L`Expert-Marchand - Compagnie National des Experts

Transcription

L`Expert-Marchand - Compagnie National des Experts
journal_cne_III_03_03_2014____5_Mise en page 1 01/04/14 21:18 Page1
L’Expert-Marchand
N°3 - 2014
Journal de la C.N.E. - Paris - France
Délais de prescription des actions en responsabilité des experts :
l'avis de la présidente du Conseil des Ventes Volontaires
par Jean-Gabriel Peyre
En tant que président de la CNE, j’ai fait un article
dans notre journal L’Expert-Marchand - n°2 sur la
prescription. (La loi du 17/06/2008 donne pour
l’expert officiant en vente publique une prescription
de 5 ans fixes au moment de la tombée de marteau
du commissaire priseur habilité alors que pour
l’expert hors vente publique pour une pièce
identique vendue les délais de prescription sont
en responsabilité civile avec un « délai butoir de
20 ans »). Je l’avais intitulé La prescription revue
mais pas corrigée pour la simple raison que le
législateur n’avait pas donné d’une manière
précise le délai butoir de 20 ans. Le Conseil des
Ventes Volontaires m’a demandé d’intervenir le
23/10/2013 sur les délais de prescription des
actions en responsabilité des experts en vente
publique et hors vente publique. La présidente
Catherine Chadelat a été la seule à aller dans mon
sens. Je lui ai demandé de me faire une lettre
officielle pour marquer ses arguments correspondant
aux miens. Je tenais donc à communiquer sa lettre
dans ce journal . (transcription ci-dessus)
« L’expert qui assiste un opérateur de ventes
volontaires pour la description, la présentation ou
l’estimation d’un bien à l’occasion d’une vente
ou d’une prisée peut voir sa responsabilité engagée
au terme d’une action en responsabilité qui se
prescrit par cinq ans à compter de la vente ou de
la prisée conformément aux dispositions de l’article
L. 321-17 du code de commerce qui dispose en
son dernier alinéa Les actions en responsabilité
civile engagées à l’occasion des prisées et des
ventes volontaires et judiciaires de meuble aux
enchères publiques se prescrivent par 5 ans à
compter de l’adjudication ou de la prisée... Ce
délai de prescription est dérogatoire : il ne concerne
que les ventes aux enchères publiques volontaires.
Dans tous les autres cas, le droit commun trouvera
à s’appliquer. La prescription de l’action en
responsabilité de l’expert se prescrit alors par 5 ans
à compter de la découverte de la faute de l’expert,
conformément aux dispositions de l’article 2224
du code civil qui dispose Les actions personnelles
ou mobilières se prescrivent par 5 ans à compter du
jour où le titulaire d’un droit a connu ou aurait
dû connaître les faits lui permettant de l’exercer.
En tout état de cause, ce délai ne saurait excéder
vingt ans, ainsi qu’il ressort des dispositions de
l’article 2232 du code civil qui dispose : Le report du
point de départ, la suspension ou l’interruption
de la prescription ne peut avoir pour effet de porter
le délai de la prescription extinctive au-delà de
20 ans à compter du jour de la naissance du droit ».
Jean-Luc Méchiche
Eric Delalande
ADMINISTRATEUR
ADMINISTRATEUR
Geneviève Saffroy
François Laffanour
ADMINISTRATEUR
ADMINISTRATEUR
G. Philippe Vallois
ADMINISTRATEUR
Olivier Lorquin
Catherine Hirsch
ADMINISTRATEUR
TRESORIER
Martine Thomas
VICE-PRESIDENT
Frédéric Castaing
SECRETAIRE GENERAL
Marc Perpitch
ADMINISTRATEUR
Jean-Gabriel Peyre
PRESIDENT
Un jour au Ritz
par Frédéric Castaing, expert en autographes
L’expert marchand
est recherché parce
qu'il authentifie une
pièce grâce à son
expérience de plus de
dix ans et à son savoir
Stephan Zweig, grand collectionneur de manuscrits,
avait coutume de dire… Il n’y a pas de grands ou
de petits autographes… Souvent je suis pris sous le
charme de documents apparemment secondaires…
Il y a de cela quelques années, un homme âgé
entre dans ma galerie, un livre de poche défraîchi,
Pour qui sonne le glas, à la main…
- Je m’occupe d’autographes, je regrette ce n’est
pas pour moi…
- Attendez monsieur ! Il ouvre le livre et me montre
une dédicace d’Hemingway
- Racontez-moi
- Il y a longtemps, j’étais portier au Ritz et je
voyais passer M. Hemingway tous les matins. Un
jour, je me suis dit, c’est trop bête, je suis allé
acheter ce livre et lui ai fait dédicacer.
- Je le prends.
A la libération, Hemingway était entré dans Paris
avec les troupes américaines… les mauvaises
langues ajoutèrent qu’il avait surtout libéré
le bar du Ritz…
L’expert-marchand ne doit avoir qu’une ou deux spécialités, ainsi que l’exige la Compagnie Nationale des Experts
journal_cne_III_03_03_2014____5_Mise en page 1 01/04/14 21:18 Page2
L’Expert-Marchand
ANECDOTES D’EXPERTS-MARCHANDS
N°3 - 2014
2
Anecdotes dans la vie de travail
des experts-marchands C.N.E.
Miklos : des révélations sidérantes
Danuta Cichocka,
expert en reliures d’art - livres illustrés (période Art Nouveau, Art Déco), spécialiste des œuvres de Gustave Miklos, seul expert désigné par les ayants-droits
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Un après-midi, dans ma librairie, travaillant sur
la mise à jour de mon site Internet où je présente
régulièrement une sorte d'anthologie des livres
édités dans les années 1920-1940 par F.-L.
Schmied, je fus brusquement interrompue par
l’entrée d'une jeune femme qui s'adressa
vivement à moi : «Je me demande pourquoi sur
votre site, vous parlez toujours des livres de
Schmied ? C'est mon arrière-grand-père Gustave
Miklos qui les a faits !...». Après quoi, mon
interlocutrice sortit de ses bagages quelques
documents à l’appui de la troublante révélation
qu’elle venait de me faire et repartit, me laissant
dans un état de profond hébétement. Gustave
Miklos, ce grand nom de la sculpture moderne
au même titre que Jozsef Csaki et Brancusi,
qu’Edouard Sandoz ou Chana Orloff ? Un peintre
cubiste déjà avant 1914, élève de Metzinger, un
artiste exceptionnel dont les œuvres originales
peuvent atteindre des enchères millionnaires ?
Et aussi un décorateur, un des membres
fondateurs de l’UAM (Union des Artistes
Modernes), créateur d’objets futuristes (Bolide,
1924), inventeur de formes, donc designer de
meubles, émaux, tapis étoffes et bijoux qui
marquent les arts décoratifs de son époque,
frappant par leur modernité ? Comment Gustave
Miklos aurait-il pu se trouver derrière les éditions
de ce F.-L. Schmied, considéré par tous les
bibliophiles comme celui qui a révolutionné l’art
du livre ? Dans la conversation qui suivit, avec
l’arrière-petite-fille de Miklos, j'appris que sa
famille avait emporté in extremis tout ce qui
restait dans la demeure des Miklos, abandonnée
et ouverte à tous les vents pendant plusieurs
mois après le décès de la veuve en 1986 – l'artiste
ayant disparu en 1967. Cette récolte tardive
était conservée dans de nombreux cartons,
porte-folios, valises et enveloppes. Que du papier,
les dernières sculptures, elles, s'étant envolées.
Un des premiers documents émergeant des
cartons fut un cahier scolaire ordinaire à petits
carreaux, à couverture vieux rose, où, sur la
première page, on pouvait lire : «Travaux
exécutés pour François (Louis Schmied) depuis
l'an 1922…». Ce cahier fut tenu scrupuleusement
par Miklos, de sa belle calligraphie, de 1922
jusqu’en 1941, s’achevant à la mort de l’éditeur
Schmied. Les titres des travaux exécutés
(illustrations, «arrangements», dédicaces, dessins
originaux, projets de reliure), «transatlantiques
pour Dunand», etc., étaient inscrits aux dates
précises accompagnés de leur prix et suivis des
récapitulatifs d’acomptes et de règlements
établis annuellement. Pièce à conviction majeure!
Ses revenus réguliers venant de l'atelier
Schmied -Dunand-Goulden permirent à Miklos
de nourrir sa famille hongroise vivant dans la
détresse, d'acquérir un terrain à Paris (3, rue
Gauget, dans le 14e) et d'y faire construire en
1931, une maison-atelier. Une réussite matérielle
pour celui qui avait connu la vie de bohème, et
la faim aussi, en débarquant à Paris, à la Ruche,
en 1909. Ce cahier prouve entre autres, que
Miklos a conçu, dessiné, orné, peint près de 50
livres devenus des chefs-d’œuvre de mise en
page et d’illustration, créant également près de
200 projets de reliures aussi novatrices que ses
livres, tout cela en marge de son œuvre de
sculpteur, de peintre et de créateur d’objets
décoratifs. Ses créations, facilement reconnaissables
par leur style et leurs constructions particulières,
ont été diffusées à travers les productions de
F.-L. Schmied mais aussi de J. Dunand et de J.
Goulden. Et, à l'examen plus approfondi de toutes
les œuvres de Gustave Miklos, d'une extrême
diversité, il m'apparut que ses contributions et
son influence furent largement partagées par
plusieurs artistes contemporains: il féconda ainsi
toute la période de l’Art Déco ! Et personne ne
l'avait remarqué jusqu'à ce jour. La découverte
du fameux «cahier» fut aussi magique que
bouleversante. Un choc étourdissant qui me fit
perdre le sommeil à l'automne 2007, où je restais
seule, face aux vestiges de la vraie vie et de
l’œuvre impressionnante de Gustave Miklos. Et
devant une imposture énorme. Les preuves
étaient là, que la paternité affichée des livres et
reliures de Schmied était une usurpation. Et que
les créations les plus modernistes de l'atelier
Dunand-Goulden étaient aussi de Miklos. Difficile
à croire ou plutôt à digérer. Mon bouleversement
se doubla d'inquiétude : comment prouver, faire
émerger cette réalité, après bientôt un siècle de
légende mercantile ? Comment reconnaître et
annoncer que nous nous avions été abusés et
que nous nous étions tous trompés ? L'entreprise
de démystification me semblait énorme, les
éditeurs ne se bousculaient pas, mais l’excitation
suscitée par la découverte de ce grand secret
de l'Art Déco, m'a donné l’élan nécessaire pour
m’y atteler, d’autant que je ne me rendais pas
encore compte de la dimension éditoriale et des
implications juridiques qu’il faudrait affronter. À
côté du cahier des «Travaux pour François…»,
la présence de si nombreuses études préparatoires,
d’esquisses et de maquettes, venait conforter la
révélation que Miklos était aussi l'auteur-créateur
souvent anonyme de nombreux décors parmi
les plus étonnants de l'époque. Il paraît que
lorsque l’on va au fond des choses, on peut
trouver un trésor insoupçonnable… Après
avoir exploré dans leurs moindres détails les
productions de Schmied-Dunand-Goulden, je
restais insatisfaite. Et voici qu’enfin apparaît en
double-fond, la réponse.Au fil du temps, devenant
spécialiste de la période Art Déco, j'ai attiré
l'attention des collectionneurs les plus pointus,
d’amis et d’héritiers possédant divers documents
concernant ce domaine. Mais tout cela ne
répondait pas à certaines de mes interrogations
qui affleuraient sur la mystérieuse genèse de ce
style et de ces livres, dont la beauté et le langage
graphique touchaient à l'universel, constituant
un événement éditorial unique dans le monde
occidental, fort estimé par une cohorte
d’indéfectibles amateurs sur plusieurs continents.
