catastrophes, plan orsec

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CATASTROPHES, PLAN ORSEC v20100720
Docteur Erik BOQUET
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CATASTROPHES, PLAN ORSEC
1 DEFINITION DES CATASTROPHES
La catastrophe correspond à la survenue brutale d’un évènement inhabituel qui
entraîne d’importants dégâts tant humains (nombreuses victimes) que matériels (destruction
de l’environnement).
Elle est caractérisée par une DISPROPORTION plus ou moins temporaire ENTRE
BESOINS ET MOYENS de secours effectivement disponibles.
La principale classification est celle effectuée en fonction du nombre des victimes car
elle conditionne l’importance des secours (situation à multiples victimes ou SMV) :
 catastrophe modérée de 25 à 99 victimes
 catastrophe moyenne de 99 à 1000 victimes dont moins de 250 hospitalisées
 catastrophe majeure au-delà de 5000 personnes concernées ou de 1000 victimes
ou de 250 hospitalisées.
D’autres classifications sont possibles :
 selon la cause de la catastrophe :
o causes naturelles (tremblements de terre, inondations, avalanches…),
o causes technologiques (accidents de transport soit terrestre par route ou
chemin de fer soit aérien, accidents nucléaires…),
o causes sociologiques (rassemblements de foule, guerre…),
 selon la durée du facteur déclenchant (moins de 1 heure à plus de 24 heures),
 selon l’étendue géographique, selon le milieu (rural ou urbain…)…
L’accident catastrophique à effet limité (ACEL) correspond à une catastrophe
modérée (moins de 100 victimes) dont la prise en charge va être limitée dans le temps
(n’excédant pas quelques heures), dans l’espace (limité au site même de l’accident sans
risque de propagation) et dénué de risque évolutif.
Il s’agit d’une réalité de terrain décrite initialement par le docteur Hohl des sapeurspompiers de Metz dans sa thèse de doctorat à propos de l’accident de la malterie du Port de
Metz le 18 octobre 1982 qui fit 12 morts et 5 blessés.
2 DIFFERENTES PHASES DES CATASTROPHES
Une catastrophe peut être précédée d’une phase de menace (notamment pour les
causes naturelles type inondation ou éruption volcanique…) qui permet une mise en alerte.
Le plus souvent, cette phase est confondue avec la PHASE D’IMPACT.
La phase des secours comprend elle-même une première étape d’urgence avec
engagement des secours immédiatement disponibles et une seconde étape d’organisation
avec montée en puissance des secours.
La phase de réhabilitation secondaire se fait sur un plus long terme.
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3 ORGANISATION DES SECOURS
La première étape de cette organisation est celle de la RECONNAISSANCE.
Elle incombe aux premiers secours sur place et est primordiale car de cette étape
dépend le bon déroulement de la suite des opérations.
La plus rapide possible, elle permet d’apprécier la nature du sinistre, les éventuels
dangers particuliers, le nombre apparent de victimes, la topographie et les voies de
communications possibles…
Le REPERAGE SECOURISTE, simple et rapide, permet de faciliter la prise en
charge ultérieure par les équipes médicales.
Le CODE COULEUR permet d’éviter les examens répétés :
 code VERT = victimes POUVANT SE DEPLACER avec ou sans aide,
 code JAUNE = victimes NE POUVANT PAS SE DEPLACER mais ne nécessitant
pas un geste d’urgence de secourisme,
 code ROUGE = victimes vivantes NECESSITANT UN GESTE D’URGENCE
(pansement compressif ou garrot, LVA ou position d’attente),
 code NOIR= victimes décédées.
L’ACR ne sera traité que si possible…
Ce n’est qu’ensuite que débute le DEGAGEMENT des victimes, de durée variable…
Le RAMASSAGE permettra d’amener les victimes au POINT de RASSEMBLEMENT
des VICTIMES (PRV) avant la mise en place du POSTE MEDICAL AVANCE (PMA) qui est
le poste médical le plus proche de la catastrophe.
Cette MONTEE EN PUISSANCE des secours est organisée par le PLAN ORSEC.
