 euros. Cette dernière commercialise les produits à la marque
Troisgros et développe une activité
de consulting, notamment pour
l’enseigne Casino qui vend des
plats cuisinés cosignés Pierre et
Michel Troisgros. On leur apporte
l’expertise de cuisiniers qui travaillent le goût du matin au soir. Au
niveau des vins, nous participons
très étroitement aux sélections du
Savour Club.
Le guide Gault et Millau
vous a élu “chef de l’année
2003”. Que représente pour
vous cette distinction ?
Michel Troisgros : Elle a une
saveur très particulière. En 1989,
nous avions déjà reçu ce titre avec
mon père. Mais j’étais encore sous
sa coupe. Là c’est la reconnaissance
d’un couple, Marie-Pierre et Michel
Troisgros, d’un lieu qui a beaucoup évolué en quinze ans et d’une
équipe qui s’approche de l’excellence. Pour moi cela veut dire :
“Vous aviez une page à tourner et
vous l’avez bien tournée”. Cette
distinction me conforte dans mes
choix.
Justement, le premier choix,
celui d’embrasser à votre tour
cette carrière, vous l’avez fait
à quel moment ?
Propos recueillis
par Frédéric Thomasson
6 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
J’ai toujours vécu dans cette
ambiance, mais sans réellement
faire de projets. Tout gamin, je
trempais mes doigts dans les
sauces et je triais les feuilles d’épi-
nards, mais c’était surtout pour
avoir un ticket de cinéma. Je dirais
que la vie m’a gentiment amené
vers ce métier. Je suis entré à
l’école hôtelière de Grenoble et
j’ai fait mon premier stage chez
Alain Chapel, à Mionnay. C’est
chez lui que j’ai eu le déclic. J’ai
continué ensuite à apprendre mon
métier, notamment à l’étranger,
avant de revenir à Roanne en
1982. Mais avec Marie-Pierre,
nous étions presque de passage. Il
n’était pas question de faire notre
vie à Roanne. Le décès brutal de
mon oncle Jean, en 1983, a tout
bouleversé. Mon père était très
marqué. Il avait besoin d’être
entouré. Le côté sentimental l’a
emporté.
On connaît la magie de la
table Troisgros mais on parle
rarement de “l’entreprise
Troisgros”...
C’est effectivement une entreprise
comme les autres. La SA Troisgros,
qui gère le restaurant trois étoiles
Quand le chef de cuisine
devient chef d’entreprise,
comment cela se passe-t-il ?
Plutôt pas mal ! Je me considère
un peu comme le “chef du village !”
Je m’appuie beaucoup sur mes
chefs de services, mes leaders. On
se parle beaucoup. Mon rôle est
d’être l’animateur de plusieurs
équipes. Le client ressent l’esprit
d’une maison à tous les niveaux.
Je souhaite que chacun ici apporte
sa personnalité tout en respectant
deux choses essentielles : la rigueur
et la convivialité. Je souhaite que la
Maison Troisgros garde cette part
d’humanité qu’on lui reconnaît
généralement. On fait un métier
d’aubergiste, un métier d’hospitalité où on accueille des gens
qui viennent vivre un moment
d’exception.
Quel est le délai actuel pour
avoir une table ?
Pour les week-ends, le délai peut
s’élever à deux ou trois mois. En
semaine, nous avons généralement
de la place. L’année 2003 s’est ré-
INTERVIEW
vélée assez irrégulière, mais correcte dans l’ensemble. Lorsque le
monde est inquiet, cela se ressent
immédiatement dans une activité
comme la nôtre. La fréquentation
américaine a baissé, et les Européens ont moins voyagé. Ces deux
tendances se sont équilibrées.
Faire ses armes chez
Troisgros représente un sésame incomparable pour un
jeune. Comment s’opère le
recrutement ?
Il y a chez nous deux catégories
de salariés. Ceux qui sont là
depuis vingt ou trente ans. Certains
ont même fait toute leur carrière
chez nous avec un dévouement et
une conscience professionnelle
magnifiques. Et puis il y a les plus
jeunes, qui restent chez nous entre
un an et un an et demi pour les
cuisiniers, et cinq ou six ans pour
les commis en salle. Ils viennent
déjà avec des références. Entre
restaurateurs, nous avons énormément de contacts. Certains
jeunes nous sont recommandés et,
à l’inverse, nous recommandons
nos meilleurs salariés lorsqu’ils
souhaitent vivre une autre expérience. Il faut leur permettre de
s’épanouir. Il y a d’ailleurs des
gens qui vont se révéler dans un
certain contexte et pas dans un
autre. On suit très attentivement
leur progression.
Quel est votre rôle en cuisine ?
Je contrôle tout ce qui se passe.
Chaque geste doit être réalisé à la
perfection. Je vois absolument
toutes les assiettes qui partent en
Troisgros SA
en bref
Restaurant 3 étoiles Michelin
depuis 1968.
Hôtel 4 étoiles (18 chambres)
Effectif : 62 personnes
Chiffre d’affaires 2002 : 4,9 millions
d’euros.
Clientèle du restaurant : 50%
régionale (Rhône-Alpes, Bourgogne,
Auvergne), 35% autres régions, 15%
d’étrangers (Etats-Unis et Belgique
en tête).
A lire : “La Cuisine Acidulée de
Michel Troisgros” (Le Cherche Midi,
2002), “Cuisine en famille chez les
Troisgros” (Flammarion, 1998).
salle et lorsque je suis absent, ce
qui arrive très rarement, mon chef
joue ce rôle de garant de la qualité.
C’est une règle absolue chez nous.
Quels contacts avez-vous
avec vos fournisseurs ?
J’aime aller voir comment ils travaillent. La création démarre du
produit. C’est l’étincelle. J’aime
bien ramener de mes voyages une
graine inconnue et demander à un
fournisseur de tenter quelque chose
avec. Quand ça fonctionne, on a
parfois de bonnes surprises. Nous
travaillons avec de très nombreux
professionnels de la région, pour
l’approvisionnement en légumes,
fruits, viande, fromage, etc...
On vous aperçoit également place du Marché, les
vendredis matins...
C’est un véritable moment de plaisir. Je fonctionne un peu comme un
peintre qui va choisir ses couleurs.
Ça me donne de l’appétit, de
l’énergie. Je vibre. Je sais d’ailleurs
qu’en cuisine, les équipes ont un
peu la hantise du vendredi car,
lorsque je rentre du marché avec
un chou rave, les premiers pissenlits ou une belle noix de veau sous
le bras, ils savent que j’ai une idée
derrière la tête !
Qu’est-ce qui a changé dans
la cuisine d’aujourd’hui ?
Le métier de cuisinier n’a pas
changé sur le fond : c’est toujours
un métier où l’on donne énormément de soi-même. Mais il a
changé dans la forme. En trente
ans, on est passé d’une cuisine
d’interprète à une cuisine d’auteur.
D’une cuisine où chacun interprétait des recettes au mieux de son
talent, à une cuisine où l’investissement personnel doit être total.
On dit souvent de votre
cuisine qu’elle est colorée,
enjouée, pleine d’humour.
D’où vient cette gaieté ?
De l’Italie ! Dans notre profession, on parle beaucoup de “terroir
mental”. Pour moi, le terroir mental est vraiment l’Italie. C’est ma
grand-mère maternelle qui me l’a
légué. Cette cuisine incarne le raffinement dans la simplicité, sans
sophistication inutile. La cuisine
française est plus élaborée. Elle
tire ses racines de la bourgeoisie et
s’est d’ailleurs un peu embourgeoisée, un peu empâtée.
Troisgros et le Japon, c’est
aussi une histoire d’amour ?
Une très vieille mais très sincère
histoire d’amour qui a débuté en
1967 lorsque mon père est parti
là-bas comme chef de cuisine
pour ouvrir le Maxim’s de Tokyo.
Puis en 1983, les grands magasins
Odakyu nous ont demandé d’ouvrir une boutique Troisgros.
Aujourd’hui, nous avons à Tokyo
et aux alentours, cinq boutiques de
plats cuisinés à emporter ou à
consommer sur place dans des
sortes de tea-room. Nous vendons
également du vin et divers produits français sélectionnés par
Troisgros.
Quels sont vos projets à
court terme ?
Pour le restaurant de Roanne,
c’est avant tout de maintenir cette
qualité. Mais la qualité a ses
limites de taille. Au-delà de 80
couverts, comme c’est le cas chez
nous, la cuisine prendrait des
risques et il n’en est pas question.
Je veux que l’entreprise Troisgros
conserve une taille humaine. De
mon côté, mon obsession est de
garder du temps pour la création.
Avec Marie-Pierre, on va continuer à embellir notre maison, mais
pas à l’agrandir comme cela à été
le cas ces dernières années. En
vingt ans, notre surface a tout de
même triplé, qu’il s’agisse des
chambres ou du parking couvert.
La réussite du Central ne
vous donne-t-elle pas des
idées. Un troisième établissement dans le Roannais par
exemple ?
Ce que l’on voudrait, c’est retenir
le client un jour ou plusieurs jours
de plus. Mais cela ne sera possible
que si nous avons une prestation à
lui offrir. Nous pensons à un établissement à la campagne dans un
rayon de dix kilomètres de
Roanne avec de l’espace, de la
clarté, de la luminosité. Du luxe
simple, pas ostentatoire. Quelque
chose de raffiné. Goûter à un
moment de plaisir dans un lieu
calme est devenu quelque chose
de précieux dans une société où
tout va vite, où tout est bruyant.
RUBRIQUE
Cela fait trois ou quatre ans que
l’on cherche quelque chose qui
pourrait être un vieux corps de
ferme. Il faut viser juste. Si le
“Central” est une réussite, c’est
parce qu’on a énormément travaillé son positionnement et qu’il
a sa propre personnalité. Le
risque, c’était d’en faire un “Petit
Troisgros”.
Vos attaches sont définitivement roannaises...
Nous sommes dans une région qui
a des richesses touristiques, mais
qui ne sait pas les mettre en avant.
Nos clients nous disent tous les
jours qu’ils ont découvert des
aspects fabuleux en Roannais. La
Côte d’Azur et la Provence, c’est
bien, mais il y autre chose ici.
Nous avons une carte à jouer. Et
puis, on peut avoir des projets
depuis Roanne. Début 2004, nous
allons nous développer à Paris. La
propriétaire de l’Hôtel Lancaster,
rue de Berry, qui est une personne
de grande qualité, a souhaité que
nous soyons ses partenaires pour
la restauration. Une équipe formée
à Roanne va s’installer là-bas. Il
s’agit d’un petit restaurant à taille
humaine d’une trentaine de couverts.
On ressent un besoin d’humanité dans tout ce que vous
faites...
Je suis un affectif. Quand je m’engage, c’est souvent qu’il y a un
vrai projet humain en filigrane.
J’agis souvent de cette façon dans
mon métier et finalement, j’ai
rarement été déçu. Je participe de
la même façon à des opérations
caritatives. Chacun, à son niveau,
peut contribuer à faire avancer les
choses dans ce domaine.
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 7
ZOOM PRODUITS
Carré Blanc lance une ligne“Senteurs et Bain”
L
e fabricant de linge de maison Carré Blanc a connu
une année particulièrement dense. Après avoir
regroupé l’ensemble de ses activités boulevard de
Nancy (nouvelle plateforme logistique, show-room,
bureau de style, services administratifs), le groupe dirigé
par Claude Jantet s’est doté d’un superbe point de vente
en centre-ville, à proximité de la place Saint-Etienne.
Il compte désormais 220 boutiques dont 55 à l’étranger.
Côté produits, Carré Blanc s’est aussi illustré en lançant
une ligne complémentaire “Senteurs et Bain”. Christophe
Chabaud, jeune créateur Montpelliérain, a formulé avec
soin quatre gammes autour d’une structure olfactive
en harmonie avec l’esprit Carré Blanc. “Ailleurs” invite
à l’évasion orientale, la magie des mille et une nuits,
la chaleur des hammams. “Bonheur” évoque les matins
ensoleillés, les après-midis à la campagne, les éclats de rire
en famille. “Douceur” allie sensualité et romantisme,
tandis que “Fraîcheur” nous vient tout droit de l’Océan
“pour tonifier le corps et vivifier les esprits”. Plusieurs
produits sont déclinés au sein de chaque gamme : gel
douche, savon, produit de bain, lait hydratant, vaporisateur
d’ambiance, bâtonnets d’encens, parfum de linge...
“Nous voulions des produits en totale harmonie avec
nos univers de la maison et du bain. Si nous réalisons
3% du chiffre du groupe avec cette forme de vente
additionnelle, nous serons ravis”, explique Jean Somat,
directeur des achats. Le développement de la ligne
“Senteurs et bains” a nécessité quatorze mois de travail
et un investissement en R&D de 300 000 euros, auxquels
il faut ajouter des actions de communication et une
importante PLV. Carré Blanc emploie 100 personnes dont
40 à Roanne. Son espace “Docks du Blanc” (rue EmileNoirot) fera désormais office de magasin d’usine.
La sélection des Mots d’Emma
L
ecture, écriture, quiétude... Pour Pascale Chavanne,
ces trois notions sont indissociables. Depuis deux ans,
elle anime la librairie “Les Mots d’Emma”, rue MaréchalFoch, à Roanne. “Mon objectif : que les gens prennent
le temps de saisir un livre, de le toucher, d’être séduits par
une couverture. La vente n’est pas l’aboutissement final.
Je souhaite surtout partager un moment de plaisir avec eux”,
explique-t-elle. Le bouche à oreille lui a déjà permis de séduire
une clientèle “qui a bien compris l’esprit de ce lieu”.
Ses préférences vont aux beaux-livres, à la littérature
enfantine et aux romans. Avec quelques coups de cœur pour
les fêtes de fin d’année : “Fleur d’Eau” de Marcelino Truong,
un conte pour jeunes enfants invités à découvrir l’Asie et ses
mystères (Editions Gautier Langereau), “Dans la guerre” d’Alice
Ferney, un roman qui retrace la vie et le rôle des femmes seules pendant la guerre de
14-18 (Actes Sud) et “Le Corps et le Sacré” de Françoise Gründ (Editions du Chêne)
dont l’adage soufi, fils conducteur de l’ouvrage, a séduit la jeune commerçante :
“L’univers est un grand homme et l’homme est un petit univers”. A méditer...
8 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
PRODUITS ZOOM
MB Tricotage : intégralement vôtre
C
onfectionner des vêtements maille sans la moindre couture :
on en a rêvé, MB Tricotage l’a fait. Henri Drajnudel s’est
appuyé sur une technologie japonaise du début des années 90
pour importer, en 1996, la méthode dite “intégrale”. Pulls-overs,
robes, jupes, débardeurs sont tricotés d’une seule pièce. Principaux
avantages du procédé : “Une perte de matière réduite à zéro et
une qualité parfaite, indique le Pdg. On a vraiment la sensation
d’enfiler un pull comme on enfile un gant”. Effet boule de neige
logique : MB Tricotage fait toujours partie des principaux fabricants
français en la matière. Elle a lancé une centaine de modèles maille
(côtes, jersey, rayures...). Toutes les formes de distribution, des
chaînes aux boutiques haut de gamme en passant pas la grande
distribution, ont été séduites par cette fabrication qui s’appuie sur
douze métiers 3D “Shima” de très haute technicité. MB Tricotage
emploie 45 personnes à Roanne, où elle dispose également d’un parc
machines traditionnel.
BCGE/FATAP : des produits emballants
L
a société BCGE/FATAP est spécialisée dans la fabrication de
conditionnements et d’emballages thermo-plastiques. Elle travaille
pour l’industrie de l’agroalimentaire, l’agrochimie, l’industrie des
cosmétiques, l’industrie pétrochimique et la plasturgie. Certains produits
du quotidien sortent tout droit de son site de production des Pierres
Jaunes à Saint-Denis-de-Cabanne. BCGE/FATAP conçoit des produits
soufflés (flacons) et des produits extrudés à plat (films plastiques
d’emballage et de conditionnement). “Nous fournissons notamment
des constructeurs d’airbag en produits de protection des charges
électrostatiques”, explique Guy Bénatre, qui a quitté, voici deux ans,
l’Ouest Lyonnais pour goûter à la sérénité du Pays de Charlieu.
BCGE/FATAP développe également une activité de valorisation de déchets
en concevant des sacs ignifugés pour déchets nucléaires. Ceux-ci sont
notamment utilisés sur des sous-marins. La société emploie entre 15 et
20 personnes, selon la charge de travail, et réalise un chiffre d’affaires
de 2 millions d’euros.
Dubois et du bon pain
L
a Maison Dubois, créée en 1909, file gaillardement vers
son centenaire. “Nous sommes la plus ancienne boulangerie
de Roanne”, indique fièrement Pierre Dubois, troisième
génération d’une famille attachée à la tradition : “Ma définition
d’une fabrication traditionnelle ? C’est très simple : il faut six heures
pour faire un bon pain de campagne et pas deux. Un vrai boulanger,
il commence à minuit, pas à 4 heures”, tranche-t-il. Pétrissage,
fermentation, façonnage, repos, cuisson... les gestes sont aussi
immuables que précis. Le pain de campagne “sans fermentation
contrôlée et sans aucun améliorant” est l’incontestable spécialité
de la boulangerie Dubois qui propose une quarantaine de pains
différents. Elle possède deux magasins, rue Mulsant et aux Halles
Diderot, avec cuisson au feu de bois pour ce dernier. Les produits
de chocolaterie et de pâtisserie sont aussi faits “maison”. L’équipe
dirigée par Pierre Dubois et son épouse Raymonde se compose de 15 personnes.
“Ma plus belle récompense, c’est lorsque Jean Troisgros m’a apporté sa confiance.
Et ça fait plus de vingt ans que nous travaillons pour cette grande maison.
Cette reconnaissance vaut tous les prix du monde”.
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 9
RUBRIQUE
ACTUALITÉS
Quatre fabricants Roannais
lancent Gérard Matel
Une salle à vocation économique
en projet
Parmi les projets de la communauté
d’agglomération roannaise, figure la
construction d’une salle de grande
capacité (1000 à 5000 places). Celle-ci
serait dédiée en priorité à l’accueil de
manifestations économiques : organisation de foires, de congrès et de
salons. Son caractère modulable lui
permettrait également d’accueillir des
manifestations culturelles (concerts,
galas, etc...) et sportives. Elle sera
construite sur un terrain de 7,6 hectares
au Marclet, sur la commune de Riorges.
Investissement prévu : 13 millions
d’euros.
L’IFSI coupe le cordon
L’Institut de Formation en Soins
Infirmiers s’est installé rue AlbertThomas, en lieu et place de la pépinière
d’entreprises. Depuis 1965, l’établissement roannais, méconnu du grand
public, a formé 2000 infirmières et 600
aides-soignantes. C’est sans regret
qu’il a coupé le cordon ombilical avec
le Centre Hospitalier au sein duquel il
était installé. “Nous attendions cette
relocalisation depuis vingt ans”, indique
le directeur de l’IFSI, Jean-Claude
Michel. L’enseignement comprend
4700 heures de formation, dont 50%
sur le terrain.
Robotique : l’ISTIL
brigue la Coupe de France
L’association Robotique ISTIL Roanne
cherchera prochainement à se qualifier
pour la Coupe de France de robotique
E=M6. Cette compétition de prestige
met en compétition des écoles comme
Centrale Lyon, l’ENSAM Paris ou
encore SupElec. Chaque année, les
jeunes ingénieurs doivent construire
un robot capable de relever les défis
proposés par les organisateurs.
Créée en 2002, Robotique ISTIL
Roanne regroupe des élèves de l’école
d’ingénieurs ISTIL (Ingénierie des
systèmes industriels) installée au
Technopôle Diderot de Roanne. Pour
sa première compétition en Suisse,
l’association roannaise a pris une très
honorable 9ème place sur 20 participants.
uo’Textile (fabricant de produits féminins
haut de gamme), Montrico (vente de teeshirts en grande distribution), Tissages
Giraud (tissus éponge) et Rose Pomme (articles de
bain et lingerie féminine) lancent une marque commune : Gérard Matel. Composée de produits de
prêt-à-porter féminin, la gamme Gérard Matel est
distribuée par un système de vente en réunion, via
80 conseillères sous statut VDI (Vendeuses à
Domicile Indépendantes) réparties sur l’ensemble
de la France. “Nos conseillères vendent et nous font
remonter de précieuses informations”, indique
Jean-Jacques Ovize. Les premiers tests effectués
l’hiver dernier (400 K€ de CA) et cet été (600 K€)
ont été concluants. Le cœur de cible est la clientèle
D
féminine entre 40 et 70 ans.
Les quatre entreprises, qui ont conservé leur autonomie, fournissent directement une part des produits
vendus mais la plupart (80%) sont achetés à des
fabricants roannais et à un fabricant belge. Les collections comportent actuellement 50 à 80 pièces.
L’objectif est de créer rapidement trois ou quatre
collections par saison afin de régénérer l’offre rapidement, sachant que Gérard Matel ne pratique pas
le réassort. L’objectif pour cet hiver est de passer à
800 000 euros de chiffre d’affaires et, “au minima”,
d’atteindre le million d’euros cet été. A trois ou
cinq ans, l’entreprise compte bâtir un réseau de 200
à 300 vendeuses et vise 10 millions d’euros de
chiffre d’affaires.
Des “Oscars” pour La Ferme Collet,
Marins d’Eau Douce et Intexa
a quatrième édition des “Oscars du
Roannais”, manifestation organisée par la
CIC-Lyonnaise de Banque et le quotidien
régional “La Tribune-Le Progrès”, a couronné trois
belles réussites économiques roannaises.
Dans la catégorie “artisanat-métiers de bouche”, la
victoire est revenue à La Ferme Collet, installée à
Lentigny. Depuis 1995, Henri Collet développe en
famille la fabrication de produits laitiers et dérivés.
La Ferme Collet réalise notamment plus de 4 millions
de fromages blancs faisselles par an, soit 70 000 par
jour en été. Elle emploie désormais 16 personnes
et réalise un chiffre d’affaires de 1,4 million d’euros.
“L’Oscar économie” a été attribué à l’entreprise
L
Le Multiplexe selon Keops
Le cabinet d’architecture roannais Keops
a décroché la palme du meilleur projet
pour mettre en scène les travaux du
futur Multiplexe qui sera construit
cours de la République à Roanne.
