VANDAL
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VANDAL De Hélier Cisterne France – 2013 Avec: Zinedine Benchenine, Chloe Lecerf 1h24 SYNOPSIS Chérif, 15 ans, est un adolescent rebelle et solitaire. Dépassée, sa mère décide de le placer chez son oncle et sa tante à Strasbourg, où il doit reprendre son CAP maçonnerie. Il y retrouve son cousin Thomas, un jeune homme aux deux facettes. D’un côté, l’image d’un fils exemplaire et, de l’autre, le vrai visage d’un vif insurgé. Chérif est initié par Thomas à une activité secrète : le graffiti urbain, dont il partage la passion avec quelques amis. La nuit, dans de superbes ballets d’ombres, ce petit groupe d’adolescents repeint la capitale alsacienne. Lorsqu’ils apprennent l’existence de Vandal, graffeur rival dont les exploits leur semblent aussi admirables qu’humiliants, la bande de jeunes adolescents jure de sauver l’honneur… ANALYSE LE REALISATEUR Hélier Cisterne est un jeune réalisateur et scénariste de 33 ans. Après un Bac Littéraire option cinéma, il monte à Paris pour étudier la philosophie et réalise son premier film il y a dix ans : Dehors. S’ensuivront Les deux vies du serpent, Les paradis perdus et Sous la lame de l’épée. Vandal est son premier long métrage. Il est considéré comme une des figures d’un nouveau cinéma français, au même titre que sa compagne Katell Quillevéré, réalisatrice de Suzanne. L’idée du film Vandal est venu de la volonté de « faire le portrait d’un adolescent, et incarner à travers lui l’expérience étrange et insolite de cet âge écartelé entre les univers familiaux, amicaux et amoureux que l’on sait être les espaces de toutes les confrontations » et de la placer dans l’univers du graffiti qui selon lui « témoigne de manière absolument sincère et brute de la jeunesse d’une époque ». Vandal est un film particulièrement dynamique. Cela découle notamment de partis pris filmiques précis : filmage en caméra portée ; recours à la plongée, en particulier pour saisir Chérif (dans le train, dans la voiture de son oncle puis dans celle de sa tante, couché sur son lit quand son cousin vient le chercher…) et induire parfois un rapport de force en sa défaveur ; importance de la texture de l’image ; montage essentiellement en cut, parfois particulièrement nerveux (par exemple, quand Chérif se bat avec l’élève qui a subtilisé sa truelle) ; raccords sur le mouvement ; jeu sur la complémentarité entre l’image et le son pour véhiculer notamment une certaine tension, ce dès l’ouverture du film… Parmi les exemples que l’on pourra donner aux élèves, le fondu enchaîné qui permet de lier un très gros plan du visage de Chérif – dont l’œil droit est presque clos – à un plan de Vandal allongé sur la voie ferrée, cela suggérant qu’avant de s’endormir, Chérif repense à l’accident qui vient d’avoir lieu. CRITIQUES LE GRAFFITI Après Grand Central et avant la sortie de Suzanne en décembre, Vandal confirme la vitalité et l’intelligence d’un jeune cinéma français décidé à ne pas se laisser enfermer dans des cases trop étroites pour lui. Sur le papier, ça ressemble à une énième chronique sur « l’adolescence de tous les possibles ». Mais par la beauté onirique et la précision de la mise en scène d’Hélier Cisterne, le film décolle bien vite du plancher du naturalisme. La trajectoire de son personnage principal, faite de périls, de tragédie et d’amour contrarié, devient l’alternative romanesque à un quotidien adulte sans mystère. Marqué par toute une mythologie urbaine, empruntant aux films de superhéros, Vandal invente un réalisme fantasmé qui offre à la portée sociale du récit une puissance étonnante. Un premier long métrage impressionnant de maîtrise. C’était un choix du réalisateur de ne pas réaliser un film sur le graffiti mais d’en faire « beaucoup plus qu’un décor fantasmé ». Cette forme d’art agit comme un révélateur pour Chérif, qui apprend peu à peu à savoir qui il est et où est sa place, et donc répond à ses questionnements d’adolescent. Le graffiti fait partie du mouvement Street-art qui englobe toutes formes d’art réalisées dans la rue ou dans des endroits publics. Le graffiti se distingue de la peinture de par son caractère souvent considéré comme illégal. Il fait son apparition avec les guerres ou lors de révolutions. Il se voulait souvent un cri de revendication, une façon d'exprimer une colère ou une manière d'afficher ses couleurs pour des peuples n'ayant souvent pas le droit de parole. Il ne s’affranchira cependant que pendant les années 90 avec son arrivée aux Etats-Unis. Renan Cros, Première De Hélier Cisterne, on connaît le délicat travail en courts métrages, notamment Les Deux Vies du serpent et Sous la lame de l’épée. Son premier long, Vandal, ressemble à une version augmentée de ce dernier, soit une mythification de l’activité clandestine sur fond de ténèbres zébrées de graffitis. Du matériau originel, la singularité s’en trouve quelque peu diluée, mais l’élan du désir – formuler dans un contexte réaliste une pure fiction d’action marginale – demeure. Benoit Smith, Critikat Depuis les quelques dernières décennies, une multitude d’artistes graffeurs de grand talent ont connu la célébrité grâce à leurs œuvres et lui ont donné sa légitimité, tels que Bansky ou Basquiat. Un film a d’ailleurs été réalisé en 2009 sur ce dernier : Basquiat : The radiant child. Pour son personnage de Vandal, le réalisateur et son équipe se sont inspirés de Lokiss, une des figures importantes du graffiti français. Il s’est emparé de l’univers de Vandal, et a réalisé les fresques de la rue et de « la grotte » dans l’usine abandonnée. « Lokiss est un affranchi, devenu artiste mais d’une manière distincte de sa pratique du graffiti. Vandal est comme lui : ce qu’il peint dans sa grotte n’est pas ce qu’il fait dehors. » Hélier Cisterne Ses travaux à l’adresse suivante : http://www.emosmos.com/#index Ils ont, pour les graffitis et tags du groupe de jeunes, eu recours au talent de deux autres artistes : Orka et Pisco, membres du collectif El Cartel dont vous pouvez trouver le travail ici : www.flickr.com/elcartelc Un programme présenté dans le cadre du 33e FESTIVAL CINÉMA D’ALÈS - ITINÉRANCES - 20 MARS - 29 MARS 2015