La Part Egale Texte

Transcription

La Part Egale Texte
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Spectacle « La Part Egale » - Chloé Martin / Anne Marcel
Création 2009 - Version Automne 2015
Personnage Principal
Justine
Femme en plein questionnement et déménagement
Douce, naïve et joyeuse.
Personnages issus de l’imaginaire du quotidien de Justine
La Buraliste-Pharmacienne ; regarde par en bas avec ses lunettes
La Demoiselle, employée modèle de l’agence immobilière ; rit de bêtise
La Potiche, femme chaste et naïve ; corps droit
La Cruche, femme sexy et niaise ; corps courbé
La Femme de Chambre, femme de ménage de l’assemblée nationale ; accent du Sud
La Femme d’Action, inspirée du personnage de Lara Croft ; voix grave
La Fille, victime de sa puberté ; voix aiguë
La Prof de Bio, usée par l’éducation ; cheveux sur la langue.
La Vigile du Vagin, garde du corps ; léger accent de banlieue
Voix d’homme
Texte séquencé
Des Accords p.2
La Pharmacie p. 3
Case Mademoiselle p. 4
Alerte Rouge p. 6
Mon Prince p. 7
Le Glissement du X p. 9
La Cul-pabilité p. 10
La Femme de chambre p. 11
La Vigile du Vagin p. 13
Cours de Biologie p. 14
Des Parts p. 15
TEXTE PROTEGE PAR LA SACD/SCALA
TOUS DROITS RESERVES
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Musique d’entrée « On rit encore » duo Arthur H et Lhassa
- Des Accords -
Justine : (Arrive de derrière l’amas de cartons du fond, en appelant comme on appelle un chat)
« Athéna », allez viens… Le Chat !...« Athéna »… Le chat !
(Elle ramasse un livre, s’avance vers le carton central, arrêt face public, range le livre ainsi que Génie et
bout de rallonge et salopette)
(Bras de fer avec le-plot de chantier orange pour réussir à fermer le carton, qui se dresse quand elle le
lâche pour parler) LE CHAAAT !
Pourquoi, pourquoi, je dis « Le chat » ? Je dis « Le chat » alors que j’ai toujours eu que des femelles !
Je dis « j’ai un chat ». Ben non, j’ai une chatte. (Elle veut scotcher le carton, le rouleau se termine)
J’ai une chatte. J’en ai même deux ! (attrape autre scotch et ferme le carton)
Pourquoi on a honte de dire cette phrase « j’ai une chatte » ?
Pourquoi on n’assume pas le « j’ai une chatte » comme on assumerait « je suis une femme » ?
(S’adresse à un mec imaginaire en s’appuyant de tout son long sur le carton)
Bonjour, bienvenue dans mon appart.
N’aies pas peur j’ai une chatte.
Ne t’inquiète pas elle a son caractère mais elle est très gentille.
J’espère que t’es pas allergique aux chattes, aux ah euh à … le … chat ?!
(Appelle en son, puis pense d’un coup aux croquettes dans le carton central, l’ouvre, déballe tout. Appelle
le chat en remuant le sac de croquettes. Revient vers carton central et constate le bazar)
(Elle range les croquettes dans le carton)
Mais même si on a conscience du double sens, pourquoi on est gêné par cette phrase « j’ai une chatte » ?
Parce que c’est vulgaire. C’est vrai que les féminins d’animaux sont assez gratinés (Elle range la nuisette)
« Cette grosse vache c’est qu’une chienne qui te fait des yeux de biche mais qui ne te laisse pas approcher
sa chatte ! ». Ce à quoi on pourrait répondre (Elle range l’écharpe de foot)
« Ce gros porc, il fait le coq mais ce n’est qu’un chaud lapin qu’essaie de se prendre pour un étalon ! »
Alors si c’est que c’est péjoratif de dire « j’ai une chatte », dans ces cas là employons les bons mots,
appelons « un chat, un chat » et « une chatte, un vagin » !
Ayons aussi les couilles de dire « J’AI UN VAGIN » !
Ah oui mais si j’ai un vagin, à priori je n’ai pas de testicules, ce qui explique qu’on n’ose pas le dire, pas de
couilles, pas de courage !
Et pourtant si cette phrase « j’ai une chatte » nous fait peur, c’est qu’on a les boules, ah donc on a bien du
courage quelque part, mais où ?
(Retourne au fond pour appeler)
Le ch… La chatte ?! T’es où ? …T’es dehors ou à l’intérieur ?
(Retour au carton central)
J’ai trouvé ! Au ventre, « La peur au ventre »… Elle est là ma force, à l’intérieur.
Alors, ayons les… ovaires de dire sans anticiper ce que ça pourrait sous entendre, sans penser à comment ça
pourrait être jugée! J’AI UNE CHATTE !
(Adresse mec imaginaire) Bienvenue dans mon appart : J’ai une chatte ! et JE SUIS UNE FEMME !
Qu’est-ce qui m’a prise ?!
« priSE », j’ai fait l’accord ! Le « m » « apostrophe » c’est moi, donc le minimum c’est que je m’accorde
avec moi-même, je m’apostrophe, je m’encorde pour ne pas déraper, pour ne pas glisser sur les règles, de
grammaire bien sûr, ben oui sinon j’aurais dit les menstrues. (tente de plier le rideau rouge)
La Prof de bio : Ou les menstruations dues au cycle ovarien, prenez une feuille blanche nous allons faire un
schéma.
Justine : J’ai eu mes règles tard et j’ai pris la pilule tôt. Le médecin a dit que c’était pour que j’ai des cycles
réguliers, du coup moi je pensais que je n’étais pas normale, j’imaginais que la pilule était un médicament
contre la maladie des règles ! Je me faisais des films…
3
- La Pharmacie –
Comme à la pharmacie, l’autre jour, j’avais oublié ma plaquette de pilule ici et j’étais loin de chez moi. Je
me retrouve dans une galerie commerciale que l’on m’avait indiquée (S’agace du rideau, le jette dans le
carton) j’avoue que j’ai eu du mal à trouver, la pharmacie.
Heureusement qu’il y a une croix verte en haut des pharmacies parce qu’avec le nombre de femmes à poil
sur les affiches de la vitrine on croirait entrer dans… un bureau de tabac – presse !
La buraliste-pharmacienne : (elle sert plusieurs clientes / comptoir carton)
- Alors ? Une ou deux cartouches d’anti cellulite ? Oui, c’est si vous prenez les deux que le bruleur
peau d’orange est offert. Deux, tenez. Bonne journée.
- « Mincir + » ? « Mincir + »…il ne me reste que des sans filtre…ça ira ?
- Ah non Madame, je vous ai déjà expliqué pour que votre ticket de « tic et toc » soit valable, il faut
qu’il y ait 3 bistouris qui sourient, là yen a que 2, ce n’est pas encore cette fois que vous gagnerez
votre lot de chirurgie esthétique, désolée, à la semaine prochaine.
- « New régime » ne vous a pas convaincu ? Du coup vous voulez essayer « No déprime », pas de
problème : (de dos) un paquet de légère ou normal ? Normal.
Et un ticket pour le « loto Sussion », oui oui c’est bien la super cagnotte avec la lipo complète ! Ah
c’est sur, depuis que la française des jeux comble le trou de la sécurité sociale, ils font des lots
incroyables !
- (à Justine) Madame ? ou Mademoiselle ?
Justine : Peu importe, il me faudrait une plaquette de pilule « Aphrodite » s’il vous plait.
La buraliste-pharmacienne : Vous avez une ordonnance ?
Justine : Non, c’est que j’ai oublié ma plaquette chez moi et…
La buraliste-pharmacienne : Il me faut une ordonnance, je regrette.