Il travaillera en collaboration avec ses
confrères Atelier A (Grenoble) et
Technip-Coflexip (Lyon). Le projet
comprend un cinéma de neuf salles
(dont deux de 400 places environ)
exploité par la famille Baud (propriétaires des actuels cinémas Palais et
Médian), une brasserie, un restaurant à
thème, plusieurs emplacements com-
10 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
d’ennoblissement Intexa. Installée à Mably, la
société dirigée par Marc Broyer a opéré avec succès
une croissance externe en reprenant Noveltis à
Panissières. En 2002, Intexa a également repris
Indetex, spécialisée dans la fabrication de tissus
techniques.
Un des fleurons du tourisme roannais, Marins d’Eau
Douce à Briennon, a été sacré dans la catégorie
“association-culture” : Daniel Fiot a été récompensé
pour la réalisation de son fabuleux Parc des
Canaux, qui reçoit chaque année 15 000 visiteurs.
A noter enfin, dans la catégorie “sports”, le succès
de Laurent Aboulin, champion du monde de vol à
voile.
merciaux et 320 places de stationnement
semi-enterré. Fin de travaux en 2006.
Le Musée Déchelette en 3D
Le Musée des Beaux-Arts de Roanne
fait partie d’un projet d’envergure
conduit par une association de jeunes
sociétés innovantes (“Villa Cyber Six”)
qui a pour objectif d’associer les TIC à
la culture. Il sera prochainement possible d’effectuer une visite du musée
roannais en 3D, et non en 2D comme la
plupart des visites actuelles sur le web.
Une première mondiale partagée avec
le Musée des Arts Premiers de Paris.
La Foire du Roannais
sur de bons rails
La 2ème édition de la Foire Economique du Roannais aura lieu du 27 au
31 mai 2004, sur l’Espace Fontalon. En
2002, elle avait rencontré un immense
succès populaire avec plus de 20 000
visiteurs. Les exposants viendront une
nouvelle fois de tous les horizons commerciaux. Un thème central a été retenu
pour l’édition 2004 : Cusines, saveurs
et traditions des cinq continents. De
quoi mettre en appétit.
ACTUALITÉS
La construction neuve en Roannais
a progressé de 43% en 2002
n 2002, le marché local de l’immobilier a été
marqué par un véritable boom de la
construction neuve, avec 331 logements ayant
fait l’objet d’autorisations, soit une augmentation
de 43% par rapport à 2001. La faiblesse des taux a
fortement contribué à cette progression, de même
que les altermoiements de la Bourse qui en ont
refroidi plus d’un. La particularité de l’année 2002
réside principalement dans l’arrivée sur le marché
immobilier roannais d’investisseurs extérieurs. La
vente de maison se maintient à 300 unités par an.
Ces ventes représentent un volume global de transactions de 36 millions d’euros. Les prix augmentent
dans l’ancien de 6,4% entre 2000 et 2001, et 8,7%
E
Une plaquette de promotion
départementale
L’Agence de Développement Economique de la Loire en Rhône-Alpes vient
d’éditer une plaquette de présentation
et de promotion de l’économie départementale. Elle sera distribuée sur des
salons spécialisés ou à l’occasion de
visites dans le département de prospects
à la recherche de sites de développement.
Elle sera également mise à disposition
des entreprises locales qui pourront la
distribuer à leurs clients, fournisseurs
ou prospects (2500 exemplaires en
français, 1500 en anglais).
L’extension du Golf du Roannais est
plus que jamais d’actualité. Le cabinet
d’études Bernard Kieffer Développement, missionné par le Grand Roanne,
a indiqué que la création d’un “18 trous”
au côté des 9 trous existants, serait
économiquement viable. L’investissement total s’éléverait à 2,3 millions
d’euros, subventionné à hauteur de 80%.
L’objectif de l’association présidée par
Henri Drajnudel est de faire passer le
nombre de membres de 220 à 640, et le
nombre de green-fees (parcours à la
journée acheté par un non-adhérent) de
1500 à 4000. Le nouveau Golf du
Roannais apporterait notamment une
réponse à la saturation de nombreux
golfs de la périphérie lyonnaise et complèterait l’offre touristique roannaise.
Giraud reprend les marques
de Thimonier
Le fabricant-distributeur de linge
éponge, Tissages Giraud a repris les
marques “La Maison des Abeilles”,
“Emotion d’Eau” et “Rouge Cerise”,
auparavant exploitées par la société
Thimonier (Saint-Symphorien-de-Lay).
Le stock de matières premières et de
produits finis ainsi que douze métiers à
tisser Jacquard ont également été
rachetés par l’entreprise roannaise,
dirigée par Jean-Pierre Margarian.
Tissages Giraud distribue ses produits
auprès de 200 magasins multimarques
en France.
et le monde informatique. Elle a mis en place trois
modules accessibles par Internet et sur abonnement :
une plateforme collaborative pour covisualisation
(revue des projets en ligne), une conversion de
fichiers en ligne (changement de format de logiciels) et un échange de fichiers entre partenaires.
“Aux Etats-Unis, ce type de produit est très développé, en France beaucoup moins”, indique-t-il. CAD
Evolution sera 100% opérationnelle mi-2004. Elle
mise sur un nouveau client par module chaque
mois. “Le gain de temps est énorme. Lorsqu’on a
des fichiers de 15 ou 20 mégas, il n’est pas pensable de les communiquer à son interlocuteur en François Pralus honoré
pièce jointe, et il faut travailler en Chronopost”. Le chocolatier roannais François Pralus
a reçu l’Insigne de Commandeur dans
Avec CAD Evolution, la relation sera instantanée.
l’Ordre du Mérite Agricole Ivoirien
des mains de M. Tano Kassi, directeur
général de la Bourse du Café et du
Henitex grandit
d’être créée. Le Conseil supérieur de Cacao de Côte d’Ivoire. Les autorités
Henitex, fournisseur de tissu maille l’audiovisuel a attribué à l’association ivoiriennes ont souhaité honorer un
fantaisie, implanté depuis 2001 sur AB7 la jouissance exclusive à temps grand défenseur de la cause du chocolat
8900 m2 en zone des Guérins au Coteau, complet du canal 52.
pur sans ajout de matières grasses.
envisage une extension de ses locaux
Lors du salon du chocolat qui s’est
afin de répondre au fort développement Nouveaux locaux
tenu au Caroussel du Louvre à Paris, la
de son activité. Elle vient pour cela d’ac- pour la CAPEB
Maison Pralus a également accueilli
quérir deux terrains, l’un appartenant à La CAPEB (artisans du bâtiment) a sur son stand l’actrice Carole Bouquet,
la commune du Coteau (6000 m2), le inauguré ses nouveaux locaux : rues avant d’être reçue par de nombreux
second au Grand Roanne (10 155 m2). Saint-Alban et Jean-Mermoz à Roanne. médias nationaux.
La CAPEB Roanne est désormais
Une nouvelle chaîne TV
présidée par Philippe Verruy, plombierUne télévision locale hertzienne est sur chauffagiste à Saint-Germainle point de voir le jour dans la Loire. Lespinasse.
Une SEM baptisée “Télé-Loire” vient
incubateur roannais, Innovus, accompagne
actuellement sa première création. Didier
Burel, 36 ans, a installé sa structure CAD
Evolution au Télépôle de Roanne. Encore en phase
d’ante-création, il volera de ses propres ailes en
janvier 2004. “Le soutien d’Innovus est très précieux.
Il permet de se concentrer complètement sur son
projet et sur sa technologie. Il ouvre également les
bonnes portes”, explique cet ancien dessinateurprojeteur et responsable-système en bureau d’études.
C’est d’ailleurs son expérience dans ce domaine qui
l’a incité à imaginer un système de fluidification
des échanges et de suppression des coûts cachés
pour les bureaux d’études industriels. CAD
Evolution se veut une passerelle entre ces derniers
L’
Un projet 27 trous
pour le Golf du Roannais
entre 2001 et 2002. Le prix moyen d’une maison
s’élève à 91 000 euros sur l’aire du Grand Roanne.
L’année 2002 a également été marquée par une forte
augmentation du niveau des loyers (+ 10%). Avec
un prix de 5,4 euros au m2 de loyer en moyenne,
l’agglomération roannaise reste cependant la plus
accessible de toute la région Rhône-Alpes, qui
affiche une moyenne supérieure à 8 euros.
L’ensemble de ces données ont été récoltées par
l’Observatoire de l’habitat du Grand Roanne, qui
analyse les marchés immobiliers publics et privés
sur les six communes de l’agglomération (Roanne,
Riorges, Mably, Commelle-Vernay, Le Coteau et
Villerest).
CAD Evolution,
premier bébé Innovus
RUBRIQUE
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 11
RUBRIQUE
ACTUALITÉS
question à
Gisèle Bonche,
INITIATIVE LOCALE
dirigeante de CMF
Quel premier bilan tirez-vous
de votre participation
au Séminaire Dirigeants
proposé par l’AFPI Roanne ?
Neuf propositions pour le Roannais
“C
MF a été créée en 1982, par
Didier Bonche. L’entreprise
située à Saint-Just-en-Chevalet,
compte 17 personnes.
Nous codirigeons cette SA depuis
quatorze ans et, comme de nombreux chefs d’entreprise, nous
nous sentons parfois un peu seuls
dans la prise de décisions. Nous
avons souhaité participer au
Séminaire Dirigeants pour rencontrer d’autres responsables
d’entreprises industrielles, et
échanger avec eux sur des problématiques communes. Nous attendons également des journées de
formation des précisions et approfondissements. Le premier thème
traité lors de ce séminaire portait
par exemple sur les indicateurs de
performance. Je suis assez à l’aise
sur les questions relatives à la gestion, mais cette journée m’a
apportée des clefs de lecture efficaces et rapides. Nous aborderons
aussi l’analyse de l’offre et du
marché. Ce sujet nous intéresse à
divers titres : notre société avec
quatre autres entreprises de charpentes du département, a participé
récemment à la création d’un
groupement pour l’achat en commun d’un centre de taille à commande numérique, projet initié et
accompagné par Inter Forêt Bois
42. La séance consacrée aux ressources humaines sera également
d’un grand intérêt pour moi, car
dans une PME on ne prend pas
toujours assez le temps de réfléchir
et développer des outils de motivation.
Le fait de traiter de thèmes très
généraux touchant tous les volets
de la stratégie de l’entreprise, avec
un spécialiste sur une journée complète permet de mieux maîtriser
les sujets. Il s’agit pour nous d’une
formation complémentaire au programme “produire au plus juste”
proposé par l’AFPI il y a trois ans,
qui nous a aidés dans la mise en
place d’un process de fabrication
innovant”.
En 1996, la CCI avait élaboré un “projet de développement économique du Roannais”,
document qui a servi de référence pour toutes les procédures contractualisées avec
les collectivités territoriales et les politiques européennes. Sept ans plus tard,
au moment de la mise en place des " Pays ", la CCI apporte à nouveau sa contribution.
e parti pris méthodologique de l’étude n’est pas
de se lancer dans une énumération exhaustive
des actions économiques qui pourraient être
engagées sur le territoire, mais de valoriser des projets
forts, susceptibles de générer la création de richesses,
de participer à l’évolution des mentalités, et de changer
l’image du Roannais. A partir d’un diagnostic sur les
forces et les faiblesses de la région roannaise, l’étude
identifie six axes de développement :
Axe 1 : Attirer et accueillir
Le développement économique nécessite un environnement favorable au niveau des voies et moyens de communication, et des infrastructures adaptées pour l’accueil des entreprises et des hommes.
Axe 2 : Activer, créer et reprendre
La création d’entreprise demeure, avec la reprise, la
plus grande pourvoyeuse d’emplois. La CCI dispose
d’outils spécifiques pour accompagner le porteur de
projet : Entreprendre en France, Observatoire du commerce, Études de marché, Innovus, Transcommerce…
Axe 3 : Apprendre et former
La CCI est un acteur clé du développement de la formation et des compétences, par la collecte de la taxe
d’apprentissage, le financement de formations locales
à caractère professionnalisant, la gestion des contrats
d’apprentissage, le financement de l’enseignement
supérieur...
Axe 4 : Anticiper et innover
L’innovation dans les entreprises combine technologie,
marketing et offre de services. Dans les prochaines
années, les nouveaux modes de communication et les
innovations technologiques associées vont influencer
directement la compétitivité des entreprises (dont les
commerces). La CCI a pour mission d’accompagner et
de stimuler cette innovation : TICRAL, Innovus,
Roannais Tout Sourire…
L
Axe 5 : Assembler, échanger et coopérer
Partager le savoir et les connaissances permet à tous
d’œuvrer dans la même direction. L’économie de la
connaissance devient alors un véritable levier collectif
pour le développement du territoire. La CCI joue un
rôle moteur dans le rapprochement des entreprises,
l’animation du tissu économique local : PLATO,
MUTEX.
Axe 6 : Animer et promouvoir le territoire
Par nature discret, le Roannais est peu ou mal connu. La
région doit valoriser ses spécificités autour de quelques
grands événements : Biennales Textiles, Assises nationales de l’Eau Industrielle, Roanne Eco…
Pour concrétiser ces six axes, l’étude présente neuf
chantiers qui témoignent d’un passage immédiat à
l’action :
TICRAL (développement collectif des TIC sur l’ensemble du Roannais).
Innovus (incubateur pour accompagner le créateur
ayant un projet innovant).
PLATO (formation par l’échange pour stimuler la
croissance économique).
Hôtel d’entreprises.
Intelligence Développement (accès à la connaissance, à la recherche, au développement et à l’innovation
pour accroître la compétitivité des entreprises).
Roannais Tout Sourire (professionnalisation, qualification et mise en marché des entreprises touristiques).
A89 (Projet de territoire et accompagnement liés à la
réalisation de l’A89).
Qualité managériale-commerce (démarche de
conduite du changement à destination des commerçants-artisans).
Gestion des déchets des entreprises (optimisation de
la gestion des déchets pour l’industrie, les services, les
artisans, les commerçants).
AGENDA
12 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
28 et 29 Janvier 2004
Salon Tissu Premier, Lille, Grand Palais.
25 au 28 Février 2004
Salon Expofil, Paris-Nord Villepinte.
23 au 26 Janvier 2004
Salons Internationaux de la Lingerie, Interfilière, Prêt-à-porter, Paris, Porte de Versailles.
11 et 13 Mars 2004
Forum des Métiers et des Formations, Espace
Congrès, Roanne.
27 Janvier 2004
Journée Fournisseurs Mode Enfantine, Paris,
Palais des Congrès.
22 au 25 Avril 2004
Journées “Ventes d’entreprises”,
Congrès Roanne.
Espace
Découvrez l’histoire industrielle
du Roannais, ses secteurs d’excellence,
ses savoir-faire,
ses métiers,
son économie
d’aujourd’hui,
ses entreprises,
ses hommes
et ses femmes
de talent...
Disponible en librairie au prix de 30 euros.
Pour toute commande supérieure à dix exemplaires,
contactez la CCI du Roannais au 04 77 44 54 53 (tarif préférentiel).
DOSSIER
STRATÉGIE
Ces entreprises
qui réussissent en Roannais
Le constat est à la fois
simple et rassurant :
les entreprises
qui se développent
et créent de l’emploi
en Roannais sont
beaucoup plus
nombreuses qu’on
ne l’imagine.
Malgré les difficultés
de certains pans
d’activités, et
les conséquences
sociales d’inévitables
mutations économiques, le bassin
d’emploi roannais,
tous secteurs
confondus (industrie,
services, commerce),
compte une pléiade
d’entreprises
performantes sur
leur marché.
Des entreprises qui
réussissent...
Par Frédéric Thomasson
14
n pourrait en citer des
dizaines, sans doute une
bonne centaine. De l’agroalimentaire au textile, de la mécanique à l’informatique, dans l’industrie, le commerce, les services.
Discrètement ou au grand jour,
elles ont fait leur chemin, grapillé
les parts de marché, apprivoisé
leur environnement. Grâce à un
savoir-faire, un produit, une idée,
un concept, une niche, un service
adapté, une forme de distribution
performante, un essaimage gagnant,
une diversification payante. Grâce
à des hommes et des femmes,
salariés, cadres, chefs d’entreprises qui ont dépassé le stade du
travail bien fait pour atteindre
celui de l’excellence, à tous points
de vue. “L’entreprise qui peut
avancer sans souci est celle qui est
bien assise sur le fameux trépier :
commercial, technique, gestion.
Quand elle a les trois, elle peut
voyager loin”, affirme Raymond
Sfeir, vice-président industrie au
sein de la CCI du Roannais.
O
D’abord le marché
La recette miracle n’existe pas.
L’essentiel est de créer les conditions de la réussite. Au premier
rang de ces conditions : le positionnement de l’entreprise sur son
marché, voire sur son segment de
marché. “Il faut toujours répondre
à une demande. Toujours s’interroger sur ce que son produit va
apporter aux clients. Il faut cibler
et, à l’avenir, il faudra cibler de
plus en plus juste”, explique Nathan
Gabay, pdg de Jo Ben et président
de MUTEX.
Cette réponse aux attentes des dis-
>Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
“Etre deux permet de grandir sereinement”, témoignent Gérard Pélisson
et Jean-Michel Péguet, dirigeants d’Evolutis.
tributeurs et, in fine, des consommateurs, certains la sentent, la
pressentent : “Ça me fait toujours
un peu sourire lorsque l’on dit,
après coup, qu’un chef d’entreprise
a réussi parce qu’il a eu une sorte
de vision de ce qui allait bien marcher, observe Marc Broyer, pdg
d’Intexa. Je crois plutôt que si le
chef d’entreprise a bien réussi,
c’est d’abord parce qu’il a bien
bossé, qu’il s’est bien informé et
qu’il s’est bien formé. Il faut
savoir prendre les bonnes informations qui conditionneront les
bonnes décisions”. Pierre Brivet,
pdg du Groupe du Formont
(Roanne Electrique, DNE, DRI,
STRATÉGIE
Moreno) confirme : “Il faut être
complètement intégré à son milieu
économique pour mettre tous les
atouts de son côté et ne pas partir
dans l’inconnu”.
Fabriquer un produit de qualité est
indispensable, mais pas suffisant.
Il faut surtout que celui-ci soit pertinent, que le mix produit-marché
sonne juste. “C’est le client final
qui va en décider. Le chef d’entreprise, et c’est bien normal, croit
toujours que son produit va se
vendre comme des petits pains
parce qu’il a mis toute son énergie
à le fabriquer. Mais si, en face, il
n’y a pas un acheteur final, c’est
perdu d’avance”, fait remarquer
Jean-François Prat.
Le fondateur de la société Capital
et Croissance (C&C), nouvelle
venue au Télépôle de Roanne,
connaît bien la question. A longueur d’années, il tente de repérer
les projets porteurs afin d’inciter
des Business Angels à les soutenir.
“Depuis 1996, nous avons levé
6 millions d’euros sans avoir pour
autant suivi la folie Internet”,
indique-t-il. Son analyse a tout
interêt à être juste, les tickets de
départ s’échelonnant généralement de 50 000 à 200 000 euros.
Une histoire de passion
Réussir, c’est aussi un état d’esprit.
On ne réussit pas en faisant dans la
demi-mesure, en trempant le bout
des pieds dans l’eau. Le dénominateur commun entre tous les
chefs d’entreprises qui réussissent,
c’est la passion. “Ils prennent leur
destin en main, cite un observateur.
Et quand il y a des difficultés, ce
n’est pas la faute du dollar, des
importations excessives, des salariés
qui ne travaillent pas assez... Ils ne
critiquent pas leur environnement
de façon stérile, mais tentent,
chaque seconde, de travailler plus
et mieux. Ils prennent leurs responsabilités. On a déjà connu des
échecs, non pas parce que le produit était mauvais, non pas parce
que la technique de fabrication
était mauvaise, mais parce que le
chef d’entreprise n’avait pas cette
petite flamme dans les yeux qui fait
la différence”. La passion de leur
métier, qu’ils maîtrisent sur le bout
des doigts, les pousse à devenir
créatifs, inventifs, performants,
au-dessus du lot. L’investissement
doit être total pour vraiment réussir.
Pas nécessairement un investissement financier mais assurément
un investissement humain.
“Il faut être capable de tout donner.
S’il n’est pas passionné, le chef
d’entreprise ne pourra additionner
les heures, confirme Lucien
Deveaux, pdg du groupe Deveaux.
Quelle que soit la taille de sa
société, il doit contrôler et participer le plus possible à tous les
métiers nécessaires au développement de son activité, notamment
la partie commerciale, plus que
jamais prépondérante avec la
mondialisation des échanges. Il
faut de la passion et, on l’oublie
trop souvent, une santé de fer”,
renchérit Lucien Deveaux, champion toute catégorie de la création
ou de “l’accompagnement à la
création d'entreprise” sur le bassin
d’emploi local : “Une cinquantaine
en quarante ans. A peine plus
d’une par an !”, sourit-il.
DOSSIER
“Il faut être complètement intégré à son milieu économique pour mettre
tous les atouts de son côté”, analyse Pierre Brivet, pdg du groupe du Formont.
Evolutis a trouvé l’équilibre en soignant ses prothèses
L
e choix qui leur était proposé, c’était Lyon ou Leeds.
Lorsque le nouveau propriétaire de Medinov a fermé
le site de Roanne, en 1999, Gérard Pélisson et Jean-Michel
Péguet ont vite tranché : “Il y avait un savoir-faire technique que nous ne voulions pas laisser échapper”. Ils ont
repris huit salariés de Medinov et ont créé de toute pièce
Evolutis, spécialisée dans la fabrication d’implants pour
la traumatologie et la chirurgie articulaire : prothèses
de la hanche, du genou, de l’épaule.
En quatre ans, Evolutis a doublé son effectif (20 personnes), sa surface de production (1100 m2) et dépassé
les 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. “Nous ne
sommes pas un essaimage de notre précédent
employeur. On comptait un peu dessus et cela ne s’est
pas fait. A posteriori, c’est très bien comme ça. On ne
doit rien à personne”. Si l’équilibre a vite été trouvé,
c’est avant tout parce que la compétence technique
existait.
Encore fallait-il faire les bons choix commerciaux. “Nous
nous sommes tournés vers des distributeurs qui revendent aux médecins. Nous avons mixé ensuite notre production entre produits propres à forte valeur ajoutée, et
produits en sous-traitance pour des confrères de plus
grande taille. Ce type de fabrication est moins intéressant en terme de rentabilité mais permet de réguler la
charge de travail”. Quand la gestion de production et la
gestion tout court s’imbriquent parfaitement : “Les produits propres sont remboursés par la Sécurité Sociale
dans des délais plus qu’aléatoires, tandis que la production pour tiers fait l’objet de paiement à 60 jours”,
résume Gérard Pélisson, par ailleurs satisfait du bon
fonctionnement du binôme de direction. “Partir à deux,
c’est une très bonne chose. Au début, il faut être un peu
partout. Tout seul, c’est impossible. Etre deux permet de
grandir sereinement et de prendre du temps pour déléguer et bien manager”.
