12 supplementations nutritionnelles asthenies, fatigues
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12 supplementations nutritionnelles asthenies, fatigues
12 SUPPLEMENTATIONS NUTRITIONNELLES ASTHENIES, FATIGUES, ETATS DEPRESSIFS LE COTE PHYSIQUE DE LA FATIGUE Pléthores, excès et intoxications diverses Infections chroniques Déficiences et Carences Pertes Nutritionnelles L’ORIGINE DEPRESSIVE DE LA FATIGUE LES ETATS DEPRESSIFS Rien de plus difficile devant une consultation ou une simple demande de conseil nutritionnel, pour un état de fatigue, qu’il s’agisse d’une fatigue aiguë ou chronique, de différencier l’origine physique de l’origine psychique, d’autant que ces deux origines, (étiologies) sont intimement intriquées. Le respect des grandes règles méthodologiques de l’examen et surtout de l’interrogatoire resteront les garanties essentielles d’une réponse juste et adaptée. Concernant l’interrogatoire, il est donc essentiel de noter: Les circonstances d’apparition de la fatigue et sa date de survenue (grossesse, allaitement, conditions défavorables au plan alimentaire et/ou relationnel, départs en vacances, changements de partenaires sexuels, deuils, divorces, pertes d’emploi....), Les changements intervenus à cette époque dans les habitudes alimentaires, l’environnement, l’habitat, les relations avec la famille, le travail; Les traitements médicamenteux, la consommation de substances dopantes ou tranquillisantes, la prise de traitements hormonaux ou leur arrêt, la prise de pilule anticonceptionnelle, l’arrêt ou l’augmentation du tabac, de l’alcool... Les antécédents personnels, même anciens (car des maladies que l’on croît guéries peuvent évoluer à bas bruit ou se réactiver...) et les antécédents familiaux qui donnent souvent une orientation précieuse. Nous ne pouvons qu’extraire les grandes lignes une expérience personnelle à propos d’une grande majorité de situations rencontrées et résolues alors que le système médical et l’approche diagnostique trop « classique » n’avaient pas été en mesure de le faire. LE COTE PHYSIQUE DE LA FATIGUE La fatigue par pléthore, excès et intoxications diverses Dans nos pays industrialisés, elle représente presque les deux tiers des consultations pour fatigue. C’est essentiellement le mode de vie, c’est à dire le mode d’alimentation et le type d’environnement qui en sont la cause: Déséquilibres alimentaires: excès caloriques globaux, perturbations des rythmes de repas, repas trop tardifs, excès de lipides saturés (viandes + fromages), de sucres rapides, d’alcools... Insuffisance d’hydratation et donc d’élimination Intoxications environnementales: produits chimiques, produits d’usage professionnel ou ludique, pollutions industrielles ou infectieuses (personnel médical et paramédical....); Sédentarité plus ou moins totale. Les conséquences digestive, neurologiques et athérolipidiques de ces situations sont assez faciles à reconnaître. L’interrogatoire doit s’attarder sur les conditions de digestion, de transit, de sommeil et l’intéressé devrait pouvoir produire des résultats (de moins de six mois) de certains tests hépatiques et lipidiques. Le terrain biologique dit « pléthorique » est caractérisé par: - Un surpoids (mais attention il existe des « maigres pléthoriques », - Des troubles de la digestion à type de lourdeurs, maux de tête, nausées, constipation ou diarrhées chroniques... - Une élévation des tests hépatiques (gamma GT dans le cadre d’une hyperconsommation d’alcool), des tests de la maladie athérolipidique et pas seulement le cholestérol seul qui ne signifie pas grand chose, mais plutôt des triglycérides, du rapport cholestérol total/cholestérol HDL, des Apo B... de l’urée, de la créatinine et l’acide urique. Dans les cas douteux un bilan de floculation type « profil protéique CEIA » ou un profil protéique classique permettent souvent de préciser l’origine et même, dans le cadre de la perturbation lipidique quelle serait la part en relation avec le mode d’alimentation, le mode de vie ou le stress. De même le praticien formé à la biologie spécifique de la nutrition orthomoléculaire pourra demander un profil d’acides gras qui lui permettra d’affiner ses conseils tant au plan diététique que pour une