Des connaisseurs, de générations précédentes,
fort avertis, m'avaient discrètement avisée que
le Tout-Paris des amateurs d'art de l’Entre-Deux
guerres flairait que Schmied et Dunand avaient
utilisé un nègre pour dessiner une grande partie
de leur production. L’assurance de leurs propos
et la confiance que je leur accordais semaient
chez moi un trouble sérieux. Car les publications
relatives à Schmied- Dunand-Goulden, récemment
parues ne m'apportaient que davantage de
confusion. Nous savions d’après plusieurs
sources historiques que, dès 1922, Miklos après
avoir participé aux nombreux expos et Salons,
avait abandonné la peinture, sans raison déclarée.
Pourquoi ce renoncement ? Apparemment, sa
décision restait empreinte de mystère. Mais
elle devient compréhensible à la lumière de la
découverte de son fameux cahier des «Travaux
pour François depuis l'an 1922…», qui débute
ainsi : «Reçu environ 8 000 f (8 719 € de 2014)
pour les premiers travaux de 1922...» Année
1922, exactement ! La peinture, c’est désormais
dans les livres signés par Schmied, que Miklos
l’exercera. Son cahier se remplit de commandes
de plus en plus nombreuses ; apparaissent aussi
les sommes dues par Schmied de plus en plus
importantes, leurs versements mensualisés,
pas toujours honorés, en acomptes, notés avec
des retards et rectificatifs. Et, dans une ultime
inscription, Miklos note : «1940-41 plus de
mensualités, paiements irréguliers. À sa mort, il
reste dû 60 000 frs (23 867 € de 2014) qui n'ont
jamais été payés.»
journal_cne_III_03_03_2014____5_Mise en page 1 01/04/14 21:18 Page3
3
L’Expert-Marchand
ANECDOTES D’EXPERTS-MARCHANDS
N°3 - 2014
Heureux hasard : rencontre d’une
faïence de Moustiers et d’une
porcelaine de Chine
Jean-Gabriel Peyre,
expert spécialisé en céramique ancienne
-------------------------------------------------------------------------------------------------------
Me promenant dans le Carré Rive Gauche, pas
très loin de ma galerie, il y a maintenant un
peu plus de huit ans, je découvris dans la vitrine
d’une boutique d’un spécialiste d’art chinois,
un ensemble de pièces à décor de fleurs de
solanacées en camaïeu ocre sur fond blanc
de la Compagnie des Indes, toutes avec
armoiries. J’ entrai dans le magasin, mon collègue
me dit que ces pièces ont été commandées en
Chine par le propriétaire d’une malouinière en
Bretagne. Sa phrase me conforta en quelques
secondes. Je lui demandai d’avoir l’amabilité de
me vendre seulement une coupe, ce qu’il
accepta pour me faire plaisir.
De retour à ma galerie je posai la coupe de
Chine à côté d’une autre coupe, elle, en faïence
polychrome de Moustiers, avec le même décor
de fleurs de solanacées en bordure, elle
aussi ornée d’ armoiries au centre du bassin,
différentes bien sûr. Je pouvais au même
moment me dire grâce à cette trouvaille que le
commanditaire du service en porcelaine de
Chine avait eu dans les mains une pièce sœur
de ma coupe en Moustiers qu’il avait fait envoyer
en Chine pour qu’on lui exécutât un service à
l’identique de ce motif, mais frappé à ses armes.
Nous savons, experts en céramiques, que,
Français, Hollandais, Portugais ont commandé
des services en porcelaine de Chine à leurs
armes, services qui passaient par des comptoirs
importants - transportés par bateaux jusqu’aux
ports européens. J’avais donc la preuve que la
Chine avait copié dans les années 1750/1760 ce
décor, posé sur la faïence de Moustiers, sorti
des ateliers Clérissy dans les années 1740/1745.
J’ai transmis ma découverte à un collectionneur,
grand donateur français – Pierre Jourdan-Barry
– qui a compris l’intérêt de ces deux pièces qu’il
m’a d’ailleurs achetées pour les donner au
musée de Moustiers Sainte-Marie. Ces deux
céramiques seront visibles dès la fin juin 2014
dans la nouvelle présentation et la nouvelle
muséographie du musée mis en forme par
Nadine Gomez, conservatrice en chef du musée.
Une galerie de
rendez-vous
Coupe en porcelaine de Chine
et ce jour-là, je vis arriver un homme de haute
stature, à l’allure et au mode vestimentaire très
stricts, qui ne se présenta pas. Ratna et lui
s’isolèrent. Une heure plus tard, ce monsieur
s’en alla. Il y eut un deuxième, puis un troisième
rendez-vous, organisé de la même manière.
A l’issue de ce dernier, je demandai quand
même à ma voisine quel était le nom de son
mystérieux visiteur. Elle me répondit : C’est
mon ancien mari. Nous avons beaucoup voyagé
ensemble. Il s’appelle Henri Cartier-Bresson.
Quelque temps plus tard, Ratna, désirant se
séparer de ses biens matériels comme la
bouddhiste qu’elle était, proposa de me vendre
sa collection d’albums de voyages, de photos
anciennes du Japon, pour la plupart coloriées
par Felice Beato, célèbre coloriste vénitien ; ce
qui me permit de réaliser une sublime exposition,
unique en son genre, grâce aux voyages de
Henri Cartier-Bresson et de son épouse, ma
mystérieuse voisine.
Marc Perpitch,
expert en objets d’art du XVIe et XVIIe
--------------------------------------------------
Il y a trente-cinq ans, quand la Galerie Liova
était située au 194 boulevard Saint-Germain, une
de mes voisines très proches me demande un
service. Elle était attirée par notre galerie, car
j’avais développé une passion pour l’Art Japonais
dont j’avais apprécié l’esthétique particulière à
travers des films historiques de ce pays. Ratna,
ma voisine indonésienne, ancienne danseuse
du corps de ballet national, me demanda la
permission de donner rendez-vous dans la
galerie à l’un de ses amis. La disposition de cet
endroit s’y prêtait car on pouvait isoler la
dernière pièce. Le rendez-vous eût donc lieu,
FIAC 96, la galerie Dina Vierny
expose un jeune artiste
Olivier Lorquin,
expert de Robert Couturier et Aristide Maillol
-------------------------------------------------------------------------------------------------------
En 1996, notre galerie participait encore à la
FIAC, nous nous sommes fait virer en 2002. Cette
année, nous présentions au salon une exposition
consacrée au sculpteur Robert Couturier. Né
en 1905 à Angoulême, Couturier était alors un
jeune sculpteur de 89 ans.Avec Robert, les foires
d’art moderne étaient magiques, les amateurs
répondaient à l’appel, les œuvres s’envolaient. La
foire fut glorieuse. Nous avions vendu une sculpture
monumentale, un grand nombre de dessins, épuisé
une édition de statuettes… Le dernier jour,
arrivé dès l’ouverture du salon, un couple
Coupe en faïence de Moustiers
de collectionneurs découvre le travail de Robert
Couturier et s’intéresse tout particulièrement
à l’une de ses sculptures, Dos d’une blonde. Il me
demande de le leur réserver. Ils reviennent sur
mon stand juste avant la fermeture follement
amoureux du Dos d’une blonde. Ils l’achètent et
veulent l’emporter avec eux. Pendant que je
l’emballe, ils me demandent l’âge de l’artiste.
Les 89 ans de Robert Couturier les perturbent.
«mais c’est un vieux monsieur !» s’exclament-ils
visiblement effrayés par son âge. Ils annulent
leur achat et quittent mon stand en courant.
journal_cne_III_03_03_2014____5_Mise en page 1 01/04/14 21:18 Page4
L’Expert-Marchand
EXPERTISES
N°3 - 2014
4
Cas pratiques : expertises des derniers
membres admis à la
Braun, Georg and
Hogenberg, Franz
Civitates orbis terrarum
Ashley Barnes, expert en cartes anciennes et
histoire naturelle, fait à Paris le 2 décembre 2013
--------------------------------------------------
Cologne 1572-1588, in Folio. 4 volumes relié en 2
avec 4 pages de titre gravées et 236 planches
gravées en pages doubles montrant des vues
d’ensemble et de détail de villes et cités avec un
texte en latin sur toutes les pages y compris sur
les pages de garde et les planches.
Les planches sont coloriées à la gouache et à la
main par des artistes contemporains à l’ édition
selon les instruction de l’éditeur, certaines planches
comportant des annotations en anglais d’une main
savante. La reliure de veau tachetée régulièrement
avec un dos et la tranche richement dorés avec des
motifs de losange, de larges arabesques dorées
sur les bordures des pages de garde, pages non
coupées, un exemplaire de choix. Il s’agit de l’atlas
des villes le plus connu sous le titre du premier
volume Civitates Orbis Terrarum, « quel plus grand
plaisir existe-t-il à présent que de feuilleter ces livres
de villes, publiés par Braunus et Hogenbergius ? »
(Robert Burton, Anatomy of Melancholy, 1621);
« Le plus original et magnifique des atlas de
villes » (Skelton, p. VII). Ses planches montrent
des plans, des vues, des vues à vol d’oiseau etc…
de villes à travers le monde dans lesquels on voit
des personnages en costume local et régional. On
peut y voir entre autres Cracovie, Trieste, Vérone,
deux cartes de la Rome antique et de Jérusalem
et les fameux plans de Moscou, Londres, Vienne,
Prague, Venise et presque toutes les autres villes
importantes de l’époque. Pour bien des villes, il s’agit
des toutes premières représentations publiées.
Composition rouge,
verte et bleue
Thaddée Poliakoff, spécialiste de l’œuvre de
Serge Poliakoff, expert en estampes modernes
et contemporaines du XXe,
fait à Paris le 7 février 2014
--------------------------------------------------
Lithographie originale de Serge Poliakoff en
cinq couleurs, signée par l’artiste lui-même,
Composition rouge, verte et bleue. Elle est limitée
à 80 exemplaires, imprimés sur papier BKF Rives,
signée à la main et numérotée 26/80.
Les dimensions de la planche sont de 106 x 75 cm
et les dimensions de l’image sont de 87,5 x 64 cm.
L’œuvre a été réalisée en 1969. La lithographie a
été imprimée par Erker-Press (St. Gallen) et éditée
par la Galerie Im Erker (St. Glanne). L’œuvre est
référencée sous le numéro n°76 dans le catalogue
raisonné des estampes à la page 184 et 185.
La plupart des villes se situent en Europe (les plus
nombreuses étant en Allemagne et aux Pays bas)
mais il y a également des vues et des plans d’iles
méditerranéennes, de villes du Moyen Orient et
d’autres régions du monde. Braun (1541-1622),
un religieux originaire de Cologne, fut le principal
éditeur mais fut grandement aidé par Abraham
Ortelius dont leTheatrum OrbisTerrarum de 1570 était
le premier véritable atlas comprenant une collection
de cartes dans un style uniforme. Le Civitates était
destiné visiblement à être un compagnon au
Theatrum, non seulement de par son titre très
semblable mais à cause de plusieurs références
d’époque qui mentionnent la complimentarité des
deux œuvres. Cependant, le Civilitates était destiné
à un public plus large, sans doute à cause de la
nouveauté de cette collection de plans et de cartes
de villes et le fait que les vues représentaient un
risque commercial moindre qu’un atlas mondial
dont il y avait par ailleurs plusieurs précédents.
