renseignement, surveillance et reconnaissance

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renseignement, surveillance et reconnaissance
LE RENSEIGNEMENT
RENSEIGNEMENT, SURVEILLANCE ET
RECONNAISSANCE (RSR) : UNE VISION
POUR LES FORCES CANADIENNES
par le capitaine de frégate Josh Barber
L
es événements qui découlent des attaques terroristes du
11 septembre montrent qu’il est important d’avoir de
solides capacités dans les domaines du renseignement et
de l’information au ministère de la Défense
nationale ainsi que dans d’autres branches du
gouvernement. Étant donné le peu de ressources qu’on
consacrait à ces domaines, les Forces canadiennes se sont tout
de même dotées au cours des dernières décennies d’une
capacité assez solide dans le renseignement, mais cette capacité
a surtout été conçue en fonction de l’appui à apporter à des
conflits conventionnels très intenses entre des forces militaires
extrêmement structurées et avancées sur le plan technologique.
Bien avant la dernière crise, les décideurs aux échelons
supérieurs savaient que les FC devaient renforcer leurs
capacités dans les domaines de l’information et du
renseignement afin d’être efficaces à l’avenir. Les conflits
futurs pour lesquels les FC doivent se préparer seront
probablement plus diffus, plus diversifiés et plus rapides dans
leur développement que ceux qu’elles ont connus par le passé,
et la lutte actuelle contre le terrorisme est peut-être le précurseur
de futures menaces asymétriques.
Il importe au plus haut point de se rendre compte que
l’élément clé du succès dans un conflit au XXIe siècle sera
probablement l’usage pertinent de l’information plutôt que la
force brutale des combats. L’information sera au moins autant
une arme de guerre que ne l’ont été les explosifs puissants et le
plomb brûlant. Les engagements de précision demanderont une
information précise. Si nous voulons mener et gagner la « guerre
de l’information », nous devrons en arriver à la « maîtrise de
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l’information », à la capacité d’obtenir plus rapidement que nos
adversaires une information précise et fiable. De façon évidente,
pour prendre des décisions bien fondées qui leur permettront de
gagner des batailles dans un tel environnement, les commandants
auront besoin d’avoir accès à la meilleure information possible
dans le plus court laps de temps possible.
« L’ère de l’information » sera tout un défi pour les
décideurs du XXIe siècle. La difficulté de prendre une décision
viendra de ce qu’il y aura à l’avenir trop d’information plutôt que
pas assez. On s’attend à ce que, au cours des dix prochaines
années, les données du C3ORSR [commandement, contrôle,
communication, ordinateur, renseignement, surveillance,
reconnaissance], se multiplient probablement par un milliard,
c’est-à-dire la puissance informatique multipliée par la largeur
de bande multipliée par l’acuité des détecteurs. Pour s’y
retrouver dans cet océan d’information, les FC devront découvrir
une nouvelle façon de traiter l’information fournie par les
détecteurs et par le renseignement et une nouvelle manière de
communiquer les résultats aux commandants qui doivent
prendre des décisions opérationnelles en temps opportun.
L E S DÉ F I S QUE SO U L È VE L E RSR
C
onscients des défis qui se présenteront à eux, les décideurs
aux échelons supérieurs et les analystes des politiques du
ministère de la Défense nationale ont commencé, au cours des
Le capitaine de frégate Josh Barber est officier d’état-major au Quartier
général de la Défense nationale.
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La reconnaissance est une mission effectuée afin d’obtenir de
l’information précise.
Le RSR est la capacité qui intègre les directives du
commandement, les détecteurs, l’information et le renseignement
traités et leur diffusion en temps utile de manière à donner aux
décideurs une bonne « connaissance de la situation ».
