"Enseignement supérieur en Europe : harmonisation ou
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< / 2 01 3 / ISSN 03 3 9 - 5 4 5 6 L’e n s e ig n e m e n t s u pé rie u r e n Eu rope h ar mo n i s at i o n o u h y br i d at i o n d es r éf o r mes ? ////////////// > É d u c a t i o n c o m p a r é e / n o u v e l l e sé r i e Vo l. 8 / 20 1 3 / IS S N 0 339-54 56 > É d u c a t i o n c o m p a r é e / n o u v e l l e sé r i e < Vol . 8 couveduccomparee8-2013.indd 1 13/06/13 09:24 < / 2 01 3 / ISSN 03 3 9 - 5 4 5 6 L’e n s e ig n e m e n t s u pé rie u r e n Eu rope h ar mo n i s at i o n o u h y br i d at i o n d es r éf o r mes ? ////////////// > É d u c a t i o n c o m p a r é e / n o u v e l l e sé r i e Vo l. 8 / 20 1 3 / IS S N 0 339-54 56 > É d u c a t i o n c o m p a r é e / n o u v e l l e sé r i e < Vol . 8 couveduccomparee8-2013.indd 1 13/06/13 09:24 N° 8 / 2013 L'enseignement supérieur en Europe : harmonisation ou hybridation des réformes ? Éducation comparée Revue de recherche internationale et comparative en éducation Membre fondateur : Michel DEBEAUVAIS Rédacteur en chef : Régis MALET Co-rédacteurs en chef adjoints : Juergen SCHRIEWER, José Luis WOLFS Secrétaire de rédaction : Marie-Lise HORTHOIS Comité de rédaction Abdel BABA-MOUSSA, Université de Caen Sylvie CONDETTE, Université de Lille 3 Marc DEMEUSE, Université de Mons Vincent DUPRIEZ, Université catholique de Louvain Julia RESNIK, Université Hébraïque de Jérusalem Comité scientifique Mark BRAY, Université de Hong Kong Hélène BUISSON-FENET, Ecole Normale Supérieure, Lyon Rui CANARIO, Université de Lisbonne Luís Antonio CUNHA, Université Fédérale de Rio de Janeiro Georges FELOUZIS, Université de Genève Henri FOLLIET, AFEC, Paris Mariane FRENAY, Université catholique de Louvain Juan Carlos GONZALEZ FARACO, Université de Huelva Claude LESSARD, Université de Montréal Marie MCANDREW, Université du Québec à Montréal Suzanne MAJHANOVICH, Université de Western Ontario Christian MAROY, Université de Montréal Denis MEURET, IREDU, Université de Bourgogne Nathalie MONS, Université de Cergy Romuald NORMAND, INRP, Université de Lyon II Antonio NOVOA, Université de Lisbonne Marylin OSBORN, Université de Bristol Francesc PEDRO, Université de Barcelone Daïsuké SONOYAMA, Université de Oïta Malika TEFIANI, Université d’Alger Agnès VAN ZANTEN, OSC-CNRS, Paris Directeur de la publication : Régis MALET, Président de l’AFEC Mise en page : Anne SENECAL L'enseignement supérieur en Europe : harmonisation ou hybridation des réformes ? Roser Cussó & Romuald Normand (coord.) Sommaire n° 8 L'enseignement supérieur en Europe : harmonisation ou hybridation des réformes ? Dossier coordonné par Roser Cussó & Romuald Normand, rédacteurs en chef invité Roser Cussó & Romuald Normand L'enseignement supérieur en Europe : harmonisation ou hybridation des réformes ? ..................................................................7 Articles Susan Robertson Union Européenne, « régionalisme de l’Etat régulateur » et nouveaux modes de gouvernance de l’enseignement supérieur ..............................................................................................15 Jean-Émile Charlier & Sarah Croché Comment le processus de Bologne a modifié la signification et les enjeux de l’évaluation des enseignements ............................43 Dennis Niemann, Tonia Bieber & Kerstin Martens Contre toutes attentes - L’influence européenne sur les politiques d’enseignement supérieur en Allemagne et en Suisse. ...................................................................................................63 Cécile Hoareau Les limites de la gouvernance délibérative ? Processus de Bologne et tentatives d’émulation aux Etats-Unis .........................97 Jeoffrey Gaspard L’européanisation de l’Enseignement supérieur en Europe : une analyse du discours promotionnel en ligne des universités..........................................................................................127 Antonio Luzón, Miguel A. Pereyra & Mónica Torres Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles: Les subterfuges du discours et le vide de la pratique. .............................................................................................149 Veille scientifique, Parutions .............................................................177 Agenda des colloques ...........................................................................225 Abonnement, adhésion et commande de numéros .........................239 Note aux contributeurs .........................................................................243 I n t r o d u c t i o n …7 Introduction Roser CUSSÓ & Romuald NORMAND Les réformes de l’enseignement supérieur et de la recherche se sont accélérées depuis le lancement du Processus de Bologne (1998), un processus intergouvernemental, suivi de la Stratégie de Lisbonne (2000) à dimension supranationale. Des recommandations et divers instruments ont été mis en œuvre pour accompagner ces réformes à travers notamment la Méthode Ouverte de Coordination. Des directives ont pu être adoptées comme celles relatives à la certification et à la qualité. Le sens politique de ce programme institutionnel est aujourd’hui assez bien mis en évidence : autonomie des institutions, développement de la compétition marchande, adaptation au marché de l’emploi, augmentation du financement privé, évaluation de la qualité, place de l’expertise dans le processus de décision, etc.. Mais il est plus difficile d’identifier les liens entre ce projet d’harmonisation plus ou moins souple (qualifié de « soft law ») et les décisions concrètes et nombreuses prises à l’échelle des Etats. Nous faisons face à l’hybridation, dans un même espace européen, d’une production de normes dont la légitimité reste ambiguë parce qu’elle relève largement d’un pouvoir technocratique différent de la puissance législative sur laquelle se fondent habituellement les modes traditionnels de représentation politique. De même, il existe peu de travaux sur la façon dont sont réalisés des emprunts mutuels et des transferts de politiques d’enseignement supérieur entre les organisations internationales et les Etats, voire entre les Etats eux-mêmes. On sait finalement peu de choses sur la manière dont les décideurs politiques vont s’approvisionner auprès d’institutions comme la Commission Européenne, l’OCDE, la banque mondiale et comment ils utilisent les savoirs et les outils mis à leur disposition. La littérature d’éducation comparée a produit bon nombre d’études de cas, elle a assez peu investi les processus transnationaux de traduction et de circulation des normes, connaissances, instruments à la différence des études de sciences politiques où cette problématique est en plein développement. L’interaction entre les deux champs, celui de l’éducation comparée et celui des sciences politiques de la construction européenne, constitue donc un enjeu intéressant pour explorer davantage les effets du processus de Bologne. Toutefois, il paraît nécessaire de ne pas en rester à l’échelle internationale et d’être capable simultanément de prendre en compte les contextes politiques nationaux et locaux comme la manière dont ces normes internationales sont adaptées et recontextualisées après qu’elles aient été transférées ou importées d’un Etat à un autre. Il devient alors possible de s’intéresser aux acteurs et à l'espace où s'exercent le pouvoir, la décision publique et le changement institutionnel. En se situant dans cette problématique, les auteurs réunis dans ce dossier entendent retracer un certain nombre de tensions et d’ambivalences dans la mise en œuvre des politiques d’enseignement supérieur selon différents contextes nationaux. Les contributions couvrent une bonne partie des questions auxquelles s’intéresse aujourd’hui la recherche internationale consacrée à l’enseignement supérieur. Pour Susan Robertson (Université de Bristol), l’Union européenne (UE) constituerait une unité régulatrice (pouvoir normatif) revendiquant un statut de type étatique. Il s’agit d’un régionalisme régulateur qu’elle propose de conceptualiser. L’approche privilégiée est celle de la progressive émergence d’un « projet politique », les gouvernances régionales relevant de différents blocs (Europe, Amérique, Asie, etc.) n’étant pas encore établies. Ce sont les conditions économiques qui, dans un premier temps, sont à la base des transformations politiques. La restructuration du capital domestique et étranger crée une dynamique de régionalisation qui, à son tour, conduit à la formation de règles supranationales. Robertson donne par là une explication de type économique aux mutations actuelles dans les différents échelons du pouvoir : c’est la nouvelle situation économique qui fait exister l’Etatrégion. La création d’un « marché unique » s’est d’abord fait à l’intérieur de l’UE pour ensuite, une fois le capital restructuré, se situer dans la mondialisation externe en tant que région. Dans ce contexte, l’espace étatique multi-scalaire exerce une « souveraineté contingente ». Cette perspective permet de comprendre l’évolution de la cohabitation entre différentes légitimités, les entités européennes I n t r o d u c t i o n …9 tendant peu à peu à assumer les souverainetés traditionnellement fondées la reconnaissance des peuples. De fait, il est significatif que le Traité constitutionnel ne contienne jamais ensemble les termes « souveraineté » et « peuples » diluant alors la première notion dans l’expression « Peuples d’Europe » (ajouter citation). En s’intéressant aux fonctions de l’évaluation en Belgique francophone, Jean-Emile Charlier et Sarah Croché montrent comment les instruments de la qualité transportent une logique managériale dont les fondements sont observables dès la première réunion de la Sorbonne par la mise en réseau des acteurs et des institutions de l’enseignement supérieur en Europe. S’appuyant sur la notion de dispositif empruntée à Michel Foucault, les deux auteurs retracent les différentes configurations ayant fait émerger cette politique et cette architecture de la qualité entre les Etats-Membres. La migration des objets, des standards aux classements internationaux, des réseaux sociopolitiques jusqu’aux agences supranationales, s’est opérée par différentes étapes selon un processus de traduction conférant en même temps une puissance normative et convergente à l’évaluation des institutions d’enseignement supérieur. L’article de Dennis Niemann, Tonia Bieber et Kerstin Martens nourrit le dialogue avec les contributions précédentes. Les auteurs pensent également que la compétitivité est déjà là, indépendamment des positions gouvernementales. Plus encore, les Etats ont adopté la mise en compétition des institutions universitaires et des étudiants comme allant de soi. Le Processus de Bologne est considéré comme la mise en œuvre d’une volonté politique préalable qui introduit les réformes mais aussi le reflet d’un processus économique préexistant et quelque part inévitable. Cependant, les cas de l’Allemagne et de la Suisse permettent d’identifier des effets sensiblement différents selon les contextes nationaux. Alors que le gouvernement allemand a choisi d’accentuer la décentralisation de l’enseignement supérieur, la Suisse a procédé à une centralisation. Les auteurs mettent en avant l’idée d’une « instrumentalisation » du processus de Bologne dans l’avancement de l’agenda politique national, grâce notamment à un « jeu à deux niveaux » entre l’UE et l’Etat. La preuve en est faite par l’analyse des discours officiels : le même appel aux mots d’ordre internationaux a toutefois été utilisé pour légitimer des directions opposées. Cette différence est expliquée par l’émergence d’une « nouvelle raison d’Etat » variable selon les contextes politiques, sociaux, et culturels. Cécile Hoareau, quant à elle, met en valeur la notion de « gouvernance délibérative » en comparant la situation de l’UE et des Etats-Unis. En effet, le processus de Bologne conduit à la diffusion de croyances et de normes partagées parmi les décideurs politiques et les responsables institutionnels. L’idée de « gouvernance délibérative » ouvre donc une nouvelle perspective théorique dans le champ des études politiques européennes. Plutôt que de considérer en généralité une « politique publique européenne », l’expansion de la gouvernance multi-niveaux permet de rendre compte de la complexité à l’oeuvre. Le système politique européen possèderait des strates institutionnelles multiples, au-delà des deux niveaux (national et européen) généralement retenus, comprenant des gouvernements nationaux, des agences régionales et indépendantes comme des groupes d’intérêts. La gouvernance délibérative repose sur la participation réciproque d’agents ouverts à l’échange d’arguments au sein des institutions européennes. La méthode ouverte de coordination fait partie de ce processus. Le terme de « gouvernance délibérative » ne renvoie pas à la constitution d’univers politiques traditionnels (comme la majorité et l’opposition dans les partis politiques ou les institutions représentatives européennes) mais au fait que se développent des échanges continus entre les acteurs qui créent une connaissance commune sur la base d’une expertise et de règles partagées. Par contraste, l’action exercée par le discours politique demeure beaucoup plus figée alors que la gouvernance délibérative relève d’un processus d’apprentissage dynamique. L’article de Jeoffrey Gaspard explore ensuite une perspective plus « locale » : impact des discours, recommandations et instruments européens sur un échantillon d’universités. La comparaison des sites Internet de ces différentes institutions lui permet d’identifier l’harmonisation selon la place sociale accordée à l’enseignement, son internationalisation et sa transformation : la vulgate de l’échec et la réussite des étudiants se substituent à la mise en œuvre de moyens nécessaires en termes de recrutement et de financement. Les mêmes énoncés promotionnels et régularités discursives sont à l’œuvre et surdéterminés par le contexte de l’européanisation croissante des politiques d’enseignement supérieur. Malgré les décalages dans les pratiques effectives, cet univers sémantique se matérialise dans des I n t r o d u c t i o n …11 discours qui renforcent la logique entrepreneuriale des universités et la justification de l’ouverture à des parties prenantes (stakeholders). Ces discours relèvent d’une autonomie contrôlée et opèrent, à l’image du benchmarking, un phénomène de convergence entre institutions et Etats. Enfin, l’article d’Antonio Luzón, de Miguel A. Pereyra et Mónica Torres s’intéresse à l’adaptation de l’Etat espagnol au projet de création d’un Espace Européen de l’Enseignement Supérieur dérivé du Processus de Bologne. Elle constitue un bon exemple de la vacuité discursive des décideurs politiques et institutionnels tout en possédant des effets réels de transformation des structures universitaires. Les auteurs montrent également comment se justifie un ajustement des enseignements au marché de l’emploi et à la compétitivité économique. Enfin, l’Espagne connaît aussi un processus de recentralisation de son système universitaire et de recherche par voie législative, similaire à la Suisse. L’autonomie des universités, fondée notamment sur une gestion entre pairs, est progressivement remplacée par un mode de gestion d’inspiration néolibérale, préoccupé par l’efficience, la rentabilité et la maîtrise des coûts. Plus généralement, les questionnements des auteurs nous amènent à considérer plusieurs pistes et/ou champs d’analyse pertinents pour l’éducation comparée. Peu de travaux ont été développés dans l’espace francophone pour comparer les différentes formes de justifications données aux politiques européennes d’enseignement supérieur et de recherche. En ce sens, Susan Robertson avance une thèse novatrice qui mériterait sans doute le développement de travaux empiriques et comparatistes. L’analyse de la construction européenne montre que la libéralisation des services et la marchandisation du secteur sont encouragées depuis plus de quarante ans par les responsables de certains Etats et les grandes organisations internationales. Comment penser en même temps les effets de la globalisation et de la construction européenne et les reconfigurations à l’œuvre derrière le mot d’ordre « autonomie des universités » ? Cecile Hoareau souligne l’imbrication d’acteurs multiples dans la construction de la prise de décision européenne. Des questions demeurent sans réponse : peut-on discerner des hiérarchies, des types de pouvoir différents ? Qui a l’initiative des premiers textes à discuter, par exemple ? Quelle est la place de l’expertise et des groupes d’intérêts ? Quels sont les réseaux concrets de cette « nébuleuse » ? Ce travail de normalisation européen est toutefois équilibré, comme le montre la comparaison entre la Suisse et l’Allemagne par l’importance du législatif et de l’action gouvernementale. Le cas de l’Etat espagnol permet de confirmer, comme pour la Suisse, un processus de recentralisation (réf Dale pour l’Angleterre). Dennis Niemann, Tonia Bieber et Kerstin Martens analysent cette politique nationale en termes d’instrumentalisation. Pour l’Etat espagnol, il semble que celle-ci soit plus diffuse et qu’un régime discursif prédomine. Toutefois, les instruments sont bien là comme l’attestent l’article de Jean-Emile Charlier et de Sarah Croché sur les dispositifs de la qualité mais également celui de Jeoffrey Gaspard sur les sites Internet. En ce sens, ils contribuent, comme les rapports de la Commission Européenne, à créer différentes formes d’irréversibilité dans l’espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche. Classements, standards, benchmarks, discours stéréotypés, modifient les représentations des acteurs mais aussi les techniques de gouvernement et les types d’organisation des institutions comme du travail académique. La production des normes s’affranchit des contraintes législatives et règlementaires traditionnelles pour instituer une nouvelle normativité en dehors du contrôle étatique mais aussi des formes de délibération démocratique propres aux Etats. Cette nouvelle forme de gouvernance délibérative, décrite par Cecile Hoareau, suffit-elle à nourrir un vrai espace de discussion entre tous les acteurs concernés par ces évolutions sans s’enfermer dans des circularités discursives ? Enfin, il existe peu de travaux capables d’expliquer les relations transversales entre acteurs et institutions au-delà des frontières. Par exemple, on connaît mal l’univers des relations entre les responsables des ministères et leurs homologues européens dans la définition d’un nouvel agenda politique pour l’espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le rôle des organisations ou des agences non-gouvernementales est assez mal délimité. L’ouverture d’un nouveau chantier de recherche permettrait d’étudier cette « nouvelle raison d’Etat », de plus en plus déconnectée de son assise politique, traditionnelle, alors qu’elle est investie dans des échanges et des réseaux supranationaux de plus en plus nombreux. Il apparaît, si l’on en juge par la littérature de sciences politiques développée sur le sujet, que ces normes internationales sont utilisées pour forger des alliances I n t r o d u c t i o n …13 politiques ou économiques afin de soutenir et d’imposer des réformes contestées au travers de rhétoriques mais aussi de groupes d’intérêts mobilisées à certains moments de la mise en œuvre des réformes. Un tel programme de recherche ne peut ignorer la tension entre d’un côté une instrumentalisation par des normes et des rhétoriques officielles et de l’autre une harmonisation des systèmes et des institutions rendue difficile par la variété des contextes nationaux et locaux. Si les réformes adoptées possèdent des effets variés, comme l’ont montré les auteurs, elles présentent aussi des convergences. En ce sens la notion d’hybridation aurait pu être mieux développée afin de montrer l’articulation entre le commun et le particulier, à l’image de l’article de Gaspard qui analyse systématiquement les discours mais aussi les politiques concrètes des institutions, à travers l’accès aux sites Internet des universités. Les modalités de traduction gagneraient aussi à être précisées : quelle est la part entre l’action volontaire des Etats (mimétisme, transfert de « bonnes pratiques », participation à des groupes d’experts) et des approches plus coercitives (imposition de benchmarks, harmonisation législative, création de cadres normatifs notamment statistiques) ? Au-delà des effets d’une harmonisation ou d’une production de normes dans l’espace européen et international, l’enjeu est de mieux comprendre les mécanismes de pouvoir et les relations entre groupes transnationaux et la façon dont ils contribuent progressivement à diminuer l’autonomie des Etats dans la formulation et la mise en œuvre de leur politique d’enseignement supérieur. Éducation comparée / nouvelle série, n°8, pp 15-41. Union Européenne, « régionalisme de l’Etat régulateur » et nouveaux modes de gouvernance de l’enseignement supérieur Susan Robertson Centre for Globalisation, Education & Societies Université de Bristol Royaume-Uni RÉSUMÉ La conceptualisation d’un “régionalisme régulateur” proposée par Jayasuriya est utile pour examiner la présence, la signification et les effets des nouveaux mécanismes de gouvernance de l’enseignement supérieur dans la constitution de l’Europe comme région compétitive et économie de la connaissance. En particulier, il défend l’idée que nous avons besoin, d’une part, de prendre suffisamment en compte le rôle des économies politiques domestiques dans la constitution des régions, et d’autre part, le rôle constitutif de ces processus dans leur construction. En m’intéressant à cette tendance du projet de régionalisation et de mondialisation en Europe, je montre que le « régionalisme régulateur » peut être toutefois nuancé s’il prend en compte les dynamiques « extra-régionales » qui ont des effets sur la construction régionale à travers la manière dont elles confortent et intègrent de nouvelles structures, processus et relations sociales, à l’intérieur comme à l’extérieur de la région. La conclusion de l’article postule que dans le cas de l’Europe, cette tendance actuelle du régionalisme régulateur dans l’enseignement supérieur peut aussi être conçue comme la partie d’un projet statiste plus vaste qualifié de « régionalisme régulateur étatique ». MOTS CLÉS Europe; enseignement supérieur; gouvernance; régionalisation; économie de la connaissance mondialisation; ABSTRACT Jayasuriya’s conceptualisation of ‘regulatory regionalism’ is particularly useful for examining the presence, significance and effect of new higher education governance mechanisms in constituting Europe as a competitive region and knowledge-based economy. In particular he argues that we need to take sufficient account of the role of domestic political economies in constituting regions, on the one hand, and the role of governance mechanisms, on the other, and the constitutive role of these processes in region-building. Focusing on the current moment of this regionalising and globalising project in Europe, I argue that ‘regulatory regionalism’ can be further nuanced if it takes into account ‘extra- regional’ dynamics that have effects on region-building through the way they thicken and embed new structures, processes and social relations within and beyond the region. I conclude by arguing that in the case of Europe, this current moment of regulatory regionalism through higher education might also be conceived of as part of a wider project around statehood called ‘regulatory state regionalism’. KEYWORDS Europe; higher education; governance; globalisation; regionalisation; knowledge economy Introduction La conceptualisation d’un « régionalisme régulateur » défini par Jayasuriya (2003, 2008) est particulièrement utile pour examiner (a) la présence, le sens et l’effet des mécanismes de gouvernance de l’enseignement supérieur dans la constitution de l’Europe comme région compétitive et économie de la connaissance, et (b) le rôle des économies politiques domestiques dans ce processus. Pris dans son ensemble, ce « champ » dynamique et politique d’inter/action (Chorey, 2007) offre une bonne vision des relations constitutives et transformatives entre l’Europe comme région d’une part, et comme économies domestiques et nationales de l’autre. Dans la première partie de cet article, j’examine ces mécanismes et la façon dont ils constituent et rendent gouvernable un espace européen (compétitif) de l’enseignement supérieur et de l’économie de la connaissance, en défendant l’idée qu’il existe des phases distinctes dans ce projet politique- c’est aussi le résultat d’une transformation des forces sociales, d’un re-calibrage et d’une ré-articulation de son contenu socio-économique. En explicitant la conjoncture du projet, je montrerai que le « régionalisme régulateur » dans l’Europe peut aussi être nuancé afin de prendre en compte la façon dont l’extra-régional (économies voisines, économies domestiques stratégiques mais plus distantes, anciennes relations et réseaux coloniaux, nouvelles formations interrégionales) est aussi enrôlé, mobilisé et transformé au travers du déploiement d’outils de gouvernance de l’enseignement supérieur. Au « r é g i o n a l i s m e d e l ’ E t a t r é g u l a t e u r » e t n o u v e a u x m o d e s d e g o u v e r n a n c e …17 sein de cet assemblage, l’« extra-régional » dans le projet politique européen semble guidé par une combinaison de forces et de projets : la revendication par l’Europe d’une souveraineté territoriale comme d’un statut étatique (Elden, 2006) ; l’extension de l’Europe dans son projet politique à d’autres exigences géostratégiques ; l’attraction des acteurs domestiques voisins et distants pour l’usage des outils de l’enseignement supérieur en Europe à des fins de mise en cohérence interne d’un certain nombre de transformations, le désir d’une exportation et d’une importation mondiales des institutions d’enseignement supérieur et d’économies domestiques au-delà des frontières de l’Europe pour aligner l’architecture et les cadres régulateurs en maximisant la place du marché ; et l’émergence du pouvoir normatif de l’Europe sur la scène mondiale. Je conclue en suggérant que dans le cas de l’Europe, cette conjoncture de régionalisme régulateur peut être aussi conçue comme « régionalisme régulateur étatique » Le régionalisme régulateur: une approche Le « régionalisme régulateur » est une approche permettant d’étudier le régionalisme mis en avant par Jayasuriya pour dépasser : (a) la survalorisation des « institutions » formelles régionales au détriment d’une « compréhension des ressorts principaux politiques et domestiques de la gouvernance régionale » (2003, 199, souligné par moi) ; (b) une vision prédominante du régionalisme comme un processus conduit de l’extérieur au lieu de l’intérieur ; et ‘(c) la tendance à voir le processus de régionalisation comme le suivi d’un modèle particulier et idéal-typique plutôt que le résultat de projets politiques régionaux qui reflètent et construisent les programmes de régionalisation selon de multiples facettes et dimensions. L’adoption d’une perspective en termes de « projet politique » à propos du régionalisme : « …nous permet de regarder les régions non comme des identités abstraites mais comme des projets plus ou moins cohérents de gouvernance régionale. Ces derniers, à leur tour, intègrent des constellations de pouvoirs et d’intérêts- un cadre qui possède la vertu de situer les dynamiques de la gouvernance dans le contexte plus large de projets politiques domestiques (Jayasuriya, 2003, 201) S’appuyant