Evolutis a opté pour un “management convivial” qui
porte ses fruits. “On prend le temps d’organiser un
entretien individuel par an pour voir où chacun en est.
Le dialogue est très important. Chez nous, la pause
du vendredi tous ensemble est sacrée”. Réussite commerciale et aventure humaine peuvent donc aller de
paire : “Une entreprise ça naît, ça vit, ça meurt. Autant
profiter pleinement de ce que l’on fait. Si cela devait
s’arrêter demain, on aura vécu quelque chose de fort.
Quand, entre nous, on parle de Medinov, il n’y a pas
d’amertume. C’est une entreprise qui a fait vivre jusqu’à
100 personnes pendant plus de dix ans. C’est ce qu’il
faut retenir”.
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 15
DOSSIER
STRATÉGIE
Ces entreprises qui réussissent en Roannais
Savoir s’adapter
et négocier les virages
Un bon produit, un bon positionnement, une technologie maîtrisée,
une motivation à toute épreuve :
les conditions de la réussite sont
en place, à condition d’ajouter une
petite touche de réalisme et de
pragmatisme : “Il y a les décollages immédiats, et puis les petits
retards à l’allumage qui ne veulent
pas dire pour autant que la réussite
ne sera pas au bout, reprend JeanFrançois Prat. C’est comme pour
le permis : il y a le code et la
conduite. C’est au volant qu’on
apprend vraiment. La grande qualité d’un bon capitaine est de
savoir opérer les petits changements de cap, les petites adaptations, prendre les virages plus ou
moins marqués, toujours grâce à
cette fameuse prise d’informations.
En général cela se passe après
deux ou trois ans. Cela fait partie
des mues successives que toutes
les entreprises doivent effectuer”.
Car il y a des passages obligés, des
étapes incontournables, des
phases-clé de développement que
le chef d’entreprise doit être
capable de maîtriser. Les phases
de croissance, qu’elles soient
internes ou externes, sont toujours
délicates à négocier. En interne, il
faut savoir s’entourer, déléguer,
faire confiance, dialoguer. On
peut être parfaitement capable de
vendre un produit à l’autre bout du
monde et, parce que l’entreprise
commence à se développer, donc à
se cloisonner physiquement,
éprouver les pires difficultés à
communiquer d’un bureau à un
autre. “L’organisation d’une
simple réunion peut devenir très
compliquée, poursuit le fondateur
de C&C. On ne doit pas négliger
cet aspect, sous peine de lentement dégrader les rapports
humains, et nuire à l’efficacité”.
Un élément qu’a pris en compte
son voisin de palier Agiir
Network, spécialisé dans l’édition
Monroe a pris de la bouteille
en magnifiant ses étiquettes
U
ne entreprise ressemble souvent à son chef d’entreprise. Dans son comportement commercial, dans son
organisation interne, dans ses relations avec son environnement... Entre Monroe Etiquette et son pdg, Guy
Monroe, la fusion est totale. “J’aime les choses bien
faites. Je préfère l’efficacité aux grands discours. Ma
philosophie réside dans ces quelques mots : on n’est pas
obligé de crier sur les toits qu’on fait bien son travail
pour bien le faire”. Implacable raisonnement...
La société de Montagny, spécialisée dans la conception
et la fabrication d’étiquettes adhésives pour bouteilles
de vin, ne se contente pas de bien faire les choses. Elle
excelle dans son domaine. Elle a forgé sa réussite sur
une créativité exceptionnelle, un rythme d’investissement soutenu, une réactivité à toute épreuve, et une
exigence de qualité hors du commun. “Sans qualité, il
n’y a rien”, résume Guy Monroe, qui oublie de rappeler
son coup de génie marketing. Il a accompagné, au
milieu des années 80, la montée en puissance de petits
producteurs de vins, eux aussi obnubilés par la qualité
de leurs produits. Au lieu de vendre en coopératives, ils
se sont mis à faire eux-mêmes leur conditionnement. Un
marché s’ouvrait. Monroe Etiquette n’a pas perdu une
seconde. “Pour réussir, il faut avoir les idées claires et
essayer de comprendre comment les choses vont évoluer
à court et moyen terme”. C'est aussi prendre une longueur d’avance sur la concurrence, et ne plus la lâcher.
Au lieu de se satisfaire d’un bon potentiel commercial,
Monroe Etiquette a tout de suite apporté sa griffe. Elle
a fait comprendre à sa nouvelle clientèle que le meilleur
moyen de communiquer avec un consommateur pas
toujours très connaisseur consistait à faire passer le message de qualité du produit via une étiquette soignée,
porteuse de valeurs et d’imaginaire.
L’essentiel du savoir-faire de l’entreprise réside dans la
création de modèles originaux, puis dans sa capacité à
fabriquer en série des étiquettes toutes différentes les
unes des autres. Cinq commerciaux de l’entreprise sillonnent la France. Ils définissent le projet d’étiquette avec
16 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
le viticulteur avant l’intervention de dessinateurs extérieurs. “Ils agissent tels des stylistes dans la mode,
indique Guy Monroe. Nos informaticiens reçoivent
ensuite le dessin de l’artiste et s’efforcent de le rendre
compatible avec l'impression”. En quelques années,
la traditionnelle “étiquette à colle” a cédé la place à
l’étiquette adhésive en rouleaux, au prix d’investissements très importants : entre 450 000 et 600 000 euros
par an. L’entreprise est dotée de quatre lignes de fabrication dont une de dix-sept mètres de long. Une dizaine
de groupes la composent : gauffrage, dorure, vernis,
numérotage, couleur, relief...
Monroe Etiquette est très active dans la Vallée du
Rhône, le Languedoc-Roussillon et la région PACA. Des
producteurs de Bourgogne, de Beaujolais, d’Alsace et de
Champagne lui font aussi confiance. Seul le Bordelais lui
échappe : “C’est une région qui privilégie la proximité.
C’est un peu dommage pour le prestige. Mais ce n’est
pas le prestige qui m’intéresse, c’est la rentabilité”. Et là,
les bons crus s’enchaînent. Le chiffre d’affaires, millésime
2003, s’établira à plus de 5 millions d’euros. L’entreprise
emploie 38 personnes en France et 15 en Suisse depuis
le rachat de Gern (Neuchatel).
de logiciels collaboratifs d’aide à
la décision (SIAD) pour les
moyennes et grandes entreprises.
“Il y a de plus en plus d’informations qui parviennent aux entreprises, indique Gilles Félix,
directeur commercial. Nos outils
ont pour objectif de structurer ces
informations pour qu’elles soient
retrouvées rapidement et partagées
par tous”.
Déléguer pour vraiment
diriger, sans se détacher
Déléguer ne veut pas dire pour
autant se détacher. Il n’est jamais
facile pour le pdg d’une entreprise
en croissance de “lâcher” progressivement certaines fonctions, de
“déléguer vraiment sans faire
semblant”, précise Marc Broyer.
Sur le sujet, les avis sont pratiquement unanimes : s’il existe deux
éléments à ne jamais perdre de
vue, c’est le contact-client pour
ne pas se couper du marché, et
l’assurance-qualité du produit
pour s’assurer de la fiabilité de
l’outil de production et planifier
les investissements stratégiques à
court et moyen terme. La gestion
humaine est toute aussi capitale :
faire évoluer les collaborateurs,
recruter à bon escient, ne pas
négliger la formation : “Il faut
rester à l’écoute de son entreprise,
de ses battements de cœur. Et pour
cela, rien de tel que bien s’entourer,
complète le pdg d’Intexa. Si les
informations remontent régulièrement, on peut avancer, recadrer,
comprendre les autres. J’aime les
gens avec qui je travaille. On s’enrichit mutuellement. C’est ce qui
nous fait avancer. Car finalement,
c’est quoi la réussite d’une entreprise, si ce n’est mettre en place
les conditions pour continuer à
aimer ce que l’on fait”.
Rationnaliser...
et faire preuve de feeling
Pour exister sur leur marché, certaines entreprises doivent rapidement atteindre une taille critique.
Seule la croissance externe peut
leur permettre de franchir cette
étape. Sur ce terrain, le droit à
l’erreur n’est pratiquement pas
STRATÉGIE
permis, car les retours en arrière
laissent toujours des traces. Un
mauvais choix et l’édifice peut
vaciller en quelques mois : “En
fait, il faut se poser à peu près les
mêmes questions qu’au moment
de la création, explique Raymond
Sfeir, pdg de B Macom, qui
accompagne les entreprises dans
leurs choix stratégiques. La société
convoitée est-elle située sur un
secteur porteur ? Si elle est positionnée sur un secteur en crise,
s’agit-il d’une crise momentanée
ou permanente ? Le segment à
l’intérieur du secteur est-il bon ?
Pourquoi la société est-elle à
vendre ? Ai-je les moyens de
l’acheter ? Vais-je le faire avec des
capitaux extérieurs ? Suis-je
assez crédible pour mobiliser ces
capitaux ? Cette croissance apportera-t-elle quelque chose à mon
activité ? Créera-t-elle des synergies ? Globalement, il faut voir si
l’entreprise est bien armée pour
affronter le marché. Dans le cas
d’entreprises en difficulté, on
découvre des failles qu’il est possible de combler ou pas. Si l’on
estime que c’est possible et que
stratégiquement ça va améliorer le
business, alors on rencontre les
hommes à la tête de l’entreprise.
Jamais avant ! Car le grand risque
est de s’attacher aux hommes
avant de valider l’économique”.
Thierry Lièvre, pdg de L3C
Group, à Bourg-de-Thizy, a réalisé
trois acquisitions ces trois dernières années pour étoffer son
offre : “Une fois que la pertinence
économique est validée, la base de
la réussite réside dans le capital
humain qu’il y a en face de vous.
Une croissance externe réussie,
c’est aussi beaucoup de feeling”.
“Il faut faire preuve d’opportunisme, ajoute Pierre Brivet, qui a
multiplié son chiffre d’affaires par
huit en neuf ans en intégrant avec
succès plusieurs entreprises. Je
suis un opportuniste et je le revendique. Encore une fois, il faut être
à l’écoute de son marché. Nous
avons élargi notre zone de compétence et notre zone géographique.
Notre taille nous permet désormais
de répondre à tous les marchés et
de ne plus être classé dans la
même catégorie par nos fournisseurs. On peut exiger d’eux plus
de prix, et toujours d’avantage de
services”.
Toujours se remettre
en question
On ne grandit pas sans prendre de
risque. “Mais ne pas grandir est
aussi une prise de risque, coupe
Marc Broyer. La réussite financière
du moment ne doit pas faire rentrer l’entreprise dans une sorte de
confort qui sera vite synomyme
d’immobilisme. Il faut toujours
être très lucide et se remettre en
question très souvent”.
Savoir se remettre en question. Et
si, au-delà des critères purement
écomomiques de marchés, de
produits, de gestion de production,
de gestion financière, d’approche
marketing, de développement à
l’export, d’investissements réguliers, c’était cela le gage de la
réussite ? Emmanuel Brochot, à
la tête de Valentin Traiteur, s’est
forgé un moral de vainqueur en
partant du principe que rien n’est
jamais acquis : “J’ai beaucoup
appris dans le sport. Le sens de
l’effort, du sacrifice, du collectif.
J’ai aussi appris l’humilité : l’entreprise est semblable au sportif. Ce
n’est pas parce qu’elle a gagné
aujourd’hui qu’elle gagnera
demain. Elle doit toujours se
remettre en cause et viser plus
haut”. Et quand les succès s’enchaînent, quand tout réussi, le chef
d’entreprise doit aussi garder la
tête froide : “Le risque suprême
c’est évidemment de prendre ce
qu’on appelle communément la
grosse tête, conclut Thierry
Lièvre. C’est forcément un risque
qui plane au-dessus de tous ceux
qui réussissent, quel que soit le
degré de la réussite. Face à l’argent,
tout le monde change, c’est évident. Mais la règle d’or est de ne
jamais oublier que tout peut aller
très vite, dans un sens comme
dans l’autre”.
DOSSIER
L3C Group
a trouvé son chemin en allant dans le décor
L
es statistiques ne leur étaient
guère favorables : deux copains
d’enfance qui deviennent chefs
d’entreprise, ce n’est pas forcément
le succès assuré. On s’aperçoit
généralement un peu tard que le
sens de l’amitié et celui des affaires
ne font pas toujours bon ménage.
“On nous a dit qu’on allait se
planter. Et nous, on a répondu que
ça allait sûrement se passer comme
ça, mais qu’on allait quand même
essayer pour en être sûrs”,
s’amusent, après coup, Thierry
Lièvre et Aldo Convertino, cofondateurs de L3C devenu L3C
Group. “Ceux qui ne nous aiment
pas disent qu’on a eu de la chance. Les autres reconnaissent que
finalement on n’était pas trop c...”. Ils ont même eu une idée de génie et,
surtout, ils l’ont eu avant tout le monde. Ils ont anticipé l’engouement des
Français pour la décoration de leur intérieur en démocratisant des
produits encore très élitistes au début des années 80. “On a senti qu’il y
avait un créneau à prendre, résume Thierry Lièvre. Le concept consistait à
proposer des gammes de produits pas chers et coordonnés entre eux, qu’il
s’agisse de rideaux, de nappes, de coussins... Cela existait pour le haut de
gamme, mais pas en solderies. Nous étions certains que cela pouvait
marcher dans le monde de la grande consommation”. Les Babou, Foirfouille et autre Gi-Fi ont adhéré au concept L3C, qui a également bâti sa
réussite sur une démarche commerciale originale. “Au lieu de venir avec
une collection, on a demandé à nos prospects ou clients ce que serait le
linéaire de leur rêve. Et quelques temps plus tard, on revenait les voir avec
des prototypes et en leur expliquant que la production débuterait dès leur
première commande. On a travaillé comme des architectes, comme des
concepteurs d’univers. On a fait des milliers de kilomètres pour mettre en
place des corners sur-mesure”. Du réassort d’épicier à l’échelle industrielle.
Pour réussir, L3C Group a rempli à la perfection trois fonctions-clés dans
son métier : celles de trader, de logisticien et de gestionnaire de rayons.
Aujourd’hui, la société propose 10 000 références et fait acheminer
chaque année 40 000 tonnes de marchandises vers 2000 points de vente,
en grande partie des grandes surfaces spécialisées “non alimentaires”. Son
parc fournisseur est situé au Moyen, Proche et Extrême-Orient, en Europe
de l’Est et sur le pourtour méditérannéen.
En quelques années, L3C a aussi gagné le pari de la croissance. Elle a mené
à bien trois opérations externes en trois ans en rachetant Seefo (produits
de décoration) en 2001, Decordis (arts de la table) en 2002, et Mont d’Or
Participations, début 2003. “La règle pour moi : que l’activité de
l’entreprise à reprendre soit accolable au groupe, qu’elle apporte un atout
supplémentaire”, poursuit Thierry Lièvre. L3C Group a joué la
complémentarité en enrichissant sa palette de couleurs, de matières et de
produits : voilages, rideaux, nappes, coussins, linge de maison et de lit, arts
de la table, accessoires de bain et de toilette, senteurs intérieures...
La société de Bourg-de-Thizy emploie désormais 75 personnes et a vu son
chiffre d’affaires passer de 450 000 euros en 1994 à 45 millions cette année
(2,7 millions d’euros de résultat net en 2002). Une véritable success-story
que Thierry Lièvre va poursuivre seul. “J’ai racheté les parts du cofondateur. Cela se fait sainement et en très bons termes. Nos objectifs
d’évolution de vie n’étaient plus les mêmes. Pour réussir, il faut que les
choses soient claires, sans ambiguité. Sinon on entasse les problèmes, on
va vers les difficultés et on n’avance plus”.
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 17
DOSSIER
STRATÉGIE
Ces entreprises qui réussissent en Roannais
Valentin Traiteur a retrouvé de l’appétit
en modifiant sa recette
T
ant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. La société Valentin Traiteur a fait
de cet adage une véritable ligne de conduite. En 1993, on lui promettait
l’enfer. Aujourd’hui, elle s’est ouverte les portes du paradis. “Quand nous
avons repris la société après son dépôt de bilan, nous étions persuadés que
si elle ne marchait pas, c’est parce qu’elle était mal gérée. En fait, c’est surtout
parce que ses produits ne répondaient pas aux attentes du marché. Il fallait
couper certaines branches”, explique Emmanuel Brochot, ancien cadre de
l’entreprise, désormais propriétaire de 40% des parts aux côtés d’Adrien de
Benoist, actionnaire majoritaire. “C’était un pari insensé mais salutaire.
Laisser tomber 20% de votre clientèle alors que vous êtes au bord du
gouffre, ce n’est pas évident”. Le bon choix au bon moment, c’est aussi ça la
clé de la réussite. Valentin Traiteur a donc abandonné sa fabrication de produits de charcuterie qui avait pourtant fait son succès à la fin des années 80.
Elle s’est repositionnée sur le marché de la charcuterie pâtissière en lançant
des produits originaux liés au terroir comme le “Délice breton”, la
“Feuillantine comtoise” et le “Délice savoyard”, à base de pommes de terre,
de raclette, de poitrine fumée et de crème.
Bien consciente de tenir la recette du succès, elle ne s’est pas arrêtée en si
bon chemin. Elle vient ainsi de lancer sa propre marque : D’élistine. Celle-ci
s’appuie sur deux types de produits : les tartes salées à consommer en
entrées, en plat principal ou en “snaking”, et les aspics qui bénéficient d’un
concept plus moderne avec un conditionnement par deux, avec pack
sécable. D’élistine cible toutes les enseignes de grande distribution, hard discount exclu. Elle vise une clientèle à la recherche de praticité, de rapidité,
d’originalité, tout en attachant beaucoup d’importance à la teneur gustative
du produit. Valentin Traiteur mise sur des fournisseurs le plus souvent régionaux, les matières premières étant garanties par les exigences qualité HACCP.
Valentin Traiteur compte vendre 120 000 produits D’élistine en 2003, et
420 000 en 2004. En 2008, la marque devrait représenter 20% d’un chiffre
18 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
d’affaires prévu aux alentours de 35,5 millions d’euros (20,8 millions d’euros
en 2003). Cette forte croissance s’accompagne d’un vaste projet immobilier.
Une nouvelle unité de production va voir le jour en zone d’activités de la
Demi-Lieue, à Mably. Le doublement de la surface actuelle (8670 m2 sur un
terrain de 40 000 m2) représente un investissement de 8 millions d’euros.
Valentin Traiteur, qui emploie 120 personnes, devrait également doubler
son effectif à moyen terme. “La bonne gestion d’une entreprise consiste à
être devant et pas à la traîne, rappelle le jeune directeur. Comme une équipe
sportive qui a de bons résultats, on va passer de challenger à favori”.
HAUT DE GAMME
RUBRIQUE
question à
Le Château d’Ailly
entre simplicité et féerie
Luc Perron,
L’Orangerie (Saint-Cyr-de-Favières)
Quelle évolution avez-vous donné
à votre métier ?
Un gîte trois épis au beau milieu d’un parc de 80 hectares classé
“jardin remarquable de Rhône-Alpes”, c’est tout le charme du Château d’Ailly.
Visite en compagnie du maître des lieux, Alec de Brosses.
l’aube de la quarantaine, Alec de
Brosses embrasse une nouvelle vie qui
lui sied à merveille. Un mi-temps informel entre l’accueil raffiné au cœur de son
magnifique domaine d’Ailly et la promotion touristique de la région roannaise. “L’idée générale,
c’est de ne pas travailler en solo. Il y a ici un
patrimoine naturel, botanique, architectural, dont
je veux faire profiter la
région”. Son site (www
ailly.com) incarne parfaitement cette volonté. Il
présente les activités du
château et les richesses
touristiques locales. Toutes
les pages sont traduites en
anglais et en allemand.
“C’est la base de tout. Je
suis assez surpris de
constater que certains
sites de promotion ne
contiennent pas un mot
d’anglais”, indique ce
globe-trotter invétéré.
Chargé, au tout début de
sa carrière, des relations
publiques d’un député Japonais, il exerce ensuite
ses talents dans la finance et l’informatique en
Allemagne. De quoi mettre tour à tour en pratique
des études de lettres, d’histoire et de commerce
(ESSEC Paris). Au côté de ses frères et de sa
mère, Alec de Brosses passe désormais le plus
clair de son temps à donner vie au Château
d’Ailly, propriété de la famille de Brosses depuis
1745. Il y a quatre ans, l’ancien cuvage a été
transformé en une vaste salle de réception de
350 m2. Chaque année, une vingtaine de mariages
prennent des allures de conte de fée. “La pièce
est modulable. Nous recevons des cérémonies
allant de 60 à plus de 300 convives. Notre record
est de 366 couverts. Nous travaillons en soustraitance avec des nombreux prestataires, qu’il
s’agisse de traiteurs, de fleuristes, de photographes...”. Lors de chaque réception, le château
est illuminé, la chapelle à l’architecture italienne
et la cour en pierres de taille roses sont mises à
disposition. Le maître des lieux se fait également
un devoir et un plaisir d’accueillir les invités
comme il se doit. Les prix de location varient de
460 à 3000 euros en fonction du nombre de
convives. “Les mariés disposent du site du jeudi
A
“J
midi au lundi midi. C’est appréciable pour vivre
ce moment de bonheur en toute sérénité”. De
nombreuses entreprises utilisent également cet
espace pour des réunions et des séminaires. Du
couvert au gîte, Alec de Brosses n’avait qu’un
pas à faire. Il a réaménagé récemment une aile de
l’ancienne régie du château en gîte trois épis.
Composé de quatre chambres à deux lits, celui-ci
est utilisé lors des
mariages et par une clientèle familiale à la découverte du Roannais. “Je leur
donne les bonnes adresses
afin qu’ils aient envie de
revenir. Il faut aussi qu’ils
incitent leurs relations à en
faire de même”. Là encore,
les entreprises locales ont
noté la bonne adresse :
“J’ai hébergé à plusieurs
reprises des cadres nouveaux venus dans la région
en attendant qu’ils trouvent
chaussure à leur pied”.
