Journal N 1

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Journal N 1
Bi-hebdomadaire officiel d’information du
Comité d’Organisation du Magal paraissant les Mardis et Vendredis
ISSN 0850-5144 N° 001 Vendredi 24 Déc 2010 - 17 Mouharram 1432 H
DISTRIBUTION GRATUITE
GRAND MAGAL DE TOUBA 2011/1432 H
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Par Serigne Bassirou Abdoul Khadre MBACKÉ
ACTUALITE
Porte-parole du Khalife Général Président du Comité d’organisation du Magal
Un jour de victoire dans la voie de Dieu
Que la paix et la Miséricorde divine soient
avec vous, ainsi que la prospérité.
Il s’agit d’un rappel pour dire que nous
Mourides, nous n’avons que ce jour qui symbolise toute la vie et l’œuvre de Cheikhoul
Khadim. L’objet de ce jour est la lutte menée
par Cheikhoul Khadim face aux autorités
coloniales qui n’avaient d’objectif que
d’anéantir l’Islam. Il s’était assigné de mener
à bien cette tâche avec l’appui du Bon Dieu,
le Seul dont il reconnait le pouvoir. Ceci lui a
valu qu’à chaque commémoration, Dieu le
comblera de ses bienfaits.
Le 05 septembre 1895, l’autorité coloniale
décida d’exiler le Cheikh au Gabon lors de
son Conseil Privé, pour une durée de 7 ans.
La Voix de Touba
Bi-hebdomadaire officiel d’information
du Comité d’organisation du Magal
site web
www.magal-touba.org
Président :
Serigne Bassirou Abdou Khadre MBACKE
Directeur de Publication :
Serigne Abdoul Ahad MBACKE Cheikh Fatma
Conseiller du Comité d’Organisation
chargé de la rédaction :
Alioune FALL
Conception Technique et Graphique :
Vision et Communication Sarl
Téléphone :
+221 33 820 09 59
+221 76 650 39 45
Email :
[email protected]
Après le Gabon où aucune de leurs intrigues
n’a abouti, et ce, malgré toutes les exactions
et tentatives de meurtre, les autorités coloniales l’envoyèrent en Mauritanie où le
Cheikh passa 5 ans. Ensuite c’est la localité
de Thiéyène, dans le Djolof, qui accueillit
Serigne Touba en résidence surveillée durant
4 ans. La dernière étape de cette persécution
fut Diourbel où il resta, 15 ans durant, en résidence surveillée avec comme dessein de parvenir à un ramolissement de la foi des disciples sous l’effet des facteurs distrayant de la
ville.
Nous allons nous contenter, par rapport à ce
jour, des propos de Cheikhoul Khadim, sur les
retombées de sa mission qui se résument par
le fait qu’il :
« Détienne le statut d’Abdoullahi Wa
Khadimou Rassoul »,
« Soit le Serviteur privilégié du Prophète
(PSL) et l’intercesseur des musulmans
face aux épreuves divines qui allaient
s’abattre sur eux et les amener en enfer,
« Soit le sauveur de la Ouma Islamique au
service du Prophète (PSL) ».
Donc, cet exil du Cheikh est un désir de Dieu
dans sa Volonté et sa Force. Ce jour est un
jour de victoire et de gloire. C’est au Gabon
qu’il avait défini les formes de restitution de
cette grâce. Après la fin du jihad et des
épreuves, à chaque célébration du départ
d’exil, Dieu lui accorde encore des bienfaits.
Il dit : « je remercie Dieu qui m’a éloigné
de mon pays et m’a octroyé tout ce que je
désirais et voulais obtenir» et « à Galwa,
chez les bafali, Dieu m’a octroyé le pouvoir de transcender tout l’univers », raison
pour laquelle, partout où vous allez, en
Amérique, en Australie, en Europe et en
Afrique, le message de Cheikhoul Khadim
s’est propagé.
Il poursuit : « j’ai récolté les fruits du travail que j’ai accompli pour la face de Dieu
à tel enseigne que mon retour au pays doit
être synonyme d’une grâce que je Lui
rends éternellement, notamment à Touba,
à Darou Salam et Darou Minane, conformément aux recommandations divines et
à l’enseignement du Prophète (PSL) ».
Selon le Cheikh il existe trois manières de
rendre grâce à Dieu : celle exprimée par le
Cœur, par une évaluation des bienfaits que
nous a accordés Dieu ; celle exprimée par la
langue qui en quelque sorte est une interpellation à ne pas verser dans l’ingratitude face
aux bienfaits divins -ce qui a incité Cheikhoul
Khadim à travers ses écrits, a magnifié les
multiples bienfaits accordés par son Seigneur
non pas pour se vanter mais par souci de
reconnaissance- ; la dernière est une expression de la grâce par les différents membres
du corps via des actes à la face du Monde
comme notre Seigneur l’avait demandé au
peuple du Prophète Daouda . Cette dernière
expression de la grâce n’est pas facile. Ce qui
a inspiré Serigne Touba à appeler son peuple
à commémorer avec lui ces moments de
grâce envers Dieu. Il a exhorté les talibés à
lire le Coran qui procure une proximité avec le
Créateur. Le Prophète (PSL) a souligné que
la lecture du Livre Saint purifie et illumine le
cœur. Ce sont donc, les réitérations et
recommandations de Serigne Bara MBACKE
en ce jour de Magal, comme le faisait Serigne
Touba.
L’autre fait marquant de ce jour est d’offrir des
festins à sa famille et à ses hôtes. Cheikhoul
Khadim avait dit : «quant aux bienfaits que
Dieu m’a accordés, ma seule et souveraine
gratitude ne les couvre plus; par conséquent, j’invite toute personne que mon
bonheur personnel réjouirait à s’unir à moi
dans la reconnaissance à Dieu, dans la
mesure de ses possibilités en sacrifiant
des espèces allant de la poule au chameau, chaque fois que l’anniversaire de
mon départ en exil le trouvera sur terre» et
ce, conformément à la Sunna du prophète
Mohamed (PSL) qui a affirmé que les actions
les plus nobles dans la religion sont la salutation et le fait de nourrir une personne.
Serigne Mouhamadou Lamine Bara MBACKE
lance un appel à tout le monde en ce jour qui
sera célébré le mardi 18 Safar 1431 Hégire
correspondant au 03 février 2010.
Chacun de nous sait que tout ce qui se rapporte à Cheikhoul Khadim ne cesse d’évoluer
et de se dilater à chaque instant. Il a dit : «
Dieu m’a accordé des dons prodigieux
qu’IL n’a jamais accordés et qu’IL n’accordera jamais à un contingent » ou « les
faveurs que j’ai obtenus en provenance de
Dieu ne se comptent pas dans l’univers »,
orientant tous les bienfaits vers sa demeure,
Touba.
La grande innovation de cette année consiste
à aménager un lieu réservé spécifiquement à
la lecture continue du Coran par des milliers
de personnes qui vont se relayer, à partir de
la veille jusqu’à la fin du Magal. Il y aura une
équipe qui aura pour mission de s’occuper
constamment et convenablement des personnes assignées à cette tâche.
Ensuite, on a initié une grande exposition,
dont l’ouverture est prévue le 23 janvier, sur
les valeurs culturelles de base du Mouridisme
et aura pour cadre un espace de 3500 m2
entre le lieu des prières d’Aïd et la maison
d’El Hadji Mouhamadou Lamine Bara MBACKE. L’exposition va retracer dans plusieurs de
ses aspects la vie et l’œuvre de Serigne
Touba avec des stands sur les valeurs hagiographiques, les valeurs scientifiques et
morales, les valeurs littéraires, les valeurs
artistiques, les valeurs du travail, les valeurs
de solidarité, la ville sainte de Touba et les
perspectives de développement, la célébra-
La Voix de Touba N°001/ Vendredi 24 Décembre 2010 - 17 Mouharram1432 H
tion du Grand Magal de Touba commémorant
le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba,
la famille du Cheikh et le Khalifat. Nous
demandons aux talibés d’aller visiter cette
exposition qui aura comme interface de communication des plus modernes des écrans
géants disposés dans l’enceinte de la Grande
Mosquée et dans d’autres lieux publics de la
ville. Le coût de l’exposition est de plus de
100 000 000 de FCFA, entièrement pris en
charge par les talibés que nous remercions
au passage.
Qui plus est, un site officielle du comité d’organisation (www.magal-touba.org) a été
ouvert pour beaucoup plus d’informations sur
le Magal et des journaux, entièrement pris en
charge par les disciples seront publiés et
offerts gratuitement.
Des journées d’informations sur le Magal, la
vie, les enseignements et l’œuvre de Serigne
Touba seront organisées à travers les régions
du pays et un peu partout dans le monde.
Le concept de Magal a été vulgarisé par
Cheikhoul Khadim. Serigne Saliou MBACKE
nous a rapporté que certains disciples, la
considérant comme une seconde fête du
mouton (Tabaski) ont été rappelés à l’ordre
par le Cheikh qui leur indiqua qu’il s’agissait
d’un Magal qui signifie glorifier pour ne pas
verser dans le «bid’a». Que tout le monde se
garde d’utiliser des mots empruntés comme «
pèlerins » pour définir les talibés qui viennent
accomplir leur ziar auprès de leur guide.
Le Khalife vous rappelle aussi la célébration
du Maouloud. Cheikhoul Khadim marquait luimême sa célébration par sa présence et donnait des directives et la manière de se conformer à la tradition.
Le khalife Général des Mourides, El Hadji
Mouhamadou lamine Bara MBACKE remercie tous les guides religieux du Sénégal, dans
le sens de perpétuer tous les actes posés par
ses prédécesseurs pour le raffermissement
des liens entre frères musulmans. Il s’engage
à les accompagner dans tous les actes posés
pour le rayonnement de l’islam.