(à une autre) Un paquet de « L’agressor », oui, « l’agressor » « l’agressor », voilà.
Justine : Ecoutez, ça fait 5 ans que je prends cette pilule, j’ai un suivi médical…
La buraliste-pharmacienne : Une ordonnance je vous ai dit, avec ces contraceptifs contre nature, je ne
peux pas prendre de risque. (à une autre) 2 paquets « coupe repas » ? Mais bien sûr Madame, 2 paquets
« coupe repas », voilà. (à Justine) S’il vous plaît, j’ai du travail.
Justine : (bredouillante) Mais… Merci.
Justine : Je sors bredouille, bredouillante et c’est en refermant la porte de la pharmacie que je tombe nez à
cul avec la fille de la pub.
Oui parce que si le produit vendu ne concerne pas le visage, on ne s’embarrasse pas de la tête ! On décapite
la capacité de penser et on nous colle des « femmes troncs » ! Des femmes tronçonnées : un morceau de
hanche par ci, une tranche de poitrine par là, ce n’est plus un bureau de tabac-presse cette pharmacie, c’est
une charcuterie !
Je suis donc en face d’un joli postérieur, musclé par Photoshop, et la fille de la pub me dit…avec sa vulve
j’imagine, puisqu’il n’y a pas d’autres lèvres de présentes sur l’affiche :
« Partons en guerre contre les kilos ! »
Alors, le spray amincissant est présenté telle une arme plaquée sur la cuisse de l’anorexique guerrière.
C’est là qu’on voit que les publicitaires sont capables d’utiliser des attributs dits « masculins », quand ça les
arrange, pour mettre les femmes dans des positions fortes où elles sont déterminées à revendiquer que leur
corps leur appartient : Non aux rides ! Oui aux UV ! Non aux poils ! Oui à la taille 34 !
(Défilé puis séance photo)
Le combat de la femme moderne, ce n’est pas d’améliorer les conditions de l’avortement, c’est d’avoir un
corps jeune et parfait ! Avoir la volonté ferme, et la cuisse aussi, car ces douloureux sacrifices mènent à la
victoire de l’épanouissement personnel ! L’estime de soi ainsi raffermie vous donnera le pouvoir de la
séduction, mais tant pis pour vous si vous oubliez votre pilule dans la table de nuit !
(Imitant la fille de la pub type l’oréal : parce que je le vaux bien) « On ne naît pas femme, on le devient ! »
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- La Case Mademoiselle –
Devenir, c’est être au futur…bon là c’est de la conjugaison, mais pour en revenir à la grammaire (Butte dans
chaussure, la ramasse) l’auxiliaire être permet d’accorder le participe passé avec le sujet, bon en tant que
femme je m’y retrouve, encore heureux…ze !
(Jouant avec la chaussure comme au téléphone) Oui, est-ce que vous pouvez dire à Cendrillon qu’on a
retrouvé la 2ème chaussure ? Je ne sais pas dans quel carton est l’autre. Donc, le mieux, vous lui dites que sa
chaussure l’attend au carton central. Merci. (Raccroche chaussure sur plot).
Avec l’auxiliaire avoir c’est une autre paire de manche, quand je dis « paire »… ça n’a rien à voir avec
papa…quoique… Non mais je préfère être précis-ze parce que le langage c’est ce qui fait qu’on
communique et comme souvent on a du mal à se faire comprendre.
(Justine ramasse le dictionnaire)
J’aime bien faire comme certains font avec la bible, ouvrir au hasard et lire :
(Elle ouvre au hasard mais choisi sa page, elle lit dans le dictionnaire)
Sexe : n.m. Ensemble des caractères qui permettent de distinguer le genre mâle et le genre femelle.
Familier « le beau sexe » « le sexe faible » : les femmes ; « le sexe fort » : les hommes.
La Demoiselle : Bonjour Mademoiselle !
Justine : Bonjour Madame.
La Demoiselle : Mademoiselle !
Justine : Oui ?
La Demoiselle : Non, vous avez dit « madame »
Justine : Oui ?
La Demoiselle : C’est « mademoiselle », je ne suis pas encore mariée, pis je ne fais pas si vieille quand
même !?
Justine : Euh oui, non, euh, j’aurais besoin de changer rapidement d’appartement s’il vous plaît.
La Demoiselle : Alors on va devoir remplir une petite fiche de renseignements, qu’on va faire ensemble et
ensuite elle nous dira quel type de logement elle cherche. Alors, « madame » ou « mademoiselle » ?!
Justine : Vous n’avez pas plutôt une case sexe ?
La Demoiselle : Pardon ?
Justine : Sexe F, sexe féminin. Votre rubrique c’est pour savoir si l’individu est une femme ou un homme.
La Demoiselle : Bin non, c’est pour savoir s’il est marié.
Justine : Ah. Et si j’étais un homme comment vous l’auriez su ?
La Demoiselle : Bin ça se voit !
Justine : Non mais que j’étais marié ?
La Demoiselle : (un temps) Ah ben oui, ya pas de case pour les garçons.
Justine : Ben oui ya pas de case. Des fois on a trop de mots et des fois on n’en a pas assez ! Par exemple,
dans la vie courante on dit « Ce garçon est mon fils et cet homme est mon mari » mais on n’a pas assez de
termes dans notre riche langue française pour obtenir l’équivalent au féminin « cette fille est ma fille, cette
femme est ma femme » !
La Demoiselle : Alors là j’comprends plus rien, c’est qu’ vous êtes fille-mère ? ou homosexuelle ? avec des
enfants ?!
Justine : C’était un exemple ! Laissez-moi vous dire que votre case de civilité, en manque !
La Demoiselle : De case ?
Justine : Mais non de civilité !!! En revanche vous… (Un temps) Allez c’est pas grave, mettez « madame »,
ça m’évitera peut-être de finir vieille fille, pas vrai mademoiselle !
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La Demoiselle : (Rire) Nom ?
Justine : Quoi non ?
La Demoiselle : Ben votre nom, mais je ne sais plus si je dois dire « de jeune fille, de famille, marital ? Nom
d’usage ou d’épouse ? »… alors … Profession ?
Justine : Aménageuse des mentalités.
La Demoiselle : Alors là c’est sur j’ai pas de case !
(Justine replonge dans le dictionnaire)
Justine : (se moquant) « Pas de case » (Elle lit)
Homme : L’être humain en général, les droits de l’homme, le premier homme Adam, le fils de l’homme : le
Christ.
(Vérifiant la couverture) C’est bien un dictionnaire.
Homme : Etre humain de sexe masculin.
Femme : Etre humain du sexe capable de concevoir des enfants.
Donc si je conçois de ne pas en avoir ou s’il m’est impossible de concevoir, est-il concevable que je sois
véritablement une femme sans conception ?
Femme : Etre humain du sexe féminin / Prendre femme : prendre épouse, se marier.
Homme : Exemple : un grand homme, homme du monde, homme d’affaire, homme à femme…
Femme : Exemple : femme de ménage, femme de chambre, femme de service.
La Demoiselle : Alors on se retrouve au 69 avenue de la libération pour faire l’état des lieux. A votre
service !
Justine : (pose dico sur boîte à chat, met les mains au dessus du plot comme un buzzer)
QUIIIZZZ ! Si la femme était un objet ça serait :
a) une potiche
b) une cruche ?
La Potiche : Potiche : Grand vase décoratif en porcelaine avec couvercle (mains cachant le sexe).
La Cruche : Cruche : Récipient pansu et bien pensé avec un bec, extrémité effilée ou en pointe (main
portant le sein) et une anse, partie recourbée en arc par laquelle on saisit l’objet (Bras courbé sur fesses).
La Potiche : La potiche attend qu’on vienne la chercher.
