Traitement arthroscopique des ruptures perforantes de la coiffe

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Traitement arthroscopique des ruptures perforantes de la coiffe
Congrès « Sport et Appareil Locomoteur »
Paris 28 Janvier 2005
Réparation arthroscopique des lésions transfixiantes de la
coiffe
Etude rétrospective multicentrique de 576 cas
P.H.Flurin*, P.Landreau**,
T.Gregory, P.Boileau, N.Brassart, C.Charousset, O.Courage, E. Dagher, N.Graveleau,
S.Guillo, J.F.Kempf, L.Lafosse, E.Laprelle, B.Toussaint
et la S.F.A.
Introduction
Depuis la première réparation de coiffe en 1911 par Codman et les travaux fondateurs de Neer en
72, ont été rapportés des résultats cliniques très satisfaisants de la chirurgie du conflit sous-acromial
et des réparations tendineuses de la coiffe. Mais très peu d’études ont été publiées sur les résultats
anatomiques et le taux de ruptures itératives après réparation de la coiffe. Par ailleurs les résultats
de la chirurgie ouverte sont restés pénalisés par la nécessité de désinsérer le deltoïde et les risques
de dysfonctionnement post-opératoire de ce muscle moteur essentiel pouvant conduire à une
aggravation fonctionnelle de l’épaule en post-opératoire dans certains cas.
L’arthroscopie d’épaule pratiquée en France depuis plus de 20 ans permet d’éviter toute
désinsertion musculaire et limite considérablement les risques de complication y compris
l’algodystrophie devenue rare avec cette approche mini-invasive. Elle s’est d’abord imposée comme
la technique de référence pour le traitement du conflit sous-acromial par acromioplastie puis, après
les premiers agrafages de Johnson rapportés en 85, c’est au début des années 90 à la suite de Gene
Wolf que les techniques de réinsertions arthroscopiques actuelles ont été débutées. Gartsman et
Snyder ont rapporté les premiers résultats de cette technique en 97.
Au début limitées au petites ruptures, les indications se sont ensuite progressivement étendues à
l’ensemble des ruptures de coiffe, le principal facteur limitant restant la détérioration et la rétraction
des tendons comme pour la chirurgie ouverte.
Actuellement largement pratiquées en France, ces techniques ont fait l’objet d’une évaluation
multicentrique conduite en 2004 au sein de la Société Française d’Arthroscopie avec pour objectifs
d’analyser les résultats cliniques et anatomiques des réparations arthroscopiques des ruptures de la
coiffe des rotateurs atteignant le sus et le sous-épineux.
Materiel et méthodes
Type d’étude
Il s’agit d’une étude multiopérateurs rétrospective avec un nombre réduit d’opérateurs et un
minimum de 40 dossiers par chirurgien.
Les critères d’inclusion sont les suivants :
- Ruptures transfixiantes des sus et sous-épineux.
- Les patients auront eu une réparation complète sous arthroscopie, quelle que soit la
technique et les implants utilisés. Cette réparation aura été effectuée après le 1° janvier 2001.
Le recul minimum est de 1 an. Il n’y a pas de limite d’âge.
- Les patients doivent être revus avec un score de Constant complet et contrôle de la
cicatrisation par arthroIRM ou arthroscanner ou, en cas de refus du patient, une IRM simple.
Sont exclues de l’étude :
- Les ruptures étendues en avant au sous-scapulaire et en arrière au petit rond.
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Les raideurs, l’instabilité et l’omarthrose.
Les réparations partielles et les ruptures partielles.
Méthode d’analyse clinique
L’analyse clinique préopératoire repose sur l’interrogatoire, l’examen clinique et le calcul du score
de Constant.
Le bilan radiographique standard détermine la hauteur de l’espace sous-acromial, la forme de
l’acromion et l’atteinte dégénérative associée des articulations glénohumérale et acromioclaviculaire.