Franz Hogenberg (1535-1590),le fils d’un graveur
munichois qui s’était établi à Malines, avait gravé
la plupart des planches pour le Theatrum d’Ortelius
Une commode en
marqueterie de bois
exotiques
Anne-Marie Monin, expert en Mobilier et objets
d'art du XVIIIe siècle français,
fait à Paris le 6 juin 2012
et également la plupart des planches du Civitates
et fut peut-être même l’instigateur du projet. Plus
de cent graveurs et cartographes dont le plus
important fut l’artiste anversois Georg (Joris)
Hoefnagel (1542-1600), gravèrent les plaques en
cuivre d’après des dessins. Hoefnagel contribua à
non seulement toutes les planches d’Italie et
d’Espagne mais corrigea et modifia les planches
de certains autres collaborateurs. Après sa mort,
son fils Jakob poursuivit le travail de son père. Un
grand nombre de plans de ville certains non publiés,
par Jacob van Deventer (1505-1575) aussi connu
sous le nom de Roelofzof, furent copiés, comme le
furent les gravures sur bois de Stumpf provenant
du Schweitzer Chronik de 1548 ainsi que les vues
d’Allemagne de 1570 et 1572 de la Cosmographia de
Munster. Une autre source importante de cartes
géographiques fut le cartographe danois Heinrich
van Rantzau (1526-1599), plus connu sous son nom
latin de Rantzovius qui s’occupa des villes du nord
en particulier en Scandinavie. Le Civitates donna
un aperçu complet et unique de la vie urbaine au
début du 16è siècle. Braun y ajouta des personnages
en costume local comme l’avait préfiguré
Hans Lautensack dans sa vue à l’eau-forte de
Nuremberg de 1552 qui montrait des personnages
au premier plan rural qui ajoutaient une touche
d’authenticité à la vue très précise et topographique
de ce qui était en fait la capitale culturelle d’Allemagne
de l’époque. Braun, lui,avait d’autres raisons de les
ajouter comme il l’explique dans son introduction
du livre 1, en pensant peut-être, avec optimisme,
que ses plans ne seraient pas examinés de trop
près pour secrets militaires par les Turcs pour
lesquels la représentation humaine était interdite.
La planche représentant Alger est répétée dans le
premier et le troisième volume. L’éditeur fournit
des exemplaires coloriés et monochromes mais cet
exemplaire est particulièrement magnifiquement
colorié. Koeman, B & H 5-6, 13-16; Skelton, introduction to the
facsimile ed., pp. xxvI-xxvII.
Franco Albini 1905-2004
Rossella Colombari, expert en design italien XXe,
fait à Milan le 9 décembre 2013
--------------------------------------------------
--------------------------------------------------
Cette commode montée sur un bâti de chêne,
ouvre en façade par cinq tiroirs sur trois rangs ainsi
répartis : trois tiroirs en ceinture et deux tiroirs sans
traverse apparente en partie basse. Elle repose
sur quatre pieds cambrés et chanfreinés à cinq
faces, formant vers l’extérieur une saillie galbée. La
marqueterie est composée d’un placage de satiné
à encadrement d’amarante et filets de bois clair à
décor de frisage. L’ornementation de bronzes ciselés
et dorés comprend : les entrées de serrures en tors
de laurier et nœuds de ruban, chutes en enroulement
de feuilles d’acanthes, tablier, lingotière soulignant
la ceinture, feuillage sur l’arrête du pied et sabot
figurant une patte griffue. Cette commode est
coiffée d’un plateau à gorge moulurée en marbre
gris Saint Anne. Ce meuble est certifié authentique,
français, du XVIIIe siècle Transition des époques
Louis XV - Louis XVI et porte l’estampille de
Jean-Henri Riesener, J. H. Riesener reçu maître en
1768 et JME (2 fois sur les montants arrière)
Prototype du bureau Stadera, Italie 1950, exécuté en
5 exemplaires dont ce prototype pour les bureaux
des bureaux INA à Parme. Piètement et plateau en
marbre, pieds en tubes métalliques. Dim : L 83 cm
(63 cm dans la partie la plus étroite), P 143 cm, H 80 cm
Certificat d’authenticité délivré par la Fondazione
Albini sous le n.10. Résumé et traduction du rapport
de la Fondazione Albini concernant la provenance
de ce bureau : ce bureau appartenant à Rossella
Colombari, peut être daté des années cinquante et
représente le premier prototype du bureau Stadera,
édité en série par la société Poggi en 1961. Ce modèle
en marbre est un prototype original qui provient
des bureaux INA à Parme conçus par Franco Albini
et Franca Helg entre 1950 et 1954. Seuls 5 prototypes
ont été réalisés. Rossella Colombari en acquit trois
d’entre eux. La Fondation estime que, d’après
des dessins en leur possession, ce bureau a été
exécuté avant 1951 et a été réalisé par des artisans
marbriers qu’utilisait Albini pour créer les escaliers
et l’entrée de l’immeuble INA. Le choix du matériau
rappelle le marbre qui recouvre le Baptistère de
Parme qui se trouve en face de l’immeuble de
bureaux INA. Le piètement et le plateau de ce
bureau ont été entièrement sculptés à la main sans
procédés industriels. Cette intervention manuelle
tient compte du grain du marbre et respecte
l’épaisseur et l’équilibre de la pièce.
L’Expert-Marchand
Edité par la Compagnie Nationale des Experts
Rédacteur en chef Jean-Gabriel Peyre
Secrétariat Sylvie Bonnifait
Rédaction 10 rue Jacob, 75006 Paris
Contact : +33(0)1 40 51 00 81 / [email protected]
www.cne-experts.com
Réalisation, impression [email protected]
ISSN 2260-7900
© 2014 Compagnie Nationale des Experts. La reproduction
de tout article est interdite sans l’accord de l’administration.
CNE_GIORNALE2_CNE_GIORNALE2 03/07/13 08:53 Pagina 1
N°2 - 2013
L’Expert-Marchand
Journal de la C.N.E. - Paris - France
Qu'est - ce qu'un expert-marchand ? Pourquoi le recherche t-on ?
La définition du Petit Larousse "versé dans la connaissance d'une chose par la pratique"
n'est plus suffisante !!! Pour l'expert-marchand, il y a d’autres raisons percutantes
Il voit passer entre ses mains chaque jour des
dizaines d'objets
Il estime les objets d'art au prix réel du marché
Il est conseil en gestion de collection
Il aide le collectionneur pour l'achat et la
vente d'objets d'art
Vice-Président
Martine Thomas
Sécrétaire Général
Frédéric Castaing
Trésorier
Catherine Hirsch
Administrateur
Eric Delalande
Administrateur
François Laffanour
Il est "un passeur" : grâce à ses connaissances
et à son expérience - minimum de 10 ans - il
peut soustraire des trésors de l'ignorance
Il est le défenseur de l'œuvre qu'il expertise
et celui de l'artiste
Il mène une lutte permanente contre la
contrefaçon
Administrateur
Olivier Lorquin
Administrateur
Jean-Luc Méchiche
Administrateur
Marc Perpitch
Administrateur
Geneviève Saffroy
Administrateur
Georges-Philippe Vallois
Ces sept points définissent les compétences
recherchées chez l’ expert-marchand.
LA PRESCRIPTION REVUE MAIS PAS CORRIGÉE !!!
C'est presque une révolution, avait lancé François
Duret Robert quand le législateur eut remplacé
l'article 2262 par l'article 2224 dans la loi du 17
juin 2008 : la prescription extinctive de droit commun de 30 ans passée à 5 ans. Plus de 10 ans sont
passés où nous signalions tant à l'Observatoire du
marché de l'art et du mouvement des biens culturels qu'au Ministère de la Justice que ce fameux
article 2262 établissait une différence de prescription entre les experts selon qu'ils agissaient en
vente publique (10 ans) ou hors vente publique
(30 ans). Il se pourrait que le législateur ait eu vent
de nos réflexions. La première lecture de l'article
2224 de la loi du 17 juin 2008 nous mettait en
joie... C'est en faisant le commentaire de texte
avec nos conseillers juridiques, que nous nous
sommes aperçus de l'énormité de ce texte de loi.
Soyons clairs : posons le problème sur une expertise d'un objet en vente publique et sur l'expertise
du même objet hors vente publique.
· Pour l'expertise du pot à sucre en porcelaine de
Chantilly faite en collaboration avec un commissaire priseur habilité, la prescription à un délai de
5 ans à compter de l'adjudication ou de la prisée.
Ces 5 ans sont fixes (article L321-17 du code de
commerce). L'acheteur ne peut engager une action en responsabilité contre l'expert passé ce
laps de temps.
· Pour l'expertise du même pot à sucre en porcelaine de Chantilly faite dans notre galerie : le délai
de prescription de droit commun est également
de 5 ans, mais là, nous découvrons un autre principe d'interprétation. Le point de départ est devenu le sujet primordial "jour où le titulaire d'un
droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui
permettant de l'exercer". C'est le fameux effet
glissant dépendant des circonstances imprévues
qui ne peut être déterminé à l'avance. L'article
2232 du code civil de la loi du 17 juin 2008 pré-
voit un délai "butoir" de 20 ans qui n'est pas forcément à l'esprit de tous les experts marchands
hors vente publique. Nous pensons que le législateur n'a pas bien saisi le délai de prescription
puisqu'il précise que le délai "butoir" court à
compter du jour de la naissance du droit. Comment l'acheteur peut-il voir une différence de
prescription pour le même objet présenté en
vente publique ou hors vente publique ? C'est
bien là que le bât blesse ! Nous avons soulevé
cette différence devant différentes personnes des
pouvoirs publics qui comprennent notre interrogation mais ne peuvent l'expliquer. Que devons
nous faire, nous, experts marchands connus et reconnus pour les expertises que nous faisons ? Devons nous supprimer cet acte "le certificat qui
permet l'authenticité de la pièce" afin de ne pas
être poursuivis pour l'erreur que nous aurions pu
commettre ? Comment peut-on comprendre cette
différence de prescription sur l'expertise d'un
même objet en étant expert en vente publique ou
expert marchand hors vente publique ? Comment
le collectionneur lambda pourra-t-il davantage
avoir confiance dans les expertises en vente publique (5 ans) par rapport aux expertises hors
vente publique (20 ans fixes) ? Ne pourrions nous
pas dire haut et fort que le même objet expertisé
hors vente publique donne à l'acheteur une plus
grande assurance et sûreté puisque 20 ans le garantissent à compter de la découverte de l'erreur.
Nous sommes plusieurs à penser la même chose
devant cette absurdité. Messieurs les législateurs,
pouvez-vous comprendre pourquoi nous nous
battons sur cette différence et trouver ensemble
une règle simple, immédiate et sans compromis ?
Seule la découverte de l'existence d'une erreur
d'authentification prend son vrai sens si l'expert
s'est trompé. Les garanties dont bénéficient les
acheteurs en vente publique ont changé par l'ar-
ticle L321-17 du code de commerce où la responsabilité des experts en vente publique de 10 ans
est remplacée par 5 ans. Les délais de prescription
de l'action en responsabilité civile passent de 10
ans à 5 ans. Son point de départ restant le même :
la date de l'adjudication ou de la prisée. L'action
en nullité, c'est la découverte de l'erreur qui
constitue le fait qui permet de l'engager. La loi du
17 juin 2008, comme nous l'avons déjà dit, a institué un nouveau délai "butoir" de 20 ans qui a
pour départ "le jour de la naissance du droit". Ce
qui revient à dire que cette loi a simplement raccourci le délai de prescription de 10 ans en le faisant passer de 30 ans à 20 ans. Ce droit d'intenter
une action en nullité de la vente pour erreur sur
l'objet prend naissance lorsque l'on découvre
l'erreur impliquant que l'annulation de la vente
peut être demandée plusieurs années après que
celle-ci a eu lieu. Pourquoi cette responsabilité
civile entre l'expert en vente publique et l'acheteur ne saurait être invoquée plus de 5 ans après
la vente ? Alors que celle de l'expert hors vente
publique touche une prescription de droit commun avec un délai butoir de 20 ans. Nous pensons que le législateur devrait revoir sa copie.
Jean-Gabriel Peyre Président
de la Compagnie Nationale des Experts
Les principaux objectifs des 150 membres de la Compagnie Nationale des Experts Spécialisés en œuvres d'art
Réunir les meilleurs professionnels
dans chaque domaine
Les lier par une déontologie
très concrète
Offrir leur compétence spécialisée
et leur garantie
CNE_GIORNALE2_CNE_GIORNALE2 03/07/13 08:53 Pagina 2
L’Expert-Marchand
ANECDOTES D’EXPERTS-MARCHANDS
N°2 - 2013
2
Anecdotes dans la vie de travail
des experts-marchands C.N.E.