La Cruche : La cruche cherche à se faire prendre.
Justine : « Se faire prendre »… « Se faire sauter »… « Se faire niquer »…« Se faire baiser »… « LE baiser
du prince »… « Se faire avoir »… « Se faire… », « Faire »…« Faire l’amour »…
Avec le verbe « faire » c’est pas facile non plus, d’accorder, c’est vrai on fait souvent l’erreur, par exemple,
comment on dit « elle s’est fait violer » ou « elle s’est faitE violer » ?
(Un temps) Avec 75 000 cas de viol en France, ça me paraît important de bien savoir conjuguer cette
phrase ! On peut l’employer toutes les 7 minutes !
Le mieux, c’est de modifier la phrase, et dire : « elle a été violée » « ée », l’accord est plus simple et en plus
la phrase est plus juste !
Parce que si on laisse « faire » dans l’expression « se faire violer » ça sous entend qu’il y a eu du laisser
aller, que finalement on l’a bien cherché, et puisque dans la moitié des cas de viols il n’y a pas eu de
violence physique, c’est bien qu’on a laissé faire… C’est qui « on » ?
La Femme de Chambre : « On est un con » !
Justine : Oui mais « le con » c’est le sexe de la femme. Alors potiche ou cruche ? … Princesse ou salope ?
(Elle referme le dico)
Ils auraient pu mettre femme à barbe, femme de lettre, femme d’action !
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Ambiance film américain à suspens
- Alerte Rouge-
La Femme d’Action :
(Elle pose le dico sur carton central et répond à la chaussure comme au téléphone)
Allo ?
Oui ? Non ! Elles sont revenues ? (déplace petit carton et scotch au fond)
Elles viennent juste de débarquer ? Alors on peut encore les arrêter avant qu’elles ne s’infiltrent !
Attendez je transfère la communication sur mon implant.
(Elle parle à son bras gauche) Vous m’entendez ? Oui, je peux prendre cette mission en main ! Bien sur que j’en ai
les compétences ! J’ai déjà ficelé une affaire de ce type le mois dernier ! (Elle s’arme de tampons et de serviettes)
Faites moi confiance. OK. Je vous rappelle quand je suis en poste !
(A l’implant) J’aperçois les toilettes des filles… (A elle-même) j’aime pas ça quand c’est trop calme!
- (monstre à genoux avec rideaux rouge) WOUAAH !
(A l’implant) Shit ! Il est là, le monstre menstrues est devant moi, il s’était caché dans les WC des garçons ! J’entends
pleurer, je vous rappelle !
Mademoiselle vous m’entendez ?
(La fille hurle, Le monstre se lève vers elle « RAGNAGNA » )
Mademoiselle ! Gardez votre sang froid ! Tenez bon, je vous envoie de la sphaigne !
La fille attrape la serviette et tremble (dialogue sur place)
La fille : Qu’est-ce que je dois faire ?
La Femme d’Action : Vous voyez le scotch blanc ?
La fille : Oui… Mais qu’est-ce que je dois faire ?
La Femme d’Action : Tirez dessus, il n’y en a qu’un c’est facile. Ouvrez sans faire de bruit, les filles d’à côté ne
doivent pas vous entendre !
Le monstre s’approche de la fille qui panique. « RAGNAGNA »
La Femme d’Action : Mademoiselle, passez derrière la chasse d’eau ! J’arrive ! (elle enfonce la porte et
entre en roue) Ecartez vous ! Donnez-moi ça ! Vite ! Ne restez pas tétanisée ! Et arrêtez de crier ! (elle
prend la serviette, l’ouvre avec les dents, se débat puis maitrise le monstre) Pouvoirs multi absorbants ! ça y
est je l’ai liquidé ! Nous sommes tranquilles pour au moins deux heures…(musique douce) Calmez-vous.
La fille : Pourquoi moi ?
La Femme d’Action : C’est ainsi, vous ne pouvez rien faire. C’est la malédiction de la connaissance.
La fille : J’ai honte. Je n’aurai jamais du grandir ! C’est de ma faute ! J’ai honte ! Tout est de ma faute !
La Femme d’Action : C’est normal que vous vous sentiez coupable. Mais vous devez accepter ce que Dieu vous a
imposé. Vous êtes impure. Vous allez devoir vous isoler.
La fille : Vous allez me mettre en quarantaine ?
La Femme d’Action : Non. Pas tout de suite. Chut. Mettez vos fournitures dans la poubelle. Et sortons. (Elle ramasse
avec le papier violet et lui donne)
La fille : Il… Il… Il n’y a pas de poubelle…
La Femme d’Action : Shit ! Alors nous devons sortir discrètement, cachez-les dans le creux de votre main.
La fille : On ne pourrait pas plutôt les mettre dans les WC ?
La Femme d’Action : SURTOUT PAS ! Sortons ! Passez devant ! Faites comme si de rien n’était, ça ne doit pas se
voir, ne vous inquiétez pas je surveille vos arrières !
(La fille se retourne découvre la traine de sang et part en hurlant)
La Femme d’Action :
(vers la fille) Revenez ! NON !
(à son implant) OUI ! Allo ? Oui elle a paniqué ! Oui elle a perdu beaucoup de sang alors elle a paniqué ! Non, ne
déclenchez pas l’alerte rouge… Je peux procéder moi-même à l’évacuation… Faites moi confiance, bon sang !
(à l’assemblée) Ceci est une évacuation, regroupez vous, sortez le tampon de secours situé sous vos sièges,
dégoupillez, armez l’applicateur, et poussez !
(alarme) ALERTE ROUGE ! ALERTE ROUGE !
(à l’assemblée) Non ne tirez pas sur la ficelle !
(à son implant) Je vous avais dit pas déclencher l’alerte rouge !
(vers la fille) NON ! PAS L’EAU CHAUDE ! NOOOONNN ! (ralenti, elle tombe à genoux)
Vous avez cuit la tache ! Ça ne partira plus jamais ! Elle est foutue… « ATHENA »…Athéna ?
7
Justine : (Appelle la chatte)
- Mon Prince Athéna, allez viens ma belle… qu’est-ce qu’il y a ? Tu veux pas partir ? On s’était mise d’accord. On doit
partir. Tu me fais confiance ? On ne va pas rester là à attendre toute notre vie ? C’est chiant d’attendre…
(Elle se pose sur la boite à chat puis enlève les serviettes scotchées à elle)
Quand je pense que certains pays réclament un drap taché de sang le soir des noces, c’est bête, on peut leur en fournir
tous les mois s’ils veulent ! (soupir)
Pourquoi les contes pour enfants ne nous montrent que des filles qui attendent ?
C’est chiant d’attendre. Surtout si le mec trouve pas. Ben oui ils n’ont pas tous le sens de l’orientation !
Quand j’étais petite, j’habitais dans la campagne profonde, et quand on habite dans la campagne profonde on
a beau scruter l’horizon des coteaux, on voit jamais un prince accourir sur son beau cheval haletant !
Ha-le-tant…« Ah le temps ! » Non, le seul fidèle destrier prêt à braver ma campagne, c’était le camion du
mardi matin.
Je n’embauche qu’à 10h au collège ce jour là de la semaine, alors dès que j’entends le
vrombissement du camion des éboueurs je me précipite au balcon !
Les boueux, comme on les appelle, ont des airs de prince dans leurs uniformes brillants. Des petites
lucioles dans la pénombre du mardi matin…
Je me cache derrière le rideau telle une timide princesse prude, et je regarde ces hommes œuvrer, les
poubelles valsent sous leurs gestes précis. Je souris en espérant dérober le regard du plus jeune
d’entre eux…celui qui a la peau mate…
Mais la manœuvre ne dure jamais assez longtemps.