L’atteinte de la coiffe des rotateurs est analysée par l’échographie, l’IRM, l’arthro-scanner ou
l’arthro-IRM définissant la localisation, la rétraction et le niveau de dégénérescence graisseuse.
Le compte-rendu opératoire, outre les détails concernant le type de rupture et le type de technique
utilisée, précise la qualité du geste effectué par le caractère partiel ou complet de la réparation et sa
solidité appréciés par le chirurgien lui-même lors de l’intervention.
L’analyse des résultats est effectuée avec un recul minimum d’un an. Le patient précise le niveau
subjectif de récupération sur une échelle de un à dix. Le score de Constant quantifie le niveau de
récupération fonctionnelle. L’analyse radiographique post-opératoire mesure l’évolution de l’espace
sous-acromial. La cicatrisation de la coiffe est évaluée par arthro-scanner ou arthro-IRM tout en
notant l’évolution de la dégénérescence graisseuse.
Méthode d’analyse statistique
L’ensemble des données a été saisi sur un tableur Excel, puis analysé à l’aide du logiciel SPSS
10.0.5. (laboratoire de statistiques de la Sorbonne, Université Paris 1, professeur A. Steyer/ T.
Grégory)
Différentes analyses univariées et multivariées (ANOVA et MANOVA) ont été réalisées pour
étudier les variables qualitatives (ou quanti-qualitatives). Les différences sont considérées comme
significative à p<0,05. Les variables qualitatives ont été analysées à l’aide de tests du Khi-deux.
Population
La série comporte 576 cas opérés entre Janvier 2001 et juin 2003 par 9 chirurgiens (PB, CC, OC,
PHF, SG, JFK, PL, LL, BT) ayant opéré entre 37 (OC) et 110 cas (PHF).
L’âge moyen est de 57,7 ans (± 9 ans). 43,2% des patients (223 patients) ont entre 50 et 59 ans. On
compte 52% d’hommes (299) et 48% de femmes (277)
Les actifs représentent 79% des patients avec 60% de travailleurs manuels et 84,5% des patients
utilisent leur bras au dessus de l'horizontale pour des activités physiques. On note 12% de retraités
et 16,7% d’accidents du travail ou maladies professionnelles.
L’épaule atteinte était droite dans 74% des cas et dominante pour 80% des patients. L'épaule
controlatérale était aussi atteinte dans 15% des cas. 15% des patients présentaient des cervicalgies
associées.
Le traitement préopératoire a reposé sur des infiltrations dans 52,6% des cas (trois ou plus dans 1/3
des cas) et sur la rééducation dans 69% des cas.
Bilan clinique initial
Le délai entre le début des symptômes et l’intervention est de 21 mois en moyenne avec un début
progressif dans 59,6%, brutal non traumatique dans 6,8% et traumatique dans 33,7% des cas.
Les mobilités passives étaient conservées dans tous les cas, l’élévation antérieure active était en
moyenne de 158° (± 29,26). Le signe de Jobe était positif dans 94,6% des cas avec un test de Neer
positif dans 89,9% des cas. L’acromio-claviculaire était retrouvée douloureuse dans 15% des cas.
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Le score de Constant préopératoire initial moyen était de 46,4/100 (±13,4) avec le sous-facteur
douleur à 3,5/15 (± 3,4), activité à 8,95/20 (± 3,23), mobilité à 27,85/40 (± 8,38) et force à 5,80/25
(± 3,77).
Bilan lésionnel
L’espace sous acromial a été mesuré > 8 mm dans 85,2% et < 5 mm dans 1,2% avec un acromion
de type 2 ou 3 dans 72,3% avec bec ostéophytique dans 49,4%.