Le Khalife remercie profondément toute la
famille de Serigne Touba, ses frères pour leur
soutien sans faille et toute la considération
qu’ils lui accordent uniquement pour la face
de Serigne Touba. Il prie pour que toutes
leurs actions soient récompensées. Il remercie par ailleurs tous les Cheikh de Serigne
Touba qui sont en train de perpétuer, en lui,
l’engagement et la volonté de leurs ancêtres.
El hadji Mouhamadou Lamine Bara MBACKE
adresse également des remerciements à l’endroit des talibés et de tous les dahira, disséminés à travers le monde, pour leur engagement au service de Serigne Touba. Il arrive
que des dahira viennent et éprouvent des difficultés pour accéder à lui. Qu’ils sachent que
leurs désirs et vœux ont été exaucés. A ceux
là, je les renvois aux talibés qui se déplaçaient jusqu’à Khomack, en Mauritanie sans
voir le Cheikh et qui considéraient leurs actes
accomplis de par leur foi et conviction en
Cheikhoul Khadim. Qu’ils sachent aussi que
leurs actions seront versées dans l’œuvre de
Serigne Touba.
Nous lançons un appel à tous les talibés et
prions pour que Serigne El Hadji
Mouhamadou Lamine Bara MBACKE, ait une
longue vie et beaucoup de santé afin de poursuivre sa mission, en compagnie de tous les
disciples, à la tête de la communauté
Mouride.
Traduit par
Abdoulaye DIOP Ndongal Ndongo yi
[email protected]
et Djibril NDAO
Ndongal Daara ji
[email protected]
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CICES – 08 JANVIER 2011
ACTUALITE
La communauté mouride réfléchit sur l’impact économique du Magal
Le 08 janvier prochain sera une journée de
forte mobilisation pour la Communauté
mouride, en particulier, ceux d’entre les
membres de cette communauté vivant à
Dakar. En effet, cette date a été retenue
pour abriter une journée d’activités intellectuelles s’inscrivant dans le cadre de la préparation de l’édition 2011 du Grand Magal
de Touba.
Autour du thème : «l’impact économique
du Magal sur la société sénégalaise», les
disciples du Vénéré Khadimou Rassoul,
toutes catégories confondues, se retrouveront à cette date du 08 janvier, durant toute
la journée, au CICES.
Babacar Mbaye, responsable du comité
d’organisation chargé de piloter cet évènement, explique les vrais enjeux des travaux
prévus. « Il faut comprendre d’abord que
la communauté mouride avait commandité
une étude scientifique sur l’impact économique du Magal pour le Sénégal qui a la
chance d’abriter chaque année cet évènement grandiose. L’étude a été réalisée par
des sommités intellectuelles à l’autorité
reconnue chacun dans son domaine. Il est
question, le 08 janvier de procéder à la restitution et au partage de cette étude »,
explique M Mbaye. Selon lui, il est regret-
table que certains ne retiennent du Magal
que les embouteillages sur les différents
axes menant vers la ville sainte de Touba,
les difficultés qui frappent le secteur des
transports publics dans une ville comme
Dakar ou d’autres désagréments de ce
genre. M Mbaye poursuit ses explications
: « Une telle perception est regrettable,
parce qu’outre sa dimension spirituelle,
religieuse, le Magal est aussi un évènement rarement égalée, à l’échelle mondiale, du point de vue de la mobilisation
humaine qu’il provoque. Et le corollaire évident d’une telle mobilisation chiffrée à plusieurs millions d’individus provenant des
quatre coins du globe, c’est bien entendu
une intense activité économique sur tous
les plans, pendant cette période. Si je
considère par exemple le secteur des
transports, il est clair que les acteurs de ce
secteur ne connaissent pas de période
plus faste dans l’année, que la période du
Magal. Il serait intéressant d’être informé
sur le chiffre d’affaires des différents
acteurs de cette filière, du distributeur de
carburant jusqu’au transporteur, en passant par le mécanicien et autres. Je me
rappelle, dans les années 80, alors que
nous quittions régulièrement Abidjan pour
ENSEIGNEMENT
Serigne Mame Mor Mbacké dote
Touba de sa première université
venir au Magal, les compagnies aériennes et les
agences de voyage avaient
l’habitude de produire des
billets spécialement pour cet
évènement. Ces billets sur
lesquels était estampillé la
mention « Pèlerinage de
Touba », étaient vendus à
moitié tarif, avec une réduction de 50% par rapport à leur
coût normal ».
De l’avis de notre interlocuteur, la communauté mouride
ne pouvait pas se désintéresser d’une telle situation, d’où
l’idée de faire mener une
étude scientifique sur le sujet,
au lieu de se limiter à avoir
une perception intuitive de la
situation.
Revenant sur la journée du
08 janvier, Babacar Mbaye
explique que la matinée sera
Babacar Mbaye
consacrée à une séance de
validation
du
rapport
d’une esplanade».
d’études, puis les responsables de cette
Sur les travaux en tant que tels, M Mbaye
initiative feront face à la presse, pour partaexplique composé des universitaires
ger avec elle les conclusions de l’étude.
Lamine Ndiaye, chef du département de
Dans l’après-midi, une conférence sera
sociologie de l’Ucad et Moubarak Lô, écoorganisée, toujours au CICES, sur le
nomiste, avec Serigne Sam Bousso, vont
même sujet. « Nous avons choisi le
constituer le panel. A côté de ce panel, il
CICES parce que l’année dernière, à
est prévu l’intervention d’un certain nombre
pareille époque, nous avons organisé une
de discutants parmi lesquels le sociologue
conférence similaire. Pour une salle d’une
Khadim Sylla et l’économiste Abo Sall. Il
capacité de 200 places, nous nous
reviendra au professeur Cheikh Bâ de
sommes retrouvés avec un public de plus
l’université Cheikh Anta Diop de modérer
de 3 500 personnes. Et l’organisation en a
les débats.
beaucoup souffert. Le CICES présente
Pape TOURE
l’avantage, en plus de sa salle, de disposer
PARIS – 26 DECEMBRE 2010
Journée de conférences pour préparer le
Grand Magal de Touba
Serigne Mame Mor Mbacké
Ce sera une première, et la capitale française aura l’honneur d’accueillir l’innovation. La
ville de Paris abritera le 26 décembre prochain une journée de conférences organisée
par la fédération nationale des dahiras mourides de France, en prélude au Grand Magal
de Touba prévu cette année vers le milieu de
la 3ème décade du mois de janvier 2011.
La capitale sénégalaise a abrité samedi dernier, la cérémonie de lancement de
l’Université Cheikh Ahmadou Bamba (UCAB)
de Touba, dont l’initiateur n’est autre que
Serigne Mame Mor Mbacké, fils de feu
Serigne Mourtada Mbacké Khadimou
Rassoul, connu pour son attachement particulier à l’éducation, l’enseignement et la formation.
Devant un parterre d’invités, toutes d’éminentes personnalités des mondes institutionnels, politiques, académiques, religieux…,
avec notamment la présence remarquée du
Président de la République lui-même,
Serigne Mame Mor et les membres du
Comité scientifique de l’UCAB que le guide
religieux a mis sur pied, ont exposé la nouvelle institution académique, implantée dans le
quartier de Ndame, à la périphérie de Touba,
sous ses différentes facettes.
Il est ainsi apparu que les investissements,
rien que pour la construction, compte non
tenu des équipements, s’élèvent à 7 milliards
de francs Cfa, dont 1,4 milliards sur fonds
propres du promoteur.
L’UCAB, qui va démarrer avec 5 facultés et 6
instituts, comprenant des laboratoires multidisciplinaires et des programmes de
recherche, est présentée comme le prolongement naturel des Instituts Al Hazar, créés par
feu Serigne Mourtada Mbacké, et qui comptent aujourd’hui plus de 600 écoles disséminées sur les 05 continents.
La nouvelle institution a pour objectif de
contribuer au renforcement des capacités disponibles en formation aux sciences, aux technologies et aux beaux arts. Une place importante sera accordée à l’enseignement des
mathématiques et des sciences islamiques.
Le comité scientifique qui a été mis sur pied
pour piloter le projet de l’Ucad, sous la présidence du professeur Arona Ndoffène Diouf,
enseignant dans une université de Caroline
du Sud, comprend des sommités intellectuelles, universitaires à l’autorité reconnue, tel
les professeurs Iba Der Thiam, agrégé d’histoire et Souleymane Bachir Diagne, agrégé
de philosophie, enseignant dans les universités américaines.
P. T
Au total, pas moins de 5 conférences seront
organisées ce jour-là sur les bords de la
Seine, précisément au Palais des congrès de
Montreuil, avec l’implication d’intellectuels et
de conférenciers de renommée internationale.
Serigne Ahmadou Dramé, un des responsables de la communauté mouride en
France, désigné pour modérer les débats
prévus ce jour-là, explique les raisons ayant
guidé la décision d’organiser cette journée à
l’étranger et le choix porté sur Paris pour
l’abriter. « Dans le contexte actuel, il apparaît
nécessaire de porter le message de
Khadimou Rassoul au-delà du cercle des
seuls musulmans ou des talibés mourides
uniquement. Il est important que les non
mourides, les non musulmans, les non sénégalais, les non africains, reçoivent ce message dans sa transcription fidèle. C’est comme
cela qu’il faudrait comprendre l’organisation,
sur la scène internationale, de cette journée
de réflexions et d’échanges. Et naturellement, l’histoire des relations entre le Cheikh
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et les français colonisateurs du Sénégal
explique grandement qu’on ait choisi la capitale française et non une autre capitale européenne », a déclaré M Dramé, joint au téléphone.