sur les études d’auteurs comme Felker (2003) et Phillips (2003) de même que sur ses propres travaux, Jayasuriya soutient que les projets politiques régionaux émergent comme des réponses aux crises d’accumulation dans l’économie politique domestique et mondiale, c'est-à-dire que : « …les impératifs externes ne peuvent pas être situés en termes de changement de la dynamique des relations inter-gouvernementales, mais plutôt dans la façon dont les activités et les opérations du capital domestique et étranger sont restructurés. C’est ce processus interne de restructuration qui crée la dynamique de la régionalisation qui, à son tour, conduit à la formation de règles pour le nouvel espace économique régional (Jayasuriya, 2003, 201) Les projets politiques sont avancés par ces forces sociales qui possèdent un pouvoir discursif et un potentiel matériel pour proposer, mobiliser, institutionnaliser et gouverner des revendications territoriales, politiques et marchandes capables de sécuriser de nouvelles frontières, et ensuite établir et rendre possibles de nouvelles formes relationnelles et stratégiques, comprenant une organisation étatique et des règles politiques. En ajoutant « régulation » pour fabriquer le couple « régionalisme régulateur », Jayasuriya attire l’attention sur les aspects extraéconomiques dans la stabilisation et la reproduction des relations sociales capitalistes et en particulier dans la façon dont les modes de calcul et de gouvernance émergent, et dans la façon dont ils deviennent institutionnalisés, médiatisés et modifiés (Jessop 2004, 150). En d’autres mots, les régimes d’accumulation sont constitués et gouvernés à travers un assemblage d’institutions, de projets, de pratiques et de subjectivités. C'est-à-dire que les projets politiques n’ont pas des effets discontinus et déconnectés sur une seule échelle, ils sont plutôt reliés à d’autres échelles et niveaux de l’action politique. En termes de projets politiques régionaux, nous pouvons dire que les analyses sur la constitution des régions doivent prendre en compte la relation dialectique et co-constitutive entre les échelles, plutôt que de « voir seulement la gouvernance régionale comme une échelle spatiale qui existe indépendamment de l’Etat national » (Jayasuriya 2008, 21). « r é g i o n a l i s m e d e l ’ E t a t r é g u l a t e u r » e t n o u v e a u x m o d e s d e g o u v e r n a n c e …19 Le constat est aussi établi par Nitsan Chorey (2007) qui introduit l’idée d’un « champ unifié d’action », selon une division fluide entre différents niveaux afin de prendre acte de la façon dont les projets politiques sont dispersés asymétriquement selon différentes échelles. S’appuyant sur l’analyse historique des facteurs internationaux et domestiques dans la formation de la politique commerciale américaine, elle défend l’idée qu’à n’importe quel moment de l’histoire, la nature de l’équilibre entre différents niveaux politiques provient du jeu croisé entre l’asymétrie dynamique et un jeu particulier d’arrangements institutionnels qui, ensuite, tendent à donner la primauté à une échelle sur l’autre. Ce type d’analyse nous alerte sur le fait que les ordres scalaires sont toujours des constructions sociales contestées, et que les concentrations du pouvoir et des capacités à des échelles particulières sont le résultat de luttes entre les forces sociales (Jessop, 2006). Cette vue résonne bien avec celle de l’analyse néo-gramscienne du pouvoir, de la production et des ordres du monde par Cox (1999) ; avec celle de Jessop (2004) dans son approche de l’économie politique culturelle qui attire l’attention sur les aspects sémiotiques et extra-sémiotiques de l’économie politique ; et l’analyse de Sassen (2006) sur les relations mouvantes sur un plan historique et temporel, entre des territoires, une autorité et des droits à travers la mobilisation de capacités, l’encastrement de logiques et la réalisation et les effets de points de basculement. J’ai utilisé ces approches ailleurs, pour examiner la façon dont l’éducation est mobilisée comme secteur dans l’avancement des projets politiques des régions (Robertson 2006, 2008a, 2008b; Robertson and Keeling 2008). Jusqu’à présent, le travail sur le « régionalisme régulateur » a centré l’attention sur les économies domestiques qui constituent une partie d’un projet politique régional, ou en d’autres mots ces économies domestiques qui fabriquent la topographie politique de la région et se trouvent à l’intérieur de ces frontières. Néanmoins, ce que révèle la phase récente de la mobilisation de l’enseignement supérieur dans la construction d’une économie de la connaissance, et c’est un argument que je mets en avant dans cet article, ce sont les dynamiques qui conduisent à la transformation de la région qui ne sont pas confinées à ces économies domestiques au sein d’une région émergente. Ce sont plutôt, dans cette phase la plus récente, des frontières de l’Europe et des réseaux de pouvoir qui s’étirent de plus en plus en dehors, et qui transforment les secteurs de l’enseignement supérieur du voisinage et les autres économies domestiques autour de la planète. De plus, cette extension de l’espace mondial, et l’interaction avec la restructuration domestique et les projets régionaux naissants au-delà de l’Europe, fournissent une plate-forme pour un leadership normatif par l’Europe en tant que région. Cela contribue de manière importante à la naissance d’un espace étatique européen qui s’exprime es qualités dans les occasions offertes par l’organisation de forums globaux et régionaux. « Connaissances », « Economie », « Europe » : les commencements La création d’une Europe compétitive et cohérente date des années 1950, et les initiatives dans l’enseignement supérieur y ont joué un rôle important depuis le début Corbett 2005; Hingel 2001). Néanmoins, de 1950 au début des années 1990, le projet d’enseignement supérieur de l’Union Européenne était presque entièrement intra-régional dans son ontologie et ses productions. A l’exception notable du Royaume-Uni (et dans une moindre mesure de la France et de l’Allemagne), l’« internationalisation » des programmes d’études dans les contenus, la mobilité étudiante et la carrière des chercheurs étaient d’abord orientés vers des partenaires européens et des processus d’européanisation. Les marqueurs clés pendant cette période furent l’institutionnalisation de rencontres régulières entre les ministres européens de l’éducation, la création d’un Institut Universitaire Européen à Florence en 1971, et l’établissement des programmes européens de mobilité Erasmus qui facilitèrent le mouvement des étudiants et des professionnels entre universités des différents EtatsMembres. Les objectifs politiques les plus importants s’inscrivaient dans ces initiatives à l’échelle européenne et ils avaient pour but de promouvoir l’esprit européen parmi les citoyens, d’étendre l’influence de la Communauté (et de la Commission Européenne), et de défendre le concept de culture et valeurs « Européennes ». Néanmoins Delors avait également une haute idée de l’éducation et du rôle qu’elle pouvait jouer dans sa stratégie d’avancement de l’intégration européenne au travers du marché unique (Corbett 2005, 121). Ainsi, deux préoccupations se rejoignaient et qui semblaient pouvoir être relayées par les programmes d’enseignement supérieur : comment création d’un marché unique européen d’un côté, et naissance d’un citoyen européen de l’autre. Renforcer l’engagement dans le projet européen était perçu comme essentiel pour combattre « le « r é g i o n a l i s m e d e l ’ E t a t r é g u l a t e u r » e t n o u v e a u x m o d e s d e g o u v e r n a n c e …21 nationalisme étroit », un obstacle à l’avancement de l’Europe en tant que projet politique et culturel. En 1992, un marché unique et une Union Européenne furent annoncés par le traité signé à Maastricht par les responsables des Etats Membres de la Communauté Européenne. Le Traité de Maastricht reconnaissait le rôle direct de l’Union Européenne dans l’éducation, essayant en même temps de circonscrire fermement les marges de manœuvre de la Commission en réduisant l’action au niveau européen à des activités « supplémentaires ». Alors que le Traité de Maastricht semblait suggérer que le rôle de l’Union Européenne devait être modeste, la Commission Européenne sous Delors avait l’ambition de développer une politique plus compréhensive de l’enseignement supérieure à l’échelle européenne. Le mémorandum sur l’enseignement supérieur de 1991 montre que l’enseignement supérieur était déjà devenu la partie d’un agenda communautaire plus large visant une certaine cohérence économique et sociale (Huisman and van der Wende 2004, 350). La Commission réalisa rapidement une évaluation interne des programmes de l’Union Européenne et développa une nouvelle stratégie pour exploiter les opportunités offertes par la reconnaissance de la « dimension européenne » de l’éducation dans le Traité de Maastricht. Elle commença à regarder ailleurs au-delà de son espace régional. Elle établit des programmes de collaboration dans l’enseignement supérieur avec des pays noneuropéens au travers d’initiatives comme le programme ALFA en Amérique Latine, le développement du programme de coopération Tempus avec les pays des Balkans de l’Ouest, de l’Est de l’Europe, de l’Asie Centrale et des pays voisins de la Méditerranée, mais aussi de relations Asie-Europe au travers de structures interrégionales comme Asia-Link (Robertson 2008b). Toutefois à cette époque ces programmes semblaient fondés sur des objectifs de coopération et d’échanges culturels, et ils n’étaient pas très bien coordonnés avec les programmes politiques émergents dans le domaine de l’éducation en Europe. Pour donner un sens à la politique derrière le mémorandum et aux événements qui ont suivi, il est crucial que nous considérions maintenant la nature changeante du large contexte géopolitique et économique dans lesquels les Etats Membres de l’Europe se sont trouvés eux-mêmes impliqués. En 1991-1992, les plus grandes économies (comme l’Allemagne) firent l’expérience d’une récession qui augmenta le nombre des diplômés sans emploi en Europe (Teichler and Kehm 1995). Cela donna une légitimité au projet de la Commission Européenne pour l’enseignement supérieur. Néanmoins les grands changements qui prenaient place dans l’économie mondiale du fait de la globalisation marchande, de la trans-nationalisation de la production et de la finance sur le plan matériel et du passage du keynésianisme au néo-libéralisme sur un plan idéologique avaient un rôle primordial (Cox 1993, 259–60). Ces changements structurels dans l’économie mondiale ont eu des implications directes pour l’Union Européenne dans la mesure où ils ont directement affecté sa restructuration. Pour être compétitive dans l’économie mondiale, l’Europe devait se transformer pour adopter une ligne de libéralisation du commerce et du marché. Comme Bieler et Moron (2001, 5) le montrent: “…la dérégulation des marchés financiers nationaux fut institutionnalisée dans le Programme du Marché Intérieur….alors que le passage au néo-libéralisme s’exprimait dans la vraie nature de ce programme et qu’il conduisait à une libéralisation et l’adoption de critères de convergence néo-libérale pour l’Union Monétaire Européenne en se centrant sur l’inflation et la stabilité des prix » Plus généralement, l’impératif de faire avancer l’Europe comme projet politique et économique, et plus spécifiquement l’économie de la connaissance, est lié au déclin de la proportion de biens produits à l’échelle internationale par les Etats-Unis et l’Europe. C’est pour cette raison, que les Etats-Unis comme l’Europe avaient un intérêt commun à étendre l’économie mondiale de services - y compris l’enseignement supérieur considéré comme un marché, un moteur pour l’innovation, et un secteur clé dans le développement de nouvelles formes de propriété intellectuelle. Et Hartmann fait remarquer : alors que les Etats-Unis dominaient le commerce mondial dans les services commerciaux (avec 14,3% de la part mondiale (WTO, 2007, 12), la part des Etats-Membres européens (maintenant à 27) était d’environ 46%. Cette part a également augmenté l’envie et la capacité de l’Union Européenne de mettre en œuvre des standards dans cette économie mondiale de services en émergence, en donnant plus tard plus de poids dans le conflit l’opposant aux Etats-Unis pour exercer le leadership dans le développement d’une économie mondiale et compétitive de services. « r é g i o n a l i s m e d e l ’ E t a t r é g u l a t e u r » e t n o u v e a u x m o d e s d e g o u v e r n a n c e …23 La Stratégie de Lisbonne et l’expansion du processus de Bologne : visions et mécanismes En 2000, les activités de l’Union Européenne connaissent une accélération importante au travers de la « stratégie de Lisbonne », une pièce majeure de l’extension de la plateforme économique de l’Union Européenne présentée à travers la fameuse déclaration : « l’Union Européenne doit être l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique dans le monde capable de soutenir une croissance économique durable avec de meilleurs emplois et une plus grande cohésion sociale » (European Council 2000). La stratégie de Lisbonne fournit un mandat et un agenda pour étendre davantage les responsabilités politiques de l’Europe à l’intérieur des territoires nationaux-comme dans l’éducation-et en dernière extrémité au reste du monde. La stratégie de Lisbonne confirmait l’appréhension néolibérale de la contribution de l’enseignement supérieur au bienêtre socio-économique de la région européenne, en construisant et en sécurisant le capital humain. En Janvier 2000, sur proposition de la Commission Européenne, une décision fut prise pour établir un Espace Européen de la Recherche et de l’Innovation (EERI), avec l’objectif principal et explicite de soutenir l’économie de la connaissance à l’échelle européenne dans le cadre d’une « Europe de la connaissance ». L’agenda de Lisbonne de 2000 pour l’enseignement supérieur était parallèle au processus de Bologne, un projet distinct et ambitieux conduit par les gouvernements nationaux, et d’autres, porteurs d’intérêt pour créer une architecture commune et un Espace Européen de l’Enseignement Supérieur. Le processus de Bologne prenait ses racines dans une articulation stratégique entre des agendas domestiques et régionaux. Après la rencontre de Paris en 1998 qui célébrait le 800e anniversaire de la Sorbonne, le ministre français de l’éducation, Claude Allègre, stabilisait l’accord entre les ministres allemand, italien, et britannique afin d’engager les pays dans une nouvelle architecture pour l’enseignement supérieur (Ravinet 2008). Cette architecture devait se construire sur la base de la Convention pour la reconnaissance des qualifications dans l’enseignement supérieur dans le cadre d’une région européenne (Convention de Lisbonne, laquelle avait été signée en 1997). Allègre défendait l’idée que pour développer une économie de la connaissance, l’Europe avait besoin à la fois de concurrencer le système américain et de limiter le flux des diplômés américains en direction des Etats-Unis. L’année suivante, la Déclaration de Bologne (1999) mobilisait 29 pays signataires autour de 6 « lignes directrices » afin d’établir un Espace Européen de l’Enseignement Supérieur (EEES) qui devait être mis en œuvre en 2010. Au sein de cet « espace », la mobilité des étudiants et des chercheurs devait être renforcée par un alignement sur des systèmes nationaux d’assurance qualité, des niveaux d’études compatibles, l’adoption d’un système de transfert de crédits, et une façon commune de décrire les qualifications apparaissant en complément du diplôme individuel. Pris ensemble, ces mécanismes régulateurs auraient permis de faire du processus de Bologne un moyen d’accroissement de l’attractivité de l’Europe comme marché mondial de l’éducation (Zgaga 2006, 10) (voir Figure 1). Le Processus de Bologne représente un accord international volontaire, situé en dehors du cadre de gouvernance de l’Union Européenne, bien qu’il est largement commandé par des intérêts de l’union et qu’il promeut beaucoup d’initiatives (comme le système de crédit ECTS) pilotées à l’origine par la Commission Européenne (Keeling 2006). « Convaincus que l’établissement de l’espace européen d’enseignement supérieur nécessitait une adaptation, une supervision et un soutient constants au regard de l’évolution permanente des besoins » (Bologna Declaration 1999), les ministres décidèrent de se rencontrer régulièrement pour évaluer les progrès, en transformant l’engagement de Bologne en un processus politique continu. Le groupe de suivi de la Conférence de Bologne a eu la responsabilité de faire avancer cet agenda politique. Néanmoins, comme nous avons le voir bientôt, la création récente en 2009 du Forum des politiques de Bologne (Bologna Policy Forum) offre la possibilité d’un site stratégique pour les développements d’une politique mondiale et continue. Le nombre de membres du Processus de Bologne et de l’espace européen de l’enseignement supérieur qui lui est associé a augmenté depuis pour inclure, en 2099, 46 pays comprenant autour de 5600 institutions publiques et privées avec plus de 16 millions d’étudiants. L’espace européen de l’enseignement supérieur comprend la Russie et le Sud Est de l’Europe. Ainsi, il s’étend bien au-delà de l’Union Européenne comme entité constitutionnelle. Mobilité des universitaires, des étudiants et du travail Stratégie de construction de l’Etat Modèle pour mettre en œuvre des normes « Qualité » et attractivité de l’Espace Européen d’Enseignement Supérieur Espace Européen de la Recherche Lisbonne Cerveaux pour l’économie de la connaissance Mécanismes de coopération et d’apprentissage Mondialisation à travers les régions Marchés pour l’économie de services Schéma 1. Projets et processus dans la construction d’une Europe de la Connaissance dans l’Enseignement Supérieur . Néanmoins, déterminer la base de l’appartenance au processus de Bologne, a constitué un important enjeu géostratégique. Comme le fait remarquer Hartmann la première forme d’appartenance relevait largement des signataires de la Convention de Lisbonne (1997). Pour des raisons historiques, elle comprenait les Etats-Unis, le Canada et l’Australie via la définition de l’Europe par l’Unesco (les Etats-Unis et le Canada ont signé en 1975, l’Australie en 1986) (Hartmann, 2008, 13). Cela signifie que ces pays, et plus encore les Etats-Unis, ont eu leur mot à dire dans l’élaboration du processus initial de Bologne. Ayons à l’esprit que l’appartenance institutionnelle devait être plus large que l’Europe et les pays en voie d’intégration (c’est pourquoi elle nécessitait d’inclure la Russie mais non son concurrent-les Etats-Unis) et pour cela des manœuvres politiques très habiles étaient exigées. La convention de Lisbonne, comme fondement de l’appartenance formelle dans le processus de Bologne, fut « jetée par-dessus bord » en 2003 au profit de la convention culturelle et européenne du Conseil de l’Europe, excluant alors les Etats-Unis, le Canada et l’Australie. Hartmann (2008, 214) explique que ce fut l’une des séries de déplacements opérés par l’Europe pour définir le rôle impérial des Etats-Unis dans la mise en œuvre de standards, ce qui les rendait en même temps à la fois rival et modèle. L’ « Extra-régional » : ressouder le modèle mondial d’enseignement supérieur et l’Europe Ainsi, même si, entre 2003 et aujourd’hui, dans ces avancées successives, l’enseignement supérieur a été orienté vers le management d’un projet territorial et de sa politique dans une région en expansion, les appareils politiques et variés de l’Europe, en particulier la Commission Européenne, ont commencé à poursuivre une stratégie de « mondialisation extra-régionale » plus explicite. Cette stratégie a eu des effets directs et indirects. Les effets directs sont les résultats, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Europe, de stratégies explicites pour réaliser un espace et un marché concurrentiel de l’enseignement supérieur européen, comme le programme Erasmus Mundus, la politique de voisinage, les négociations du GATT, la mobilisation des anciens liens coloniaux pour l’aligner avec les intérêts du marché européen, et ainsi de suite. Les effets indirects furent les conséquences des réactions à cette stratégie sur les économies domestiques dans l’économie mondiale, où l’architecture de Bologne « r é g i o n a l i s m e d e l ’ E t a t r é g u l a t e u r » e t n o u v e a u x m o d e s d e g o u v e r n a n c e … 27 était diversement considérée : comme menace potentielle (aux EtatsUnis, en Australie), comme modèle de restructuration domestique (au Brésil, en Chine), ou base de nouveaux projets régionaux dans le monde (Afrique, Amérique Latine). Le texte préalable à ce changement de stratégie peut être situé autour de 2003, de même que la prise de conscience progressive au sein de la Commission Européenne d’une croissance déclinante dans le secteur des services en Europe. Cette prise de conscience est intégrée dans un constat opéré par Viviane Reding, alors responsable de l’éducation et de la culture à la Commission Européenne, où elle insistait sur les fondements nécessaires pour « faire de l’Union Européenne une figure prééminente de marché mondial de l’éducation ». Reding défendait l’idée que « les gouvernements nationaux seuls ne peuvent pas faire face aux défis de la mondialisation, des nouvelles technologies et du marché unique » (2). Pour la Commission Européenne, cela signifiait : mobiliser le secteur privé au travers de ses différentes activités, promouvoir le leadership à l’échelle européenne et continuer à faire avancer la libération des services éducatifs au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce et du GATT) (Robertson 2008b). Une série d’initiatives pour l’enseignement supérieur était maintenant lancée par la Commission, toutes caractérisées par un fort accent sur la compétitivité mondiale. Elles gagnèrent en force, en caractère et en légitimité à la suite de la révision de moyen terme de la stratégie de Lisbonne présidée par Wim Kok (European Commission, 2005a). Kok (2004) expliquait que la stratégie de Lisbonne 2010 avait échoué à fournir une performance économique satisfaisante, et que l’Europe était loin de réaliser les améliorations socio-économiques promises par la stratégie de Lisbonne. Il annonçait ensuite que l’Europe allait se retrouver rapidement derrière les Etats-Unis et l’Asie. Au spectre de la Chine et de l’Inde, à la fois considérées comme une menace et une opportunité (Kok 2004, 12), venait s’ajouter une nouvelle dimension critique dans les défis externes que devait affronter l’Europe. Pour que l’Europe soit compétitive, expliquait Kok, elle avait besoin de « développer son propre domaine de spécialités, d’excellence et d’avantages comparatifs qui devait inéluctablement reposer sur un engagement dans l’économie de la connaissance dans son sens le plus large » (Kok 2004, 12). Les conclusions de la présidence du conseil européen reconnurent ensuite les résultats mitigés de Lisbonne, et appelèrent à des actions urgentes, en acceptant le principe d’une nouvelle stratégie de Lisbonne proposée par la Commission (European Council 2005, 3), qui redirigeait l’attention presque entièrement vers « l’emploi et la croissance ». La révision à moyen terme de Lisbonne permit à la Commission Européenne de jouer sur le discours de crise pour lancer un ensemble de nouvelles initiatives qui appelaient à une réforme du secteur de l’enseignement supérieur (EC 2005b), et qui se focalisaient sur l’investissement, l’innovation, et l’emploi (EC 2005a, 4; Collignon 2006). Cette « nouvelle » stratégie de Lisbonne en promouvant « moins du même » (Collignon 2006) adoptait fermement une vision néolibérale sur la manière dont l’économie de la connaissance européenne pouvait être dynamisée, alors que l’enseignement supérieur était considéré comme appelé à jouer un rôle critique dans ce processus. La Commission Européenne (2005a) envisageait le rôle des universités dans la production d’une économie de la connaissance européenne comme dérivée et dépendante de sa relation à l’industrie (ce qui explique la préoccupation soutenue de « transfert de connaissances »). Les opérations des universités, les structures de gouvernance et d’incitations, et pas seulement les résultats de la recherche et de l’éducation, devenaient maintenant un sujet de préoccupation politique à l’échelle européenne. Une semaine après la rencontre du conseil européen en mars 2005, le président de la Commission, Jose Manuel Barroso, délivrait un vibrant discours pour le secteur de l’enseignement supérieur à la convention de l’Association Européenne Universitaire à Glasgow, intitulée Des Universités fortes pour l’Europe (Barroso 2005). Là, il défendait l’idée que l’état (la situation) de l’éducation en Europe, comparée à d’autres régions du monde était loin d’être « misérable » (25). Dans un nouveau départ, la Commission commençait à donner des recommandations directes sur la façon dont les structures de gouvernance des universités, leur financement et le management de la recherche (incluant les mesures de performance et les incitations) devaient être « modernisées » pour permettre à l’Europe d’être compétitive dans la concurrence mondiale des cerveaux et des marchés (European Commission 2005b, 2006). Cette inclusion de soi-disant “pays tiers” dans les accords de coopération pour empêcher leur fuite vers le système éducatif américain devint aussi un important sujet du « dialogue sectoriel » avec un certain nombre de pays asiatiques, y compris la Chine. Le « r é g i o n a l i s m e d e l ’ E t a t r é g u l a t e u r » e t n o u v e a u x m o d e s d e g o u v e r n a n c e … 29 programme d’échange mondial « Erasmus Mundus », lancé en 2003 avec un budget de 230 millions d’euros pour les quatre premières années, comprenait un financement supplémentaire pour accroître la participation des étudiants étrangers provenant des pays asiatiques comme l’Inde ou la Chine (les soi-disant « vitrines asiatiques »). Erasmus Mundus visait aussi à encourager les étudiants talentueux à étudier en Europe et à y rester pour poursuivre leurs études afin de contribuer à une économie européenne compétitive. En 2008, Erasmus Mundus soutenait plus de 100 cours de masters. La stratégie mondiale de l’Union Européenne pour les talents cherchait aussi à attirer les chercheurs européens de pointe pour les ramener en Europe en redéfinissant les instruments du programme et de la politique « Marie Curie ». Dans le cadre européen FP7 de financement de la recherche (2007-2013), la dimension européenne fut renforcée, avec des fonds ciblés pour le « retour et la réintégration des chercheurs de pointe qui avaient travaillé à l’étranger ». De plus, les étudiants ayant étudié en Europe pendant 4 des 5 années précédentes devenaient éligibles pour demander le financement de bourses Marie-Curie afin de continuer leur recherche dans les universités européennes. La commission, malgré les résistances initiales, développa aussi une proposition pour la création d’un « Institut Européen de Technologie » qui devait « agir comme un pôle d’attraction pour les plus grands cerveaux et les entreprises du monde entier » (European Commission 2005a). Une version a minima du projet original, en raison des profondes résistances nationales qu’il avait suscitées, fut lancé en 2008 (Jones 2008). Ainsi, l’enseignement supérieur fut profondément intégré dans le projet de l’Union Européenne pour améliorer sa position économique et son influence dans le monde. Le remarquable déroulement du processus de Bologne quoique inégal dans son intégration, et ses