Dans le plan sagittal la largeur de la rupture était limitée au sus-épineux dans 69% des cas, avec
extension au tiers supérieur du sous-épineux dans 23,5% des cas et extension à la totalité du sousépineux dans 7,5% des cas. Il existait un clivage du sus-épineux dans 31,2% des cas et du sousépineux dans 25,6% des cas et 24% d’irrégularités ou de clivages du bord supérieur du sousscapulaire. Le long biceps était normal dans 47% des cas et découvert dans 44% des cas.
Dans le plan frontal, la rupture du sus-épineux était distale de stade 1 dans 41,7% des cas,
intermédiaire de stade 2 dans 44% des cas et rétractée de stade 3 dans 14 ,3% des cas. La
réductibilité du tendon du sus-épineux a été jugée difficile dans 23,4% des cas.
La dégénérescence graisseuse du sus-épineux était au stade 0 dans 59,7 des cas, au stade 1 dans
27,1 des cas, au stade 2 dans 10,8% des cas et au stade 3 dans 2,4% des cas.
La dégénérescence graisseuse du sous-épineux était au stade 0 dans 63,3% des cas, au stade dans
27,2% des cas, au stade 2 dans 7,9% des cas et au stade 3 dans 1,4% des cas.
Une lésion du cartilage articulaire était retrouvée dans 6,5% des cas (jugée sévère dans 0,2% des
cas). Une anomalie significative de la synoviale était retrouvée dans 11,3% des cas. Une SLAP
lésion était présente dans 1,7% des cas.
Technique opératoire
La réparation a été effectuée sous arthroscopie dans tous les cas, sous anesthésie loco-régionale
dans 60,9% et sous anesthésie générale dans 39,1% des cas. Le patient était installé en décubitus
latéral dans 26,9% et en position demi-assise dans 73,1% des cas.
La réinsertion osseuse a été effectuée à l’aide d’implants résorbables dans 33% des cas, métalliques
dans 62,1% des cas et mixtes dans 4,9% des cas. 2 à 6 implants ont été utilisés dans 77% des cas. 2
à 6 fils ont été utilisés dans 90,9% des cas, non résorbables dans 75% des cas. Une capsulotomie de
libération a été effectuée dans 14,9% des cas. L’impression subjective de l’opérateur validait une
réparation anatomique dans 86,7% des cas et non anatomique ou incomplète dans 13,3% des cas.
La réparation était jugée solide dans 62,3% des cas et fragile dans 10% des cas.
Une ténotomie du biceps a été réalisée dans 24,7% des cas et ténodèse dans 25,9% des cas. Une
acromioplastie vraie a été effectué dans 92,7% des cas et un resurfaçage dans 6,4% des cas. Une
résection inférieure de l’acromio-claviculaire a été effectuée dans 8,7% des cas, avec résection
complète dans 1,9% des cas.
Rupture sus-épineux
Réduction par traction
Coiffe réparée
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Résultats
Résultats cliniques
576 patients ont été revus avec 12 à 20 mois de recul (recul moyen de 18,5 mois).
Le niveau subjectif de récupération était en moyenne de 8,89/10 avec 84,5% des patients≥8 et 3,2%
≤ 5.
La reprise de la conduite s’est effectuée en 2,8 mois et la reprise de travail en 5,2 mois en moyenne
au poste antérieur dans 78,8% et à un poste adapté dans 11,5%. Un reclassement a été nécessaire
dans 9,7% des cas. Pour les sportifs la reprise du sport s’est effectuée en 6,5 mois.
Score de Constant
Le score de Constant est passé en moyenne de 46,3 (±13,4) en préopératoire à 82,7 (± 10,3) au
dernier recul. La douleur est passée de 3,5 (±3,4) à 12,9 (±2,8) sur 15 avec 62% de patients
strictement indolores. L’activité est passée de 9,4 (± 3,6) à 18,5 (± 2,4). La mobilité est passée de
27,4 (± 9,3) à 38 (± 3,6). La force est passée de 5,8 (± 3,7) à 13,6 (± 5,4).
