Petit memento crawl et dos

Transcription

Petit memento crawl et dos
Petit mémento pour les entraîneurs
Crawl et dos
Journée départementale de formation Haute-Savoie
26 mars 2014
14 h 16h : séance en salle
16h-18h : entraînement
Marc BEGOTTI
Un thème formulé par des questions essentielles :
« - La qualité de la propulsion en crawl et en dos...
- comment l’évaluer ?
- l’améliorer ?
- l’automatiser ? »
Avant de commencer…
Connaître les performances réalisés par les meilleurs nageurs de crawl et de
dos permet de situer l’écart qui les séparent des nageurs que vous entraînez
A titre indicatif…
records du monde du 100 m crawl : 46’’91 pour les hommes, 52’’07 pour les femmes
records du monde du 100 m dos : 51’’94 pour les hommes, 58’’12 pour les femmes
-1-
Afin d’avoir une vision fonctionnelle de ce qu’il doit
enseigner, l’entraîneur doit avoir une représentation
fondée de la locomotion* dans l’eau
* « action de se déplacer » qui inclue et dépasse la notion de propulsion
Principes d’action valables dans toutes les nages
•
Comme pour toute locomotion, déplacer sa propre masse impose de
prendre appui périodiquement sur une autre masse (la masse d’appui).
•
Le nageur est un projectile qui passe à travers l’eau et qui est constamment
freiné par la résistance de l’eau
•
Comme toute locomotion non ondulante la natation est une activité cyclique,
« ce projectile » doit périodiquement prendre appui sur une masse d’eau
pour se ré accélérer (et plus l’accélération l’a amené à une vitesse élevée, plus
il est freiné…)
•
La vitesse moyenne de déplacement du nageur est constituée
d’accélérations et de freinages (il n’y a jamais de vitesse constante, même
dans les nages alternées).
•
Pour accélérer sa propre masse le nageur doit pulser une masse d’eau vers
l’arrière à une vitesse supérieure à la vitesse de son propre déplacement
Une représentation du fonctionnement du nageur qui dépasse les apparences que
sont les mouvements :
Le nageur est simultanément et successivement projectile (toujours) et propulseur
(périodiquement)
Projectile, le nageur :
- S’immerge (l’eau s’écoule tout autour de son corps) cela annule la résistance de vague
- S’oriente selon l’horizontale
- S’aligne pour faire coïncider l’axe de son corps avec celui du déplacement (réduction du
maître couple)
- Se rend indéformable pour mieux déformer l’eau
Propulseur, le nageur pour accélérer périodiquement sa masse pulse
- Une grande masse d’eau (surface motrice)
- Dans la direction du déplacement
- En sens contraire
- En profondeur
- Au moyen de forces d’intensité croissante (afin d’accélérer la masse d’eau à une vitesse
supérieure à sa vitesse de déplacement)
Le temps mis pour nager une épreuve est le résultat des actions mises en œuvre par le
nageur.
-2Afin d’évaluer le niveau de fonctionnement utilisé par
le nageur pour se déplacer en crawl et en dos
l’entraîneur doit disposer d’un recueil d’observables
et se donner les moyens d’observer rationnellement
Observables portant sur :
- La posture : tête, alignement, indéformabilité
- Les propulseurs : forme, orientation,
trajectoire, amplitude, vitesse, rythme
- La ventilation : expiration, inspiration,
fréquence, mobilisation de la tête
Des images vidéo sous marines permettent
d’évaluer le niveau d’action des propulseurs
Pour observer nous devons disposer :
- D’une séquence enregistrée d’images sous marines de 2 cycles : le nageur
passe perpendiculairement à l’axe de la caméra, qui elle, reste fixe.
-
D’un ordinateur et d’un projecteur permettant des défilements d’images
« en avant » et « en arrière » et image par image (30 images seconde)
Armé de notre grille d’observation, nous devons construire un système de repères de
l’espace et du temps pour analyser de façon rationnelle l’action des propulseurs du
nageur.
Ce système de repères est constitué d’un ensemble de points « remarquables » qui marqueront
le trajet des propulseurs dans l’espace mais aussi leur vitesse de déplacement.
La séquence est projetée image par image (25, 30 ou 60 images à la seconde) sur un tableau
blanc et les différents points seront matérialisés avec un feutre :
- « Le point d’entrée dans l’eau » : point ou la main traverse la surface de l’eau
- « Le point avant » : point ou la main change de direction et se dirige vers l’arrière après s’être
dirigée vers l’avant.
