Criminologie : tueurs en série et vol du bourdon

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Criminologie : tueurs en série et vol du bourdon
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Criminologie : tueurs en série et vol du bourdon
Soumis par Aurelie Lamberet
Y'aurait-il un point commun entre un bourdon, un ouragan... et un tueur en série? L'une des méthodes classiques du
Profiling, introduite dans les années 80 par Kim Rossmo, détective et professeur à l'University Center for Geospatial
Intelligence and Investigation, va pouvoir s'inspirer de certaines recherches animalières visant à étudier le comportement
de chasse ou de collecte de ressources.
La sauvegarde du nid, l'oeil de l'ouragan Le sens de l'orientation chez les insectes sociaux tels que les abeilles et leurs
fameuses danses ou les bourdons, est légendaire, et nécessaire : quand le bourdon sort de sa ruche en quête de
fleurs à butiner, il parcourt directement une distance conséquente afin de rechercher des cibles, mieux vaut alors savoir
bien s'orienter pour trouver la nourriture, et surtout revenir au nid... Mais pourquoi aller si loin pour trouver de nouvelles
sources de nourriture, quand il s'en trouve déjà à quelques mètres seulement de la ruche?L'environnement est un défi
constant à la survie. Qu'un prédateur repère le nid, et ç'en est fini de la colonie. Aussi, le vol des bourdons respecte une
zone tampon autour de leur zone d'habitat, que ces insectes ne survolent que le minimum de temps nécessaire à leur
activité. Moins ils volent et butinent près du nid, moins celui-ci a de chances de se faire repérer... Ainsi en est-il
également pour les tueurs en série : que le phénomène soit conscient ou non, ceux-ci établissent généralement un
périmètre de sécurité autour de leur lieu de travail, de leur maison... Une zone dans laquelle la probabilité qu'ils
commettent un crime s'affaiblit. L'oeil calme de l'ouragan... Un modèle de crime en série : le Geographic Profiling (GP)
ou Profilage géographique
Le phénomène est pris en compte par un modèle informatique de profiling [1] réalisé dans les années 1980 par le
détective Kim Rossmo. Ce modèle permet de définir un profil géographique des lieux fréquentés habituellement par
les tueurs en série. Il a notamment été utilisé dans les cas du BTK Killer, Dennis Rader et celui des D.C. Snipers, Jonh
Allen Muhammad et Lee Boyd Malvo. Le Profiling géographique s'étend à d'autres crimes que les meurtres en série :
attentats, viols ou violences... et il est même efficace pour décrire, désormais, certains comportements animaliers tels
que la collecte du bourdon ou la chasse chez certains prédateurs.C'est ce que montre une étude rapportée en juillet
2008 par le Royal Society journal Interface, conduite par le Dr Nigel Raine, de la Queen Mary University of London.
Assisté par son collègue Steve Le Comber et Kim Rossmo, il a "numéroté" des bourdons afin d'observer leur
comportement de collecte, et a ainsi pu montré que les membres d'une ruche délaissaient volontairement une zone
autour du nid, dans laquelle ils ne butinaient pas. Une stratégie de sauvegarde importante pour éviter que la ruche ne
soit repérée par d'éventuels prédateurs ou parasites...Ethologie ou criminologie?
Cette approche de recherche s'était déjà vu appliquée au comportement des chauves-souris et, dans une étude à venir, à
celui des grands requins blancs. Un modèle de comportement criminel s'est donc vu adapté et adopté, afin de décrire
des comportements animaux... et vice-versa! Les études animalières représentent en effet l'espoir d'améliorer le
modèle GP : en ce qui concerne les animaux, on peut modifier l'environnement au gré des recherches : diminuer le
nombre de proies disponibles, rendre plus difficile leur butinage ou leur capture (comme le ferait une alerte dans le cas
de crimes en série), augmenter le nombre de prédateurs, etc, etc... De nombreuses modifications de variables
expérimentaeles que l'on ne peut bien sûr pas s'autoriser dans le cas de crimes en série, pour lequel l'arrestation du
criminel est prioritaire à l'étude de son comportement - et l'on comprend pourquoi...Bien qu'il soit plus compliqué de
comprendre ce qu'il se passe dans la tête d'un criminel, que de comprendre en quoi la position des fleurs va influencer
le comportement du bourdon, cette mise en commun des savoirs et recherches de l'éthologie et de la criminologie peut
amener à affiner le modèle de comportements criminel humains, remplaçant par exemple les fleurs du bourdon par les
voitures volées, les délits perpetrés où les lieux où ont été vues pour la dernière fois les victimes...Encore une fois, la
recherche démontre que la psychologie a tout à gagner à étendre ses travaux en complémentarité avec d'autres
disciplines, plutôt que de rester, comme elle le fait bien trop souvent, enfermée dans ses propres acquis... Source : Raine,
N., Rossmo K., Le Comber S. ( 2008) Geographic profiling applied to testing models of bumble-bee foraging, Journal of
Royal Society Interface (Télécharger l'article en Pdf)[1] Profiling est souvent traduit en Français par "Profilage"
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