Préopératoire
Dernier recul
Constant global (/100)
46,3 (± 13,4)
82,7 (±10,3)
Douleur (/15)
3,5 (± 3,4)
12,9 (± 2,8)
Activité (/20)
9,4 (± 3,6)
18,5 (± 2,4)
Mobilité (/40)
27,4 (± 9,3)
38 (± 3,6)
Force (/25)
5,8 (± 3,7)
13,6 (± 5,4)
On peut classer les résultats en fonction du score de Constant en 68,5% d’excellents (>80 points),
25,5% de bons (65-79 points), 5,3% de moyens (50-64 points) et 0,7% de mauvais (<50 points) soit
94% de bons et très bons résultats.
Complications
Le taux de complications post-opératoire de la série est de 6,2% avec 3,1% de raideurs prolongées,
2,7% d’algodystrophies, 0,2% d’infections (superficielle et régressive sous traitement médical) et
0,2% de démontages du matériel avec migration de l’ancre.
Résultats anatomiques
L’espace sous-acromial était supérieur à 8mm dans 91,1% des cas en post-opératoire.
Les résultats anatomiques contrôlés à l'arthro-TDM ou à l'arthro-IRM retrouvent une coiffe
parfaitement étanche dans 55,7% et une image d’addition intra-tendineuse dans 19% des cas. On
note une fuite tendineuse ponctuelle dans 9,5% des cas et une fuite itérative dans 15,7% des cas.
Soit au total 74,7% de coiffes cicatrisées et 25,2 % de cicatrisation incomplète ou de ruptures
itératives
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Coiffe étanche,
aspect normal
Fuite intratendineuse
Fuite
tendineuse
ponctuelle
Fuite itérative
55,7%
74,7% de coiffes
continentes
19%
9,5%
25,3% de coiffes non
continentes
15,8%
Corrélations anatomo-cliniques globales
Le résultat clinique a été étudié en fonction du résultat anatomique. Il existe un lien significatif
entre le score de Constant et l’étanchéité de la coiffe (p < 0,001). Un tableau croisé montre que le
score de Constant passe de 84,09 (+ 9,93) pour une coiffe étanche à 78,36 (+ 11,42) pour une
rupture itérative.
Cette variation s’explique principalement par le sous-facteur force (p < 0,001). Alors que les sousfacteurs douleur, total activité et total mobilité n’ont pas de lien statistiquement significatif avec
l’étanchéité de la coiffe.
Résultats en fonction de l’espace sous-acromial
La mesure de l’espace sous acromial est un facteur explicatif à la fois des résultats anatomiques au
dernier recul (p= 0,008) et des résultats cliniques aussi bien pour le score global (p= 0,017) que
pour la douleur (p=0,015 ) et la mobilité (p=0,001).
Résultats en fonction de l’importance de la lésion tendino-musculaire
Résultats cliniques
Le type et la localisation de la rupture du sus-épineux ne sont pas significativement liés avec le
score de Constant post-opératoire mais celui-ci est lié à l’extension au sous-épineux (p = 0,042) et
au clivage du sus-épineux (p < 0,001).
Ont été étudiées les corrélations entre le type de rupture, la localisation, le clivage, la
dégénérescence et les 4 sous-facteurs du Constant. La douleur est corrélée à la localisation (p=
0,004) et au clivage (P= 0,026). L’activité est corrélée au clivage (p= 0,001). La mobilité est liée au
type de rupture (p= 0,037), au clivage (p= 0,002) et la dégénérescence (p=0,021). La force est
corrélée au clivage (p< 0,001) et la dégénérescence (p < 0,001). La rupture du sus-épineux étendue
au sous-épineux est corrélée à la force (0,001) et à l’activité (0,046).
Résultats anatomiques
L'étanchéité de la coiffe mesurée à l'arthro-IRM et à l'arthro-scanner est significativement liée au
type de rupture (p < 0,001), à la localisation de la rupture (p = 0,001) et au clivage (p = 0,012) du
sus-épineux et à celui du sous-épineux (p = 0,042).