instruments variés incluant le programme Tuning (2003-) traduisait les disciplines d’études existantes en compétences. Il établissait aussi le Registre Européen des Qualifications (2008-), pour rassurer les opérateurs d’assurance-qualité de l’enseignement supérieur. Co-constitutif de l’émergence de nouveaux objets et sujets de gouvernance, ces instruments ont généré une discussion mondiale considérable dans les économies clés au sujet des implications du projet européen sur leurs propres intérêts domestiques et leurs stratégies à long-terme. Cette discussion a des chances d’être prochainement nourrie par le récent projet de la Commission Européenne de développement d’un système de classement qui serait mis en œuvre(élaboré) à l’échelle mondiale (Robertson 2009). L’intention ici est de mettre à l’épreuve les systèmes de classement de Shanghai Jiao Tong et du Times Higher au regard des intérêts européens, alors qu’il est largement justifié (spécialement par les Etats Membres du continent, et particulièrement la France) que de tels systèmes de classement conforte et consolide les intérêts américains plutôt que ceux de l’Europe. En somme, il est clair que les techniques de gouvernance régionale prennent de l’ampleur non seulement en termes de régulation interne, mais qu’ils ont été considérés de manière croissante comme possédant la capacité de remettre en cause le fondement du leadership normatif dans le secteur des services d’éducation. Cela a donné une dynamique considérable par les effets directs et indirects du projet européen d’enseignement supérieur sur les autres économies domestiques et les ambitions régionales naissantes à l’échelon local et au-delà. Dans un communiqué en 2006, la Commission expliquait « que les ministres voyaient l’espace européen de l’enseignement supérieur comme un partenaire des systèmes d’enseignement supérieur présents dans les autres régions du monde et faisait remarquer que « le rôle et la visibilité de l’enseignement supérieur dans les relations extérieures à l’Union Européenne s’accroissait notamment dans les pays voisins où les programmes comme Tempus avaient été chargés d’un mandat explicite à la suite de la conférence de Bologne (une politique de voisinage européen), mais également dans les nations industrialisées (membres de l’OCDE et du G8) et les pays en voie de développement (Albanie, Asia Link, etc) (EC 2006, 7). Le BFUG (Bologna Follow-up Group) reçut aussi le mandat d’élaborer et de fonder l’accord sur une stratégie à la dimension externe de façon à renforcer l’attractivité de l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur (BFUG Work Programme 2005–2007; Zgaga 2006). Cette stratégie, être avec les autres régions plutôt qu’avec des pays (BFUG 2005, c’est moi qui souligne), fut établie lors de la rencontre des ministres en 2007 à Londres. Cela veut dire que les régions en (développement sont d’un intérêt prioritaire pour l’Europe. Le travail ensuite consistait à créer les conditions d’une mobilité internationale (Modalité 4 de l’accord du GATT), des structures de reconnaissance, de coopération et d’attractivité. Néanmoins, beaucoup de chercheurs européens que l’Union Européenne souhaitait rapatrier étaient installés aux EtatsUnis, bien établis comme première destination internationale pour les scientifiques et les étudiants étrangers. Les Etats-Unis sont aussi la « r é g i o n a l i s m e d e l ’ E t a t r é g u l a t e u r » e t n o u v e a u x m o d e s d e g o u v e r n a n c e … 31 résidence des universités leader au plan mondial, dominant les classements internationaux depuis les années 1950 (Graham and Diamond 1997; THES 2006; Jiao Tong 2006). Selon la plupart des commentateurs, un « gradient de performance » continue de séparer les universités de recherche américaines du reste du monde (Herbst 2004). Quoiqu’il en soit, les analyses aux Etats-Unis révèlent que les autres pays rattrapent leur retard sur de nombreux fronts (OECD 2006; THES 2006; Spellings Commission 2006), et qu’il « existe des indicateurs alarmants de stagnation et de déclin réel » (Douglass 2006) dans le secteur de l’enseignement supérieur américain. Aux EtatsUnis, il y a maintenant un intérêt croissant pour les développements en Europe. S’est exprimée une admiration pour la rapidité des changements européens et la force de la volonté politique qui l’entourait (Jaschik 2006; Adelman 2008).Cela implique une perte d’avantage compétitif pour les Etats-Unis s’ils n’offrent pas un modèle d’enseignement supérieur attractif à l’échelle mondiale. Comme Adelman le faisait remarquer dans un important rapport pour l’Institute of HIgher Education Policy : « Ce qui a transpiré depuis 1999 ne peut pas être seulement reconnu avec légèreté aux Etats-Unis. Bien que le travail soit en cours, les éléments du processus de Bologne ont été imités en Amérique Latine, en Afrique du Nord, et en Australie. Les caractéristiques centrales du processus de Bologne possèdent une dynamique suffisante pour devenir le modèle d’enseignement supérieur dominant et mondial dans les deux prochaines décennies. Nous avons plutôt intérêt à être vigilant. (Adelman 2008, v) L’un des effets des réformes de Bologne sur les Etats-Unis fut alimenté par un débat sur la “crise” de l’enseignement supérieur américain, et spécialement le besoin de revoir le marketing, les procédures de visa et d’admissions pour empêcher le déclin du nombre des étudiants internationaux après les attentats du 11 septembre (Robertson and Keeling 2008; Adelman 2008). Cela a suscité d’importants changements de l’enseignement supérieur américain. S’en suivit un effort politique de haut niveau et concerté pour sécuriser la position américaine comme destination première. En 2009, le rapport annuel sur l’opération Portes Ouvertes de l’Institut International de l’Education révélait une augmentation de 8%- la plus grosse augmentation en pourcentages dans les recrutements internationaux depuis 1980. En 2009, des expérimentations plus radicales étaient mises en œuvre dans trois Etats américains (Utah, Indiana et Minnesota) en s’appuyant sur les instruments clés du processus de Bologne - le programme Tuning. Le projet est en cours de développement par la Fondation Lumina, des conseillers en éducation proches du président Obama. Le déploiement de Tuning aux Etats-Unis a pour objectif de favoriser une compréhension partagée parmi les porteurs d’intérêt en éducation sur les connaissances disciplinaires et les compétences transférables que les étudiants doivent démontrer pour achever un programme d’études. Tuning a été aussi promu et repris par 18 pays d’Amérique Latine et des Caraïbes (connu sous le nom de Tuning Latino-Américain) impliquant 181 universités et 12 domaines disciplinaires. La réponse américaine à l’Europe peut être mise en perspective avec celle de l’Australie, qui considère le fait d’être dominant sur le marché comme le fruit d’un jeu de hasard. En avril 2006, Julie Bishop, alors ministre de l’éducation, des sciences et de la formation en Australie, présentait un document intitulé Le processus de Bologne et l’Australie. Les prochaines étapes. Cette réponse officielle postulait que l’Australie devait s’assurer d’une compatibilité avec le processus de Bologne ou prendre le risque d’être un « outsider » (Bishop 2006). Considéré de cette façon, les développements de l’espace européen de l’enseignement supérieur représentent une menace majeure pour un certain nombre de raisons. Il y a un flux croissant d’étudiants venant de l’Europe, et être compatible avec Bologne favorise et accroît ces mouvements, dans la mesure où les étudiants pourraient quitter une université australienne avec une qualification jugée acceptable sur le marché du travail européen. Deuxièmement, le gouvernement australien est bien conscient que la Commission Européenne a utilisé un certain nombre d’instruments pour créer des liens et des partenariats avec les régions d’Amérique Latine et d’Asie (Robertson 2008a) afin de faire avancer les intérêts économiques de l’Union Européenne. Si l’Europe devenait une destination enviée par les étudiants asiatiques en raison de sa structure de droits d’inscription très compétitive, du statut des universités et de la tendance croissante à enseigner en Anglais dès la licence, alors elle pourrait aussi menacer la domination de l’Australie sur le marché. En avril 2007, l’Australie a signé une déclaration commune avec l’Europe pour devenir compatible avec les critères de Bologne et renforcer sa coopération pour prendre en compte les questions d’assurance-qualité, de benchmarking et d’indicateurs, de cadres des qualifications (Figel and « r é g i o n a l i s m e d e l ’ E t a t r é g u l a t e u r » e t n o u v e a u x m o d e s d e g o u v e r n a n c e … 33 Bishop 2007). Ces programmes sont considérés par le gouvernement fédéral australien comme essentiels au développement d’une « nouvelle conscience mondiale» parmi les travailleurs et les citoyens. En lien avec la région Asie- la région d’intérêt stratégique pour l’Australie- la Commission Européenne a utilisé le programme « Fenêtres Asiatiques » d’Erasmus Mundus pour recruter des étudiants indiens et chinois afin qu’ils optent pour les masters des universités européennes. Le processus de Bologne a été aussi le principal sujet de conversation d’un nombre important de rencontres Asie-Europe depuis 2005. En plus de cela, certains pays asiatiques ont surveillé étroitement le processus de Bologne, car la Chine bénéficiait d’un statut d’observateur en 2007, pendant la réunion des ministres de l’Union Européenne préparant Bologne, et qu’elle fait partie maintenant de son Forum Politique. Le processus de Bologne et la création d’un espace européen de l’enseignement supérieur ont clairement inspiré la plupart des modes stratégiques de penser les régions tout en valorisant la création et l’institutionnalisation du rôle de l’éducation dans les relations régionales. Alors que l’éducation a été sur l’agenda de forums comme l’APEC (Dale and Robertson 2002), Bologne offre un type d’imaginaire différent, en créant une architecture régionale de l’enseignement supérieur qui donne la possibilité d’un marché unique des services universitaires et le potentiel pour améliorer l’employabilité future. Ces développements laissent penser que les économies domestiques, comme l’Australie et les Etats-Unis, sont impliqués dans un jeu complexe de positionnements stratégiques de façon à gérer la menace (et les opportunités) créés par la croissance rapide de l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur et le processus de Bologne. L’entrée de l’Union Européenne dans cette sphère a clairement « fait basculer » l’équilibre des forces dans une direction très différente. Il n’est donc pas possible d’ignorer ces pressions- étant donné les multiples voies dans lesquelles l’Union Européenne s’est engagée par des projets interrégionaux à la fois dans les régions asiatiques et latino-américaines (Robertson 2006), et face à l’ombre grandissante de la Chine. Au même moment, des économies, comme le Brésil, utilisent l’architecture de Bologne comme un modèle de rationalisation de l’accès afin de générer de nouvelles efficiences du système. Ces développements offrent clairement aux diplômés brésiliens une articulation efficace avec les études supérieures européennes et les marchés du travail du futur, en fournissant une alternative viable au choix des Etats-Unis comme destination pour étudier et travailler. Comme je l’ai fait remarquer plus haut, l’Europe a joué de manière croissante un rôle actif dans la création de plateformes et d’opportunités lui permettant de faire avancer ses propres intérêts à l’échelle mondiale, particulièrement dans la définition de standards internationaux. Lors de la conférence ministérielle de Bologne organisée à Louvain-la-Neuve en mars 2009, un Forum Politique de Bologne fut organisé qui impliquait les ministres de l’éducation des 46 pays membres et des collègues de différentes parties du monde : Australie, Brésil, Canada, République Populaire de Chine, Egypte, Ethiopie, Israël, Japon, Kazakhstan, Kirghizistan, Mexique, Maroc, Nouvelle-Zélande, Tunisie et Etats-Unis, et aussi l’Association Internationale des Universités. Présentée comme une occasion d’engager un « dialogue mondial », les questions abordées par le Forum incluait : la reconnaissance des qualifications, l’échange d’enseignants, de chercheurs et d’étudiants, et l’assurance-qualité. « Le régionalisme de l’Etat régulateur » Dans cette section finale, je vais revenir à l’idée d’un régionalisme régulateur comme manière de penser la complexité des régions et la façon dont elles sont constituées- et dans ce cas précis l’Europe. J’ai défendu l’idée que le développement de l’Europe comme région devait être considéré comme un projet politique dont les antécédents peuvent être trouvés dans les crises de production, y compris les crises des économies domestiques. Et, nous pouvons voir à partir du développement d’une stratégie pour l’économie de la connaissance en Europe dans l’enseignement supérieur, que c’est évidemment le cas. En suivant Jayasuriya, j’ai montré qu’il était crucial que nous percevions l’Europe, non comme un champ d’action construit selon une seule échelle, mais comme une relation dialectique entre de multiples échelles d’activité, constitutives chacune leur tour de l’Europe, d’un secteur européen de l’enseignement supérieur, et de citoyens européens comme objets et sujets de gouvernance. Néanmoins, j’estime aussi que le contenu socio-économique du projet politique au cœur du régionalisme régulateur de l’Europe s’est transformé dans le temps, comme résultat d’une lutte entre des forces sociales promouvant des projets politiques à de multiples échelles autour d’une re/direction de l’économie européenne. Depuis 2003, une « r é g i o n a l i s m e d e l ’ E t a t r é g u l a t e u r » e t n o u v e a u x m o d e s d e g o u v e r n a n c e … 35 nouvelle phase a commencé à se matérialiser, dirigée par une rhétorique explicite de la « mondialisation » et d’une série de projets. Cela inclut la médiation entre des réseaux régionaux, des composants essentiels de l’architecture de l’enseignement supérieur. Au même moment, la dynamique et l’impact qui résultaient du succès visible du projet d’enseignement supérieur européen créait une série de conditions au niveau mondial qui faisaient que ce projet était impossible à ignorer par les acteurs clés. J’ai nommé cette dimension « l’extra-régional ». Cette « source », pour utiliser l’expression de Jayasuriya, par combinaison avec les économies domestiques comprises sur le territoire européen, a été la stratégie et le fruit d’un travail dynamique et dialectique, direct et indirect. Au final, demeure une importante question: pourquoi ensemble le BFUG et la Commission Européenne, avec les auteurs acteurs clés au niveau européen comme l’EUA, lesquels sont tous engagés dans le développement de l’Europe comme un projet politique, ont cherché à donner priorité aux régions plutôt qu’aux pays comme moyen de promouvoir ce que Zgaga appelle l’« écho » mondial de Bologne (2006, 16) ? A ce niveau, nous pouvons lire cette centration sur les autres régions comme un mouvement politique, capable d’invoquer un type particulier de légitimité provenant du fait d’être un signataire de la Convention de Lisbonne (1997). Selon les termes de la convention, l’approche d’autres régions du monde devait contribuer à renforcer la capacité de l’Europe à « promouvoir la paix, la compréhension mutuelle et la tolérance » (Zgaga 2006, 19). Néanmoins, nous pouvons aussi lire cette priorité donnée aux partenariats régionaux comme une stratégie, la conséquence de conflits, « par-dessus l’accroissement des géométries variables en matière de gouvernance dans et au-delà des frontières de l’Union Européenne » (Jessop 2005, 225). Les partenariats régionaux ont tiré leur potentiel des vieux liens coloniaux, de leurs diasporas élitaires et des réseaux intellectuels (par exemple l’Afrique francophone, l’Afrique lusophone, l’Amérique Latine). Ils sont aussi des mécanismes utiles pour activer et constituer de nouvelles formes de ré/organisation régionale qui aspirent progressivement à l’existence, des cadres normatifs européens (les instruments de restructuration de l’enseignement supérieur européen) et un pouvoir normatif, plutôt que son alternative : la capacité américaine à fabriquer de la norme (Hartmann 2008). Néanmoins, je voudrais aussi souligner que négocier à travers les régions signifie aussi être capable de passer par-dessus les échelles (Jessop 2005, 226), escalader les positions existantes, comme celles de l’Etat-Nation et sa revendication Westphalienne du territoire et de la souveraineté, en cherchant en lieu et place à faire avancer et institutionnaliser ses intérêts au travers de nouvelles alliances. Comme cet article l’a montré, la redistribution scalaire du travail de l’Etat et de l’éducation est un aspect important de la restructuration économique et politique (Collinge 1999). Considéré de cette façon, les interrégionalismes offrent une plate-forme et une possibilité pour une région naissante- dans ce cas précis l’Europe- pour agir comme un Etat, faisant avancer la revendication d’une domination dans l’arène interrégionale qui elle-même opère stratégiquement sur un terrain sélectif, étant donné les caractéristiques, les capacités et les activités des organisations situées à cette échelle régionale. Ailleurs, Jayasuriya (2008, 21) y a fait référence comme « la transformation de l’espace territorial dans lequel l’Etat opère » et il a établi qu’en reprenant les idées de Poulantzas (1978, 104) selon lesquelles l’Etat a tendance à monopoliser les procédures d’organisation de l’espace, « la gouvernance régionale a besoin d’être conceptualisée comme un processus politique qui trace les courbes d’un espace régional dans l’Etat ». Cette affirmation semble être fondée lorsqu’on observe le projet politique européen tel qu’il a été présenté ci-dessus. Cet espace étatique multi-scalaire, comme représentant légitime et autorisé de ses composantes respectives (c’està-dire des Etats-Membres, quelque soit leur mode opératoire), exerce une « souveraineté contingente » (Elden 2006), au travers d’un leadership avant-gardiste et dénationalisé dans une « communauté du rendre compte » nouvellement constituée (Jayasuriya 2009). Nous pouvons donc admettre que la phase actuelle de régionalisme régulateur dans l’enseignement supérieur, constitue un moment distinct, discontinu, mais non déconnecté dans la formation d’un état européen qui semble bien représenté à travers la notion de « régionalisme d’Etat régulateur ». « r é g i o n a l i s m e d e l ’ E t a t r é g u l a t e u r » e t n o u v e a u x m o d e s d e g o u v e r n a n c e … 37 Références bibliographiques ADELMAN, C. (2008). The Bologna Club: What US higher education can learn from a decade of European reconstruction. Washington, DC: Institute for Higher Education Policy. 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La stratégie de Lisbonne, en 2000, a fixé des objectifs à l’enseignement supérieur européen, ce qui a contribué à modifier la représentation de ses fonctions. Puis, à partir de 2003, le dispositif européen de l’enseignement supérieur activé en 1998 à la Sorbonne a intégré un nombre croissant de règlements et d’éléments porteurs de contraintes. La mise en place de procédures de contrôle de la qualité de l’enseignement supérieur permet d’agir sur les pratiques des enseignants. Il en résulte que l’évaluation des enseignements, tel qu’elle était pratiquée dans les universités de la Communauté française de Belgique a changé de monde et a acquis des significations totalement différentes de celles qui lui étaient données précédemment. MOTS CLÉS Processus de Bologne, évaluation de la qualité, enseignement supérieur, évaluation des enseignements dispositif, ABSTRACT During its first years, the Bologna Process seemed not very constraining. It brought only constraints of form, which affected neither the work of the teachers, nor representations of the functions of the university. The Lisbon strategy, in 2000, set objectives at European higher education, which contributed to modify the representation of its functions. Then, starting from 2003, the European higher education apparatus activated in 1998 in the Sorbonne integrated a growing number of regulations and elements writservers. The installation of control procedures of the quality of higher education makes possible to act on the practices of the teachers. It results that the evaluation of the lesson, such as it was practised in the universities of the French-speaking Community of Belgium changed world and acquired significances completely different from those which were given previously. KEYWORDS Bologna process, Quality evaluation, Higher education, courses evaluation & assessment Introduction L’évaluation des enseignements est entrée dans les pratiques des universités de Belgique francophone d’assez longue date. Elle y a été introduite par quelques fourriers de la pédagogie universitaire, dont la majorité avait fait un séjour au Québec, qui ont voulu en faire un moyen de rendre plus fluides les relations entre les professeurs et les étudiants et de fédérer leurs efforts dans l’objectif de produire un enseignement ajusté aussi finement aux capacités des apprenants qu’aux exigences des univers professionnels auxquels ils se destinaient. L’accord sur cette définition des fonctions de l’évaluation des enseignements universitaires n’a pas été remis en cause jusqu’à ce que des logiques managériales, portées autant par des organismes privés d’accréditation tel EQUIS (European Quality Improvement System), que par des instances publiques comme AEQUES (Agence pour l’évaluation de la qualité de l’enseignement supérieur en Communauté française de Belgique) (Souto Lopez, 2012) imposent de le faire. Les évaluations ont alors changé de monde sans que les Le dispositif impose la migration des objets … 45 instruments qui servent à les réaliser ne soient d’une quelconque manière modifiés. Elles sont désormais utilisées par le management universitaire qui peut subordonner les nominations définitives ou les promotions des professeurs à l’avis que les étudiants donnent de leurs enseignements. Ces pages proposent une lecture de cette migration en s’appuyant sur le concept de dispositif fondé par Foucault. Le dispositif de production du nouvel universitaire Parmi les concepts dont disposent les sciences humaines pour analyser comment des éléments de diverses natures peuvent se combiner pour orienter les représentations et les comportements des individus, celui de dispositif présente l’intérêt de suggérer un mécanisme plutôt que d’en décrire précisément le fonctionnement. En cela, il s’agit d’un concept heuristique qui vaut surtout par les interprétations auxquelles il ouvre et invite. La citation canonique de Foucault énonce que le dispositif est « un ensemble résolument hétérogène comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques ; bref, du dit aussi bien que du non-dit, voilà les éléments du dispositif. Le dispositif lui-même c’est le réseau qu’on établit entre ces éléments […] par dispositif, j’entends une sorte […] de formation qui, à un moment donné, a eu pour fonction majeure de répondre à une urgence. Le dispositif a donc une fonction stratégique dominante » (Foucault, 1994, p. 299). Trois points essentiels figurent dans cette définition : le dispositif est un ensemble hétérogène ; c’est le réseau qu’on établit entre ces éléments ; il a une fonction stratégique dominante. Au départ de cette conceptualisation, nous avons considéré qu’en convoquant la réunion de la Sorbonne, en 1998, Claude Allègre avait activé un dispositif européen de l’enseignement supérieur, dont toutes les pièces étaient d’ores et déjà en place et attendaient d’être mises en réseau pour combiner leurs effets prescriptifs. Parmi ces pièces, citons « les discours sur la perte d’attractivité de l’enseignement supérieur et les propositions énoncées pour tenter de l’enrayer, les textes que le Conseil de l’Europe et l’UNESCO ont fait adopter pour faciliter la reconnaissance des parties d’études et des diplômes obtenus à l’étranger, les conférences régionales organisées par l’UNESCO à partir de 1997 sur l’enseignement supérieur, dont chacune a abouti a un rapport qui prônait des réformes du supérieur sur chaque continent, les initiatives prises par la Commission européenne pour soutenir la mobilité des étudiants et des personnels, les projets pilotes de mobilité lancés par la Commission et testés par les universités, la réponse très positive de beaucoup de familles qui analysent la mobilité de leurs enfants comme un signe de distinction et acceptent dès lors de la soutenir financièrement, la Magna Charta Universitatum adoptée par les universités européennes, le forum universités-industries qui a été créé par la CRE et l’ERT pour formuler des propositions communes à présenter aux Communautés européennes et aux gouvernements nationaux sur les rapports entre les universités et leur environnement, les débats américains sur les fonctions prioritaires de l’enseignement supérieur et son choix de privilégier la formation de l’élite » (Croché, 2010, p. 128-129). Avant l’action que Claude Allègre, soutenu par ses collègues, les ministres responsables de l’enseignement supérieur au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie, a exercée sur ces pièces pour les mettre en réseau, elles ne constituaient pas un dispositif. Tout au contraire, les initiatives prises entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et la réunion de la Sorbonne pour faciliter la circulation internationale des étudiants et la reconnaissance de leurs acquis apparaissent particulièrement peu concertées, chacune d’elles semble avoir été inspirée par la volonté de baliser le territoire et de valoriser un opérateur aux dépens des autres, bien plus que par celle de faire avancer un grand dessein. En reliant toutes ces pièces dans une logique cohérente, tendue vers la construction de ce qui ne pouvait alors avoir qu’un statut d’utopie, à savoir l’harmonisation de l’architecture du système européen de l’enseignement supérieur par la création d’un espace européen ouvert de l’enseignement supérieur, Allègre les a placées dans une configuration qui a attribué à chacune un potentiel d’influence sur les représentations collectives et les comportements. La construction de ce dispositif poursuivait un but stratégique. Les observateurs ne s’y sont pas trompés, le premier objectif d’Allègre et de ses trois homologues était incontestablement de faire barrage à la Commission européenne pour préserver l’autonomie des systèmes nationaux et des établissements d’enseignement supérieur (Paradeise, 2009 ; Ravinet & Muller, 2008). Le dispositif impose la migration des objets … 47 L’acteur qui parvient à activer un dispositif peut espérer rester maître de sa puissance, mais cette maîtrise ne lui est nullement garantie. Quand les pièces qui le composent s’agencent et trouvent leur place dans l’ensemble qui leur donne force, il est fréquent que le dispositif échappe à son initiateur : le démiurge n’est pas propriétaire de sa création, et le moment où elle s’émancipe de son emprise est paradoxalement celui qui atteste qu’il a bien réussi son entreprise. Un dispositif a une capacité d’influence sur les représentations collectives et l’orientation des conduites proportionnelle au nombre et à la puissance des acteurs qui l’alimentent par leurs discours, leurs décisions, les institutions ou les règlements qu’ils mettent en place. Ces acteurs sont dans une interminable concurrence pour proposer des synthèses susceptibles de fédérer un maximum de partenaires et d’orienter l’action des institutions. Le concept de « mise en boîte noire » de Latour (1987) aide à décrire ce qui se joue concrètement : les acteurs ne sont pas engagés dans une simple lutte de pouvoir qui ferait de chacun l’adversaire de chacun et de tous les autres. En fait, chacun est incité, par la dynamique propre du dispositif, à chercher la manière d’exprimer l’intérêt collectif de la meilleure des manières, c’est-à-dire par celle qui peut fédérer et mobiliser le plus de partenaires, qui peut les convaincre de s’inscrire dans un mouvement collectif et de se soumettre à sa discipline parce que cette adhésion leur apparaît à ce moment comme la garantie la plus sûre de leurs intérêts particuliers. Le dispositif européen de l’enseignement supérieur a rapidement échappé au contrôle de ses concepteurs 1 qui en ont été proprement expulsés2 et il a été annexé par la Commission européenne, contre laquelle il avait été initialement suscité lors de la rencontre de la Sorbonne. Le propre d’un dispositif est de se nourrir de tout ce qui lui est adressé et d’en faire une matière propre à orienter les actions et les représentations. Même les critiques qui visent les éléments qui le constituent ou les liens qui les rendent solidaires le renforcent, en ceci qu’elles le mettent au centre de l’attention et suggèrent que les domaines qu’il concerne ne peuvent être abordés en des termes autres que ceux qu’il a mobilisés. Le constat de l’inanité des critiques, du désarmement systématique des attaques gonfle la puissance Pour les détails de cette annexion, voir Croché, 2010. Disparu des instances de pilotage du processus de Bologne dès 1999, Allègre n’a même pas été invité aux festivités organisées à l’occasion de son dixième anniversaire. 