Sur le déroulement de la journée, notre interlocuteur explique que 5 thèmes seront traités
à l’occasion.
Il reviendra d’abord à l’intellectuel d’origine
tunisienne Abdallah Sahmi, un disciple mouride, de parler de « La pensée religieuse de
Cheikh Ahmadou Bamba ».
Abdallah Bennot, un autre intellectuel, écrivain, traducteur et conférencier de renom,
exposera ensuite un résumé du célèbre
ouvrage de Cheikh Ahmadou Bamba,
Mazalikoul Jinann.
Aly Amoneau, tout aussi brillant intellectuel,
auteur de plusieurs ouvrages sur l’islam et
sur Cheikh Ahmadou Bamba, également
chef d’une confrérie musulmane bien implantée en France, traitera lui, de « l’islam de
paix et de non violence de Cheikh Ahmadou
Bamba».
Serigne Idrissa Mbacké, fils de feu Serigne
Mourtada Mbacké, étudiant en thèse de doctorat en France, travaillera sur «l’aspect spirituel du magal », alors que l’intellectuel et
conférencier mouride Mourtala Mboup, basé
à Genève, lui aura à parler de «l’aspect temporel du magal».
Aly NDIAYE
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ANALYSE
CHEIKH AHMADOU BAMBA
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Par Cheikhouna MBACKE Abdoul Wadoud
(Relu par A. Aziz Mbacké Majalis)
Un modèle de progressisme et de rénovation
La plupart des gens retiennent essentiellement de la vie de Cheikh Ahmadou Bamba sa dimension mystique. Cette dimension,
certes, ne doit pas être négligée, mais elle n’est sûrement pas la plus importante si l’on considère Cheikh Ahmadou Bamba
comme un guide religieux qui avait une mission à remplir et un message à transmettre. Pour nous, la plus importante dimension
de sa vie c’est sa capacité d’innovation dans les méthodes tout en restant fidèle aux principes. Autrement dit, il a réussi là où
beaucoup de communautés et de nations ont échoué et échouent encore. D’où l’importance pour les africains, ceux du continent
comme ceux de la diaspora, pour les sénégalais et les mourides en particulier, de s’inspirer de ses méthodes pour pouvoir relever les défis de la mondialisation et de la modernité…
Cheikhouna Mbacké Abdoul Wadoud
LE CHEIKH,
ENTRE LE TRADITIONALISME ET
LE MODERNISME
Face à l’héritage des ancêtres, la tendance commune est souvent de céder
au choix de la facilité : conserver ou
rejeter tout. Le mérite de Cheikh
Ahmadou Bamba a été de pouvoir faire
la part des choses entre (1) ce qui peut
ou doit être rénové et modernisé et (2)
ce qui doit rester immuable dans les différents domaines de la vie. Nous allons
tenter, dans ce qui suit, d’étudier
quelques aspects de cette démarche
originale à travers un certain nombre
d’exemples tirés de la vie du Serviteur
du Prophète.
L’enseignement des sciences
religieuses à l’époque du Cheikh
On enseignait des livres composés à
d’autres époques et sous d’autres
cieux
Dans les daaras[1]de l’époque du
Cheikh, l’enseignement religieux était
essentiellement basé sur des ouvrages
composés ailleurs - dans le monde
arabe surtout - et à des époques fort
lointaines – aux premiers siècles de
l’hégire principalement - sans effort particulier d’adaptation aux réalités locales.
Or le fait est que lorsqu’on écrit un livre,
on vise la plupart du temps une catégorie de lecteurs ou d’apprenants, en
tenant compte généralement du contexte spatio-temporel dans lequel on
écrit. Tant que les paramètres initialement pris en compte ne se modifient
pas de façon notable, il n’y aura pas de
problème majeur pour le lecteur ou l’apprenant à bien appréhender les concepts en jeu. Mais tout changement
majeur de l’un de ces paramètres peut
entraîner des difficultés plus ou moins
sérieuses
d’assimilation
aux
apprenants.
Conscient de ces réalités et du fait que
les livres doivent être au service des
hommes, et non l’inverse, Cheikh
Ahmadou Bamba a osé, dès l’époque
même où il était encore jeune assistant
au daara de son père, toucher à ces
sacro-saints ouvrages dans le but de
les rendre plus accessibles aux étudiants de son milieu. C’est dans ce
cadre qu’il a écrit ses premiers manuels
dits scolaires dans les différentes disciplines des sciences religieuses dont il
explique la motivation principale dans
Les Itinéraires du Paradis [2] : « [Le
fait est que les ouvrages des anciens]
sont actuellement négligés par la plupart de mes contemporains, à cause,
pour une large part, de leur grand volume [ou, de façon plus générale, de leur
difficulté d’assimilation]... » (Masâlikal
Jinân, v. 24)
C’est ainsi qu’il entreprit de versifier un
grand nombre d’ouvrages des grands
auteurs étudiés à cette époque, en
veillant chaque fois à les rendre plus
accessibles aux étudiants et en y intégrant ses propres idées et opinions. Il
en fut ainsi du Bidâyatul Hidâya (Le
Début de la Bonne Direction) de
Ghazâli qui devint Mulayyinul Sudûr
(Celui qui adoucit les cœurs), du
Khâtimatu Tasawuf (Le Sceau du
Soufisme) de Al-Yadâli qui devint
Masâlikul Jinân, du Ummul Barâhîn (La
Source des Preuves) de Al-Sanûsi qui
devint Mawâhibul Qudûs (Les Dons du
Seigneur Très Saint), du célèbre traité
de Al-Akhdarî qu’il résuma dans
Jawharu Nafîs (Le Joyau Précieux) etc.
Pour clarifier davantage la mission qu’il
s’était assignée, et qui entrait dans le
cadre du Service qu’il accomplissait
pour le Prophète (Khidma), le Cheikh
écrivit
plus
tard
:
«Il m’incombe de composer des écrits à
travers lesquels pourra se diriger sur le
Droit Chemin, s’il plaît à Dieu, tout serviteur autre qu’un Prophète. » (Li
Mâhin Bashîrin) « J’ai revivifié les
écrits des Nobles Anciens en vue de
générer du profit [aux créatures] par
Amour du Seigneur qui sanctifia mes
écrits»…
Pour être reconnu comme savant,
on était obligé d’aller faire des
études en Mauritanie
Voyager à la recherche du savoir a été,
de tout temps, une pratique commune
chez les grands oulémas, une pratique fortement encouragée d’ailleurs
par le Prophète lui-même (Paix et Salut
sur lui et sur les siens). Mais si le but de
ces périples était réellement la quête du
savoir, il en allait pas toujours de même
avec beaucoup de contemporains noirs
de Cheikh Ahmadou Bamba. En effet, la
coutume chez ceux-ci voulait que toute
personne qui espérait être reconnue
comme `âlim (savant) fasse le déplacement de la Mauritanie, même s’il n’y
apprenait pas grand chose. Cette
logique, même s’il y souscrivit spontanément à ses débuts, Cheikh Ahmadou
Bamba cessa plus tard de s’y conformer
en se contentant de faire l’essentiel de
ses études dans le pays des sûdân
(Noirs). Il apprit ainsi l’essentiel de ce
qu’il se devait d’apprendre en son pays
natal et eut confiance à la science qu’il
avait reçue de son père et de ses autres
maîtres noirs, car, pour lui, la science
n’avait pas ni couleur ni frontière.
On manquait d’estime pour les oulémas noirs
Si les sénégalais tenaient tant à séjourner en Mauritanie pour valider leur
savoir, c’était dû au fait que l’on n’accordait pas aux oulémas noirs le crédit
reconnu à leurs pairs maures censés
détenir les lumières de la connaissance
véritable. Et, là encore, Cheikh
Ahmadou Bamba a échappé à l’ordre
établi et au complexe culturel de ses
concitoyens. Confiant en son savoir et
en ses propres capacités intellectuelles,
il entreprit, dès son adolescence même,
d’écrire des livres dans un grand
nombre de domaines, à commenter les
opinions des grands oulémas et invita
ses contemporains à juger ses avis en
fonction de leur pertinence mais non
selon des préjugés raciaux ou autres
considérations subjectives, comme il
eut à le dire dans Les Itinéraires du
Paradis : « Ne te laisse pas abuser par
ma condition d’homme noir pour ne pas
tirer profit de mon ouvrage. Car l’homme le plus honorable auprès de Dieu
est, assurément, celui qui le craint le
plus, et cela sans discrimination d’aucune sorte ! En effet, la couleur noire de
la peau ne saurait, en aucune façon,
être le fondement de la bêtise d’un
homme ou de son incapacité à comprendre… » (Masâlikal Jinân, v. 47-49)
[3]
Tout ce qui émanait du passé et des
anciens était sacralisé
Imiter systématiquement les anciens et
estimer leurs opinions au point de les
sacraliser sans aucun effort véritable de
rénovation ou d’actualisation constitue
un dénominateur commun à toutes les
sociétés en décadence. L’époque de
Cheikh Ahmadou Bamba n’avait pas
échappé à cette règle. Ainsi suffisait-il
qu’une opinion soit tenue d’un ancien
pour être considérée comme correcte et
indiscutable. Quant aux contemporains,
ils ne se reconnaissaient pour rôle
essentiel que d’expliquer les opinions
des anciens et de chercher les moyens
de les défendre et de les argumenter.