L’étanchéité de la coiffe est aussi liée à l’extension au sous-épineux (p < 0,001)
Le degré de rétraction du sus- épineux est un facteur explicatif de la réductibilité du sus-épineux
indépendamment de l’âge de la dégénérescence musculaire.
L’étanchéité de la coiffe est significativement liée à la dégénérescence graisseuse (p < 0,001) et à
l’ancienneté de la lésion (p = 0,01).
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Résultats en fonction du profil du patient
Corrélations âge et score de Constant
Tout d’abord l'âge est corrélé à la gravité de la lésion initiale : Constant préopératoire (p = 0,028),
rétraction du sus-épineux (p = 0,003) et dégénérescence musculaire (p < 0,001).
Le score de Constant global final est significativement lié à l’âge (p = 0,014).
Corrélations entre l’âge et résultat anatomique
L’étanchéité de la coiffe est liée à l’âge p < 0,001 mais la réductibilité du sus-épineux est
significativement moins bonne chez les sujets âgés (p = 0,001).
Tranche d'âge
Nombre
Constant pré-op
Dégén. SE ≥ 2
Rétraction SE
(distal,
intermédiaire,
rétracté)
Clivage SE
Réductibilité
difficile du SE
Constant post-op
Douleur
Activité
Mobilité
Force
Coiffe étanche
Fuite intratendineuse
Fuite punctiforme
Fuite itérative
Répartition des âges de la série
≤ 50
50 - 59
60 - 69
93(18%)
223(43,2%) 137(26,6 %)
48,6 ± 13,8
46,7 ± 13,9
46,2 ± 12,7
6,6%
11%
15,6%
53%
49%
42%
40%
41%
39%
7%
10%
19%
≥ 70
63(12,2%)
43,3 ± 13,2
29,1%
38%
43%
19%
20%
15%
32%
19%
36%
34%
37%
27%
84
13
18
38
16
65%
22%
83
13
18
38
14
61%
19%
82
13
19
38
12
48%
20%
80
13
19
38
11
39%
17%
6%
7%
6%
14%
12%
20%
14%
30%
Corrélations avec le contexte préopératoire
L'étanchéité de la coiffe est significativement liée au délai entre le début des symptômes et
l'opération (p = 0,01).
Le fait qu'il y ait eu infiltration ou rééducation en préopératoire n'influence pas le résultat clinique
global ou anatomique mais la douleur est liée à la rééducation préopératoire (p = 0,046) et la force
est liée à la réalisation d’infiltrations (p = 0,035).
Le délai plus long entre le début des symptômes et l’intervention est significativement lié avec
l’étanchéité à la révision (p=0,01)
Corrélations avec le sexe
Le score de Constant est meilleur chez les hommes (p < 0,001) probablement par le biais d’une
force plus importante à l’état de base. Les hommes reprennent plus vite la conduite auto (p= 0,042)
et le travail (p = 0,018). Le sexe du patient explique faiblement la réductibilité de sus-épineux (p =
0,028).
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Corrélations avec le contexte d’Accident du Travail
Le score de Constant final est moins bon dans un contexte d’AT ou de maladie professionnelle (p =
0,021) et la reprise du travail est plus longue (p= 0,001).
De plus l’A.T. est plus souvent reclassé ou reprend à un poste adapté (p < 0,001).
RAS
AT ou MP
Poste antérieur
88,8%
51,9%
Poste adapté
8,3%
20,4%
Reclassement
3%
27,8%
Corrélations entre le travail manuel et le résultat
Le score de Constant (p = 0,004) et le niveau subjectif de récupération (p = 0,001) sont
significativement moins bons chez le travailleur manuel.