éventuelle supplémentation. Les intoxications, les erreurs de régime et de modes de vie sont souvent évidentes, ce sont les cas « faciles »: quelques conseils de bon sens et de restriction ou « régulation » alimentaire globale ou spécifique, de mode de vie et... le tour est joué! En plus de ces restrictions qu’il faut savoir modérer en fonction des possibilités et des cultures de chacun, (difficile de demander à un italien de moins manger de pâtes!) on proposera, systématiquement, des drainages: Drainages phytothérapiques (artichaut, pissenlit, chélidoine...) à visée hépato-digestive, circulatoires et rénales (urée et acide urique).... Drainages nutritionnels; draineurs lipotropes, (arginine choline, phosphatidylcholine, méthionine, bétaïne...) enzymothérapies, rééquilibrants de la flore intestinale (levures, acidophilus)... Antioxydants (surtout les vitamines C et E mais aussi zinc, sélénium et coenzyme Q10...); Augmentation de la consommation de certains acides gras (oméga 3 et 6, linoléniques...). Les suspicions d’intoxication (souvent associées, majorant les symptômes ci-dessus) sont plus difficiles à reconnaître: On les cherchera en présence de certains milieux professionnels ou d’habitat. Le maniement de produits domestiques ou industriels (colles, colorants, teintures, herbicides et pesticides, produits chimiques, métaux lourds chez les dentistes et prothésistes...), le travail dans certaines atmosphères polluées, ou le contact possible avec des germes pathogènes (professions médicales et para médicales...) est souvent « à risque ». Il faut penser au saturnisme chez les enfants fatigués ayant des troubles de scolarité et vérifier qu’ils ne sont pas en contact avec de vieux enduits ou peintures au plomb. Pensez à l’eau de boisson dans les vieilles cités et vieux immeubles... à la citronnade ayant séjourné dans les poteries traditionnelles, à la vaisselle émaillée, aux verres en cristal. De même l’aluminium peut devenir une cause de fatigue: interrogez sur l’usage des récipients de cuisine, de papier d’aluminium, de médicaments en contenant....Faites tester par un praticien compétent les micro-courants sur le vieux amalgames dentaires. Lorsque l’on suspecte ce type d’intoxication il faut tenter de l’affirmer biologiquement au moyen (par exemple) de tests dynamiques sur la salive et/ou l’urine après prise d’agents chélatants (en général du DMPS). Les dosages capillaires, urinaires et sériques fournissant un profil oligo-élémentaire permettent d’orienter ou de confirmer les hypothèses. Ils suffisent rarement à eux seuls à le faire, mais par contre ils donnent des indications précieuses sur l’équilibre ou la rupture d’équilibre entre les différentes activités enzymatiques en relation avec les minéraux et donc sur la nature des conseils et supplémentations à envisager. On peut dans certains cas proposer de les compléter par d’autres tests dits de « perméabilité intestinale » et de « détoxication hépatique ». Les conseils élémentaires seront de nature diverse pouvant renforcer ceux donnés précédemment: Proposer des régimes et modes de vie détoxicants: c’est la cure de plein air, pourquoi pas la cure thermale ou la cure d’hydroxydase ® à domicile, le régime ou la diète végétarienne limitée dans le temps, la prise de jus de plantes, de fruits et de légumes, les lavements intestinaux ou l’hydrothérapie du côlon, bref tout « l’arsenal de nettoyage » que la naturopathie classique met à disposition. A plus long terme, il faudra préciser le régime et en éliminer tout aliment susceptible d’induire des insuffisances digestives ou des allergies alimentaires. Le régime « type Seignalet », appelé « régime hypotoxique » est une bonne approche: on élimine globalement toutes les céréales et leurs dérivés, sauf le riz, tous les produits laitiers et donc les fromages et l’on essaie de manger le plus cru possible ou du moins le moins cuit (en se gardant des excès de « Burgérisme »). Les explications physiopathologiques afférentes à ce régime sont données dans le livre publié par le Docteur Seignalet ***. On proposera également des supplémentations dites « chélatantes » comme les vitamines C et E, certains acides aminés soufrés, l’histidine ou draineurs lipotropes et dans