Influence de l`alimentation sur les teneurs du lait
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Influence de l`alimentation sur les teneurs du lait
C O N S E I L 12.00 9.00 // 28 28 Influence de l’alimentation sur les teneurs du lait Le lait est toujours plus fréquemment rémunéré selon les teneurs en graisse et en protéine. Le prix du lait est calculé sur la base de 73 g de graisse et de protéine par kilo de lait. Les répercussions économiques peuvent être énormes. Pour un contingent de 100’000 kg, trois grammes de teneurs, par kilo de lait, en plus ou en moins engendrent des suppléments ou déductions de Fr. 1’500.– par année. Est-il alors possible d’influencer les teneurs par le biais de l’alimentation? Les teneurs en graisse et en protéine dépendent de trois facteurs. La génétique L’élevage, respectivement la race, a une influence non négligeable. Pour les trois races principales, les teneurs en graisse et partiellement en protéine ont pu être améliorées par des mesures zootechniques, malgré que la corrélation avec la quantité de lait soit négative. Parmi ces mesures, figure une sélection stricte des mères à taureaux pour les teneurs et l’héritabilité de ces dernières. Pour la teneur en protéine, plus difficilement influençable par l’alimentation, des valeurs d’élevage négatives ont une répercussion plus néfaste. Gestion De bons soins et une garde respectueuse de l’espèce contribuent au bien-être des animaux et permettent d’augmenter leur productivité. Les stress environnementaux, tels que le manque d’aération, les températures trop élevées ou des couches inconfor- tables, ont toujours une influence négative sur la quantité de fourrage ingéré, la production de lait et les teneurs. Alimentation Deux critères demandent une attention particulière afin d’obtenir des teneurs élevées dans le lait: • L’alimentation doit être adaptée à la production, c.-à-d. aux besoins des vaches. • La ration doit être adaptée aux ruminants, c.-à-d. contenir suffisamment de cellulose (fibres brutes) afin que les processus naturels dans les pré-estomacs puissent se dérouler normalement. Alimentation respectueuse des ruminants La dégradation rapide et constante des aliments riches en amidon et en sucre (céréales, betteraves fourragères, pommes de terre, pulpe de betteraves sucrières) par les micro-organismes produit des acides aminés à courtes chaînes, tels que l’acide acétique, l’acide propionique et l’acide butyrique, La pâture sur gazon court offre un fourrage riche en éléments nutritifs mais trop peu structuré Un mélange trop intensif dans la remorque à fourrage peut détruire la structure ce qui entraîne une baisse du pH (mesure du degré d’acidité) dans la panse. Les micro-organismes dégradant la cellulose s’en trouvent affaiblis, le fourrage reste plus longtemps dans la panse, l’ingestion de fourrage diminue. En outre, un faible pH dans la panse conduit à une baisse de la production d’acide acétique au profit de l’acide propionique et butyrique. Le manque d’acide acétique entraîne une diminution de la synthèse de graisse et par conséquent de la teneur en graisse du lait. Chronologie des composantes de la ration La vache possède une seule manière de contrer la diminution du pH dans la panse, la production de salive. Les substances alcalines qui y sont contenues ont un effet tampon sur les acides et stabilisent le pH de la panse. La condition en est une stimulation suffisante de la rumination obtenue par une part suffisante de cellulose dans la ration. Un ordre adéquat des différentes composantes de la ration et une répartition des aliments peu structurés, tels que les concentrés, les betteraves et les pommes de terre en plusieurs doses journalières, peut permettre d’éviter une acidification momentanée de la panse. L’ordre de distribution des aliments devrait être choisi de manière à commencer toujours par les aliments riches en cellulose pour alterner ensuite entre ceux qui ont beaucoup de structure et ceux qui en ont peu. Pour compléter la pâture sur gazon court, il convient de toujours distribuer du foin. Il est conseillé d’installer, directement au pâturage, un râtelier où les vaches disposent à volonté de fourrage grossier structuré tout au long de la journée. Un approvisionnement déficient ou inadapté en eau (dé- bit insuffisant de l’abreuvoir, pas d’eau fraîche à disposition, une température de l’eau inférieure à 10ºC) exerce une influence négative sur l’ingestion de fourrage. Des troubles de la sécrétion de lait (nombre élevé de cellules) engendrent également une baisse de la teneur en graisse du lait. Le char mélangeur ne résout pas tous les problèmes La distribution de foin et regain de qualité, séparément des rations préparées à l’aide du char mélangeur, a fait ses preuves dans la pratique. Du fourrage sec de moindre qualité est cependant mieux ingéré s’il est mélangé à la ration. Au total, la part de fourrage structuré (brindilles de la longueur d’un doigt) devrait constituer 40% de la MS ingérée. Un travail mécanique exagéré des composantes anéantirait leur structure bénéfique. La règle empirique suivante peut être appliquée