Sur les traces de Charlotte Perriand :
de Rio à ma première Biennale des Antiquaires…
François Laffanour,
expert en art décoratif 1950-1980 : meubles, sculptures, verrerie
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Durant son séjour au Brésil, Charlotte Perriand
avait décoré entièrement son appartement avec
des meubles de sa main. Quelques photos avaient
d’ailleurs été publiées dans des catalogues. Ces
meubles avaient une particularité : ils étaient
réalisés en jacaranda - le palissandre de Rio une essence très précieuse. L’idée m’est venue
un jour d’essayer de les retrouver...
d’essayer de rencontrer des personnes qui
auraient pu être en contact avec Charlotte
Perriand à l’époque de sa vie à Rio. J’ai retrouvé
le concierge de l’immeuble, puis des voisins
et finalement quelqu’un a pu nous parler des
anciens habitants de cet immeuble. Je me suis
mis à la recherche de toutes ces personnes,
une par une. Au bout d’un mois et demi et
Je me suis donc rendu au Brésil dans le courant
de l’année 2002, avec l’idée de me mettre en quête
de cet appartement décoré par Charlotte Perriand. Arrivé à destination, à l’adresse indiquée,
il n’y avait plus ni meubles ni appartement. J’ai
alors commencé par interroger le voisinage afin
plusieurs centaines de kilomètres à travers le
Brésil, j’ai réussi à retrouver un ancien résident
de l’immeuble. Chez lui, se trouvait la bibliothèque que Charlotte Perriand lui avait donnée à
l’époque. Au fur et à mesure de notre conversation, il m’a confié les noms de différentes per-
sonnes. Deux mois plus tard, j’avais pu reconstituer l’ensemble du mobilier de l’appartement
de Charlotte Perriand : j’ai retrouvé une banquette chez l’un, une table chez l’autre, un tabouret chez un troisième et un quatrième, une
autre table et un fauteuil chez un cinquième…
Juste après cette aventure, lorsque l’on a accepté
ma candidature à la Biennale des Antiquaires de
2004, j’étais fou de joie d’aborder la plus belle
exposition qui soit avec toute une collection de
meubles dans des dimensions incroyables : la
table faisait plus de 3 mètres, la bibliothèque plus
de 4 mètres, la banquette faisait 7 mètres de
long… Tout un ensemble de meubles surdimensionnés ! Hélas, le comité d’organisation de la
Biennale m’a annoncé que l’on ne pouvait me
proposer qu’un stand de 12 m². La mort dans
l’âme, j’ai accepté en me disant qu’il valait mieux
12 m² que rien du tout…
Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule,
une fois mon contrat signé, on me révéla que ces
12 m² ne seraient aménageables que le dernier
jour car ils étaient situés juste au-dessus du
monte-charge ! J’ai tout de même accepté et
j’ai choisi deux meubles à exposer.
Le jour J, on ne pouvait pas entrer sur mon
stand ! La bibliothèque se plaçait sur toute la
longueur du mur du fond et la table occupait
l’intégralité de l’espace.
Ce fut pourtant un succès incroyable. Les
deux meubles exposés ont été immédiatement
vendus. Quelques mois plus tard à ma galerie,
j’ai consacré une exposition à tout le reste de
la collection. Et toutes ces pièces que j’avais
patiemment recherchées pendant des mois à
travers tout le Brésil ont conquis de nouveaux
propriétaires…
et en tout point semblable au « mien » mais il
s’agissait apparemment d’une aquarelle ou du
moins d’un lavis avec des aplats de couleur
visibles qui n’existaient pas du tout sur « mon »
dessin. Michel Strauss me dit de le retirer de la
vente car il croyait à un faux mais je trouvais ce
dessin d’une telle qualité que je persévérais
dans mes recherches. Et c’est en consultant les
Archives Druet à la BnF que j’ai compris ce
dont il s’agissait. L’artiste avait d’abord travaillé
la composition et les couleurs « à l’essence »
sur un carton puis recouvert ce premier jet
d’un calque sur lequel il avait élaboré le dessin
au trait. Le marchand Druet avait en effet acheté
l’ensemble puis avait séparé le calque de la
peinture à l’essence, photographiant d’abord le
tout puis les deux séparés, vendant la « peinture »
au collectionneur Sevadjian et le « dessin »
à Robert von Hirsch.
Michel Strauss m’envoya à Zurich où se trouvait
Madame Dortu pour lui montrer le dessin de
von Hirsch et lui expliquer « ma découverte ».
Elle en fut ravie et dans la vente du mardi 28
juin 1978, le lot 851 fit £70.000, une somme
considérable à l’époque !
Un tour
de magie
Jane Roberts,
expert en peintures et dessins des XIXe et XXe siècles
--------------------------------------------------
C’est un « tour de magie » commercial que je
vous raconte : d’une œuvre en faire deux et tout
à fait légitimement ! J’étais une jeune « experte »
dans le département impressionniste chez
Sotheby’s à Londres. Arrivée en janvier 1978,
mon « boss » Michel Strauss m’avait confié tous
les dessins du 19ème siècle à rechercher et
cataloguer pour la grande vente de la collection
de Robert von Hirsch en juin. Parmi les absolus
chefs-d’œuvre de la collection, figurait une
énigme : un grand « dessin » au crayon Conté
signé de Toulouse-Lautrec pour sa célèbre
affiche le « Divan Japonais ». En consultant le
« catalogue raisonné » Dortu où était reproduit
le dessin, je voyais une œuvre de la même taille
CNE_GIORNALE2_CNE_GIORNALE2 03/07/13 08:53 Pagina 3
3
L’Expert-Marchand
ANECDOTES D’EXPERTS-MARCHANDS
N°2 - 2013
Portrait de Gaby Depeyre par
Amadeo Modigliani vers 1915
Eric Mouchet,
expert en dessins et tableaux modernes, œuvre peinte, dessinée et gravée de Le Corbusier
-------------------------------------------------------------------------------------------------------
Se voir proposer d’acquérir un mystérieux portrait d’Amedeo Modigliani à l’encre, totalement
inédit, se révèle tout à la fois enthousiasmant et
préoccupant. L’artiste est mythique, mais son
œuvre sur papier, bien qu’ayant fait l’objet de
nombreuses publications et même de plusieurs
catalogues raisonnés, constitue un domaine dans
lequel il convient de s’aventurer avec prudence.
Apparemment jamais publié, ce dessin recèle
cependant en lui, tel un rébus, tous les éléments
nécessaires, non seulement à ce que nous soyons
finalement certains de son authenticité, mais
aussi pour élucider son historique - en tous cas
partiellement - ainsi que pour découvrir l’identité
de son modèle. Reste à l’expert-marchand à effectuer le travail d’observation et d’investigation
qui constitue le fondement passionnant de son
métier, et dont voici un court aperçu : l’absorption
de l’encre, et l’oxydation irrégulière du papier,
notoirement atténuée là où des surcharges
d’encre et d’anciennes consolidations au verso
de la feuille ont constitué une barrière avec le
support acide, attestent d’une véritable ancienneté du dessin. Au dos de son encadrement
d’époque conservé dans son état d’origine, une
étiquette ancienne de maison de vente indiquant
« Est. Sullivan » (succession Sullivan en anglais),
nous met sur la piste de Mrs. Cornelius J.
Sullivan, qui fut une des principales fondatrices,
avec Mrs. J. D. Rockefeller et Miss L. P. Bliss, du
Museum Of Modern Art de New York en 1929.
Mrs. Sullivan posséda une galerie à New York et
une importante collection d’art contemporain
français. Après son décès en 1939, sa collection
comprenant notamment 7 dessins de Modigliani
Visites d’un jour
Jean-Luc Mechiche,
expert en art contemporain et moderne
--------------------------------------------------
Il y a quelques années déjà, Claire, ma collaboratrice, voyant sur nos écrans de surveillance
entrer deux ravissantes jeunes filles, habillées très
tendance, jeans troués, sweat shirt ajusté… me
dit avec un grand sourire : « Va les accueillir, cela
te détendra ! » Dans notre activité d’expert
fut vendue aux enchères publiques les 6 et 7
décembre 1939 par Parke-Bernet Galleries. Notre
dessin n’est pas identifiable dans le catalogue de
cette vente, mais il nous est vendu, assorti d’une
précédente facture d’achat dont la date - janvier
1946 – et la localisation – New York - ne
contredisent pas la probabilité de la provenance
suggérée par l’étiquette de la succession Sullivan.
Du point de vue stylistique, le dessin s’apparente
aux portraits que Modigliani réalise vers 1914-17.
En témoignent les arrêtes ponctuées du visage,
et la présence d’un abondant texte dans la composition. Cette association poétique extraordinaire du mot et du dessin, dont Apollinaire fut
le promoteur avec ses calligrammes, est très en
vogue parmi les artistes de son entourage à
cette époque.
Ces inscriptions, tant au graphite qu’à l’encre
brune, comportent une double signature de
l’artiste - une fois en capitales et une fois en bas
de casse – et, à deux reprises, le nom - à consonance française – LESPINASSE.
Herbert Lespinasse est cependant un graveur
américain qui fut élève à l’Ecole des Beaux Arts
de Paris, et qui fréquenta la résidence d’artistes
du Bateau-Lavoir à Montmartre où il devint l’ami
de plusieurs des plus influents peintres cubistes :
Modigliani et Picasso notamment, qui y avaient
demeuré peu de temps auparavant.
Le modèle du dessin est son épouse, Gabrielle
Depeyre. Elle avait fait sa connaissance en 1915
et adopté rapidement son patronyme. Ils se
marièrent en 1917 ; on connaît au moins un autre
portrait d’elle, réalisé par Modigliani en 1915.
La succession rythmée des mots PARIS,
AMOURICA, LINE, STREAMER (bateau à vapeur
en anglais), ne laisse aucune ambiguïté sur la
personnalité du modèle, et l’invention du joli
mot-valise AMOURICA (Amour + America) est
une belle évocation de l’amour transatlantique
qu’Herbert et Gaby Lespinasse entretinrent
jusqu’à leurs disparitions respectives au début
des années 70.
Ironiquement, c’est dans les années 50 que le
nom de Gaby Depeyre fut immortalisé, quand
cette dernière vendit les aquarelles-déclarations
d’amour que Picasso lui avait dédiées lorsqu’ils
avaient entretenu une aventure furtive vers 1915
ou 16, l’époque précisément de la réalisation
de ce dessin.
marchand nous recevons des collectionneurs mais
aussi des curieux, avec lesquels il nous arrive de
partager notre savoir et notre passion. Nous visitons les trois étages de la galerie, et soudain
j’entends grâce au souvenir de mon anglais : « je
suis intéressée par plusieurs œuvres ! » Nous faisons à nouveau un parcours dans les étages et la
visiteuse sélectionne cinq œuvres parmi lesquelles
deux tableaux d’une valeur importante. Elle ajoute
même avec un grand sourire : « je prends l’ensemble, nous repasserons... » Je repris mon travail...
avec sourire. Une heure plus tard, la porte sonne,
j’ accueille un homme d’une cinquantaine d’années, à l’accent d’Oxford, (décidemment !) vêtu
d’un costume de bonne facture. Un banquier de la
City s’est-il invité dans notre galerie ? Cette
fois-ci, me dis-je, c’est du sérieux pour notre
activité... Je me lance dans un grand discours,
mais suis vite arrêté dans mon envolée. L’homme
me tend une enveloppe, et ajoute discrètement :
« Excusez-moi, je suis le chauffeur des jeunes
femmes que vous avez reçues tout à l’heure.
Elles m’ont chargé de vous transmettre le
règlement de leurs achats !!! »
s’est occupé de la vente de la collection de Nadia
Kapamadji. J’ai d’ailleurs eu la fierté d’écrire la
préface du catalogue. Cette fameuse monnaie
barbare qui me plaisait tellement était toujours
dans sa collection. Malheureusement, lors de la
vente elle s’est envolée pour les Etats-Unis… Des
années plus tard, cette monnaie est repassée en
vente à Londres et je m’y suis précipitée... En
dépit d’un parterre numismatique important, j’ai
pu enfin l’acquérir. Cette monnaie est unique et
si je l’adore à ce point, c’est parce qu’elle est
totalement novatrice : le graveur barbare qui en
fut l’artisan a recopié une monnaie romaine –
un solidus de l’empereur Théodose II – comme
l’aurait fait un enfant : sans la comprendre mais
en l’interprétant. Cela donne un résultat surréaliste qui donne à cette pièce un style
incroyable ! Je l’ai exposée à la Biennale des
Antiquaires en 2008, pour le plaisir de la montrer
au public mais sans me résoudre à la vendre...