1 2 persuasive du dispositif qui s’appuie sur des éléments de natures très variées pour « conduire les conduites », pour reprendre les termes de Foucault. L’argumentaire décrit dans ces pages est un de ces éléments. Il n’aurait toutefois qu’une puissance persuasive bien limitée s’il n’était adossé à des éléments politiques et organisationnels qui lui confèrent une crédibilité et à des règlements qui, en établissant un système de récompenses et de sanctions, donnent une substance tangible aux messages prescriptifs. Depuis son activation en 1998 par Allègre, le dispositif européen de l’enseignement supérieur n’a pas cessé de s’enrichir de nouvelles pièces qui remplissent ces fonctions. Parmi les plus importantes, la stratégie de Lisbonne (2000) désigne les objectifs de l’enseignement supérieur européen, mis au service de l’objectif de « faire de l’Europe l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique au monde d’ici 2010 ». L’échec incontestable de la stratégie de Lisbonne n’a pas amené la Commission européenne à renoncer à cet objectif, qui, dans la stratégie Europe 2020 (2010), est devenu : faire de l’Union européenne « une économie intelligente, durable et inclusive ». Plusieurs instruments qui visent explicitement à accompagner et orienter les politiques nationales sont venus compléter le dispositif. En 2000, la Commission européenne a mis en place l’ENQA (European Network Quality Assurance, devenu European Association for Quality Assurance in Higher Education en 2004) ; en 2007, sur proposition du groupe E4, dont fait partie l’ENQA, les ministres de l’enseignement des pays membres du processus de Bologne ont décidé de créer l’EQAR (European Quality Assurance Register for Higher Education). Nous reviendrons sur le rôle majeur de ces deux instances dans le pilotage de l’enseignement supérieur européen. C’est aussi en 2000 que la Commission européenne a demandé à chaque pays de désigner des promoteurs de Bologne, qu’elle a commencé à décerner des labels ECTS (European Credit Transfer System) et supplément aux diplômes pour distinguer les établissements les plus avancés dans l’adoption de réformes. En 2002, elle a adopté le programme Erasmus World (Erasmus Mundus) et a élargi son programme Tempus à davantage de pays hors de l’Europe. Dans les deux cas, l’objectif a été d’affirmer l’ambition de l’enseignement supérieur européen de rayonner au-delà de ses frontières. Enfin, la Commission européenne a eu des actions répétées visant à structurer tout le champ de l’éducation et de la formation en lançant en 2002 le programme Éducation-Formation 2010, en adoptant Le dispositif impose la migration des objets … 49 en 2008 un « cadre européen des certifications pour l’éducation tout au long de la vie », en soutenant le processus de Bruges-Copenhague initié en 2001, en créant un système de crédits pour la formation professionnelle à l’image des ECTS (ECVET – European Credit system for Vocational Education and Training). Le dispositif européen de l’enseignement supérieur est matérialisé par un ensemble de liens fonctionnels, d’organismes et de règles qui puise sa force contraignante dans l’imaginaire qui assure la mise en réseau de tous ses éléments, tant le nouvel argumentaire qui modifie les représentations du rôle des universités que les nouveaux outils mis au point pour encadrer leur fonctionnement ou encore les nouvelles manières de piloter l’enseignement supérieur. Beaucoup de celles-ci ont été amenées ou validées par la Commission européenne, qui a introduit la Méthode ouverte de coordination (MOC) lors du sommet de Lisbonne de 2000. Cette méthode a mis dans la lumière un attirail, aujourd’hui peu contesté, où se retrouvent le benchmarking, les indicateurs de mesure des résultats, les auto-évaluations, les classements, le repérage des « bonnes pratiques », l’evidence based policy, etc. Cet attirail est destiné à s’enrichir encore : en 2009, la Commission européenne a lancé la réflexion sur la manière dont il serait possible d’établir un classement des universités en Europe. Année après année, elle a par ailleurs financé de nombreux rapports et études de faisabilité dont elle a confié la rédaction à une courte liste d’organisations avec lesquelles elle collabore de façon régulière (EUA – European University Association, ESIB, devenu ESU – European Student Union en 2007, EURASHE – European Association of Higher Education Institutions, ACA – Academic Cooperation Association, etc.). Chacune des pièces du dispositif est reliée de façon directe à chacune des autres et contribue à lui imputer un sens qui n’est contraint que par une seule exigence, celle de préserver les liens logiques entre toutes les pièces qui constituent le réseau. Chacune est en même temps marquée par les significations amenées par les liens établis avec chacune des autres. Le dispositif se présente donc comme un ensemble de liens, tous capables de se distendre sans se rompre quand ils sont sollicités pour absorber les chocs qui peuvent intervenir à n’importe lequel de ses nœuds. L’adhésion au processus de Bologne de pays aux traditions universitaires éloignées de celles des fondateurs, ou l’appropriation à la carte des principes qu’il promeut sont autant de chocs. L’élasticité des liens a protégé le réseau qui tend à se resserrer le plus possible, en ce sens qu’il exerce une action ininterrompue pour établir la plus grande cohérence entre tous ses éléments. Ceci explique que des politiques d’enseignement supérieur nationales qui paraissent amenées par des facteurs strictement nationaux contribuent encore à renforcer le dispositif européen de l’enseignement supérieur puisqu’elles partagent sa vision du rôle que l’enseignement supérieur doit jouer dans les sociétés contemporaines et de la manière dont il doit être piloté. La logique d’ensemble est donnée par le tout autant que par chaque élément qui le constitue, chaque décision particulière donne davantage de crédit aux représentations qui expriment cette logique et légitime les outils dont elle requiert la mise en œuvre. Un réseau dont les liens se resserrent peu à peu Dans les premiers temps qui ont suivi son activation, le dispositif européen de l’enseignement supérieur a été peu contraignant. Son expression la plus explicite est le processus de Bologne, qui n’a pas amené tout de suite de grands changements dans l’organisation ou la conception de l’enseignement supérieur. Les seules mesures qui peuvent lui être imputées de façon directe sont le remodelage des curricula selon la nouvelle architecture des études supérieures adoptée au sommet ministériel de Bologne en 1999 et la généralisation de l’usage des ECTS. Ces deux transformations ont essentiellement été vécues comme des aménagements de forme, parce qu’elles n’ont que faiblement affecté le travail des enseignants et des chercheurs et les conceptions communes de l’université. L’évolution la plus visible a été le passage à une architecture des études supérieures en trois cycles qui, dans de nombreux pays, a contraint à modifier la durée des études. Il n’a toutefois pas débouché sur une standardisation des durées d’études et a au contraire été de pair avec leur multiplication (Croché, 2006). Ce paradoxe a pu laisser croire que le dispositif était par essence tolérant. L’arbre ne peut pas cacher la forêt, la tendance globale a été à l’adoption d’un premier cycle de trois ans, d’un deuxième d’une ou deux années (Reichert & Tauch, 2003 ; BFUG, 2007 ; BFUG, 2009). En 2005, les nombreuses exceptions ont été intégrées au cadre global des qualifications pour l’espace européen de l’enseignement supérieur. Celui-ci détermine les nombres minimaux et maximaux d’années d’études et d’ECTS pour chacun des trois cycles d’études (Ministry of Science, Technology and Le dispositif impose la migration des objets … 51 Innovation 2005). Constatant qu’elle ne pouvait imposer la même architecture à toutes les filières d’études supérieures et que ce n’était sans doute pas souhaitable, la Commission européenne a ajusté sa stratégie en organisant la prolifération des durées d’études pour qu’elle contrarie le moins possible ses objectifs de comparabilité et de compatibilité des études supérieures. L’autre modification spectaculaire, le passage aux ECTS, a souvent résulté de l’application d’une règle de trois, qui a permis de transformer des nombres d’heures par année en nombres d’ECTS, sans que cela impose de réformer les manières d’enseigner. Ces deux transformations induites par le processus de Bologne ont donc été vécues comme cosmétiques, il n’est pas apparu que les changements de gabarit ou d’instrument de mesure étaient porteurs d’une altération du sens de ce qui est mesuré. Ceci ne signifie pas que ces transformations se sont faites sans mal, aucune n’a été indolore, chacune a fait l’objet d’âpres débats et toutes ont contribué à fragiliser des équilibres, d’une part sur les territoires nationaux entre les filières d’études et entre les établissements, d’autre part entre les systèmes nationaux d’enseignement supérieur. Le dispositif européen de l’enseignement supérieur ne se résume pas au processus de Bologne, qui n’en est que l’expression la plus apparente. Ce processus a été systématiquement utilisé par des responsables politiques nationaux comme justification pour modifier à la fois la gestion des établissements et le pilotage de l’enseignement supérieur et de la recherche. Depuis les années 1960, le secteur avait acquis la réputation d’être rétif au changement et capable de mobilisations acharnées. Dans beaucoup de pays, les responsables politiques avaient dès lors préféré différer les réformes, même s’ils les estimaient très nécessaires. Le processus de Bologne a ouvert une « fenêtre d’opportunité » (Kingdon, 1995) qu’ils ont pu exploiter pour débloquer des dossiers que rien ne rapprochait, si ce n’est qu’ils concernaient l’enseignement supérieur. Ces différences masquaient l’action profonde du dispositif qui a valorisé le changement dans l’enseignement supérieur. L’essentiel n’était pas dans le contenu des réformes, il était dans le fait qu’il était désormais devenu possible d’envisager une réforme en profondeur de l’enseignement supérieur. Les responsables politiques qui ont introduit des réformes significatives dans les systèmes nationaux d’enseignement supérieur l’ont fait en s’appuyant sur un argumentaire qui lie la mobilité des personnels et des étudiants, la concurrence internationale dans une économie de la connaissance, la nécessité de s’adapter à une organisation de l’enseignement supérieur plébiscitée par la majorité des pays développés. Ce faisant, ils ont contribué à populariser et à crédibiliser l’orientation donnée au dispositif de l’enseignement supérieur. En 2003, Viviane Reding, alors commissaire européenne à l’Éducation, a entrepris de resserrer le dispositif. Elle l’a fait en signifiant qu’il n’y aurait pas d’application du processus de Bologne « à la carte » (Reding, 2003) et qu’il n’était pas question de remettre en débat l’orientation que la Commission européenne a imposée au processus de Bologne en l’annexant à la stratégie de Lisbonne en 2000 puis à la stratégie Europe 2020 qui lui a succédé : l’université doit jouer un rôle moteur dans la construction de l’économie de la connaissance. Les discours de Viviane Reding structurent les arguments plaidant pour la réforme des universités. Son diagnostic est des plus alarmants : « sans de profondes mutations, nos systèmes d'enseignement supérieur sont menacés de déclin dans un environnement devenu hautement compétitif […] Les filiales d'universités américaines s'installent chaque année plus nombreuses en Europe […] Il est trop tard pour crier au loup, car celui-ci est depuis longtemps dans la bergerie et n'en partira pas » (Reding, 2003). Les universités européennes ne pourront être sauvées que si elles acceptent de se réformer : « quelle est l'alternative à la réforme ? Pour les étudiants, c'est celle de diplômes non reconnus la frontière passée et, souvent, de conditions d'études sous-optimales […]. Pour les universités, l'alternative, c'est le déclin inexorable […] » (Reding, 2003). Sa position la rend très consciente des oppositions que suscitaient alors certaines mesures adoptées par les États et imputées, à tort ou à raison, au processus de Bologne ou à la Commission européenne. Elle s’en prend donc à ceux qui ne partagent pas son analyse, en affirmant qu’ils n’ont rien compris, ce qui disqualifie leurs avis : « j'entends parfois que l'Europe ou l'Organisation mondiale du commerce voudraient privatiser l'enseignement supérieur. C'est ne rien comprendre à la réalité ! » (Reding, 2003). Aux yeux de Reding, les modifications organisationnelles induites par le processus de Bologne ne se justifiaient que par la mutation culturelle dont elles faisaient le lit, comme en témoigne l’appel qu’elle a lancé « aux Le dispositif impose la migration des objets … 53 universités, pour que celles qui n'ont pas encore changé de mentalité le fassent rapidement » (Reding, 2003). Les deux éléments-clés du discours de Reding sont qu’il n’y a nulle place pour une adhésion à Bologne « à la carte » et que l’objectif de la Commission européenne est de produire un changement « de mentalité ». Mis en perspective, ces deux éléments dessinent les contours d’un projet politique ambitieux : il s’agit de transformer les conceptions du rôle et de la place de l’université dans les sociétés européennes contemporaines. Les modifications organisationnelles amenées par la nouvelle architecture des études supérieures ou les ECTS n’étaient pas des objectifs finaux, elles étaient destinées à agir sur les mentalités pour faire converger toutes les pratiques vers le modèle de fonctionnement considéré par la Commission européenne comme le seul qui peut sauver l’université européenne. En modifiant les gabarits et les instruments de mesure des études supérieures, le processus de Bologne n’a pas affecté de façon directe les définitions socialement partagées du rôle et de la fonction des universités, mais il a désarmé leurs systèmes de défense. Elles ne peuvent plus arguer d’une tradition pour justifier leurs pratiques, puisque le changement de gabarit et d’instrument de mesure leur fait entamer une nouvelle histoire, devant laquelle elles se retrouvent sans expérience pertinente. Ce changement a donc eu des répercussions profondes : en imposant à tous les établissements d’adopter de nouveaux outils, il les a rendus identiquement incompétents. Tous doivent désormais justifier leurs choix à l’intérieur d’une configuration dont ils ne maîtrisent pas encore les pièges et les ressources. Le réseau resserré provoque la migration des objets L’action normative menée par la Commission européenne à partir du sommet de Berlin de 2003 a produit ses effets sur le dispositif européen de l’enseignement supérieur et a rendu imaginable ce qui ne l’était pas en 1998, ce contre quoi quatre ministres de l’Enseignement supérieur s’étaient coalisés à la Sorbonne : des contraintes édictées ou suggérées par la Commission européenne pèsent désormais sur les systèmes et les établissements nationaux d’enseignement supérieur. En présentant comme une évidence incontestée la constitution d’un espace européen de l’enseignement supérieur, le dispositif a appelé en corollaire la nécessité de coordonner le fonctionnement des établissements qui occupent cet espace. La première tentative d’établir cette coordination est passée par des textes dont la force résidait dans l’accord des responsables nationaux sur lequel ils étaient établis. Cette force s’est révélée insuffisante. Quand elle n’est que morale, la contrainte a une efficacité moindre que quand des règles explicites dotent une instance de la puissance de réserver à ceux qui la respecte scrupuleusement l’accès à des ressources précieuses, comme la réputation (Dale, 2010). La justification de la contrainte et les moyens de l’exercer ont été fournis par la qualité : le dispositif européen de l’enseignement supérieur a intégré à la fois un discours sur la qualité, qui tend à la constituer en enjeu vital et des structures organisationnelles dédiées à évaluer les programmes et les établissements. Le projet de coordonner les initiatives adoptées en vue de contrôler la qualité de l’enseignement supérieur n’est pas neuf, il a été affirmé explicitement dès le lancement du processus de Bologne, certains analystes considèrent même que c’en est l’axe essentiel. S’il n’a pu se réaliser rapidement, c’est en bonne partie parce que les États se sont montrés très réticents à accepter de déléguer à une instance internationale le droit de fixer les critères de qualité de leurs établissements d’enseignement supérieur et de recherche. La multiplication des rankings autant que le bruit médiatique qu’ils suscitent ont fait évoluer les mentalités en montrant à quel point il était devenu illusoire de protéger les établissements des comparaisons. En effet, dès lors qu’ils sont incités à recruter sur une scène internationale, les établissements ne peuvent pas refuser les mécanismes d’évaluation qui y ont cours, ils sont même tenus de s’y soumettre et de collaborer en livrant des informations qui permettent de les classer. En se soumettant volontairement à des épreuves d’évaluation ou de certification de la qualité dans lesquelles ils peuvent faire valoir les spécificités de leur projet, les établissements peuvent finalement mieux se protéger que quand ils sont classés de façon très mécanique au départ de quelques critères dont ils ne peuvent négocier ni l’application ni la pondération dans la construction de la note finale. Les autorités européennes n’ont pas été les premières à affirmer qu’il était nécessaire de mettre en place des procédures d’évaluation de la qualité dans l’enseignement supérieur, elles ne sont pas les seules à continuer à le soutenir. Une illustration parmi bien d’autres possibles Le dispositif impose la migration des objets … 55 en est offerte par la déclaration finale de la conférence mondiale de l’UNESCO de 2009, qui recèle cette prescription peu nuancée : « des mécanismes de contrôle et d’assurance qualité doivent être mis en place pour tout le secteur de l’enseignement supérieur » (UNESCO, 2009, p. 4). Comme en écho aux propos de Viviane Reding qui affichait sa volonté de changer les mentalités des universités, l’UNESCO estime que « la qualité exige à la fois la mise en place de systèmes d’assurance qualité et de programmes d’évaluation et la promotion d’une culture de la qualité au sein des établissements » (UNESCO, 2009, p. 4). Le mode européen d’organisation de l’évaluation de la qualité est considéré comme celui qu’il faut suivre : « la mondialisation a mis en lumière la nécessité de créer des systèmes nationaux d'homologation et d'assurance qualité et de promouvoir leur mise en réseau » (UNESCO, 2009, p. 6). Ces éléments s’intègrent harmonieusement au dispositif européen de l’enseignement supérieur en présentant le cheminement vers la qualité comme tout aussi souhaitable qu’inéluctable. Le lexique convoqué pour la circonstance est impératif : « des mécanismes […] doivent être mis en place », « la qualité exige », « la nécessité de créer ». L’UNESCO n’a pas les moyens de contraindre les États, et le décalage entre la fermeté de ses recommandations et la faiblesse de ses moyens d’action peut amener à se questionner sur la pertinence de ses propos. Isolés, ils paraissent dérisoires, mais quand ils prennent leur place dans un réseau de sens déjà bien établi, ils s’avèrent très efficaces pour apporter un surcroît de légitimité aux prescriptions que d’autres instances ont émises. Dans l’espace européen de l’enseignement supérieur, ces prescriptions sont sans ambiguïté. Tous les pays membres du processus de Bologne ont été fortement incités à créer leur agence nationale d’évaluation de la qualité et à la faire reconnaître par l’EQAR et l’ENQA. Les agences nationales sont libres de mener leurs évaluations des établissements d’enseignement supérieur comme elles l’entendent, mais si elles veulent être reprises dans le registre EQAR « qui facilitera l’identification des agences professionnelles et crédibles » (CNE, 2006, p. 5), elles sont tenues de se conformer aux directives du Standard and Guidelines for Quality Assurance in the European Higher Education Area, adopté par les instances de pilotage du processus de Bologne en 2005. L’EQAR et l’ENQA s’inscrivent dans le dispositif comme les gardiens de la qualité des agences de qualité, c’est-à-dire comme les instances habilitées à attester que les évaluations des établissements qu’elles opèrent sont effectuées selon les règles de l’art. En être membre ouvre sans réserve le droit de participer aux échanges d’idées, d’étudiants, de chercheurs et d’enseignants que soutient la Commission européenne. Ne pas en être n’exclut pas d’office de ce droit, mais impose d’autres épreuves à ceux qui veulent en bénéficier. Le Standard and Guidelines est un catalogue de prescriptions, plus impératives l’une que l’autre. Dans la traduction française qu’en propose le Comité national d’évaluation français (CNE), « les mots dérivés du verbe "devoir" apparaissent 67 fois » (Croché, 2012, p. 102), on peut dénombrer dans le texte original 165 occurrences de should, ce modal auquel recourt la langue anglaise pour dire l’obligation quand elle veut le faire avec courtoisie et élégance. Nous ne reprendrons ici que les quelques consignes qui portent sur l’évaluation des enseignements, dans la mesure où elles ont modifié la signification qu’elle avait dans les universités de Belgique francophone et dont il convient de présenter quelques caractéristiques. L’évaluation des enseignements s’y est introduite à petit bruit au cours des dernières décennies. La facilité avec laquelle elle a pu s’intégrer souplement aux pratiques peut surprendre quand on sait les oppositions vives auxquelles elle se heurte en France (Garcia, 2008b). Les rapports que les citoyens entretiennent avec l’État expliquent cette différence entre les deux pays. L’évaluation de l’enseignement par les étudiants est née aux États-Unis, où le doute sur la capacité des autorités publiques d’avoir une gestion efficace est intégré à la culture d’une bonne partie de la population. Dans l’histoire de la Belgique, cet État sans nation, le refus de laisser les autorités publiques intervenir dans l’enseignement autrement que pour lui garantir les moyens de fonctionner correctement a été constant 3. Le financement des établissements de tous les degrés de l’enseignement dépend directement du nombre d’inscrits. Les universités sont tenues d’accueillir tous les porteurs d’un diplôme de l’enseignement secondaire, et l’obtention de celui-ci est de la seule responsabilité des écoles, qui ne doivent justifier leurs décisions auprès d’aucune instance. Les étudiants entament dès lors leurs études supérieures avec des acquis très différents et des ambitions très contrastées. Dans cette configuration particulière, l’évaluation des enseignements par les étudiants se présente comme une ressource précieuse pour les professeurs, elle leur permet de prendre une mesure approximative La proposition doit être un peu nuancée : depuis la communautarisation de l’enseignement intervenue en 1989, des responsables politiques ont fait preuve d’un interventionnisme jusque-là inédit dans tous les degrés de l’enseignement. 