P h o t o p r i s e a v e c u n a p p a r e i l p h o t o d e c o m b a t J 5 PA p a r l e s g t V. M . W. S t r i e m e r, I H D O 0 1 - 8 2 6 a
Il est important de remarquer qu’aucune collectivité ni aucun
pays n’a de définition normalisée du RSR à l’heure actuelle. La
définition donnée plus haut est le fruit de nombreuses
consultations auprès du MDN et du personnel des FC qui travaille
dans le RSR. Les termes clés de cette définition sont « intègre »,
« en temps utile » et « connaissance de la situation ». Il faut
avant tout préciser que le RSR est un processus humain et une
façon d’agir tout autant qu’une utilisation de technologies
particulières de détection et de traitement de l’information. Le
RSR consiste à fournir la bonne information aux bonnes
personnes au bon endroit et au bon moment.
En reconnaissance.
dernières années, à élaborer une vision pour les FC du XXIe siècle.
Publié en 1999, Stratégie 2020 est le document de base de cette
vision qui préconise une force moderne, capable de se déployer
dans le monde entier et interopérable avec nos principaux alliés.
Les Forces canadiennes de 2020 devront avoir adopté une doctrine
et des technologies de pointe. Étant donné que les FC devront
combattre dans l’espace de combat de l’« ère de l’information »
qui sera dominé par l’information, elles auront à investir
d’importance dans les technologies de l’information et à
transformer leur culture. Adoptant le concept américain de RSR
(renseignement, surveillance et reconnaissance), le Plan de la
Défense 2001 donne le mandat au sous-chef d’état-major de la
Défense (SCEMD) d’élaborer un plan RSR pour les FC, ce qui est
une des mesures clés du changement qui conduira à la réalisation
de la vision des FC pour 2020.
Dans les FC, le renseignement, la surveillance et la
reconnaissance se sont développés et ont fonctionné
séparément, et la capacité RSR est dans une large mesure le
résultat de cette situation passée. On a peu cherché à intégrer
les capacités militaires de surveillance et de reconnaissance
avec toutes les capacités du renseignement, sauf peut-être au
niveau des opérations maritimes sur les côtes est et ouest du
Canada. La capacité de renseignement des FC souffre à un
certain point de « cloisonnement » : c’est plus ou moins
isolément que les divers centres d’exploitation du
renseignement recueillent, traitent et communiquent aux
décideurs les éléments du puzzle du renseignement. Les
décideurs des échelons supérieurs devaient ensuite fusionner
en pensée toute l’information que ces sources avaient recueillie
et transmise. Cette façon de procéder était peut-être
satisfaisante dans le passé, mais elle est dépassée dans
l’univers saturé d’information d’aujourd’hui et qui le sera
encore plus demain. En effet, l’information proviendra de
sources si nombreuses et arrivera si rapidement que les
décideurs n’auront pas la « connaissance de la situation » qui
leur permettrait de prendre des décisions opérationnelles
vraiment bien fondées.
La surveillance est l’observation systématique par des
détecteurs ou par des êtres humains. Cette surveillance
s’exerce 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 sur les zones ou les
forces qui présentent un intérêt.
Afin de parvenir aux objectifs fixés par Stratégie 2020, la
section du SCEMD au Quartier général de la Défense nationale
a créé l’an dernier une nouvelle division chargée du
développement d’une force interarmes. La Direction générale
du développement de la force interarmes (DG DFI) regroupe
l’élaboration des doctrines, la direction de l’espace, tous les
éléments reliés au C3OSRS et d’autres capacités interarmes
clés du XXIe siècle. Afin de résoudre les difficultés
particulières que soulève la création d’une capacité RSR
moderne et intégrée pour les FC, voilà un an que les membres
de la Direction des capacités de la force interarmes, qui fait
partie de la DG DFI, travaillent à élaborer, en collaboration et
en consultation avec des experts du Ministère et avec ceux de
pays alliés du Canada, une vision en matière de RSR pour les
FC. Après plusieurs ébauches et versions différentes, le
document décrivant la vision des FC en matière de RSR sera
prêt à être publié à la fin de 2001. Par définition, une vision à
long terme donne de grandes orientations de portée générale.
Elle fournit le cadre à partir duquel on peut apporter des
changements précis à la capacité et les mettre en œuvre. Ce
document servira de base pour l’élaboration de la capacité RSR
du Canada au cours des vingt prochaines années. Il faudra,
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Lorsqu’il est question de RSR, il importe de connaître le
sens de certains termes :
Le renseignement est le résultat du traitement de l’information
sur des forces hostiles ou qui pourraient être hostiles.