- « Le point profond » : point le plus profond du trajet aquatique du bout des doigts
- « Le point de fin de poussée » : point ou la main sort de l’eau
- « La verticale de l’épaule » : verticale imaginaire qui passe par l’épaule, et qui sépare l’espace
avant du nageur de son espace arrière. Lorsque l’avant bras et la main franchissent cette ligne un
changement de groupe musculaire s’opère on passe de la traction à la poussée.
- Du point avant au point de fin de poussée, une série de segments « coude - bout des doigts »
matérialisés toutes les 2 images et qui nous indiquent l’orientation de la pale mais aussi sa vitesse
de déplacement grâce aux intervalles entre les segments.
PE
PAV
PFP
PP
(1) Le grand axe du corps doit être aligné sur l’axe de déplacement
La tête du nageur, son bassin, et l’axe de déplacement sont ils alignés ?
2) Le nageur doit prendre appuie sur une grande masse d’eau
La pâle « main /avant-bras » est-elle construite au point avant ?
3) Le nageur doit pulser cette masse d’eau dans la direction du déplacement et en sens contraire
La pâle se dirige t’elle parallèlement à l’axe du corps, est-elle orientée vers l’arrière ?
4) Le nageur doit pulser cette masse d’eau en profondeur
La pale pulse t’elle la masse d’eau au niveau du point profond ?
5) Le nageur doit pulser la masse d’eau dans son espace arrière
La pâle est-elle orientée au delà de la verticale de l’épaule, reste t’elle en profondeur au delà de la verticale de
l’épaule ?
6) La poussée doit s’effectuer à une vitesse supérieure à la traction
Le nombre d’images est-il inférieure sur le trajet « poussée » au nombre d’images du trajet « traction »
7) Le passage de la traction à la poussée (changement de groupes musculaire) doit s’opérer sans décélération
Quand la main passe la verticale de l’épaule les intervalles entre les images s’espacent t-ils (accélération) ou
se réduisent-ils (décélération) ?
8) La pâle doit être orientée vers l’arrière à la verticale de l’épaule
Est-ce bien la main qui passe (avant le coude) la ligne imaginaire de la verticale de l’épaule ?
9) La phase propulsive doit se produire sur un trajet important
Entre le point avant et le point de fin de poussée, la pâle est-elle orientée et en constante accélération sur ce
trajet
10) Le nageur doit exercer une force d’intensité croissante sur la masse d’eau
Les intervalles entre les images pendant laquelle la pâle est orientée vers l’arrière s’espacent- ils ?
-3-
Pour enseigner des savoirs faire efficaces, entraîner
l’entraîneur doit disposer d’un plan de construction
et
de savoirs faire
Plan de construction
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•
•
•
•
Construction du corps flottant
Construction du corps projectile
Ebauche du corps propulseur
Construction du corps propulseur
Amélioration du rendement
Augmentation de la puissance
Les savoirs faire afin de devenir opérationnels seront pratiqués
Le projet de la séance : nager en crawl et en dos avec un meilleur
rendement*
*Le rendement : « c’est le rapport entre le travail réalisé et l’énergie utilisée ».
Objectifs à atteindre :
1 - Passer à travers l’eau avec le moins de frein possible
2 - Se ré accélérer efficacement en crawl et dos tout en
passant à travers l’eau avec le moins de frein possible
Posture
A partir d’un plongeon :
• Le nageur est capable de glisser plus de 15m sans nager
En nageant :
• Tête : le bonnet ne brise pas la surface, la tête est fixée
immergée
• Bassin : aligné sur l'axe épaules-chevilles
• Corps : aligné sur le plan horizontal
• Indéformabilité
Propulsion
•
L’ amplitude : Les propulseurs cernent la masse d'eau le plus en avant possible et
l'accélère le plus en arrière possible (durée*)
•
La pale « avant bras-main » : se construit et s'oriente avant la rotation du bras
autour de l'épaule (point d’application*)
•
L’ orientation de la poussée : la pale reste orientée en se déplaçant d'avant en
arrière (direction – sens*)
•
Les épaules sont mobilisées : pour cerner la masse d’eau et pour la pulser
•
l’accélération de la masse d'eau : le nageur applique une force d’intensité
croissante (intensité*)
•
Retour aérien : balistique, rapide et relâché
* 5 éléments d’une force qui agit
Ventilation
• Expiration aquatique : présences de bulles
• Rythme respiratoire : le nombre de cycle entre
deux inspirations est régulier
• Rotation de la tête qui reste axée : une seule
lunette émerge lors de l'inspiration
Inter relation
• L'alignement et l'immersion sont conservés lors de
l'inspiration
•
L'inspiration est prise en dehors des phases motrices
• Lors de l'accélération des masses d'eau, le corps reste aligné
et indéformable
-4Seule la répétition va permettre de passer du stade de
l’efficacité au stade de l’efficience*.