3 Le dispositif impose la migration des objets … 57 des compétences et des intérêts des étudiants. Jusqu’à ce que les pilotes du processus de Bologne en décident autrement, l’évaluation des enseignements par les étudiants était inscrite dans une logique domestique, au sens que Derouet (2000), dans la foulée de Boltanski et Thévenot, donne à ce terme. L’inscription dans cette logique domestique allait de pair avec une conception de la qualité de l’enseignement comme le fruit d’une interaction entre les parties en présence. Pour améliorer cette qualité, l’évaluation aidait chaque partie à s’enquérir de l’attente de l’autre, en postulant que la démarche volontaire dans laquelle les deux s’étaient inscrites (le professeur en organisant l’évaluation, les étudiants en acceptant d’y répondre) garantissait qu’elles feraient le meilleur usage possible des informations qu’elles auraient obtenues. Au début, les questionnaires d’évaluation n’étaient pas du tout standardisés, puisque chacun de ceux qui étaient administrés servait le projet pédagogique particulier qu’avaient construit un professeur et des étudiants. Avec le temps, un noyau commun de quelques questions a été accepté par tous parce qu’il permettait d’opérer quelques comparaisons entre les enseignements, ce qui donnait d’utiles points de repère à chacun. La majeure partie des questions restait toutefois sous le contrôle des acteurs impliqués, un professeur et ses étudiants. Les réponses à ces questionnaires d’évaluation n’appartenaient qu’au professeur concerné, qui avait le droit, mais non l’obligation, d’en faire mention dans les dossiers qu’il déposait pour solliciter une promotion ou pour postuler un cours. C’est cet univers que des interprétations extensives des normes adoptées en 2005 ont déséquilibré dans certains établissements. Le Standard and Guidelines ne requiert pas explicitement qu’une évaluation des enseignements par les étudiants soit organisée. Tout au plus insiste-t-il sur « l’implication des étudiants dans le management de la qualité » (CNE, 2006, p. 15), « la participation des étudiants aux activités de management de la qualité » (CNE, 2006, p.16), sur la nécessité, pour les établissements, de connaître « le niveau de satisfaction des étudiants vis-à-vis des programmes » (CNE, 2006, p. 18), sur « la participation des étudiants » (CNE, 2006, p. 21) au management externe de la qualité. Le Standard and Guidelines ne présente toutefois que des exigences minimales, il n’est, selon le président de l’ENQA qui le préface, « que la première étape de ce qui s’annonce comme une route longue et probablement ardue vers la mise en place d’un ensemble largement partagé de principes, d’objectifs et de bonnes pratiques dans le domaine de la qualité et de son management » (CNE, 2006, p. 3). D’autres systèmes de certification, très valorisés dans nos établissements, vont beaucoup plus loin. Il en est ainsi, par exemple de la certification EQUIS. Dans les Equis standards & criteria de l’European Foundation for Management Development, il est précisé que parmi les documents qui doivent être mis à la disposition des experts externes de l’évaluation figurent les « teaching evaluation questionnaires for completion by students » (EFMD, 2012, p. 22) et la « teaching evaluation (summary) by students for each course » (EFMD, 2012, p. 23). Les établissements doivent rendre compte de la manière dont ils intègrent le résultat de ces évaluations dans l’attribution des cours et la progression de carrière des professeurs. Equis rejoint en cela le Standard and Guidelines dans lequel on peut lire : « Il est important qu’ils [les enseignants] puissent bénéficier d’un retour d’appréciation sur la qualité de leurs activités d’enseignement. […] Les établissements doivent offrir à des enseignants peu pédagogues la possibilité de s’améliorer jusqu’à un niveau acceptable, et doivent pouvoir les éloigner des fonctions d’enseignement s’ils restent manifestement inefficaces » (CNE, 2006, p. 17). Lestée de nouvelles fonctions, l’évaluation des enseignements change de monde. De support à la co-construction d’un enseignement attentif aux projets des apprenants et aux particularités des configurations de leurs acquis, elle devient un outil de contrôle d’une production dont la qualité dépendrait exclusivement du professeur (Garcia, 2008a). Les questionnaires d’évaluation sont standardisés, ce qui facilite la mesure de l’écart de performances de chacun par rapport à la norme statistique. Le monde de référence est désormais celui de l’industrie, il s’agit pour chaque professeur ou chaque responsable de programme de prouver que les conditions de l’efficacité technique sont réunies et que rien ne peut donc lui être reproché. Les gestionnaires deviennent comptables de la réputation de leur établissement, qui trouve ses « indicateurs objectivement vérifiables » dans les rankings et les verdicts des experts en certification de la qualité. L’évaluation des enseignements ne vise plus à enrichir la relation entre le professeur et l’étudiant, elle est le moyen par lequel il est vérifié que les services promis à l’usager, volontiers désigné sous le vocable de « client », lui ont été rendus dans les formes contractuellement convenues. Les interviews de responsables institutionnels attestent la puissance du dispositif qui les conduit à Le dispositif impose la migration des objets … 59 faire leurs les critères du monde industriel. Interrogé sur le fait que le résultat d’évaluations qui avaient été recueillies dans le modèle domestique de co-production de l’enseignement par le professeur et ses étudiants était dévoyé quand il était utilisé pour vérifier l’efficacité pédagogique du professeur, un responsable institutionnel a répondu que sa priorité absolue était de fournir le meilleur service aux étudiants. Conclusion La mise de l’évaluation des enseignements au service du management n’a été désirée par aucun des acteurs qui l’ont introduite dans l’institution ou qui l’ont pratiquée pendant des décennies. Elle est apparue initialement dans le seul monde où elle ne représentait aucune menace pour quiconque, ce monde domestique qui bannit toute comparaison interpersonnelle, toute compétition, toute hiérarchie. Le changement de monde n’a pas été brutal, il s’est opéré par glissements progressifs, dont aucun n’a alerté les acteurs. Le premier a été la standardisation partielle des questionnaires d’évaluation, explicitement voulue par les professeurs qui ont demandé de disposer de points de comparaison pour pouvoir interpréter les scores que leur enseignement obtenait sur les différents indicateurs. Pour cela, il fallait que des questions soient communes à tous les questionnaires et que des moyennes soient calculées. La comparaison a fait sortir l’évaluation du monde domestique sans que nul n’en ait été conscient. Le second glissement a été induit par des choix techniques. Pour diverses raisons, il a fallu changer de prestataire de service pour le codage des questionnaires. Le choix, auquel les professeurs n’ont pas été associés, a donné de l’importance à des critères comme la rapidité, la qualité technique et le coût de la prestation. Il a impliqué une standardisation complète du questionnaire, qui n’a pas été débattue, puisque le cœur du questionnaire était déjà fait de questions standardisées. L’évaluation des enseignements avait alors changé de monde sans que personne ne s’en rende compte. Le dernier glissement l’a fait basculer pleinement dans le monde industriel, elle fournit désormais des indicateurs chiffrés à des gestionnaires qui les utilisent pour asseoir leurs décisions stratégiques. La migration de l’objet technique qu’est l’évaluation des enseignements s’est opérée par étapes, et chacune d’elles a été l’occasion d’une nouvelle traduction au sens où l’entendent Callon et Latour. La légitimité de l’objet a été réaffirmée à chaque traduction, mais les arguments pour la justifier ont évolué, presque imperceptiblement, et d’une manière compréhensible puisqu’ils rencontraient les questions pratiques du moment : comment aider les professeurs à ajuster leurs enseignements aux compétences et à l’attente des étudiants ? comment leur fournir une information suffisante pour qu’ils puissent interpréter les résultats qui leur sont donnés ? comment obtenir rapidement les résultats des évaluations afin qu’ils soient utiles ? comment montrer que nous garantissons le meilleur enseignement aux étudiants ? D’une question à l’autre, le déplacement est manifeste, et le processus de traduction qu’il atteste a pour nécessité fonctionnelle l’infidélité du produit final au produit initial (Derouet 2002). L’évolution ne semble pas pour autant erratique. La puissance normative du dispositif a inspiré la hiérarchie des critères de choix, chaque fois qu’un problème a imposé de modifier l’appareillage technique de l’évaluation des enseignements. Et chaque choix a amené à le configurer mieux pour qu’il trouve sa place dans le réseau de sens de ce dispositif. Références bibliographiques BFUG (2007) Bologna Process Stocktaking London 2007. London : BFUG. BFUG (2009) Bologna Process Report 2009. Louvain : BFUG. Boltanski, L., & Thévenot, L. (1991). De la justification. Les économies de la grandeur. Paris : Gallimard. CNÉ, 2006, Références et lignes directrices pour le management de la qualité dans l’espace européen de l’enseignement supérieur, Traduction proposée par le Comité national d’évaluation, janvier 2006, http://www.enqa.eu/files/ESG%20version%20FRA.pdf. CROCHE, S. (2006). Le processus de Bologne. LMD, 3-5-8, BA-MA et doctorat, quelles divergences entre la théorie et la pratique en Europe ? 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Éducation comparée / nouvelle série, n°8, pp 63-95 Contre toutes attentes- L’influence européenne sur les politiques d’enseignement supérieur en Allemagne et en Suisse Dennis Niemann, Tonia Bieber & Kerstin Martens Université de Brême RÉSUMÉ Même si les recommandations du processus de Bologne n’ont pas un caractère contraignant, elles mettent de manière croissante les Etats Nations sous pression pour réformer leurs systèmes d’enseignement supérieur. En particulier, les pays germaniques ont mis en œuvre des réformes de grande portée au cours de la dernière décennie alors que leurs systèmes éducatifs différaient particulièrement des arrangements de Bologne. Dans cet article, nous montrons que le processus de Bologne, quoiqu’il vise un alignement des systèmes éducatifs nationaux à travers l’Europe, refaçonne de fait aussi les institutions politiques allemandes et suisses- selon des directions différentes, néanmoins. Alors que l’Allemagne a davantage fédéraliser son secteur de l’enseignement supérieur, le gouvernement suisse a renforcé ses efforts de centralisation. En considérant que les deux pays sont coordonnées par des économies de marche avec des acteurs pouvant exercer un droit de veto et bloquer les décisions politiques, et alors qu’ils ont en plus des traditions similaires dans l’enseignement supérieur, l’interrogation demeure pourquoi leurs réponses aux efforts d’Européanisation diffèrent dans la politique éducative. Dans nos analyses, nous examinons dans quelle mesure les réactions dissimilaires des deux pays peuvent être expliquées par l’interprétation du discours de Bologne comme la partie d’un jeu à deux niveaux où les gouvernements nationaux sont amenés à utiliser le niveau internationale comme un argument pour justifier l’introduction de réformes tardives ou controversées. Alors qu’en Suisse les défis posés par le processus de Bologne sont considérés comme un moyen de centraliser l’enseignement supérieur, l’Allemagne a davantage poussé en direction d’une fédéralisation de façon à être compétitive sur le marché international émergent de l’enseignement supérieur. L’étude s’appuie sur des méthodes quantitatives pour suivre le processus, une analyse de documents, des entretiens avec des décideurs politiques nationaux dans l’enseignement supérieur. MOTS CLÉS Bologne, pays germaniques, centralisation/décentralisation institutions, gouvernance, ABSTRACT Even though provisions in the Bologna Process are of non-binding character, they put nation states increasingly under pressure to reform their higher education systems. Particularly, German-speaking countries underwent farreaching reforms in the last decade since their education systems were particularly different to the Bologna arrangements. In this paper, we argue that the Bologna Process, although aiming at aligning national education systems across Europe, in fact reshaped German and Swiss political institutions as well – in different directions, however: While Germany further federalized its higher education sector, the Swiss government enforced its centralization efforts. Considering that both countries are coordinated market economies with many strong veto players that are able to block policy decisions, and additionally have similar higher education traditions, the question remains why their responses to Europeanization efforts in education policy differ. In our analyses, we examine to what extent the dissimilar reaction patterns of the two countries can be explained by the interpretation of the Bologna discourse as part of the two-level game where national governments may use the international level as an argument to justify the introduction of overdue or controversial reforms. While in Switzerland the challenges posed by the Bologna process were considered as a task to centralize higher education, Germany pushed for more federalization in order to be competitive on the emerging international higher education market. The study relies on qualitative methods of process tracing, document analysis, and expert interviews with national decision makers in higher education. KEYWORDS Bologna, German-speaking centralization/decentralization countries, institutions, governance, Introduction L’enseignement supérieur devient international. En une décennie, la politique éducative, qui a longtemps été considérée comme une politique relevant du domaine politique «national», est devenue une question largement débattue par delà les frontières. Le processus global de mondialisation n’est pas sans lien avec cet état de fait et l’on peut même dégager deux aspects de la mondialisation qui ont influencé les évolutions de l’enseignement supérieur. Contre toutes attentes – L’influence européenne … 65 D’une part, l’excellence de l’enseignement supérieur est considérée comme un facteur déterminant pour le progrès économique et la prospérité d’une économie nationale. D’autre part, les systèmes d’éducation nationaux sont confrontés à des restrictions financières, ce qui induit une compétition mondiale entre les étudiants. Pour contrer cela, les gouvernements nationaux doivent être en mesure de développer des stratégies pour rendre leurs systèmes d’éducation compétitifs à l’échelle mondiale. En Europe, la réponse la plus significative à ces problèmes est la mise en place du Processus de Bologne, dont le but est de rendre l’enseignement supérieur en Europe le plus attractif possible. A l’origine, le processus de Bologne de 1999 a été lancé afin d’harmoniser les systèmes d’enseignement supérieur des pays Européens. Son objectif principal a été la création d’une Zone Européenne de l’Enseignement Supérieur (EHEA), qui a vu le jour en 2010 (Déclaration de Bologne 1999). Il s’agissait de mettre en place un système de diplômes lisibles et aisément comparables d’un pays à l’autre. Les objectifs élémentaires consistaient donc à implémenter un système à trois niveaux ainsi qu’un système commun de transfert des crédits (ECTS). S’ajoutait à cela la promotion de la mobilité des universitaires et des étudiants, ainsi qu’une collaboration Européenne sur la notion de système qualité. En 2011, 47 pays avaient rejoint le processus de Bologne, de l’Islande à la Turquie, du Portugal au lointain Kazakhstan. A l’exception de la Biélorussie, le processus de Bologne regroupe l’ensemble de l’Europe et ses pays frontaliers. En plus de ces membres gouvernementaux, la Commission de l’Union Européenne est devenue membre à part entière du processus en 2003, tout comme de nombreuses Organisations Non Gouvernementales (ONG,) ainsi que divers groupes d’intérêt qui ont rejoint le processus en tant qu’organes consultatifs. Etant donné que tous les objectifs n’ont pas été atteints complètement en 2010, le Processus de Bologne va être prolongé dans les prochaines années (Secrétariat de Bologne Benelux 2009). La participation au Processus de Bologne a impliqué, pour certains pays, une réforme globale de leur système d’enseignement supérieur. Les pays germanophones en particulier, ont subi des changements de grande ampleur à la suite de leur adhésion au processus. Etant donné que le système éducatif des pays germanophones est très différent des accords de Bologne, lesquels sont fondés sur une approche anglo- américaine qui privilégie les cursus «consécutifs» et les notions «d’utilisabilité économique» et consorts, les pays germanophones se sont trouvés contraints d’adapter leur système d’enseignement supérieur au nouveau modèle. D’importantes réformes ont été menées par l’Allemagne et la Suisse afin de se conformer au cadre du processus de Bologne et d’en atteindre les objectifs. L’harmonisation vers les cursus Licence et Master, les crédits ECTS, les structures d’assurance-qualité et le Supplément au Diplôme sont les changements les plus visibles de la politique menée. Dans l’ensemble, les deux pays appartiennent au groupe qui a pris le Processus de Bologne et les réformes envisagées au sérieux. Bien que son but ait été d’aligner les différents systèmes éducatifs en Europe, le Processus de Bologne a, de façon indirecte, contribué à remodeler les institutions politiques de l’Allemagne et de la Suisse. Lorsque les Etats ont commencé à se rendre compte que leurs systèmes d’enseignement supérieur ne se limitait plus à un niveau national mais qu’ils étaient entrés en compétition au niveau international sur le marché de l’éducation, la volonté première des décideurs politiques nationaux a été de rendre leur enseignement supérieur meilleur que tous les autres. Pour cela la Suisse et l’Allemagne ont engagé une réorganisation complexe de leurs systèmes. Alors que le changement des Cursus peut être directement imputé aux prescriptions de Bologne, la reconfiguration des institutions politiques n’a pas été initiée par le modèle de Bologne mais est une réalité visible. Cette reconfiguration est étroitement liée au processus général d’internationalisation de l’enseignement supérieur. Dans cet article, nous avançons que le Processus de Bologne a, par effet de ricochet, affecté les institutions politiques de l’Allemagne et de la Suisse. Cependant, en fonction du pays, les effets diffèrent: Alors qu’en Allemagne le gouvernement a choisi d’accentuer la décentralisation de l’enseignement supérieur, la Suisse a décidé la centralisation. Comment peut-on expliquer des développements si différents? Le processus de Bologne est-il l’unique raison de ces évolutions? En réalité, les deux pays ont une approche similaire sur plusieurs éléments qui déterminent l’action politique en termes d’éducation. L’Allemagne et la Suisse sont des sociétés qui fonctionnent selon une économie de marché coordonnée et toutes Contre toutes attentes – L’influence européenne … 67 deux sont dotées de nombreux contre-pouvoirs puissants qui sont en mesure de bloquer les décisions prises pour mener les politiques (Hall & Soskice, 2001; Tsebelis, 1995) De la même manière, les deux pays possèdent une tradition de l’enseignement supérieur ancrée dans la pensée Humboldtienne (Clark 1983; Martens et al 2010). Enfin, les deux pays ont bâti leurs systèmes d’enseignement supérieur sur une structure fédérale. (Griessen & Braun, 2010)4 . Ces éléments ne peuvent donc pas expliquer la différence de réponse au processus de Bologne de ces deux pays. Dans notre analyse, nous avançons l’idée selon laquelle les réactions différentes des deux pays peuvent être expliquées par le fait que le processus de Bologne est considéré par les pays comme faisant partie du «jeu des deux niveaux» Européen, grâce auquel les gouvernements nationaux utilisent le niveau Européen pour justifier des réformes tardives ou controversées (Moravscik, 1993; Wolf, 2000). Nos recherches montrent que dans les deux pays les mêmes arguments de «l’international» ont été utilisés pour légitimer des changements diamétralement opposés de compétence gouvernementale. Alors qu’en Suisse les défis posés par le Processus de Bologne ont été envisagés comme une invitation à centraliser l’enseignement supérieur, l’Allemagne a poussé vers plus de décentralisation afin d’être plus compétitive sur le marché naissant de l’enseignement supérieur international. L’étude se fonde sur des méthodes qualitatives de traçage des processus, d’analyses de documents et d’entretiens approfondis de décideurs politiques nationaux dans le champ de l’enseignement supérieur5. L’article est organisé de la manière suivante: le paragraphe qui suit commence par un cadre analytique de recherche sur la gouvernance dans l’enseignement supérieur et sur son processus d’Européanisation, qui a été mis en jeu dans le processus de Bologne. Alors que l’enseignement supérieur allemand est sous la responsabilité exclusive des Länder, les compétences politiques dans l’enseignement supérieur suisse sont divisées entre le gouvernement fédéral et les autorités cantonales en fonction du type d’institution chargée de l’enseignement supérieur. 5 Cet article est le produit d’une recherche conduite dans le projet „internationalisation of Education Policy“ au centre de recherche collaboratif. Transformation de l’Etat“ de l’Université de Brême. Le centre est financé par la Deutcshe Forschungsgemeinschaft. Entre mars 2008 et mars 2010, 35 experts en Suisse et entre mars et juillet 2008 quinze experts en Allemagne ont été interviewé. 4 Dans ce contexte, le Processus de Bologne et ses objectifs y sont définis. Les deux paragraphes suivants fournissent des données empiriques sur la (dé)centralisation et les processus d’Européanisation dans l’enseignement supérieur de la Suisse et de l’Allemagne. Nous présentons les réformes nationales et évaluons quels processus ont créé les changements observés. Le paragraphe final compare les résultats et indique des pistes de recherches potentielles. Nous montrons, non seulement que le Processus de Bologne a provoqué et encouragé des dynamiques de réforme dans les institutions politiques en Allemagne et en Suisse, mais également que l’internationalisation de l’enseignement supérieur a conduit à des changements institutionnels nationaux. Approche théorique: User et abuser du niveau international pour les réformes nationales. Dans l’ensemble, le Processus de Bologne n’est pas basé sur un traité intergouvernemental mais formé par un accord volontaire des ministres responsables de l’enseignement supérieur des pays participants. Ses recommandations sont consultatives et le fait de ne pas s’y conformer n’amène aucune sanction. Il est du ressort des gouvernements de chaque pays participant de s’approprier ou au contraire de rejeter les principes fondateurs du Processus de Bologne. Ainsi, toute réforme qui se réclame du Processus de Bologne est entre les seules mains des Etats membres. Comment, dès lors, expliquer que les réformes institutionnelles de l’Allemagne et de la Suisse suivant le processus de Bologne soient aux antipodes l’une de l’autre? Pourquoi ces Etats ont-ils même pris la peine de conduire des réformes politiques étant donné que le Processus de Bologne visait en priorité à réformer les cursus universitaires et pas les institutions politiques? L’approche intergouvernementale libérale (Moravcsik, 1993), un concept centré sur le rôle des acteurs, autrement appelé «la nouvelle raison d’Etat» (Wolf, 2000) apporte une réponse à ces questions. Cette approche des Relations internationales estime que les gouvernements nationaux entrent dans l’arène intergouvernementale non seulement dans le but de centraliser des ressources stratégiques et de réduire les coûts des transactions, mais aussi pour gagner une marge de manœuvre sur le plan national. Ainsi que Thompson (1995, p. 226) l’a formulé: Les initiatives internationales peuvent «prêter [...] à l’Etat, Contre toutes attentes – L’influence européenne … 69 une autonomie nationale grâce aux institutions telles que le droit et la diplomatie internationale, qui donnent à l’Etat le pouvoir de surmonter les résistances sociétales à ses manœuvres politiques». Des accords intergouvernementaux tels que le Processus de Bologne peuvent ainsi servir de justifications par l’exécutif national pour introduire des réformes dans le contexte national. En faisant cela, ils utilisent et détournent le niveau international en lui faisant porter la responsabilité des réformes à engager, cela même alors que de telles réformes ne sont pas une conséquence directe du processus international. Selon ces suppositions, le processus gouvernemental international sert d’instrument de pression sur le processus politique national tant qu’il reste sous le contrôle de l’Etat-membre impliqué. Une quelconque implication au niveau intergouvernemental ne doit donc pas résulter en une prise d’ascendant du niveau international sur le niveau national en termes d’initiatives, étant donné que cela induirait une perte par l’Etat de sa capacité à déterminer sa propre politique, c’est aussi ce que les approches principal-agent sur les organisations internationales ont montré. (Voir par exemple, Hawkins et al, 2006) Au moins trois des quatre Etats initiateurs, à savoir la France, l’Allemagne et l’Italie ont été amenés, pour des raisons nationales à mettre en valeur le Processus de Bologne. Ainsi que l’ont montré diverses études, les motivations principales pour s’engager dans une initiative internationale pour l’enseignement supérieur étaient de pouvoir encourager des réformes des systèmes éducatifs nationaux, plutôt que de souhaiter une initiative Européenne en matière d’éducation. (Martens & Wolf, 2009; Toens, 2007). La recherche d’un soutien politique à un niveau intergouvernemental pour mettre stratégiquement en valeur les capacités nationales doit être effectuée de manière délibérée. D’un côté, afin de construire le pouvoir et d’exercer un contrôle vis-à-vis des institutions et acteurs nationaux, l’influence des engagements intergouvernementaux doit être assez solide pour mettre une certaine forme de pression sur le processus décisionnaire. Le processus de Bologne est l’initiative la plus complète concernant l’enseignement supérieur. En tant que telle, il est quasiment impossible de ne pas la prendre en compte dans la mesure où une telle stratégie conduirait le pays à un isolement de sa politique éducative et cela ne le rendrait guère attractif pour les étudiants. Cependant, d’un autre côté, le pouvoir formel au niveau intergouvernemental ne doit pas être trop étendu car cela affecte négativement la souveraineté nationale des gouvernements. Tout comme dans le processus intergouvernemental, le Processus de Bologne ne représente pas une autorité formelle (ou même l’engageant légalement). En effet, il ne peut en aucun cas initier des régulations pour les pays participants en ce qui concerne l’éventuelle nécessité de réformes et la façon de les mener. L’approche intergouvernementale de l’européanisation part du principe qu’il y a des raisons nationales pour s’engager dans un processus international. Cependant, celle-ci ne prédit en rien comment ni dans quelle direction un pays va changer. Le processus de Bologne n’a pas pour objectif d’harmoniser le contenu des études, pas plus que la longueur des études, il propose tout juste de structurer les études en différents cycles. Au regard des institutions politiques nécessaires pour atteindre ces objectifs, le processus de Bologne ne fait aucune recommandation. Ainsi, les pays participants peuvent facilement utiliser le Processus de Bologne pour justifier de leurs réformes respectives tant qu’elles tiennent le processus d’européanisation pour responsable, et ce même si les réactions conduisent à emprunter des directions divergentes, la décentralisation pour l’Allemagne et la centralisation pour la Suisse. Les réponses des différents systèmes politiques à Bologne: comparaison de l’Allemagne et de la Suisse. La tendance actuelle du système d’enseignement supérieur mondial est intrinsèquement liée au modèle anglo-américain de l’université qui valorise la compétition institutionnelle et les mécanismes de marché (Dobbins, 2011). De ce point de vue, l’Allemagne et la Suisse suivaient toutes les deux le modèle universitaire Humboldtien (Clark, 1983) qui est assez différent du modèle proposé par le Processus de Bologne. De plus, la structure fédérale et un certain nombre d’opposants vigoureux ont rendu les tentatives de réforme globale particulièrement difficiles. Quoi qu’il en soit, les deux pays ont répondu au Processus de Bologne non seulement en réformant leurs systèmes d’enseignement supérieur mais aussi en modifiant leurs institutions politiques : pour ce faire, ils ont pris en compte le nouveau paradigme de la marchandisation et ont amélioré l’efficacité. Cependant, cela a été fait de façon très différente Contre toutes attentes – L’influence européenne … 71 dans les différents pays. Comme nous l’avons vu, l’Allemagne a presque totalement décentralisé le secteur de l’enseignement supérieur et a accordé beaucoup d’autonomie aux institutions individuelles chargées de l’enseignement supérieur alors que la Suisse a pour sa part centralisé l’enseignement supérieur pour améliorer la coordination interne et pour renforcer son rôle dans le monde de l’enseignement supérieur. L’Allemagne: à la redécouverte d’une décentralisation de l’enseignement supérieur. Après vingt-cinq années sans aucune réforme, les systèmes d’enseignement supérieur allemands ont été confrontés à des changements radicaux lors du changement de siècle. Ces changements n’ont pas seulement concerné des réformes des cursus et de l’organisation de l’enseignement supérieur mais aussi des réformes au niveau institutionnel. Dans l’ensemble l’enthousiasme récent pour les réformes de l’enseignement supérieur fut une réelle surprise. D’un côté, la suprématie traditionnelle des Länder en matière d’enseignement (cf. Führ, 