certains cas ne pas hésiter à pratiquer ou faire pratiquer par un médecin formé à ces techniques des chélations orales, intramusculaires ou intraveineuses utilisant des chélatants traditionnels tels que l’EDTA ou le DMPS... Les infections chroniques (froides ?) On pourrait les ranger aux chapitre « intoxications » ce qu’elles sont ou deviennent à la longue et en réalité. Les plus fréquemment rencontrées mais également les plus mal connues et donc maltraitées sont les infections digestives chroniques à germes dont certains colibacilles ou proteus pathogènes, les klebsielles, borrelioses, chlamydiaes, mycoplasmes, streptocoques, staphylocoques et surtout l’hélicobacter pylorii, les infections à champignons pathogènes et notamment les candidoses, les parasitoses. Il faut savoir rechercher ou faire rechercher une brucellose, une infection urinaire chronique à colibacilles ou proteus. Les chlamydioses chroniques peuvent être gynécologiques ou respiratoires. L’infection chronique à l’hélicobacter est responsable de symptômes digestifs à type de brûlures et régurgitations mais également de fatigues chroniques (et à plus long terme de risques plus lourds). Il en est de même des candidoses. Les colibacilloses chroniques sont souvent liées à des « pseudo dépressions » de type mélancolique. Les infections chroniques post-hépatiques à bacilles parathyphoïdiens sont à l’origine de colopathies chroniques et de fatigues. Il faut bien comprendre que la colopathie elle-même, perturbant la perméabilité intestinale, l’équilibre de la flore (donc l’immunité locale et générale) et finalement l’absorption des nutriments et l’élimination des produits de dégradation (toxines) pourra être à l’origine d’une fatigue chronique voire même d’un état dépressif. Cette fatigue peut être majorée par l’installation d’une insuffisance hépatique chronique que les différents profils protéiques identifieront facilement. Les foyers infectieux chroniques ORL (nez, gorge, oreille, granulomes dentaires, poches gingivales...) sont souvent en relation avec l’infection intestinale chronique: la radio panoramique dentaire et la radio (ou scanner) des sinus doivent être demandés au moindre doute. Comment déterminer l’origine première et fondamentale du trouble? c’est tout l’art du clinicien qui permettra de reconstituer l’histoire de la maladie, d’en définir les grand axes et surtout les moyens les plus simple et plus rapides pour remettre sur pieds. Soyez bien attentifs à l’exercice professionnel, au mode d’habitat (campagne, présence d’animaux à la maison) aux voyages dans les pays à haut risque contaminant tels les pays chauds et n’hésitez pas, en cas de doute à tenter de vous faire confirmer vos hypothèses non seulement par l’intéressé mais aussi par les membres de sa famille. Les infections intestinales peuvent être révélées par une coproculture faite dans un laboratoire spécialisé (voir chapitres 12 et 13), par des sérologies (candidoses, hélicobacter) ou par des prélèvements en milieu spécialisés (fibroscopies). Plus rarement l’analyse d’urine révélera une infection chronique des voies urinaires ou sexuelles (MST). On trouve de nos jours des cas de paludisme larvé évoluant à bas bruit sans que l’indentification biologique (méthode de la goutte épaisse ou frottis sanguin) ne soit positive le jour de sa réalisation. Il est donc important de savoir rapporter l’asthénie aux suites d’un voyage (même très court) en zone infestée. Les infections virales chroniques et récidivantes sont beaucoup plus difficiles à identifier. S’il n’est pas difficile de retrouver des anticorps anti hépatites (A, B ou C...) il l’est plus de retrouver des traces de virus Epstein-Barr (séquelles de mononucléoses infectieuses ou poussées d’une maladie chronique), de cytomégalovirus et surtout d’affirmer la relation directe entre ces agents et la fatigue. Le profil protéique peut donner de précieuses orientations ainsi que les différents examens de l’immunité (immuno électrophorèse, numération des sous populations lymphocytaires...). D’autres causes sont bien évidemment possibles: maladie de Lyme, toxoplasmose, parasitose exotiques... et devront être recherchées dans les cas extrêmes par le praticien. Maladies métaboliques Il