Pourtant la maison familiale est située dans un cul de sac, et le lourd camion s’y prend à plusieurs
reprises, mais quand on est concentré dans ses rétroviseurs, le regard ne s’envole pas ailleurs, surtout
pas vers les hauteurs où attend un esprit rêveur….
Et puis la communauté de commune a réorganisé le ramassage des déchets. Et plus personne ne s’est
aventuré dans le chemin du lieu dit. Les ronces ont commencé à pousser…
(Elle se relève et ferme les yeux) Alors je me suis endormie.
Sur le dos. Pour que ma bouche soit du bon côté… pour que ça soit plus pratique, plus évident, que
j’attendais le salvateur baiser…
Au début, ce n’est pas chiant d’attendre, c’est même excitant !
« Se faire attendre, c’est se faire désirer », et puis le désir se refroidit…
Et puis je me suis levée fermer la fenêtre de ma chambre parce que je me caillais les miches !
Quand on habite le trou du cul des Deux-Sèvres, c’est pas tous les jours qu’un garçon s’y perd au hasard !
La Prof de bio : Pourtant les cellules reproductrices mâles sont plus mobiles que les cellules reproductrices
femelles.
Justine : (bricole carton poubelle) Alors j’ai décidé de devenir Prince Charmant-Pompier-Eboueur.
(imitant sa mère en prenant le balais) « Justine, c’est pas un métier féminin ! »
Alors j’ai décidé de faire du cheval.
La buraliste-pharmacienne : Ya certaines pratiques sportives déconseillées aux jeunes filles, j’en connais
qu’en ont perdu leur hymen. Quand on n’a pas de cavalier attitré, on prend des attitudes cavalières.
Justine : Alors j’ai décidé euh, de devenir Amazone indépendante !
La Demoiselle : Ah j’ai compris vous êtes célibataire. Alors ya pas le salaire de Monsieur. Va nous falloir
une personne garante.
Justine : Alors j’ai décidé euh, j’ai, J’ai décidé « é-e » !
La Femme de Chambre : (elle balaie) Ah ben non avec « avoir » on n’accorde pas, « J’ai décidé – é », on
laisse au masculin, c’est pas neutre. Ils l’ont décidé-é, bé quand je dis « ils », ce n’est pas l’accord pluriel où
« le masculin l’emporte sur le féminin » C’est « ils » les hommes, enfin les hommes avec un petit h, dans les
manuels scolaires, ce sont les hommes avec un petit h qui font l’histoire avec un grand H.
Eh bé pour s’accorder « avoir » il faut en avoir !
Quand on pense qu’il a fallu attendre 1965 pour qu’une femme accède à un compte bancaire sans
l’autorisation du mari… Bé dites donc, l’Algérie a été indépendante avant nous !
Ça, de toute façon dès qu’il y a une histoire de possession, de pouvoir, de propriété, c’est le bordel !
Et quand je dis « bordel » je ne parle pas de prostitution, encore que, y’aurait de quoi dire…
8
Justine : Et pourtant c’est bien là le nœud du problème. Et quand je dis « nœud »…
(elle va ranger le balai puis attrape le carton poubelle sur son ventre et le rempli des détritus)
C’est à partir du moment où la notion de propriété individuelle est apparue que la femme est devenue un
bien. En tant que porteuse de la descendance, on la possède (et on la dépossède), on en hérite (et on la
déshérite), (on l’apprête et) on la prête, on la vend, on la vole, on l’abandonne…
Donc j’ai décidée « ée » de ne plus croire aux comptes de fées « é-é ».
(Elle trouve un paquet de choco « Prince », un temps, puis chante alternant voix de femme et voix d’homme)
« Un jour mon prince viendra / J’suis rentré !
Un jour il me dira / Ya quoi à bouffer ?
Ces mots d’amour si doux et si tendre / Oh j’te cause !
Que j’aurais tant plaisir à entendre / T’es con ou tu le fais exprès ?!
Qu’il vienne je l’attends, craintive et cœur vaillant… »
(Elle écrase le paquet puis le jette dans la poubelle)
Bon maintenant ça va mieux. Je fais toujours pas d’équitation mais je sais conduire, heureusement.
Et pour le déménagement j’ai loué un camion (fredonne « Dédé le routier ») la puissance que j’ai
l’impression d’avoir quand je suis au volant, assise bien droite, en hauteur, ah en face ils font moins les
malins surtout quand ils me voient faire un créneau avec le 14m3, y en a qui se dise : oh putain une femme
au volant !
Ah ça je fais vraiment peur ! Mais attention on m’a toujours rendu la caution intacte !
(Elle ramasse ce qui traine, va chercher la pomponnette, met la casquette, la chaussure à la main)
« La femme au volant »… « Femme au volant, mort au tournant ». (Elle essaie de rentrer mécaniquement la
pomponette dans le plot)
Il n’y a pas besoin d’être un gros bœuf pour penser ça… Même mon père, et là je parle bien de mon papa,
mon papounet, qui pourtant est le plus beau, le plus fort, le plus merveilleux, un vrai prince, quoi ! … même
mon père,…
Même mon père m’a dit une fois : « Ah non mais alors lui il conduit vraiment comme une fille »
(Elle baisse la tête puis change la casquette de sens)
Papa, tu peux me préciser les particularités de la conduite au ‘’féminin’’ :
« La main a l’intérieur du volant », ça c’est maman, c’est pas toutes les femmes.
« L’allure qui n’est pas maîtrisée harmonieusement », ah je pensais que l’harmonie, c’était féminin.
« Et le fait de faire plusieurs choses en même temps ».
Papa ! Tu ne crois pas encore à ça, que nous les femmes on aurait ce formidable don de la nature de pouvoir
faire deux choses en même temps !
Et ma mère ajoute « Si si Justine, c’est vrai, je l’ai lu dans un livre »…
(Elle compare l’épaisseur du talon et du bout de la chaussure)
Des anatomistes ont observé que le corps calleux - c'est-à-dire le faisceau de fibres qui relient les
deux hémisphères du cerveau humain - était plus large chez la femme que chez l’homme. Ce qui
expliquerait que les femmes mobiliseraient plus facilement leurs deux hémisphères et donc
pourraient faire plusieurs choses à la fois.
Et mon père conclu, « Tu vois c’est prouvé scientifiquement ! »
J’ai lu le livre en question, ma mère me l’a offert à Noël, « Pourquoi les hommes mentent et pourquoi les
femmes ne savent pas lire une carte routière », alors j’ai vérifié, oui, l’étude existe, c’est une étude
américaine, qui a été réalisée sur au moins…20 cerveaux, qui avaient été conservés dans…le formol !
L’étude date de 1982, mais la presse féminine en parle encore, c’est vrai que la science n’a pas évolué
depuis 1982, l’IRM ça n’existe pas, les femmes viennent toujours de Vénus et les hommes de Mars, rien n’a
évolué, et surtout pas les américains !
(Elle retourne construire un carton)
9
- Le Glissement du X Bon revenons sur terre… Revenons à la base.
L'être humain au départ, juste après la fécondation, est hermaphrodite.
C’est après que la nature du sexe se forme.
Et il peut rester hermaphrodite.
La Demoiselle : Oui mais ya pas de case pour les intersexués !
Justine : On devra donc lui choisir un sexe d’élevage : Alors ? Fille ou Garçon !
Au début c’est l’inconnu. Et l’inconnue « u-e », c’est X.
Allez, je suis galante, je vais commencer par les hommes, en même temps ils ne m’ont pas attendu : ils se
sont choisi le chiffre 1 en numéro de sécu !
