ETUDE DE REFERENCE SUR LES MARIAGES PRECOCES
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ETUDE DE REFERENCE SUR LES MARIAGES PRECOCES
Association de Lutte contre les Violences faites aux Femmes Extrême-‐Nord Cameroun ETUDE DE REFERENCE SUR LES MARIAGES PRECOCES ET FORCES AU CAMEROUN, 2014 De toutes les formes de violences exercées sur les filles/femmes dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, le mariage précoce et forcé constitue la plus importante (cf. statistiques ALVF/EN). Afin de connaitre l’ampleur de ce phénomène au niveau national, l’ALVF/EN y a consacré une étude en 2014. Commanditée par l’ALVF/EN et réalisée par l’Université de Maroua, cette étude est une référence sur la problématique des MPF au Cameroun. L’objectif général de l’étude est de contribuer à la lutte contre les violences faites aux filles/femmes au Cameroun. De façon spécifique, il est question : - Apprécier le dispositif institutionnel et juridique sur les mariages précoces et forcés ; - Déterminer les types, les causes, les conséquences de mariages précoces et forcés vécus ; - Connaitre l’ampleur des mariages précoces et forcés et les zones de persistance ; - Répertorier les expériences réussies de lutte contre les mariages précoces et forcés ; - Proposer des stratégies de lutte contre les mariages précoces et forcés. La collecte des données s’est faite via des questionnaires appliqués dans les ménages (2450) dans les 10 régions du Cameroun et des interviews semi-directives (336). A l’issue de l’analyse de ces informations il ressort que : - 62% de la population camerounaise aurait été touchée au moins une fois directement ou indirectement par les mariages précoces et forcés. - Les régions septentrionales du Cameroun (Extrême-Nord, Nord et Adamaoua), sont les plus touchées. Elles totalisent 45% des cas de mariages forcés et précoces au Cameroun. - 61% des répondants déclarent savoir ce qu’est le phénomène du mariage précoce et forcé. - Les acteurs clés du mariage des adolescentes sont : le père (65% des cas) et les proches parents (23% des cas) Association de Lutte contre les Violences faites aux Femmes Extrême-‐Nord Cameroun - Les causes du mariage précoce et forcé sont les pratiques socioculturelles (41% des cas), les impératifs économiques (31% des cas), la méconnaissance et le non-respect de la loi, des textes, corruption par les auteurs, inexistence des textes spécifiques de protection (16% des cas), les considérations religieuses notamment avec l’Islam (11% des cas). - Les filles les plus touchées par le mariage précoce et forcé ont un âge compris entre 13 et 15 ans. Par ailleurs, du fait de la pauvreté de leur famille, ces filles sont déscolarisées - Le mariage précoce et forcé entraine de nombreuses conséquences sur la vie de l’adolescente (santé, éducation, intégrité physique, épanouissement sociale et économique). Suite aux résultats obtenus, quelques recommandations ont été faites donc les principales sont : - Amélioration du cadre juridique : il est important que des dispositions spécifiques sur les violences sexistes intégrant le mariage précoce et forcé soient adoptées au Cameroun. - Mobilisation des autorités traditionnelles et religieuses : les leaders traditionnels et religieux jouent un rôle fondamental dans le changement des mentalités et des comportements, leur adhésion faciliter la sensibilisation et le changement social. - Appui à la scolarisation systématique de la jeune fille camerounaise : mettre en place des mesures fortes afin de promouvoir l’éducation et la formation des jeunes filles dans les familles très pauvres. - Insertion socioéconomique des victimes et survivantes : mettre en place dans chaque ville du pays des structures d’appui à la santé mentale et à la prise en charge psychosociale des filles victimes des mariages précoces et forcés. - Sensibilisation contre les mariages précoces et forcés via les programmes scolaires (éducation de base et enseignement secondaire)