Sexy No

Transcription

Sexy No
Si tu as acheté ce livre numérique, merci à toi,
nous te souhaitons une bonne lecture. Par contre,
si tu l’as piraté, nous ne te félicitons pas parce que
tu viens peut-être de tuer un auteur. Eh oui, de la
même façon que tu tues une fée à chaque fois que
tu dis ne pas croire en elle, tu élimines un auteur
à chaque fois que tu pirates un livre numérique.
Il ne suffit pas de taper dans les mains pour faire
machine arrière, ça ne fonctionne que pour les
fées. Mais tu peux aller acheter ce livre numérique
et tu ressusciteras l’auteur.
www.edibitch.com
Sexy No
Rose Darcy
Couverture réalisée par Imag’in
Droits d’auteurs © 2014 EdiBitch Éditions
www.edibitch.com
Tous droits réservés, y compris droits de reproduction totale ou partielle, sous toutes formes.
ISBN : 979-10-93430-02-7
« I am beautiful
No matter what they say
Words can’t bring me down
I am beautiful
In every single way
Yes words can’t bring me down »
« Beautiful » - Christina Aguilera
— J’y crois pas ! Oh, le boulet ! m’exclamé-je.
— Qu’est-ce qui t’arrive, No ? demande mon amie Honorine.
Ah, Hono. Laissez-moi vous la présenter. C’est Denis la Malice au féminin.
Blonde aux cheveux mi-longs, elle a de petites tâches de rousseur sur le nez et
les joues qui lui donnent un air de petite fille. Les étincelles dans ses yeux noisette clament qu’un petit démon se cache derrière sa gueule d’ange. Honorine
est la douceur à l’état brut. Humour et joie de vivre sont ses credos. Fatiguant,
pas vrai ? Son mètre soixante-cinq est un concentré de gaffes en pagaille,
involontaires pour la plupart. En gros, cékedubonheur ! Et je l’adore ! Voilà
pourquoi elle est ma copilote ce soir. Avec elle, je suis toujours sûre de me
marrer. Jouer les langues de putes en soirée n’a jamais fait de mal à personne.
N’est-ce pas ?
— Tu vois le beau gosse qui vient vers nous ?
— Carrément canon ! Toi ou moi ?
— Ni l’une ni l’autre. C’est un ex.
— Hein ? lance Honorine en me regardant, les yeux écarquillés de surprise.
— Ouais. Pff, il est lourd ! L’homo sapiens n’a pas compris le concept
de « coup d’un soir » et me noie littéralement sous les SMS depuis deux
semaines.
— Attends, ce mec-là veut sortir avec toi, et toi, tu n’en as pas envie ?
— Vous avez deviné, mon cher Watson, dis-je en buvant une gorgée de mon
cocktail rose histoire de me donner le courage d’affronter la situation.
Je le savais que je n’aurais pas dû venir à cette soirée de boulot ! Entourée
par une centaine de mannequins, dans une boîte branchée, avec un open bar et
des petits fours à se damner, ça ne pouvait que mal finir. Et on dirait justement
que la fin est proche. Fichtre ! Moi qui comptais me détendre, je sens que je
vais plutôt avoir besoin d’une bonne cuite dans pas très longtemps.
— No, tu as perdu l’esprit ?
— Nan, lui et moi nous portons très bien, je t’assure.
— Cette bombe humaine est mannequin. Mannequin, No !
— Je sais.
— Et ? insiste Honorine.
— Et quoi ?
— Je ne te comprends plus, No. C’est comme si tu cherchais à les faire fuir.
— N’importe quoi. Je ne veux pas m’impliquer dans une relation fixe, c’est
tout. B. n’a pas assimilé l’info on dirait.
— B. ?
Je fais un signe de tête en direction de l’intrus qui se rapproche, doucement
mais sûrement. Je suis déjà en train de visualiser la façon dont je vais le rembarrer. J’espère que Hono sera coopérative...
— Pourquoi tu ne l’appelles pas par son prénom ? m’interroge-t-elle.
— Parce qu’il craint !
— C’est quoi ?
— Boris !
— Oh, souffle-t-elle.
— Eh ouais. Ce n’est pas un mauvais coup, mais ce n’est pas l’extase non
plus. J’ai du mal avec les mecs qui parlent pendant l’acte. Tu sais, le fameux
« jouis pour moi, bébé », lancé-je en imitant l’homme en rut, grimace débile
d’orgasme à l’appui.
Honorine éclate de rire.
— J’ai même eu droit au « je vais te pilonner et tu vas crier mon nom »,
continué-je sur le même ton. Je te jure, les hommes devraient revoir leur façon
d’exciter une femme, elle laisse à désirer. Le plus drôle, c’est qu’il s’encourageait tout seul.