XY, testostérone, testicules, spermatozoïde, pénis : homme (elle dessine un bonhomme)
XX… (Découvrant, elle dessine deux barres franches formant le symbole siècle)
Le XXème siècle a marqué l'émergence des droits des femmes. Est-ce parce que le XXème siècle portait en
lui le symbole du couple de chromosomes sexuels féminins…
XX, œstrogène, progestérone, utérus, ovule, vulve : femme (elle dessine un bonhomme, hésite, et dessine
une jupe en reliant les jambes par un trait pour former un triangle)
En fait on est issu de la même base. Notre X, notre part égale, notre dénominateur commun,… mais pour les
messieurs, il y a eu un glissement. (Elle met le crayon sur la barre manquante du Y, l’a fait glissé au
bonhomme et lui dessine un sexe avec la barre).
La barre qu'il manque au Y pour faire un X, a glissé, c'est pour ça que les messieurs, ont un sexe visible,
c'est la barre du second X qui a glissé ! Ils pensaient avoir un truc en plus, peut-être c'est un truc en moins !
Ce chromosome déséquilibré les scientifiques l’ont appelé « Y », ils ont mis « grec » c’est pour faire… plus
athlétique (dessine biscoto en point), plus viril (dessine testicules de deux cercles) !
(au bonhomme) Mais ça sert à rien de jouer les gros durs, on sait que depuis le début vous marchez à cloche
pied, votre Y ne tient que sur une barre, alors que nous, notre X est bien stable, ancré dans la terre mère,
votre petite barre visible c’est… votre talon d’Achille.
Et pour qu’on danse sur un pied d’égalité il vous a paru nécessaire…
De nous ébranler sur nos appuis en nous mettant sur des talons (dessine des points comme talon).
De nous faire porter le chapeau, en plus de nos talons, en portant plainte contre X
De nous agresser avec votre violence XXL
De nous humilier en créant les films X où excellent vos fantasmes frustrés de connexion. (dessine seins de
deux cercles)
Mais au lieu de nous dominer, pour retrouver votre X à part entière, vous n’avez qu’à nous demander, mais
vous n’osez pas… (elle dessine des bulles de BD avec des cœurs)
C’est dommage nous aussi on aimerait bien partager.
(Bonhommes dessinés se parlent) Bonjour Madame, Bonjour Monsieur, Madame, Monsieur …
(Simulation d’acte sexuel avec le carton qui se transforme en nourrisson qui pleure, elle tente d’utiliser le
marqueur tel un biberon, le pose sans le reboucher et s’avance paniquée)
Ah ! J’ai pas d’instinct maternel !?!
Et bé qu’est-ce qu’il a ce petit garçon ? Il fait une colère ?
Ah ! C’est une fille ?! Oh bé c’est qu’elle a peur…
Plus tard tu seras sage, jolie et obéissante !
(Bonhommes dessinés se parlent) Bonjour Monsieur, Bonjour Madame, Monsieur, Madame…
(Simulation d’acte sexuel avec le carton qui se transforme en un second nourrisson qui pleure)
Et bé, qu’est-ce que c’est que cette petite fille douce et gentille qui fait un caprice ?
C’est un garçon ?! Ah, il a de la volonté ! Il est tonique…
Plus tard tu seras fort, courageux et autonome !
10
- La Cul-pabilité (Bonhommes dessinés se parlent) Oh madame ! Oh monsieur !
(La frénésie déclenche une scène de masturbation dansée avec le carton)
Musique « think » d’Aretha Franklin
(épuisement-plaisir ventilation-carton qui lance mouvement d’épaule / danse passe de rock / le fait s’asseoir
/slap-dance sur serpillère, pelle micro puis tape cul, flamenco, Asie yeux, déplacement côté, éventail, jette
pelle comme SM, en place pour cuni / montée du plaisir dans la décontraction / bras montent au ciel.)
Justine :
(Bras tendus vers le ciel) OH MON DIEU QUE C’EST BON !
J’aime faire l’amour.
(Au ciel, en prière) Pardonnez moi mon dieu j’ai péché, j’aime faire l’amour souvent.
La Bible dit à la femme : « Ta convoitise te poussera vers ton mari, et lui dominera sur toi » / Amen
La Thora dit à l’homme : « Tu me remercieras chaque matin de ne pas t’avoir fait femme. » / Amen
Le Coran ne dit pas mais la Charia le fait : « Tu lapideras la femme adultère » / Putain !
(Attrape la chaussure comme pour la lancer à dieu, se ravise et la met dans le carton « la croix ».
Découvrant l’autre chaussure, elle les prend, regarde au ciel comme après un miracle)
Le prince charmant, il a le droit de s’enfiler plusieurs ballerines avant de trouver chaussure à son pied…
La Cruche : C’est naturel l’homme a plus de besoins sexuels que la femme.
La Potiche : Et la femme ne peut pas faire l’amour sans sentiment.
Justine : (Au ciel, en prière avec chaussure) Le désir de la femme est calqué sur son instinct de procréation,
elle n’a envie d’avoir un rapport que quelques jours avant l’ovulation.
(Comme dans un micro avec la chaussure) A combien de salope le prince a le droit avant d’arriver à la
princesse ?
(Refermant le carton avec les chaussures dedans) Je donne ma langue…à la chatte !
« Athéna », c’est plus le moment d’aller courir le mâle ! Allez viens ma belle, il y en aura d’autre des chats
là bas… J’espère…Un noir et blanc, un beau métis quoi… qui te ronronneras de doux mots d’amour à
l’oreille : « Matou » me plaît… Mâââ nous sommes « félin » pour l’autre… Allez viens ! J’aime pas ça
quand tu ne rentres pas ! La chatte ! T’es con, tu me fais douter !
(En descendant des cartons elle fait tomber le carton « vaisselle fragile »)
Merde ! Oh merde… Merde ! Oh putain, merde.
(Elle ouvre le carton, sort une première tasse empaquetée, puis sort le bec et l’anse de la cruche)
La Prof de bio : Aïe Aïe Aïe Aïe, là c’est cassé, c’est cassé !
La buraliste-pharmacienne : Tant va la cruche à l’eau qu’à force elle se casse !
La Cruche : (Avec bec et anse posées sur le corps) Ça m’a échappé ! C’est de ma faute. J’ai laissé « faire ».
Je me suis faitE, baptisée, le bec dans l’eau. J’aurai dû fuir.
La buraliste-pharmacienne : C’est pas grave, c’est juste une fêlure, une blessure d’amour propre…
Justine : ou d’amour sale.
(Elle la repose, puis découvre sa tasse préférée en morceaux encore dans le journal)
Oh non, putain, pas elle !
(Va poser les morceaux sur le miroir)
Oh putain ! Putain ! (soudain) Ah ! Putain pis ça m’énerve de dire « putain » ! C’est dingue, ya des mots comme ça
dans le langage ! Qui sont restés ! C’est comme une étiquette qui vous colle à la peau !
Putain, chaudasse, fille facile, salope, perverse…(Range Soutif et langue de belle-mère)
Qu’est-ce que c’est une salope ?
La Potiche : Une salope c’est une fille qui se fait jolie, qui va au lit et hop ! Qui se salit ! Sal’hop ! C’est du joli !
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Justine : (Elle ferme le carton) Une fille se « salit » si elle couche avec différents garçons.
Ça c’est le fantasme du sperme resté à l’intérieur, l’idée de plonger dans le sperme de l’autre, qui avait
marqué son territoire, c’est dégueulasse, ça blesse l’orgueil viril et c’est le bordel ! Mais non c’est pas le
« bordel » ! C’est pas ça être une pute !
(Elle met le dictionnaire dans son étui) Et hop ! On met la capote !
C’est ça en fait, si les gars avaient l’initiative de mettre un préservatif à chaque fois, c’est eux qui
baigneraient dans leurs jus et la fille serait propre !