1997) a rendu des réformes globales et unitaires particulièrement difficiles. De l’autre côté, le modèle traditionnel allemand de l’université Humboldt, favorisant l’unité de la recherche de l’enseignement était en inadéquation avec le modèle international en vigueur, qui est orienté vers le marché et organisé en fonction de ses exigences. En dépit de ces obstacles, une réorganisation profonde des institutions politiques et des responsabilités dans le système de l’enseignement supérieur a eu lieu et les décideurs politiques allemands ont répondu aux exigences de l’internationalisation en accentuant la décentralisation dans le secteur de l’enseignement supérieur. Les Länder allemands et les institutions individuelles chargées de l’enseignement supérieur ont gagné en autonomie alors que le gouvernement fédéral a perdu ses compétences déjà limitées en matière de gouvernance. Par conséquent, un changement global des rôles en matière d’enseignement supérieur a eu lieu en Allemagne et la relation à double niveau entre le gouvernement fédéral et les Länder s’est quasiment dissoute. La politique d’enseignement supérieur en Allemagne avant Bologne. Contrairement aux récentes évolutions en matière de décentralisation de l’enseignement supérieur allemand, l’évolution historique (d’après guerre) de l’influence fédérale sur l’enseignement supérieur s’est caractérisée par un accroissement successif des compétences du gouvernement fédéral depuis 1949. Au départ, le gouvernement fédéral n’avait pas vraiment son mot à dire en matière de politique d’enseignement supérieur. Ce ne fut qu’après le célèbre choc occasionné par Spoutnik que le secteur de l’enseignement ouestallemand est devenu grossièrement coordonné. Confrontée à un retard technique anticipé par rapport à ses ennemis de l’autre côté du rideau de fer (Krücken, 2005, p.17), l’Allemagne a fait beaucoup d’efforts pour faire avancer les sciences et l’enseignement. Pour ce faire (et ce parmi d’autres choses), un rôle de coordonnateur et de soutien a été exigé au niveau fédéral et le Ministère Fédéral a acquis ainsi des compétences plus développées en matière de sciences et de gestion de la recherche. A la fin des années 1960, la classe moyenne allemande, nouvellement apparue a appelé à une expansion du secteur tertiaire. Une assistance financière était particulièrement nécessaire pour créer de nouvelles universités et agrandir celles qui existaient déjà pour offrir des opportunités d’accès aux études supérieures à davantage d’étudiants (Teichler, 2005, p.31). Dans ce contexte de « massification », un engagement plus fort du gouvernement fédéral était exigé. En résumé, le gouvernement fédéral a successivement gagné de la voix et des compétences plus importantes en ce qui concerne l’enseignement supérieur, ce qui lui a permis finalement d’aboutir à la création de l’Acte d’Encadrement de l’Enseignement Supérieur en 1976. Cet acte d’encadrement fédéral est devenu un point de référence pour une politique commune d’enseignement supérieur. Cela a clairement défini les tâches principales de toutes les institutions chargées de l’enseignement supérieur, leur statut légal, les pré-requis pour accéder à l’enseignement supérieur et toute autre préconisation générale (Künzel, 1982; Mushaben, 1984). Avec la création du Ministère Fédéral de l’Enseignement et de la Recherche (BMBF) en 1994, le gouvernement fédéral a mis en place un ministère dans un domaine Contre toutes attentes – L’influence européenne … 73 pour lequel il n’y avait pas, à l’origine, de juridiction constitutionnelle (Erk, 2003, p.308). Cela ne signifie pas que les Länder ont été totalement marginalisés, ils ont gardé leurs prérogatives politiques pour l’enseignement supérieur. L’influence soutenue du gouvernement fédéral s’est aussi ressentie dans les arrangements institutionnels de la politique en matière d’enseignement supérieur. L’accroissement des compétences du gouvernement fédéral est allé de pair avec un besoin d’institutions permettant une coordination à l’échelle verticale. C’est dans cette perspective qu’un certain nombre d’institutions ont été créées et d’autres étendues pour garantir la coopération entre le gouvernement fédéral et les Länder. La Conférence Permanentes des Ministres de l’enseignement et des Affaires Culturelles (KMK)6 et le Congrès de la Fédération et des Länder pour la Promotion de la Recherche et de l’Organisation de l’Enseignement (BLK) illustrent bien cette démarche. Par conséquent, le gouvernement fédéral a vu son influence sur l’enseignement supérieur grandir et au milieu des années 1990, il avait acquis une part quasiment aussi importante que les Länder, la politique relative à l’enseignement supérieur étant quasiment devenue une activité conjointe des Länder et du gouvernement fédéral. De nouveaux défis pour l’enseignement supérieur allemand à l’ère de la mondialisation. Après un « boom des réformes » à la fin des années 1960 et au début des années 1970, la politique d’enseignement supérieur en Allemagne s’est caractérisée par une période de consolidation et d’application des différentes étapes des réformes préalablement décidées (Teichler, 2005, pp.32-33). Cependant compte tenu de la mondialisation croissante et des interdépendances plus fortes à l’échelle internationale, le secteur de l’enseignement supérieur en Allemagne s’est trouvé contraint de se réformer pour faire face aux défis émergeant et aux exigences à venir. A ce moment là, l’administration allemande a clairement expliqué que la coopération internationale en matière d’enseignement supérieur était une condition nécessaire pour Le KMK peut avant tout être vu comme une institution où les Länder coordonnent leurs politiques éducatives entre eux. Le KMK en tant qu’union des seize Länder coopèrent avec le BMBF pour développer des positions et des recommandations communes. 6 être performant à l’heure de la mondialisation croissante. « La connaissance ne connait pas de frontières nationales. L’internationalisation ouvre la voie aux réformes et au développement et à la modernisation de l’enseignement supérieur. »7 Comme cela a été mentionné dans un entretien, la mondialisation économique affecte aussi la politique éducative, ce qui signifie que, sous couvert de compétition accrue, les décideurs politiques allemands ont été amenés à regarder de l’autre côté des frontières et à comparer leur propre système d’enseignement supérieur et leurs performances académiques aux Etats Unis et à leurs voisins européens (Interview GER 05). Selon le leitmotiv consistant à vouloir faire des institutions d’enseignement supérieur allemandes des institutions plus efficaces à l’échelle internationale (KMK, 2010, p.31), deux courants de réformes fondamentales récentes peuvent être identifiées comme ayant mené à une réorganisation institutionnelle radicale en matière d’enseignement tertiaire. Tout d’abord, la conséquence directe de ce processus d’internationalisation de l’enseignement a été de permettre aux politiques allemands de participer activement aux efforts européens pour créer un secteur commun d’enseignement supérieur qui pourrait amener à établir le processus de Bologne in fine (Martens & Wolf, 2006). C’est ainsi que le secteur de l’enseignement supérieur allemand a été significativement et fortement affecté par la réforme globale initiée par le processus de Bologne du point de vue structurel. Dans un deuxième temps, en plus du Processus de Bologne, une réforme globale du fédéralisme allemand a eu un impact substantiel sur le secteur de l’enseignement supérieur en accroissant encore l’autonomie des Länder. La Réforme du Fédéralisme de 2006 a été la réforme la plus complète des Lois Fondamentales Allemandes (German Basic Law) depuis leur promulgation en 1949 et elle a redistribué les compétences entre le gouvernement fédéral et les Länder. Bien qu’elle n’ait pas eu pour but de changer la politique d’enseignement supérieur allemande, la Réforme du Fédéralisme a causé des changements institutionnels en la matière de façon indirecte (Griessen & Braun, 2010, p.726). Les changements induits par la Réforme du Fédéralisme ont mis l’accent sur une tendance plus orientée vers les marchés dans l’internationalisation de l’enseignement 7 http://www.bmbf.de/en/3336.php, dernier accès le12 décembre 2011. Contre toutes attentes – L’influence européenne … 75 supérieur. De plus, la Réforme du Fédéralisme a implicitement créé un accroissement de l’autonomie des universités et des universités de sciences appliquées elles-mêmes. En règle générale, l’application du Processus de Bologne et la Réforme du Fédéralisme ont suivi une tendance identique qui peut être perçue comme un phénomène de mondialisation (Toens, 2009, p.254). A cet égard, les changements initiés par le processus de Bologne ont été accompagnés de près par des réformes initiées par la Réforme du Fédéralisme elle-même. En d’autres termes, sans Bologne (ou de plus larges évolutions de l’internationalisation de l’enseignement supérieur), les dispositions de la Réforme du Fédéralisme auraient pu prendre une toute autre direction. Ainsi, les efforts pour européaniser le Processus de Bologne ont permis aux réformes institutionnelles d’avoir lieu par une Réforme du Fédéralisme. Les changements de l’enseignement supérieur allemand: Bologne et la réforme du fédéralisme. Dans l’ensemble, la tâche principale pour les politiciens allemands a été de moderniser les institutions chargées de l’enseignement supérieur en Allemagne. Au niveau des structures et de l’organisation, ils ont cherché à atteindre ces objectifs au mieux en appliquant les réformes préconisées par le Processus de Bologne. La gouvernance souple souhaitée par le Processus de Bologne a introduit des changements radicaux de l’enseignement supérieur allemand du point de vue de la politique structurelle. Dans la mesure où le Processus de Bologne a pour but de mettre en place un modèle d’études consécutives composé de deux cycles principaux (étudiantdiplômé)8 alors que le programme d’études traditionnel allemand se composait d’un seul cycle, des efforts sérieux ont du être engagés pour aboutir aux objectifs des programmes de Licence et de Master (BA/MA). Dans la lignée des préconisations de Bologne, le Système d’Accumulation et de Transfert des Crédits Européens (ECTS) a été établi afin de garantir la transférabilité des acquis universitaires entre Depuis le Communiqué de Berlin (2005), le modèle des deux cycles a été modifié par l’inclusion d’un cursus doctoral. 8 les différentes universités européennes. Le système qualité appliqué à l’accréditation devait garantir que le cursus universitaire ainsi que les diplômes universitaires des différents programmes d’études répondent aux exigences préalablement définies par les autorités étatiques. Globalement, de nombreuses réformes structurelles du système d’enseignement supérieur allemand ont été menées jusqu’au bout et ont permis de réorganiser en profondeur l’enseignement supérieur. L’application concrète des réformes de Bologne en Allemagne s’est passée en douceur et sans problèmes, comparativement à d’autres endroits (Toens, 2009, p.247; Interview GER 11). Pour exemple, jusqu’en 2009/2010, les structures BA/MA ont été introduites dans 79% des programmes d’études (KMK, 2010 p.284). Cependant, en ce nouveau siècle, le changement de l’enseignement supérieur allemand ne s’est pas limité à des réformes structurelles. D’autres réformes concernant l’organisation institutionnelle de l’enseignement supérieur ont été introduites. Alors que le Processus de Bologne a permis d’effectuer un changement de la dimension des structures et de l’organisation de l’enseignement, les institutions ont, elles, connu des changements importants au cours de la dernière décennie. Enfin, ces changements peuvent également être mis directement en relation avec les développements de la sphère de l’enseignement européen, voire mondial. Le changement institutionnel qui a eu lieu au niveau politique dans l’enseignement allemand a mis en évidence une augmentation des compétences des Länder et dans le même temps une diminution des compétences du gouvernement fédéral, compensée par l’influence grandissante des IOs. Autrement dit, le gouvernement fédéral a perdu la plus grande partie de ses compétences, pourtant déjà assez limitées, en matière de politique d’enseignement supérieur. A titre d’exemple, le gouvernement fédéral n’était plus habilité à fournir directement une assistance financière et à financer des programmes d’enseignement de son propre chef. A cause de la redistribution des compétences dans le domaine de l’enseignement, certaines institutions coopératives existantes ont disparu, comme par exemple celle qui gérait « l’Organisation Conjointe de l’Enseignement » et l’Acte définissant le Cadre de l’Enseignement Supérieur, qui avaient servi d’instrument pour assurer un secteur d’enseignement supérieur homogène dans tous les Länder. Ils ont expiré en 2008. De plus, le conseil de coordination entre le gouvernement fédéral et les Länder, le BLK, a été abrogé et remplacé par la Conférence Conjointe sur les Sciences (GWK) en 2008. Le GWK Contre toutes attentes – L’influence européenne … 77 a mis l’accent sur la recherche (et son financement) et sur les stratégies politiques9 à adopter. A cet égard, la composante « enseignement » de l’enseignement supérieur s’est retrouvé volontairement employée de façon plus abstraite dans le « jeu des deux niveaux » entre le gouvernement fédéral et les Länder. C’est pourquoi il n’y a actuellement aucune commission au sein de laquelle le gouvernement fédéral et les Länder peuvent coordonner les questions relatives à l’enseignement (supérieur) sur une base égalitaire. Ainsi la réforme fédérale a conduit à une capacité de coopération moindre entre le gouvernement fédéral et le Länder en ce qui concerne la politique d’enseignement. Grâce à la Réforme du fédéralisme, le caractère fédéral de la politique d’enseignement a été accentué et cela a renforcé les Länder pour leur permettre d’agir de manière autonome en ce qui concerne l’enseignement supérieur et a ainsi souligné le retrait de fait du gouvernement fédéral. Il est exact de parler de fédéralisation de l’ensemble de la politique éducative en Allemagne. Cela ne signifie pas pour autant que le gouvernement fédéral en a fini d’influencer la politique relative à l’enseignement supérieur. Cependant son influence s’est déplacée. En effet, à y regarder de plus près, le gouvernement fédéral entre à une échelle différente dans le processus de gouvernance concernant l’enseignement supérieur. Par rapport aux décennies passées, cette influence est avant tout indirecte et informelle. Aujourd’hui, la gouvernance fédérale est conduite sous forme d’incitation positive (qui va de pair avec des opportunités financières). Comme le gouvernement fédéral peut encore proposer des facilités de financement à la recherche (en partenariat avec chaque Land), il peut aussi adapter le financement à des besoins spécifiques (Interview GER 05; Interview GER 13), comme par exemple l’Initiative pour l’Excellence, aussi appelée Hochschulpakt 202010.Cette nouvelle façon de gouverner par incitation reflète globalement une tendance Pour plus d’informations sur le GWK, voir: http://www.gwkbonn.de/index.php?id=126, dernier accès le 5 janvier 2012. 10 En 2005, l’Initiative pour l’Excellence a été mise en place et a fourni un financementt supplémentaire pour quelques universités sélectionnées (pour plus de détail, voir Hartmann 2006). Le Hochschulpakt 2020, un accord conjoint entre le gouvernement fédéral et les Länder assurait un soutien financier fédéral afin d’offir à plus de nouveaux étudiants une chance de poursuivre des études universitaires. (voir http://bmbf.de/pubRD/verwaltungsvereinbarung_hochschulpakt2020.pdf, dernier accès le 10 janvier 2012.) 9 indirecte du gouvernement fédéral à promouvoir ses intérêts en matière d’enseignement supérieur. En Allemagne, un des effets secondaires de cette internationalisation fut le déclin de l’influence générale des autorités de l’Etat sur les institutions responsables de l’enseignement supérieur. Traditionnellement, le rôle des institutions d’Etat en matière d’enseignement supérieur était très fort (Teichler, 2005, p.35) et c’est en cela que ce système « peut être considéré comme un système centralisé » (Pritchard, 2006, p.92).Le besoin ressenti d’être compétitif à l’échelle internationale et les dispositions prévues par la Réforme Fédérale ont impliqué de libérer les universités allemandes d’un contrôle étatique rigoureux et de leur accorder davantage d’autonomie en abolissant le droit de l’Etat de légiférer sur tout. Cette plus grande autonomie accordée aux Länder afin de prendre des décisions en matière d’enseignement supérieur a été accompagnée d’une autonomie accrue des institutions responsables de l’enseignement supérieur lui-même. Ainsi, les institutions responsables de l’enseignement supérieur vont agir comme des entreprises vis-à-vis de l’Etat et de la société. Elles élaborent des objectifs et des stratégies qui leur sont propres, gèrent leur budget par elles-mêmes et développent également des programmes d’études originaux. Ces institutions d’enseignement supérieur ont la possibilité d’établir leurs propres statuts mais ceux-ci doivent êtres approuvés par le Ministère des Sciences et de la Recherche du Land. En référence au « New Public Mangement », les Lander gouvernent de plus en plus par l’intermédiaire d’accords cibles, de moyens financiers propres et de contrats-cadres (cf. Lanzendorf & Pasternack, 2008, pp.52-55; Interview GER 03). Dans ce contexte, l’expression d’une « université libérée » (Müller-Böling, 2000) a émergé comme concept pour décrire le nouveau rôle des institutions chargées de l’enseignement supérieur. Actuellement, le contrôle approfondi des autorités d’état (des Lander) est en train d’être remplacé par une gestion autonome des institutions chargées de l’enseignement supérieur. Cependant, le niveau actuel d’autonomie des universités est différent en fonction des différents Länder. En Rhénanie du nord et en Westphalie par exemple, la promulgation de la Loi de Base en matière d’éducation (en 2007) a été la disposition la plus aboutie. Les Contre toutes attentes – L’influence européenne … 79 universités ont pu agir de façon totalement autonome sans être affectées par l’administration du Land (Kamm & Köller, 2010, p.668). En revanche, en Bavière, l’autonomie des institutions chargées de l’enseignement supérieur a été étendue mais pas dans la mesure de ce qui a été fait en Westphalie et en Rhénanie du nord. Les universités bavaroises sont encore en relation étroite avec l’Etat. D’ailleurs, l’amendement de « l’Acte Bavarois pour l’Enseignement Supérieur» de 2006 limite l’influence de l’administration sur l’enseignement supérieur à des aspects basiques tels que ses intérêts fondamentaux et les questions financières. Conclusion pour l’Allemagne - Explication des Réformes de l’enseignement supérieur. Pour résumer, la politique de décentralisation de l’enseignement supérieur en Allemagne a clairement été promue par des processus et des défis internationaux en la matière. En effet, les récentes réformes institutionnelles de l’enseignement supérieur allemand peuvent être définies par une influence moins formelle de l’Etat grâce à la gouvernance fédérale, un renforcement structurel des Lander et une autonomie croissante des différentes institutions chargées de l’enseignement supérieur. Dans les faits, l’enseignement supérieur en Allemagne est devenu plus décentralisé et par conséquent moins régulé par le pouvoir central. Pour faire face à une compétition mondiale grandissante, les autorités allemandes sont revenues sur l’administration approfondie de ces institutions et elles ont initié un processus de gestion autonome des institutions chargées de l’enseignement supérieur. Cependant, ce n’est pas seulement le Processus de Bologne qui a stimulé les réformes de l’enseignement supérieur en Allemagne mais aussi un processus de mondialisation plus large qui a introduit la notion de « besoin perçu », afin de préparer le système de l’enseignement supérieur allemand à un contexte mondial. Grâce à des stimuli divers, extérieurs et liés entre eux occasionnés par le Processus de Bologne et une compétition internationale toujours plus soutenue, les réformes de l’enseignement supérieur allemand ont pris de la vitesse et cela a permis des changements substantiels (Interview GER 12). La Suisse: en route pour une centralisation de l’enseignement supérieur. Pendant les années 80, le secteur de l’enseignement supérieur en Suisse a souffert d’une réforme tardive dans la mesure où la modernisation des universités avait été débattue longuement sans aboutir à aucun résultat. Au milieu des années 90, cette situation a abouti à d’énormes problèmes. A titre d’exemple, une réforme de l’enseignement était nécessaire pour améliorer le ratio enseignants/élèves, pour garantir la qualité de l’enseignement et pour gérer des questions d’accréditation (Interview CH07, CH08) et les universités avaient de plus en plus besoin de se coordonner entre elles (et entre les différents cantons) pour favoriser la mobilité. Cependant, les réformes d’harmonisation devaient être légitimées alors même que la diversité avait toujours été considérée comme nécessaire (Osterwalder & Weber, 2004 p.16). De plus, il y a avait des manquements fondamentaux dans le système d’enseignement supérieur suisse : une certaine opacité, une reconnaissance des diplômes problématique et une mobilité internationale difficile (Interview CH01, CH05). La situation s’est aggravée lorsque de nouveaux compétiteurs venus des Etats Unis et du Royaume Uni ont accru la pression déjà existante sur les « Sociétés Européennes de la Connaissance » (Aeberli & Sporn, 2004). En adoptant un regard extérieur, les réformes semblent avoir été menées afin de répondre à des processus d’internationalisation. Alors que les réformes suisses liées au Processus de Bologne devaient accroître la soi-disant « eurocompatibilité » de ce pays non membre de l’Union Européenne aux pays membres, ces réformes de la centralisation ont en fait amélioré la coordination des institutions chargées de l’enseignement supérieur au sein même de la Suisse, lui permettant d’acquérir un statut plus cohérent et sérieux dans le paysage mondial de l’enseignement supérieur. Traditions suisses en matière de politique d’éducation Supérieure Antérieur à Bologne. Les tendances contemporaines des réformes de la centralisation n’ont rien à voir avec les tendances précédemment adoptées par la gouvernance de l’enseignement supérieur en Suisse. Traditionnellement, l’éducation a toujours été gérée par les autorités Contre toutes attentes – L’influence européenne … 81 cantonales depuis la fondation de la Communauté Helvétique en 1848 – les compétences fédérales en la matière n’avaient pas beaucoup changé depuis lors. Contrairement à l’Allemagne, la Suisse n’a pas expérimenté de forte expansion de son système d’enseignement supérieur ou encore de « massification » dans les années 1960. Au contraire, l’éducation et la formation professionnelles ont joué un rôle prépondérant et ont attiré une majorité de personnes ayant quitté l’école avec le diplôme de fin d’études (Matura). Dans la mesure où l’éducation et la formation professionnelles ont toujours été gérées par la Fédération, les courants centralistes n’étaient pas d’actualité. Dans les années 1990, des réformes marquées par des courants d’internationalisation ont été initiées. La loi sur les Universités de Sciences Appliquées de 1995 constitua un changement fondamental dans la mesure où cela créa le Fachhochschulen (FHs), un nouveau genre d’institution d’enseignement supérieur qui venait s’ajouter aux universités déjà existantes (Fachhochschulgesetz, 1995). Cette réforme significative a impliqué ce qui est connu comme la tertiarisation, c’està-dire que la formation des enseignants, l’enseignement et la formation professionnelle supérieure n’étaient plus délivrées dans des Seminarien et des Höhere Fachschulen, à savoir des institutions administratives, commerciales ou des écoles polytechniques mais dans des Pädagogische Hochschulen (PHs) et FHs. De cette façon, ces différents types d’enseignement ont pu être valorisés et les PHs et FHs ont reçu un statut comparable à celui des universités. En ce début de nouveau siècle, des transformations radicales de l’enseignement supérieur, aussi bien institutionnelles que structurelles ont eu lieu. Ces réformes sont liées au Processus de Bologne mais elles témoignent également d’une « centralisation » de la politique en matière d’enseignement supérieur. Tout d’abord, en 1999, le processus de Bologne a profondément modifié les structures d’études existantes en introduisant de nouveaux programmes en Licence et en Master, un système ECTS et des systèmes de garantie de la qualité Dans un deuxième temps, La Loi de Promotion de l’Université de 1999 et sa nouvelle version de 2006, l’Acte Fédéral concernant les Universités de Sciences Appliquées et enfin l’avant projet de Hochschulförderungs- und Koordinationsgesetz de 2009 concernent tous une nouvelle distribution des responsabilités politiques allant vers une centralisation des pouvoirs décisionnaires aux dépends des autorités cantonales. Changements du paysage de l’enseignement supérieur Suisse: Bologne et ses réformes. Des réformes liées au Processus de Bologne et le principe de centralisation ont émergé contre toutes attentes : la Suisse est en effet un candidat peu probable en ce qui concerne des transformations radicales et ce en raison de ses structures fédéralistes et de ses principes fondamentaux en matière d’éducation, qui ne s’inscrivent pas dans la philosophie de Bologne. Le gouvernement fédéral suisse ainsi que les cantons partagent les compétences en matière de politique d’enseignement supérieur : la Fédération est responsable de l’Eidgenössische Technische Hochschulen, c’est-à-dire de ETH Zürich et de EPFL Lausanne et aussi de Fachhochschulen, alors que les universités cantonales et les Pädagogische Hochschulen sont soumises aux autorités cantonales. De plus, le modèle de l’université suisse basé sur le principe de Humboldt qui promeut l’unité de la recherche et de l’enseignement est en conflit avec les idées de Bologne concernant l’enseignement supérieur. En dépit de ces obstacles, la participation de la Suisse au processus de Bologne a fondamentalement changé le paysage de l’enseignement supérieur au cours de la dernière décennie (Interview CH07, Criblez, 2008). Dans la mesure où l’enseignement supérieur suisse s’appuie à la fois sur les autorités fédérales et les autorités cantonales en fonction du type d’institution d’enseignement supérieur, les réformes pour appliquer Bologne ont requis une discipline rigoureuse à l’échelle nationale pour garantir une application uniforme et coordonnée (Trampusch & Busemeyer, 2010, p.605). De cette façon, les réformes reflètent la tendance à nationaliser la politique d’enseignement supérieur suisse et à établir des organes communs pour améliorer la coordination nationale des trois différents types d’institutions chargées de l’enseignement supérieur en Suisse, à savoir les universités, les FHs et les instituts de formation des enseignants. Ces trois organes sont régulés par différents fondements légaux et par différentes autorités : alors que les universités sont soumises à la Loi de Promotion des Universités (UFG), les universités de Sciences Appliquées sont régulées par l’Acte Fédéral sur les Universités de Contre toutes attentes – L’influence européenne … 83 Sciences Appliquées (FHSG) et les PHs11 suivent les Directives pour l’Application de la Déclaration de Bologne du FH Council. Pour les universités, l’UFG de 1999 a renouvelé la direction politique en introduisant une coopération entre les deux niveaux étatiques, le niveau fédéral et les cantons dans ce qui relevait par le passé du domaine de compétence des cantons concernant les universités (Bundesversammlung, 1999). L’UFG a créé de nouvelles institutions lors de la Conférence de l’Université Suisse (SUK), précédemment appelée Centre d’Accréditation et de Garantie de Qualité (OAQ). En réalisant une telle réforme structurelle basée sur une coopération verticale, l’UFG a organisé le SUK comme une institution politique conjointe entre la Fédération et les cantons possédant une université12 (Bundesrat et Regierungen der Universitätskantone, 2000). Dans cette perspective, la Fédération et les cantons ont formellement délégué un certain nombre de responsabilités à la SUK en lui confiant des pouvoirs décisionnaires (Benninghoff & Leresche, 2009). Ainsi, une responsabilité unique pour l’application des réformes a été créée. L’UFG a permis la fixation des directives de la SUK pour toutes les universités. La Fédération et les cantons ont fourni à la SUK les moyens financiers nécessaires à la direction, ce qui a permis de garantir le caractère engageant de Bologne et a permis son application sereine (Griessen & Braun, 2010, pp.731-732). Ce nouveau type d’organisation a mis en valeur le fédéralisme coopératif, ce qui signifie une coopération verticale de la Fédération et des cantons (Benninghoff & Leresche 2009, Interview CH14). Cela a été une vraie nouveauté, pas tant parce que la Fédération s’est impliquée davantage et plus formellement dans l’enseignement supérieur mais plutôt parce que les cantons ont bien voulu transférer leur autonomie. Cela a mis un terme à la politique informelle qui était la règle par le passé et qui consistait à trouver des accords entre la Fédération et les cantons (Griessen & Braun, 2010, p.731). Typologiquement les PHs appartiennent aux FHs mais tombent dans l’aire de compétence des cantons qui les financent. Ils ont sujets aux règles cantonales et inter-cantonales. 