ne faut jamais perdre de vue qu’un certain nombre d’affections métaboliques telles des maladies sanguines, hémopathies, leucémies peuvent se traduire, au début, par une simple fatigue d’où l’intérêt de l’hémogramme et de la VS (Vitesse de Sédimentation) dans l’inventaire de toute asthénie. Déficiences et carences Ce chapitre nous fournit la transition vers la recherche de l’origine et du versant psychique de la fatigue: c’est le « vide » de l’organisme ou l’organisme « vidé » qu’il faut remplir globalement ou spécifiquement après ou en même temps que l’on colmate les brèches. Les raisons de ces déficiences peuvent être complexes et multiples: conséquence d’une mauvaise qualité de l’environnement et de l’alimentation ou de mauvaise habitudes de préparation culinaire, de modes de vie ou de traitements médicaux inadaptés ou prolongés inutilement. L’essentiel de ces origines a été développé au cours: des pages 27 à 32 de « Forme et Santé » des pages 45 à 88 de « La Nutrithérapie » La réalité épidémiologique de ces carences et déficiences a été traitée dans le cadre de la troisième partie de ce cours ainsi que dans les pages 46 à 52 de « La Nutrithérapie ». On peut aussi voir le problème par catégories nutritionnelles: Peut- on manquer de vitamine C ? La maladie entraînée par la carence en vitamine C s’appelle « scorbut ». Or un quotidien médical titrait récemment: « cette maladie est en recrudescence ». Pourquoi manque-t’on de vitamine C? Parce que l’on fume, respire des atmosphères polluées, consomme trop d’alcool ou de médicaments. Parce que l’on ne consomme pas assez de fruits et de légumes verts, que l’on cuisine mal, que l’on vit trop vite et trop stressé, que l’on travaille trop ou pratique un sport de façon intensive. Pourquoi manque-t’on de vitamine E? « Enquête Val de Marne, 1991 »: 100 % des adultes, hommes ou femmes de 18 à plus de 50 ans sont déficitaires en VITAMINE E. On connaît également l’étude MONICA qui identifie la corrélation entre déficit en VITAMINE E et accroissement du risque cardio-vasculaire. On risque de manquer de VITAMINE E si l’on ne consomme pas assez d’huiles végétales (germes de blé, chardon, tournesol, soja, olive, carthame), de noisettes, noix, amandes, céréales, poissons, foie, beurre, choux, épinards, asperges, brocolis et œufs. Les besoins sont augmentés en cas de malabsorption intestinale, diarrhée chronique, maladie kystique du pancréas, phénomènes de vieillissement, consommation d’anticonvulsivants (épilepsie, certaines dépressions), prise de pilule anticonceptionnelle, sels de fer, grossesse, syndrome prémenstruel, pollution industrielle. Pourquoi manque-t-on de VITAMINES B? Lors de régimes trop végétariens et manquant d’apports en levures alimentaires, fruits et légumes secs ou œufs. Dans le cadre d’une grossesse, d’allaitement, d’infections intestinales chroniques, de vieillissement, d’alcoolisme chronique, de tabagisme, de contraception orale. Les grands sportifs et les grands brûlés sont souvent carencés. Les traitements antiépileptiques, traitements par la metformine (un antidiabétique), la colchicine (contre les douleurs articulaires occasionnées par la goutte), certains antibiotiques comme la néomycine et d’anti-ulcéreux (de type anti H2) aggravent ou risquent de provoquer une carence. Pourquoi manque-t-on de minéraux? Dans le cadre de carences d’apports: régimes trop végétariens, trop riches en aliments raffinés et déminéralisés ou manquant de fruits de légumes et légumes secs cultivés, conservés et cuisinés correctement. Les infections, les inflammations chroniques ou les affections intestinales de type colitique augmentent les pertes minérales et les besoins. La grossesse, la consommation de phytates en excès due à l’absorption excessive de céréales complètes diminue l’absorption intestinale des minéraux, notamment de zinc. Les hémorragies chroniques qu’elles soient intestinales (varices œsophagiennes, ulcères, hémorroïdes) ou gynécologiques (règles trop abondantes) le privent de fer. Or le fer est engagé dans la synthèse de la dopamine, le neurotransmetteur de l’éveil...La fatigue elle même, le surmenage physique et intellectuel et l’intoxication par les métaux lourds tels que le plomb augmentent en