Influence de l`alimentation sur les teneurs du lait

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Influence de l`alimentation sur les teneurs du lait
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Influence de
l’alimentation sur
les teneurs du lait
Le lait est toujours plus fréquemment rémunéré selon
les teneurs en graisse et en protéine. Le prix du lait est
calculé sur la base de 73 g de graisse et de protéine
par kilo de lait. Les répercussions économiques peuvent être énormes. Pour un contingent de 100’000 kg,
trois grammes de teneurs, par kilo de lait, en plus ou
en moins engendrent des suppléments ou déductions de Fr. 1’500.– par année. Est-il alors possible
d’influencer les teneurs par le biais de l’alimentation?
Les teneurs en graisse et en protéine dépendent de trois facteurs.
La génétique
L’élevage, respectivement la race,
a une influence non négligeable.
Pour les trois races principales, les
teneurs en graisse et partiellement
en protéine ont pu être améliorées
par des mesures zootechniques,
malgré que la corrélation avec la
quantité de lait soit négative. Parmi ces mesures, figure une sélection stricte des mères à taureaux
pour les teneurs et l’héritabilité de
ces dernières. Pour la teneur en
protéine, plus difficilement influençable par l’alimentation, des
valeurs d’élevage négatives ont
une répercussion plus néfaste.
Gestion
De bons soins et une garde
respectueuse de l’espèce contribuent au bien-être des animaux et
permettent d’augmenter leur productivité. Les stress environnementaux, tels que le manque
d’aération, les températures trop
élevées ou des couches inconfor-
tables, ont toujours une influence
négative sur la quantité de fourrage ingéré, la production de lait et
les teneurs.
Alimentation
Deux critères demandent une attention particulière afin d’obtenir
des teneurs élevées dans le lait:
• L’alimentation doit être adaptée
à la production, c.-à-d. aux besoins des vaches.
• La ration doit être adaptée aux
ruminants, c.-à-d. contenir suffisamment de cellulose (fibres brutes) afin que les processus naturels
dans les pré-estomacs puissent se
dérouler normalement.
Alimentation respectueuse
des ruminants
La dégradation rapide et constante des aliments riches en amidon
et en sucre (céréales, betteraves
fourragères, pommes de terre,
pulpe de betteraves sucrières) par
les micro-organismes produit des
acides aminés à courtes chaînes,
tels que l’acide acétique, l’acide
propionique et l’acide butyrique,
La pâture sur gazon court offre un fourrage riche en éléments nutritifs
mais trop peu structuré
Un mélange trop intensif dans la remorque à fourrage peut détruire la
structure
ce qui entraîne une baisse du pH
(mesure du degré d’acidité) dans
la panse. Les micro-organismes
dégradant la cellulose s’en trouvent affaiblis, le fourrage reste plus
longtemps dans la panse, l’ingestion de fourrage diminue.
En outre, un faible pH dans la panse conduit à une baisse de la production d’acide acétique au profit
de l’acide propionique et butyrique. Le manque d’acide acétique
entraîne une diminution de la synthèse de graisse et par conséquent
de la teneur en graisse du lait.
Chronologie des composantes de la ration
La vache possède une seule manière de contrer la diminution du
pH dans la panse, la production de
salive. Les substances alcalines qui
y sont contenues ont un effet tampon sur les acides et stabilisent le
pH de la panse. La condition en est
une stimulation suffisante de la rumination obtenue par une part
suffisante de cellulose dans la ration. Un ordre adéquat des différentes composantes de la ration et
une répartition des aliments peu
structurés, tels que les concentrés,
les betteraves et les pommes de
terre en plusieurs doses journalières, peut permettre d’éviter une
acidification momentanée de la
panse. L’ordre de distribution des
aliments devrait être choisi de manière à commencer toujours par
les aliments riches en cellulose
pour alterner ensuite entre ceux
qui ont beaucoup de structure et
ceux qui en ont peu.
Pour compléter la pâture sur gazon court, il convient de toujours
distribuer du foin. Il est conseillé
d’installer, directement au pâturage, un râtelier où les vaches disposent à volonté de fourrage grossier
structuré tout au long de la journée. Un approvisionnement déficient ou inadapté en eau (dé-
bit insuffisant de l’abreuvoir, pas
d’eau fraîche à disposition, une
température de l’eau inférieure à
10ºC) exerce une influence négative sur l’ingestion de fourrage.
Des troubles de la sécrétion de lait
(nombre élevé de cellules) engendrent également une baisse de la
teneur en graisse du lait.
Le char mélangeur ne résout
pas tous les problèmes
La distribution de foin et regain de
qualité, séparément des rations
préparées à l’aide du char mélangeur, a fait ses preuves dans la pratique. Du fourrage sec de moindre
qualité est cependant mieux ingéré s’il est mélangé à la ration. Au
total, la part de fourrage structuré
(brindilles de la longueur d’un
doigt) devrait constituer 40% de
la MS ingérée. Un travail mécanique exagéré des composantes
anéantirait leur structure bénéfique. La règle empirique suivante
peut être appliquée dans le but de
tester la part de fourrage structuré
dans la ration: dans une stabulation libre, au moins 2/3 des vaches
devraient, à tout moment, être en
train de ruminer ou de manger.