(Elle fait glisser le carton central vers le fond puis met du produit ménager dans le sceau)
Et hop ! Un coup de ménage !
- La Femme de Chambre La Femme de Chambre : (Elle serpille s’adressant à l’assemblée)
Faites attention ! Vous voyez bien que c’est mouillé ! Mr Gérard ! Eh bé ! Faites le tour ! Vous avez
fait des études quand même. Des études de droits.
Oui oui, Mr Claude, je me dépêche, j’ai bientôt fini. Oui, Mr « le président de l’assemblée
nationale », et encore vous avez de la chance, vous auriez été une femme j’aurai dit « Mme
Claude »… bé oui c’est curieux quand on met au féminin c’est souvent péjoratif.
Alors ça donne quoi ce remaniement : deux, quatre, six, huit, neuf femmes sur dix-sept ministres, eh
bé ça fait plus de la moitié !
Et Mme Najat, vous êtes toujours là alors que votre ministère a complètement disparu. C’est
dommage, moi je croyais beaucoup en votre poste de Mme LE ministre des droits des femmes, ça
aura été de l’ombre à paupière (à Claude) Oui, de la poudre aux yeux, c’est pareil.
Ça me fait rire tout ça, Mme Vallaud -Belkacem, vos histoires de parité, parce qu’à part Mr Propre,
on n’a pas beaucoup d’homme de ménage ici…
Bé dites donc Mr Gérard, qu’est-ce que vous faites là ? Ah vous êtes venus voir les copains du
conseil constitutionnel…
C’est marrant gauche/droite vous n’arrivez jamais à vous mettre d’accord, mais on peut dire qu’en
matière de harcèlement sexuel, vos parties se soutiennent.
Bé laissez moi finir, vous n’avez pas de prise sur moi, on n’achète pas mon silence, je n’ai pas de
prix. Pourtant c’est vrai que ce n’est pas payé pareil quand on passe d’une chambre de bonne à une
chambre de député. Faudrait revaloriser les salaires parce que femme de chambre c’est un métier à
hauts risques ! Attachées parlementaires aussi, y en a certaines qui auraient surement plus besoin que
vous de vos gardes du corps, Messieurs les ministres, à la retraite.
Mr Xavier attention ! Voilà… c’est bien. Vous voyez Gérard, Mr Darcos, il est bien élevé, il fait le
tour, c’est pour ça qu’il a été ministre. Et oui Mr Ducray c’est pas parce qu’on a fait des études qu’on
est bien éduqué.
Entre nous, les yeux dans les yeux, d’homme à homme, Gérard, vous n’avez pas honte ? Bé en 2009
quand vous êtes adjoint au Maire en charge de la sécurité. Et que vous voulez ‘’aider’’ une stagiaire
pour un oui, pour un non… Et qu’elle vous accuse d’harcèlement sexuel. Vous êtes reconnu
coupable, vous faites appel, votre peine est alourdie et là, en 2012, vous faites purement et
simplement abroger la loi qui vous embête, soi disant qu’elle est trop floue. Vous avez utilisé une
forme de vice.
(à Claude) Pardon ? oui, une vis de forme, c’est pareil.
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Xavier, attendez avant de vous asseoir, je voulais vous demander, quand vous étiez ministre de
l’école justement vous avez dit que c’était « normal que l’on demande aux jeunes filles, lorsqu’elles
commencent à être désirables de faire en sorte qu’elles ne provoquent personne ».
Xavier, déjà ce n’est pas une question d’âge, ce n’est pas parce qu’on a treize ans qu’on en a très
envie.
Et puis ça n’a rien à voir avec la tenue ! J’ai des collègues qui font le ménage dans les mairies, elles
portent un pantalon sous la blouse, qu’est même pas décolletée, et bé y’en a qui ont du poser des
mains courantes pour des mains baladeuses.
Bé oui, Mr Jacques, sénateur –maire, vous avez été condamné, mais vous restez éligible. Bé oui Mr
Mahéas, ça vous a bien aidé de connaître un membre du conseil national du PS.
Comme quoi ce n’est pas une question de couleur d’étiquette ou de longueur de jupe. C’est vous tous
qui avez le bras long.
Xavier, plutôt que d’accuser les filles, ça ne serait pas plus simple d’expliquer aux garçons que leurs
désirs ne sont pas des ordres.
Ou alors si vous pensez que les hommes ont des pulsions sexuelles incontrôlables, et bé il ne faut pas
les laisser gouverner !
(à Claude) Je ne disais pas ça pour vous ! Faut pas tout prendre personnel.
Faut pas croire, moi aussi j’en ai des idées… Bé oui les lois c’est important mais encore faut-il les
appliquer !
Combien vous nous en avez pondues depuis 1972 pour l’égalité de salaire ?
Vous vous amusez bien au jeu des lois, mais elles sont où les cases prison ?
C’est curieux ça aussi l’écart de rémunération entre hommes et femmes c’est comme le nombre
d’IVG le chiffre n’a pas évolué depuis des années, alors au lieu de remettre en cause des acquis, il
serait grand temps d’avancer, vous ne croyez pas ?
Et bé vu les mentalités c’est pas demain la veille, pas vrai Mme Simone !
Au rythme actuel il faudrait 400 ans rien que pour atteindre les quotas de parité.
De quoi vous rassurer Mr Dominique, et bé il est où ? Dominique ? Il se cache.
Mais non ! Pas celui qui a des problèmes avec la justice, l’autre, celui qui en a été ministre, en 2003, voilà,
alors vous, à l’époque, y avait eu 80 % de jeunes filles qui avaient été reçues à un concours de la fonction
publique et vous avez déclaré que « la justice rendue par une majorité de femmes, ça ne serait pas crédible » !
Hé bè dites donc ! De quoi avez-vous peur, Dominique ? Que madame la juge elle tricote pendant les
audiences ? Qu’elle acquitte un tueur en série parce qu’il ressemble à Brad Pitt/Léonardo Dicaprio ? Qu’elle
invente la guillotine, pour roubignolles ? Dominique…
Et l’autre Dominique, (chantonnant) « Dominique, nique, nique… »
Eh bé tu parles d’une info !
Justine : Nympho… Nymphomane, une nymphomane…
Comment on dit pour les hommes ? (un temps)
L’important dans tout ça c’est que la parole soit libérée. C’est de toujours avoir le choix, des mots. De
pouvoir délier les langues… Pas vrai la chatte ?!
J’aime faire l’amour. Ça ne se dit pas… qu’est-ce qu’on va penser ?
Pourquoi on n’apprend pas aux filles à dire oui quand elles en ont envie ?
On changerait l’expression populaire « qui ne dit mot, consent ». Con-sent.
Se sentir con d’avoir con-sen-ti…
On va quand même pas mettre un vigile devant chaque vagin ?!
13
Ambiance boîte de nuit
. - La Vigile du Vagin -
La Vigile du Vagin :
(Au plot de chantier dépassant du carton central)
Popop ! On n’entre pas !
Non, non c’est pas la couleur de peau qui pose problème, de ce côté-là, la patronne elle est cool. Non,
c’est, la tenue !
Ah non, les basquettes coucougnettes, ça gêne pas, de toutes façons elles vont restées danser à
l’entrée. Non, c’est la tenue ! Le K-way…
Et ouais Cousin, faut mettre le K-way. Ici c’est un établissement où on applique la règle des 3 cons.
Tranquille ! Cousin ! J’t’injurie pas !
Les trois cons c’est : Consentement, contraception, contamination.