dans le but de tester la part de fourrage structuré dans la ration: dans une stabulation libre, au moins 2/3 des vaches devraient, à tout moment, être en train de ruminer ou de manger. Dans une stabulation entravée, 2 heures après la dernière distribution de fourrage, 2/3 des vaches devraient être en train de ruminer. Chez les vaches en phase de démarrage, pour lesquelles l’ingestion est encore insuffisante et la ration très concentrée, la distribution de mélanges de substances tampons est une réussite. Dans la panse, les mélanges restent actifs plus longtemps que les composantes isolées. Le genre de concentré a une certaine influence Le choix du concentré a une influence décisive sur la quantité et le type d’acides aminés produits dans la panse. Les supports des 12.00 / 29 C O N S E I L / P L A T E - F O R M E diminue avec un manque de protéine dans le fourrage, mais en particulier lors d’un manque en énergie facilement disponible. Dans certaines conditions, une concurrence pour les acides aminés peut survenir afin d’assurer la synthèse de lactose au détriment de la protéine du lait. C’est pourquoi, dans la phase de démarrage, s’il y a un certain manque d’énergie, il convient d’assurer l’approvisionnement de PAI et PAIN en tous les cas. Des taux d’urée de moins de ANKA 1ère l. 7’282 kg 4,55% 3,4% P 44 44 94 correspond au 20 mg/dl de lait indiquent un but d’élevage moderne P: Ernst Schneider, Alterswil sous-approvisionnement en protéines. Une faible teneur protéines et lipides sont dégradés à des vitesdu lait en protéine conjointement à des taux ses différentes. L’orge par exemple, dégradée élevées d’urée dans le lait indiquent un très rapidement, produit un excès momentamanque d’énergie dans la ration. On sait que né d’énergie et une augmentation rapide de la la méthionine, en particulier, agit comme preconcentration d’acide propionique et butymier acide aminé limitant. Des compléments rique, ce qui induit une chute de pH dans la de méthionine stable dans la panse peuvent, panse. Un mélange de différentes composanen particulier pendant la phase de démarrage, tes permet une libération successive des élééviter une chute de la teneur en protéine. ments nutritifs et par conséquent une optimisation des processus qui se déroulent dans la Troubles du métabolisme: réagir rapipanse. Une teneur élevée en graisse dans le dement ! fourrage concentré n’apporte pas de teneurs Lorsque, lors du contrôle laitier mensuel, la teélevées de graisse dans le lait, mais réduit au neur en graisse du lait des vaches en phase de contraire la digestibilité de la cellulose et la démarrage se situe en dessous de 3,8% en production d’acide acétique. La teneur en moyenne et que le rapport entre la teneur en graisse du lait peut diminuer. La part de graisgraisse et en protéine est inférieur à 1,2, une se dans la ration totale ne devrait pas excéder acidose latente est à craindre et une interven6%. Pour une ingestion de 20kg de MS par tion rapide à conseiller. La devise s’appelle, dajour et par vache cela signifie un maximum de vantage de structure du fourrage, une 1,2 kg de graisse. meilleure répartition des concentrés et autres aliments facilement dégradables et une soluSuffisamment de «matière brute» pour tion tampon pour augmenter le pH dans la les micro-organismes de la panse panse. Celui qui omet de prendre des mesuAvec une production laitière croissante, la teres risque en outre de provoquer une cétose neur en protéine a tendance à diminuer. Ce en raison de la dégradation de l’approvisionphénomène s’observe en particulier au cours nement en énergie et une mobilisation exagédu premier tiers de la lactation. C’est pourrée de la graisse corporelle. En cas de cétose, quoi, un bon approvisionnement en énergie les teneurs en graisse sont élevées, puisqu’une pendant la phase de démarrage, tout en afpartie de la graisse corporelle passe directefourageant suffisamment de cellulose demanment dans le lait. Cette situation est cepende beaucoup de doigté. En distribuant une radant indésirée, puisqu’elle va de pair avec une tion riche en énergie digestible mais pauvre en diminution de l’ingestion de fourrage et une cellulose, la production de lait et la teneur en surcharge du métabolisme du foie. protéine augmentent, au détriment de la teJürg Leuenberger, service technique UFA, neur en graisse. La teneur en protéine du lait Herzogenbuchsee Résumé: • Une structure suffisante du fourrage stimule la rumination, la production de salive et permet d’obtenir un milieu optimal dans la panse. • Utiliser des aliments de démarrage spéciaux, de compositions diverses. • Distribuer les composantes très digestibles par doses modérées (1,5 à 2 kg MS) après le fourrage grossier. • Ne pas laisser le taux d’urée descendre en dessous de 20 mg/dl de lait. Valeurs optimales: 25 à 30 mg/dl. • Compléter les rations critiques (phase de démarrage!) avec des substances tampons. • Favoriser l’ingestion de fourrage (qualité du fourrage, distribution à volonté, pH stable dans la panse). • Optimiser l’approvisionnement en eau et le confort des vaches. • Viser un faible nombre de cellules.