retour les besoins en minéraux essentiels. Pouvons-nous manquer nous de fer? Les carences en fer représentent la déficience nutritionnelle la plus fréquente: 20% de la population mondiale avec des chiffres oscillant entre 9% et 40% chez les femmes jeunes et adolescentes.. Pourquoi les adolescentes en manquent elles particulièrement? A cause de leurs règles abondantes ou rapprochées, de leur alimentation déficitaire en fer et en vitamine C en cuivre et manganèse, cofacteurs indispensables de l’absorption du fer, de la pratique intensive d’un sport ou du surmenage scolaire qui augmentent les besoins. Ces deux dernières causes concernent également les adolescents et les hommes jeunes. Quels sont les autres groupes a risque ? Les nourrissons et les enfants nourris avec des laits inadaptés et non supplémentés en fer; les femmes après leur grossesse et plus encore lorsqu’elles allaitent, les personnes âgées. Et de zinc ? Le zinc se trouve en quantité dans les viandes, les poissons, les fruits de mer, les céréales complètes et les légumes secs. Mais l’état de notre tube digestif, la consommation en excès de pain complet, les régimes trop végétariens peuvent modifier considérablement nos concentrations de zinc et conduire à des états de déficience aux conséquences multiples. Pourquoi manque-t’on d’acides aminés? Essentiellement dans le cadre de régimes déséquilibrés manquant d’apports protéiques: régimes végétaliens, végétariens ou macrobiotiques ou dans le cadre de symptomatologie de vieillissement et de malabsorption intestinale. La pratique sportive intensive, les convalescences, suites de brûlures et opérations chirurgicales augmentent les besoins en protéines et acides aminés. Toutes ces déficiences, complexes et intriquées vont nous conduire progressivement du trouble banal, passager, fonctionnel et curable à la vraie maladie organique, lésionnelle et parfois définitive. La fatigue chronique et prolongée doit donc, et dans tous les cas, être considérée comme un possible signe avant coureur de cette évolution... Les pertes nutritionnelles C’est l’anémie ferriprive, conséquence de saignements occultes qu’ils soient d’origine digestive ou gynécologiques.... ou la fuite protéique d’origine rénale, les troubles thyroïdiens par carence iodée ou l’hypotension par manque de consommation de sel... C’est aussi l’augmentation des besoins nutritionnels chez les adolescents et adultes surmenés, physiquement ou intellectuellement, à des stades particulièrement sensibles de leur évolution, comme la puberté, la grossesse, l’allaitement. C’est encore ce que l’on peut considérer comme à la limite de l’erreur méthodologique qu’il s’agisse de discipline personnelle ou de thérapie médicale: la grossesse, l’accouchement, l’intervention chirurgicale ou la convalescence mal préparés et mal « réparés » au plan nutritionnel. LE VERSANT DEPRESSIF DE LA FATIGUE Ainsi que nous l'avons déjà dit le symptôme "dépression" peut être confondu avec la simple fatigue ou le... "ras le bol" prolongé qui n'est pas exceptionnel. D'autres symptômes peuvent le masquer ou l'annoncer: le "mal au dos", le "mal au ventre" ou "la migraine"... et divers troubles de l'attention et de la mémoire. Ce sont les fameuses "somatisations" ou expression par un symptôme bien physique de ce qui est, en fait, une dépression évolutive ou cachée, un syndrome maniaco-dépressif où les phases d'hyperactivité maniaque alternent avec les phases d'abattement, de grande fatigue et dépression... Le diagnostic de dépression doit être confirmé médicalement. Il existe des tests qui permettent de le suspecter et de l’affirmer. Mais le médecin peut être abusé. Il y a donc beaucoup de dépressifs "qui s'ignorent" et qui font les "choux gras" des multiples "relaxologues" et autres spécialités qui, quelles que soient la valeur théorique des possibilités thérapeutiques (homéopathie, acupuncture, sophrologie, massages...) ne peuvent pas être correctement exercées à partir d'un faux diagnostic ou même d'une absence de diagnostic. La dépression est difficile à reconnaître et à diagnostiquer. Elle est trop souvent traitée à travers, et par ses symptômes: anxiété, angoisse, insomnie, douleurs musculaires. C'est une mauvaise méthode qui