Cette attitude ne pouvait convenir à un
rénovateur de la stature de Cheikh
Ahmadou Bamba. En effet, dans son
travail d’adaptation des ouvrages des
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anciens, il n’hésitait pas souvent à discuter certaines opinions et à émettre la
sienne chaque fois qu’il le jugeait
nécessaire, même s’il va sans dire qu’il
le faisait toujours avec beaucoup
d’égard pour les anciens et beaucoup
d’humilité.
Ne se contentant pas d’adopter cette
démarche lui-même, Cheikh Ahmadou
Bamba invitait ses contemporains à
suivre la même démarche. « N’accorde
pas l’exclusivité des avantages de Dieu
aux seuls anciens car tu tomberais
alors dans l’égarement. Car il arrive
souvent qu’un homme des Temps
Modernes maîtrise des secrets qu’ignoraient les hommes des Temps
Anciens… »(Masâlikal Jinân, v.5152)[4]
L’enseignement était exclusivement
livresque
Dans le milieu des doomi soxna
(familles religieuses), le seul moyen de
transmission du savoir religieux était
l’enseignement par les livres. Or le fait
est que tout le monde ne peut pas
acquérir le savoir par ce moyen pour
différentes raisons d’ordres intellectuel,
social etc. Ainsi, de facto, la grande
majorité des gens se trouvait exclue du
champ de la connaissance et condamnée à ignorer les éléments fondamentaux de sa religion. Conscient que l’objectif le plus important consiste à
connaître Dieu et Son message puis de
le mettre en pratique et que l’enseignement livresque n’est qu’un moyen parmi
d’autres pour atteindre cet objectif,
Cheikh Ahmadou Bamba entreprit de
donner à chaque musulman la possibilité de connaître les principes de sa religion, quels que soient son âge et ses
capacités intellectuelles, en introduisant
d’autres moyens de connaissance à
côté de l’enseignement livresque classique. C’est ainsi qu’il a implanté, à coté
des écoles traditionnelles, ce qui devint
les daaray tarbiya (centres de formation et d’éducation par la pratique) qu’il
confia à des formateurs bien préparés.
A ceux qui étaient sous son contrôle
direct et qui n’étaient pas aptes à l’enseignement livresque, il donnait une
éducation pratique et un enseignement
oral dans la langue locale (le wolof), en
se servant de différents moyens d’illustration pédagogiques : des signes
visuels tracés à même le sol, des paraboles, des analogies etc. Il est très intéressant de noter que cette méthode
d’enseignement fait partie de celles
qu’utilisait notre Prophète à l’intention
des Compagnons – la Paix et le Salut
soient sur lui et sur ses derniers [5].
Cependant l’introduction de ces nouvelles méthodes d’enseignement, il est
important de le noter, n’a jamais remis
en cause l’importance de l’enseignement livresque aux yeux du Cheikh,
contrairement à ce que d’aucuns ont
voulu insinuer dans leurs travaux. Au
contraire, le Cheikh n’a, à aucun
moment de sa vie, varié sur la grande
GRAND MAGAL DE TOUBA 2011/1432 H
ANALYSE
CHEIKH AHMADOU BAMBA
Page
5
Par Cheikhouna MBACKE Abdoul Wadoud
(Relu par A. Aziz Mbacké Majalis)
Un modèle de progressisme et de rénovation
valeur qu’il a toujours accordée à l’acquisition de la connaissance théorique
que démontrent d’ailleurs amplement la
profusion des ouvrages dévolus à l’enseignement religieux qu’il a composés.
En effet nul n’a, à notre connaissance,
autant écrit que le Cheikh dans toute
l’histoire du Sénégal et peut être même
de l’Afrique, ni en religion, ni dans n’importe quel autre domaine. Un autre élément à même d’étayer cette importance
qu’il ne cessa d’attribuer à la science
livresque est la permanence des daaras
ta’lim (centres de formation théoriques)
dans tous les foyers qu’il a implantés
tout au long de sa vie à travers le pays,
de ses débuts à Mbacké Cayor (1301
h.), jusqu’à sa disparition à Diourbel
(1346 h.). A propos de l’importance du
savoir, le Cheikh a énormément écrit :
« Sache que la science et la pratique
constituent les deux moyens pour
atteindre la Félicité Eternelle. Soucie-toi
en permanence de ces deux principes
en te débarrassant de tous tes défauts
et en restant dans la pureté la plus
absolue » (Masâlikal Jinân, v. 91-93). «
Ô frère! Sache que la science est supérieure à l’action, étant son fondement et
sa source. Heureux celui qui l’acquiert !
Cependant le savoir ne peut produire
des fruits et générer des avantages
qu’à travers sa mise en pratique ; persévère donc à toujours combiner théorie et pratique. » (Masâlikal Jinân, v.
103-104)
Ainsi beaucoup d’entre nous ont eu la
chance de rencontrer dans leur vie des
disciples formés dans les daaras tarbiya
du Cheikh ou de ceux qu’il a éduqués et
qui n’étaient dotés d’aucune véritable
connaissance livresque. Ce qui demeurait étonnant pourtant c’était qu’à
chaque fois qu’ils parlaient ou agissaient, l’homme instruit pouvait aisément deviner le verset du Coran, le
hadith du Prophète (Paix et salut sur lui)
ou la référence livresque auxquels cet
acte ou cette parole correspondait, bien
que lui-même n’en eut pas toujours pleinement conscience ! Et n’est-ce point
là le véritable objectif de la connaissance ?
Les rapports à la pratique religieuse
à l’époque du Cheikh
A l’époque du Cheikh, un musulman
sénégalais était comme condamné à
être qâdirî ou tijjânî, ayant pour ambition suprême de devenir un cheikh dans
la Qâdiriyyahou un muqaddam dans la
Tijjâniyyah. Ainsi le musulman sénégalais de cette époque ne pouvait imaginer être musulman sans être qâdirî ou
tijjânî. D’autre part un qâdirî ne pouvait,
et ne peut toujours pas, aspirer à un
rang plus élevé que celui d’un cheikh.
Pour un tijjânî, le rang le plus élevé
était, et reste, celui d’un muqaddam.
Quant à Cheikh Ahmadou Bamba, il a
toujours reconnu l’utilité des voies soufies et le mérite de leurs fondateurs ou
références ; ainsi les a-t-il toutes pratiquées pendant une dizaine d’années.
Mais il savait aussi que ces voies
n’étaient pas des finalités en soi et que
leurs fondateurs ou références, tels que
Cheikh Abdul Qâdir al- Jîlânî et Cheikh
Ahmad at- Tijjânî, ont accédé au rang
qui est le leur par la Grâce Divine et par
leur engagement et leur dévouement
personnels dans la Voie de Dieu.
Partant de ce principe, Cheikh
Ahmadou Bamba a pratiqué ces deux
voies comme il en a pratiqué d’autres,
avec l’ambition d’accéder au rang des
deux cheikhs et - pourquoi pas ? – de
les dépasser. C’est parce qu’il avait une
grande ambition et qu’il ne se fixait pas
de limites psychologiques, à l’instar de
ses contemporains, qu’il a pu arriver à
une étape de sa vie où il ne se reconnaissait pour maître que le Prophète
Muhammad - Paix et Salut sur lui - et où
il a créé sa propre voie – ce qui représente une première pour un musulman
noir. Et même durant la période où il
pratiquait les wirds de ces voies soufies, le Cheikh n’hésitait pas outrepasser certaines règles fixées par les
maîtres desdites voies, lorsqu’il s’avérait, par exemple, que ces règles soient
de nature, à ses yeux, à contrarier ses
ambitions spirituelles : par exemple l’interdiction de combiner un wird avec
celui d’une autre voie, celle de rendre
visite à des maîtres spirituels n’appartenant à sa propre voie etc. Le Cheikh a
su ainsi distinguer le caractère non
essentiel de certaines de ces dispositions cultuelles qui n’étaient applicables
que dans un contexte déterminé et pour
des considérations historiques qu’il
jugeait ne pas engager tous, en tout
temps et en tous lieux.
Dans le domaine de la lutte contre
l’occupation coloniale
Dans sa confrontation avec les occupants français, Cheikh Ahmadou
Bamba a choisi d’organiser sa résistance sur le terrain culturel et idéologique.
Cette décision, il l’a prise après avoir
analysé l’histoire de ses prédécesseurs
qui avaient tous opté pour la résistance
armée et l’issue de leurs démêlées
avec les occupants. En effet, tous ceux
qui, avant lui, se sont lancés dans la
résistance armée (jihâd ou conflit politique) sont tombés sur le champ de
bataille devant les envahisseurs très
supérieurs en armement, ce qui se traduisit par l’échec de leur résistance.
Il convient, pour mieux juger de la pertinence prospective de sa méthode, de
se rappeler que l’objectif de l’occupation française, contrairement à celle des
anglais, ne se limitait pas à l’exploitation
des richesses des territoires occupés.
En effet, la colonisation française visait
également à « coloniser les esprits et
les cœurs » à travers l’assimilation par
les « indigènes » des mœurs et des
référents culturels de la métropole
considérée comme porteuse
du « fardeau de la mission
civilisatrice » envers les «
peuplades primitives encore
restées dans l’enfance de
l’humanité ». Complice et
associée à cette vaste entreprise de « déculturation
coloniale », l’Eglise chrétienne envoyait également ses
missionnaires à coté des soldats pour évangéliser et
convertir
de
nouvelles
ouailles à travers le monde…
Ayant pris conscience de
tous ces paramètres, Cheikh
Ahmadou Bamba décida de
mener son combat contre les
occupants sur le terrain culturel et spirituel pour les
empêcher de faire une mainmise sur les esprits et les
cœurs de ses coreligionnaires. Ainsi, préféra t-il, à la
place de la résistance armée
que sollicitaient certains de ses adeptes
et qui était la règle à cette époque, de
mener une autre forme de combat
jusque là inconnue sous nos cieux.