Bon : Consentement, j’pense que si t’es rendu jusque là et que j’t’accueille le sourire aux lèvres, c’est
que la patronne est d’accord, t’as vu ça avec elle, c’est bon. J’ai eu les directives, je peux te laisser
entrer, tranquille…
Contraception, … « elle a qu’à gérer, c’est gratuit pour les filles ? » J’crois que tu confonds avec
l’entrée en boîte de nuit, là. C’est pas gratuit pour les filles, ça peut même aller jusqu’à 1500 euros
pour un avortement en délai dépassé.
Ecoute, Cousin, si tu mets le K-way tout de suite tu peux faire 2 en 1 : tu gères la contraception et
t’évite la contamination.
Allez va chercher le K-way, j’t’attends.
(à elle-même) Hè le mec, il croit que payer un coup ça donne le droit d’en tirer un ! Toute façon c’est
toujours un problème de bourse.
(Au plot) Popopop, il suffit pas d’avoir le K-way, faut le mettre maintenant ! Comment ça « c’est pas
facile à mettre » ? Tu fais le coquet, là, non ? Te dégonfles pas, je vais t’aider Cousin ! Tranquille !
Pinces la capuche, voilà, et maintenant déroules le K-way, ah oui ça coince toujours un peu au niveau
du cou. Voilà. Ben ça te va comme un gant, à un doigt !
Mais tu sais l’ambiance à l’intérieur c’est tellement humide que tu seras content d’avoir le K-way !
Bin oui c’est soirée cyprine ce soir ! Allez, je te laisse entrer, fais attention, ça glisse ! Bonne soirée
tête de gland !
(Justine pousse le carton avec les autres, puis s’assoit sur le bord du carton)
Justine :
(A l’appartement) Il en aura vu des choses, cet appartement… En fait, tu me connais par cœur…
Ma garçonnière (un temps) ma garce... Comment on dit pour les filles ?
J’aime faire l’amour. J’aime faire l’amour souvent. J’aime prendre plaisir à faire l’amour souvent.
Je ne dois pas être normale… ou alors j’ovule tout le temps… ou alors je suis un homme !
Non je ne pisse pas debout… alors je suis une salope ?
14
- Cours de Biologie La Prof de bio :
Qui a dit ça ?!... Qui a dit ça ?!... Non, c’est « trompe de Fallope » avec un F… et deux L.
Mettez « trompe utérine ». Où en étais-je avant d’être interrompue, ah oui, le gamète femelle se
dirige vers l’utérus par cette trompe dite de « Fallope » du nom de l’inventeur… Comment ça, vous
n’arrivez pas à suivre, évidemment si vous prenez le temps de rire aux plaisanteries de vos
camarades on va pas y arriver ! D’ailleurs je vous signale que bientôt vous serez au lycée, donc va
falloir vous habituez à prendre des notes !
Alors par exemple, voilà, ce n’est pas la peine d’écrire femelle en entier. Utilisez des symboles !
- « sein ?! symbole » avec un « y » !
Alors, pour vous en rappeler, je vous donne un moyen mnémotechnique (elle dessine sur le tableaumiroir) Vous imaginez que la fille est devant son miroir (le rond) et qu’elle prie (la croix) pour le
garçon parti à la guerre avec son bouclier (le rond) et sa lance (la flèche).
Qui a dit ça ? « Il bande de la flèche », très drôle !
Qui vient de dire « le rire est le propre de l’homme, c’est pour ça que vous n’avez pas d’humour,
madame » ?
- Ah c’est vous ! Ça, les citations littéraires, ya du monde, mais en biologie ya plus personne, est-ce
qu’au moins tu sais pourquoi tu as la voix qui mue ?! Ah ça tu sais pas ! Et bien, les testicules quand
ça descend dans les bourses, ça tire sur les cordes vocales...
Qui a dit ça ? Qui a dit « les filles n’ont pas de zizi » ? C’est ridicule.
Mais arrêtez de croire ça, parce qu’ à force de dire ça vous vous faites peur vous-même et vous
croyez qu’on veut vous le prendre !
Bon, qui vient de redire « les filles n’ont pas de zizi ?! »
- Déjà si tu savais glisser harmonieusement un doigt dans un sexe féminin tu verrais qu'en plus d'une
vulve, on a un vagin, soit 2 zizis au lieu d'1 !
Et on a même un utérus en plus ! (montrant le triangle dessiné) L’utérus c’est facile : c’est une jupe à
l’envers !
Comment ça, il est où le clitoris ? Et bien tu cherches avant de demander !
Comment ça tu trouves pas, ben là ! Devant ton nez !
ECOUTEZ, ON EN DEMANDE BEAUCOUP TROP A L’EDUCATION NATIONALE, moi je ne
peux pas tout gérer « et les p’tits cœurs sur les arbres et comment on fait les bébés ! » . Un moment
donné on est ici dans un cours de biologie, je vous parle de reproduction, bon le clitoris n’a aucun
rôle dans la reproduction, donc je ne peux pas vous en parler parce que ce n’est pas au programme,
et c’est pour ça que c’est pas dans la légende ! Mais non ce n’est pas une légende !
Mais qui vient de répéter « les filles n’ont pas de zizi » ?!
Qui vient de répondre « Sigmund Freud » ?
(Elle dessine convaincue) Le sexe féminin a longtemps été mis entre parenthèses, les parenthèses se
sont des grandes lèvres, et il y a aussi des petites lèvres oui parce que le sexe féminin est très bien
organisé : il y a un trou pour le pipi, un trou pour l’amour, un trou pour la crotte, ben oui les filles
aussi ça fait caca, c’est pas féminin, mais c’est humain !
Et le clitoris, il est là, tout en haut, il trône et il est content d’être là parce que le clitoris c’est le seul
organe fait uniquement pour le plaisir! Et ton Monsieur Freud, ce qu’il ne savait pas, c’est que le
clitoris il a un gland, le clitoris il a un frein, le clitoris il a des tissus érectiles, le clitoris il se gorge de
sang et double de volume à l’excitation, le clitoris il a des racines intérieures qui entourent le vagin
alors ce qui fait que ton Monsieur Freud, son orgasme vaginal, il peut se le mettre où je pense !
Et le périnée se contracte et le sexe se lubrifie de cyprine et il bande le clitoris ! IL BANDE !
Ah ça t’en bouche un coin ! Ben moi aussi !
(Le schéma du sexe féminin dessiné au dessus des symboles forme un phallus avec ses gonades)
15
Qui vient de dire ça ? Qui vient de dire les hommes et les femmes ne sont pas égaux ?!
C'est vrai que physiologiquement : on n'est pas égaux. Par exemple qu’est-ce que je pourrai vous
donnez comme exemple : On n'a pas le même nombre de kilomètres de réseau sanguin dans le
corps... les hommes en ont plus ! Toujours ils en ont plus !
Ce qui fait que la dose d'alcool ingérée n'est pas dissous ? Dissoute ? Dissolu ? N'est pas ‘’bu’’,
merci, par le sang de manière équitable et proportionnelle selon si c'est une fille ou un garçon.
Ce qui fait que au contrôle le mec y passe alors que la fille elle casque ! Et ça c'est dégueulasse !
(Elle s’énerve « hystérique »)
C'est pour ça que moi, j'enchaîne mes plaquettes de pilule pour plus avoir mes règles, pour garder un
maximum de sang ! Allez hop tournée générale, sortez une fille vierge ! Euh ! UNE FEUILLE
BLANCHE ! Sortez une feuille blanche ! Interrogation écrite ! (se retournant vers le tableau)
Ah ça vous la coupe !
