Les charmes de la culture A chacun son histoire et son origine
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Les charmes de la culture A chacun son histoire et son origine
lundi 7 juin 2010 2 INTRO Le festival multiculturel a eu lieu ce week-end au centre de Differdange Un festival qui a trouvé sa place Les charmes de la culture Le traditionnel festival multiculturel a eu lieu ce week-end à Differdange. Il s'agit de la troisième ville du pays en termes de population, avec plus de 21.500 habitants. Parmi eux, le nombre d'étrangers est en constante progression. Ainsi, fin mai 2010, près de 49 % des Differdangeois n'étaient pas luxembourgeois. Aucune statistique officielle n'est disponible, mais, selon des sources proches de l'administration communale, cette population étrangère serait constituée de plus de 90 nationalités venues de tous les coins du monde. Parmi celles-ci, les Portugais représentent une communauté forte de 7.289 unités, soit environ 46 % de la population étrangère. Viennent ensuite les Italiens, les ressortissants de l'ancienne Yougoslavie et des personnes issues des trois pays voisins. La démographie de Differdange est elle aussi en constante mutation et les divers projets urbanistiques lancés par la Ville et ses partenaires privés prévoient plus de 25.000 habitants à Differdange dans les prochaines années. Parallèlement à la population, la vie culturelle locale s'est également développée et aujourd'hui manifestations musicales et sportives et fêtes locales marquent le quotidien de la ville, à l'exemple du festival multiculturel. Textes et photos: Carlos de Jesus Des centaines de spectateurs et de visiteurs se sont retrouvés ce week-end sur la place du Marché de Differdange afin d'assister et de participer aux différentes manifestations organisées dans le cadre du festival multiculturel, aussi appelé week-end des cultures. ■ Cette manifestation est une organisation commune de la commission consultative pour étrangers et du service culturel de la Ville de Differdange. Organisé depuis bientôt quinze ans, le festival multiculturel a évolué au fil du temps. Cette année, c'était la quatrième fois qu'il était proposé dans sa forme actuelle, mêlant gastronomie, musique et cultures. Le festival a démarré en douceur samedi, comme si le soleil radieux qui brillait sur la ville incitait davantage à une promenade en forêt qu'à une balade au milieu des stands gastronomiques. Pourtant la cuisine était variée et alléchante: bananes plantains frites et poulet à la sauce arachide de Côte d'Ivoire, frites et grillades à la luxembourgeoise, porchetta italienne, bifanas du côté portugais, poissons grillés du Cameroun, nouilles sautées à la mode thaïlandaise et acras de Guadeloupe. Au cours de la journée, la situation a cependant rapidement évolué. En milieu d'après-midi, la place du Marché était ainsi bien remplie, le public s'étant installé sous les parasols et les tentes, à la recherche d'un peu d'ombre, appréciant la bonne musique et goûtant par exemple une caipirinha du stand brésilien. Les enfants se sont mis eux aussi aux couleurs du festival. Au Le groupe Morenas Do Brasil a fait danser le public au son de la samba stand de face painting, leur visage prenait des couleurs variées et se parait de motifs bigarrés. Les ressortissants africains ne se sont pas contentés de montrer leurs talents culinaires. Un défilé de mode a été improvisé et boubous, tuniques et autres pièces vestimentaires arborant les couleurs chatoyantes d'Afrique de l'Ouest ont été présentés sur le podium, sous les applaudissements du public. De son côté, le stand togolais a montré toutes les facettes de l'artisanat local à travers des statuettes et des bijoux. Au niveau musical, les organisateurs n'avaient pas lésiné sur la programmation. Le festival a dé- buté par du jazz, avec la formation luxembourgeoise «Sniff the Sushi», une allusion à la préférence culinaire du chef de la bande. Le voyage s'est ensuite poursuivi en direction de l'Afrique, avec les mornas, batuques et caladeiras capverdiennes mises à la mode par la diva aux pieds nus Cesaria Evora et portées par le groupe «5th Element». Puis le Brésil a été représenté par quatre jolies jeunes filles et trois athlétiques garçons qui ont entraîné le public dans les rythmes chauds de la samba et dans les danses