Pour expliquer sa démarche, il avait
l’habitude de dire à ses disciples que,
tôt ou tard, l’occupant partira un jour et
que, après son départ, la terre continuera toujours de fournir des richesses
dont ils pourraient profiter librement.
Mais si par malheur l’occupant réussissait à coloniser également les esprits et
les cœurs, « ce sera alors nousmêmes qui nous précipiterions chez lui,
même après son départ, pour lui
apporter nos richesses sur un plateau
d’argent ! » Pour dénoncer le complexe
racial et idéologique de ses contemporains envers les ocuupants, le Cheikh
écrivit dans Ilhâmu Salâm (Inspirant
Emanant du Seigneur qui accorde la
Paix) : « Ceux [d’entre les indigènes]
qui ne suivent que leurs passions et les
ignorants en sont arrivés à penser que
les [occupants occidentaux] sont d’un
genre supérieur et dotés d’une suprématie naturelle. Aussi les imitent-ils
dans la débauche et le vol, de même
que dans des habitudes immorales
autres que celles-ci. De par la crainte
que ceux-ci leur inspirent, certains
d’entre ces gens en arrivent à oublier
[DIEU], le MAJESTUEUX, et Son
Prophète. Dans leur méconnaissance
que l’ensemble des destins relève
exclusivement de la Volonté du MISERICORDIEUX, le MAÎTRE ABSOLU de
la Puissance… » (vers 15, 18, 19).
Dans un poème très touchant qu’il
adressa à ses persécuteurs, il réaffirma
la véritable nature de son combat spirituel et exposa ses armes en des
termes très frappants : « Vous m’avez
exilé sous prétexte que je suis un adorateur de Dieu qui mène le jihâd. Je
vous donne assurément raison car je
mène le jihâd pour l’amour de Dieu.
Mais mon jihâd se fait à travers la
La Voix de Touba N°001/ Vendredi 24 Décembre 2010 - 17 Mouharram1432 H
A. Aziz Mbacké Majalis
connaissance et la piété, en ma qualité d’adorateur de Dieu et de Serviteur
du Prophète; et le Seigneur qui régente
toute chose en est Témoin. (…) Et si les
ennemis possèdent des armes pour lesquelles ils sont redoutés, mes armes,
quant à moi, sont celles dont j’ai parlées
; et c’est ainsi que je mène le jihâd… »
L’histoire a amplement démontré l’efficacité de cette méthode au niveau des
résultats, surtout si l’on compare l’immense patrimoine spirituel et les
valeurs fortes légués aux générations
ultérieures et les implications sociales
du mouvement qui s’ensuivit jusqu’à
nos jours à l’insuccès notoire de ceux
qui firent le choix des armes. Car nous
pouvons affirmer sans risque majeur de
nous tromper que, parmi les sénégalais,
les disciples mourides, surtout ceux qui
ont reçu une éducation dans les daaras,
sont, en règle générale, les moins vulnérables à l’assimilation par la culture
occidentale et les plus attachés aux
valeurs religieuses et traditionnelles de
leur communauté, quels que soient les
pays où ils se trouvent…
Dans le domaine de l’organisation
sociale
Sur le plan de l’organisation de la société wolof traditionnelle, le Cheikh a également apporté une rénovation, malgré
les multiples résistances jusqu’à nos
jours, surtout dans le domaine de la
spécialisation du travail alors basée sur
la division sociale en castes. Ainsi arrivait-il au Cheikh d’assigner certaines
tâches traditionnellement dévolues aux
castés (comme la cordonnerie) à un
élément appartenant à la classe des
doomi sokhna (aristocratique), ou bien
qu’il désigne un casté (ñeeño) à une
fonction traditionnellement réservée à
l’aristocratie religieuse, comme l’enseignement.
(à suivre)
GRAND MAGAL DE TOUBA 2011/1432 H
HOMMAGE
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CHEIKH MOUHAMADOU LAMINE BARA MBACKE FALILOU
Hommage au pionnier du nouveau Touba
Le 6ème khalife de Cheikh Ahmadou Bamba est décédé le 30 juin 2010, entre 21 heures et
22 heures à Touba Alieu, à l’âge de 86 ans. De tous les coins et recoins du Sénégal et du
monde ont retenti des hommages et un tribut de reconnaissance à l’endroit de ce chevalier infatigable du Mouridisme et de l’Islam.
Quelques temps avant l’instant de retrouvailles avec notre Seigneur, votre état clinique était sujet à plusieurs commentaires et laissait sceptiques les mourides
les plus avertis. Vous comptez désormais
parmi les pionniers du « Nouveau Touba
» parmi les disparus. Après plus d’un
demi-siècle d’activité continue au service
de l’islam, du Mouridisme et concernant
tous les secteurs de la vie économique et
sociale du Sénégal, vous laissez derrière
vous un bilan précieux et enviable.
Diplômé des hautes écoles de Serigne
Bara MBACKE, votre homonyme, et de
Serigne Fallou MBACKE, votre père,
vous avez démarré très tôt votre vie active au service de Cheikh Ahmadou
Bamba.
Aux côtés de vos pères et khalifes de
Serigne Touba, vous avez acquis une
expérience qui forge vos exigences sur
l’éthique, la foi et les valeurs du véritable
guide religieux que vous n’avez cessé
d’afficher tout au long de votre vie de
lumière.
Devenu khalife de votre illustre père
Serigne Fallou, Cheikh Ahmadou Bamba
vous confie la destinée du Mouridisme le
28 décembre 2007, après le rappel à
Dieu de Serigne Saliou MBACKE. Une
place de laquelle vous n’avez certes plus
grand-chose à apprendre mais beaucoup
à apporter.
Un amour et un attachement indéfectible à Serigne Fallou
Dans cette activité débordante, tout le
Sénégal, l’Afrique et le monde vous a
admiré d’avoir toujours su trouver le
temps pour cultiver une passion sans
borne: l’amour et le legs de Serigne
Fallou. Pour cela aussi, vous avez su
associer l’utile et l’agréable. Je me souviens d’un ziar chez vous avec un ami
artiste, Ousmane SEYE, où l’on vous
avait remis un tableau en collage de
Serigne Fallou. Vous étiez si touché que
vous nous avez donné l’opportunité de
tenir entre nos mains la fameuse canne
de votre vénéré père. En plus d’une
canne, c’était une arme à feu que vous
disiez, sur un ton de plaisanterie à l’intention de vos cousins historiques, « bonne
pour tirer sur un petit Mboussobé ».
Vous avez fait vôtre cette assertion de
votre vénéré père qui disait que : «
l’homme n’obtient que le fruit de ses
efforts ». Votre expérience, votre courage et votre fidélité envers Serigne Fallou
étaient connus de tous. Il suffisait de prononcer son nom pour vous voir rentrer
dans des états de grâce ou « haal »
dignes des grands soufis de notre histoire.
Un service assidu au khalifat de
Serigne Touba
Tout au long de votre parcours, El hadji,
vous avez été au service exclusif de
votre grand-père Cheikh Ahmadou
Bamba par le biais de cette institution
symbolique qu’est le khalifat. Votre
Cheikh Mouhamadou Lamine Bara Mbacké Falilou,
6e Khalif des mourides
empressement à rendre service pour
l’unique face de Dieu a fait que vous
avez
accompagné
« l’imam
du
Mouridisme », Cheikh Abdou Khadr
MBACKE durant les 21 ans de son imamat. Chaque vendredi, vous avez été
aux premières loges pour assister et servir de « garde du corps » à ce père qui
vous a confié beaucoup de secrets entre
sa maison et l’enceinte de la Grande
Mosquée. Le décor et les éléments physiques de cette dernière se souviendront,
sans doute, de vos pas alertes près de
Serigne Abdou Khadr pour l’accompagner à vivifier ce désir spirituel ardent de
Cheikhoul Khadim : « fais que cette cité
soit une demeure de piété, de science et
de religion. Qu’elle soit une source d’élévation. Fais que cette cité soit un lieu
d’adoration de Dieu le Miséricordieux et
de rejet de Satan le Banni… ». Vos relations avec le cinquième khalife du
Mouridisme, Serigne Saliou MBACKE,
témoignent de ce sacerdoce de serviteur
du khalifat. En effet, vous avez conduit, 7
années durant, la voiture du Maitre de
Khelcom, à travers les contrées de notre
pays, pour des missions qui préparaient
le terrain à un khalifat exceptionnel de 17
ans.
L’abnégation dans la réalisation du
rêve urbain de Serigne Touba
Dans la continuité administrative, votre
magistère s’est attelé au développement
de la ville sainte. L’amélioration des infrastructures de voirie, le complexe socio
éducatif d’une capacité de 3000 élèves,
la nouvelle résidence Cheikhoul Khadim
estimée à près de 2 milliards de francs
CFA, l’ouvrage hydraulique de Keur
Niang, la cité Serigne Fallou avec près
de 2500 habitants, la Grande mosquée
Mouride de Dakar en sont une parfaite
illustration. En plus de la pose de la première pierre d’édifices religieux à travers
la ville sainte, vous n’avez pas dérogé à
la règle suivie par vos prédécesseurs en
poursuivant les travaux de rénovation et
d’embellissement
de
la
Grande
Mosquée. En un laps de temps, vous
avez imposé votre vision d’une ville futuriste à l’image de la ville mecquoise de
Médinatoul Mounawara que vous avez
visitée à plusieurs reprises. Votre vœu le
plus cher était d’accomplir et d’aligner
Touba aux dimensions de ce sanctuaire
du Prophète Mohamed (PSL). A ce propos, vos paroles « plus d’espaces dans
et autour de la Grande Mosquée, plus de
fluidité dans la circulation, sans oublier
une meilleure administration de la ville,
une bonne gestion de la cité pour le bienêtre des populations de Touba » ont
marqué à jamais l’esprit des Toubiens.