Symbole d’une parfaite
alchimie faite de simplicité
et de raffinement, les hôtes trouvent sur la table
de leur petit-déjeuner un pot de confiture de cornouille, fierté de la famille. Le parc à l’anglaise
de 80 hectares fait partie des “parcs et jardins
remarquables de Rhône-Alpes”. Il a payé un
lourd tribut à la tempête de 1999, ce qui n’a pas
empêché l’introduction de nouvelles essences :
au total 380 espèces sont recensées. Alec de
Brosses souhaite désormais pérenniser une exposition-vente d’arbres, de plantes, d’objets de
décoration de la maison et du jardin, organisée
dans l’enceinte du château. La première
d’“Automne à la campagne, couleurs et saveurs”,
a connu un beau succès en octobre dernier : 3000
visiteurs se sont rendus à Parigny afin de découvrir les produits de 43 exposants dans un cadre
féerique parfaitement adapté. “J’ai choisi personnellement les exposants, car j’aime ce qu’ils
font. Les produits du terroir étaient également
associés à cet événement que j’ai souhaité ouvrir
à des professionnels extérieurs venus de toute la
France, mais également d’Angleterre et de
Belgique. Le Roannais aurait tort de rester replié
sur lui-même. Il doit se faire connaître, et aussi
s’ouvrir à ce qui se fait ailleurs”.
e suis passé d’un métier d’ébéniste-décorateur, pour une
clientèle de particuliers, au développement d’une véritable ligne de
meubles à destination de boutiques
de décoration haut de gamme
et d’architectes-décorateurs. Mes
fabrications sont de style Louis XVI
revisité tendance, qu’il s’agisse de
tables basses, de meubles de décoration, de bibliothèques, de sièges.
Nos meubles blanchis néo-classique
trouvent très bien leur place dans
des demeures de charme.
L’Orangerie réalise également des
agencements d’hôtels. Nous avons
conçu une cinquantaine de chambres
pour le compte du Country-Club à
Nice-Sofia Antipolis et 25 chambres
à Crans-Montana, en Suisse, pour le
compte de l’Hôtel du Golf. Nous
avons également travaillé pour des
établissements de Saint-Tropez et
de Saint-Germain-en-Laye. Notre
prochaine réalisation concernera un
hôtel à Saint-Laurent-du-Var.
Nos investissements dans l’informatique et en machines à commande
numérique ont vraiment permis de
franchir une étape. Commercialement, je m’appuie énormément sur
les Salons Maison & Objets : deux
fois par an, nous présentons, à Paris,
nos réalisations et nos concepts.
Nous fabriquons sur-mesure dans
l’immense majorité des cas. L’export
vers l’Angleterre, le Danemark,
la Suisse, l’Espagne et le Portugal
représente désormais 30% de notre
chiffre d’affaires.
A Saint-Cyr-de-Favières, nous avons
également aménagé un nouveau
show-room, ouvert les mercredis
après-midi, les samedis, et sur rendez-vous. Nos fabrications sont également à découvrir sur notre site :
www.luc-perron.com. L’Orangerie
emploie désormais huit personnes”.
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 19
RUBRIQUE
INDUSTRIE
question à
CTM Inox : chaud devant !
Georges Cytron,
pdg de Cukier
Pour votre fabrication,
vous faites largement confiance
à des sous-traitants locaux.
Comment parvenez-vous à rester
compétitifs face à des concurrents
qui délocalisent massivement ?
“I
l est vrai que 70% de notre
production est confiée à des
sous-traitants de Roanne et sa région,
30% environ étant délocalisée dans
les pays de l’Est. Nous nous efforçons
d’être le plus pragmatique possible
et de nous adapter au prix du marché. Il suffit d’effectuer une rapide
approche du coût-minute. Quand le
temps de confection d’un produit
dépasse dix minutes, le maintien
d’une fabrication en France n’est
pas possible. L’arbitrage s’effectue
alors sur la confection. Mais encore
une fois, nous n’en faisons pas une
philosophie, même si, bien sûr, il est
toujours agréable de collaborer localement avec une quinzaine de
confectionneurs. En tricotage, nous
travaillons avec un sous-traitant
privilégié, les Tricotages Barraud.
Au total, ces entreprises emploient
entre 150 et 200 personnes.
De notre côté, nous employons
34 personnes. Notre chiffre d’affaires
a progressé de 40% en trois ans pour
atteindre 9,3 millions d’euros dont
15% à l’export. Nos produits maille
moyenne gamme (pulls, gilets,
robes, vestes...), conceptualisés en
interne, s’adressent à des jeunes
femmes actives, urbaines et modernes. Nous travaillons pour
la grande distribution, les grands
magasins, les chaînes ainsi que la
VPC (Les 3 Suisses, Badel, Afibel).
Nos maîtres-mots sont qualité, fiabilité et réactivité. Notre challenge
consiste à apporter une réponse à la
problématique de chaque client
avant qu’il ne la trouve. Nous recherchons continuellement des informations en amont afin de répondre
aux besoins identitaires de chacun”.
(site : www.cukier.fr)
Spécialisée dans la chaudronnerie inox, l’entreprise
de Saint-Victor-sur-Rhins s’est bâtie une belle réputation dans les domaines
du traitement des eaux et de l’agroalimentaire. Elle est également
le fournisseur du numéro un français de la civière pour salles d’autopsie.
Saint-Victor-sur-Rhins, la société CTM
Inox vient de fêter ses vingt ans d’existence, et elle n’a toujours pas d’équipe
commerciale ! Robert Diaz et Christine Prat, ses
dirigeants, en sourient presque : “On fonctionne
grâce au bouche à oreille, sur notre renommée.
Nos clients nous renouvellent leur confiance et
c’est bien là l’essentiel. Ils apprécient
notre réactivité et
notre respect des
délais. On essaie de
réagir aussi vite
qu’un artisan, tout en
fabriquant des pièces
industrielles”.
L’entreprise est spécialisée dans la chaudronnerie inox. Elle
conçoit des pièces
pour différents secteurs d’activité, dont
le traitement des
eaux qui représente
60% de son activité.
CTM Inox réalise
notamment
des
grilles et mécanismes
utilisés en stations
d’épuration ou de
pompage. Dans ce
secteur, ses clients
sont à la fois des entreprises et des collectivités
dans toute la France et de façon plus marginale,
à l’export.
Le deuxième secteur de prédilection est l’agroalimentaire (30% de l’activité). Les laboratoires
des pâtissiers-chocolatiers se fournissent en tapis
de manutention et en tempéreuses, un équipement qui permet de maintenir les chocolats à
température égale afin qu’ils conservent toute
leur brillance. CTM Inox a également réalisé des
fours de cuisson et des malaxeurs de préparation
de pâtes pour La Boîte à Cakes à Briennon. “Le
point commun entre toutes nos fabrications : il
n’y en a pas deux qui se ressemblent ! Nous faisons du sur-mesure”, explique Robert Diaz. “Et
généralement, c’est le mouton à cinq pattes”,
renchérit Christine Prat.
A
20 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
Pas question pour autant de se disperser. “Nous
savons ce dont nous sommes capables. On ne travaille pas la tolerie par exemple, ni l’acier, tout
juste un peu d’alu. On s’efforce cependant de
rester attentifs afin de ne pas passer à côté d’un
secteur porteur. Il y a dix ans, quand nous nous
sommes positionnés sur le traitement des eaux,
tout le monde nous
regardait bizarrement.
Les faits ont montré
que c’était un bon
choix”.
CTM Inox explore
donc quelques niches
commerciales. Avec
un certain succès.
Elle a ainsi fabriqué
un robot de pigeage
pour des viticulteurs
des Côtes du Rhône.
Ce petit appareil évite
aux professionnels
d’effectuer une opération fastidieuse de
foulage des grappes
au pied. Autre activité
complètement différente : la fabrication
d’éléments inox pour
des civières. Chaque
mois, la société roannaise fournit une cinquantaine d’éléments au numéro un français du
matériel d’autopsie dont les civières sont utilisées
en chambres funéraires, en France comme à
l’étranger.
Bien installée sur la zone d’activité du Moulin
Blanc, CTM Inox (1,8 million de chiffre d’affaires en 2002) évolue désormais sur 1600 m2.
Elle emploie 17 salariés, et pointe jusqu’à 25 à 30
personnes lors de pics d’activité. Très attachée à sa
capacité de création et d’innovation, elle s’appuie
sur un dessinateur en interne. “Nous formons
tout notre personnel, explique Mme Pras, élue à
la Chambre de Métiers de Roanne. Nous donnons
leur chance aux apprentis et aux contrats de qualification. Nous essayons de travailler dans une
ambiance saine, sans stress dans l’atelier”. Un
exemple à suivre.
INTERNATIONAL
RUBRIQUE
question à
Desserts and Co augmente
ses parts à l’export
Brooks Wallin,
pdg de Favrichon & Vignon
(Saint-Symphorien-de-Lay)
Favrichon & Vignon vient
de prendre l’accent américain.
Quels sont vos projets
à court terme?
Considéré comme l’orfèvre de l’agroalimentaire, le groupe Traiteur de Paris
vient d’installer une nouvelle unité à Roanne. Celle-ci a déjà concrétisé
un important marché pour Picard et s’est développée aux Etats-Unis,
en Angleterre, en Espagne et au Benelux.
air roannais ouvrirait-il l’appétit ?
Quelques mois d’existence et voilà déjà
le fabricant de desserts surgelés haut de
gamme, Desserts & Co, lancé dans la bataille
internationale. Pas question pour autant de
confondre appétit et gloutonnerie : “Il est certain
que la gastronomie française se vend très bien à
l’étranger, explique
Denis Pinault, pdg du
groupe Traiteur de
Paris, maison-mère de
Desserts & Co. Mais
on ne va pas brûler les
étapes. Nous allons
procéder pays par pays,
marché par marché”.
Bien dans son assiette
en zone industrielle de
Mâtel (1500 m2 de
bâtiments), l’entreprise
roannaise a récemment
intégré un responsable
export. Les réfrigérateurs américains,
anglais, espagnols,
belges et hollandais
ont été les premiers
remplis. L’unité locale
travaille notamment
pour White-Toque (Etats-Unis) et Simply
Dessert (Angleterre). L’objectif est de marcher
sur les traces de Traiteur de Paris qui réalise
désormais 20% de son activité à l’export.
Né en 1993 à la Guerche (Ille-et-Vilaine), le
groupe Traiteur de Paris (11 millions d’euros de
chiffre d’affaires, 140 salariés) regroupe aujourd’hui trois entités : Canapés & Co (mignardises
sucrées et salées), basée sur son site historique,
Saveurs & Co (entrées et tartines surgelées),
localisée en région parisienne, et donc, désormais
Desserts & Co, spécialisée dans la production de
gammes de desserts individuels et portionnables
surgelés. L’unité roannaise est devenue en
quelques mois une référence “de haute qualité”,
grâce à la réalisation de recettes traditionnelles
ou de fabrications originales. Sur sa carte, la
fameuse tarte aux poires Bourdaloue côtoie ainsi
une prometteuse Charlotte fruits rouges-pistache...
L’
Hormis la partie export, Desserts & Co vend ses
produits par le biais de la RHF (Restauration
Hors Foyer) et du Home service (Picard, Agrigel,
Toupargel...). “Le marché Picard que nous avons
décroché en milieu d’année représente environ
20% de notre chiffre d’affaires. Il est important
en terme d’activité, et surtout en terme d’image”,
commente
Denis
Pinault. Relais d’Or
Miko et Metro-Aldis
ont également fait
confiance à Desserts
& Co, qui verra son
chiffre d’affaires 2003
prendre du poids, passant de 1,9 à 2,5 millions d’euros. Une
progression au-delà
des 6 millions d’euros
est envisagée à moyen
terme par le jeune
pdg, très satisfait de
son
investissement
dans la Loire : “Nous
avons été magnifiquement accompagnés
par tous les opérateurs
locaux. Et puis nous
avons trouvé ici une
main d’œuvre exceptionnelle. Elle correspond
tout à fait au métier d’orfèvre que nous faisons.
C’est une population raffinée dans ses gestes et
dans son travail. J’ai toujours considéré que les
salariés sont respectueux de l’entreprise à partir
du moment où l’entreprise les respecte”.
Desserts & Co emploie 38 personnes actuellement et compte encore créer une douzaine d’emplois en 2004. Lors de son installation, elle a
investi 220 000 euros dans la mise en place d’un
process en ligne pour une chaîne d’entremets et
a repris, à des conditions intéressantes, le matériel
du précédent occupant.
Desserts & Co est dotée d’un service qualité
intégré. Elle répond aux normes d’hygiène
HACCP et a mis en place un système performant
de traçabilité des matières premières. Autant
de visas indispensables pour voyager en toute
quiétude...
“J
e viens effectivement de me
porter acquéreur à 100% de
cette entreprise centenaire, que je
connais bien puisqu’elle faisait partie du groupe “Le Goût de la Vie”
dont je reste directeur financier.
“Le Goût de la Vie” a souhaité se
recentrer sur la GMS, ce qui impliquait de céder Favrichon & Vignon.
Ma première préoccupation sera
d’augmenter la capacité de production et la productivité en remettant
à plat l’organisation. Je suis confiant
car nous avons un fort potentiel de
développement sur le marché des
produits diététiques et biologiques.
Nous avons deux branches d’activités : d’une part, les céréales semitransformées, et d’autre part, les
produits du petit-déjeuner avec des
céréales, des mueslis, des gammes
de gâteaux, des boissons... Nous
fabriquons soit sous marque de
tiers, soit sous marque distributeur,
soit sous notre propre marque.
L’export ? c’est toujours important.
Pour l’instant l'international représente 15% de notre chiffre d’affaires
qui s’élève à 3,5 millions d’euros.
Nous vendons en Espagne, en Italie,
en Allemagne. Nous attendrons fin
2004 pour accélérer sur ce plan. Il
faut tout d’abord faire progresser
nos capacités. Nous chiffrons actuellement les investissements que nous
réaliserons, c’est certain, à St-Symphorien-de-Lay.
Personnellement, cette reprise
représente un retour à mes origines,
car je suis né dans le Minnesota, à
Minneapolis, la ville des meuniers
aux Etats-Unis”.
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 21
RUBRIQUE
COMMERCE DISTRIBUTION
question à
Demoras voit la vie en “roses”
Augustin Fernandez,
directeur de Décathlon Roanne
Les établissements Demoras, nouveaux venus dans le paysage roannais,
ont fait éclore deux enseignes en moins de quatre ans : place des Promenades
en 1999, et plus récemment aux Halles Diderot. Avec un égal succès.
Vous venez de prendre
vos fonctions à Roanne.
Quel a été votre parcours ?
“I
l s’agit de ma première fonction
de direction de magasin. J’étais
auparavant en poste au sein de
Décathlon Clermont-Ferrand. Mon
parcours n’est pas vraiment classique puisque j’ai tout d’abord
obtenu un DESS de géologie appliqué au pétrole. Je me suis finalement
aperçu, à travers les emplois que j’ai
pu occuper pour financer mes
études, que j’étais très attiré par les
métiers du commerce. J’ai donc
changé d’orientation. A Roanne,
j’essaie de mettre un management
que je qualifierai de “sportif”, un
peu comme l’entraîneur d’une
équipe. On joue collectif. Nous
avons ici un effectif de 37 personnes.
Au côté de tous sports individuels et
collectifs, le magasin roannais développe tout ce qui est en rapport
avec la nature et la randonnée
comme la chasse, la pêche, l’équitation ou encore le cycle”.
en bref
Ventes d’entreprises
L’association MUTEX organise à
l’Espace Congrès de Roanne, du 22
au 25 avril 2004, les journées
“Ventes
d’entreprises”.
Une
vingtaine d’entreprises proposeront
leurs fabrications à l’occasion de cet
événement commercial à destination
du grand public prospecté sur un
rayon de 150 km (Macon, Vichy,
Moulins, Saint-Etienne, ClermontFerrand). 30 000 visiteurs sont
attendus. Cette manifestation est
ouverte à toutes les entreprises du
secteur textile.
Pour occuper un stand (de 50 à
300 m2), contact ou renseignements
auprès de la CCI du Roannais :
Michel Derinck ou Rachel Pheulpin,
Tél. : 04 77 44 54 21.
e Saint du jour s’affiche à la craie sur un
petit écriteau en bois. Les bouquets invitent
à conter fleurette. Les parfums se mélangent avec bonheur. Place des Promenades, la
boutique d’Eric et Séverine Demoras respire le
bon goût. “Dès que nous avons un peu de temps,
nous partons dans la nature, dans les bois. Nous
ramenons de la mousse, des branches, des
feuilles, des écorces qui servent de support à nos
créations. On souhaite qu’elles aient une âme”,
explique Eric Demoras, devenu fleuriste par
amour : “Je suis coiffeur
de formation. Il était
plus facile pour moi de
m’adapter au métier de
Séverine que l’inverse.
J’ai donc franchi le pas
et je ne le regrette pas”.
Séverine, titulaire d’un
CAP de fleuriste
décroché à Lyon, crée
les compositions florales. Chaque matin, le
petit atelier est en
effervescence pour que
le magasin soit en place
au plus tard à 10 heures.
Trois employées et
deux apprenties complètent l’équipe. Les
petites mains s’affairent.
L’artisanat devient art :
“Nous
souhaitons
agrandir notre espace
de composition afin de
permettre aux clients de nous voir travailler, un
peu comme dans un restaurant”.
Le magasin est livré tous les matins par l’un de
ses principaux fournisseurs installé à Montagny.
Séverine (25 ans) et Eric (30 ans) privilégient les
fleurs de pays, rayonnantes d’avril à octobre.
Deux fois par semaine, Eric fait sonner le réveil
à deux heures du matin. Direction Chassieu,
véritable Rungis de la fleur. D’autres fleurs
fraîches arrivent directement de Hollande par
camion, deux fois par semaine également.
L’établissement roannais s’approvisionne aussi
auprès des Serres de Thel dont la réputation n’est
plus à faire. Des centaines de variétés sont disponibles mais ce sont encore et toujours les incontournables roses, aux significations multiples
selon leurs couleurs, qui dominent le hit-parade
des ventes. En hiver, les orchidées et les tulipes
L
22 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
se mettent au diapason. Les fêtes religieuses
(Toussaint, Noël...), la fête des mères, les fêtes à
thèmes (au premier chef, celle des secrétaires),
représentent une partie non négligeable du
chiffre d’affaires, au même titre que la célébration
des anniversaires.
Les établissements Demoras ont fortement développé leur activité mariage : 45 à 50 par an,
notamment de mai à octobre. “Certains samedis,
nous avons eu jusqu’à cinq célébrations”, indique
Eric Demoras, qui se charge des livraisons, des
devis, de la comptabilité et de la confection
de tous les supports de
création.
Trois ans après son
installation à Roanne,
en 1999, le jeune
couple a décidé d’ouvrir un second point de
vente aux Halles
Diderot. Comme pour
leur premier achat,
Séverine et Eric n’ont
pas tourné autour du
pot très longtemps :
“C’était le moment d’y
aller, avant que quelqu’un le fasse à notre
place”. Pas question
pour autant de partir la
fleur au fusil. Le
magasin des Halles
s’est donné les moyens
de réussir. “Les clients
sont complètement différents de ceux des
Promenades. Nous accueillons une clientèle de
proximité issue des tours de Bourgogne et du
quartier du Port, y compris des Anglais et
Hollandais qui vivent à l’année sur leurs
péniches. Nous exposons également beaucoup à
l’extérieur pour inciter la clientèle du supermarché
voisin à traverser le carrefour”. De même, la
maîtresse de maison termine de plus en plus souvent ses courses aux Halles par le stand Demoras
afin de fleurir sa table du week-end.
Place des Promenades, la vitrine s’est parée de
“blanc et vert” pour les fêtes de fin d’année. Un
style très épuré, très naturel. “On observe beaucoup, et on essaie de tirer le meilleur pour donner
du plaisir aux gens”. La musique adoucit les
mœurs. Les fleurs aussi...
TOURISME
RUBRIQUE
question à
Le Bel’Vue : à cœur Vaillant...
Evelyne
Roussel-Armillon,
membre du comité d’organisation
de “Roanne Table Ouverte”
L’hôtel-restaurant du Cergne s’apprête à investir 380 000 euros
dans la rénovation de plusieurs chambres, la création de terrasses
et l’aménagement d’un parking couvert. Jamais à court de projets, le bouillonnant
Loïc Vaillant rêve de devenir un jour le “Nicolas Hulot de la cuisine”.
e Bel’Vue n’a pas usurpé son nom. Perché
sur les hauteurs du Cergne, à 650 mètres
d’altitude, il trône sur la paisible vallée de
Cours-la-Ville. A l’intérieur de cet hôtel-restaurant
plein de charme, le calme et la sérénité sont de
mise. Ce qui n’empêche pas Loïc et Valérie
Vaillant de vivre à 200 à l’heure.
Lorsque ce couple de Foréziens a repris le
Bel’Vue en 1989, il y avait du pain sur la
planche. La réputation de l’établissement était
excellente mais quelques travaux s’imposaient.
“Les cuisines étaient entièrement à revoir, et rien
n’avait été fait dans
les chambres depuis
25 ans”, se souvient le maître des
lieux. Bien installé
dans une cuisine
toute neuve, cet
ancien de l’école
Ferrandi, passé par
Artaud
(Le
Coteau), le Mouscardin (St-Tropez),
Pic
(Valence),
Micaud (Digne) et
un compagnon du
devoir à Paris, mit
aussitôt au point
un service-traiteur :
“Notre
premier
client fut l’entreprise Plasse, pour laquelle nous
livrons toujours une quinzaine de repas par jour.
Et puis, par le bouche-à-oreille, notre activité
s’est étendue”. Les écoles des environs, plusieurs
personnes âgées à domicile, et une demi-douzaine
d’entreprises font appel aux services du Bel’Vue.
Au total, plus de 200 repas sont quotidiennement
préparés au Cergne.
Cette activité a mis du beurre dans les épinards et
a permis de maintenir un bon rythme d’investissement. Agrandissement de la salle de restaurant,
terrasse panoramique, rénovation de huit
chambres : le Bel’Vue s’est rapidement métamorphosé. Mais le meilleur reste à venir. Sept
chambres supplémentaires, dont une pour personnes handicapées, vont bénéficier d’une cure
de jouvence. Elles présenteront une surface
allant de 11 à 30m2. “Nous allons aménager une
grande chambre familiale pour quatre personnes
avec douche et baignoire, créer deux belles terrasses et un parking couvert”. Quatre mois de
L
travaux seront nécessaires. L’investissement
s’élèvera à 380 000 euros, subventionné à 30%
environ par l’aide européenne FEDER, par le
Conseil Général de la Loire et par l’Association
Nationale des Chèques Vacances.