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LA VISION DU RSR
L
a vision du renseignement, de la surveillance et de la
reconnaissance des FC prévoit un système intégré de
capacités visant à donner à tous les commandants du niveau
tactique au niveau stratégique une meilleure connaissance de la
situation, connaissance dont ils ont besoin pour prendre des
décisions opérationnelles bien fondées. Le processus du RSR
intégrera les données non traitées des détecteurs et l’information
et le renseignement déjà traités. Concrétiser la vision du RSR des
FC sera une étape majeure du passage de Stratégie 2020 de la
théorie à la pratique; ce sera également un élément essentiel qui
permettra au Canada de maintenir sa place auprès de ses alliés et
l’interopérabilité de ses forces avec les leurs.
Les progrès technologiques aideront à traiter très
rapidement les données et à les intégrer dans l’information. Il
faudra toutefois créer aussi des organisations où cette
information pourra être accessible en un seul endroit plutôt que
d’être cloisonnée dans plusieurs. Il faudra modifier la
formation et les structures des groupes professionnels des
membres des FC et du MDN qui traitent toutes les formes
d’information opérationnelle. Les FC devront également
financer l’amélioration de leurs capacités de surveillance
organique et de recherche du renseignement. Il faudra
des détecteurs aérospatiaux et des détecteurs montés sur
des véhicules aériens télépilotés (VAT) pour améliorer la
capacité de recueillir de l’information opérationnelle en
permanence.
aspects du même problème. Il serait alors vrai de dire qu’un
ensemble est plus grand que la somme de ses parties. Le centre
de fusion RSR proposé fonctionnerait 24 heures sur 24 et 7
jours sur 7 afin d’établir et de garder à jour des images
opérationnelles communes (IOC) numérisées. L’image
opérationnelle commune qui aura cours au XXIe siècle sera une
représentation dynamique, numérique et complète de l’espace
de combat; elle permettra aux commandants à tous les niveaux
de comprendre et de connaître la situation en temps presque
réel. Le centre de fusion relèverait directement du SCEMD, qui
est le premier responsable des opérations des FC. Cependant,
grâce à la technologie de pointe utilisée pour l’information de
commandement et de contrôle, les données du centre seraient
également accessibles en temps presque réel partout où se
trouvent des commandants des FC à quelque niveau que ce
soit. Le centre de fusion d’Ottawa serait relié aux centres de
fusion opérationnels des deux côtes et à ceux du NORAD, qui
fournissent respectivement de l’information sur la situation
opérationnelle en mer et dans l’espace.
LE RENSEIGNEMENT
évidemment, modifier continuellement cette vision en fonction
des circonstances et de l’évolution de la technologie.
Le centre de fusion ne sera pas très utile s’il n’a pas de
bonnes données ni de bonnes informations à traiter. Le projet
« Étoile polaire », qui est en cours, a pour but d’améliorer la
capacité actuelle des FC d’exploiter l’imagerie spatiale. Les
FC auront une capacité accrue dans ce domaine à peu près au
même moment où on prévoit créer le centre de fusion. Il
Photo de l’ERDV
Afin que les FC acquièrent une capacité suffisante
en matière d’information pour permettre aux
commandants de tous les niveaux de prendre de
meilleures décisions dans le milieu saturé d’information
des futures opérations, la vision du RSR recommande
d’intégrer en une seule organisation le réseau actuel
plutôt lâche des diverses spécialités et voies
hiérarchiques. Étant donné que les opérations des FC ne
seront sans doute qu’un des éléments des mesures que le
gouvernement adoptera face à des situations données, la
capacité RSR des FC devrait également tenir compte des
besoins plus généraux du gouvernement en matière
d’information opérationnelle.
