La qualité de la coquille d`oeuf

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La qualité de la coquille d`oeuf
Aviculture Suisse
12/05
La qualité de la coquille d‘oeuf
Les œufs dont la coquille est endommagée provoquent des pertes importantes
pour l’aviculture de ponte. Alors qu’il est encore autorisé d’utiliser les œufs fêlés
pour la fabrication d’ovoproduits , les œufs cassés avec une membrane endommagée doivent être éliminés. Les coquilles peu résistantes causent en outre davantage de pertes lors de la cuisson et de la teinture des œufs. L’article ci-dessous met
en lumière quelques facteurs d’influence sur la stabilité de la coquille.
Une merveille de la nature
D’une épaisseur d’environ 0,4 millimètres seulement, la coquille d’un œuf de
poule est d’une solidité étonnante.
Celle-ci s’explique par sa structure
sphérique en plusieurs couches. Pendant les 20 heures (!) que dure la formation de la coquille, l’orientation et la
structure de la cristallisation du calcium
sont déterminées par les changements
de composition du liquide interne de
l’utérus de la poule. La solidité de la
coquille de l’œuf ne dépend donc
pas seulement de son épaisseur, mais
aussi et même surtout de sa structure.
Dans les cas de solidité insuffisante,
des images microscopiques mettent
en évidence une augmentation des
défauts de structure. Un autre indice
est l’amélioration de la solidité des
coquilles après une mue, ce qui ne
s’explique pas par l’augmentation de
leur épaisseur, mais parce que les cristaux de calcium sont plus fins qu’avant
la mue.
Paramètre important pour la sélection
Comme le montrent les résultats
des tests de performance de ponte, les
Illustr. 1: coquille en coupe: 1 pore, 2 cuticule, 3 couche calcaire (en haut couche
palissadique, en strié couche mamillaire),
4 membrane coquillière externe; 5 membrane coquillière interne
actuelles souches hybrides atteignent
en général de bons niveaux pour le
caractère «résistance des coquilles à
la casse». Au niveau mondial, ce paramètre est considéré comme important. Malgré des progrès de sélection
conséquents dans la performance
de ponte, la stabilité des coquilles ne
s’est en tout cas pas détériorée. On
peut certes constater des différences
d’origine génétique entre les hybrides,
mais, en moyenne, les hybrides blancs
et bruns sont comparables.
Même si les poules pondent en vieillissant aussi bien des œufs plus gros
que des œufs avec des coquilles moins
solides, le poids de l’œuf n’a qu’une
relation indirecte avec la qualité de la
coquille. En effet, si on compare entre
eux des œufs de poules du même âge
et de la même provenance, on ne peut
mettre en évidence qu’une corrélation
très faible entre la grosseur des œufs et
la résistance à la casse.
Coquilles fragiles: «signe de vieillesse»
L’âge des pondeuses est l’un des
facteurs d’influence les plus importants
sur la qualité des coquilles: la solidité
des coquilles diminue au fur et à mesure que les poules vieillissent, d’abord
lentement puis rapidement à partir de
la 50ème semaine. Cet effet de l’âge ne
peut pas être totalement compensé par
des mesures prises dans l’alimentation.
On suppose que ce phénomène est
dû à une diminution de l’absorption
du calcium par l’intestin de la poule, à
une modification tissulaire des glandes
de l’utérus et à une diminution de la
mobilisation du calcium du squelette
En effet, celui-ci fournit à court terme
environ 30 % du calcium nécessaire
à la formation de la coquille, puis il
se régénère pendant la journée avec
le calcium provenant de la nourriture
ingérée. Outre une légère diminution
de l’épaisseur de la coquille, le vieillissement provoque une augmentation
frappante des défauts de la structure
des coquilles. Le « repos » accordé
par la mue permet une amélioration
de la qualité de la coquille pendant un
certain temps.
L’aliment, «fournisseur de matériaux»
Bien qu’en cas de problème de
coquilles, on en recherche souvent la
cause dans l’aliment, on peut partir du
principe que les teneurs des aliments
usuels (calcium, phosphore, vitamine
D3, etc.) correspondent aux connaissances scientifiques actuelles.
Environ 2,2 g de calcium sont ainsi
excrétés, pour chaque oeuf pondu,
sous forme de carbonate de calcium,
ce qui représente plus de 10 % du
calcium corporel de la poule. Les
poules ne peuvent donc pas produire
des coquilles de suffisamment bonne
qualité si leur alimentation ne couvre
pas leurs besoins en calcium. Les aliments doivent contenir deux sources de
calcium de disponibilités différentes :
du calcium alimentaire rapidement
disponible, mais aussi des formes
grossières à dissolution lente comme
des coquillages, des coquilles d’huîtres
ou du grit de chaux, car cela permet
d’assurer une fourniture de calcium
continue provenant de la digestion, et
cela même pendant la phase principale de formation de la coquille pendant
la nuit.