Résultats en fonction de la technique de réparation
Il n’y a pas de relation statistiquement significative entre la technique opératoire (foot-print ou
haubanage, nombre d’ancres ou de fils) et les résultats cliniques et anatomiques. Par contre les
impressions du chirurgien en peropératoire sont corrélées au résultat (p < 0,0001). La courbe
d’apprentissage ou expérience du chirurgien dans cette technique de réparation arthroscopique est
aussi significativement corrélée au résultat clinique (p<0,001) et anatomique (p=0,017).
Analyse des échecs
Echecs cliniques
Il existe un lien statistique entre l’échec clinique et le Constant préopératoire (p= 0,001) ainsi
qu’avec le nombre d’infiltrations (p= 0,003).
Echecs anatomiques
Il existe un lien statistiquement significatif entre l’échec anatomique et l’âge (p<0,001), l’espace
sous acromial (p=0,047), la rétraction du sus-épineux (p<0,001), la dégénérescence musculaire
(p<0,001), l’impression subjective peropératoire de qualité de réinsertion (p<0,001) et de solidité
(p<0,001).
Discussion
Avec ses 576 cas, cette étude est la plus importante publiée de résultats anatomiques des réparations
de la coiffe des rotateurs. La plus grosse série jusqu’à présent étant celle de Boileau en 2003 avec
114 cas. Son caractère multiopérateurs est compensé par un nombre limité de chirurgiens inclus
dans l’étude (9) et un nombre minimum de 40 cas à inclure pour chaque opérateur dans une période
de temps limitée à 2 ans et demi. Il s’agit donc de la mise en commun de l’expérience d’opérateurs
expérimentés en arthroscopie pratiquant cette technique de réparation depuis plusieurs années. La
comparaison entre les opérateurs suivant l’ancienneté de leur pratique de la réparation
arthroscopique a d’ailleurs permis de souligner l’impact de la courbe d’apprentissage sur les
résultats obtenus.
La réparation sous arthroscopie donne-t-elle des résultats cliniques satisfaisants ?
Les résultats cliniques de cette étude confirment que la réparation arthroscopique de la coiffe
permet d’obtenir d’excellents résultats cliniques aussi bien subjectifs que sur le score de Constant
qui permet de les placer au niveau des meilleurs résultats toutes techniques confondues.
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La coiffe cicatrise-t-elle lorsqu’elle est réparée sous arthroscopie ?
Les résultats anatomiques mettent en évidence une cicatrisation de la coiffe au moins aussi
satisfaisante que pour les techniques chirurgicales ouvertes avec 74,7% de coiffe continentes pour
une moyenne de 69% avec les réparations à ciel ouvert dans la littérature.
La qualité du résultat anatomique conditionne-t-elle le résultat clinique ?
Dans cette étude, il existe une corrélation significative (p<0,001) entre le score de Constant global
et la cicatrisation de la coiffe mais seul le facteur force est significativement corrélé à la
cicatrisation (p<0,001).
Presque tous les auteurs affirment que la cicatrisation de la coiffe améliore le résultat fonctionnel
global même lorsque la rupture est massive comme dans la série de Gerber. Seul Liu trouve dans sa
courte série que le résultat anatomique n’est pas prédictif du résultat fonctionnel. Harryman
retrouve une corrélation avec la mobilité active dans sa série de chirurgie ouverte mais rapporte des
mobilités très limitées (71° d’élévation) pour les récidives de ruptures ce que l’on ne retrouve dans
aucune série arthroscopique où les mobilités actives restent le souvent satisfaisantes même en cas
d’échec anatomiques complets. Gleyze retrouve une corrélation significative avec la douleur
(p=0,001), l’activité (p=0,003) et la mobilité (p=0,004) mais pas avec la force. Cette divergence de
corrélation peut s’expliquer par une étude multicentrique sur un petit nombre de cas opérés entre 92
et 95 au début de l’utilisation de ces techniques avec un taux d’échec plus important.