J’ai mis un point rouge dissuasif dès le vernissage !
Aujourd’hui, elle est toujours dans ma collection
et je la choie ! Je suis persuadée que les objets
ont un destin et que cette pièce était pour moi…
Le destin d’une
monnaie barbare
Sabine Bourgey,
expert en numismatique
--------------------------------------------------
A l’âge de 22-23 ans, j’ai rencontré Nadia Kapamadji, expert en monnaies. Elle s’est montrée
très encourageante pour mon avenir dans ce
métier où il y avait très peu de femmes. Dans
le cadre de ma thèse, elle a accepté de me
montrer sa collection de monnaies barbares et
j’ai eu un véritable coup de foudre pour l’une
d’entre elles : l’imitation barbare d’un solidus de
l’empereur Théodose II à l’allure follement
art moderne. Après sa mort, en octobre 1992,
le cabinet Bourgey alors dirigé par mon père
CNE_GIORNALE2_CNE_GIORNALE2 03/07/13 08:53 Pagina 4
L’Expert-Marchand
EXPERTISES
N°2 - 2013
4
Quelques expertises des derniers
membres entrés à la C.N.E.
Compas anglais Kelvin
Bottomley & Bairo Ltd
conformité par l’inspection de la Royal Navy (la
rose des vents existante datant des années 60).
Ceci ne retire en rien de la valeur à ce compas
bien au contraire. Cela prouve qu’il a été utilisé
sur un bâtiment de la Royal Navy car inspecté
par cette dernière et mis en conformité pour la
navigation. Son aspect d’origine ne révèle aucune
modification, seule manque donc sa vérine.
Son n° de série (n°316) et sa date révèlent que ce
compas est un des premiers fabriqués sous son
nom de fabricant car la société Kelvin-White
(fabricant de compas) est devenue Kelvin Bottomley
en 1913 et, provenant de la Royal Navy, a vécu les
deux guerres mondiales. Ce compas a son jumeau
exposé au musée de la Marine de Paris (avec
sa vérine) ainsi qu’au National Maritime Museum
de Greenwich mais sous le nom de fabricant
précédent Kelvin White. Ce compas est tellement
mythique que de nombreuses copies circulent
mais très facilement reconnaissables, ne serait-ce
que par leur absence de patine.
Bertrand Blin, expert en objets de marine XIXe
et XXe siècles, fait à Paris le 25 mai 2011
--------------------------------------------------
Compas liquide d’embarcation anglais Kelvin
Bottomley and Bairo Ltd de 1913 monté à la cardan,
habitacle bois et laiton à fenêtre de lecture sur le
devant et loupe de lecture sur le dessus. Vitres
d’éclairage sur les côtés et vérine manquante. Ce
compas est estampillé Royal Navy (ancre stylisée)
sur le cerclage du compas avec la date de 1913 sa
référence modèle (Patt.182) et son numéro de
série (n° 316). Ouverture de l’habitacle sur la face
avant pour accès au système de blocage du cardan
en cas de transport. Deux anneaux d’arrimage en
laiton sur le côté et poignée de transport en bois
et laiton sur le dessus. Rose des vents liquide non
graduée mais à 8 cardinaux, marquée du nom du
fabriquant Kelvin Bottomley.
Dimensions : 22 x 22 cm, 30 cm de haut, diamètre
du compas 16,5 cm poids total 11,20 Kgs.
La rose des vents est postérieure au compas et à
son habitacle étant donné l’obligation de mise en
Le pont de Rialto
Mathias Ary Jan, expert en peinture française
entre 1870 et 1910, Belle Epoque et Orientaliste,
fait à Paris le 8 Octobre 2012
--------------------------------------------------
Estimations :
Valeur assurance : 6000 euros
Valeur de vente : 4000 euros
Valeur succession : 4000 euros
Descriptif : Huile sur panneau portant signature
Ziem en bas à droite.
Dimensions : 71 x 92 cm
Le support : Panneau d’acajou d’une seule pièce,
non parqueté. Le support a conservé une parfaite
planéité et n’a pas de nœud pouvant induire des
déformations. Ce type de panneau est très fréquent
chez Félix Ziem dont la technique en transparence
laisse souvent entrevoir le support en réserve.
Le vernis : La surface picturale a été nettoyée
récemment, probablement moins de cinq ans, et
le vernis date de cette restauration. Le vernis est
régulier et assez léger, il s’agit probablement d’un
vernis synthétique. Après examen à l’œil nu et
sous UV, on ne constate pas de repeints.
La couche picturale : Très bon état général. Pas de
craquelures prématurées, pas de soulèvements ni
de manques de matière. Le nettoyage a été bien
exécuté, il n’y a pas d’usures dues à un solvant
trop fort, et les glacis ont tous été conservés.
La signature : Elle est d’origine, noire et large,
typique des années 1880 – 1895.
Louis Soutter 1871-1942
Conclusion :Tous ces éléments confirment que ce
tableau est bien une œuvre originale de Félix Ziem,
signée en bas à droite, réalisée vers 1880 - 1885 et
qui se trouve en parfait état de conservation.
eût retiré, après réflexion. Cette opinion fut lentement remise en question et le temps, l'évolution
de l'art, les écrits sur sa création, les expositions
particulières et collectives, nationales et internationales de ses œuvres ont changé le regard posé
sur lui. Aujourd'hui Louis Soutter est considéré
comme l'un des plus grands artistes suisses de la
première moitié du XXe siècle.
On distingue quatre périodes dans son œuvre :
la première, celle de la « jeunesse », de 1892 à 1923,
dont il reste très peu d’œuvres, et celles, essentielles, des « cahiers », de 1923 à 1930, « maniériste »,
de 1930 à 1937, et la période de la « peinture au
doigt », de 1937 à 1942.
Laurent Poute de Puybaudet, expert en art
brut, art singulier, œuvres sur papier XXe (1910-1960),
fait à Paris le 21 juin 2012
--------------------------------------------------
Œuvre : Noël, 1930-1937, encre de chine sur papier,
non signé, titré Noël en bas à droite, porte l’inscritpion « le banderole saintillerant comme les
bulles légèrs dans la loupe de noel » au verso.
Dimensions : Hauteur 22 cm, largeur 17,1 cm.
Certificat : Michel Thevoz , figura dans le Catalogue
raisonné.
Biographie : Louis Soutter est un artiste suisse, né
à Morges, près de Lausanne, le 4 juin 1871, mort à
Ballaigues, près de Vallorbe, le 20 février 1942.
Soutter a eu une vie riche en changements et en
déplacements, dont six ans aux États-Unis, marié
à une Américaine et directeur du département
d'art et de design au Colorado College à Colorado
Springs, Colorado, puis une quinzaine d'années
comme violoniste en Suisse romande. Il produisit
la plus grande partie de son œuvre, d'une grande
richesse après son enfermement contre son gré
dans un hospice pour vieillards, de 1923 à sa mort.
Son cousin, Le Corbusier, les amis de Soutter réunis
en Association des Amis de Soutter, des galeristes,
éditeurs, conservateurs de musées, travaillèrent
sans relâche à faire découvrir l'œuvre de l'artiste
Louis Soutter. En 1945, Jean Dubuffet la découvrit
de son côté grâce à Jean Giono. Il intégra aussitôt
Louis Soutter dans l'Art brut (concept qu'il avait
La technique de peinture : Elle concorde avec
la période impressionniste de l’artiste. La touche
est très enlevée, nerveuse et présente de nombreux
empâtements, particulièrement dans les palais et
la lagune. Les coups de brosses sont parfaitement
visibles dans le ciel.
Cela correspond à la pleine maturité artistique de
Félix Ziem qui se situe entre 1880 et 1890.
La palette de couleurs : Elle est en accord avec
celle employée par Félix Ziem qui broyait lui-même
ses pigments. On retrouve des couleurs pures
propres à l’artiste et le fameux Bleu Ziem du ciel.
Le sujet : Venise est le thème de prédilection du
peintre. Cependant le sujet est un peu singulier
pour Félix Ziem dont on ne connaît qu’une dizaine
de représentations du Pont du Rialto.
L’Expert-Marchand
Edité par la Compagnie Nationale des Experts
Rédacteur en chef Jean-Gabriel Peyre
Secrétariat Sylvie Bonnifait
Rédaction 10 rue Jacob, 75006 Paris
Contact : +33(0)1 40 51 00 81 / [email protected]
www.cne-experts.com
créé en 1945), assimilant l'artiste suisse aux créateurs non professionnels de l'art, indemnes de
toute culture artistique, dont, parmi eux, les malades mentaux. C'est ainsi que le grand public vit
longtemps en Louis Soutter un créateur « fou »
appartenant à l'Art brut — bien que Dubuffet l'en
Réalisation, impression [email protected]
ISSN 2260-7900
© 2013 Compagnie Nationale des Experts. La reproduction
de tout article est interdite sans l’accord de l’administration.
1e année - n°1 - 2012
L’Expert-Marchand
Journal de la C.N.E. - Paris - France
La Compagnie Nationale des Experts
spécialisés en œuvres d'art regroupe 150 experts-marchands
compétents dans des domaines très précis couvrant les :
Antiquités, tableaux, livres, curiosités et objets d'art de toutes époques
Fondée en 1971, la Compagnie Nationale
des Experts est aujourd'hui l'une des plus
importantes chambres européennes. Tous
ses membres sont des professionnels du
marché de l'art et donc parfaitement au
courant des prix réels du marché. Nombre
d'entre eux sont experts judiciaires ou
assesseurs près les douanes françaises.
Nos prestations sont assurées
en toute confidentialité :
Expertises privées
Expertises judiciaires
Partages pour successions
Missions pour compagnies
d'assurances
L’unique compagnie
regroupant des
experts-marchands,
répartis en deux
catégories
Nouveau conseil d'administration de la C.N.E., de gauche à droite : F. Laffanour secrétaire général, O. Lorquin administrateur,
J-G. Peyre président, M. Thomas vice-président, G-P. Vallois administrateur, G. Saffroy administrateur, F. Castaing
administrateur, C. Hirsch trésorier, M. Perpitch administrateur, J-L. Méchiche administrateur, D.Greiner, administrateur.
Les Antiquaires : Antiquités, Archéologie, Orfèvrerie, Armes Anciennes, Art
Aborigène, Art d’Orient et d’Asie, Art Contemporain, Arts Décoratifs, Art
Primitif, Bijoux, Céramique, Dessins du XVIe au XIXe siècle, Estampes,
Restauration, Militaria, Horlogerie, Marine, Tabacologie, Mobilier du XVIe
au XIXe siècle, Mobilier contemporain, Numismatique, Papiers Peints,
Photographie, Sculpture du XVe au XXe siècle, Tableaux, Dessins et
Gravures du XVIe au XIXe siècle, Terre Cuite, Textile, Tapis, Tapisserie.
Les Libraires : Livres, Manuscrits et Cartes, Livres pour Enfants, Philatélie.
Les principaux objectifs de la Compagnie Nationale des Experts
Réunir les meilleurs
professionnels dans
chaque domaine
Les lier par une
déontologie très
concrète
Offrir leurs compétences
spécialisées et leurs
garanties
La C.N.E. compte aujourd'hui 150 membres.
Pour être admis au sein de la Compagnie,
ils ont dû faire preuve d'une expérience
professionnelle importante et d'une probité
indiscutable : dix ans d'exercice de la
profession de manière effective et continue,
compétence reconnue par les pairs, jouissance
des droits civiques et politiques, casier
judiciaire vierge.