Dans une stabulation entravée, 2
heures après la dernière distribution de fourrage, 2/3 des vaches
devraient être en train de ruminer.
Chez les vaches en phase de démarrage, pour lesquelles l’ingestion est encore insuffisante et la ration très concentrée, la distribution
de mélanges de substances tampons est une réussite. Dans la panse, les mélanges restent actifs plus
longtemps que les composantes
isolées.
Le genre de concentré a une
certaine influence
Le choix du concentré a une influence décisive sur la quantité et
le type d’acides aminés produits
dans la panse. Les supports des
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diminue avec un manque de
protéine dans le fourrage, mais
en particulier lors d’un
manque en énergie facilement
disponible. Dans certaines
conditions, une concurrence
pour les acides aminés peut
survenir afin d’assurer la synthèse de lactose au détriment
de la protéine du lait. C’est
pourquoi, dans la phase de démarrage, s’il y a un certain
manque d’énergie, il convient
d’assurer l’approvisionnement
de PAI et PAIN en tous les cas.
Des taux d’urée de moins de
ANKA 1ère l. 7’282 kg 4,55% 3,4% P 44 44 94 correspond au 20 mg/dl de lait indiquent un
but d’élevage moderne
P: Ernst Schneider, Alterswil sous-approvisionnement en
protéines. Une faible teneur
protéines et lipides sont dégradés à des vitesdu lait en protéine conjointement à des taux
ses différentes. L’orge par exemple, dégradée
élevées d’urée dans le lait indiquent un
très rapidement, produit un excès momentamanque d’énergie dans la ration. On sait que
né d’énergie et une augmentation rapide de la
la méthionine, en particulier, agit comme preconcentration d’acide propionique et butymier acide aminé limitant. Des compléments
rique, ce qui induit une chute de pH dans la
de méthionine stable dans la panse peuvent,
panse. Un mélange de différentes composanen particulier pendant la phase de démarrage,
tes permet une libération successive des élééviter une chute de la teneur en protéine.
ments nutritifs et par conséquent une optimisation des processus qui se déroulent dans la
Troubles du métabolisme: réagir rapipanse. Une teneur élevée en graisse dans le
dement !
fourrage concentré n’apporte pas de teneurs
Lorsque, lors du contrôle laitier mensuel, la teélevées de graisse dans le lait, mais réduit au
neur en graisse du lait des vaches en phase de
contraire la digestibilité de la cellulose et la
démarrage se situe en dessous de 3,8% en
production d’acide acétique. La teneur en
moyenne et que le rapport entre la teneur en
graisse du lait peut diminuer. La part de graisgraisse et en protéine est inférieur à 1,2, une
se dans la ration totale ne devrait pas excéder
acidose latente est à craindre et une interven6%. Pour une ingestion de 20kg de MS par
tion rapide à conseiller. La devise s’appelle, dajour et par vache cela signifie un maximum de
vantage de structure du fourrage, une
1,2 kg de graisse.
meilleure répartition des concentrés et autres
aliments facilement dégradables et une soluSuffisamment de «matière brute» pour
tion tampon pour augmenter le pH dans la
les micro-organismes de la panse
panse. Celui qui omet de prendre des mesuAvec une production laitière croissante, la teres risque en outre de provoquer une cétose
neur en protéine a tendance à diminuer. Ce
en raison de la dégradation de l’approvisionphénomène s’observe en particulier au cours
nement en énergie et une mobilisation exagédu premier tiers de la lactation. C’est pourrée de la graisse corporelle. En cas de cétose,
quoi, un bon approvisionnement en énergie
les teneurs en graisse sont élevées, puisqu’une
pendant la phase de démarrage, tout en afpartie de la graisse corporelle passe directefourageant suffisamment de cellulose demanment dans le lait. Cette situation est cepende beaucoup de doigté. En distribuant une radant indésirée, puisqu’elle va de pair avec une
tion riche en énergie digestible mais pauvre en
diminution de l’ingestion de fourrage et une
cellulose, la production de lait et la teneur en
surcharge du métabolisme du foie.
protéine augmentent, au détriment de la teJürg Leuenberger, service technique UFA,
neur en graisse. La teneur en protéine du lait
Herzogenbuchsee
Résumé:
• Une structure suffisante du fourrage stimule la rumination, la production de salive et
permet d’obtenir un milieu optimal dans la panse.
• Utiliser des aliments de démarrage spéciaux, de compositions diverses.
• Distribuer les composantes très digestibles par doses modérées (1,5 à 2 kg MS) après le
fourrage grossier.
• Ne pas laisser le taux d’urée descendre en dessous de 20 mg/dl de lait. Valeurs optimales:
25 à 30 mg/dl.
• Compléter les rations critiques (phase de démarrage!) avec des substances tampons.
• Favoriser l’ingestion de fourrage (qualité du fourrage, distribution à volonté, pH stable
dans la panse).
• Optimiser l’approvisionnement en eau et le confort des vaches.
• Viser un faible nombre de cellules.