LES AMÉLIORATIONS DE LA CAPACITÉ RSR
L
a vision du RSR mentionne plusieurs améliorations
clés à apporter afin de doter les FC d’une capacité La fusion du renseignement. Des technologies comme la représentation de carte topographique
grande échelle développée par l’Établissement de recherche de défense de Valcartier
RSR intégrée. L’élément central de cette vision est la àcontribueront
à fournir une image opérationnelle commune numérisée constamment mise à jour.
création d’un centre de fusion RSR. Les centres actuels
d’exploitation des détecteurs à source unique et de apparaît alors logique que le centre de fusion soit l’endroit où
l’information, distincts et opérant au niveau stratégique se traite cette source d’information. Les FC devront investir
(SIGINT, imagerie et géomatique au moins) se trouveraient davantage dans les capacités de surveillance spatiale au-delà
tous au même endroit. Le centre serait également le point de leur projet spatial interarmes actuel (dont le projet « Étoile
privilégié de l’exploitation opportune et systématique du polaire » n’est qu’une partie) si elles veulent profiter de tous
matériel provenant de sources ouvertes, matériel actuellement les avantages qui découlent des capacités de surveillance
à peine utilisé. La création d’un tel centre fournirait non spatiale et de cueillette du renseignement. La cueillette de
seulement un lieu pour l’exploitation et la fusion de renseignement à partir de l’espace contribuera beaucoup à la
l’information provenant de toutes les sources, mais elle capacité des FC de comprendre l’espace de combat, mais il est
entraînerait aussi une synergie impressionnante qui découlerait évident qu’aucune source ne pourra jamais à elle seule
de la présence en un même endroit de personnes habiles et permettre de comprendre entièrement la situation et ne
compétentes travaillant en étroite collaboration sur différents fournira jamais d’information parfaitement fiable. Les FC
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devront continuer d’investir dans d’autres
d’information et dans d’autres détecteurs.
sources
La reconnaissance aérienne tactique et opérationnelle est
un des points faibles des capacités actuelles de cueillette du
renseignement des FC. Pour la combler, la vision du RSR des
FC préconise l’acquisition d’un escadron de véhicules aériens
télépilotés (VAT). La technologie des VAT a évolué rapidement
au cours des dix dernières années, et l’information fournie par
les VAT a été très précieuse lors de plusieurs opérations
récentes. Plus de cinquante pays utilisent maintenant un type
ou un autre de VAT pour la reconnaissance et la surveillance.
Le Canada n’est pas du nombre, même si des entreprises
canadiennes ont acquis une expertise mondiale dans des
domaines spécifiques de la technologie des VAT, en particulier
pour les détecteurs et les VAT dans le commandement et le
contrôle. Les VAT des FC devraient avoir des capacités
multiples de détection (optique, radar et infrarouge, au moins)
s’attend à ce que le nouveau Centre d’expérimentation des
Forces canadiennes joue un rôle important dans la
résolution de ces questions. Les essais effectués avant
l’achat de VAT se feront probablement par un mélange de
vols simulés et de vols réels.
Le troisième élément, et peut-être le plus important, de la
vision du RSR est l’élément humain et l’organisation. La
technologie est présentement le moteur du changement et elle
permettra d’améliorer grandement la capacité des détecteurs et
le flux de l’information. L’information opérationnelle ne
pourra toutefois être traitée et fournie à ceux qui en ont besoin
sous la forme nécessaire à leur permettre de prendre les
meilleures décisions possibles que s’il y a assez de personnel
ayant reçu une formation appropriée et travaillant dans la
bonne structure organisationnelle. La révolution dans les
affaires militaires, qui inclut une révolution permanente dans
l’information dont le RSR fait partie, ne s’enracinera pas tant
que la doctrine, les structures et la culture
n’auront pas changé de manière à
s’adapter à l’introduction d’une nouvelle
technologie. Pour que le RSR s’implante et
devienne une façon efficace de procéder, il
faut adapter la culture actuelle du
renseignement et de l’information aux
réalités de la révolution permanente dans
l’information. Ce changement viendra en
grande partie des transformations
apportées à l’organisation, à la formation
et au travail du personnel tant militaire que
civil qui s’occupe de l’information
opérationnelle. La vision du RSR a
souligné la nécessité de créer un nouveau
domaine d’activité professionnelle, celui
de l’information opérationnelle, tant pour
les officiers que pour les militaires du
rang. On précisera la nature de ce nouveau
domaine d’activité de concert avec le
La surveillance. La vision du RSR pour les FC préconise l’acquisition de véhicules aériens
processus d’analyse, de remaniement et de
télépilotés pour améliorer les capacités de surveillance aérienne tactique et opérationnelle.