conduira au fameux et très abusif usage des divers tranquillisants dont on sait que la France détient le triste record mondial. Prenons donc exemple sur d'autres pays où il n'est pas question de "traiter" une dépression sans chercher à en reconnaître les causes et à proposer à l'intéressé d'y remonter et surtout d'y remédier: éducation, cadre de vie, culture, milieu familial et/ou professionnel... C'est alors, et une fois cette démarche proposée, que l'usage "intelligent" des médicaments "antidépresseurs" peut être éventuellement envisagé. Et c'est au cours de l'accomplissement de cette démarche que l'on pourra identifier ce qui nous intéresse ici: LES FACTEURS NUTRITIONNELS DE LA DEPRESSION Car, qu'est-ce qu'un "antidépresseur" sinon une molécule qui vise à favoriser la bonne transmission de l'influx nerveux. Or nous savons que cette transmission se fait grâce un support "chimique" que l'on nomme "neuromédiateur". Ces neuromédiateurs ne peuvent être correctement synthétisés et modulés que si l'état nutritionnel de l'individu est satisfaisant. Entre le "nutritionnellement correct" et "l'optimum nutritionnel" il peut y avoir de grandes différences d'humeur, de forme, de moral et... de plaisir à vivre. LA DIETETIQUE Combien d'erreurs et de misères se cachent derrière les mots: « ni trop, ni trop peu, de tout un peu et un peu de tout... » C'est dire qu'il n'y a pas de diététique antidépressive, mais que toutes les erreurs, y compris la sur- et la sous-alimentation sont susceptibles d'altérer la "chimie" de notre système nerveux. N'oubliez pas de prendre en compte tous les facteurs de bonne absorption digestive: colites chroniques, notamment à candida-albicans, hypo- et hyperglycémies, intolérances et allergies alimentaires, mauvais état de la dentition, usage de certains médicaments ou aliments perturbant l’absorption des nutriments. LA SUPPLEMENTATION NUTRITIONNELLE DES ETATS DEPRESSIFS - La vitamine C: L'un des premiers signes du scorbut est justement la dépression et la fatigue. Combien d'entre nous risquent d'être en état de sub-carence ou déficience en vitamine C et donc en état plus ou moins occulte de "pré-scorbut"? Nous ne connaissons pas la réponse et nous ne la connaîtrons pas avant que les chercheurs ne nous aient donné les moyens de la déterminer précisément, pour chacun d'entre nous, individuellement. Alors en attendant n'hésitez pas: prenez un à deux grammes par jour, sous forme de comprimés à "action prolongée" et mangez des agrumes, des pommes de terre, des radis, du cresson, des kiwis, du persil... - Les vitamine B1 (thiamine), B5 (acide pantothénique) et B6 (pyridoxine) doivent être systématiquement conseillées à des doses de 100 milligrammes par jour et parfois pendant de courtes périodes à doses plus fortes. Des doses orales plus fortes de 100 à 200 milligrammes de B1 plusieurs fois par jour peuvent être rapidement efficaces. La vitamine B5 peut être administrée à doses encore plus fortes, c’est à dire de plusieurs grammes par jour. Toutes ces doses sont réduites progressivement lors de l’amélioration Elle sont nécessaires à la synthèse des neurotransmetteurs (monomamine) et participent à la conversion du tryptophane en sérotonine. Cette sérotonine est essentielle à la "bonne humeur", à la bonne qualité et à la bonne architecture du sommeil qui s'exprime par le fait de rêver. C'est pour cela que l'on appelle souvent la vitamine B6: "gardienne des rêves" car le fait de ne pas rêver peut témoigner d'une carence en cette vitamine. - Le zinc et le manganèse doivent toujours être associés à la vitamine B6 dont ils sont les cofacteurs. Le zinc est souvent conseillé, dans cette indication, sous forme de gluconates (ampoules à 10 milligrammes),de colloïdes (15 milligrammes par ampoules), de sulfate (10 à 200 milligrammes de ZINC élément) et pour certains sous forme d'orotates et de comprimés chélatés aux protéines. Les sujets dépressifs sont très souvent carencés en zinc, ce qui est relativement facile à vérifier biologiquement. Certaines structures de notre cerveau (hippocampe) sont très riches en zinc et probablement très sensibles à des sub-carences en ce métal. Le manganèse est conseillé, en tant que cofacteur du zinc, à la dose de quelques