La personnification de l’humanisme
Ce qui ressort le plus de votre personnalité hors du commun, c’est votre attachement à la seule valeur qui en vaille la
peine: la relation humaine. Votre noblesse humaine vous a valu d’intercéder pour
les plus faibles. Nous retiendrons de
vous, cette défense permanente que
vous preniez pour l’ensemble des disciples de Cheikh Ahmadou Bamba d’où,
votre surnom de khalife de proximité. El
Hadji, vous n’avez jamais hésité, malgré
le poids de votre mission, à emprunter
les nationales de notre pays à notre rencontre. Dakar, Rufisque, Kaolack,
Porokhane, Nawel, entre autres vous ont
accueilli dans l’allégresse et l’espoir ;
prouvant ainsi votre noblesse de caractère. Il sortait de votre cœur, El Hadji, cette
assertion qui ponctuait la plupart de vos
discours : « rien ne se réalise sans que
vous (ndlr : les disciples) ne soyez à la
base ». Cet humanisme vous a porté
dans le cœur de tous les sénégalais,
toutes religions et toutes confréries
confondues. Les audiences accordées,
en toutes circonstances entre la résidence Serigne Fallou et votre propre demeure, faisaient que tout disciple ayant la
volonté de recueillir vos prières bénites
vous rencontrait et rentrait satisfait des
considérations eues à son égard par un
khalife général de la voix de Cheikh
Ahmadou Bamba. Des titres de voyage
pour la Mecque offerts aux musulmans,
les prises en charge des familles nécessiteuses, vos appuis aux porteurs de projet par une mise à disposition d’un capital, vos appuis dans les cérémonies
sociales et religieuses en cours dans
notre pays, vos aides scolaires aux plus
studieux, les plus de 1300 correspondances adressées aux autorités de l’Etat
pour soutenir les citoyens désespérés,
les 26 tonnes de semences offertes gracieusement au monde rural pour la cam-
La Voix de Touba N°001/ Vendredi 24 Décembre 2010 - 17 Mouharram1432 H
pagne agricole 2009/2010, sont autant
d’exemples de votre mansuétude et de
votre qualité d’avocat de vos concitoyens.
L’aiguille d’une unité islamique au
Sénégal
Ayant pris en charge le khalifat en
ouvrant l’ère des petits-fils en 2007, vous
vous êtes révélé un grand artisan de la
réunification des acteurs de l’islam dans
notre pays. El Hadji, par vos vertus, votre
incomparable érudition, votre volonté de
mettre l’islam au service de vos concitoyens, vous avez su manager les rapports entre nos différents foyers religieux.
De Thienaba, en passant par Medina
Baye, Louga, Diourbel, Bambèye et
Dakar vous avez jeté un pont entre les
musulmans et semé les germes d’un
apaisement social. Le dialogue interreligieux dont vous avez porté les idéaux et
vos relations saines et objectives avec
les autorités de l’église ont cimenté, au
cœur de notre République, les valeurs
sublimes de paix et de tolérance que
vous avez incarnées.
El Hadji, vous avez de fort belle manière
véhiculé l’enseignement du guide modèle des musulmans à travers vos communications, vos pratiques quotidiennes et
votre vision.
Tous vos disciples et vos amis -ils sont
nombreux- vous pleurent aujourd’hui aux
côtés de votre famille, avec beaucoup
d’amertume et d’affection.
Adieu Aladji Bara!
A.D
GRAND MAGAL DE TOUBA 2011/1432 H
DOCTEUR KHADIM SYLLA
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MOURIDE DU JOUR
La personnification de la quête du savoir
Sincèrement convaincu de l’universalité de l’œuvre et des missions historiques de Cheikh
Ahmadou Bamba, il est l’un des principaux maîtres d’œuvres des activités culturelles et
intellectuelles du Mouridisme. Attaché aux activités de vulgarisation de la pensée de
Cheikhoul Khadim, ce sociologue au parcours atypique s’engage dans une croisade pour
la recherche et une application de la philosophie de vie de l’un des plus grands guides
religieux du vingtième siècle.
Dr Khadim Sylla
Originaire de Merina SYLLA, communément
appelé «Nget Salaw», près de Mbakol, arrondissement de Ndindy, département de Diourbel et
région de Diourbel, au centre du Sénégal,
Serigne Khadim SYLLA a grandi dans un bourg
acquis à Serigne Touba et dont le précurseur fut
Taïba Dakhar Ahmadou Ndoumbé Mar. Ce
patriarche avait des relations profondes avec la
famille du Cheikh. D’ailleurs, c’est lui qui présida
la prière mortuaire de Serigne Mame Mor Anta
Saly dont il a partagé le même daara, celui de
Massamba Anta Thiebo, pour leur formation islamique. Par la suite, ils ont rejoint le daara de
Bamba SALL et avaient fini de nouer une amitié
sans faille dont sont issus pour chacun un enfant
portant, respectivement, les noms de Cheikh
Ahmadou Bamba et de Serigne Bamba SYLL,
père de Sokhna Khary Mbar, Serigne Abdou
Samath et Sokhna Khady Darou la sainte mère
de Sokhna Mai.
Merina SYLL était un pole d’éducation qui a vu la
plupart des membres de la famille MBACKE y
accomplir une partie de leur formation.
C’est dans cette localité de Merina SYLL que le
docteur Khadim SYLLA a grandi et a démarré sa
formation coranique, ainsi que son apprentissage des livres de connaissances du Cheikh
comme « Tassawudu Cighar », « Jawaru Nafis
» et « Lakhdariyou » auprès de Serigne
Mouhamadou Khalifa, un fils de Serigne Merina
SYLL. Quelques années plus tard, le jeune
Khadim rejoint la localité de Darou Salam qui
abritait le daara de Serigne Mamadou DIOP
Astou, un grand érudit et où il a assimilé des
œuvres
comme
« Rissala »,
«
Moukhadimatoul Cokiyou » et d’autres livres sur
la jurisprudence, la grammaire. Pour parfaire et
approfondir son cursus religieux, Serigne
Khadim SYLL fut accueilli, à Touba, par son
grand-père Serigne Habibou MBCAKE qui est le
frère de notre grand-père maternel Serigne Amar
Fall MBACKE. Il a trouvé dans ce daara des disciples déjà aguerris comme Serigne Abdoul
Ahad et Serigne Falilou, deux fils de Serigne
Souhaibou, et qui s’occupaient de suivre l’enseignement des plus jeunes comme lui. Cependant
la configuration des lieux d’enseignement dans
la ville sainte faisait que certaines connaissances
étaient prodiguées par Serigne Ass DIAKHATE
et Serigne Cheikh SEYE, entre autres. C’est
ainsi que Serigne Khadim SYLLA avait atteint un
niveau scolaire tel qu’il lui était difficile d’accéder
à un autre palier de la formation religieuse islamique.
Sa formation terminée et n’ayant pas assez de
ressources financières pour migrer vers le
Maghreb ou les pays du Golf, Serigne Khadim
SYLLA se résolut à emprunter le chemin des
écoles de Serigne Cheikh Mbacké Gaindé
Fatma comme enseignant. Il passa 2 années
entre Guèye - Guèye, dans la région de Thiès,
dans le département de Tivaouane entre
Pékesse et Merina Dakhar. Ensuite il rejoint un
autre village sur la route de Saint-Louis du nom
de Cilleu près de Kelle, entre 1978 et 1979.
Les années d’aventure entre l’Afrique et le
Golf Arabique
A la fin de l’année académique 1979- 1980, il
décida, avec quelques amis comme Docteur
Ahmadou LO et Bassirou SEYE, d’aller à l’aventure en passant par le Mali, la Côte d’ivoire où ils
ont vécu trois mois sans ressources financières.
Pour survivre, Serigne Khadim SYLLA et ses
compagnons rendaient visite aux disciples
Mourides et les entretenaient sur la vie et
l’œuvre du Cheikh. Ainsi, ils parvenaient à récolter des adiyas qui leurs permettaient de subvenir
à leurs besoins primaires et même d’épargner
un peu d’argent.
Leur premier objectif de voyage était de rallier
l’Arabie Saoudite, mais, leur pécule ne leur donnait droit qu’au visa et au billet pour le Caire en
Egypte.
Mais sans bourse, Serigne Khadim SYLLA et
ses compagnons de route n’avaient pas encore
vu le bout du tunnel et étaient confrontés aux
dures réalités de la vie cairote. En visite dans le
quartier général des étudiants sénégalais, on
leur signifia que sans bourse, non seulement il
était difficile de trouver un logement encore
moins de s’inscrire dans une université. Le dahira des étudiants Mourides, sous l’égide de
Khassim DIAKHATE et Khadim MBAYE, leurs
paya une nuitée dans un hôtel de circonstance.
Au lendemain de leur premier séjour en terre
égyptienne, ils sont allés à la rencontre de
Serigne Khadim MBACKE ibn Serigne Modou
Moustapha, au niveau de l’ambassade du
Sénégal, pour lui exposer leur situation. Ils sollicitaient un visa étudiant pour le petit pèlerinage à
la Mecque mais le consul n’était pas dans les
dispositions de régler leur problème du fait d’intervention déjà faites auprès des autorités de
l’Arabie Saoudite en Egypte pour d’autres étudiants sénégalais.
Coincés dans le pays du Nil, Serigne Khadim
SYLLA et ses compagnons d’infortune sont restés encore plus de 20 jours à méditer sur leur
sort en attendant une issue heureuse à leur
quête d’un sauveur.