Les besoins en calcium (Ca) augmentant avec l’âge de la poule, le
mieux est d’y répondre en pratiquant
une alimentation par phases (emploi
d’aliments différents au cours de la
ponte). À partir de la 45ème semaine,
il est aussi possible d’apporter du
calcium supplémentaire sous forme
de coquillages et de coquilles d’huîtres
données séparément. Lorsque l’on
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Maladies: «tueurs de coquilles» cachés
Les maladies doivent être considérées comme une cause fréquente
des déficiences de qualité des coquilles. Les maladies subcliniques,
c.-à-d. sans symptômes nettement
identifiables et n’engendrant pas de
net recul des performances, peuvent
provoquer d’importantes altérations
des coquilles. L’influence négative
de la bronchite infectieuse aviaire
(BI) est la plus importante du point
de vue économique: les coquilles
typiquement irrégulières et baguées
des « œufs BI » qu’elle provoque sont
bien connues, mais on voit encore
plus souvent des œufs rugueux, à
coquilles fines et claires (pour les
œufs à coquille brune), comme il en
apparaît aussi lors d’autres maladies.
Bien que, dans l’aviculture commerciale, toutes les poulettes et toutes
les poules soient vaccinées contre
la bronchite infectieuse, il n’est pas
rare de constater des manifestations
cliniques et subcliniques de cette
maladie accompagnées d’altérations
de la qualité des coquilles d’œufs.
Les programmes et techniques de
vaccination revêtent donc une grande
importance.
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Proportion d'oeufs fêlés et cassés en %
distribue également des grains, il faut
veiller à les rationner (20 à 30 g par
poule et par jour) et à donner un
aliment complémentaire adapté avec
une teneur en minéraux plus élevée.
L’adjonction d’additifs alimentaires
(oligo-éléments, minéraux) en vue
d’améliorer la qualité de la coquille
peut sous certaines conditions être efficace, mais elle ne peut pas compenser
totalement la détérioration de la qualité due au vieillissement. La vitamine C
peut diminuer les détériorations de la
qualité de la coquille provoquées par
de fortes températures.
Les toxiques alimentaires (p. ex. les
mycotoxines) peuvent être à l’origine
d’une détérioration marquée de la
qualité des coquilles.
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Résistance à la casse (N)
Épaisseur de la coquille (1/100 mm)
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Âge en semaines
Epaisseur de la coquille
Résistance à la casse
Proportion d'oeufs fêlés
Illustr. 2 (en haut): Evolution de la
qualité de la coquille en relation
avec l’âge des poules (source:
Aviforum)
Illustr. 3 (à droite): mesure électronique de la résistance à la
casse à Aviforum. Aviforum à
Zollikofen effectue également de
telles mesures sur mandat.
Les infections par des mycoplasmes
sont également connues pour provoquer des altérations de la qualité de
la coquille.
Le stress et la canicule
Le stress peut perturber la formation
de la coquille et accélérer ou retarder
le moment de la ponte. Cela peut être
démontré expérimentalement par des
injections d’adrénaline. Le stress peut
être à l’origine de problèmes de qualité
de coquilles dans les cas de troupeaux
nerveux, de réactions d’effroi, de changement de poulailler, de problèmes de
cannibalisme, de trop haute densité
d’occupation, de mauvais climat du
poulailler (température, humidité de
l’air, gaz nocifs) et de diverses erreurs
de management.
Les températures élevées (plus de
28°C) provoquent une diminution
de l’épaisseur de la coquille causée
premièrement par une consommation
d’aliment plus faible, et, deuxièmement, par l’accélération de la respiration des poules: la teneur en CO2 du
sang diminue, ce qui fait diminuer la
quantité de bicarbonate qui peut passer dans le sang.
De l’attention à tous les niveaux:
Les problèmes ne se situent pas
toujours au niveau de la poule: lors
d’une proportion trop élevée d’œufs
déclassés par rapport à l’âge du
troupeau, outre la qualité «interne» de
la coquille, les facteurs mécaniques
suivants doivent être analysés, en procédant systématiquement de la poule
à la table de triage:
• le nombre d’œufs pondus au sol
peut-il être réduit ? Les œufs pondus
au sol ont plus souvent une coquille
endommagée.
• Les nids sont-ils en ordre ? (pente
du fond incliné pas trop forte, fonds
des nids intacts, transfert des fonds de
nids à la bande de ramassage sans
arrêtes, canal des œufs avec mousse,
etc.).
• Y a t’il des « embouteillages »
d’œufs dans les nids et sur les surfaces de ramassage ? (surfaces des
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fonds inclinés trop étroites, ramassage des œufs trop tardif ou peu
fréquent, trop de poules qui pondent
dans les nids situés aux extrémités du
poulailler, etc.).
• Les poules peuvent-elles piquer les
œufs depuis les nids?
• Est-ce que les bandes de ramassage, les élévateurs, les convoyeurs,
le farmpacker, etc. sont correctement
installés et réglés? (pentes, points de
transfert, vitesses, etc.).
• Les emballages utilisés sont-ils
adéquats et empillés correctement ?
(alvéoles, caisses, containers à roulettes).
• Les œufs sont-ils transportés soigneusement? (accès plats et sans secousses, seuils de portes, transferts à
plat sur les rampes de chargement).
Une analyse effectuée avec soin
donne des résultats étonnants !
Andreas Gloor, Aviforum
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