milligrammes. - L'acide folique (vitamine B9) est souvent déficitaire chez les dépressifs en particulier chez les personnes âgées qui ont une mauvaise absorption gastrique intestinale et une nourriture trop monotone et/ou insuffisante. Ce sont aussi ces mêmes personnes qui souvent prennent des "médicaments" perturbant l'absorption de cette vitamine. Une supplémentation de l'ordre de 5 à 30 milligrammes par jour est parfois et très rapidement efficace sur de nombreux symptômes liés à la dépression (tristesse, mélancolie). La voie parentérale (injections intramusculaires à 5 ou 50 milligrammes) est nécessaire (et plus rapidement efficace) lorsque les problèmes digestifs sont importants. - Le zinc et l'acide folique sont essentiels dans le cadre de la supplémentation non hormonale (parfois en adjuvants de la supplémentation hormonale) lorsque les états dépressifs sont provoqués ou aggravés par la survenue d’une ménopause ou préménopause. - La vitamine B12 (cobalamine) est presque systématiquement associée à l'acide folique, bien que les carences vraies soient très rares. On conseille une injection intramusculaire à 1 000 ou 2 500 micro-grammes, une à trois fois par semaine. Les prises orales répétitives mais surtout perlinguales peuvent remplacer les injections - On a toujours intérêt à associer aux deux vitamine B ci-dessus les vitamines B "complexe" et plus particulièrement les vitamines B1 (thiamine), B2 (riboflavine), B5 (acide pantothénique) et B8 (biotine) qui ont été testées avec succès dans certains états dépressifs (ANTI STRESS 600, MAXIVI, PANTO 500 Vit’all +). - Les déficiences en fer provoquent des états asthéno-dépressifs qui, chez la femme, sont cycliquement réactivés après les règles. L’analyse sanguine de la ferritine qui précise le niveau des "stocks" de fer donne des résultats systématiquement trop bas. D'autres sujets ont, tout au long de leur vie, une mauvaise absorption du fer qui induit des états chroniques de dépression psychique et immunitaire ainsi que des insuffisances endocriniennes (hypothyroïdies). - L'équilibre magnésio-calcique est fondamental. Il faut vérifier les taux sanguins de et supplémenter en conséquence. Les médecins rompus à ce type d'approche savent conseiller, en fonction de chaque cas particulier, les justes doses et sels de magnésium, et les sels à utiliser (sulfates, chlorures, lactates, pydolates, aspartates et orotates) en fonction de l'importance, du site du déficit et de son mode d’expression clinique . La prise concomitante de taurine peut considérablement améliorer l’efficacité du magnésium. - Beaucoup de dépressifs ont des taux relativement bas de potassium. L'hypokaliémie doit être systématiquement corrigée ainsi que d'ailleurs l'hyponatrémie (taux de sodium bas). Une correction diététique conseillant d'une part de saler avec du "sel gris de mer" (qui apporte, en plus du sodium, tous les micro-nutriments marins) , et d'autre part suffisamment de bananes, pamplemousse, levure de bière, abricots, fruits secs, lentilles... afin d'apporter le potassium permettant souvent d'éviter le recours aux supplémentations. La pratique des profils oligo-élémentaires sanguins révèle souvent, chez les dépressifs, des taux abaissés de rubidium (un métal assez proche du lithium). On peut supplémenter ou conseiller certains aliments (betterave rouge) qui en contiennent. Lorsque, et c'est souvent le cas, des états allergiques sont associés aux états dépressifs, on sera particulièrement attentif à la ration lipidique et à vérifier l'absence de carences d'apport ou d'absorption en acides linoléiques et linoléniques. Les acides gras oméga 6 seront utiles à la dose de quatre à six capsules par jour à 500 milligrammes d'huile d’onagre ou de bourrache. On sera également attentif, et tout spécialement chez les personnes âgées ainsi que chez les sportifs et les surmenés, aux éventuelles carences en acides aminés et donc en PROTEINES. La supplémentation en sachets ou barres de PROTEINES SOLUBLES de haute valeur biologique est souvent nécessaire et donne de très bons résultats: les déficiences en acides aminés sont certainement beaucoup plus fréquente qu’on ne l’imagine chez les personnes fatiguées, âgées ou médicamentées et ces