Après moult péripéties, le diplomate Serigne
Khadim MBACKE leurs trouva des visas pour
l’Arabie Saoudite. En 1981, Khadim SYLLA et
ses compagnons quittent les bords du Nil pour
Médinatoul Mounawara. Ils y trouvent d’autres
compatriotes comme Serigne Khadim LO, l’actuel directeur de l’Institut Al Azhar et son grand
frère Bassirou LO, El Hadji LO ibn Serigne
Cheikh LO Ngabou, Serigne Mountakha DIATTARA, petit frère de Serigne Moustapha DIATTARA de la bibliothèque de Touba, Cheikhouna
MBACKE El Hadji Bara, Cheikh KA, etc.
Les conditions d’hébergement et de restauration
étaient très difficiles du fait de leur clandestinité.
Apres concertation, les amis du Khadim SYLLA
décidèrent de se séparer en deux groupes dont
l’un resta à Médinatoul Mounawara et l’autre partit pour Ryad, pour être accueilli par des
Mourides comme Serigne Moustapha DIAKHATE Khadimoul Khadim, Badara MBAYE, Cheikh
MBACKE ibn Serigne Modou Awa Balla et Sahib
MBACKE le frère du docteur Khadim MBACKE
de l’Ifan. A Ryad, Khadim SYLLA va séjourner
chez le mufti Abdou Aziz Ben Bhatt qui prit le soin
d’écrire des demandes d’inscription aux universités pour recevoir ses hôtes sénégalais : lui,
Mountakha DIATTARA, Bassirou, Khadim et El
Hadji LO. Mais l’année académique ayant déjà
démarré à leur arrivée à Ryad, le saoudien les
orienta vers une de ses écoles privées à la
Mecque avec le système d’enseignement traditionnel connu à Touba. Il confia la mission à un
de ses représentants yéménite d’assurer leur
hébergement et leur nourriture chaque mois,
dans l’attente des demandes d’inscription aux
universités.
N’ayant pu obtenir une bourse, Khadim SYLLA
retourna sur ses pas en regagnant le Caire.
Une fois en Egypte, en 1982, il s’inscrit à l’Institut
Al Azhar de Caire pour obtenir son baccalauréat,
avant d’entamer des études supérieures pour
obtenir, avec brio, une licence en droit et législation islamique dans la même université, en 1986.
Sa volonté et son amour pour les études l’incitèrent à initier une inscription en troisième cycle de
législation comparée après une période préparatoire devant déboucher sur mention très bien en
maîtrise.
L’INALCO : un creuset d’excellence pour un
docteur en sociologie
Entre temps, Khadim SYLLA voyagea à Paris
pour y passer ses vacances. Il y fut habité par le
désir de rester en Hexagone pour entamer des
études plus poussées, d’autant plus que le 3eme
cycle au Caire était extrêmement difficile à
décrocher, du fait de conditions difficiles. Comme
les années écoulées, Docteur Khadim SYLLA
fut, cette fois-ci, confronté à une barrière linguistique. Il ne maitrisait pas le français. Pour
résoudre cette équation, notre aventurier partit
pour Poitier pour suivre des cours en capacitation, entre 1990 et 1992, avant de s’inscrire dans
une université à Paris sur les conseils de son
ami Babacar CISSE. Après avoir décroché son
Diplôme d’Etudes Approfondies sur « Les
Mourides en Europe », option Etudes
Méditerranéennes, Babacar le recommanda à
un professeur, Guy Nicolas, de l’Institut National
des Langues et Civilisation Orientale (INALCO)
qui lui proposa de travailler sur l’immigration
mouride sans savoir son appartenance confrérique. Le professeur Nicolas, spécialiste de
l’Islam au Sud du Sahara, donna son accord
pour faire des recherches et publier une thèse
intitulée : « Mouridisme et Migration, la communauté mouride en Occident ». En 1999, il
devient docteur en sociologie, option Etudes
Africaines, avec mention très honorable devant
un jury composé de Philippe DECREANE, MM
Nicolas, Coulon, Rey, Fall, DIOP et Mme Withol
de WENDEL.
Son séjour en France le poussa, à partir de
1991, à travailler dans la consultance sur les
affaires musulmane et à animer des cours d’apprentissage et de formation dans la science islamique, au Centre Culturel Islamique près de la
Porte Clichy à Paris.
La Voix de Touba N°001/ Vendredi 24 Décembre 2010 - 17 Mouharram1432 H
Au cœur du Ministère de l’Intérieur : les
affaires religieuses retrouvent leur lettre de
noblesse
Promu Conseiller Technique, chargé des Affaires
Religieuses, en 2004 au Ministère de l’intérieur
du Sénégal, docteur Khadim SYLLA constitue un
pont entre l’Etat et les familles religieuses. «
J’assiste le Ministre d’Etat à maitriser les foyers
religieux et l’aider à suivre tous les dossiers religieux qui lui parviennent » nous a-t-il confié.
Véritable chercheur et grand conférencier international, ce fonctionnaire aborde dans leur profondeur toutes les questions d’actualité, l’histoire
de l’évolution du Mouridisme et de ses acteurs,
les faits migratoires et l’islam entre autres. D’un
abord facile et d’une jovialité abondante, ce
brillant intellectuel, que tous ceux qui le connaissent s’accordent à trouver attentionné et perspicace, est un héraut infatigable de la vulgarisation
de l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba.
Une plume avertie au service de sa communauté
En Mouride averti et éduqué pour un intellectuel
de sa dimension, sa production littéraire ne saurait surprendre. En avril 1999, il publie « La
Migration interne des Mourides et son impact
dans le domaine économique ». La territorialisation de la confrérie mouride s’est déroulée a travers des mécanismes liés à la trajectoire de son
fondateur et à la nécessité de mise en place de
structures de fonctionnement et d’expansion. Au
Sénégal, elle tire son originalité de la concomitance de logiques urbanisantes et de dissémination. Citant des exemples et pionniers de « l’esprit d’initiation et d’entreprise » chez les mourides de la première génération, Docteur Khadim
SYLLA exhorte les jeunes à « se réapproprier la
détermination » de cette dernière, pour « faire
face aux nouveaux défis qui ont pour dénominateur commun la pauvreté ». Toujours en 1999, il
publie, avec la collaboration de Serigne
Cheikhouna MBACKE Abdoul Woudod, un
ouvrage intitulé : « Etude critique et analyse
des écrits du professeur Rawane MBAYE sur le
Mouridisme et son fondateur ». Cet ouvrage en
français et en arabe est édité par le Collectif des
Mourides de France. Il bat en brèche différentes
considérations du professeur Mbaye sur le rôle
et la place du Cheikh dans l’Islam au Sénégal.
En juin 2003, le docteur SYLLA produit une
étude en français et en arabe sur la question
astrale intitulée : « Thèses et enseignements
sur la question de la nouvelle lune ».
Fondamental dans le calendrier musulman, cet
astre est souvent source d’incompréhension et
de non harmonisation de la pratique religieuse.
En 2009, avec l’aval de Rawdou Rayahine, le
docteur Khadim SYLLA analyse en profondeur le
rapport du Groupe Intergouvernemental d’Action
contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de
l’Ouest (GIABA), issu des conclusions de
l’International Narcotics Control Strategy Report
(INCSR). Le document intitulé : « Les faiblesses du rapport du GIABA sur Touba à la
lumière de la vérité des faits » réfute, preuves à
l’appui, le fait que la ville sainte soit considérée
comme une plaque tournante de l’argent douteux. Très inspiré, l’intellectuel mentionne « l’importance accordée au travail dans le Mouridisme
dans sa philosophie et ses principes » pour
montrer « les différentes activités des mourides
de la diaspora », ainsi que « l’origine, les motifs
et la destination de l’argent transféré par les
mourides de la diaspora vers la ville sainte de
Touba ». Par ailleurs, il a fait un aperçu sur «
l’utilisation de l’argent reçu par les guides et responsables mourides » avant de souligner les
points faibles du rapport.
Au fond, Docteur Khadim SYLLA est la personnification de la réussite d’un musulman. Sa vie
religieuse et sa carrière professionnelle sont
inextricablement mêlées.
A.D
GRAND MAGAL DE TOUBA 2011/1432 H
ACTUALITE
Page
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JOURNEE NATIONALE DE LANCEMENT D’UN RECUEIL
Rawdu Rayahine réactualise l’hagiographie de
Cheikh Ahmadou Bamba
Le Magal de Touba constitue un moment fort pour la communauté Mouride du Sénégal et de la
diaspora. Imbu de la pensée de Cheikh Ahmadou Bamba et conscient de sa mission, conforté
par le 5ème khalife Serigne Saliou MBACKE, Rawdou Rayahine publie un recueil pour booster
la dissémination du message universel de Serigne Touba en corrélation avec l’objectif premier
que joua ce daara, dans la formation du cercle restreint des premières générations mourides.
En prélude à la célébration de la
116ème édition du Grand Magal de
Touba, Rawdu Rayahine ou le « Jardin
des parfums », en collaboration avec le
comité d’organisation du Magal, organise le samedi 1er janvier 2011, à l’Institut
Islamique de Dakar, une journée nationale de lancement d’un recueil sur la
pensée de Cheikh Ahmadou Bamba.