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4 LE PLAN ROUGE puis ORSEC
Tout part d’un constat d’échec dans les années 1973-1974 pendant lesquelles Paris
a connu de nombreuses explosions dues au gaz à cause de la vétusté de son réseau,
explosions entraînant des effondrements d’immeubles et de nombreuses victimes.
La règle du secours quotidien (une victime pour une équipe) était dépassée et la gestion de
nombreuses victimes mal maîtrisée, avec notamment l’intervention sur la cartoucherie
Gévelot en 1973 pendant laquelle le commandement a été incapable de retrouver pendant
environ 8 heures le site d’évacuation d’une vingtaine de pompiers et policiers blessés…
Ainsi naît en 1974 le plan bleu (10 à 25 victimes) – blanc (25 à 50 victimes) – rouge
(plus de 50 victimes) intégrant déjà les trois phases :
 ramassage,
 tri/mise en condition,
 évacuation.
Le ramassage n’est pas médicalisé et le futur PMA s’appelle alors centre de tri.
Les attentats de 1978 verront la disparition des volets bleu et blanc, la médicalisation
du ramassage et l’apparition de la fonction de DIRECTEUR des SECOURS MEDICAUX
(DSM).
A la suite de l’exercice « Vosges 83 », un groupe d’experts élaborera la stratégie
actuellement en vigueur avec notion de chaîne médicale, transformation du centre de tri en
POSTE MEDICAL AVANCE (PMA) et augmentation des moyens en dotation.
La circulaire Pasqua en 1986 officialise le plan rouge.
La 3ème génération de PLAN ORSEC (après 1952 et 1987) n’est plus l’outil ultime
mais l’élément fondateur permettant de faire face à tous les types d’évènements majeurs.
C’est une ORGANISATION basée sur une analyse permanente des risques recensés
avec mise en place d’une veille, déployé par le préfet dans la continuité de la réponse
courante de la sécurité civile selon l’ampleur de l’évènement
● avec des dispositions générales comprenant des missions pré-identifiées:
o secours à nombreuses victimes,
o soutien des populations…
● et des dispositions spécifiques adaptées à certains risques particuliers:
o risques naturels (inondations, cyclones…)
o risques technologiques avec des Plans Particuliers d’Intervention (PPI) pour
les installations fixes (centrales nucléaires, usines chimiques SEVESO,
grands barrages…)…
C’est un PLAN D’URGENCE
● dirigé par le préfet (loi du 13 août 2004 de modernisation de la sécurité civile,
décret du 13 septembre 2005 relatif au plan ORSEC) qui devient Directeur des
Opérations de Secours (DOS) notamment lorsque la situation dépasse le plan
communal (direction unique, mobilisant et coordonnant les moyens publics et
privés sur son territoire de compétence),
● commandé sur le terrain par un officier des sapeurs-pompiers qui devient
Commandant des Opérations de Secours (COS), assisté par
o un Directeur des Secours Médicaux (DSM),
o un Directeur des Secours Incendie (DSI).
A noter que certaines communes avec des risques particuliers sur leur territoire
doivent avoir établi un Plan Communal de Sauvegarde (PCS).
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5 LE PMA
LE PMA, MAILLON PARTICULIER DE LA CHAINE MEDICALE, est installé d’un
commun accord entre COS et DSM:
● au plus proche de la zone du sinistre,
● en zone protégée,
● proche des voies de communication…
5A A l’avant du PMA, LE RAMASSAGE
Les victimes sont transportées du lieu du sinistre vers le PMA par les équipes de
ramassage qui forment la petite noria.
Cette phase de ramassage peut être médicalisée selon les besoins.
Les personnels affectés au ramassage (médecins, infirmier(e)s et brancardiers) sont
identifiés par des chasubles rouges et sous l’autorité du médecin responsable de l’avant et
de l’officier responsable de l’avant.
Une première catégorisation et les premiers soins éventuels sont effectués par les
médecins de l’avant et reportés sur les « Fiches médicales de l’avant ».