L'engagement d'un membre de la C.N.E.
l'oblige au respect de règles de déontologie très
strictes telles que : apporter toute son expérience
et sa compétence aux cas qui lui sont soumis,
exercer sa profession avec honnêteté, probité
et équité, souscrire une assurance couvrant
sa responsabilité civile en qualité d'expert,
respecter le secret professionnel, la transparence
des frais de son intervention.
À tous ceux qui en auraient besoin. C'est
l'objet d’un répertoire où vous trouverez la
liste de tous les membres de la Compagnie
Nationale des Experts avec leurs spécialités.
Cet éventail qui regroupe plus de trente
domaines du marché de l’art tant chez les
experts antiquaires que chez les experts
libraires donnera à la personne qui désire
un avis ou une expertise, l’embarras du choix.
Qu’est-ce
qu’un Expert ?
“
Versé dans la connaissance
d'une chose par la pratique
(Définition du Petit Larousse)
”
Curieusement, n'importe qui en France, peut se prévaloir du titre « Expert ». C'est pour combler ce vide juridique que la C.N.E. a été créée
L’Expert-Marchand
LA COMPAGNIE NATIONALE DES EXPERTS
1e année - n°1 - 2012
Une compagnie
née il y a 41 ans
En 1969 se forme à Nice une Chambre des
experts professionnels. 56 membres de l’Ile
de France, essentiellement de Paris, en font
partie. Le 15 novembre 1971, l’Ile de France
décide du principe d’une scission avec Nice.
Le Président de la Chambre régionale pour
Paris, Gilbert Suc, le vice-Président, Francis
Roux Devillas et Alain Vian fondent la
Compagnie Nationale des Experts. Les statuts
sont déposés à la préfecture de Paris le 13
décembre 1971 sous le matricule 15.195. C’est
lors de l’Assemblée Générale extraordinaire
du 9 mars 1972 que la Compagnie décide
d’une présidence bicéphale : Gilbert Suc –
Président pour les antiquaires, Francis Roux
Devillas – Président pour les libraires,
élus tous deux à l’unanimité. A l’Assemblée
Générale extraordinaire du 23 septembre
2003, est votée une présidence unique pour
diriger la C.N.E. Jean-Gabriel Peyre occupe
depuis 2003 la fonction de Président, il vient
d’être réélu en 2012.
2
LES PRÉSIDENTS D'HONNEUR
Nicolas Landau †, Gilbert Suc †, Francis
Roux Devillas †, Alain Vian †, membres
fondateurs ; et Edouard Bresset †, Pierre
Balmès †, Léonce Laget †, Jacques-Henri
Pinault, Sabine Bourgey et Claude Blaizot.
LES MEMBRES D'HONNEUR
Dina Vierny †, Marc Révillon d'Apreval.
Le Conseil d’Administration se compose
de onze membres : un président, un viceprésident, un secrétaire général, un trésorier
et sept administrateurs.
Le métier d’Expert-Marchand
Admission des membres
Avant de vendre,
l’Expert-Marchand
achète
Notre double titre est une
chance pour l’acheteur et
le collectionneur
Nous prenons à chaque achat un risque
indispensable à notre survie, gage de notre
professionnalisme. Nous sommes en perpétuel
danger quand nous achetons un objet car
nous pouvons nous tromper - ces éventuelles
erreurs, nous les payons doublement : l’objet
doit être supprimé de la vente et détruit, et
par ailleurs c’est un manque à gagner car
nous ne pouvons pas le vendre.
Ce n’est pas une licence d’histoire de l’art
qui permettra à l’expert de ne pas se
tromper. Certes, expérience et études ne
sont pas antinomiques. Des dizaines d’objets
passent entre nos mains et c’est grâce à nos
connaissances et à notre expérience que nous
pouvons soustraire des trésors à l’ignorance
et garantir l’objet que nous vendons.
Pour entrer à la Compagnie Nationale des
Experts, le postulant doit envoyer une lettre
de motivation au Président mentionnant sa
spécialité. Lors du Conseil d’Administration
qui suit l’arrivée de ce courrier, un débat a lieu
pour savoir si un dossier d’admission peut lui
être adressé. Les éléments suivants sont requis:
Nous sommes les défenseurs des objets
que nous vendons grâce à notre
exigence et à notre connaissance
Les caractéristiques : l’Expert-Marchand
Acquiert sa notoriété grâce à sa
connaissance et à sa pratique,
Est garant de ce qu’il vend,
Authentifie une pièce et explique sa
démarche grâce à son expérience
et à son savoir,
Est un informateur et un passeur pour
l’éventuel client ou collectionneur,
Revendique haut et fort son
indépendance,
N’est pas coopté, il doit répondre
au dossier qui lui est envoyé,
Est spécialisé dans une ou deux
disciplines exclusivement,
Souscrit une assurance qui donnera à
l’acheteur une garantie supplémentaire. *
*La profession d’Expert en œuvre d’art ne fait
pas l’objet d’une règlementation particulière
à ce jour.
Malgré l’absence de règle, les experts ont
toutefois compris l’intérêt de souscrire un
contrat spécifique afin de les garantir contre les
conséquences pécuniaires de la responsabilité
civile professionnelle qui peut leur incomber :
- en cas de fautes, erreurs, omissions ou
négligences commises dans l’exercice des
activités assurées par eux-mêmes, leurs
collaborateurs et préposés
- mais aussi en cas de vols, malversations,
escroqueries ou abus de confiance commis
au détriment d’autrui dans l’exercice des
activités assurées par toute personne dont
l’assuré serait reconnu responsable.
Cette garantie joue dès la réception par
l’expert d’une réclamation écrite formulée
amiablement ou judiciairement (de simples
réserves n’étant pas suffisantes). Il doit alors
adresser cette réclamation à l’assureur dans un
délai de deux ans sinon son droit sera déchu
(article L 114-1 du code des assurances).
Enfin, depuis la loi du 17 juin 2008, la
prescription, c’est à dire l’extinction pour
l’acheteur de son droit à agir contre l’expert,
se prescrit par 5 ans à partir du jour où « le
titulaire du droit a connu ou aurait dû
connaître les faits qui lui permettent de
l’exercer » (article 2224 du code civil).
La loi prévoit toutefois que désormais, le
report du point de départ, la suspension ou
l'interruption de la prescription ne peut
avoir pour effet de porter le délai de la
prescription extinctive au-delà de vingt ans
à compter du jour de la naissance du droit
(article 2232 du code civil).
1. Deux lettres de parrainage d’experts de
notre Compagnie qui ne soient pas membres
du Conseil d’Administration, dont l’un des
deux rejoint sa spécialité.
2. Dix ans d’expérience - sans diplôme
spécifique - avec comme preuve la présentation
du Kbis d’inscription au registre du commerce
et être honorablement reconnu et compétent
pour ces spécialités.
3. Sept ans d’expérience si le postulant a des
diplômes ou une thèse, à joindre au dossier
pour permettre de ramener à sept ans le délai
d’expérience requis.
4. Une ou deux expertises écrites d’un objet
ou d’un manuscrit en sa possession - le
postulant peut être inscrit au maximum à deux
spécialités et éventuellement deux connexes.
5. Un examen pratique facultatif est demandé
au postulant.
6. Un extrait de casier judiciaire de moins
de trois mois est requis.
7. Quand le dossier est complet, il est soumis
à l’approbation du Conseil d’Administration
pour une nouvelle délibération. Le secrétariat
informe ensuite, à travers le site, tous les
membres de la Compagnie afin qu’ils
puissent donner un avis pendant un mois
franc, s’ils connaissent le postulant, ou
émettre une réserve s’ils savent qu’un
problème entache son admission.
8. Ce postulant est de fait officiellement
admis par l’ensemble des membres de la
C.N.E. si aucun problème n’est intervenu.
L’Expert-Marchand
Edité par la Compagnie Nationale des Experts
Rédacteur en chef Jean-Gabriel Peyre
Secrétariat Sylvie Bonnifait
Rédaction 10 rue Jacob, 75006 Paris
Contact : +33(0)1 40 51 00 81 / [email protected]
www.cne-experts.com
Conception, réalisation, impression [email protected]
© 2012 Compagnie Nationale des Experts. La reproduction
de tout article est interdite sans l’accord de l’administration.
3
L’Expert-Marchand
ANECDOTES D’EXPERTS-MARCHANDS
1e année - n°1 - 2012
Anecdotes dans la vie de travail
des experts-marchands C.N.E.
Une récompense surprenante
Jean-Gabriel Peyre,
expert en faïences et porcelaines des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles
-------------------------------------------------------------------------------------------------------
Il y a une vingtaine d’années je chinai sur un
marché aixois un pot à pommade en porcelaine
de Saint-Cloud, marqué au "soleil", privilège
qu’avait accordé Louis XIV à cette manufacture.
En dépit d’une légère fêlure je l’achetai pour
l’équivalent de 300 euros. Sur mon stand au
Marché aux Puces je le vends le samedi suivant
pour 600 euros à un grand marchand de la rue
de Beaune. Trois semaines passent. L’antiquaire
de la rue de Beaune revient me voir, jette un
coup d’œil sur les nouveautés… et me tend une
enveloppe. C’est pour vous me dit-il. Je jette un
coup d’œil dans l’enveloppe, au vu des billets je
m’étonne et lui en demande la raison.Votre petit
pot à pommade que je vous ai acheté l’autre
jour, pièce rare et marquée, je viens de le vendre
très… très bien… à une de mes clientes. J’ai
jugé normal de vous faire participer à cette
bonne affaire puisque vous en étiez à l’origine.
En 30 ans de métier c’est la seule fois où un
marchand est venu me récompenser pour lui
avoir permis de faire une bonne opération. Cet
antiquaire est devenu mon professeur en "pâte
tendre" et est resté mon ami jusqu’à sa mort.
Les chevaux
du bonheur
d’art religieux pour éviter la destruction d’édifices,
car, en ce qui concerne la sculpture religieuse,
on en retrouvait certains éléments sur le marché.
J’avais donc précisé que je ne voulais que des objets
à thèmes laïques : l’amour, les fleurs, les animaux…
Au bout d’une semaine, l’un des marchands
demanda à traverser le lac pour rejoindre l’hôtel
et me rencontrer. Il était trop pauvrement vêtu
et les gardes du bac qui mène à l’hôtel refusèrent
de le laisser embarquer. Comme ils m’appelèrent
à sa demande, je les autorisai à le laisser passer.
Il me présenta un catalogue ancien de 170 pages,
avec une reliure très rustique, mais sur chaque
page était peint à l’aquarelle la silhouette d’un
cheval de coloris différents, y compris en rose,
jaune… parfois debout sur des tertres en gazon,
parfois dans des positions invraisemblables.
L’image occupait presque toute la page et une
légende dans une langue ancienne en décorait
le bas. Le prix était très élevé, mais après une
rapide tractation, j’achetai l’ouvrage. De retour à
Paris, je consultai des linguistes pour faire traduire
le livre. Il s’agissait d’une vieille forme d’Urdu,
langue vernaculaire du nord de l’Inde, qui
expliquait la raison d’être du livre. Tous ces
Marc Perpitch,
expert en mobilier et objets d’Art des XVIe et XVIIe
siècles
--------------------------------------------------
Il y a 35 ans, je décidai de passer 15 jours dans
la ville d’Udaipur au Rajasthan. Entourée de
collines dénudées parsemées de bosquets
d’arbres, Udaipur est très connue pour son
palais-hôtel en marbre blanc construit au milieu
d’un lac à la fin du XVIIe siècle par le rajah de la
ville ; j’avais envisagé de visiter tous les sites du
Rajasthan à partir de cette base. La ville s’étend
en montant vers le sommet des collines, de
l’autre côté du lac. Le palais que le Rajah habite
actuellement est au bord de l’eau.
Avant de commencer mes pérégrinations, j’avais
rendu visite à tous les vendeurs d’antiquités de
la ville – qui étaient assez nombreux – et leur
avais bien expliqué que j’étais moi-même
antiquaire, mais que je ne voulais pas acheter
commentaires avaient été écrits par un vétérinaire
responsable d’un grand haras qui commentait
la santé, le caractère et les maladies du cheval.