Quelles lésions cicatrisent-elles le mieux ?
L'étanchéité de la coiffe est significativement liée au type de rupture (p < 0,001), à la localisation
de la rupture (p = 0,001) et au clivage (p = 0,012) du sus-épineux.
La plupart des auteurs démontrent que le résultat anatomique dépend de la taille de la rupture
initiale avec un taux de cicatrisation pouvant aller jusqu’à 90% pour les petites ruptures (Gazielly)
et encore 50% pour les ruptures massives selon Gerber.
L’étanchéité de la coiffe est significativement liée à la dégénérescence graisseuse préopératoire (p <
0,001) qui peut donc être un critère de pronostic intéressant mais pour Gerber, dans une étude de
réparation à ciel ouvert de ruptures larges, la dégénérescence graisseuse n’est pas corrélée avec le
taux de cicatrisation tendineuse et ne peut donc pas être critère d’indication opératoire mais
simplement un élément de pronostic.
Quels sont les résultats en fonction des patients ?
L'étanchéité de la coiffe est significativement liée à l'âge et au délai entre le début des symptômes et
l'opération. Par ailleurs la rupture sera moins facile à réduire chez les sujets plus âgés. Dans la
littérature seul Gazielly confirme et met en évidence un taux de rupture itérative qui augmente avec
l’âge. Les autres séries ne parviennent pas à dégager des corrélations par rapport au type de patient.
Comment réparer une coiffe des rotateurs?
Le petit nombre de séries publiées ne permet pas de répondre avec certitude mais il apparaît que, si
la réparation à ciel ouvert reste la référence en terme d’ancienneté et de recul, la réparation
arthroscopique permet d’obtenir des résultats tout à fait équivalents sur le plan anatomique comme
le montrent Wilson et Gleyze pour les petites ruptures. Wilson, le pionnier, nous rappelle dans sa
discussion les 4 objectifs de Neer : 1) Fermer le défect ; 2) Eliminer le conflit ; 3) Préserver le
deltoïde ; 4) Rééduquer prudemment en protégeant la suture et en évitant la raideur. Wilson
souligne que seule l’arthroscopie répond au 3ème objectif de préservation du deltoïde qui apparaît
dans les études biomécaniques actuelles comme essentiel au fonctionnement actif de l’épaule.
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Conclusion
Les meilleurs résultats fonctionnels obtenus lorsque la coiffe est cicatrisée et la majorité des
publications incitent à encourager le traitement réparateur des ruptures de la coiffe des rotateurs de
préférence au traitement conservateur et à la décompression palliative.
Parmi les techniques possibles l’arthroscopie tire ses avantages d’un taux très faible d’échecs et de
complications tout en permettant d’obtenir des résultats cliniques et anatomiques au moins aussi
bons que les techniques chirurgicales ouvertes.
La taille de la lésion n’est plus un facteur limitant l’utilisation de l’arthroscopie car les résultats
obtenus sur les ruptures larges sont équivalents à ceux obtenus en chirurgie ouverte tout en limitant
de façon très importante le risque de perte de la mobilité active en post-opératoire. L’âge est corrélé
au résultat fonctionnel et à la cicatrisation mais ne doit pas être une contre-indication à la réparation
des tendons chez les personnes âgées qui obtiennent un meilleur résultat si la coiffe est réparée et
cicatrisée. Par ailleurs les techniques d’anesthésie loco-régionales permettent de limiter les risques
opératoires liés à l’anesthésie sur les terrains cardio-respiratoires difficiles.
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Congrès « Sport et Appareil Locomoteur »
Paris 28 Janvier 2005
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*P.H. Flurin, Chirurgien Orthopédiste
Clinique de Bordeaux-Mérignac – 9 rue Jean Moulin – 33700 Bordeaux-Mérignac
**P. Landreau, Chirurgien Orthopédiste
Clinique générale du sport -36, Bd St Marcel-75005 Paris
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