Idéalement situé aux portes du Beaujolais,
le Bel’Vue accueille une importante clientèle
étrangère (Suisse, Pays-Bas, Belgique), avec “un
petit faible pour les Belges qui ont une culture
gastronomique, fait remarquer Loïc Vaillant. Ils
n’hésitent pas à quitter l’autoroute pour faire une
halte originale sur la route de leurs vacances”.
Les marcheurs sur
le chemin de
Saint- Jacques-deCompostelle s’offrent parfois un
peu de confort dans
cet établissement
au top du classement Logis de
France (trois cheminées).
La cuisine du chef
(deux fourchettes
Michelin) est très
prisée par les industriels du bassin
Cours-AmplepuisThizy en semaine,
et par une clientèle
familiale le week-end. Les menus s’échelonnent
de 14 et 48 euros. L’escalope de foie gras chaud
aux pommes du Pilat, la soupière de homard aux
petits légumes et le soufflé chaud au Grand
Marnier valent incontestablement le détour :
“Nous avons mis l’accent sur la pâtisserie. Nous
faisons nous-mêmes nos viennoiseries”, précise
Loïc Vaillant, qui a le sens de la formule : “Il n’y
a pas de petite et grande cuisine, indique-t-il. Il y
en a seulement de bonnes et de mauvaises”.
Passé de 5 à 12 salariés très polyvalents, le
Bel’Vue reste encore un peu méconnu des
Roannais : “L’accès n’est pas direct. On se
demande toujours comment arriver là. Mon
conseil ? La plaine d’Aiguilly, Nandax et
Cuinzier. En vingt minutes, vous êtes chez
nous”. La cinquantaine venue, Loïc Vaillant
choisira des destinations plus lointaines : “Je
rêve de devenir le Nicolas Hulot de la cuisine !
D’aller manger des sauterelles en Afrique et du
singe au Chili !”.
Quel bilan tirez-vous de
ce premier festival ? Peut-il jouer
un rôle sur un plan touristique ?
“R
oanne Table Ouverte a été
une réussite sur tous les
plans. Ce festival gastronomique a
pleinement rempli sa mission qui était
de faire découvrir ou redécouvrir la
qualité de notre gastronomie. La
soirée organisée aux Halles Diderot
a prouvé qu’il y avait une véritable
attente de ce point de vue puisque
nous avons reçu pas moins de 2000
personnes. Les professionnels des
métiers de bouche ont vraiment
montré tout leur savoir-faire. Les
restaurateurs ont également joué le
jeu de façon formidable. Nous ne
nous attendions pas à une telle
mobilisation : 23 participants. Au
total, 66 dîners-spectacles ont été
organisés pendant un mois dans les
restaurants mais également sur des
sites d’apprentissage et de formation
comme le CFA du Roannais, l’Ecole
des Trois-Ponts et l’Ecole du sousvide à Briennon. Les participants ont
vraiment apprécié la disponibilité
des professionnels qui leur ont
appris certains petits tours de main
qui font toute la différence. Je crois
que ce Festival peut apporter beaucoup sur le plan touristique. Avec
une bonne communication, nous
pouvons vraiment attirer des visiteurs
extérieurs. Nous allons dresser un
bilan très précis mais on peut d’ores
et déjà assurer que la Ville de
Roanne est prête à pérenniser cet
événement à un rythme annuel ou
biennal. Cela reste à définir”.
DÉCEMBRE 2002 >Roanne Éco< 23
RUBRIQUE
SERVICES
question à
Perchey Organisation
en tête d’affiche
Robert Yacar,
Fruit d’Homme Productions
Vous proposez aux entreprises
des séances de formation par la
communication. De quoi s’agit-il ?
Spécialisée dans la promotion des ventes, la société d’Anna
et Philippe Perchey connaît une progression impressionnante.
Elle compte plus de 2400 clients dans toute la France.
“N
otre cœur de métier porte
sur le spectacle vivant. Nous
proposons des formations en
communication à des publics
d’entreprise, principalement des
cadres ou des chefs d’entreprises.
Nous travaillons sur la prise de
parole, la prise de conscience de la
place que l’on occupe dans l’espace
et également sur des aspects plus
visuels, qu’il s’agisse des tenues
vestimentaires, voire du maquillage.
Nous développons également le
théâtre d’entreprise en fonction des
problématiques que souhaite
aborder le client. Dans ce cas, nous
travaillons à partir d’un cahier des
charges très précis. Fruit d’Homme
Productions agit également dans
l’organisation d’événements en
entreprises. Nous jouons alors le
rôle d’un ensemblier de toutes les
composantes du spectacle. Nous
travaillons au-delà des frontières
du Roannais, mais nous souhaitons
développer localement notre activité.
Nous collaborons d’ailleurs avec
l’AFPI. Après plus de douze ans
d’interventions sous forme associative au sein de Y Com, nous
sommes désormais organisés en
société. Personnellement, je suis issu
d’une famille qui a toujours évolué
dans le monde du spectacle”.
(mail : [email protected])
en bref
L’APAVE Lyonnaise inaugure
une antenne roannaise
L’APAVE Lyonnaise a désormais
pignon sur rue à Roanne. Son
directeur général, M. Van Phuc Lê, a
inauguré les nouveaux locaux de la
structure roannaise, au 3, rue
Charles Péguy. Installée sur 300m2,
l’antenne roannaise emploie treize
personnes sous la direction d’Alain
Michalet. L’APAVE accompagne
notamment ses clients (collectivités
et entreprises) dans toutes les
démarches de mise en conformité
de leurs équipements, de leurs
installations ou de leurs process.
ntre le 15 août et la Toussaint, Philippe
Perchey n’a pas passé plus de trois jours
au siège de sa société, rue Gambetta, à
Roanne. Inutile d’aller chercher plus loin sa philosophie commerciale : “Etre sur le terrain encore et
toujours. C’est pour ça que nous sommes performants”, résume-t-il. Au côté de sa femme Anna,
il a créé, en 1998, Perchey
Organisation, société spécialisée dans la promotion
des ventes. Son cœur de
cible ? Le commerce indépendant. Un domaine qu’il
connaît bien pour avoir luimême dirigé un magasin de
prêt-à-porter à Roanne.
“L’obsession du commerçant est de faire venir du
monde dans son magasin,
mais la plupart considèrent
la mise en place d’opérations
commerciales comme une
corvée. Faire vendre, c’est
un vrai métier”. Avec de
vraies techniques de merchandising et de communication.
L’activité principale de
Perchey repose sur l’organisation d’événements ayant
pour but de faire venir les
prospects du commerçant sur le lieu de vente.
Une véritable logistique est mise en place :
envois de mailings ciblés, publicité dans les
médias, affichages sur le lieu de vente... Le jour
J tout doit être prêt. La technique porte ses fruits.
Récemment, à Libourne, Philippe Perchey s’est
même procuré quelques émotions : “On s’est
retrouvé avec 600 personnes devant un magasin.
C’était impressionnant, mais tout s’est finalement bien passé”.
La société intervient à 60% pour des commerces
d’habillement, à 20% pour des bijouteries et
20% pour des magasins d’équipements de la
maison. Anna et Philippe Perchey se sont faits une
règle d’être présents lors de chaque événement,
qu’il s’agisse de soldes, de liquidations de stock,
d’anniversaires ou d’ouvertures de magasin, ...
“Nous sommes en train d’intégrer une troisième
personne car nous ne pouvons pas être partout à
la fois”. Il s’agira de la 9ème recrue de Perchey
E
24 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
Organisation. “J’ai une équipe formidable, clamet-il. Ce sont eux qui nous poussent à toujours
aller plus loin”.
Les résultats sont là : le chiffre d’affaires a connu
une progression de 40% en 2002 pour atteindre
700 000 euros. Il devrait à nouveau évoluer d’environ 25% en 2003. Ancien directeur régional
dans la presse gratuite,
Philippe Perchey connaît
également la puissance des
supports-papier. Il édite
régulièrement un catalogue
rassemblant tous les produits
conçus par les deux graphistes-maison : affiches,
affichettes, chèques-remises,
étiquettes...
Côté fabrication, Perchey
Organisation fait appel à des
imprimeurs et des sérigraphes extérieurs. Mais
une grande partie du travail
s’effectue en interne, ce qui
fait la force de la structure.
Au printemps dernier, elle a
investi 60 000 euros dans
une machine à impression
numérique grand format.
D’autres investissements ont
été réalisés afin d’optimiser
les opérations de routage
qui constituent une part importante de l’activité
quotidienne : “Nous gérons les fichiers-clients
de certains commerçants. Nous sommes aussi
abonnés à des bases de données afin de démarcher
pour eux des prospects bien ciblés”.
En peu de temps, Perchey Organisation s’est
construit une belle réputation. Plus de 2400
clients lui font confiance : “Le bouche à oreille
fonctionne bien. Dans le monde du commerce
c’est un signe qui ne trompe pas. On travaille
partout en France, notamment dans le Sud-Ouest
et dans l’Est. Nous ne réalisons pas plus de 5%
de notre chiffre d’affaires dans la Loire”, indique
Philippe Perchey, très lucide sur l’avenir du commerce indépendant : “Ceux qui font bien leur job
n’ont aucun souci à se faire. Tous ceux qui ont
franchi ce cap en tirent rapidement les bénéfices. Le drame c’est lorsque la grande surface
devient plus commerçante que le commerçant
lui-même”.
MULTIMÉDIA
RUBRIQUE
question à
In Virtuel, chirurgien
de l’informatique
Olivier Talon,
co-fondateur d’Oz Média
Achille Production et l’Envers
du Décor se sont rapprochées.
Pour quelles raisons ?
Le roannais In Virtuel fait partie des spécialistes français
de la récupération de données informatiques perdues.
Même les services de police sont sur l’affaire...
a perte de données informatiques est à
l’entreprise ce que l’amanite phalloïde est
au ramasseur de champignons. Un véritable danger de mort. Selon une récente étude,
93% des entreprises ayant perdu leurs données
pendant dix jours ou plus connaissent le dépôt de
bilan dans l’année qui suit.
Cette statistique n’a pas laissé indifférent Florent
Chassignol, passionné
d’informatique depuis sa
tendre enfance. “A huit
ans, j’étais déjà dans le
bain, et à quatorze ans,
j’avais des correspondants
dans le monde entier”, se
souvient-il.
Diplômé
2001 de l’Euromaster
MédiaRoanne, il a aussitôt
créé In Virtuel, société
spécialisée dans la récupération de données perdues sur tout support
informatique. “J’ai senti
qu’il y avait un besoin,
mais qu’en France, personne ne se penchait vraiment sur la question”.
La réussite a tout de suite
été au rendez-vous. Virus,
erreur de manipulation,
crash informatique... Les
causes des pertes de données peuvent être nombreuses. Dès la réception du support défectueux,
In Virtuel établit un diagnostic. Si les plateaux
sont abîmés, la réparation est impossible. Mais le
plus souvent, le problème se situe sur la tête de
lecture. La société roannaise intervient sur tout
type de disques durs (IDE ou SCSI) quel que soit
le système (Win9x, NT, XP, Linus, Unix,
MAC...) ou les supports (disquette, CD-R, CDRW, Zip...). La facturation au client se fait de
façon originale. “Nos prix sont en fonction du
volume de données à récupérer et du délai de
récupération. Notre taux de réussite est de 90%”.
Les données sauvées sont aussitôt retournées au
client sur un CD ou un disque dur neuf.
Jusqu’alors, In Virtuel traitait la partie électronique de l’opération mais sous-traitait la partie
mécanique à l’un de ses concurrents installé à
Nancy. Depuis un mois, elle réalise l’ensemble
L
“A
de la réparation en interne grâce à l’aménagement d’une salle blanche dans ses locaux du
centre technologique, rue Benoît-Malon. Cette
véritable salle d’intervention chirurgicale a
nécessité un investissement de 15 000 euros.
“Cette salle détient la norme ISO 5 classe 100,
c’est-à-dire qu’elle contient moins de 100 particules au m3. Notre ennemi dans ce genre d’opération, c’est la poussière.
Le filtre que nous utilisons ne laisse passer
aucun élément de plus de
0,3 microns. Nous allons
travailler sans risque”.
In Virtuel développe à
l’envie sa panoplie du
parfait secouriste. Elle
propose désormais de
récupérer les mots de passe
oubliés pour plus de vingt
formats de fichiers différents dont Word, Excel,
Acrobat Reader et Money,
ainsi que les photos supprimées sur cartes mémoires
d’appareils-photos numériques. “On peut retrouver
les photos à condition que
la carte n’ait pas été réutilisée. Nous avons développé une version logiciel
à 50 euros pour les particuliers et à 129 euros
pour les professionnels”. Ces activités s’appuient
sur deux sites : www.sosmemory.com et
www.motdepasseperdu.com.
In Virtuel compte trois salariés au côté de Florent
Chassignol : un électronicien, un acheteur international de composants et une assistante. En
2004, elle compte réussir son ouverture sur le
marché européen grâce à deux nouveaux sites :
eurodatarecovery (récupération de données à
l’échelle européenne) et eurodisksource (négoce
en disques durs d’occasion). Elle souhaite se
positionner clairement comme le spécialiste
européen du disque dur d’occasion. Ses compétences, reconnues internationalement, ont désormais franchi le cercle des initiés. Les services de
police l’ont ainsi sollicité pour mettre en place
une activité de recherches de preuves informatiques dans certains dossiers. Affaire à suivre...
vec Julien Perey, fondateur
de l’Envers du Décor, nous
nous sommes aperçus que nous
étions de plus en plus complémentaires et que nous avions les mêmes
caractéristiques de marché et de
chiffre d’affaires. Nous réalisons
50% de notre activité sur le marché
local, 30% en Rhône-Alpes et 20%
hors-région. Nous allons proposer
une offre plus globale en audiovisuel, en PAO, en sites Internet, etc...
Notre force a toujours été, et ce sera
encore le cas, d’être hyper-réactifs
grâce à nos petites structures à
échelle humaine. Mais on s’est aperçu
que lorsqu’on décrochait un contrat
important on ne pouvait rien faire
d’autre pendant plusieurs jours et
que cela nuisait à cette réactivité et,
plus globalement, à notre performance économique. Oz Média est
désormais en ordre de bataille pour
un développement stratégique. Ce
regroupement va également nous
permettre de démarcher commercialement sans pour autant délaisser la
technique qui est notre point fort.
Localement, nous travaillons de plus
en plus avec l’agroalimentaire. Les
entreprises de ce secteur ont de plus
en plus besoin de communication
sous toutes ses formes, notamment
pour mettre en avant des politiques
de marques”.
en bref
Haut-débit satellite et wi-fi
pour la COPLER
L’arrivée du haut-débit dans le canton de St-Symphorien-de-Lay n’est
pas passée inaperçue. Contrairement aux autres territoires du département, c’est la technologie du
satellite qui a été choisie par le
Conseil Général de la Loire. La société
Eutelsat, premier opérateur de satellites en Europe, a décroché le
contrat. La COPLER (Communauté
de communes du Pays entre Loire et
Rhône) est également zone-test
(sept sites en France) pour la technologie wi-fi qui rend possible la
desserte de petits groupes d’utilisateurs dans des zones peu denses et
non-équipées de l’ADSL.
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 25
RUBRIQUE
CRÉATION-REPRISE
question à
Les Salaisons Maingue
osent la tradition
Frédéric Farjot,
co-fondateur d’[email protected]
Quel est le concept
d’[email protected] ?
Philippe Gonon est le nouveau dirigeant des Salaisons Maingue
à Saint-Denis-de-Cabanne. Cet ancien professionnel du textile s’est reconverti
par gourmandise dans l’agroalimentaire. Il compte sur ses produits “terroir”
pour faire saliver des consommateurs en quête d’authenticité.
“N
ous nous adressons à tous les
gens qui n’ont pas envie de
faire la corvée des courses au supermarché. Sur simple appel téléphonique (04 77 67 75 75), par e-mail ou
par fax, le client peut passer sa commande qui doit être au minimum de
30 euros. Nous livrons gratuitement
sur Roanne intra-muros et nous
pratiquons un barème kilométrique
peu élevé pour les communes environnantes. [email protected] se déplace
jusqu’à 30 kilomètres et livre dans
un délai maximal de 48 heures, hors
jours fériés et dimanches. Nous ne
prenons pas de commission sur la
commande. Notre marge s’effectue
en travaillant avec la centrale
d’achat de Carrefour à Valence. Un
catalogue distribué à 20 000 exemplaires recense nos 1000 références
dans l’alimentaire, la droguerie,
l’hygiène, l’entretien avec quelques
produits bazar et bricolage. Notre
objectif est de proposer rapidement
des produits frais.
Nous avons débuté le 3 novembre,
et sur la première quinzaine, nous
avons eu cinquante clients, avec plusieurs commandes à plus de 300
euros, et une moyenne légèrement
supérieure à 50 euros. Il s’agit d’un
bon début car toute notre clientèle
potentielle n’avait pas encore reçu le
catalogue qui sert de base à toute
commande. Notre objectif sur la première année est d’atteindre 440 000
euros de chiffre d’affaires. Dans un
second temps, nous envisageons de
proposer des commandes par
Internet avec paiement sécurisé.
Mais c’est un lourd investissement,
et nous ne voulons pas brûler les
étapes. Avec mon frère, Philippe, et
ma sœur, Nathalie, nous sommes
trois dans la société”.
obert Rochefort l’affirme : “La France
est déboussolée”. L’appréciation du
directeur général du CREDOC (Centre
de Recherche pour l’étude et l’observation des
conditions de vie), récent conférencier à la CCI
du Roannais, a conforté dans ses choix le
nouveau dirigeant des Salaisons Maingue : “Je
partage son point de vue, lance d’emblée Philippe
Gonon. Dans cette période
instable, nous voulons
donner un sens à ce que
nous mangeons. Les
Français ont besoin de
savoir ce qu’ils ont dans
leur assiette. Il leur faut
des valeurs sûres, des
repères”.
L’entreprise de St-Denisde-Cabanne
a
donc
réaffirmé son positionnement. “Nous voulons
prendre le virage d’une
société qui fabrique des
produits à forte connotation terroir”. Deux
nouveaux saucissons ont
aussitôt fait leur apparition :
“Le Campagnard” élaboré
à base de porcs “nés et
élevés en plein air”, et “Le Montagnon” à base
de porcs “nés et élevés en altitude”, à
Chausseterre très précisément. Le tout
accompagné de nouveaux supports de
communication exhortant les consommateurs à
“oser la tradition”.
A la tête de l’entreprise depuis juin 2003,
Philippe Gonon “observe et apprend son métier”.
Cet amoureux de bonne chair est dans son
élément : “Je suis un gourmand. Mon évolution
je la voyais donc dans les métiers du vin ou de
l’agroalimentaire. Je suis passé par un cabinet
spécialisé dans la transmission d’entreprise qui
m’a proposé une sélection de douze entreprises.
J’en ai visité trois”. La bonne réputation de la
maison et son outil de production entièrement
neuf ont fait la différence. “Je souhaitais
m’appuyer sur les compétence techniques d’une
équipe en place”, indique le successeur de Jacky
Maingue, fondateur de l’entreprise il y a tout
juste trente ans : “J’ai tout de suite eu beaucoup
R
26 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
de respect pour ce qu’a fait M. Maingue dans son
entreprise et plus globalement pour sa région. Il
a été le premier président de l’abattoir de
Charlieu. S’il existe toujours aujourd’hui, c’est
en grande partie grâce à sa ténacité. Cet
équipement est resté familial avec des centaines
de petits paysans pour actionnaires”.
C’est à Charlieu que les Salaisons Maingue (12
salariés) font abattre des
animaux (porcs, bœufs,
veaux, agneaux) achetés
sur pied. Les découpes
sont ensuite vendues aux
bouchers. Cette activité
représente 60% d’un
chiffres d’affaires qui
s’est élevé à 2,15 millions
d’euros l’an dernier.
La fabrication de produits
secs (jambons, saucissons,
saucisses, merguez...),
sous la marque Cochontouron, a également fait la
notoriété de Maingue.
Dans ses caves, 4000
jambons sont affinés en
permanence, “de six à
vingt mois pour les grands
amateurs”, salive Philippe
Gonon. Salage, séchage, désossage, toutes les
opérations sont réalisées de façon traditionnelle.
Des jambons entiers sont commercialisés auprès
des bouchers et des 1/6ème ou 1/8ème de jambons
auprès de la GMS. Celle-ci est également grande
consommatrice des saucissons de Saint-Denis,
qui se déclinent en sept familles différentes.
“Dans le porc, nous ne pouvons pas lutter avec
les Bretons. Nous avons donc fait le choix de la
qualité et du prix élevé”, explique cet ancien
professionnel du textile. “Je confectionnais des
couettes et des oreillers près de Mâcon. La
concurrence chinoise, avec tout ce que cela
implique sur le coût du travail, m’a obligé à
vendre à plus gros que moi. Là, au moins, je sais
que mes produits ne subiront pas cette
concurrence”. Philippe Gonon souhaite développer les ventes de son entreprise à l’échelon
national. Deux commerciaux couvrent désormais
le Nord et la région parisienne.
EAU
RUBRIQUE
question à
Sécheresse 2003 : l’industrie
roannaise évite la surchauffe
Bruno Détanger,
Président de l’ALSAPE
Que va changer pour
les industriels l’application de la
directive européenne sur l’eau ?
Le territoire roannais met souvent en avant ses richesses en eau,
tant en qualité qu’en quantité. Cet été, au plus fort de la sécheresse,
il a pleinement justifié sa réputation. Un véritable soulagement pour les industriels.
analyse de l’ALSAPE (Association des
entreprises Loire Supérieure Auvergne
pour la prévention des Pollutions
industrielles et la protection de l’Environnement)
est formelle : “Face à la situation de crise que
nous avons connue, seule l’anticipation pouvait
être une réponse adaptée. L’héritage de cent
cinquante années de bonne gestion de l’eau dans
notre département, et plus particulièrement dans
le Roannais, nous
a permis de surmonter les difficultés. Ce qui n’a
pas été le cas
partout”.