(Elle boit de l’eau puis regardant le schéma)
Et quand je dis « coupe »…
Justine : (Elle boit une autre gorgée d’eau) …Je ne parle pas de l’excision. Et pourtant y aurait de quoi dire
- Des Parts (Elle enlève le carton du miroir, le garde en main, lève le papier à bulle du miroir, veut se recoiffer
découvre un poil d’aisselle, l’enlève en deux temps)
Pourquoi ? Pourquoi à l’âge où ma mère m’a montré comment m’épiler ; mon père ne m’a pas appris à
tondre ? ça aurait été plus utile…
( elle prend le rouge à lèvre et s’en met, se regarde dans le miroir les mains posées sur le meuble, grimace,
puis chante…)
« J’me sens coupable/ parce que j’ai l’habitude / c’est la seule chose que je peux faire avec une certaine
certitude / c’est rassurant de penser/ que je suis sûre de pas m’tromper/ lorsqu’il s’agit de la question de ma
grande culpabilité / la la la...»
(Justine remet le carton en assumant le sens dessiné, elle le scotche avec l’adhésif « fragile », prend les
morceaux de tasse qui tombent. Elle les ramasse à genoux, tente de reconstituer la tasse à l’aide du scotch)
Je ne suis pas une salope. Je suis une femme libérée. Non. Je suis une femme. Libre.
J’ai une chatte, enfin non j’en ai deux, enfin, j’en n’ai plus qu’une…
(Elle pose la tasse réparée sur le meuble miroir, position à genoux comme en prière)
« Athéna », reviens ! Je t’en prie ! « Athéna » t’es où ?
(Regardant attentivement les symboles)
Ben oui, elle est où Athéna ? On a LA déesse de la beauté Vénus, LE dieu de la guerre Mars, et la déesse
Athéna qu’est-ce qu’elle fout ? Elle se gratte les testicules qu’elles n’a pas ?!
La déesse Athéna elle avait un bouclier qu’elle utilisait comme un miroir de vérité et ses adversaires se
pétrifiaient d’horreur devant leur propre image !
La déesse Athéna c’était une guerrière, une guerrière spirituelle !
(Elle attrape le dico et lit la définition) Guerre, guerrier,
Guerrière : Jeune fille ou jeune femme revendiquant avec violence et agressivité sa place dans la société. / Exemple :
Militante féministe.
Ouh ça fait peur ! Ça doit être pour ça que la déesse Athéna n’est jamais devenue un sex-symbol, au lieu
d’en faire un modèle de féminité on en a fait une marque de slip.
(Appelle la chatte vers la sortie) « Athéna » !
16
La Prof de bio : C’est fini, oui ? Ça suffit ! La chatte ! Allez viens maintenant…
Ça sert à rien de défendre ton territoire, ils en auront toujours plus !
La Femme de Chambre : Bé oui, la parité au fond ça ne sert à rien si c’est que dans la forme.
La Prof de bio : Quand on pense qu’il n'y a encore que 30 pour cent de filles parmi les enfants soldats !
La Femme de Chambre : C'est vrai que c’est pas normal !
La Prof de bio : Il faudrait équilibrer les chiffres avec le tourisme sexuel.
La Vigile du Vagin : Tranquille, Antoine ?
La Potiche : L'amour c'est pas que pour les filles.
La Cruche : Et la guerre c'est pas que pour les garçons
La Femme de Chambre : En parlant de guerre, c’est le Rwanda qui détient le record mondial.
La Prof de bio : 56 % des sièges parlementaires ont été occupés par des femmes.
La Femme d’action : Comme quoi une bonne guerre, ça fait évoluer ! Shit !
(Elle se cache précipitamment derrière les cartons)
Voix d’homme (de derrière les cartons) : Malbaisée !
La Prof de bio : Macho !
La Femme de Chambre : Je suis actuellement en pleine guerre des sexes !
Voix d’homme : Frustrée ! Frigide !
La Femme de Chambre : Couilles Molles !
La Prof de bio : Petite bite !
La Femme de Chambre : Les femmes viennent de brûler leurs soutiens-gorge, elles s’avancent seins nus !
La Vigile du Vagin : Tranquille, telle la Liberté guidant le peuple !
Voix d’homme : Lesbienne !
La Prof de bio : (bredouillant) Espèce de phallo, phallo, phallocrate !
La Femme d’action : Les hommes nous font face tenant leur bite à la main telle la matraque du CRS !
Voix d’homme : Castratrice ! Revancharde ! Poilue !
La Prof de bio : Ah non ! Poilu toi-même ! Ça suffit !
La Femme de Chambre : Le mot « femme » est déjà tellement connoté
La Cruche : Que quitte à prendre pour son grade
La Potiche : Autant choisir d’être féministe !
(Justine se prenant pour une militante sort deux pancartes de manif monte sur la barricade et crie les
slogans écrits)
Justine :
« Les hommes sont des cons » « Les hommes sont des cons » « Les hommes sont des cons »
« La femme est l’égale de l’homme » (Un temps)
Quand on accepte de porter le mot féministe, on entre en combat, pas contre les hommes, contre la bêtise qui
est… humaine !
(Elle utilise les pancartes comme arc et flèches et ponctue d’un « chaaa » quand la flèche part)
Contre la morale, contre la honte, contre la pub, contre la peur, contre la coutume, contre la superstition,
contre la culpabilité,…
En fait c’est surtout après des noms féminins que j’en ai !
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(Elle lit dans le dico)
Féminisme : Nom masculin
La Vigile du Vagin :
Tranquille ! / Doctrine qui préconise l’égalité entre homme et femme. Mouvement qui milite dans ce sens.
Citation de Benoîte Groult « Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours »
La Femme d’action:
Je répète : « Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours »
(Elle met ses basquettes tout en lisant le dico à la main)
La Prof de bio :
Machisme : Idéologie et comportement fondés sur l’idée que l’homme domine socialement la femme…
La Femme de Chambre :
…et qu’il faut, en tout, faire primer de supposées vertus viriles / Bé dites donc.
(Image de la balance de l’affiche)
La Cruche : On a toujours peur de l’extrémisme féministe d’une part.
La Potiche : et d’autre part on tempère le machisme, qui est extrême dès sa définition.
Justine : Je suis complètement fêlée !
Pourquoi on a peur du féminisme ? C’est le mot qui fait peur. Y a le mot « femme » dedans, alors les
hommes ne se sentent pas représentés ?
(Elle range le dico et scotch le carton central)
Et alors moi, en tant que femme, qu’est-ce que je dois penser des droits « de l’Homme » ?!
Oui c’est sous entendu que les femmes y sont inclues-ZE !… alors un homme peut très bien se sentir
féministe…
(Elle veut pour fermer le carton central, le plot dépasse toujours, elle lui donne une tape amicale puis va au
miroir, enfile sa veste, met sa plaquette de pilule dans ses poches)
« Les droits de l’Homme » mais alors pourquoi on a une journée de la femme ?
(Elle se déplace éteindre le lampadaire, range les balais puis découvre « Athéna » couchée dans les
cartons, elle rallume et prend la chatte dans ses bras)
(A la chatte)
Oh ben t’es là ma mimine…
Mais tu ne pars pas avec le camion toi. On est arrivées ensemble, on repart ensemble.
Allez viens, si je te mets dans la boîte, c’est juste pour le trajet, t’inquiète, après je te rends ta liberté.
Mais je ne te l’ai jamais prise…
Moi non plus je n’appartiens à personne !
(Elle la laisse aller dans la boîte de voyage et ferme la grille, la regardant à travers la grille de la boîte)
Oh… On dirait une burqa !
Allez, on se casse.
(Elle prend la tasse fêlée et part)
Musique fin du morceau « Confession » de Lhassa.
(Elle s’arrête, un temps, puis va jusqu’au lampadaire) (À l’appartement)
Bon, je te quitte… « quitte à quitte »… On aura passé de bons moments ensemble…
Bon, faut que j’arrête, je parle à un appartement !
(Elle pose la boîte du chat, éteint, reprend la boîte et sort)
Départ

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