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— Hein ?
— Mm, mm. J’avais l’impression qu’il coachait son pénis. « Vas-y, tu vas
tout déchirer », « Oh ouais, elle va grimper au septième ciel grâce à toi »,
« T’es le plus gros, le plus beau ». À vomir, dis-je en insérant un doigt dans
ma bouche.
Je souris en même temps que je vois Honorine s’étouffer de rire quand elle
découvre que B. n’est plus qu’à deux pas de nous.
— Suis-moi, j’ai un plan, lui murmuré-je.
— Lequel ?
Je ne réponds rien et lui offre mon regard en coin énigmatique.
— Bonsoir, No, lance Boris en se postant face à moi.
— Salut.
— Tu n’as répondu à aucun de mes textos.
— Non.
— Puis-je te demander pourquoi ? La nuit que nous avons partagée...
— Je m’en souviens, le coupé-je, de marbre.
— No, c’était super entre nous.
— Attends, tu y étais aussi, non ?
Je vois son visage se décomposer. Ok, j’y suis peut-être allée un peu fort.
Mais il faut que B. comprenne, sinon, il ne trouvera jamais de fille qui voudra
bien le supporter au quotidien. Je décide de jouer la mère Térésa et de lui
expliquer la vie. Le gars va morfler mais il me remerciera plus tard.
— Oui, répond Boris, penaud.
— Non, parce que, je me suis posé la question à un moment donné.
— Que veux-tu dire ? risque-t-il, sur la défensive.
Ah, je viens de blesser le mâle en lui. Le taureau est prêt à sortir les cornes.
Non, on va peut-être zapper cette image.
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— Que j’ai bien cru que tu t’amusais tout seul, tu vois. B., je suis loin
d’avoir pris mon pied avec toi.
— Pourtant... tente-t-il.
— Simulé.
— Et quand... essaie-t-il encore.
— Simulé aussi.
Boris se passe une main dans les cheveux. Il a du mal à encaisser, je le sens.
Mais un coup d’un soir est un coup d’un soir. Pas question que je perde mon
temps avec lui. Ce n’est pas le bon, je le sais. Comment ? Parce que celui qu’il
me faut a déserté il y a de ça plusieurs années. Donc, aujourd’hui, je profite
de mes relations éphémères sans m’attacher. Boris est rayé de la liste. On
enchaîne. Next !
Attention, n’allez pas croire que je suis une salope, loin de là. Seulement,
je ne vois pas pourquoi les femmes ne pourraient pas se faire plaisir comme
le font pas mal d’hommes. Question de parité. Si je veux me taper un mec
simplement parce que j’en ai envie et le jeter le lendemain, je le fais. Zéro
sentiment, c’est ma devise. Les sentiments, ça craint, ça vous bousille, ça
vous écrabouille. Ne rien ressentir à part le désir, l’attirance brute, la volupté,
ça me convient très bien.
— Écoute, B., dis-je en posant les mains sur ses épaules, c’était sympa,
mais ça s’arrête là. Je ne compte pas te tenir la main, ok ? Tu le feras très bien
tout seul.
— Mais je... Je t’aime bien.
Oh non ! Il a quel âge, au fait ? Un homme qui donne dans le sentimental.
C’est bien ma veine !
— T’es un mec sympa, B. Pour la peine, je vais te remercier.
— De quoi ?
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— Grâce à la nuit que nous avons passée ensemble, j’ai compris une chose.
— Laquelle ?
— Je suis lesbienne, B. Tu m’as révélée à moi-même ce soir-là, ajouté-je
en papillonnant des cils.
— Tu te moques de moi.
Voilà, je n’ai plus le choix. Je me tourne vers Honorine. Elle a compris.
C’est juste à ce moment-là que je sais à quel point j’ai de la chance qu’elle
soit mon amie. J’encercle son visage de mes deux mains avant de l’embrasser
à pleine bouche. Quand je me détache d’elle, Honorine soupire. Les yeux
éberlués de Boris sont ma plus belle récompense.
— Ok, je vois, lâche-t-il avant de tourner les talons, vaincu.
Ouf, sauvée ! J’ai un petit pincement au cœur pour lui, tout de même... Mais
rien que je ne puisse noyer au fin fond d’un shot de tequila.
— Merci, pétasse, lancé-je à Honorine en lui souriant.
— De rien, pouffiasse.
— En fait, c’est Katy Perry1 que je devrais remercier, badiné-je.
— Mm.
— Tu as l’air songeuse, Hono.
— Je me demande où tu as appris à embrasser comme ça, rétorque-t-elle.
1 En référence à la fameuse chanson qui a lancé sa carrière « I kissed a girl ».
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