Plusieurs jours après mon achat, je décidai de
retourner voir le marchand dans son échoppe.
Quand j’y arrivai, l’homme qui tenait la boutique
n’était plus le même et le stock de marchandise
avait légèrement changé. Je demandai donc à cet
homme si je pouvais rencontrer mon vendeur.
Mon interlocuteur me dit qu’il s’agissait de
son frère qui avait reçu un gros client à qui il
avait fait une très belle vente… Tout à-coup
embarrassé, il s’arrêta de parler, et me regardant,
me dit : « Mais c’est peut-être vous le gros
client ?! ». Je répondis que oui, peut-être…
« Grâce à cette vente, me dit-il, mon frère a pu
reprendre son vrai métier ». J’ai demandé quel
était ce métier. « Il était professeur de peinture
». Je me fis donner son adresse, dans la vieille
ville haute d’Udaipur, où je me rendis à pied.
Arrivé devant la maison, sur la terrasse, trois
jeunes enfants assis par terre peignaient sur des
toiles et leur maître était debout. Je reconnu en
lui mon vendeur qui leur enseignait dans la lumière
et la sérénité du soir… Udaipur bourdonnait.
La généalogie doit être aussi une affaire de clients !
Geneviève Saffroy,
expert en généalogie, héraldique - histoire générale,
régionalisme.
--------------------------------------------------
Dans les années 1960, mon père Gaston Saffroy,
avait été appelé par un de ses fidèles clients
pour réaliser l'estimation de la bibliothèque
de son père, particulièrement spécialisée dans
les ouvrages sur la noblesse, la Bourgogne et le
Maine. En 1986, au décès de ce client, son fils
m'avait sollicitée pour faire l'estimation de cette
collection, complétée entretemps.
En 2011, j'ai été appelée une troisième fois par ce
même fils pour de nouveau actualiser le prix de
sa bibliothèque, également enrichie par lui-même.
J'apprécie tout particulièrement cet aspect de
ma profession où les relations commerciales
deviennent très amicales mais il ne faudrait pas
qu'elles perdurent trop à travers les générations…
Dans ce cas particulier, quel espoir me reste-t-il
de pouvoir vendre un jour cette bibliothèque,
moi-même avançant en âge…
L’Expert-Marchand
ANECDOTES D’EXPERTS-MARCHANDS
1e année - n°1 - 2012
4
Séparément, mais moins cher en paire
Alain Richarme,
expert en bronze et sculpture français XIXe et XXe siècles
-------------------------------------------------------------------------------------------------------
Un de mes meilleurs souvenirs de marchand celle-ci était en phase ascendante. Un marchand,
remonte à l’année 1992, il y a vingt ans exactement. sachant que nous travaillions alors activement à
C’était à la Foire de Montpellier, à l’époque où la rédaction du catalogue raisonné de Barye, me
Le fauteuil d’une vie
Robert Vallois,
expert Art Déco (mobilier)
--------------------------------------------------
Je souhaite vous faire partager un des grands
moments de ma vie de marchand et d’expert :
l’histoire remonte à 1971, date de l’ouverture
de ma première galerie parisienne, dans un
entrepôt des Halles alors en pleine mutation.
A l’époque, personne ne s’occupait de la
période Art Déco, qui est depuis lors ma
spécialité et dont il faut bien imaginer qu’elle
était alors très loin d’être aussi médiatique
qu’aujourd’hui, voire tombée dans l’oubli.
Aussi, lorsqu’un marchand m’amena ce qui s’est
avéré être le désormais fameux fauteuil
aux serpents (ou aux dragons) d’Eileen Gray,
la fascination qu’a exercé ce meuble a été
la seule et unique raison qui me poussa à
débourser les quelques milliers de francs
(que je n’avais pas…) nécessaires à son achat.
L’histoire
d’une vocation
Eric Delalande,
expert en marine, tabacologie, opium
--------------------------------------------------
D’une famille originaire depuis trois siècles de
la région de Saint Malo, Dominique Delalande,
mon père, ne pouvait pas se résoudre à trouver
une autre issue professionnelle que celle de
prendre un métier en relation avec la mer. C’est
donc tout naturellement qu’il se retrouva chez
un armateur dont il devint assez rapidement l’un
des directeurs parisiens.Trop à son gré, souvent
plus dans un avion que sur un bateau, et comme
pour faire fi de ses frustrations, il se mit avec
avidité à collectionner les modèles de bateaux
anciens. Le salon de la maison en fit rapidement
les frais jusqu’à en héberger 17 avec quasi
interdiction d’y faire le ménage. Son épouse, un
beau matin, tenta de lui faire comprendre sa
désapprobation. Il fila au bureau sans demander
son reste... Le soir, en rentrant, et ayant
totalement oublié la conversation du matin, il se
vit à nouveau reproché ses excès et c’est là que
ma mère fit une faute grave : « Trop c’est trop.
Tes maquettes, cela suffit » et elle eu le tort
d’ajouter « Ce sont elles ou moi.Tu choisis… ».
Tout en ayant conscience de sortir une énormité,
c’est alors que la réponse de mon père fusa :
« Mais que veux-tu que je fasse, je ne peux
choisir, je vous aime toutes ». Les mots bien sûr
dépassaient leur pensée mais bon garçon mon
père se mit en quête d’une solution qu’il trouva
finalement avec l’inauguration du Louvre des
Antiquaires en 1978. C’est ainsi qu’il devint
dit :" Tiens, j’ai un Aigle de Barye pour vous à
12500 francs ". Devant l’extraordinaire qualité
de la fonte, un atelier Barye de la première
période, je montre fortement mon intérêt de
l’acheter. Le marchand rajoute alors: "Si vous
voulez, j’en ai un autre exemplaire si vous
souhaitez en avoir deux ? Je vous fais même un
prix, vous m’arrangeriez. Il est en fait un peu
différent, celui-ci a le bec ouvert..." Mon sang ne
fait qu’un tour, car je me trouve en face d’une
rarissime paire de bronzes de Barye créés en
pendant par l’artiste, Aigle ailes étendues bec
ouvert et Aigle ailes étendues bec fermé. Je les
ai donc acquis pour une bouchée de pain. Il
s’agit d’une vraie paire, les deux bronzes fondus
à la même époque, pour être vendus ensemble,
et qui sont parvenus à nous sans être séparés
par le couperet des successions, ce qui est
extrêmement rare. Ils sont aujourd’hui la
propriété de Art Promotion Foundation qui a
réunit l’œuvre complet du grand sculpteur
animalier, essentiellement des fontes d’époque.
En quelques jours, le fauteuil était vendu à
Yves Saint-Laurent, un de nos premiers clients.
Quelques recherches et l’achat d’autres meubles
de la même provenance nous ont permis de
retrouver la trace d’Eileen Gray, toujours
vivante à l’époque. La vente de la collection
Jacques Doucet, en 1972, puis une grande
exposition au Victoria and Albert Museum
en 1979, confirmèrent l’intérêt historique des
réalisations de cette grande créatrice.
Aujourd’hui, le marché a plus que validé l’instinct
que nous avons eu face à cette pièce ; lors de la
vente de la Collection Yves Saint-Laurent et
Pierre Bergé en 2009, nous l’avons racheté pour
le compte d’un collectionneur pour 19,5 millions
d’euros au marteau, devenant ainsi le meuble le
plus cher du XXème siècle.
PS : la photo jointe, prise au moment de
l’achat du fauteuil, vous le montre dans son tissu
d’origine, avant qu’il ne soit recouvert de cuir
par Yves Saint-Laurent.
antiquaire et que, mis à part le salon, la maison
entière se transforma en véritable dépôt. Quant
à moi, après 8 années passées chez Microsoft
et imbibé des mêmes passions dévorantes, j’ai
également franchi le pas avec la chance d’avoir
déniché une épouse "compréhensive" au point de
s’être depuis totalement intégrée à nos activités
familiales avec l’espoir que notre propre fils
Alessandro, détenteur déjà de quelques trésors,
sache un jour y trouver également sa voie.
5
L’Expert-Marchand
ANECDOTES D’EXPERTS-MARCHANDS
1e année - n°1 - 2012
Le corsaire
le renard
Alain Reboulot,
expert en philatélie - histoire postale,
autographes historiques
--------------------------------------------------
En 1993 j’ai fait l’acquisition du contrat notarié
manuscrit de l’embarquement du 24 mai 1813 du
cotre Le Renard de Saint Malo, 8e et dernier navire
armé par le corsaire Malouin Robert Surcouf,
lancé en 1812. Le rôle d’équipage comprenant
un No d’enregistrement, l’adresse, la qualité, les
conditions de l’acte et l’avance en francs à
l’embarquement, la signature après lecture,
l’ensemble signé deux fois "Robert Surcouf", m’a
été présenté et proposé à un prix raisonnable
dans mon magasin de Rennes par deux
charmantes dames descendantes de la famille
Surcouf. Elles l’avaient proposé quelques temps
avant au service acquisition de St Malo qui le
voulait bien, mais à zéro franc. Merci, messieurs,
et dommage pour l’association !
Degas et ses amis : Trois plaques
gravées redécouvertes
Hélène Bonafous-Murat,
expert en estampes anciennes et modernes
-------------------------------------------------------------------------------------------------------
En 2009, il m’a été donné de négocier un lot
exceptionnel de trois plaques gravées originales.
Elles provenaient de chez un collectionneur de
tableaux qui les avait conservées dans un tiroir
sans bien savoir le caractère précieux de ces
objets. Elles provenaient de Mademoiselle Fèvre,
nièce de Degas, à qui elles avaient été achetées
par son propre père vers 1946.
Après examen, il s’est avéré que les deux
premières étaient bien des matrices originales
d’Edgar Degas : Sur la scène II, 1877, plaque d’acier
gravée au vernis mou, à la pointe sèche et à la
roulette ; Ellen Andrée (actrice), vers 1879, plaque
de cuivre gravée à la pointe sèche. La dernière
plaque de cuivre, gravée à la pointe sèche,
représente un portrait de Degas, que l’on a
longtemps cru être un autoportrait. Même Vollard
souscrivait à cette attribution. Aujourd’hui, elle
est donnée à de Nittis, peut-être réalisée en
collaboration avec Desboutin. Cette planche est
un émouvant témoignage des liens amicaux
entre les artistes de l’époque car elle fut gravée
lors d’une de leurs réunions, le 20 février 1875
(la date demeurant incertaine), peut-être dans
l’atelier de G. de Nittis.
Ces plaques ont été acquises par le Département
des Estampes fin 2009 grâce à la générosité
des Amis de la BNF. Elles ont figuré l’année
suivante dans l’exposition sur l’estampe
impressionniste au Musée des Beaux-Arts de
Caen, dans le cadre du cycle d’expositions
Normandie impressionniste. Elles représentaient
donc un enrichissement bienvenu pour les
collections nationales.
Un rêve réalisé
Alain Marcelpoil,
expert Art Déco – spécialiste de Sornay
--------------------------------------------------
En 1984, j’assiste à une vente publique à Lyon
puisque je suis jeune collectionneur. Il s’agit de
la vente d’un bureau avec un éclairage intégré
d’André Sornay, ébéniste. Je n’ai pas pu lever la
main pour essayer de l’acheter, il fit un record.
Je n’avais pas les moyens financiers de l’acheter.
Depuis, je suis devenu marchand, expert et
spécialiste d’André Sornay. En 2010, je reçois un
appel d’un monsieur suisse qui me propose un
bureau venant d’une collection monégasque, me
disant « je vous envoie par email les photos de
ce bureau ». Ma surprise a été totale quand
j’ai reconnu le fameux bureau passé en vente
publique en 1984. Je l’achète et c’est cette
pièce qui sera présente à la 26ème Biennale 2012.