Ce recueil de 137 pages, édité en
langues arabe et française, est « un
condensé des différents thèmes traités
durant cet événement religieux depuis
2002 » a soutenu le docteur en sociologie Khadim SYLLA. Moment intense de
remerciement à Dieu, le Grand Magal
de Touba, en plus d’une distribution, à
grande échelle, de mets succulents
Serigne Cheikh Aliou Mbacké
(berndé) pour les hôtes « douyoboul
awani » de la ville sainte est aussi « un
moment de berndé pour les « douyoboul amani
» qui sont des hôtes en quête de connaissances
» selon le sociologue. L’histoire de la démarche
intellectuelle de ces disciples exemplaires est à
chercher dans les différentes localités de la ville
sainte et du Mouridisme. Le fief de Serigne
Souhaibou, Darou Rahmane, était appelé Darou
Naar ou la maison des maures. Ces derniers
étaient reçus, sous le ndigël de Serigne Touba,
dans des tentes par Serigne Mbacké BOUSSO,
Serigne Makhtar Binta LO et d’autres érudits
mourides qui discutaient autour de la religion et
des sciences. C’est également le cas à Diourbel
précise toujours docteur Khadim SYLLA où «
Serigne Bassirou MBACKE et Serigne
Mouhamadou Lamine DIOP Dagana se retrouvaient autour de Ibn Mou Hala, un chanteur
émérite de Cheikhoul Khadim, pour corriger les
écrits des disciples qui s’essayaient dans la
poésie». Pour cette journée de lancement rentrant dans le cadre des activités générales de
Rawdou Rayahin, le directeur de la Bibliothèque
de Touba, Serigne Moustapha DIATTARA affirme que leur structure « entend mettre à la disposition des disciples, chercheurs, communica-
teurs ainsi que le grand public, un document
indispensable au renforcement de l’information
sur le Mouridisme ». Le Khalife Général des
Mourides, Serigne Sidy Mokhtar MBACKE, a
reçu 99 exemplaires de l’ouvrage, ainsi que les
khalifes des familles religieuses de Touba, le
khalife des Niassène, Serigne Abdou Aziz Sy
junior, Thierno Mackiyou TALL, Serigne Mawdo
TOURE, Murshid Iyane THIAM, entre autres, ont
précisé les organisateurs.
Pour le coordonnateur de cette journée nationale, Serigne Cheikh Aliou MBACKE, Cheikhoul
Khadim « constitue un terreau, une mine de
savoirs et de connaissances », qu’il serait bénéfique de montrer et de vulgariser à travers le
monde. Il a lancé un appel aux disciples, sympathisants et les autres confréries à les retrouver
pour vivre et découvrir « dans l’unité et la communion » cette « nouvelle référence hagiographique » de Cheikhoul Khadim.
A.D
RAWDU RAYAHINE
Un pôle de connaissances dans une démarche communicationnelle
Porter loin la pensée de Cheikh Ahmadou
Bamba est la priorité de ce groupe d’experts
mourides. Pour y arriver, la communication
de masse occupe une place centrale dans
leur continuum d’engagement envers le fondateur du Mouridisme.
Collectif d’intellectuels Mourides chargés des
questions scientifiques et culturelles, Rawdou
Rayahine a été porté sur les fonds baptismaux
en 2002 à Touba. L’appellation Rawdou
Rayahine fut octroyée l’année suivante par
Serigne Saliou MBACKE, après avoir parcouru
le contenu des communications faites par les
disciples lors de leur premier Magal en tant
qu’association.
A l’origine, Rawdou Rayahine était un daara où
Cheikh Ahmadou Bamba avait envoyé Serigne
Modou Moustapha et Serigne Falilou MBACKE
pour s’occuper de la formation des adeptes qui
auront pour mission de vulgariser la pensée et
les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba. Les deux
premiers khalifes du Mouridisme vont y faire un
court séjour avant d’être rappelés par leur père
qui leur signifia que le Seigneur lui a fait comprendre que leur mission était terminée et que
son vœu de disposer de disciples aptes à vulgariser son œuvre auprès des générations futures
était réalisé. L’objectif du Cheikh était d’avoir des
formateurs issus de sa famille et des disciples
exclusivement formés sur ses écrits et sortis de
son daara. En prenant connaissance des précurseurs de ce collectif, de leur parcours et les liens
proches de parenté avec le Cheikh, Serigne
Saliou MBACKE a jugé nécessaire de leur donner ce nom pour perpétuer l’acte de son père et
les exhorter à poursuivre le pas de Cheikh
Modou Moustapha et de Serigne Fallou.
Inextricablement lié à la célébration du Grand
Magal, Rawdou Rayahine a présenté, au cours
des années, une diversité de thèmes portant sur
Cheikhoul Khadim et le Mouridisme sous l’œil
vigilant d’un comité scientifique, et à charge pour
un pensionnaire des daaras de la confrérie de
faire la communication. Ce concept de communication est au cœur de la démarche de Rawdou
Rayahine. Ils ont fait de leur credo l’hypothèse
de départ de recherche de l’école américaine de
Palo Alto : «on ne peut pas ne pas communiquer».
À travers des supports de communication de
masse comme les conférences, les débats et les
tables rondes en langues nationales mais aussi
en français, en anglais et en arabe, ils ont su
faire passer leurs messages, et faire de ces
moments des instances d’échange entre eux et
les musulmans du Sénégal et de la diaspora.
Qui plus est, Rawdou Rayahine publie chaque
année un magazine retraçant les faits sociaux
qui caractérisent le Magal et l’évolution du
Mouridisme dans tous ses segments. Par
ailleurs, les différentes activités intellectuelles du
collectif, ponctuées par des reportages vidéo,
ACTIVITES PREPARATOIRES DU MAGAL 2011
Un symposium à l’Ugb de St-Louis les 14 et 15 janvier prochains
Saint Louis ne veut pas être en reste dans les
activités préparatoires de l’édition 2011 de Touba
initiées un peu partout par la communauté mouride et sa diaspora. C’est ainsi que cette ville
abritera les 14 et 15 janviers prochains un symposium initié par le Comité d’organisation du
magal présidé par Serigne Bassirou Mbacké
Abdoul khadir, avec comme maîtresse d’oeuvre
la Commission Culture et Communication dirigée par Serigne Abdoul Ahad Mbacké.
L’Université Gaston Berger servira de cadre à
cette manifestation dont l’organisation a été
confiée au dahira Mafaatihul Bichri, agissant de
concert avec la communauté mouride de StLouis.
C’est ainsi qu’un comité d’organisation a été
mise sur pied, divisée en trois sections qui sont
respectivement la section coordination, la section scientifique et la section relation extérieure.
Des intellectuels de haut niveau, tels que l’écrivain Madické Wade, Ablaye Sène, le président
du dahira organisateur, professeur d’anglais préparant un diplôme de 3ème cycle en Langues
étrangères appliquées, d’autres universitaires,
Abdoulaye Sène
enseignants ou chercheurs, appuyés par des
étudiants abordant la phase finale de leur cycle,
animent ces différentes sections.
Les activités débuteront le vendredi 14 janvier,
avec une visite guidée sur les sites de Cheikh
Ahmadou Bamba à Saint
Louis à partir de 16H. Cette
visite sera dirigée par Serigne
Madické Wade. Le symposium en tant que tel aura lieu
le samedi 15 janvier, et aura
comme thème général :
«Les influences de la
Mourridiyya
dans
les
domaines social, politique,
économique et culturel»
Selon Ablaye Sène, président
du Dahira Mafaatihul Bichri,
le symposium se veut « un
forum où des travaux de
recherche et de création dans
divers domaines pourront
être présentés, discutés et
approfondis pour combler les
lacunes par rapport aux études sur la
Mourridiyya souvent faites par des occidentaux
qui ignorent le plus souvent les principes de
bases de la Mourridiyya ». Notre interlocuteur
explique que les travaux vont s’articuler autour
La Voix de Touba N°001/ Vendredi 24 Décembre 2010 - 17 Mouharram1432 H
sont relayées grâce aux nouvelles technologies
de l’information et de la communication, par un
streaming sur les différents sites mourides.
Ce collectif, dirigé aujourd’hui par Serigne
Ahmadou MBACKE Badawiyou avec comme
membres des sommités intellectuels comme
Serigne Cheikh Aliou MBACKE, Serigne
Mbacké Abdoul Woudod, Docteur Khadim
SYLLA, Serigne Bassirou MBACKE Porokhane,
Serigne Moustapha DIATTARA, Serigne Abdou
Lahad MBACKE Gaindé Fatma, Serigne Abo
SALL, Serigne Abdou Aziz MBACKE Majalis,
entre autres a fini de marquer de son empreinte
l’un des plus grands rassemblements religieux
du Monde : le Grand Magal de Touba.
A.D
de 5 communications qui seront présentées par
des personnes ressources.
Mamadou Nguer, enseignant chercheur à l’UGB
auteur d’une thèse sur la numérisation des
ouvrages et documents écrits de Daray Kamil,
traitera de la « Problématique de la numérisation des écrits du Cheikh et leur vulgarisation ».
Massahoud Sy, enseignant à l’université de
Thiès, chercheur à l’UGB, entrain d’écrire sa
thèse de doctorat en arabe sur Serigne Touba,
lui, entretiendra l’auditoire du thème : «
L’enseignement soufi sunnite du Cheikh Ahmad
Bamba, gage d’une société musulmane exemplaire et d’un développement durable »
Abdou Aziz Mbacké, administrateur du site Web
Majalis, constructeur du projet sur la numérisation du patrimoine de Cheikh Ahmadou Bamba,
est chargé de faire une communication sur le
thème : « Les NTIC et la mouridiyya ».
Khadim SYLLA, Docteur en Sociologie, interviendra quant à lui sur le thème : « L’émigration
dans le développement de la Mouridiyya ».
Enfin, Serigne Moustapha Diattara, responsable
de la Grande bibliothèque de Touba, Daraye
Kamil, fera une communication sur « La problématique des Cheikhs ».
P.T

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