L’état d’urgence a
été décrété dès le
11 juin 2003, date
de la première
réunion du “Comité Sécheresse”
sous la responsabilité du Préfet
de la Loire. Dès le
7 juillet, celui-ci a
demandé qu’un plan de restriction de 20% puis,
le cas échéant, de 50% de l’usage industriel soit
prêt à être mis en œuvre à la moindre aggravation
de la situation. Grâce à deux opérations de
phoning, les 57 principaux sites utilisateurs
d’eau dans la Loire (teinturiers, verriers,
industries de l’agroalimentaire, du traitement de
surface, aciéries...) ont été informés de la
situation par les deux Chambres de Commerce et
d’Industrie. En Roannais, cette action a concerné
28 entreprises. L’accueil a été plus que mitigé :
“Globalement les industriels ont réagi de façon
assez vive. Ils ne comprenaient pas que, malgré
leurs efforts tout au long de l’année, on envisage
encore de les mettre à l’épreuve. Ils ne se
sentaient pas récompensés de leurs efforts, il est
vrai bien réels, en matière d’économie de cette
richesse naturelle. C’est d’ailleurs un argument
L’
“A
qui nous a permis de défendre leur position
auprès du Préfet”. Une étude a permis d’étabir
très clairement les conséquences sur l’emploi
d’éventuelles restrictions : en quelques semaines,
le chômage technique aurait frappé 6000 salariés
dans le département.
Malgré la situation encore très préoccupante au
31 août (pluviométrie cumulée de 272 mm au
lieu des 500 mm habituels soit 45% de déficit),
la consommation
industrielle n’a
finalement pas été
réduite administrativement. La
restitution par les
industriels de 70%
des eaux qu’ils
consomment et le
traitement approprié de leurs
effluents, grâce
aux efforts des
différentes collectivités, ont permis
d’atténuer
le
phénomène.
De même, certaines activités (les teinturiers
notamment) ont eu la possibilité, comme la loi
les y autorise, de “basculer” sur les réseaux d’eau
potable, les deux barrages du Rouchain et de la
Tâche (10 millions de m3) offrant dix-huit mois
de réserves. Le barrage de Villerest a également
joué son rôle contre l’étiage sévère en
garantissant un débit de 12 m3/s alors qu’en
amont celui-ci atteignait à peine les 1,5 m3/s,
début août.
Le pire a donc été évité. Certains problèmes de
non-qualité de fabrication, notamment dans la
teinturerie où le TH est passé dans certains cas de
8 à 20, ont cependant confirmé la nécessité de
mettre en place, à court terme, une deuxième
station de traitement de l’eau, au pied des
barrages.
mon sens, son application
va avoir deux conséquences
majeures. D’abord, elle va changer
le principe de fonctionnement.
Jusqu’alors, en matière d’utilisation
d’eau et de rejets, on définissait des
moyens acceptables pour les industriels et par rapport à ces moyens
on définissait des objectifs.
Désormais, c’est le contraire qui va
se passer. Des objectifs seront définis
et il faudra mettre en face des
moyens pour les réaliser. Il est évident que les bassins d’emplois qui
auront placé la politique de l’eau
au centre de leur stratégie auront
plus de facilité pour s’adapter à
cette nouvelle règle. Deuxièmement, il est prévu de mettre en
place une large consultation du
public, ce qui était d’ailleurs prévu
dans la loi sur l’eau de 1992. Et
là, je dis vraiment attention aux
industriels ! Il faut, une, qu’ils participent à ces débats car des décisions vont en découler. Et deux, il
faut qu’ils veillent à ce que ces
débats restent d’un coût raisonnable. Je suis très inquiet sur ce
point. Il faut un débat, mais il faut
aussi que le budget des Agences de
l’eau soit préservé pour les investissements nécessaires à la qualité de
l’eau et à la qualité des installations. C’est un vrai enjeu. Les industriels n’ont pas intérêt à passer à
côté sous peine d’en subir les
conséquences à court terme”.
(contact : [email protected]).
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 27
RUBRIQUE
EAU
Le Béal, l’indispensable
et indissociable auxiliaire
du Renaison
Les installations, employant la force
hydraulique, s'installèrent sur le
Renaison dès le XIIe siècle. Elles
fonctionnaient grâce à des roues à
augets (petites auges). A partir du
XIXe siècle, certaines d’entre elles
s’équipèrent de turbines. Le niveau
des eaux du Renaison était très
capricieux. Pour pallier à ce problème, fut mis en place un système de
canaux, appelés biefs, ou béals en
Roannais. Les installations, utilisant
l’énergie de l’eau ne s’implantaient
pas sur les rives du Renaison, mais
sur celles d’un béal. Par rapport au
Renaison, les béals offraient une
force hydraulique plus puissante et
plus constante. Ceux-ci étaient
creusés à partir des berges. En aval
de son entrée et en travers du
Renaison, se trouvait un barrage. Il
était construit en biais afin d’offrir
une moindre résistance au courant.
Son rôle était de permettre la
constitution d’une retenue d’eau,
souvent baptisée écluse. C’est à
elle que le béal devait le niveau, la
force et la régularité de son débit.
Après avoir amené l’eau du
Renaison jusqu’à la roue ou la turbine, le béal la lui restituait. Ainsi, le
niveau de la rivière restait suffisant
pour alimenter le béal suivant, et
assurer l’irrigation des prés. Les
barrages des béals laissaient toujours passer assez d’eau pour que
soit respecté ce principe.
Malgré toutes ses qualités, le système du béal avait ses limites.
L’été, le niveau du Renaison devenait parfois dramatiquement bas. Il
lui était alors impossible de fournir
suffisamment d’eau. Dès lors,
roues et turbines ne pouvaient
plus fonctionner. L’hiver, il en allait
de même lorsque les eaux étaient
gelées. Enfin, les inondations, qui
n’étaient pas rares, endommageaient ou détruisaient les barrages
et les équipements hydrauliques.
Le Renaison, rivière multifonctions
pendant plus de sept siècles
La Tâche et le Rouchain sont deux ruisseaux qui prennent leurs sources,
dans les Monts de la Madeleine, à l’ouest de Roanne. Avant d’arriver dans la plaine
roannaise, ils s’unissent pour donner naissance à la rivière le Renaison. Cette dernière
traverse Roanne où elle se jette dans la Loire. Pendant plus de sept siècles, le Renaison
a donné naissance à des activités économiques étonnamment nombreuses et variées.
e XIIe siècle fut pour la France
une période d’expansion
démographique. Cette croissance de la population entraîna une
hausse générale des besoins. Pour y
répondre, il fallut s’appuyer sur l’innovation technologique et sur le
développement des technologies
existantes. L’une des manifestations
concrètes de cette évolution fut l’augmentation notable du nombre des
moulins. Les contrées où ils n’existaient pas encore, les virent apparaître
à cette époque. Ce fut le cas du
Roannais. Dans cette région, le
Renaison fut l’un des premiers cours
d’eau à voir s’édifier des moulins.
Leur construction était soumise à
l’autorisation des seigneurs féodaux,
propriétaires du Renaison et de ses
berges. Cette autorisation était toujours payante. Les moulins étaient
destinés à la mouture de tous les
grains panifiables. Les meuniers ne
pouvaient uniquement compter sur
leurs moulins pour vivre. C’est pourquoi ils étaient aussi agriculteurs et
certains d’entre eux diversifièrent
l’activité de leurs moulins. En plus
des grains, ils écrasaient des noix, des
faines(1) pour l’huile de cuisine, et du chènevis(2)
pour l’huile d’éclairage. Quelques moulins poussèrent encore davantage leur diversification en
s’équipant d’une maillerie. Il s’agissait d’un
arbre à cames actionnant des maillets. Les
mailleries permettaient de broyer des fruits, de la
pâte stannifère(3), de teiller le chanvre(4), de fouloner le drap(5).
Au XVe siècle, de nouveaux moulins s’installèrent
sur des bateaux à l’embouchure du Renaison. A
la même époque, des papeteries vinrent s’installer sur le Renaison. Grâce à lui, elles faisaient
fonctionner des mailleries. Ces dernières servaient à écraser la chiffe(6) pour faire la pâte à
papier. L’eau était aussi employée comme produit
de fabrication du papier. C’est également au XVe
siècle qu’apparurent les tanneries. Elles possédaient des mailleries pour réduire en poudre le
L
28 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
tan (écorce de chêne d’un brun roux servant au
tannage). De plus, les tanneurs utilisaient l’eau
du Renaison pour laver les peaux. La force
motrice du Renaison fut également exploitée par
des scieries. Elle servait pour débiter des
planches et étais. Le bois leur était fourni par les
hêtres et les conifères des Monts de la
Madeleine. Les scieries se situaient à la fois le
plus près possible des forêts et de leurs clients.
En général, elles n'étaient pas très appréciées des
autres utilisateurs du Renaison. Leurs sciures
pouvaient obstruer la rivière, les biefs, les
vannes, se coller aux maillets, salir l’eau.
Au XVIIIe siècle, un moulin se consacra au
broyage de la terre destinée à la fabrication
des tuiles. Des britanniques, les Alcock, rachetèrent un moulin à grain pour le convertir à la
métallurgie.
EAU RUBRIQUE
Le Renaison des paysans, des pêcheurs
et des lavandières
Le Renaison ne fournissait pas qu’une force
motrice. Il permettait également l’irrigation des
prés, la pêche, le blanchissage du linge, le rouissage du chanvre. L’irrigation des prés se faisait
grâce à un réseau de petits canaux partant de la
rivière ou des biefs. Des règlements d’entente
étaient passés entre les paysans et les utilisateurs
de la force hydraulique. Ils définissaient les
modalités d’utilisation de l’eau afin d’éviter que
les activités des uns ne gênent celles des autres.
La pêche dans le Renaison approvisionnait en
poissons les tables des particuliers et les marchés
locaux. Les barrages, nécessaires à l’énergie
hydraulique, facilitèrent et augmentèrent le
nombre des prises. En effet, pour les poissons, ils
représentaient des obstacles infranchissables.
Aussi les pêcheurs étaient-ils certains de trouver
du poisson en grande quantité aux pieds de ces
ouvrages. Le Renaison et ses biefs faisaient office
de lavoir. Tout le long de leurs berges étaient installées des pierres plates inclinées vers l’eau. Les
ménagères et lavandières y lavaient et y battaient
le linge. Ensuite, elles le faisaient sécher en
l’étendant sur l’herbe des prés. Le rouissage du
chanvre consistait à plonger cette plante dans
l’eau, sous une couche de paille tenue par des
pierres. Le chanvre restait ainsi pendant une quinzaine de jours. Cette macération détruisait la
matière gommeuse unissant les fibres textiles pour
les isoler. Cette opération était particulièrement
salissante et polluante. De plus, elle dégageait des
odeurs très désagréables. Les tanneries étaient à
l’origine de problèmes similaires. Les odeurs
dérangeaient fortement les riverains. La pollution
portait préjudice aux pêcheurs et l’eau salie, aux
lavandières.
Le Renaison des industriels
Au XIXe siècle, la turbine fit son apparition et les
machines à vapeur commencèrent à être installées
en complément de l’énergie hydraulique.
Cependant, à cause de leurs coûts, turbines et
machines à vapeur restèrent encore rares. En
1818, Claude-François Devilaine fonda une filature de mille deux cent broches et une teinturerie
sur les bords du Renaison. Dans les années
1820/1830, les tanneries artisanales Desbenoît et
Fortier-Beaulieu prirent une dimension industrielle.
Elles comptèrent jusqu’à cent cinquante ouvriers.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, des teintureries, des entreprises d’apprêt, de blanchiment,
élirent domiciles sur les rives du Renaison. Ces
usines firent ce choix afin de profiter de la qualité
des eaux de cette rivière. Elles étaient, par
exemple, idéales pour fixer les couleurs, en particulier le fameux bleu indigo auquel les teinturiers
roannais devaient leur réputation. Au cours de la
même période, le Renaison accueillit les tuileries
Dumont et Pizet-Houdaille, l’imprimerie
Roustan, la fabrique de cotonne Brisson-Dumont.
Cette dernière fut reprise, en 1878, par Antoine
Bréchard. En plus du tissage, il y développa la
production du noir et des bleus du tissu de Vichy.
En 1851 et en 1865, deux entreprises d’eaux
minérales se constituèrent, suite à la découverte
de sources dans le Renaison. Elles utilisaient la
force hydraulique de la rivière pour le pompage
de l’eau minérale et le lavage des bouteilles. En
1865, les sources et leurs installations furent
rachetées par la société de Saint-Alban-les-Eaux.
Elle les exploita jusqu’en 1934. Dans les dernières
années du XIXe siècle, le directeur de cette même
société créa une blanchisserie sur le Renaison.
Son eau rinçait le linge et faisait tourner une roue
actionnant une pompe qui alimentait seize
laveuses. La roue fut remplacée par l’électricité
en 1920. Dans la première moitié du XXe siècle,
durant l’entre deux guerres, l’usine de coton
Canard vint se joindre aux nombreuses entreprises du Renaison. De la fin du XIXe siècle aux
années 1970, le Renaison fut l’une des premières
zones industrielles du Roannais.
(1) fruit du hêtre. (2) graines de chanvre. (3) élément de roche
contenant de l'étain et utilisé en faïencerie. (4) débarrasser la
tige de son écorce. (5) presser le drap pour le rendre plus serré.
(6) vieux chiffons - Au XVe siècle, les papeteries connurent un
essor grâce à l’invention de l’imprimerie et à l’abondance des
vieux chiffons. Cette abondance était due à l’apparition du
port de linge de corps.
La saga du moulin de Beaulieu
et de la famille Alcock
Le moulin de Beaulieu fut édifié,
sur le Renaison, au XIIe siècle. Il fut,
sans doute, le premier. Propriété
des religieuses de Beaulieu, il était
destiné à la mouture des grains. En
1769, les Sœurs le vendirent aux
Alcock. Les Alcock étaient d’origine
britannique. Ils avaient quitté
Birmingham pour s’établir à la
Charité-sur-Loire, puis au Coteau,
et enfin à Roanne. Michel, le père,
travaillait avec ses deux fils. Il était
fabricant de boutons métalliques.
Jusque-là, seule l’Angleterre en
produisait. Le moulin de Beaulieu
lui offrit la force motrice dont il
avait besoin pour développer son
affaire. Il le convertit à la métallurgie afin qu’il puisse fabriquer les
fameux boutons métalliques. Les
bâtiments du moulin furent agrandis afin d’accueillir des stocks de
combustible, du bois d’œuvre, des
métaux, une maillerie, une fonderie
et un laminoir. Le moulin assurait
les premières étapes de la fabrication des boutons. La finition se
faisait dans un atelier de la place
Saint-Jean, à Roanne. Avec une
centaine d’employés, l’entreprise
Alcock était la plus importante de
la cité roannaise. Ses clients étaient
nombreux et prestigieux. Par
exemple, les Alcock fournissaient
en boutons le Régiment du Roi. En
1791, sous la Révolution, l’un des
fils Alcock, Joseph, proposa au
gouvernement de fabriquer de la
monnaie sonnante et trébuchante.
Sa proposition fut acceptée en
1792. Cependant, le moulin de
Beaulieu ne battit monnaie que
durant quelques mois. Joseph
Alcock décéda en 1793. Sa veuve
lui succéda à la tête de l’entreprise.
Elle s’attacha à assurer la continuité de la production de boutons. En
1799, elle loua le moulin à un
fabricant d’armes. En 1818, son fils
vendit Beaulieu à Benoît Renard.
Le moulin retourna alors à sa vocation première de producteur de
farine. En 1861, le barrage du
moulin fut fortement endommagé
par une crue du Renaison. Ce fut
l’occasion pour le propriétaire du
moulin d’abandonner la force
hydraulique pour la machine à
vapeur.
Pages réalisées par Eric Billoir
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 29
Votre TAXE D’APPRENTISSAGE
pour le Roannais
Si vous voulez participer à cet effort,
comme le souhaitent Lucien Deveaux et le Bureau de la CCI, vous verserez soit :
à la CCI du Roannais, Service Taxe d’Apprentissage
4, rue Marengo - 42334 Roanne Cédex
en précisant les Organismes de Formation Roannais
destinataires de votre taxe
Organismes de Formation Roannais avec agrément préfectoral en 2003 :
ADAPEI, Roanne
Collège Michel Servet, Charlieu
Collège Papire Masson, Saint-Germain-Laval
CFA Textile, AFPI, Roanne
CFA Métallurgie, ECIT, Roanne
Collège Le Breuil, Saint-Just-en-Chevalet
Collège Sainte Camille, Saint-Just-en-Chevalet
Centre Universitaire (IUP Gestion) Roanne
CFA de Mably
Collège Saint Paul, Roanne
CIO, Roanne
Ecole privée Avenir Formation, Roanne
IME Max Dormoy, Roanne
Collège Les Etines, Le Coteau
Collège Louis Aragon, Mably
IME Taron, Renaison
IME Château d’Aix, Saint-Martin-la-Sauveté
Collège Jean de La Fontaine, Roanne
Collège Michel de Montaigne, Balbigny
IFSIR Ecole d’Infirmiers, Roanne
à la CCI du Roannais, Service Taxe d’Apprentissage
4, rue Marengo - 42334 Roanne Cédex
en Fonds libres, reversés exclusivement aux Etablissements
Organismes de Formation pour le Roannais
ISES Education surveillée, Roanne
ITECH Technopôle, Roanne
IUT Roanne
Lycée Agricole Chervé Le Coteau
Lycée Agricole Ressins, Nandax
Lycée Polyvalent Jérémie de la Rue, Charlieu
Lycée Professionnel Etienne Legrand Le Coteau
Lycée Professionnel Pierre Coton, Néronde
Lycée Professionnel Carnot, Roanne
Lycée Professionnel Albert Thomas, Roanne
Lycée Professionnel Arago, Roanne
Lycée Professionnel Sainte Anne, Roanne
Lycée Technique Albert Thomas, Roanne
Lycée Technique Carnot, Roanne
MFREO Les Athiauds, Saint-Germain-Lespinasse
MFREO Le Roseil, Vougy
Université Lyon I, Technopôle ISTIL, Roanne
Université Lyon II, Technopôle, Roanne
La Taxe d’Apprentissage est à verser au 28 Février 2004
Votre 1% LOGEMENT
pour le Roannais
Si vous voulez participer à cet effort,
comme le souhaitent Lucien Deveaux et le Bureau de la CCI, vous verserez soit :
au CILR
11, rue Pierre Dépierre - BP 1278
42334 Roanne Cédex
à ACL-PME Loire
1, rue Beaulieu
42334 Roanne Cédex
Seuls organismes collecteurs présents sur le Roannais
La Taxe 1% Logement est à verser avant le 31 Décembre 2003
ÉTUDE ÉCONOMIQUE
Commerce :
les mutations s’accélèrent
Qui achète quoi ?
En 2003, 800 ménages de l’arrondissement de Roanne ont été enquêtés
afin d’actualiser l’Observatoire de la consommation et des comportements d’achats
mis en place par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Roannais depuis dix ans.
Roanne Éco présente une synthèse, en chiffres, des principaux enseignements de l’étude.
ette étude fait suite à deux séries d’observations réalisées en 1994 et 1999, avec,
pour celle conduite en 1999, l’implication
des collectivités locales et de la Région dans le
cadre du précédent Contrat global et du schéma
expérimental de développement commercial. La
nouvelle série d’enquêtes 2003 permet une
consolidation des résultats avec des observations de
même nature effectuées sur les territoires voisins
(arrondissements de Saint-Etienne et Montbrison,
Saône-et-Loire, Rhône…).
C
Il s’agit de disposer de façon permanente de
données facilitant :
- L’accompagnement des ressortissants de la
CCI du Roannais et des créateurs d’entreprise
dans la conduite de leurs projets.
- La prise de décision en matière d’urbanisme
commercial s’agissant des autorisations d’exploitation de commerces de plus de 300 m²,
dans le cadre des Commissions Départementales
d’Equipement Commercial (CDEC), mais fournissant aussi l’information de base nécessaire
RUBRIQUE
à l’élaboration du schéma de développement
commercial.
- La mise en œuvre de projets de redynamisation de la fonction commerciale dans le cadre
notamment d’opérations collectives de type
ORAC (Opération de Restructuration de l’Artisanat et du Commerce), ...
Plan type d’une étude
sectorielle :
- Analyse détaillée du marché
local et des dépenses des
ménages.
- Flux de consommation et
zone de chalandise.
- Comportements d’achat
des ménages par forme de
vente et lieu d’achat.
- Activité commerciale des
pôles commerciaux.
- Etude de l’évasion.
- Profil de clientèle.
- Analyse de l’offre (identification et localisation des
points de vente, caractéristiques des entreprises, statistiques de la création
d’entreprise,
enseignes
nationales...).
Disponible pour 40 familles
de produits (prêt-à-porter,
bricolage, électroménager,
chaussures, bijouterie....).
Prix de vente 75 € HT.
Observatoire
du Commerce
CCI du Roannais
David Cordeiro
Tél. : 04 77 44 54 64
[email protected]
Les résultats qui suivent sont extraits de la nouvelle
base de données et permettent de dresser, sur
l’ensemble de l’arrondissement, les grandes tendances en matière de consommation et d’activité
commerciale.
Des résultats plus détaillés ainsi que des exploitations sur mesure peuvent être extraits de cette
base de données par la Chambre de Commerce et
d’Industrie du Roannais qui dispose d’un outil
informatique lui assurant une complète autonomie en terme d’analyse. Ces données peuvent
être croisées avec des informations détaillées sur
l’offre commerciale de l’arrondissement (fichier
consulaire, liste des enseignes nationales…).
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 31
RUBRIQUE
ÉTUDE ÉCONOMIQUE
Le potentiel de consommation :
augmentation de 6,5 % en quatre ans
Potentiel
de consommation
Répartition de la dépense
moyenne d’un ménage
roannais en 2003
(hors automobile et services)
- Alimentaire :
5 077 €
- Equipement de la personne :
1 650 €
- Equipement de la maison :
2 353 €
- Culture, loisirs :
764 €
- Toilette, beauté :
537 €
Total TTC : 10 380 €
Potentiel de consommation
par grandes familles de produits
En 2003, le potentiel de consommation des ménages résidant sur le Roannais représente un volume de dépenses de 659 millions d’euros, soit
une moyenne de 10 380 € dépensés chaque année
par ménage.
Hygiène,
beauté
5%
Culture,
loisirs
7%
Sur les quatre dernières années, la consommation
des ménages du Roannais a progressé de 6,5% en
euros courants. Cette progression est proche de la
moyenne observée tant au niveau régional que
national. Cependant, liée aux évolutions démographiques de l’arrondissement, elle n’est pas
homogène.
Equipement
de la maison
23%
Alimentaire
49%
Equipement
de la personne
16%
Ce sont les dépenses en équipement de la maison
qui ont le plus progressé alors que les dépenses
alimentaires au contraire ont peu progressé.