5B Au PMA, LE TRI ET LA MISE EN CONDITION
A L’ENTREE DU PMA TOUS LES BLESSES sont :
● examinés par le MEDECIN TRIEUR qui doit être expérimenté et compétent car
assurant
o un acte rapide en 1 à 2 minutes
o qui optimise le fonctionnement du PMA,
● enregistrées au secrétariat « Entrée »,
● dotées de « Fiches PMA » numérotées.
DANS LE PMA TOUS LES BLESSES SONT PRIS EN CHARGE selon le tri dans
l’un des deux secteurs du PMA:
● Urgences Absolues (UA) pour les blessés graves
o EU nécessitant des soins immédiats (détresses respiratoires et circulatoires y
compris les brûlures > 50%)
o U1 nécessitant des soins dans les 6 heures (TC avec coma, polytraumatisme,
traumatisme thoracique ouvert ou avec volet, lésion abdominale
hémorragique, brûlures entre 30 et 50%, traumatisme rachidien avec signes
neurologiques, plaies oculaires pénétrantes…).
● Urgences Relatives (UR) pour les blessés légers
o U2 dont le traitement peut être différé jusqu’à 18 heures (TC sans coma,
brûlures entre 15 et 30%, fracture fermée des gros os, traumatisme ORL ou
ophtalmologique…)
o U3 dont le traitement peut être différé au-delà de 18 heures.
Les MEDECINS DU PMA mettent en condition les victimes avant leur
évacuation.
Les personnels affectés au PMA sont identifiés par des chasubles blanches sous
l’autorité du MEDECIN CHEF DU PMA et de l’officier responsable du PMA.
150 victimes peuvent être traitées en autonomie par le PMA en version complète
(PSA Orléans + PSA Montargis), la LOGISTIQUE étant assurée par le PHARMACIEN aidé
d’un sous-officier…
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5C Après le PMA, L’EVACUATION
Après enregistrement auprès du secrétariat « Sortie », les victimes sont transportées
du PMA vers les différents hôpitaux de l’arrière par les équipes d’évacuation qui forment la
grande noria.
Cette phase d’évacuation peut être médicalisée selon les besoins.
Le MEDECIN EVACUATEUR a la responsabilité d’organiser cette phase
d’évacuation avec l’officier responsable de l’évacuation. Il va notamment HIERARCHISER
LES EVACUATIONS en fonction des bilans transmis par les médecins du PMA et organiser
cette évacuation avec les moyens des différents services engagés (SDIS, SMUR, CRF…).
Les moyens héliportés nécessitent l’organisation d’une zone d’atterrissage.
Le SAMU départemental est son interlocuteur privilégié car c’est ce service qui va :
 d’une part recenser les disponibilités hospitalières selon les différentes spécialités
(réanimation, neurochirurgie, orthopédie, pédiatrie…) dans le département et hors
département,
 d’autre part adapter en fonction du bilan transmis par le médecin évacuateur le
service receveur aux pathologies des victimes.
Les personnels affectés à l’évacuation (médecins, infirmier(e)s et brancardiers) sont
identifiés par des chasubles bleues et sous l’autorité du MEDECIN EVACUATEUR et de
l’officier responsable du l’évacuation.
5D LES INDEMNES ne passent pas par le PMA mais par le CAI où ils seront pris en
charge par des secouristes.
Un médecin responsable du CAI assurera la prise en charge initiale de l’apparition
retardée de blessures ou de la décompensation d’une pathologie médicale.
L’impact psychologique ne devra pas être négligé (CUMP).
PMA et CAI forment la ZONE PMA.
5E Les DECEDES ne passent évidemment pas dans le PMA.
Le dépôt des corps doit se faire dans un endroit à part (MORGUE)…
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REFERENCES :
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Urgence Pratique 1993 n°4
Mémoire de DESS année 2000-2001 (JF Roche) : plan rouge
Livre : Médecine de catastrophe (de Noto, Huguenard et Larcan chez Masson)
Référentiel National Compétences de Sécurité Civile PSE2 2007