Comprenez que j’ai rêvé de nombreuses fois
de revoir ce bureau et qu’en fait j’ai eu cette
immense chance de pouvoir l’acquérir. Donc,
de réaliser mon rêve…
L’Expert-Marchand
ANECDOTES D’EXPERTS-MARCHANDS
1e année - n°1 - 2012
6
La connaissance récompensée
Jean-Gabriel Peyre,
expert en faïences et porcelaines des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles
-------------------------------------------------------------------------------------------------------
Au début du mois de novembre 1989, précédent
de peu la chute du mur de Berlin j’ai fait, avec un
petit groupe de personnes, un voyage "culturel"
à Berlin. Nous avions une journée à passer à
Berlin Ouest. Comme tout bon marchand, la
curiosité chevillée au corps, j’ai abandonné le
groupe à un certain moment pour visiter
quelques antiquaires. Dans la vitrine de l’un
d’eux, j’ai vu, exposée au milieu de pièces
hétéroclites, une assiette à fond bleu. J’ai eu une
montée d’adrénaline et je suis entré dans le
magasin. Je demande à la voir, à la toucher.
Une fois en mains, l’assiette m’a "parlé". A bord
godronné et aile bleu céleste, la couleur
préférée de Louis XV, elle est décorée de
bouquets de fleurs dans des cartouches
rehaussés de rinceaux or et de sequins stylisés.
Au dos un double " L " enserrant la lettre date
" B " pour 1754, en dessous un " O ", marque
non attribuée d’un peintre. J’avais entre les
mains incontestablement une assiette du
premier service commandé par Louis XV à la
manufacture de Vincennes, réalisé en porcelaine
tendre, sans kaolin. J’en demande le prix, le
vendeur me dit de patienter, il doit en vérifier
le prix dans son registre et ajoute-t-il, c’est la
dernière qui me reste. Sans discuter la somme
demandée – l’équivalent de 700 francs – je me
porte acquéreur de l’assiette, regrettant de ne
pas avoir été là plus tôt… deux, trois assiettes
du service de Louis XV… un rêve. Il est évident
que je n’ai pas fait "commerce" de cette
trouvaille, que je l’ai conservée et prend un
plaisir extrême à la regarder de temps en temps.
Allégorie
des Arts
peints français du XVIIIe. A mes risques et périls,
je les fis déposer et les récupérai en petits
morceaux, il fallait reconstituer le puzzle. Le
travail de restauration se révéla long et coûteux,
mais la récompense grande : je me retrouvai en
possession des Allégories des Arts de Percier et
Fontaine - rare décor exécuté entre 1797 et
1801, et dont le dessin original est conservé au
Musée des Arts Décoratifs de Paris. De plus,
ce décor provenait de la Lasker Residence,
demeure de Lake Forest dans les environs de
Chicago construite par le célèbre architecte
David Adler et décorée par Frances Elkins
dans les années 1920.
Carolle Thibaut-Pomerantz,
expert en papiers peints des XVIIIe, XIXe et XXe s.
--------------------------------------------------
Aux Etats-Unis, je fus contactée par des
personnes dont la salle à manger avait subi de
sérieux dégâts des eaux et qui ne désiraient pas
engager de restauration pour un décor installé
par leurs ancêtres. En examinant quelques
photos, j’eus l’impression qu’il s’agissait de papiers
Décor chinois
aux oiseaux
Carolle Thibaut-Pomerantz ,
expert en papiers peints des XVIIIe, XIXe et XXe s.
--------------------------------------------------
Il y a quelques années, des CommissairesPriseurs de Caen me demandèrent de les
assister en tant qu’expert pour la vente de
papiers peints chinois. Je découvris, au Château
Latour de Madame de Seran, amie de Louis XV,
une carcasse vide ouverte à tous vents. Là,
restaient seuls comme des fantômes dans ce
lieu de rendez-vous des plus célèbres écrivains
de l’époque, deux superbes décors XVIIIe siècle,
dénommés la Chambre aux Oiseaux et la
Chambre aux Chinois. Cloués aux murs, mais
prêts à se déchirer à cause des gravats qui
s’étaient entassés entre les parois et les papiers,
ils devaient absolument être sauvés car ils ne
supporteraient pas un autre hiver. Déposés
dans des conditions difficiles et restaurés,
ces splendides décors sont ressuscités pour
quelques siècles…
Madame Bovary dans Park Avenue
Frédéric Castaing, expert en autographes
--------------------------------------------------
New York… Manhattan… Park avenue…
Un grand hôtel… Un salon de Memorabilia…
Sur les tables… Des photos d’acteurs ou de
présentateurs TV… La petite culotte de
Madonna dédicacée… Des battes de base-ball
et des gants de boxe signés… Au milieu, une
feuille de papier… Je connais ce papier bleu…
Je m’approche… Je connais cette écriture…
Plus près… Une lettre de Flaubert !... Je prends
le document… Au détour d’une phrase,
en lettres brunes Flaubert écrit : je passe
demain en correctionnelle (pour Madame
Bovary), je serai sûrement condamné, il y a
acharnement manifeste…
7
ANECDOTES D’EXPERTS-MARCHANDS
/ DES EVENEMENTS C.N.E.
Histoire d'un
métier à tisser
Xavier de Clerval,
expert en mobilier des XVIIe et XVIIIe siècles
--------------------------------------------------
Lors d'un inventaire préalable à une vente, avec
une étude de Commissaires-Priseurs parisiens,
dans un très grand appartement donnant
sur la place du Trocadéro à Paris, mes yeux
s'arrêtèrent dans un angle du salon sur un petit
meuble : un métier à tisser. De loin, je distinguais
un bois exotique et des bronzes dorés.
Je reconnaissais du bois de violette sous un
vernis oxydé avec tous ses écrous et des roues
à crans en bronze ciselé et doré. Après un
regard attentif, je constatais que le mécanisme
était quelque peu usé, cassé et qu'il existait
des accidents d'usage. Ma conclusion fut qu’il
remonte au milieu du XVIIIème s.
Quelques mois plus tard, j'apprenais qu'une
partie de mon inventaire serait incluse dans un
catalogue de vente à Drouot. A la relecture du
dit catalogue et de mes fiches, je retrouve ce
métier à tisser, que je dois défendre, ce qui me
donne le sourire. Peut-on parler de destin, de
hasard en tout cas je me posais cette question :
cet objet avait-il donc une âme?
Pendant l'exposition à Drouot, un de mes
confrères, spécialisé en textile me donna un
ordre oral pour l'acheter au prix de mon
estimation, afin de l'ajouter à sa collection de
métier à tisser, dans son salon.
La vente se déroula avec dynamisme. Je pris
l'enchère au nom de « Expert pour ». Avant la
fin de mes annonces à la tribune, une main vint
m'interpeller pour me demander à qui avait été
adjugé ce métier à tisser. Cette personne
charmante me laissa une carte de visite avec
l’intention de le louer pour une représentation
cinématographique, voire un rachat éventuel.
Sur le moment, je fus étonné mais gardai la carte
de ce client.
En fin de vente, mon « soi disant confrère »
apparut en me disant – l’air embarrassé, qu'il ne
voulait plus du métier à tisser. Me voilà dans une
belle situation... vis-à-vis de l'étude, mais pour une
petite somme. Je rentrai donc avec un bordereau
dans une main et le métier à tisser dans l’autre.
La nuit portant conseil, le lendemain, je joignis la
personne de la fameuse carte de visite, qui d’un
air réjoui me donna rendez-vous rapidement le
jour même à mon bureau pour revoir l'objet.
Nous tournâmes donc autour de cette œuvre
d'art pour tenter de comprendre l'éventuel
commanditaire de l'époque. Lorsqu’elle me
demanda avec assurance: si Marie-Antoinette
aurait pu avoir un métier à tisser de cet ordre ?
Ma réponse spontanée fût « très probablement »
compte tenu du bois précieux, de la ciselure et
dorure des bronzes. Ce métier à tisser débuta
alors une nouvelle carrière, notamment dans le
cadre du cinéma avec le film qui sortira ce
mercredi 21 mars : Les Adieux de la Reine.
Après règlement du bordereau auprès du
Commissaire-Priseur je signais un contrat de
location pour quelques mois, avec l'engagement
de lui faire une beauté avant la date de location.
En effet, je ne voulais pas que les techniciens du
L’Expert-Marchand
1e année - n°1 - 2012
cinéma y touchent. Deux semaines passèrent et
déjà cet objet me manqua. Deux mois passèrent
encore sans que je ne puisse m’empêcher
d’avoir une pensée pour lui et m’inquiéter à son
sujet, puis à la fin du troisième mois, un coup de
téléphone m'apprit que le métier à tisser serait
là le lendemain matin. Ouf !
Après avoir rendu la caution, je vis avec
soulagement ce métier à tisser revenir dans
mon bureau pour une période de plusieurs
mois, où j'eus un réel plaisir à y poser les yeux.
Pris de court et de place, je dus laisser d'autres
pensionnaires le déloger. Je décidai donc
de l'intégrer dans une vente avec un autre
Commissaire-Priseur (où je n’étais pas expert
de la vente). Au cours de ma visite à l’hotel
Drouot, ce métier à tisser fut l’objet d’un vif
intérêt qui lui valut un succès non négligeable
auprès des dames... En tendant l’oreille, j’entendis
quelques propos : « ma mère avait, elle aussi
un métier à tisser qui... » Tant et si bien, que les
enchères ont été spectaculaires, quadruplant
son estimation de base, au grand bonheur du
Commissaire-Priseur. L'heureux enchérisseur a
récupéré son bien avec une réelle joie, une
allégresse propre à égaler celle d’Ulysse quand
il rentra à Ithaque.
Si l'histoire des objets pouvait nous être
racontée, peut-être y porterait-on un autre
regard. Propriétaires éphémères de ces œuvres
d’art qui envers et contre tout perdurent à
travers les siècles, témoins de l’histoire d’une
autre époque.
Des événements à la Compagnie Nationale des Experts
Groupes de réflexion, réunions mensuelles, colloques, conférences, voyages
GROUPES DE RÉFLEXION
L’Avenir de l’Expert, 26 octobre 2011
RÉUNIONS MENSUELLES
L’Observatoire du Marché de l’Art et du Mouvement
des Biens Culturels au Ministère de la Culture, cet
Observatoire regroupe des représentants de
différents ministères (Culture, Justice, Finances,
Douanes, etc…) et les Présidents des instances
touchant le marché de l’art. Depuis plus de dix
ans, la C.N.E. contribue aux échanges de ses
réunions mensuelles.
Conseil des Ventes Volontaires, réunions aléatoires.
COLLOQUES
Le Vrai et le Faux, Drouot-Montaigne, 2006
La Beauté Réparée, 10 et 11 janvier 2008
CONFÉRENCES
Le Conseil d’Administration de la C.N.E. organise
des conférences pour ses membres sur des sujets
éclectiques. Quelques conférences qui ont marqué
les membres :
Les trésors, Sabine Bourgey, expert en numismatique
Le bijou, Françoise Caille, expert en bijoux
La collection d’assiettes de Vincennes-Sèvres d’un amateur
éclairé, Jean-Gabriel Peyre, expert en céramique
Les Papiers Peints - Un art de vivre, Carolle ThibautPomerantz, expert en papiers peints
Les autographes : du temps perdu au temps retrouvé,
Frédéric Castaing, expert en autographes
Les maisons de ventes chinoises et leurs experts, suite à
la visite d’études en Chine du Président avec le
syndicat national des maisons de ventes volontaires.
VOYAGES
Depuis 2011, le Conseil d’Administration a décidé
d’organiser des visites culturelles :
Centre Pompidou-Metz le 30 mai 2011
Cité de la Céramique de la Manufacture Nationale de
Sèvres le 23 janvier 2012
De gauche à droite: Jean-Gabriel Peyre, président, François
Laffanour, secrétaire général, Martine Thomas, vice-président,
Catherine Hirsch, trésorière.
Vue générale de la salle voûtée du dîner de l'Assemblée
générale au Musée de la Chasse, hôtel de Mongelas.
Groupe du voyage Pompidou-Metz.