Evolution 2003/1999
Alimentaire
+ 4,9%
Equip. de la personne
+ 6,7%
Equip. de la maison
Détail des comportements
d’achat
Remarque : Les données sont exprimées en volume
(le taux d’inflation constaté sur la période est de 4,8%).
Parts de marché en %
produits non alimentaires
+ 10,4%
Culture, loisirs
+ 6,3%
Hygiène, beauté
+ 6,4%
60
52
52
37
Les comportements d’achat
40
32
> Parts de marché des formes de distribution
8
11
8
En % des parts de marché
Parts de marché en %
produits alimentaires
Total
Alimentaire
Non alimentaire
Commerce traditionnel
26%
20%
32%
Grandes surfaces
67%
74%
60%
Autres (commerce non-sédentaire, VPC...)
7%
6%
8%
100%
100%
100%
TOTAL
71 74
58
36
23
Formes de vente
20
6 6 6
L’évolution récente de la consommation des
roannais conf irme largement l’emprise de la
grande distribution. Les parts de marché alimentaire des grandes surfaces, qui avaient très fortement progressé au cours de la période 19941999, ont continué à augmenter. Mais c’est
surtout dans le secteur non alimentaire que la
grande distribution gagne le plus de parts de
marché sur la dernière période.
32 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
Au total, au cours des quatre dernières années,
la part de marché du commerce de moins de
300 m² a connu un recul sévère sur le Roannais
(-8 points).
Vis-à-vis de la situation constatée en Rhône
Alpes, cette évolution brutale a eu pour effet de
faire passer le commerce traditionnel roannais
d’une position plutôt privilégiée à une position
de fragilisation.
ÉTUDE ÉCONOMIQUE
RUBRIQUE
Fiche technique de l’étude
67
61
49
44
34
26
7
9
7
Parts de marché en pourcentage
ensemble des produits
En non alimentaire notamment, la part de marché
des commerces de plus de 300 m² est supérieure
de deux à trois points à la moyenne régionale.
> Poids commercial des communes du Roannais
Comment utiliser l’étude ?
Chiffre d’affaires des principales
communes commerciales en 2003
Produits :
- Etudes sectorielles.
- Etudes de pôles.
- Etudes personnalisées.
Chiffre d’affaires des communes
en milliers d’euros
Evolution du CA des communes en K€
entre 1999 et 2003
Concernant les lieux d’achat, la consommation
des ménages de l’arrondissement reste excessivement concentrée sur l’appareil commercial de
l’agglomération de Roanne.
Quatre communes du Roannais absorbent plus
des deux tiers de la consommation disponible.
17 339
641
566
-890
-4 111
-1 255
- Découpage de l’arrondissement en une trentaine de
bassins de vie homogènes et
analysables individuellement.
- Plus de 4 000 lieux d’achats
potentiels répertoriés.
- Près de 600 heures d’interview réalisées auprès de 800
ménages.
- Une quarantaine de produits
alimentaires et non alimentaires analysables individuellement.
Bénéficiaires :
- Entreprises : éléments d’étude
de marché pour l’implantation
ou le développement de magasins (marché, comportements
d’achat, concurrence...).
- Distribution : éléments permettant la réalisation d’un
dossier CDEC (démographie,
zone de chalandise, marché
potentiel, concurrence...).
- Collectivités locales : connaissance de la zone de chalandise
d’une commune, du marché
potentiel local ou des comportements d’achat des résidents
pour l’implantation d’un nouveau commerce.
- Institutions : connaissance des
flux de consommation, équilibre offre/demande, évasion...
pour la prise de décision
en matière d’urbanisme commercial.
Au cours des quatre dernières années, la concentration géographique des flux de consommation
s’est accentuée sur le Roannais, suivant en cela
la concentration en général des équipements commerciaux.
L’augmentation du marché ne se traduit pas de
manière homogène sur l’activité commerciale
des communes.
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 33
RUBRIQUE
ÉTUDE ÉCONOMIQUE
Conclusion
Au-delà des résultats bruts et
riches d’enseignement de
l’Observatoire du Commerce
développé par la CCI du
Roannais, c’est sa pertinence
d’expertise dans de nombreux domaines qui prime.
Ainsi la loi SRU qui intègre
désormais officiellement les
schémas de développement
commercial, donne d’ici mai
2004, toute latitude aux responsables économiques et
politiques locaux pour aboutir à son élaboration sur le
roannais. Pour ce faire, centre
de ressources majeur à l’usage
de tous, l’Observatoire du
Roannais trouve ici toute sa
place.
Plus largement et couplé à
d’autres banques de données,
cet observatoire intègre sur
les dix dernières années
l’évolution des comportements des consommateurs
spécif ique au Roannais. Il
permet donc de répondre à
des demandes d’études les
plus diverses, du repreneur
d’entreprise à la communauté de communes, en passant
par les branches d’activités,
par
les
commerçants
membres d’un quartier ou
pôle commercial particulier.
“C’est là sa raison d’être,
conformément à la volonté
des élus de la CCI de développer des outils pratiques,
en lien direct avec l’économie
locale et le terrain”, confirme
Robert Allier, Vice-Président
Commerce.
Enfin, en terme de répartition des parts de marché, seule la commune de Mably gagne des
points. (La progression du chiffre d’affaires de
Riorges ou Perreux ne permet pas à ces communes de gagner des parts de marché).
Le pôle périphérique majeur de l’agglomération
(commune de Mably) enregistre une croissance
supérieure à la croissance du marché. Autrement
dit, ce pôle est non seulement le principal bénéficiaire de l’accroissement de la consommation,
mais il réalise aussi une partie importante de sa
croissance par des prises de parts de marché sur
les commerces des autres pôles, essentiellement
Roanne et Charlieu.
Répartition des parts de marché
entre six communes principales du Roannais
1999
Le Coteau
7,5%
2003
Charlieu
4,2%
Le Coteau
7,1%
Roanne
41,8%
Charlieu
3,9%
Roanne
40,0%
Mably
31,0%
Mably
28,3%
Perreux
4,3%
Perreux
4,3%
Riorges
13,9%
Riorges
13,7%
> Evasion
Il s’agit ici d’identifier les achats effectués
à l’extérieur du Roannais. En 2003, le volume
estimé de l’évasion a représenté 13% du
potentiel annuel de consommation, soit un
flux financier de 83 millions d’euros, en
faible évolution depuis 1999. Ce taux situe le
Roannais dans la moyenne basse de Rhône
Alpes, à un niveau quasiment similaire à
celui constaté sur la circonscription de la
CCI de Lyon.
Alimentaire
23 M€
Eq de la personne
24 M€
Eq de la maison
23 M€
16%
Culture, loisirs
8 M€
16%
Hygiène, beauté
5 M€
Ce volume reste inégal selon les familles de produits considérées. Sont donc principalement
concernés par l’évasion les achats non alimentaires pour lesquels la notion de choix reste prépondérante : c’est notamment le cas des produits
de la famille “équipement de la personne”, et
dans une moindre mesure, des produits de la fa-
34 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
7%
23%
14%
mille “équipement de la maison”, notamment
des articles de décoration.
Trois destinations principales sont principalement
identifiées : la vente à distance (un tiers des achats
hors roannais), l’agglomération stéphanoise et
l’agglomération lyonnaise.
Fêtes de fin d’année :
le renouveau des centres-ville
Au moment des fêtes,
les commerces
de centre-ville
reprennent tous
leurs avantages :
animations,
décorations,
services… sont
autant d’atouts mis
en avant pour séduire
des clients en quête
d’authenticité.
Quels sont
les facteurs
de renouveau ?
Comment,
à la période des fêtes,
le petit commerce
se différencie-t-il ?
Eléments de réponse
et exemples
du dynamisme
des centres-ville
rhônalpins.
Par Fabienne Combier
Q
uelle que soit la conjoncture, les Français consacrent
toujours une part importante de leur budget aux cadeaux de
Noël. Une étude de Deloitte &
Touche, parue le 6 décembre 2002,
montre que l’incertitude économique n’affecte pas les dépenses liées
aux fêtes de fin d’année. “Noël est un
phénomène structurel de fond en
France, que seule une crise grave
pourrait remettre en cause”, souligne
Antoine de Riedmatten, associé chez
Deloitte & Touche. Selon cette étude,
les Français projetaient de dépenser
466 € en cadeaux en 2002, contre
315 € en 1998. Si la conjoncture
n’affecte donc pas le moral des
consommateurs au moment des
fêtes, les commerçants de centre-ville
ont une vraie carte à jouer face à la
grande distribution et aux centres
commerciaux périphériques.
Les unions commerciales : la
force du collectif. Les fêtes de fin
d’année représentent une période
forte pour le commerce local. Décembre équivaut souvent à deux ou
trois mois d’un chiffre d’affaires
mensuel moyen. Dès novembre, les
commerçants s’affairent pour être
prêts pour le grand rush. En cette période de fêtes, les commerces de
centre-ville se doivent plus que jamais de “jouer collectif”. Du dynamisme des unions commerciales
dépend incontestablement la fré-
“Cette année pour Noël, nous avons réussi à fédérer les quatre unions
commerciales de Roanne”, déclare Jean-Yves Demeure, président
des Vitrines de Roanne.
quentation des consommateurs.
Certes, comme le rappelle Thibault
Le Carpentier, directeur du cabinet
Obsand : “Les unions commerciales
doivent se montrer dynamiques tout
au long de l’année, pas seulement au
moment des fêtes.” Celles-ci restent
cependant un moment crucial pour
les petits commerces.
A Roanne, où jusqu’à présent aucune
concertation entre unions commerciales n’était de mise, les Vitrines de
Ce dossier, réalisé pour la Chambre régionale de commerce et d’industrie, est diffusé par les magazines : Info CCI, Haute-Savoie (28000 ex.) - Informations Économiques, Saint-Etienne-Montbrison (20000 ex.) - L’Économie
Drômoise (16000 ex.) - Nord-Isère Économie (13000 ex.) - Partenaire Villefranche et Beaujolais (9000 ex.) - Partenaires Savoie (23000 ex.) - Présences, Grenoble (37000 ex.) - Roanne Éco (10000 ex.). Photos : Thierry Beguin (Roanne), Pierre
Borasci (Grenoble), Box et Fred (Lyon), Jean-Claude Crépet (Saint-Médard-en-Forez), Studio Lattard (Drôme) - Tous droits réservés. Contact : Elisabeth Ballery. Tél. : 04 76 28 28 66.
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 35
RHÔNE-ALPES ÉCONOMIE
DOSSIER
COMMERCE
fêtes de fin d’année : le renouveau des centres-ville
“Les clients se montrent très sensibles à l’emballage cadeau”, observe Madeleine Berthon
(à gauche sur la photo), de la boutique Art et Cadeaux.
Roanne ont décidé cette année de
proposer une harmonisation dans la
décoration. “Nous avons associé les
quatre unions commerciales de
quartier, explique Jean-Yves Demeure,
président des Vitrines de Roanne. En
tout, cela représente pas moins de
300 commerçants ! Nous leur donnons un kit pour décorer leur vitrine
et pas-de-porte. Le budget pour
cette opération s’élève à près de
48 000 €.” Par ailleurs, une carte
des Vitrines de Roanne est remise
aux clients. Cette carte offre 20 minutes de parking gratuites et un
chèque de 8 € à utiliser dans les
boutiques adhérentes. “Le montant
de ce chèque est doublé du 7 au
14 décembre afin de favoriser les
achats une à deux semaines avant
Noël”, note Jean-Yves Demeure.
Au pied des grandes stations de ski,
Moutiers et ses commerçants défendent, de leur côté, leur ambiance de
petit village savoyard. “Nous voulons
enrayer l’évasion des touristes vers
les villes alentour, indique le président de la Fédération des commerçants, Dominique Laurent. Nous
avons obtenu un plan Fisac qui s’accompagne d’un budget de 4,3 M€
sur neuf ans, ce qui nous permet
entre autres de monter des animations la semaine précédant Noël. Les
commerçants jouent le jeu et restent
même ouverts le dimanche.” Moutiers dispose, de plus, d’un fort potentiel grâce aux touristes qui descendent des stations et attendent à la
gare. “Nous réfléchissons à une solu36 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
tion de consigne de bagages pour
qu’ils puissent déambuler dans les
rues commerçantes en attendant leur
train”, affirme Dominique Laurent.
“Les unions commerciales doivent
réinventer le centre-ville”, prône Thibault Le Carpentier, directeur du cabinet Obsand. “Le petit commerce ne
doit surtout pas chercher à imiter les
grandes surfaces, mais s’appuyer sur
ses propres atouts : le lien social, le
service, le conseil. Les commerçants
doivent aussi s’organiser au bénéfice
du consommateur. Cela suppose une
logique de partenariat qui permet
dans le même temps aux commerçants de mutualiser leurs coûts pour
le transport, la décoration, la communication, les animations…”
tie des éléments moteurs pour attirer
la clientèle. Les marchés de Noël
ne sont plus l’apanage des seuls
Alsaciens. Ils ont su gagner depuis
quelques années d’autres agglomérations de province. Jusqu’au 23 décembre, l’Office de tourisme de
Grenoble organise ainsi la neuvième
édition de son marché de Noël,
auquel participent une cinquantaine
de commerçants pour plus de
160 000 visiteurs. Des villes de taille
moyenne adoptent aussi cette tradition. Aix-les-Bains, la savoyarde,
inaugure cette année un immense
marché de Noël, et Charlieu, dans le
nord du département de la Loire, a
même monté une association pour
l’organisation de cette manifestation.
Illuminations et animations :
un facteur important. Une des
clés pour drainer la clientèle vers les
centres-ville réside justement dans
les illuminations et les animations.
En cette saison, les salariés n’hésitent
pas, à la sortie du travail ou les soirs
de week-end en famille, à flâner dans
les rues illuminées, devenues lieux de
convivialité. Le consommateur redécouvre le plaisir de la balade en ville.
A “l’achat corvée” des grandes surfaces, le centre-ville offre l’alternative
de “l’achat plaisir”. Les professionnels et les associations commerciales
mettent donc tout en œuvre pour
rendre les rues de leur ville encore
plus attractives.
Complément indispensable des illuminations, l’animation fait aussi par-
La vitrine, indispensable
pour attirer le consommateur. Une fois en centre-ville, la vitrine demeure un excellent moyen
de séduire les passants. Si sa décoration peut influencer l’acte d’achat,
c’est d’autant plus vrai aux moments
des cadeaux de fin d’année. Les commerçants ont intégré peu à peu l’importance de la décoration dans leur
stratégie de vente. “Je change ma vitrine tous les 15 jours”, avoue Madeleine Berthon, gérante de la boutique Art et Cadeaux, magasin
d’articles de décoration et d’art de la
table, à Vizille (Isère). “Pour un commerce comme le mien, c’est d’autant
plus important ! Mais il faut savoir
doser. J’ai appris avec le temps à ne
pas surcharger ma vitrine pour bien
valoriser chaque produit. Pour Noël,
je choisis toujours un thème. Les peluches animées font la joie des enfants, ce qui pousse leurs parents à
s’attarder.” La mise en valeur des articles favorise l’achat “coup de
cœur”. Comme la boutique de Madeleine Berthon regorge d’idées cadeaux, il y en a toujours un adapté
au budget du client ! Mais acquérir
ce savoir-faire ne s’improvise pas.
C’est pourquoi la Chambre de commerce et d’industrie de Villefranche,
par exemple, propose depuis trois
ans des journées de formation pour
apprendre aux commerçants à décorer leur vitrine, selon les différentes
fêtes qui rythment l’année.
Que l’on soit gérant d’une boutique
de décoration, de prêt-à-porter, coiffeur ou même pharmacien, la mise
en scène des produits, tout comme
l’agencement intérieur du magasin,
forment un tout qui peut créer la différence pour le client.
Des comportements d’achats
qui évoluent. “Pendant les fêtes,
l’attitude et la motivation des consommateurs évoluent, explique Thibault
Le Carpentier, du cabinet Obsand. Les
commerçants n’y sont d’ailleurs pas
étrangers. La grande distribution a
cassé les codes en étalant la consommation. Aujourd’hui, par exemple, on
fête les rois du 15 décembre jusqu’à
fin février. Du coup, offrir ou recevoir
un cadeau de Noël le 24 décembre ou
le 6 janvier n’a plus grande importance. Le cadeau lui-même ne présente
plus la même valeur symbolique. Auparavant, il tendait vers le luxe, l’exceptionnel. Désormais, tout peut faire
l’objet d’un présent.” Cette évolution,
Thibault Le Carpentier l’observe depuis cinq ou six ans. “Il existe également une diversification des moments de fêtes, ajoute-t-il. Les fêtes
institutionnelles perdent désormais
de leur importance et de leur symbolique au profit de fêtes plus personnelles, anniversaires ou autres.”
Quant aux lieux d’achats, “le consommateur fréquente aussi bien les
centres commerciaux que les centresville. Le petit commerce doit d’ailleurs
jouer pleinement son rôle de lien social et de conseil. Bien connaître sa
clientèle pour l’aider à choisir un cadeau est justement ce qui différenciera
le petit commerçant de la grande enseigne”. Si décembre s’avère un mois
COMMERCE
DOSSIER
reprise titre
essentiel pour le chiffre d’affaires des
commerçants, le mois de janvier vient
donc souvent compléter les ventes, en
raison de cet étalement des fêtes cumulé à la saison des soldes. “Si au niveau des marges, janvier n’est pas
comparable à décembre, au niveau
fréquentation, il pèse certainement
plus qu’avant”, reconnaît Thibault
Le Carpentier.
L’autre raison de l’étalement dans le
temps des fêtes tient aussi au fait que
les enseignes proposent de plus en
plus des chèques-cadeaux, une solution prisée par des clients indécis
mais désireux de faire plaisir, et un
bon moyen d’obliger le destinataire à
acheter dans un magasin donné. Les
bons d’achats et chèques-cadeaux offerts pour les fêtes seront ainsi utilisés
en janvier et viendront peut-être
compléter un article d’une valeur
marchande plus élevée. Outre les particuliers, les commerces visent également les comités d’entreprises à qui
ils vendent des chèques-cadeaux
distribués ensuite aux salariés. “A
Roanne, l’opération chèques-cadeaux,
non limitée aux fêtes de Noël, a généré
l’an dernier 300 à 400000 € d’achats
pour le commerce local”, rappelle le
président des Vitrines de Roanne.
A Feurs, dans la Loire, le GIE qui
regroupe 32 commerces a pris la
même initiative. “Nous sommes partis
du constat que de plus en plus d’entreprises locales offraient des bons
d’achats à leurs salariés, bons acceptés seulement par les grandes structures commerciales, déclare Françoise
Gay-Peiller, présidente du GIE. Nous
avons donc démarché les entreprises
pour les inciter à offrir des chèquescadeaux valables dans les petits
commerces de Feurs.”
L’importance de l’aménagement urbain. Lorsque le consommateur se rend en centre-ville, c’est
pour rechercher une ambiance urbaine.
Il souhaite trouver suffisamment de
places de stationnement ou des facilités d’accès grâce aux transports en
commun, des trottoirs aménagés,
des rues et places piétonnes… Marie
Cumer, manager de centre-ville à SaintEtienne, insiste sur ce point : “Nous devons communiquer sur l’accessibilité
de notre centre-ville, faire un effort de
signalisation et fournir des plans de
circulation. Les Stéphanois ont tendance à aller faire leurs courses dans
les petites villes autour qui disposent
de places de stationnement gratuites.
Nous devons leur expliquer que les
parkings payants sont un gage de sécurité et de confort. Et puis, nous
avons un réseau de transports en
commun qui offre des services supplémentaires en décembre.” Pour renseigner, orienter, mais aussi égayer les
“Nous devons communiquer davantage sur les atouts de notre centreville”, affirme Marie Cumer, manager de centre-ville à Saint-Etienne.
rues au moment des fêtes, des guides
en habit de “grooms-lutins” seront
présents dans les grands quartiers de
la ville. Bien d’autres éléments contribuent à distiller une ambiance urbaine attrayante. “L’implantation de
lieux culturels, tel un complexe cinématographique à proximité d’un
centre, agrémente la ville et draine
le public vers les petits commerces”,
soutient encore Michel Pazoumian.
Les commerces de centre-ville ont ainsi dans les mains les clés pour conserver ou reconquérir leur clientèle. S’imprégner d’une ambiance chaleureuse
et festive, goûter aux saveurs artisanales, craquer pour une ultime décoration de fête, s’émerveiller devant les
jeux de lumières : à Noël, le consommateur cherche à se faire plaisir, tout
simplement. Aux commerçants de lui
offrir cette ambiance festive. ■
“L’emballage, un deuxième cadeau.”
“J
e rêve des rues de Vizille aux couleurs de Noël”, s’exclame Madeleine Berthon,
qui tient, avec sa fille Pascale, le magasin Art et Cadeaux dans la petite
ville iséroise. Membre de la commission décoration de l’union commerciale
et professionnelle de Vizille, elle se démène avec une consœur fleuriste pour mettre
au point les décorations de rue. “Nous disposons d’un budget de 10000 €
et nous aimerions créer un vrai décor de fête. Mais ce n’est pas si simple ! Il faut
se renseigner sur ce qui est autorisé, ce qu’il est possible de réaliser, à quel coût…”
Pour attirer le client, Madeleine Berthon a un autre secret, un savoir-faire qu’elle
manie avec perfection : l’emballage. Gérante d’un magasin d’articles de décoration
et des arts de la table, elle prête une attention toute particulière à l’emballage
des cadeaux. “Cette part du budget est en constante augmentation, reconnaît-elle.
Mais, pour moi, l’emballage est le deuxième cadeau. Le client y est d’ailleurs très sensible.
Et lorsque l’on commence à manipuler des papiers haut de gamme, on ne revient
pas en arrière !” Tous les ans, Madeleine Berthon se rend au salon Maison et objet,
à Paris, en septembre, le salon de la décoration, des arts de la table et du cadeau.
Là, elle déniche les articles insolites, les dernières nouveautés qui prendront place dans
sa boutique. “J’essaie toujours de trouver de nouveaux fournisseurs, des emballages
originaux et des idées décoration.” Une source d’inspiration qu’elle mettra superbement
à profit dans ces 30 m2 de surface de vente de la boutique ! ■
RHÔNE-ALPES ÉCONOMIE
Les collectivités locales favorisent les petits commerces.