préparations de protéines permettent de les combler plus facilement. - La PHENYLALANINE est un acide aminé précurseur de la DOPAMINE de la NORADRENALINE, de l'ADRENALINE et de la PHENYLETHYLAMINE qui est un métabolite à effet stimulant sur l'humeur et l'activité que l'on trouve dans le chocolat qui lui doit donc ses effets antidépresseurs. - La L-PHENYLALANINE, présente dans les protéines animales, elle a des propriétés antidépressives propres mais est également un précurseur d'un autre acide aminé: la L-TYROSINE. - La L-TYROSINE a une valeur nutritionnelle et protéique mais elle est très souvent utilisée, seule en lieu et place des antidépresseurs dont elle n’a pas les contre-indications (il faut cependant, comme avec la L-PHENYLALALANINE, être prudent chez les sujets hypertendus). En aval de la phénylalanine, la L-TYROSINE est un acide aminé stimulant de l'humeur car précurseur de la DOPAMINE et de la NORADRENALINE. Elle aide à réguler les états d'hyperinsulinisme que l'on retrouve souvent chez les sujets sensibles au stress et dépressifs. La glande thyroïde l'utilise afin de fabriquer la thyroxine et l’hypothyroïdie clinique et biologique est souvent intriquée avec des états de fatigue et de dépression. La tyrosine est conseillée à des doses pouvant aller jusqu'à six grammes par jour (prescription « médicale » de certains psychiatres!). - La DL-PHENYLALANINE, apporte la PHENYLALANINE sous ses deux formes (D- et L-PHENYLALANINE) complémentaires dans le cadre de la supplémentation des états dépressifs. Elle doit être prise, sur un estomac vide, à doses croissantes depuis un comprimé à 500 milligrammes jusqu'à quatre à six, en fonction de la réponse du patient. Elle est formellement contre-indiquée chez les sujets souffrant de phénylcétonurie (une maladie métabolique rare) et chez ceux qui seraient soignés avec des antidépresseurs du type "monoamine oxydase". Il faut savoir qu' à des doses supérieures à deux grammes par jour, elle peut provoquer des maux de tête, des états d'excitation, de la constipation, nausées, insomnies, de l’hypertension artérielle chez des sujets prédisposés et nécessite donc une surveillance médicale.. La phénylalanine, qu'elle soit utilisée pour contribuer au traitement des états dépressifs ou pour stimuler ses capacités cérébrales et réduire son appétit est toujours plus efficace lorsqu'elle est prise avec 100 à 200 milligrammes de VITAMINE B6 (PYRIDOXINE). Le L-TRYPTOPHANE, du fait de la contamination de certains lots de provenance japonaise par une impureté qui provoqua des accidents dont certains furent mortels n'est plus disponible sous forme de suppléments nutritionnels. Le GABA (acide gamma aminobutyrique) est un neurotransmetteur déficitaire. Les vitamines B augmentent sa synthèse mais il peut être apporté sans danger, directement à l’alimentation. (GABA 250 Vit’all +) L'association de L-5-HYDROXYTRYPTOPHANE, disponible, sur prescription médicale et en pharmacies (200 milligrammes par jour, en moyenne) et de L-TYROSINE est particulièrement efficace dans de nombreux états dépressifs. - L'ACIDE L-GLUTAMIQUE (400 à 1 200 milligrammes) souvent associé à la vitamine B6 améliore les capacités d'éveil et de mémorisation ainsi que la conduction nerveuse. Si tous ces nutriments et micro-nutriments ne permettent pas à eux seuls de traiter des états dépressifs ils permettent presque toujours d'améliorer l'efficacité des antidépresseurs, de reculer le recours à ces molécules et de diminuer les doses ainsi que les durées de traitement. Enfin il ne faut pas oublier, dans ce cadre spécifique, de rechercher les signes cliniques et la présence dans notre organisme de certains xénobiotiques tels les métaux lourds (cadmium, plomb, mercure...) qui, en "prenant la place" de nutriments essentiels (zinc) peuvent considérablement perturber le fonctionnement de notre système nerveux. Dans tous les cas la recherche étiologique d’une fatigue, quelle que soit son expression et sa forme représente un excellent exercice de nutrithérapie orthomoléculaire et de prévention active nutritionnelle. Défatiguez quelqu’un c’est non seulement lui rendre service aujourd’hui mais c’est plus encore lui éviter de faire, demain, l’expérience malheureuse de la maladie.