12 Les cantons des universités sont les dix cantons qui ont une université et comprennent: Zurich, Bern, Lucerne, Fribourg, Basel-stadt, St Gallen, Ticino, Vaud, Neuchâtel et Genève. Le Land de Basel a présenté sa candidature afin d’être reconnu comme canton universitaire en février 2011. 11 Les autorités politiques suisses ont transféré la responsabilité de la coordination de la partie la plus simple de l’application de Bologne à des organisations intermédiaires, à savoir les conférences des recteurs CRUS concernant la portée des universités, le colloque pour les universités de Sciences Appliquées (KFH), pour les FHs, et le congrès pour les Instituts de Formation des Enseignants (COHEP) pour les PHs en 2000 (Bundesrat 2009; Lepori & Fumasoli, 2010, p.811). Cela a été important car la Fédération n’avait pas les compétences pour intervenir dans les questions d’éducation à l’échelle cantonale. La coordination nationale a permis de garantir la réalisation d’une réforme unitaire des institutions chargées de l’enseignement supérieur, de façon à ce que les objectifs de Bologne puissent, comparativement, être rapidement atteints et appliquées dans leur ensemble en Suisse (SBF & BBT 2007; Universität Zürich, 2009). Par exemple, les rapports faisant l’inventaire des différents points relatifs à Bologne mis en application en Suisse ont montré que la Suisse est parmi les pays pionniers en ce qui concerne l’application du processus de Bologne (Benninghoff & Leresche, 2009, p.203). Pour l’introduction du système de Bologne, la nouvelle loi FH de 1995 a déjà été partiellement révisée au bout de cinq ans (Interview CH07). L’Acte Fédéral sur les Universités de Sciences Appliquées (FHSG) de 2005 a mis tous les FHs 13 sous supervision fédérale (Bundesversammlung 1995). Il a transféré la responsabilité pour les professions de santé, les questions sociales et les arts des cantons à la Fédération. Le but était de mettre en valeur la compatibilité nationale et internationale et la compétitivité des diplômes. A cette fin, la nouvelle loi a fourni les fondements légaux pour l’introduction des études de licence et master obligeant les FHs à offrir des programmes de licence et leur permettant d’offrir des programmes de Master, ainsi que des QA établis et des systèmes d’accréditation. Les changements de régime politique da ns l’enseignement supérieur Suisse. Les deux révisions de la constitution au début des années 1970 et à la fin des années 1990 n’étaient pas parvenues à renouveler les fondements légaux de l’enseignement supérieur. Le seul changement 13 Le terme FHs est appliqué dans le sens strict et n’inclut pas les PHs. Contre toutes attentes – L’influence européenne … 85 important lors de la révision de la constitution de 1999 avait consisté à élargir les compétences fédérales en matière d’enseignement et de formation professionnelle dans tous les domaines (Criblez, 2008, p.288). En ce qui concerne l’enseignement supérieur cependant, la révision de l’article constitutionnel n’avait pas pu aboutir en raison de divergences d’opinions entre la Fédération et les cantons. Ainsi, compte tenu de ce passif, la révision totale des articles de la Constitution concernant l’enseignement en 2006 peut être considéré comme un virage décisif. Pour la première fois dans l’histoire du pays, une prétendue « zone d’éducation suisse » a été proclamée. Pour arriver au but, la révision de la constitution a centré ses efforts sur les changements dans l’enseignement en général et dans l’enseignement supérieur en particulier. En ce qui concerne l’enseignement en général, la garantie de la qualité et la perméabilité de cette zone d’enseignement suisse ont été confiées à la Fédération et aux cantons de manière conjointe afin d’établir une zone d’enseignement suisse homogène. Cela les a contraint à coopérer au sein d’organismes communs et à coordonner leurs actions afin de promouvoir l’équivalence de l’enseignement général et de la formation et l’enseignement professionnel (BV 1999, art. 61a). La Fédération s’est vue confier des compétences subsidiaires lui permettant de réguler des zones anciennement sous la responsabilité des cantons. Les révisions constitutionnelles ont ainsi permis des réformes substantielles en ce qui concerne l’harmonisation des systèmes d’enseignement cantonaux. En matière d’enseignement supérieur, le nouvel article constitutionnel 63a a pour but de renforcer la coopération entre la Fédération et les cantons en les engageant à piloter conjointement les institutions chargées de l’enseignement supérieur, leur permettant ainsi de garantir la qualité de l’enseignement supérieur suisse via des contrats et le transfert de compétences vers des organes communs. Cela peut avoir lieu sans changer fondamentalement la répartition existante des compétences au sein du système, l’éducation élémentaire restant à la charge des cantons (Interview CH13). Cela a créé les conditions préalables nécessaires à un pilotage plus fort et simplifié de l’ensemble de la zone d’enseignement supérieur suisse, un financement transparent qui s’intéresse davantage aux performances et aux résultats, une organisation stratégique et un partage des tâches entre les différentes supérieur14. institutions chargées de l’enseignement Afin d’établir un “paysage d’enseignement supérieur Suisse”, un avant projet de Loi Fédérale sur la Promotion des Universités et la Coordination des Institutions de l’Enseignement Supérieur (HFKG 15) a été élaboré en 2009 (Bundesrat, 2009). L’intention première était d’accomplir le devoir constitutionnel de l’article 63a concernant le processus de pilotage simplifié de l’enseignement supérieur afin de permettre une régulation uniforme de l’ensemble du système d’enseignement supérieur. Cette loi doit remplacer les deux différents décrets concernant les UFGs pour les universités et les FHSGs pour les FHs en 2012. Cela deviendra ainsi la seule base légale de la Fédération concernant l’avancement financier des universités cantonales et des FHs mais aussi pour le pilotage politique de l’ensemble de la zone suisse d’enseignement supérieur, en partenariat avec les cantons. Pendant le soi-disant processus de consultation, l’avant projet a attiré l’attention par sa volonté d’unifier et de faciliter la coordination de la zone d’enseignement supérieur suisse16. La coordination simplifiée a été pensée pour garantir la qualité, la compétitivité, la cohérence et l’efficacité du système d’enseignement supérieur suisse. Après avoir été adopté par la Seconde Chambre (le Conseil des Etats) en 2010, l’avant projet du HFKG doit être proposé aux consultations parlementaires de la Première Chambre (Conseil National). Le HFKG va définir les fondements de la coordination fédérale mais aussi le financement en fixant un certain nombre de conditions aux contributions fédérales pour les FHs et les universités cantonales. Les principes et les procédures à appliquer pour une répartition des tâches et une organisation politique cohérente de l’enseignement supérieur http://www.sbf.admin.ch/htm/themen/uni/hls_de.html et http://www.sbf.admin.ch/htm/dokumentation/publikationen/grundlagen/factsheets /FS01_Hochschulsystem_e_2008.pdf [22.12.2011] 15 http://www.parlament.ch/d/mm/2010/seiten/mm-wbk-s-2010-06-29.aspx [22.12.2011] http://www.parlament.ch/ab/frameset/d/n/4819/357525/d_n_4819_357525_357931.ht m [22.12.2011] http://www.parlament.ch/ab/frameset/d/n/4819/358887/d_n_4819_358887_358888.ht m [22.12.2011] 16 http://www.sbf.admin.ch/htm/themen/uni_en.html [22.12.2011] 14 Contre toutes attentes – L’influence européenne … 87 suisse ont été posés, tout comme les principes du QA. Le HFKG institue aussi la création d’organes et d’objectifs communs. Cela permet d’unifier l’accréditation de l’ensemble de la Suisse à l’égard d’une soi-disant accréditation institutionnelle, et cela la rend obligatoire pour toutes les institutions éducatives, alors que, par le passé, seules les FHs devaient subir cette procédure (Interview CH04). Conclusion pour la Suisse - Explication des réformes de l’enseignement supérieur. A l’aune de ce nouveau siècle, il est maintenant possible d’affirmer que des changements radicaux ont été opérés en Suisse dans le secteur de l’enseignement supérieur. Alors que le Processus de Bologne a complètement transformé les programmes d’études suisses et établi pour la première fois un système de garantie de la qualité, les réformes de la gouvernance ont été marquées par une centralisation du contrôle, accomplie grâce à la Loi de Promotion de l’Université, d’une révision constitutionnelle, d’un Acte Fédéral pour les Universités de Sciences Appliquées et enfin d’un avant-projet de Hochschulförderungsund Koordinationsgesetz. Ce sont à la fois les processus d’internationalisation et la mondialisation rapide du secteur de l’enseignement supérieur qui ont agi comme des forces conductrices de ces développements actuels et qui ont engagé les politiciens suisses à intégrer toutes les compétences décisives en matière d’enseignement supérieur à un niveau fédéral. Le Processus de Bologne a tout particulièrement donné aux politiciens HE suisses une chance historique d’appliquer les réformes nécessaires (SBF & BBT, 2005). L’antagonisme entre le modèle de Bologne et le modèle HE suisse a modifié les opportunités de structurer autrement une réforme nationale basée sur une coalition entre l’autorité fédérale HE du ministère (SBF), les universités et leurs organisations respectives. Conclusion Il est devenu évident en Allemagne et en Suisse que l’internationalisation croissante de l’éducation était un levier décisif pour initier des projets de réformes. De plus, dans les deux pays, les réformes ne se sont pas limitées à une dimension structurelle mais elles ont aussi concerné des fondements institutionnels en matière de politique d’enseignement supérieur. Afin de rendre leurs systèmes d’enseignement supérieur plus compétitifs à l’échelle mondiale, des réformes structurelles complètes ont été initiées. Tout d’abord, ces réformes ont été chapeautées de façon coordonnée par le Processus de Bologne. Par conséquent, des changements radicaux ont été opérés : les cursus consécutifs ont été introduits, un travail a été mené sur la comparabilité des programmes académiques et des mesures pour garantir la qualité ont été mises en place ou étendues. En ce qui concerne les changements structurels, le Processus de Bologne peut être considéré dans les deux cas comme un modèle pour les tentatives de réformes nationales. Cependant, cela a également impliqué des réformes institutionnelles de l’enseignement supérieur. La prise de décision et les autorités politiques plus largement ont été amenées à changer de façon non négligeable. En Allemagne, l’enseignement supérieur est devenu plus décentralisé et a déplacé les compétences à l’échelle des Länder et en accordant plus d’autonomie aux universités. A l’inverse, en Suisse, la centralisation de l’enseignement supérieur s’est accentuée en accordant plus de pouvoir au gouvernement fédéral. Ce qui a conduit à décentraliser les politiques de l’enseignement supérieur en Allemagne, en réponse aux processus d’internationalisation, peut être mesuré par l’approche de la « nouvelle raison d’état ». A la fin des années 1990, les réformes de l’enseignement supérieur étaient en retard. Par le passé, la structure nationale complexe en matière de politique d’éducation, avec la suprématie du Länder, avait empêché toute réforme complexe d’avoir lieu pendant plus de 20 ans. Les développements à l’échelle internationale- en particulier la mondialisation croissante des relations économiques et sociales- ont créé un réel besoin de réformer le secteur de l’enseignement en Allemagne afin de lui permettre d’être compétitif à l’avenir. Une des réponses proposées à ce défi a été la participation au Processus de Bologne qui a mené à des changements substantiels de certains aspects structurels de l’enseignement supérieur. Des réformes institutionnelles des politiques d’enseignement supérieur ont eu lieu également. De cette façon, Toens (2009) a montré que le Processus de Bologne était utilisé par les politiciens allemands, principalement à l’échelle fédérale pour justifier les réformes globales de l’enseignement supérieur. Sans le cadre intergouvernemental de Bologne, ces réformes n’auraient pas été faisables. Contre toutes attentes – L’influence européenne … 89 Alors que la mise en place de réformes structurelles peut être expliquée par l’approche de la « nouvelle raison d’état », la décentralisation allemande actuelle doit cependant être expliquée plus avant. Il se peut qu’elle soit liée à des institutions politiques internes qui définissent la façon dont les réformes en matière d’enseignement doivent être introduites. La tâche simple consiste à démêler les compétences en matière de politique d’enseignement supérieur afin d’être capable de réagir de façon appropriée aux développements et défis internationaux. Avec l’ancien modèle d’un jeu à deux niveaux entre le gouvernement fédéral et les Länder, une réponse rapide et adéquate était quasiment impossible. Comme les Länder ont fortement insisté sur leur suprématie formelle en matière de politique d’éducation, le gouvernement fédéral n’avait pas d’autres choix que d’augmenter ses propres compétences dirigeantes. L’objectif principal a été de faire de la politique d’enseignement supérieur allemande une politique plus efficace et réactive en annulant l’autorité conjointe du Länder et du gouvernement fédéral. Comme il n’était pas possible de centraliser l’enseignement supérieur, la seule solution était de décentraliser et d’accorder plus d’autonomie aux Länder. Avant le début du processus de Bologne, la complexité des responsabilités dans les institutions de l’enseignement supérieur en Suisse avait abouti à une réforme à contretemps qui existait en fait depuis les années 1980. Quand le processus de Bologne a abouti à la fin des années 1990, cela a bousculé le paysage fragmenté de l’enseignement supérieur suisse, l’obligeant à mieux coordonner les différents niveaux politiques et à clarifier les compétences politiques de chacun. En jouant le jeu à tous les niveaux, la Suisse a stratégiquement exploité le processus de Bologne à l’échelle internationale et l’a utilisé comme un argument international pour légitimer l’aboutissement de projets de réformes et pour dépasser les critiques conservatrices des institutions politiques suisses. Afin d’être un acteur à part entière sur le terrain de l’enseignement supérieur, la Suisse a rejoint le processus de réforme européen dès le début. Le gouvernement fédéral a pris les rênes et –assez inhabituellement pour un pays fédéral- a préparé d’amont en aval des structures et des processus permettant de garantir la réalisation de réformes conformes au processus de Bologne. Avec le soutien des fédérations d’employeurs, les administrations des universités suisses ont utilisé cette opportunité historique pour moderniser l’enseignement et la recherche et pour remodeler l’ensemble des parcours universitaires. Par conséquent, la petite économie ouverte a finalement expérimenté un changement, même s’il a été induit de façon externe, ce qui a changé les choses à trois niveaux différents : au niveau du régime politique, de la politique ainsi menée et plus largement dans la façon de faire de la politique. Le témoignage suisse prouve clairement que l’approche de « nouvelle raison d’état » a un pouvoir explicatif évident et justifie les récentes évolutions politiques de l’enseignement supérieur suisse. Des recherches plus approfondies peuvent mettre en évidence une perspective davantage centrée sur les acteurs de ce changement et se focaliser un peu plus sur les l’importance des entrepreneurs de cette politique, en particulier le gouvernement fédéral et les coalitions de réformes nationales comme les administrations des universités et les associations économiques en faveur de l’européanisation de l’enseignement supérieur suisse. Contre toutes attentes – L’influence européenne … 91 Références bibliographiques AEBERLI, C., & SPORN, B., (2004). Hochschule Schweiz. Ein Vorschlag zur Profilierung im internationalen Umfeld. Zürich: Avenir Suisse. BENNINGHOFF, M., & LERESCHE, J-P. (2009). The Internationalization of National Decision-Making Processes: The Case of the Bologna Declaration in Switzerland. In Rediscovering Public Law and Public Administration in Comparative Policy Analysis: A Tribute to P. Knoepfel, (ed). S. Nahrath & F. Varone, pp.197-215. 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Processus d e Bologne et tentatives d’émulation aux Etats -Unis 17 Cécile Hoareau RÉSUMÉ Le Processus de Bologne a mené à des réformes étendues en Europe dans le domaine de l’enseignement supérieur, et attire une certaine curiosité dans plusieurs pays, dont les Etats-Unis. Cet article utilise le concept de gouvernance délibérative afin d’expliquer la capacité réformatrice du Processus de Bologne. L’article se concentre en particulier sur la genèse du Processus, qui mena à la déclaration de la Sorbonne du 25 mai 1998. Cette genèse est comparée à la tentative d’émulation menée aux Etats-Unis, par l’intermédiaire de l’initiative TuningUSA ; une comparaison qui permet d’examiner la reproductibilité du processus de Bologne, les raisons de cette émulation ainsi que ses limites. Cette comparaison souligne le rôle clef du cadre de mise en œuvre de ces exercices en gouvernance délibérative, particulièrement en ce qui concerne les relations entre universités et Etat, et mène à une conclusion critique en ce qui concerne la différence entre discours et action politique au niveau de ces relations entre universités et Etat en Europe. MOTS CLÉS Enseignement supérieur, réformes, Europe, Etats-Unis, gouvernance, délibération ABSTRACT The Bologna process has led to extensive reforms in higher education in Europe, and has attracted the curiosity of several countries, including the United States of America. This article uses the concept of deliberative governance to explain the capacity the Bologna process had to lead to reforms. This article concentrates in particular on the beginning of the process, which led to the declaration of the Sorbonne on the 25th of May 1998. This beginning is compared to the attempt to emulate part of the process in the US, through Cet article a bénéficié des commentaires des participants du séminaire au Center for Higher Education and Equity Research de l ‘Université de Sussex le 6 février 2012. La rédaction de cet article a été possible grâce au soutien de la Commission Fulbright ainsi que du fond de recherche de l’Université de Londres. 17 an initiative known as TuningUSA. Such comparison leads to examine the potential to reproduce the Bologna process, the reasons for this emulation as well as its limits. This comparison underlines the key role of the framework on these exercises of deliberative governance, in particular regarding the relationships between Government and universities, and leads to a critical conclusion regarding the difference between discourse and political action regarding the relationships between Governments and universities in Europe. KEYWORDS Higher education, reforms, Europe, United States of America, governance, deliberation. Introduction Le Processus de Bologne, commencé par une initiative du gouvernement français en mai 1998 afin de réformer les systèmes d’enseignement supérieur européen, fait l’objet d’une littérature de plus en plus extensive tant au niveau de son institutionnalisation (Ravinet, 2005) ainsi que de sa mise en œuvre dans les pays membres (voir par exemple Witte, 2006), des discours accompagnant son européanisation (Fejes, 2005 ; Nokkala, 2005). La définition d’européanisation s’appuie sur celle de Claudio Radaelli (2000:4) comme un « processus de (a) construction, (b) diffusion, et (c) institutionnalisation de règles formelles et informelles, de procédures, de paradigmes de politiques publiques, de styles, « de façons de faire », de croyances partagées et de normes qui sont définies et consolidées dans la fabrication des politiques de l’Union Européenne et incorporées dans la logique d’un discours, d’identités, de structures politiques et de politiques publiques sur un plan domestique ». Pour les analystes de l’européanisation, le Processus de Bologne représente un puzzle particulier, vu qu’il a mené à des réformes étendues sans passer par un mode coercif et législatif communautaire (le processus est intergouvernemental et non communautaire). Cette gouvernance toute particulière, ainsi que l’étendue du processus, tant au niveau des réformes enclenchées que de l’enthousiasme des gouvernements des pays de la région européenne, a attiré la curiosité du monde entier, avec des efforts de coordination en matière d’enseignement supérieur ayant commencé en Amérique Latine, en Afrique, en Asie du Sud Est ainsi qu’aux Etats-Unis (voir l’article de Susan Robertson dans la même édition). Aux Etats-Unis, le Les limites de la gouvernance délibérative … 99 processus de Bologne rencontre un certain intérêt, la fondation Lumina ayant lancé une phase expérimentale d’émulation du processus de Bologne depuis 2008, entre les Etats du Minnesota, de l’Indiana, de l’Utah et du Texas (le Texas joignant l’initiative en 2009). Cet article a deux objectifs. Premièrement, il explique comment le processus de Bologne a mené à la diffusion de croyances et de normes partagées en conceptualisant le processus de Bologne en tant que gouvernance délibérative, qui constitue une approche alternative de politique publique européenne (Teague, 2001 ; Hoareau, 2011). Deuxièmement, cet article utilise une approche comparative, qui vise à s’interroger sur la reproductibilité du Processus de Bologne et sur les raisons pour lesquelles le Processus a été émulé aux Etats-Unis, ainsi que sur l’étendue de ce processus d’émulation. Une comparaison Union Européenne Etats-Unis est particulièrement intéressante étant donné que le discours accompagnant Processus de Bologne sousentendait une comparaison avec les Etats-Unis, compris en Europe comme le système d’enseignement supérieur dominant. D’autre part, une coordination interétatique s’avérait difficile aux Etats-Unis comme en Europe, le niveau fédéral (compris au sens large incluant les institutions exécutives de la Commission européenne et du Department of Education américain). Les relations entre institutions de l’enseignement supérieur et gouvernement étatique aux Etats-Unis sont bien entendu différentes des processus européens. Les universités aux Etats-Unis sont connues pour leurs traditions d’autonomie vis-àvis du gouvernement ainsi que pour une présence visible du secteur privé, certaines universités privées réputées internationalement pour leur sélectivité, d’autres, notamment les universités à profit (‘for profit universities’) étant moins sélectives et adressées principalement a une démographique dont les résultats scolaires sont considérés comme insuffisant pour une admission universitaire par plusieurs institutions. Ces universités privées sont principalement autorégulées avec très peu d’influence des autorités publiques, ou principalement dans le domaine de l’aide aux étudiants par l’intermédiaire des bourses et prêts subventionnés par l’Etat. Pourtant, les institutions publiques occupent 80% du système universitaire américain. Les universités d’Etat, telles que les State Universities of New York (SUNY), reçoivent des fonds du gouvernement d’Etat, et comprennent un système d’établissements publics de taille équivalente à un pays européen de taille moyenne (64 institutions pour le système SUNY, un des plus grands systèmes universitaires aux Etats-Unis, qui inclut des universités délivrant des doctorats, des universités collèges, des collèges techniques, et des collèges de communauté ‘community college’, institutions délivrant des diplômes professionnalisant de deux ans. Ce système est gouverné par un conseil d’administration (‘Board of Trustees’), qui décide de la coordination entre établissements, de la délivrance des diplômes, des systèmes d’admissions, des frais étudiants, ainsi que des nominations du personnel haut placé. Le gouvernement étatique a une influence sur ce conseil d’administration par le système de nomination, 15 des 18 membres étant nommés par le Gouverneur avec approbation du sénat de New York. Les autorités publiques jouent un rôle de coordination plus limité qu’au sein de l’Union Européenne, ou des initiatives telles que le Processus de Bologne ou Tuning sont supportées par la Commission européenne selon Adelmann (2010), qui a acquis une influence croissante dans la formation d’un espace européen de l’enseignement supérieur (Croché, 2010 ; Ravinet, 2010). Cet article a pour but d’analyser comment différents représentants étatiques arrivent à un accord politique menant à des réformes. L’article se concentre donc sur la genèse du processus de Bologne, et plus particulièrement sur les négociations préalables à la déclaration de la Sorbonne. L’article compare cette genèse à la mise en place du Tuning USA, l’objectif étant de comparer deux moments de mise en place d’un mécanisme de coordination entre gouvernements étatiques au sujet de l’enseignement supérieur. Dans cette perspective, le processus Tuning Europe aurait correspondu à une phase plus institutionnalisée et donc pas entièrement comparable avec le processus aux Etats-Unis. Cet article utilise aussi sur des exemples de mise en place de politiques universitaires dans le cadre de la France, étant donne le rôle central que le Gouvernement français a joué dans le Processus de Bologne. Finalement, cette approche comparative est liée à l’effort d’émulation a vertu à isoler les facteurs critiques liés à la mise en œuvre du processus de Bologne en Europe et à revisiter et ajouter au concept de gouvernance délibérative présenté en première partie. Les limites de la gouvernance délibérative … 101 L’article commence donc par définir la gouvernance délibérative, avant de démontrer comment le processus de Bologne correspond à une telle gouvernance et d’isoler les facteurs clefs de la mise en œuvre de cette gouvernance au travers du cas des Etats-Unis. L’article conclut en soulignant le rôle des relations entre le gouvernement et les établissements d’enseignement supérieur dans la mise en œuvre du processus de Bologne. Plus particulièrement, cette relation souligne que le Processus de Bologne a été rendu possible en Europe en raison d’un contrôle étroit du Gouvernement, malgré le discours du Processus de Bologne, qui préconisait l’autonomie des universités. Ces relations soulignent un paradoxe au cœur du Processus de Bologne entre discours et action politique en ce qui concerne l’autonomie universitaire en Europe, une conclusion qui rejoint les observations de Susan Robertson autour de l’Etat dans le régionalisme de régulation européen. 