raffinement de la structure des groupes
et une longue endurance (au moins 24 heures). Leur longue professionnels militaires, afin de fournir aux FC les « guerriers
endurance permettrait aux VAT d’effectuer la surveillance et la de l’information » compétents dont elles ont besoin pour
reconnaissance de zones étendues comme des zones traiter l’information des détecteurs et l’information
océaniques d’intérêt pour le Canada ou l’Arctique. La longue opérationnelle afin de les transformer en une connaissance
endurance offre également la possibilité d’exercer une utile de la situation. Ce domaine professionnel sera
surveillance soutenue ou continue dans des zones plus petites probablement issu de plusieurs groupes professionnels
afin d’appuyer les FC en déploiement. Bien qu’aucune militaires actuels qui s’occupent de parties individuelles de
décision n’ait été prise au sujet du type, des capacités et du l’ensemble du puzzle de la connaissance de la situation. La
nombre de VAT nécessaires, on prévoit que le Canada pourrait vision du RSR mentionne la nécessité de créer des équipes
acquérir une capacité opérationnelle en matière de VAT deux d’appui au RSR intégrées, de déploiement facile et capables de
ou trois ans après l’approbation d’un projet à cet effet.
fournir toute la gamme des capacités du RSR en appui direct
aux commandants des FC en déploiement.
Divers types de VAT aux capacités très variées sont
disponibles sur le marché commercial; certains d’entre eux AUTRES QUESTIONS QUANT AU RSR
pourraient répondre aux exigences du Canada. Il faut toutefois
ans le cadre de l’amélioration du RSR, il faudra décider de
résoudre plusieurs questions reliées à leur utilisation avant de
la mesure d’interopérabilité qui doit exister avec d’autres
pouvoir acquérir une capacité entièrement opérationnelle, ou
même avant de pouvoir décider du type et du nombre de VAT ministères fédéraux et de la manière dont il faudra s’y prendre
à acheter. Il faut, entre autres, se pencher sur les opérations de pour parvenir à cette interopérabilité. De plus, les principaux
vol des VAT, sur les méthodes de communication, de alliés du Canada continueront probablement de faire une
commandement et de contrôle, sur le fonctionnement des contribution importante à sa base de connaissances, en
détecteurs et le traitement de l’information, ainsi que sur les particulier pour les opérations militaires en déploiement. Il ne
questions de personnel quant au fonctionnement et à l’entretien s’agit toutefois pas d’un flux d’information en sens unique car,
des VAT et sur le traitement et la diffusion des données de comme on peut le voir dans les opérations actuelles contre la
reconnaissance et de surveillance obtenues par les VAT. On menace du terrorisme international, on s’attend à ce que le
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La technologie du RSR continuera à se développer et à
évoluer. Aussi, selon la vision du RSR, faut-il qu’une section
permanente pour le développement de nouveaux concepts
fasse partie intégrante de la capacité canadienne de RSR. Elle
sera le noyau de l’évaluation et de la mesure de l’efficacité du
RSR et celui de la recherche et du développement d’une
nouvelle technologie et de nouveaux procédés de RSR. Elle
recommandera au besoin les changements à apporter à
l’architecture et au processus du RSR des FC. Cette section
travaillera en étroite collaboration avec les préposés à la
recherche opérationnelle, le Centre d’expérimentation des FC,
les centres de recherches pour la défense et les centres des
leçons retenues.
LA MISE EN PLACE DE LA VISION DU RSR
U
ne vision sans plan de mise en place serait inutile. La
vision du RSR recommande de procéder en trois étapes.
