Le chagrin de Tintin

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Le chagrin de Tintin
Le chagrin de Tintin
Après les attentats de Paris, la Belgique fut pointée du doigt en raison de la présence au sein
des commandos responsables du carnage de plusieurs terroristes originaires du quartier
bruxellois Molembeck. Piquées au vif, les autorités belges organisèrent un vaste coup de filet
pour tenter d’arrêter d’éventuels complices et mettre la main sur Salah Abdeslam que l’on
savait être revenu en Belgique. Avec un niveau d’alerte élevé à son seuil maximal, Bruxelles
s’est, de ce fait, retrouvée quasiment à l’arrêt pendant 48 heures, avec ses écoles fermées, ses
transports en commun stoppés et ses habitants invités à limiter leurs sorties. Médias comme
citoyens furent appelés à ne relayer aucune information susceptible d’entraver le travail de la
police. Face à ce mot d’ordre, et devant l’excès des mesures prises qui paralysaient la ville
alors qu’à Paris, la vie reprenait ses droits, les Belges réagirent comme à leur habitude, par la
dérision : ils postèrent sur les réseaux sociaux des photographies de chats en lieu et place
d’informations sur la traque des terroristes. C’est cela donc la Belgique, Bruxelles en particulier,
où on n’aime rien moins que de se prendre au sérieux. Et c’est cette ville attachante et
cosmopolite que Daesh a choisi ce 22 mars de marquer au fer rouge de sa barbarie.
L’humour belge, les enfants de la diaspora marocaine l’ont fait leur. Ceux qui habitent Bruxelles
se définissent comme des « Maroxellois », mariant avec succès dans leurs vannes la belgitude
à la marocanité. Aujourd’hui, comme leurs autres concitoyens belges, les voilà victimes de
l’inhumanité djihadiste. Doublement victimes. Ils comptent parmi les morts et les blessés de ce
22 mars à l’aéroport de Zaventem et à la station de métro Maalbeck mais en plus, ils vont
devoir faire avec la suspicion renforcée d’une partie de la population à leur égard. Au-dessus de
leur tête, le spectre des kamikazes de Zaventem et de Maalbeck est appelé, ombre
malfaisante, à planer longtemps. Or, pour un Salah Abdeslam ou des frères El Bakraoui passés
de la délinquance au « djihad », que de jeunes talentueux brillant dans les domaines les plus
divers de la vie publique et sociale belge ! « Rien,
absolument rien, pas même cette barbarie ne doit nous empêcher de maintenir vivantes nos
valeurs ; la liberté, la tolérance
» a écrit un éditorialiste belge. Croisons les doigts pour que Bruxelles reste Bruxelles.
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