article de presse

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MERCREDI 24 AOÛT 2016 LE PROGRÈS
ACTU EST MÉTROPOLE
21
VÉ NI SS IE U X S COL A RIT É
De Marcel-Sembat à Sciences Po,
le brillant parcours d’une réfugiée syrienne
En 2013, Farah fuyait la guerre
en Syrie avec ses parents. Arrivée dans la région, la jeune
femme a retrouvé le chemin de
l’école, au lycée Marcel-Sembat.
Fraîche bachelière, elle a été
reçue à Sciences Po, au campus de Menton (Alpes-Maritimes).
L
ors des résultats du bac en
juillet dernier, Farah savait déjà où elle allait atterrir si elle
obtenait son diplôme en filière
Scientifique. L’attente n’en fut que
plus haletante ! Mais l’objectif a
bien été atteint : elle va pouvoir
rejoindre Sciences Po et son campus à Menton, spécialisé dans le
domaine du Moyen Orient et de la
Méditerranée.
Elle et sa famille
ont fui la Syrie
il y a trois ans
La jeune femme, âgée de 21 ans,
est la seule lycéenne dans le Rhône a avoir réussi le concours de
Sciences Po, réservé aux lycéens
des zones d’éducation prioritaire
(voir par ailleurs). Pourtant, Farah
reste mesurée dans sa joie. La
guerre en Syrie, qu’elle a fuie il y a
trois ans, est encore toute proche.
La lycéenne préfère d’ailleurs ne
pas revenir sur cette expérience
traumatisante. Originaire de Damas, la famille de Farah a obtenu
le statut de réfugié politique à son
arrivée en France.
} Je ne connaissais pas
ce dispositif lors
de ma rentrée à Sembat ~
Farah
Fait étonnant : Sciences Po n’était
pas vraiment l’objectif de la Syrienne. « Je ne connaissais pas ce
dispositif lors de ma rentrée à
Sembat. D’ailleurs, même après
que l’on me l’a présentée, je
n Pressée d’étudier au campus de Menton, Farah comptera sur son expérience pour motiver les générations
futures du lycée Marcel-Sembat. Photo Ibrahim DIAKHITE
n’étais pas très intéressée, explique Farah. Mais après m’être
mieux informée, j’ai décidé de
m’inscrire à cet atelier puisque je
jugeais qu’il m’était nécessaire
d’apprendre le français sous une
forme différente de la classe traditionnelle. »
Au fil des ateliers et profitant du
soutien des enseignants M. Tinland et Mme Mimoso, et de
Mme Ermakoff qui est chargée du
processus depuis deux ans, elle a
pris confiance et a réussi, avec ses
deux camarades de l’atelier, la
première étape du concours, qui
prend moins de temps avec la
} J’étais assez surprise d’avoir été retenue.
Mais grâce à nos enseignants, j’ai énormément
progressé ~
Farah
convention d’éducation prioritaire dont bénéficie le lycée.
Et puis vint l’oral de Paris où elle
est tombée sur une affiche concernant le boycott de produits israéliens dans ses colonies. Une formalité pour elle puisqu’elle a
surmonté cette épreuve sans encombres.
La convention éducation prioritaire
Réservé aux ZEP (1), présenté aux élèves de 1re et de terminale S et ES, le concours réservé débute réellement
en octobre. Il est demandé aux élèves de suivre l’actualité et de choisir deux sources dont obligatoirement une
écrite. L’oral est particulièrement travaillé afin de préparer au mieux la présentation d’une revue de presse de
leur choix face à un jury composé du proviseur, de quatre enseignants et d’une personnalité du monde des
médias où seront scrutées leur synthèse et leur analyse critique. En cas de réponse favorable du jury, ils
utiliseront les ateliers restants pour préparer au mieux la dernière épreuve d’admission qui porte à nouveau sur
un oral. Seulement trois établissements de la région bénéficient de cette admission parallèle : Marcel-Sembat,
Jacques-Brel (Vénissieux) et Robert-Doisneau (Vaulx-en-Velin).
(1) ZEP : Zone d’éducation prioritaire.
69L - 1
« J’étais tout de même assez surprise d’avoir été retenue, mais
finalement grâce à nos enseignants, j’ai énormément progressé », avoue celle qui en plus de
parler un français concis, parle
également l’anglais et l’arabe littéraire. Dans la foulée des résultats
du baccalauréat, elle s’est rendue
à Reims pour suivre des cours
d’histoire sur la France, en accéléré durant une semaine avant de
pouvoir enfin profiter de vacances
bien méritées.
Et maintenant ? « Je suis en pleine recherche d’un appartement
sur Menton », plaisante-elle.
Avant de reprendre plus sérieusement : « J’envisagerai de travailler
dans l’économie des pays arabes. »
De notre correspondant local,
Ibrahim Diakhite
www.leprogres.fr

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