L’entraîneur va devoir faire preuve d’une exigence à la
hauteur des transformations qui doivent
s’automatiser
*L’efficience : « c’est l’optimisation des moyens mis en œuvre pour atteindre un but »
« La réduction du coût énergétique grâce à l’automatisation »
J. PIAGET
• Les solutions efficaces sont construites par le nageur au prix « d’une
patiente recherche », à ce stade, ces solutions sont très coûteuses en
énergie.
Seule de nombreuses répétitions de ces solutions efficaces vont permettre
d’en réduire le coût énergétique (par stabilisation) et ainsi en améliorer le
rendement
*Le rendement : « c’est le rapport entre le travail réalisé et l’énergie utilisée ».
De l’efficacité à l’efficience* :
A cette étape, si l’entraîneur n’est pas exigeant sur le fonctionnement
utilisé par le nageur, si les répétitions sont demandées à une intensité trop
importante, le nageur reviendra spontanément au fonctionnement
antérieur qui, bien que moins efficace, est beaucoup moins coûteux en
énergie…
Un nageur dont le rendement s’améliore,
nage de plus en plus vite
avec un nombre de coups de bras de moins en moins
important
sans que cela lui soit demandé
La puissance*
A rendement égal le nageur le plus puissant l’emportera
* Puissance : quantité d'énergie fournie ou consommée par unité de temps.
•
•
Le nageur se voit d’autant plus freiné qu’il va vite (en proportion du carré de sa vitesse).
Par exemple à 2m/s, le nageur est freiné quatre fois plus qu’à 1m/s pour une même orientation et
une même forme
La puissance requise est une fonction cubique de la vitesse.
Cela veut dire que pour doubler sa vitesse le nageur doit mettre en œuvre une puissance huit fois
supérieure
Les composantes mécaniques de la performance se présentent à
l’image d’un produit de facteurs qui peuvent devenir
contradictoires :
la puissance et le rendement.
« Il est préférable de voir un nageur devenir athlète plutôt qu’un
athlète devenir nageur »
Nous entendons par là que le développement de la puissance n’est
pas prioritaire au sens où il faudrait la développer d’abord.
La compétition
Beaucoup d’entraîneurs et de dirigeants restent persuadés que plus un
enfant est jeune, plus il convient de lui proposer des distances courtes en
compétition. C’est une erreur !
Lorsque le problème de se déplacer rapidement est posé à un débutant, on peut
observer une réponse spontanée repérable à un accroissement de la fréquence
d’entrée en jeu de ses propulseurs. (Il n’a pas encore appris à cerner des masses d’eau
importantes et il ignore l’utilisation de forces croissantes). La conséquence inévitable
est la diminution des masses d’eau à accélérer et le raccourcissement des trajets des
propulseurs compensés par un accroissement du nombre des mouvements.
Les solutions techniques efficaces s’inscrivent à
l’opposé des solutions spontanées utilisées pour se
déplacer rapidement
Le programme départemental des compétitions
pour les jeunes nageurs est il adapté ?
Privilégiez les épreuves plutôt longues chez les jeunes nageurs
400 crawl, 200 dos, 400 dos, 200 crawl
Toutefois, un nageur qui n’améliorerait pas sa performance sur 100 m
serait rapidement en échec !
En effet cela signifierait que son efficience et que son rendement ne
s’améliorent pas…
Le jeune nageur doit donc aussi progresser sur 100m, mais sans
s’entraîner pour le 100m
- Ce sont souvent nos représentations d’adultes qui limitent les jeunes
nageurs
- N’emmenez en compétition que des nageurs dont les compétences
vont leurs permettre de faire face à l’épreuve
( car il s’agit véritablement d’une épreuve !)