Le jubilé de la miséricorde et “l`Indulgence”
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Le jubilé de la miséricorde et “l`Indulgence”
Le jubilé de la miséricorde et “l’Indulgence” décentralisée L’annonce de l’Année Sainte de la miséricorde, par le Pape François, a réjoui les membres de nos communautés paroissiales ou autres. La possibilité que cette Année Sainte ait lieu dans les diocèses et qu’y soient donc ouvertes une ou plusieurs Portes Saintes permettra au plus grand nombre de vivre ce jubilé. Le jubilé trouve ses origines et son sens dans l’Ancien Testament : « Lorsque tu auras compté sept semaines d’années, c’est-à-dire 49 ans, du 9 au 10 du septième mois tu feras sonner du cor, ce sera le Jour du Pardon, et tu feras sonner du cor dans tout le pays. L’année des 50 ans sera pour vous une année sainte où vous proclamerez l’affranchissement pour tous les habitants dans le pays : ce sera pour vous le Jubilé. Chacun reprendra sa propriété, chacun retournera dans sa famille. » (Lévitique 25,9-10) Il s’agissait d’une remise de dettes permettant à chacun de revenir à sa situation sociale d’origine, retrouvant, entre autres, la propriété de ses biens. C’était une manière de mettre fin au développement d’une réelle inégalité entre les personnes, inégalité qui pouvait s’accentuer de génération en génération. Reprise par l’Église, cette institution a acquis une nouvelle signification liée à la présence du Christ dans le monde et au désir du croyant de retrouver la pleine communion avec Lui alors que le péché a blessé et affaibli cette présence dans sa vie. Le Jubilé prend alors la forme d’un pèlerinage. Il s’agit de vivre une démarche qui amènera la personne à franchir une porte appelée “Porte Sainte”. La symbolique de la porte manifeste la conversion, le changement de vie, le passage d’un état à un autre, le passage d’une vie blessée par le mal à une vie enveloppée par l’amour du Christ rendu visible dans son pardon. Cette démarche comprend une demande de pardon que l’on reçoit dans le sacrement de la réconciliation, une participation renouvelée au sacrement de l’Eucharistie et une prière aux intentions que le Pape porte dans son cœur pour le bien de l’Église et du monde entier. C’est le désir d’être libéré du mal commis (péché) et le désir de conversion (changer sa manière de vivre) qui, pour une personne, sera à la base d’une démarche jubilaire. Un des fruits du Jubilé est l’Indulgence plénière 1. « Indulgence » est le mot utilisé pour désigner une réalité simple mais facilement identifiée : celle de la conscience très fine, de la part de chacun, des conséquences du mal qu’il commet et qui restent inscrites dans l’histoire. Prenons un exemple : si j’ai gravement nui à la réputation de mon prochain par mes paroles ou mes récriminations, je peux le regretter mais ce qui est posé est posé. Restent toujours cependant des séquelles de mon péché. Si le pardon accordé, et particulièrement dans le sacrement de la réconciliation, restaure la relation à Dieu et aux autres, que peut-on faire en effet avec les séquelles plus ou moins importantes et les conséquences irréparables du péché commis puisque je sais que je ne peux jamais réparer totalement les conséquences du mal que j’ai fait ? C’est alors que l’Église a toujours considéré que Dieu, dans sa grande bonté, avec indulgence, ne nous laissait pas dans cette situation pénible mais qu’au moment de notre rencontre avec Lui, ce moment de vérité lumineuse qu’est la mort, Il nous permettra que soient réparées les conséquences de nos fautes. C’est ce que la tradition appelle le Purgatoire. Mais durant sa vie, chacun peut déjà demander cette indulgence à Dieu. On peut la demander pour les défunts, en raison de la communion des Saints, cette fraternité de grâce qui nous unit sur cette terre et ne disparaît pas avec la mort. Le 1er septembre le pape François a adressé une lettre à Mgr Rino Fisichella accordant l’indulgence à l’occasion du Jubilé extraordinaire de la miséricorde. Toute personne pourra 1 Pour mieux comprendre encore l’Indulgence, un article paraîtra dans « Église en Savoie » de décembre et on peut se reporter aux n° 1471-1479 du Catéchisme de l’Église Catholique. l’obtenir en franchissant une des Portes Saintes ouvertes dans les diocèses ; pour nous en Savoie : à la cathédrale de Chambéry, à la cathédrale de Saint Jean de Maurienne, à la cathédrale de Moûtiers, au sanctuaire Notre Dame de Myans. Le franchissement de cette porte, ouverte avec cette fonction uniquement durant l’Année Sainte, devra se faire dans les conditions du pèlerinage rappelées ci-dessous. Avec beaucoup de générosité et de bienveillance, le pape François pense aussi à ceux qui ne peuvent pas se déplacer et donc franchir une Porte Sainte. Les personnes malades, âgées et seules : « Vivre avec foi et espérance joyeuse ce moment d’épreuve, en recevant la communion ou en participant à la Messe et à la prière communautaire, également à travers les divers moyens de communication, sera pour elles la façon d’obtenir l’indulgence jubilaire. » Les personnes détenues : « Dans les chapelles des prisons, elles pourront obtenir l’indulgence et, chaque fois qu’elles passeront par la porte de leur cellule, en adressant leur pensée et leur prière au Père, puisse ce geste signifier pour elles le passage de la Porte Sainte, car la miséricorde de Dieu, capable de transformer les cœurs, est également en mesure de transformer les barreaux en expérience de liberté. » Imaginons ce que peut signifier pour un détenu franchir cette Porte Sainte et l’indulgence plénière pour les conséquences qu’il a fait! Le pape François ajoute que cette indulgence plénière pourra aussi être obtenue pour les défunts et pour soi à travers une œuvre de miséricorde corporelle et spirituelle (cf. Bulle « le visage de miséricorde » n°15). Il donne aux prêtres le pouvoir d’absoudre le péché d’avortement alors que pour ce péché l’évêque doit donner l’autorisation d’absoudre. Il donne cette possibilité car « l’un des graves problèmes de notre temps est sans aucun doute le changement du rapport à la vie. Une mentalité très répandue a désormais fait perdre la sensibilité personnelle et sociale adéquate à l’égard de l’accueil d’une vie nouvelle » écrit-il. Il considère aussi que les prêtres qui ne sont pas en communion avec lui et les évêques (Fraternité Saint Pie X) pourront aussi absoudre les péchés de ceux qui s’approchent d’eux pour recevoir le sacrement de réconciliation. Oui, cette exceptionnelle Année Sainte de la miséricorde est un beau cadeau. Elle ne s’ajoute pas aux autres actions pastorales, au contraire elle s’insère en elles, elle permet à tous de cheminer et de repartir dans la foi et l’espérance. Merci au pape François de nous permettre de vivre cette démarche du Jubilé au cœur de notre Savoie ! Ph. Ballot