La première étape irait de 2001 à 2005. Elle porterait sur des
changements relativement simples et faciles à adopter, y
compris l’élaboration d’une stratégie, d’une doctrine et de
méthodes de RSR, ainsi que des mesures peu onéreuses visant
à améliorer les capacités actuelles de RSR. La deuxième étape
se déroulerait entre 2005 et 2010; elle introduirait de nouvelles
capacités et de nouvelles technologies qui transformeraient les
capacités canadiennes de RSR. Au cours de cette étape, on
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créerait le centre de fusion RSR des FC; le service opérationnel
serait doté de VAT de surveillance et on récolterait les premiers
fruits des changements apportés aux structures de la formation
et des groupes professionnels militaires. À la fin de cette phase,
les FC auraient une solide capacité nationale de RSR. La
troisième étape se déroulerait entre 2010 et 2020; on
continuerait alors de peaufiner et d’améliorer cette capacité en
fonction des progrès technologiques ainsi que des capacités et
des missions des FC.
Évidemment, tout ceci n’est qu’une vision; et, à l’heure
actuelle, rien n’a été approuvé officiellement dans le
programme d’immobilisations des FC. Toutefois, on a
l’intention de présenter ces propositions dans les mois qui
viennent afin que cette vision se transforme en projets dont la
réalisation sera approuvée et financée au cours des dix
prochaines années.
Au cours de la même période, il y aura en outre plusieurs
autres projets connexes d’immobilisation visant à améliorer
l’ensemble de la capacité de RSR des FC. Ils seront
coordonnés avec le projet omnibus de RSR, mais réalisés
indépendamment. Il s’agira, entre autres, de la modernisation
des radars nord américains, de la modernisation progressive de
l’Aurora, de nouvelles mesures en RSR maritime, de la
capacité ISTAR de la Force terrestre et du Système de
commandement I et II des Forces canadiennes ainsi que des
améliorations à la technologie des systèmes d’information de
commandement et de contrôle.
CONCLUSION
L
a révolution de l’ère de l’information dans les affaires
militaires est arrivée. Si les FC veulent réussir à fonctionner
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LE RENSEIGNEMENT
Canada fasse sa part de contribution à la connaissance
combinée de la situation pour les opérations en coalition et
avec des alliés. Tout ceci soulève la question de l’interopérabilité
et de la connectivité, tant sur le plan technique que doctrinal. On
ne peut résoudre ces questions que si tous les intervenants
participent à un dialogue, et elles continueront d’influer sur
l’évolution de la vision du RSR.
dans l’environnement saturé d’information en temps réel du
XXIe siècle, elles doivent adapter leur manière de traiter et de
produire l’information opérationnelle à cette nouvelle réalité.
Une telle transformation est possible grâce au concept de
renseignement, surveillance et reconnaissance (RSR). Afin de
préparer la mise en place d’une capacité intégrée de RSR dans
les FC, la vision du RSR donne un aperçu des besoins des FC
pour les vingt prochaines années et indique la route à suivre pour
parvenir à une solide capacité de RSR. Elle propose plusieurs
nouvelles capacités techniques, mais le changement le plus
important sera la création d’une organisation, d’une culture et
d’une doctrine cohérentes qui fourniront de l’information
opérationnelle aux décideurs. Cette vision prévoit un programme
d’investissement coûteux, mais possible, pour les dix prochaines
années dans le but d’apporter une amélioration trop longtemps
attendue à la capacité dans les domaines de l’information et du
renseignement aux niveaux stratégique et opérationnel. Les
principaux éléments du programme sont, entre autres, la création
d’un centre de fusion intégré du RSR à Ottawa, l’acquisition
d’une capacité de surveillance efficace par VAT, un
investissement continu dans les capacités de surveillance
aérienne ainsi que la transformation de l’organisation, de la
doctrine et des structures des groupes professionnels en fonction
des défis que posera l’information dans l’avenir. Avec ces outils,
les décideurs des FC auront les moyens de prendre des décisions
basées sur la meilleure information opérationnelle et sur la
meilleure connaissance de la situation qu’il soit possible d’avoir.
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