acrobatiques de la capoeira. Place ensuite au groupe «Onda Cubana», qui a transporté le public du côté des Caraïbes au son de la musique cubaine apportant une véritable fraîcheur exotique. La soirée pour sa part a permis un retour aux sons africains avec «Mdungu». Une section de cuivres, une autre rythmique dynamique, des guitares lyriques et une pincée de voix ont été les pierres angulaires du son «Mdungu». Un mélange de funk, rock, jazz et samba, joué avec du cœur et de l'âme qui n'a pas laissé les spectateurs indifférents. La journée d'hier était elle aussi placée sous le signe des rythmes et chansons du monde entier, à commencer par le Portugal et son groupe d'accordéonistes, puis les hits italiens entonnés par Roberto Messineo. L'après-midi fut de nouveau placé sur les rythmes sud-américains avec la venue d'Alberto Caicedo et de ses dix musiciens qui ont présenté de la salsa colombienne. La musique locale ne devant pas faire défaut, le festival s'est achevé avec le duo luxembourgeois «Sandy & Rol». Amateurs de musiques, de cultures et de gastronomie exotiques ont donc trouvé leur bonheur, ce week-end à Differdange. Les bénévoles présents à la manifestation sont à l'image des musiques et traditions proposées A chacun son histoire et son origine Tout comme les musiques proposées au festival multiculturel de Differdange, les bénévoles présents sur les différents stands ont eux aussi leur propre histoire et origine. ■ Sally est Ivoirienne. Il y a onze ans, l'amour lui a fait quitter Abidjan et du jour au lendemain, elle s'est retrouvée à Differdange. Son histoire lui a donné deux enfants et si c'était à refaire elle le referait. Avec les autres Ivoiriens elle parle djioula, mais elle a suivi des cours de luxembourgeois. Dans le stand italien, les «vrais» Italiens ne sont plus très nombreux. Fils et petits-fils d'immigrés, ils se sont intégrés dans la vie locale et quand on leur demande pourquoi leur association s'appelle «Italia Libera» («Italie libre»), ils rappellent que l'association a été créée en 1946 à une époque où la liberté n'était pas une évidence dans des pays Sally est Ivoirienne. Elle vit au Grand-Duché depuis onze ans. Aujourd'hui, elle parle toujours djioula, mais a suivi des cours de luxembourgeois. qui sortaient du conflit mondial. Originaire du Cameroun, Hilbert Blanche avait vingt-cinq ans lorsqu'elle a découvert une carte postale du Luxembourg. Ce jour-là, elle s'est juré que si jamais elle devait immigrer en Europe, ce serait au Luxembourg. Aujourd'hui elle réside au Grand-Duché depuis bientôt seize ans et, cuisinière de formation, elle va bientôt ouvrir le premier restaurant proposant de la cuisine africaine et spécialement camerounaise au Luxembourg. Créée en 2008, la Fédération des associations africaines de Luxembourg (FAAL) était également présente à Differdange. Elle est un embryon de l'unité africaine au Luxembourg et une structure de contact entre le pouvoir public luxembourgeois et les associations africaines afin de réaliser une intégration harmonieuse dans une société multiculturelle. Son slogan «ZO Kwe ZO» en langue sango de la République centrafricaine signifie «Un Homme en vaut un autre» et met, tout comme l'association, l'accent sur l'importance de la lutte contre les discriminations. A l'image des Italiens, une bonne partie des Portugais présents au festival appartiennent à la deuxième, voire à la troisième génération. Certains sont devenus Luxembourgeois entretemps, d'autres sont restés Portugais mais voient la loi sur la double nationalité d'un bon œil. Une chose leur est commune: ils ont des liens forts avec leur pays d'origine. Alors ils continuent de défendre et de populariser leurs traditions et gastronomie à l'aide de groupes folkloriques ou par leur présence dans des fêtes et rencontres. Suphatsara est Thaïlandaise. Venue rendre visite à sa sœur il y a dix ans, elle y a rencontré celui qui est aujourd'hui devenu son mari et elle ne regrette pas son choix. Elle espère même un jour devenir Luxembourgeoise grâce à la double nationalité. Ces quelques exemples, parmi tant d'autres, montrent de quelle façon la population luxembourgeoise peut s'enrichir au fil des années et des générations pour devenir cette société multiculturelle riche en couleur qu'elle est actuellement et qu'elle sera à l'avenir.