“De manière générale, et indépendamment des fêtes de fin d’année, la
politique de la municipalité par rapport à l’urbanisme et l’animation
s’avère extrêmement importante
dans le renouveau des centres-ville”,
précise Michel Pazoumian, délégué
général de Procos, fédération pour
l’urbanisme et le développement du
commerce spécialisé, et président du
cabinet Bérénice, bureau d’études parisien partenaire des collectivités locales dans leur volonté de redynamisation des centres-ville. “L’opposition
entre petit commerce et grande surface n’est plus aussi virulente que
dans les années 1980, où nous avons
assisté à une recrudescence de la
construction de centres commerciaux en périphérie, ajoute Michel
Pazoumian. La loi Raffarin de 1996
limitant les autorisations de nouvelles constructions d’hypermarchés
et favorisant les implantations de
centre-ville a été accueillie très favorablement par les petits commerçants. Malgré tout, il reste un déséquilibre énorme, les centres
commerciaux périphériques représentant 65 à 70 % du chiffre d’affaires du commerce, contre 20 à
25 % pour le commerce de centreville. Certaines municipalités, en partenariat avec les unions commerciales, les CCI, les enseignes, les
grands magasins, réalisent des efforts pour poursuivre cette politique
de rééquilibrage du centre-ville.” Par
ailleurs, des mairies ont favorisé l’implantation de centres commerciaux
de centre-ville qui viennent renforcer
les rues commerçantes. “C’est le cas
pour Annecy par exemple”, note encore Michel Pazoumian. Le commerce
indépendant a aussi pris conscience
de l’intérêt qu’il pouvait tirer d’avoir
une grande enseigne dans sa rue. Le
consommateur qui vient avec une intention précise d’achat s’attardera
aussi sur les autres devantures.
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 37
RHÔNE-ALPES ÉCONOMIE
DOSSIER
COMMERCE
fêtes de fin d’année : le renouveau des centres-ville
Aix-les-Bains voit Noël en grand.
n décembre, Aix-les-Bains enchaîne les festivités. A côté du traditionnel marché
de la Saint-Nicolas, les 6 et 7 décembre, la cité thermale est animée cette année
par un grand marché de Noël jusqu’au 14 décembre. “Nous souhaitions
organiser une manifestation encore plus importante que pour la Saint-Nicolas, affirme
Amaury Mourcou, coordinateur de ville. L’idée ? Un marché de Noël itinérant couvrant
les Halles, avec une centaine d’artisans, les rues et la place piétonnes, avec dix chalets
d’exposants rhônalpins, et le Casino où sont installés une quarantaine d’artisans
et de professionnels des métiers de bouche. Aix-les-Bains a souhaité marier les styles
et installer un “village de l’Afrique” avec huit exposants d’art africain. Des animations
interactives et des spectacles en tout genre rythment la vie aixoise pendant cette
première quinzaine de décembre. “Nous travaillons sur ce projet depuis le mois
de juin, souligne Laurent Forestier, président de la Fédération aixoise des artisans
et commerçants (Faac). Le budget consacré équivaut à 150000 € financés par
la ville, les commerçants et le Casino. Nous voulons avoir un impact fort du premier
coup, reconnaît Amaury Mourcou. L’objectif est non seulement de conquérir les Aixois,
mais également d’attirer les habitants d’Annecy ou de Chambéry. Et bien sûr, nous
comptons sur l’attrait du marché de Noël pour inciter les passants à flâner dans
le centre-ville et pousser les portes des commerces traditionnels !” ■
E
Saint-Vallier : faire face
aux grandes villes.
ous sommes entourés de grands pôles commerciaux ! déplore
Jean-Louis Bégot, président de l’union commerciale de Saint-Vallier
et patron d’une PME-PMI d’électricité. Nous souffrons d’une densité
commerciale, sans doute la plus importante de la région.” Saint-Vallier, petite ville
de 4500 habitants dans la Drôme, est située à une trentaine de kilomètres de Romans
et de Valence, à une vingtaine de kilomètres de Salaise et non loin de l’agglomération
lyonnaise. Dans cette région, l’union commerciale de Saint-Vallier fait son possible
pour attirer la clientèle. Des journées d’animation sont régulièrement montées en cours
d’année, avec des dotations de 5 à 6000 € par manifestation. “A l’occasion
des fêtes de fin d’année, nous organisons une quinzaine commerciale qui se termine
le 24 décembre, explique Jean-Louis Bégot. Les commerçants permettent à leurs clients
de gagner des lots. Le budget, autofinancé par les cotisations des adhérents, tourne
autour de 9 à 10000 €.” Malgré tout, “le climat est morose”, constate le président.
“Nous attendons depuis plus d’un an une aide Fisac. Saint-Vallier se vide peu à peu
de sa clientèle, donc de ses commerces, nous entrons dans un cercle vicieux.”
Pour Noël, l’union commerciale emmenée par Jean-Louis Bégot compte réveiller
les rues de la ville et surprendre la clientèle locale. ■
“N
Une vitrine pour
étonner le passant.
a vitrine est sans conteste le premier moyen d’attirer le regard du consommateur.
“Je change ma vitrine toutes les semaines”, avoue Monique Simonet, gérante de La boutique
de Noémie, magasin de prêt-à-porter moyen de gamme hommes-femmes-enfants. “La vitrine
suscite la curiosité et produit un fort impact sur la clientèle”, souligne-t-elle. Avec sept autres
commerçantes, Monique Simonet a suivi les deux jours de formation étalagiste proposée par
la Chambre de commerce et d’industrie de Villefranche. “J’ai beaucoup appris lors de cette
formation, estime-t-elle. Auparavant, je surchargeais trop ma vitrine en décoration. Aujourd’hui,
je sais comment mettre mes produits en valeur avec quelques touches de décoration adaptées.”
A la demande des commerçants, la formation devrait suivre, l’an prochain, le rythme d’un
stage par semestre. Monique Simonet se prépare longtemps à l’avance pour les fêtes de Noël :
“Il faut prévoir les achats à effectuer pour embellir la vitrine, choisir un thème de décoration
original pour attirer les passants. Le vêtement comme cadeau est de plus en plus prisé,
ajoute-t-elle. C’est un cadeau utile qui fait toujours plaisir. Et la clientèle apprécie le service
et les conseils que je peux leur apporter.” Installée à Beaujeu (1900 habitants), La boutique de
Noémie reçoit une clientèle issue de tout le Beaujolais, du Lyonnais et même de région parisienne.
Entre ville et campagne, certains commerçants de Beaujeu savent retenir l’attention des Parisiens
en vacances dans la région. ■
L
38 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
COMMERCE
DOSSIER
Crémieu veut séduire le Nord-Isère.
e Nord-Isère souffre d’une forte évasion de la clientèle vers le Rhône”,
constate Denis Gasc, secrétaire de la Vie crémolane, l’union commerciale
de Crémieu (Isère), et gérant du cabinet immobilier Tivillier et Gasc.
“Notre union existe depuis 35 ans et regroupe 54 adhérents. Mais il s’agit surtout
d’un bureau d’animations, explique-t-il. Depuis avril, dans le cadre de l’opération urbaine
entre l’Etat et le Conseil général, nous disposons d’un plan de financement de projets
de l’ordre de 48000 €. Nos objectifs ? Réaliser des aménagements urbains, relancer
l’activité commerciale et la pérenniser. Nous avons commencé par recruter une
animatrice pour dynamiser notre centre-ville. Pour les fêtes de fin d’année, nous avons,
à Crémieu, une forte tradition festive portée par la volonté de l’union commerciale,
de l’Office de tourisme et de la municipalité.” Les festivités se déroulent du 7 au
20 décembre avec un mélange de manifestations traditionnelles, voire médiévales,
et d’attractions plus modernes. “Cette année, notre budget représente bien plus que
les moyens dont nous disposions lors des éditions précédentes, indique Denis Gasc.
Nous espérons ainsi capter et drainer la clientèle locale des grandes surfaces vers
le centre-ville de Crémieu.” ■
“L
Faire revivre les Noëls de Chamonix.
n raison de sa notoriété, la station de Chamonix avait fini par ne plus
avoir d’union commerciale, regrette Stella Blanc-Paque, gérante de l’hôtel
Les Grands Montets, à l’Argentière. Dans les rues se côtoyaient boutiques
chics et magasins “fun”, chacun décorant ses vitrines à sa guise. Avec Claire Greber,
orthophoniste, nous avons voulu faire revivre les Noëls de Chamonix, interrompus
en 1998 suite à l’incendie de la salle des fêtes.” Cette année, le groupe Best
Mont-Blanc, soutenu par la municipalité, l’Office de tourisme, les hébergeurs
et commerçants de la vallée, a pris l’initiative de l’organisation de cette manifestion.
“Nous souhaiterions recréer dans notre station une ambiance comparable aux marchés
de Noël alsaciens,” reprend Stella Blanc-Paque. Du 19 au 24 décembre, l’Espace
Best Mont-Blanc accueillera des exposants russes, italiens, danois, allemands, auxquels
se joindront des artisans locaux. “Notre idée ? Montrer le caractère cosmopolite
de Chamonix, faire découvrir les traditions de Noël au-delà des frontières.
La première année, nous ciblons la clientèle locale et les vacanciers en famille.
Près de 3500 visiteurs sont attendus. Dès l’année prochaine, nous espérons attirer
les autocaristes et touristes suisses ou italiens.” Les partenaires privés prévoient
de renouveler leur engagement sur les trois prochaines années. Ils espèrent
ainsi montrer Chamonix sous un autre visage, et attirer une clientèle habituée
à venir plus tard dans la saison. ■
“E
Le Noël de Charlieu mobilise
toutes les professions.
A
RHÔNE-ALPES ÉCONOMIE
ux côtés de l’union commerciale est née, il y a deux ans, l’association Les Marchés
de Noël de Charlieu (Loire). Pour Roger Nugue, son président : “Il s’agissait
d’un projet d’envergure, il fallait donc créer une structure qui s’y consacre
entièrement. Nous souhaitions, de plus, l’ouvrir à d’autres professions, ce qui nous
permettait aussi d’avoir le regard du consommateur.” Une quinzaine d’adhérents
et plusieurs associations locales se sont mobilisés autour du projet. “Ce marché de Noël,
qui se tient du 5 au 14 décembre, relève davantage du style alsacien, festif et décoratif,
que les autres marchés de la région aux ambiances de fête foraine, souligne Roger Nugue.
21 chalets accueillent les exposants, parmi lesquels des artisans et artistes de Finlande.
Nous ne voulions pas déplacer le commerce local, mais plutôt faire venir la clientèle
par l’intermédiaire du marché de Noël. Si Charlieu compte seulement 4000 habitants,
le pays de Charlieu en regroupe 20000. Il existe donc un fort potentiel commercial
à développer.” Bénéficiant d’un fonds d’aide de la région, l’association Les Marchés
de Noël de Charlieu dispose d’un budget de 53000 € et une obligation de pérenniser
l’opération. Elle coopère par ailleurs tout au long du mois de décembre avec l’union
commerciale qui, elle, organise les traditionnelles animations de fin d’année. ■
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 39
RHÔNE-ALPES ÉCONOMIE
EN VUE TÊTES D’AFFICHE
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et Annie Victor.
40 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003
P
our Modane, les années
1980-1990 furent des années
terribles : fermetures
d’usines, ouverture des frontières
avec la disparition de corps
de métiers (comme les transitaires),
d’administrations (les douanes)…
“Un grand trou noir”, se souvient
Isabelle Albriet, présidente
du Groupement des professionnels
du canton de Modane (GPCM). “En
neuf ans, beaucoup d’emplois ont été
supprimés, des centaines d’habitants
sont partis.” Mais, il en faut plus pour
décourager des Mauriennais :
“En 1997, nous avons bénéficié d’un
des premiers Orac pour redynamiser
le tissu commercial et artisanal.”
Petit à petit, des gens de l’extérieur
sont venus rouvrir des commerces.
Parallèlement, le GPCM a fait preuve
d’imagination : “Nous avons voulu
mettre en avant l’activité économique
et ceux qui la font : ce fut l’organisation
du Salon de l’habitat. Puis, nous
l’avons ensuite élargi pour en faire
un Salon de la nouveauté, qui connaît,
maintenant, un plein succès.” Il fallait
aussi recréer un lien particulier avec
le consommateur : depuis deux étés,
le banquet annuel réunit professionnels
et clients dans une ambiance festive.”
Pour l’édition 2003 du Salon
de la nouveauté, deux cars ont été
affrétés pour amener des Italiens
de Bardonèche. Car l’Italie peut être
un atout dans la redynamisation du
canton de Modane : “Nous pourrions
organiser nos manifestations en
alternance. Nous y travaillons.” Seul
élément dissuasif : le coût du passage
du tunnel du Fréjus. “C’est un barrage
financier, mais nous avons espoir.
Nous ne lâcherons pas.” A voir
le chemin déjà parcouru en sept ans,
on peut leur faire confiance ! ■
Une créativité
florissante
leuriste indépendante, Isabelle
Bernard-Gaude a toujours voulu
pratiquer ce métier qu’elle exerce
avec une passion non dissimulée.
Après un CAP de fleuriste, des formations
diverses à l’emballage, aux bouquets
de mariées, elle poursuit par un BEP
d’horticulture option floriculture pour
se perfectionner. En 1988, elle ouvre
une boutique à Meylan. A 37 ans,
elle a déjà accumulé de nombreux prix.
Quatrième au concours du salon Hortiflor
à Paris en 2002, troisième et première
femme au concours Florajet à Hyères,
avec en prime le premier prix du stand.
“Je participe aussi à des événements
festifs locaux, comme les 40 ans du MIN,
ou récemment, la Foire aux champignons
de Meylan.” Isabelle Bernard-Gaude met
également à profit sa créativité pour
réaliser des compositions florales
de toutes sortes, en fleurs coupées
ou séchées. “J’aime marier moi-même
les différentes fleurs achetées en vrac”,
assure-t-elle. Et si elle reçoit
une clientèle fidèle issue de toute
l’agglomération grenobloise, c’est sans
doute que chaque article, fait main,
est unique. “Les clients recherchent
l’originalité. Pour Noël, ils ne veulent
plus forcément acheter un simple sapin
floqué de blanc, ils apprécient les
compositions givrées originales. Et puis
ils aiment pouvoir discuter, demander
un conseil, un service.” Dans sa petite
boutique, Isabelle Bernard-Gaude ne
lésine pas non plus sur le choix.
Elle présente 16 à 25 variétés
de roses différentes, “ma fleur préférée,
avec le lis”, avoue-t-elle. ■
F
MAÎTRE ANYSETIER
A
49 ans, Yves Magnin affiche
un parcours peu ordinaire.
Directeur d’une agence
de communication événementielle,
à Paris, il s’est occupé un temps
de toute la logistique des voyages
ministériels. Puis, il y a une dizaine
d’année, il a décidé de fuir cette vie
parisienne et nomade, pour
se réfugier dans la Drôme à Dieulefit.
“J’ai cherché alors à me positionner
sur le créneau des arts et du terroir”,
explique-t-il. Yves Magnin ouvre
ainsi un magasin, Yves de Provence,
mêlant la création artistique et
les produits du terroir, le vin en
particulier. Il expose les œuvres d’une
vingtaine de céramistes et propose à
la vente plus de 300 produits, dont
une trentaine de variétés de pastis.
Car Yves Magnin est maître anysetier,
membre de la très confidentielle
confrérie des anysetiers. “Je cultive
depuis très longtemps une passion
pour les plantes. De là, l’envie
d’apprendre à fabriquer mon propre
pastis.” Initié par la confrérie, formé
par un botaniste et un œnologue,
il parvient, à l’issue de deux années
de recherche, à élaborer un pastis
dans la pure tradition artisanale.
Une trentaine de plantes entrent
dans la composition du pastis Yves
de Provence, mais la recette est tenue
secrète par son inventeur ! A Dieulefit,
connu dans le monde entier pour ses
céramiques, Yves Magnin peut
s’adonner à sa passion pour l’art et le
vin et en fait profiter la clientèle de
passage. Le maître anysetier organise
même des stages de dégustation pour
les touristes venus de toute l’Europe. ■
TÊTES D’AFFICHE EN VUE
VESTIAIRE D’HOMME
Sur les traces
de Michelin
D
C’
est lors d’un voyage aux
Etats-Unis que Joëlle
Grangeon découvre un
nouveau concept : permettre au
public de peindre sur place des
céramiques brutes achetées dans la
boutique. En 1997, elle crée Matière
Première et obtient un an plus tard
le prix de l’innovation lors des
Mercuriales. “Mon rôle consiste à
désinhiber les gens, à leur redonner
confiance en eux”, explique-t-elle.
Son souhait est aussi de démocratiser
l’art. Les parents peuvent ainsi
immortaliser les empreintes de leur
enfant à partir de trois semaines,
et laisser libre cours à leur créativité
dès leur deuxième année. Parents,
enfants, amis se prêtent alors au jeu,
pour leur propre plaisir ou pour la
joie d’offrir un cadeau personnalisé.
Avant de créer cette boutique, Joëlle
Grangeon, autodidacte, travaillait
dans la vente et l’organisation de
salons professionnels. Elle expose
aujourd’hui ses créations, “seulement
pour inspirer ces artistes en herbe,
insiste-t-elle. L’important est d’inciter
les gens à s’exprimer par la peinture”.
Paulo, son mari, artiste et designer de
métier, propose également sa propre
collection d’ustensiles et de
décorations pour les arts de la table,
fabriquée par la société Cuzin, dans le
Vercors. A l’occasion des fêtes de Noël,
Matière Première, installée rue
Lakanal à Grenoble, ouvrira tous
les dimanches après-midi. ■
La bible de
l’agroalimentaire
endant 14 ans, Jean-Pascal Troly
a cumulé plusieurs postes dans
l’agroalimentaire avant de se
décider à créer sa propre société.
En 2000, il s’associe à deux spécialistes
de l’informatique pour fonder la société
Abyla près d’Annecy. “Abyla regroupe
trois métiers : le conseil pour les TPE
et PME-PMI de l’agroalimentaire ;
l’édition de plaquettes d’entreprises
de ce secteur ; l’édition web avec un site
portail www.guide-du-gourmet.com, qui
reçoit déjà 20000 visiteurs par mois.
“Ce site global et transversal regroupe
tous les domaines concernant
l’agroalimentaire, ce qui n’existait
pas encore sur le marché”, précise
Jean-Pascal Troly. Le Guide du gourmet
tente de répondre aux attentes
des professionnels et des particuliers sur
l’alimentation et la santé, la gastronomie,
les produits des terroirs, les bonnes tables,
les problématiques liées à la sécurité
alimentaire. L’univers consacré aux
restaurants, tables et auberges regroupe
plus de 6 000 références soigneusement
sélectionnées, tout comme les produits
régionaux. “Nous rencontrons les
restaurateurs et producteurs, nous
goûtons leurs produits avant de les
référencer sur le site”, explique le gérant
d’Abyla. Jean-Pascal Troly a mis un an
avant de lancer son projet. Ses années
d’expérience dans l’agroalimentaire lui
ont fait connaître de nombreux acteurs
du marché, mais il continue à fréquenter
les salons professionnels pour sélectionner
les bonnes adresses. Dès 2004, il souhaite
proposer une version de son site en
anglais et développer la vente en ligne. ■
P
D
éjà à la tête de quatre
boutiques de prêt-à-porter
masculin à Saint-Chamond
et Saint-Etienne, Serge Cachijian
vient d’ouvrir un cinquième magasin
à Lyon. A 46 ans, ce Stéphanois a
l’esprit d’entreprise. Il a aussi la fibre
textile. “Mon père et mon grand-père
travaillaient déjà dans le textile”,
lance-t-il. Il n’a que 20 ans lorsqu’il
reprend, au décès de son père, le
magasin Vêtements Stéphane à
Saint-Chamond. Depuis, Serge
Cachijian a ouvert les magasins
Gentlemen Square et Plazza 24, à
Saint-Etienne. Puis en 2002, Zen,
situé place des Ursules. Un nouveau
concept de boutique qui, avec
250 m2 de vente, s’adresse à la fois à
l’homme et à la femme. C’est ce
même concept que Serge Cachijian
décline aujourd’hui à Lyon, sur
200 m2 de vente, à travers des
marques telles que Cerruti 1881,
Kenzo, Façonnable, Karl Lagerfeld…
côté homme et un espace Tommy
Hilfiger côté femme. Avec quatre
employés, le magasin vise un chiffre
d’affaires de 609 k€ en année
pleine. “Ce qui fait le succès d’un
magasin, ce sont avant tout les
hommes et les produits. Etre
multimarques nous permet de
sélectionner les marques en fonction
de la clientèle de chaque magasin et
d’être plus exigeants sur la qualité
des produits”, assure-t-il.
Commerçant indépendant, il
reconnaît que le métier devient de
plus en plus difficile. “On doit être
performant dans tous les domaines :
commercial, juridique, gestion du
personnel…” Ses cinq magasins
emploient aujourd’hui 14 personnes.
Sa force ? Sa détermination
à avancer. ■
RHÔNE-ALPES ÉCONOMIE
epuis cinq ans au sein du groupe
Michelin, Thierry Chiche a pris en
juillet dernier la direction du site
de Roanne. Ingénieur, le nouveau patron
roannais a toujours travaillé dans
le secteur de l’automobile. Au sein
de Michelin, il a fait partie de l’équipe
de direction Tourisme et camionnette
en Europe, au siège, à Clermont-Ferrand.
“Après une carrière plutôt industrielle,
je souhaitais prendre un jour la direction
d’une usine, déclare-t-il. Cela
correspondait, de plus, au besoin du
groupe.” Le site (950 salariés), implanté
à Roanne depuis 1974, produit les pneus
haut de gamme de Michelin en Europe
pour les véhicules de tourisme. Il livre
les constructeurs allemands Mercedes,
BMW, Audi, les généralistes français
sur leurs véhicules haut de gamme,
Ferrari pour un petit volume, ainsi
que les distributeurs de pneus dans toute
l’Europe. “Leader mondial du marché du
pneumatique, Michelin s’appuie sur une
culture forte, fondée sur cinq valeurs :
le respect des clients, des hommes,
des actionnaires, de l’environnement
et des faits”, affirme Thierry Chiche.
“Mon objectif ? Assurer l’avenir de
l’usine en améliorant constamment
nos performances pour nos clients,
c’est-à-dire faire en sorte que chacun,
dans l’entreprise, connaisse parfaitement
son client pour le servir au mieux.
Je sais pouvoir m’appuyer pour cela
sur les compétences et le savoir-faire
remarquables des salariés de Roanne.” ■
DES CADEAUX
FAITS MAIN
DÉCEMBRE 2003 >Roanne Éco< 41
RHÔNE-ALPES ÉCONOMIE
Ouvrez-vous les portes des compétences
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42 >Roanne Éco< DÉCEMBRE 2003