1 - La gouvernance d élibérative et ses caractéristiques en Europe Cet article conçoit l’européanisation comme un processus de gouvernance délibérative, où les croyances et normes sont ajustées par l’intermédiaire d’échanges et de cadrages d’arguments politiques plutôt que d’imposition de réglementations. Le concept de gouvernance délibérative, aussi appelé délibération polyarchique directe, ou gouvernance expérimentale, est, selon ses militants, une nouvelle voie théorique dans le champ des études européennes (Cohen et Sabel 1997; Sand 199 ; Eriksen et Fossum 2000; Joerges et Neyer 2006; Neyer 2006). La gouvernance délibérative est liée à l’expansion de la gouvernance à niveaux multiples, qui a souligné les limites des mouvements intergouvernementalistes et néofonctionnalistes dominant le champ des études européennes depuis les quinze dernières années, pour expliquer la complexité des politiques européennes en tant que système politique à couches institutionnelles multiples, qui ne comprend pas seulement deux niveaux (national et européen), mais plusieurs, dont les gouvernements nationaux, les agences régionales et indépendantes ainsi que des groupes d’intérêts (Hooghe 1995; Marks et al. 1996). La gouvernance délibérative repose sur la participation réciproque d’agents qui sont ouverts à l’échange d’arguments, souvent basé sur des points de références, avec pour objectif explicite de résoudre un problème politique. Comme les instruments de gouvernance délibérative sont en permanente révision au sein de l’Union Européenne, Sabel et Zeitlin (2007 :7) conclurent que la gouvernance délibérative devrait être comprise comme fonctionnelle plutôt que structurelle ou institutionnaliste. La gouvernance délibérative est utilisée de façon croissante au sein des politiques européennes, des télécommunications aux politiques sociales et à la méthode ouverte de coordination (Sabel et Zeitlin 2007; Teague 2001). Cette expansion fait écho à un mouvement mondial basé sur un changement idéologique consistant à promouvoir l’encouragement à travers la communication plutôt que la contrainte basée sur l’application obligatoire de règles (Sunstein and Thaler, 2003,2008). Sabel et Zeitlin (2007) explorent plusieurs applications, qui incluent la loi American No Child Left Behind Act de 2000, ainsi que les accords de l’Organisation Mondiale du Commerce (mesures sanitaires et phytosanitaires). D’autres mises en pratique incluent la gouvernance de l’Organisation pour la Coopération Economique et le Développement, qui encourage les états membres à discuter ouvertement les indicateurs comparatifs et points de références. La gouvernance délibérative s’appuie aussi sur trois conditions minimales. Premièrement, les participants doivent justifier de leurs positions au travers d’arguments résonnés. Cette argumentation donne aux acteurs des informations nécessaires en ce qui concerne le problème considéré, les dimensions du problème qui devraient être incluses, les règles du jeu, et n’est donc fondamentalement pas exclusive d’autres formes de négociations (Gehring 2003: 87; Risse 2000) Deuxièmement, les participants doivent être ouverts à l’échange d’arguments. Finalement, l’argumentation doit être réciproque, ce qui implique des conditions plus ou moins strictes, telles que le droit de questionner, affirmer et participer (Habermas, 1984). Ces conditions sont à distinguer des résultats de la délibération, par exemple en ce qui concerne le potentiel des délibérations à mener à un accord consensuel. Un accord consensuel est une conséquence, et non un trait définitif des délibérations. Et la délibération peut aussi mener à un compromis (Elster, 1992 ; Mackie, 2006). De plus, la délibération ne mène pas nécessairement à une polyarchie, comme Cohen et Sabel (1997) expliquent, plusieurs délibérations prenant place dans un contexte hiérarchisé (Sabel et Zeitlin, 2007). Les limites de la gouvernance délibérative … 103 La gouvernance délibérative comprend cinq éléments. Elle aide: a) à résoudre les problèmes ; b) à un cadrage au travers de la mise en place de l’agenda au niveau européen ; c) à apprendre entre juridictions ; d) à la création de politiques ouvertes et flexibles ; ainsi qu’à e) des changements politiques incrémentaux (Teague, 2001). Le concept du cadrage politique émerge de Goffman (1974).Le cadrage agit sur les champs cognitifs des individus, ce qui leur permet de donner un sens au monde. Les acteurs formulent un cadrage politique visent à influencer les champs cognitifs de leurs interlocuteurs, au lieu de prescrire des résultats concrets. Les acteurs nationaux avec des visions du monde différentes pourraient adhérer à un cadrage similaire au niveau européen, soit parce que le cadre est suffisamment ambigu pour correspondre à différentes situations, ou alors parce qu’ils sont aptes à redéfinir un problème à partir de liens à d’autres champs politiques (Geddes et Guiraudon, 2004). Selon Teague (2001), l’acteur qui a le plus de pouvoir de définir l’agenda politique est celui qui est le mieux positionné pour sélectionner les cadres de référence. Les cadres pour l’intégration européennes sont conçus pour changer le climat politique domestique et renforcer le support pour les objectifs Européens. L’intégration européenne au travers du cadrage est particulièrement forte quand le contexte de décision européen permet l’adoption de politiques vagues et plus ou moins symboliques pour naviguer autour des conflits d’intérêts entre états membres menant à des accords politiques flexibles (Knill et Lehmkuhl, 1999). La gouvernance délibérative mène à un apprentissage et défit les croyances liées à une politique La gouvernance délibérative est similaire au discours, même si les conditions de réciprocité et d’ouverture sont plus explicites dans le terme délibération (le terme de discours inclut à la fois une série d’idées et un processus de formulation, de communication et d’apprentissage, Radaelli et Schmidt, 2005). L’apprentissage change les paradigmes, réévalue les instruments politiques, ajuste la mise en œuvre et émule les politiques d’autres pays (Bennett et Howlett, 1992 ; Hall, 1993 ; Rose, 1991). Les acteurs apprennent entre eux pour réduire l’incertitude et résoudre un problème, qui peut aussi sauvegarder les coûts liés à la collection d’informations. Et la mise en œuvre des idées des autres accroit potentiellement la légitimité, spécialement si ces idées sont inspirées par ceux qui ont été perçus comme ayant plus de légitimité. La légitimité dans ce cas vient de l’argumentation plutôt que de l’adoption par un certain nombre d’élus représentatifs au sein d’un processus démocratique (Sabel et Zeitlin, 2007). De plus, justifier une inspiration par les autres réduit en apparence l’intérêt de l’architecte des réformes et fait que l’opposition devient moins évidente, par une logique de déclin de responsabilité ou les décideurs politiques justifient des réformes domestiques en expliquant que les institutions supranationales sont responsables (Dyson and Featherstone 1996; Radaelli 2000 ; Jacquot and Woll 2004). Le processus d’apprentissage mène à ce que les théoristes de l’évolution appellent recombinaison, un processus de changement politique qui passe par des étapes incrémentales plutôt que de large domaine, l’accumulation de changements de petite dimension pouvant mener à une altération radicale du régime politique (Nelson et Winter, 1982 ; Teague, 2001). La recombinaison est particulièrement probable dans le processus de délibération en raison du processus cognitif. L’apprentissage par la délibération, s’il mène à l’introduction de nouvelles informations ou est dissonant par rapport à une carte cognitive, commence par affecter des aspects politiques secondaires avant de changer des aspects fondamentaux (Majone, 1989 ; Hall, 1993 ; Sabatier, 1998). 2 - Méthode Cet article repose sur une quarantaine d’entretiens semi-ouverts avec les personnes ayant pris partis à la formation du processus de Bologne ainsi que des Initiatives Tuning en Europe et aux Etats-Unis, conduits entre 2008 et 2011. Ces entretiens se concentrent sur les ‘gouvernants’, qui incluent donc des hommes politiques ainsi que leurs cabinets, des membres des personnels administratifs et universitaires, certains experts ayant eu un rôle de conseil dans ces initiatives des quatres pays ayant initié le processus de la Sorbonne (France, Italie, RoyaumeUni et Allemagne) ainsi qu’aux Etats-Unis. Les entretiens ont suivi le principe de Chatham House, selon lequel les personnes interviewées gardent un anonymat par rapport à leur nom et fonction afin de faciliter l’échange d’informations. Ces entretiens eurent vertu à faciliter la reconstruction des événements et d’opinions18. Cette analyse est complementée par une enquête en ligne commprenant 169 réponses visant à mesurer le changement d’attitudes et de preferences des partis prenantes au Processus de Bologne. Les résultats de cette analyse en ligne sont disponible dans : Hoareau (2010) ‘Does deliberation matter ? The impact of the 18 Les limites de la gouvernance délibérative … 105 Les entretiens sont substantiés et vérifiés par une analyse de documents officiels, sources secondaires ainsi que d’une collection d’archives dans le cas Européen obtenus après requête selon la loi sur la liberté d’accès aux documents administratifs en France ainsi qu’au Royaume-Uni. 3 - Le Processus de Bologne en tant que processus délibératif Le Processus de Bologne, qui a mené à des réformes étendues à plusieurs pays européens, correspond à cette gouvernance délibérative. Cet article s’appuie tout particulièrement sur le début du processus de Bologne, et en particulier aux délibérations antérieures à la signature de la déclaration de la Sorbonne du 25 Mai 1998 (le processus fut nommé Bologne au lieu de Sorbonne parce qu’un nombre plus large de ministres furent invites à Bologne et la déclaration devint donc plus représentative). La déclaration de la Sorbonne, signée entre Claude Allègre, Luigi Berlinguer, Jurgen Ruettgers et Tessa Blackstone. Les négociations ayant mène à cet accord intergouvernemental sont particulièrement intéressantes à étudier pour plusieurs raisons. Premièrement, cet accord a commencé le processus de Bologne et mène à des réformes domestiques extensives. Deuxièmement, l’accord était peu probable pour plusieurs raisons. L’enseignement supérieur est une politique redistributrice, qui est plus difficile à intégrer que les politiques régulatrices, telles que celles liées au marché intérieur (Hix, 2005). L’Union européennes a en effet des compétences limitées en ce qui concerne l’enseignement supérieur, avec des compétences complémentaires, qui sont régulées par les articles 149 et 150 du traité. Les quatre ministres venaient de systèmes d’enseignement supérieurs différents, relativement centralisés en Italie et en France avec un modèle napoléonien, et relativement décentralisés dans le modèle Humboldtien allemand et la tradition Anglo-saxonne influencée par Oxbridge (Deer, 2002). Finalement, les ministres viennent de majorités différentes. Tous les ministres n’étaient pas de la même majorité politique, Jurgen Ruttgers étant Christian Démocrate (de tendance plus droitiste que les autres). Les ministres ont toutefois signé la déclaration en tant record (le Bologna process on attitudes and policies in European higher education’, chapitre 5, thèse doctorale, London: London School of Economics. processus de rédaction n’ayant duré que deux semaines selon les personnes interviewées) et plusieurs ont fait de grands efforts pour mettre en place ces mesures (entretien, UKCM1 24 April 2007). *Résoudre un problème : Avoir un problème commun a galvanisé les ministres. Tous faisaient face à des difficultés pour mettre en œuvre leurs réformes sur le front national, Claude Allègre devait faire face à l’opposition des têtes des grandes écoles et école d’ingénierie sur sa réforme des classes préparatoires et a éventuellement du la rétracter (Witte, 2006 : 272). Berlinguer avait dû enlever la limite sur les admissions universitaires après les manifestations étudiantes (Associated Press Worldstream, 1996). Les étudiants étaient aussi très opposés aux plans de réforme de Jurgen Ruttgers qui a mené à un rejet de la loi cadre Hochschuhlrahmengesetz (HRG) le 6 Mars 1998 (Steghaus-Kovac, 1998). Tessa Blackstone est devenue ministre en 1997, après quelques années tourmentées dans le milieu de l’enseignement supérieur au Royaume-Uni. Les universitaires résistaient à la réforme sur l’assurance qualité qui occupait une large partie des années 1990s et a mené à la création de l’assurance d’agence qualité le 2 avril 1997 (QAA, 1997). Ces ministres avaient commencé des consultations nationales pour accroitre leur légitimité nationale, ayant mené trois d’entre eux à considérer une réforme des niveaux de qualification, la commission Martinotti, prenant place de Juin 1996 à Octobre 1997, ayant abordé une réforme des Laurea, le Ministère fédéral de l’éducation et de la recherche voulant préparer un quatrième amendement à la HRG, et la commission Attali en France ayant publié un rapport en février 1998 proposant la réorganisation des niveaux de diplômes en undergraduate, master et doctorat. Tessa Blackstone se concentrait quant à elle sur une réforme plus étendue du financement de l’enseignement supérieur, le rapport Dearing sur les coûts de l’enseignement supérieur ayant été publié le 23 Juillet 1997. *Echange ouverts d’arguments: les ministres ont délibéré au sujet de l’enseignement supérieur durant plusieurs échanges informelles et rencontres. Plusieurs se souviennent en particulier des rendez-vous du groupe Carnegie, organisés par la Commission Carnegie en science, technologie et gouvernement. Ce rassemblement des ministres et conseillers des pays du G7 de l’Union européenne et de ce qui constituait auparavant l’Union soviétique, mis en place en 1991, a opéré comme un espace instrumental de pensée en ce qui concerne l’harmonisation européenne (interview, FM1 02 April 2007; interview IT1, 05 Septembre 2007). Claude Allègre, alors conseiller spécial de Les limites de la gouvernance délibérative … 107 Lionel Jospin, qui était Ministère de l’Enseignement national, et Luigi Berlinguer, Ministre pour l’Enseignement supérieur et la recherche scientifique à partir de 1993, étaient particulièrement exposés à ces rencontres. Les conseillers ont délibéré sur la déclaration pus précisément durant la mi-mai pendant la rencontre à Londres et plusieurs emails et conversations téléphoniques ont eu lieu avant la conférence de la Sorbonne. *Cadrage et contrôle de l’agenda au niveau européen: les ministres ont eu l’idée de suggérer un cadrage en ce qui concerne l’enseignement supérieur pendant ces rendez-vous. Claude Allègre proposa que cette idée devienne officielle durant une rencontre à Paris pour l’anniversaire de la Sorbonne (Dauvin, 1998). Ce cadrage incluait une double dimension économique et intégrationniste, et plus particulièrement l’idée que l’Europe devait devenir plus intégrée afin de résister à la compétition internationale croissante. Un tel cadrage correspondait aux objectifs de long-terme diffusé dans les organisations internationales, où les ministres se sont aussi rencontrés, en particulier à l’OCDE. Le Centre pour la Recherche Educative et l’Innovation (CERI) et le Programme sur le Management Institutionnel en Enseignement Supérieur (IMHE) avait commencé à explorer des modèles alternatifs pour l’enseignement supérieur depuis les années 1970s. La publication d’indicateurs comparatifs a mené les pays à évaluer leurs performances de façon critique (Lindard and Grek 2008; Taylor et al., 1997). Ce discours sur la compétition internationale et la performance fut diffusé en Europe dans les années 1990s. Lindard et Grek ont souligné comment les indicateurs et benchmarks généré par l’OCDE ont été utilisé de façon subjective pour aider à former une ‘nouvelle’ identité européenne d’avantage compétitif et de responsabilité individuelle (Lindard et Grek, 2008 : 11). Cette rhétorique de rationalisation économique était en ligne avec les efforts de réformes précédents des ministres. Afin de promouvoir ces efforts nationaux, les ministres devaient obtenir une légitimation additionnelle, celle de l’intégration européenne. Le processus de Bologne a donc joué un rôle de catalyste pour l’action Européenne pour adresser ce nouveau paradigme international en ce qui concerne l’enseignement supérieur. *Apprentissage entre juridictions : Les ministres ont ensuite délibéré sur la dimension sur laquelle l’harmonisation de l’enseignement supérieur aurait lieu et ajusté leurs préférences en accord avec ces délibérations. Le ministre français a changé ses préférences en ce qui concerne la longueur des diplômes de license (undergraduate). Claude Allègre avait à l’origine prévu d’harmoniser le premier niveau de diplôme en France à partir d’une durée de quatre ans (Allègre, 1997). Il expliqua qu’il fût convaincu par le ministre allemand Jurgen Ruttgers, de réduire la longueur du niveau license (interview, FM1, 2 April 2007). Ce changement d’opinion fut aussi consolidé par les discussions de la Commission dirigée par Jacques Attali (interview FCM1, 28 Avril 2007). De plus, la logique présentée par Jurgen Ruttgers selon laquelle les diplômes d’une durée plus courte seraient compétitifs avec les Etats-Unis résonnaient avec la volonté de Claude Allègre de rendre l’enseignement supérieur français plus compétitif. Cette volonté s’appuyait sur l’expérience d’enseignement de Claude Allègre à la Massachussetts Institute of Technology (MIT) en 1975-76 (Allègre 200). Une fois convaincu par le ministre allemand, Claude Allègre partagea ses pensées avec le Ministre Italien, Luigi Berlinguer. Luigi Berlinguer paya attention à la proposition de Claude Allègre, d’autant plus qu’il était inspiré par l’exemple anglais (entretien IT3, 6 September 2007). Luigi Berlinguer avait déjà accepté en principe un diplôme de deux ans en Décembre 1997, et changea son opinion de façon progressive en faveur d’un diplôme en trois ans (email correspondance IT7, Septembre 2007). Ce changement força Luigi Berlinguer à amender la direction des plans nationaux de réformes, qualifié comme une ‘des décisions politiques les plus difficiles’ (interview IT3, 6 Septembre 2007), étant donne le risque de perte de crédibilité. Ce pari venait de la perception que l’intégration européenne aidait à adopter les réformes domestiques nécessaires (interview IT3, 6 Septembre 2007; voir aussi Ravinet 2005: 18). Cette recollection narrative complémente les résultats d’un questionnaire en ligne envoyé à 161 participants aux délibérations du processus de Bologne (entre 1998 et 2007). Des participants, 93,61% ont confessé avoir appris de ces rencontres, 91.3% ont reconnu que ces rendez-vous avaient un impact sur leurs opinions sur les questions liées à l’enseignement supérieur, avec 37.27% ayant reconnu qu’ils avaient changé d’opinion. Une fois cet accord de principe obtenu, les conseillers spéciaux des ministres respectifs ont négocié la déclaration en deux semaines, une première ébauche ayant circulé le 7 mai 1998, deux semaines avant la conférence de la Sorbonne, avec une version pratiquement finale produite le 14 mai lors d’une rencontre à Londres (interview UKCM1, 24 April 2007), prête pour la signature finale le 25 May 1998. Les limites de la gouvernance délibérative … 109 *Accords politiques ouverts et flexibles : Les délibérations de la Sorbonne ont mené à un accord politique ouvert et flexible. Premièrement, la déclaration ne fut pas liante légalement. Aucune date limite ne fut fixée pour sa mise en œuvre. Deuxièmement, plusieurs références inclues dans l’ébauche originale furent diluées pour faciliter une adoption au niveau national (interview FCM1, 28 April 2007). Par exemple, les Ministres supprimèrent le nombre d’années nécessaires pour l’atteinte du premier niveau de diplôme, bien qu’ils aient discuté de ce sujet a priori (interview FM1, 2 April 2007; interview IT3, 6 Septembre 2007). Le conseiller italien Michelangelo Pipan suggéra une dilution des références économiques, en supprimant la référence à ‘l’esprit d’entreprise’ pour ne pas se heurter à une opposition italienne. Les conseillers ont aussi ajouté une référence à l’héritage ‘intellectuel, social et culturel’ en Europe. Finalement, la déclaration inclut une invitation à tous les états membres européen à joindre leurs réformes. *Changement politique incrémental : Les ministres italiens, français et allemands partageaient l’intuition selon laquelle un accord européen pourrait diminuer une opposition domestique aux réformes (email IT7, Septembre 2007; interview EU1, 2 July 2007; interview FF4, 7 Juin 2007; interview IT4, 10 Septembre 2007; interview IT8, 10 Septembre 2007). En France, Claude Allègre (2000 : 263) décrivait la déclaration de la Sorbonne et le processus d’harmonisation européenne comme le point principal d’attaque des réformes (Allègre 2000: 259). Claude Allègre pris avantage de l’impulsion européenne donné par la déclaration de la Sorbonne pour proposer une réforme extensive des niveaux de diplôme (‘License-master-doctorat’). Il mit en place un débat national intitulé ‘harmonisation européenne’, peu après l’événement de la Sorbonne les 25 et 26 janvier 1999. La stratégie porta fruit. Les acteurs non gouvernementaux, qui s’étaient opposés au principe de simplification des niveaux de diplômes quelques mois plus tôt que le rapport Attali (Attali, 1998) ne contredirent pas la déclaration de la Sorbonne. Ils ont principalement souligné des soucis en ce qui concerne ses implications (CNESER, 1999). Les consultations menèrent à un changement des niveaux de qualification en France (décret n 99-747 et arrêté du 17 Novembre 1999). Cette réforme eut des implications larges, liées à l’autonomie des universités de déterminer leurs niveaux de diplômes mais aussi aux contenus par l’intermédiaire de l’élimination des maquettes nationales (Demichel and Garden 1998; interview FCM2, 22 May 2007). Le processus de Bologne continua à jouer un rôle de légitimation dans les réformes de l’enseignement supérieur français plusieurs années après le départ de Claude Allègre. L’assurance qualité fut reformée un an après la conférence interministérielle de Bergen avec la création de l’Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement supérieur avec la loi du 18 avril 2006. Plus récemment, le président Nicolas Sarkozy justifia la loi sur les libertés et responsabilités des universités du 11 août 2007 en utilisant la rhétorique de compétitivité internationale liée au processus de Bologne. Cette analyse de la genèse du processus Bologne démontra le rôle de la gouvernance délibérative, dont les critères furent inspirés par Teague (2001), dans la formulation et la mise en place de réformes en Europe. Le processus de Bologne mena à des réformes étendues aux pays membres, la majorité de ces pays s’étant converties au système d’enseignement supérieur à trois niveaux (Eurydice, 2007). *Initiatives délibératives liées au Processus de Bologne : Tuning Le processus de Bologne engendra plusieurs réformes, par l’intermédiaire du principe de réforme incrémentale, ainsi que plusieurs plateformes delibératrices, ayant vertu à étendre la participation aux Universités, représentée par l’Association Européenne des Universités pendant les négociations suivant la déclaration de la Sorbonne en 1999. Ces réformes couvrirent le système de crédits, la réforme du système de qualité de l’enseignement, ainsi que l’adoption d’un cadre européen de compétences (European qualification framework) visant à déterminer ce que les étudiants devraient apprendre par niveau de diplôme. Cet échange sur le contenu de l’apprentissage fut aussi stimulé au travers d’une initiative intitulée Tuning. Débutée en année 2000, l’initiative Tuning a pour objectif de faciliter un échange entre plusieurs acteurs de l’enseignement supérieur, dont les administrateurs des universités, en ce qui concerne les sujets liés aux structures de l’enseignement. Cette initiative peut être interprétée comme le pendant du processus de Bologne au niveau de la mise en oeuvre universitaire. Ce pendant est moins lié à la participation politique qu’universitaire, mais garde une ambition délibérative claire, visant à l’échange d’idées se porte sur la recherche de cadres de références communs et d’apprentissage entre juridictions afin Les limites de la gouvernance délibérative … 111 d’adresser les problèmes liés à la reconnaissance. En pratique, les partenaires inclus à cette initiative se rencontrent afin de définir le profil des diplômes universitaires, de l’évaluation des connaissances ainsi que la structure des diplômes afin d’identifier des similarités et d’échanger au sujet de l’évaluation de ces structures. L’ initiative Tuning couvre plusieurs aspects techniques, tels que les niveaux de qualification pour identifier des points de similarité entre compétences (liées aux sujets et compétences génériques), le développement d’un système d’accumulation, le transfert de crédits, les approches et techniques d’enseignement, l’évaluation liée à l’apprentissage, ainsi que les compétences, l’assurance et la revalorisation de la qualité. Ce processus faciliterait la mise en place du Processus de Bologne et mènerait à une amélioration de la qualité des programmes L’initiative Tuning couvre onze disciplines et l’ensemble des pays du Processus de Bologne en Europe. 4 - La tentative d’émulation du processus de Bologne aux Etats -Unis L’étendue des réformes entamées par le processus de Bologne en Europe attira l’attention de plusieurs pays au monde, dont les EtatsUnis. Cliff Adelman, de l’Institute for Higher Education Policy, publia deux rapports sur le processus de Bologne en 2008 et 2009 commissionné par la Fondation Lumina sous l’égide de son vicepresident pour les opérations et le conseil général Holiday Hart McKiernan. Ces ouvrages furent intitulés ‘Le Club de Bologne : ce que l’enseignement supérieur aux Etats-Unis peut apprendre d’une décennie de construction européenne’ (2008) et ‘le Processus de Bologne pour des yeux américains : réapprendre l’enseignement supérieur à un âge de convergence’ (2009). Ces deux rapports expliquaient ce que les Américains devaient retirer du processus de Bologne et recommandait en particulier une émulation de la discussion sur les acquis de formation (learning outcome), problème qui fut discuté par la suite du processus de Bologne dans le cadre des discussions ayant mène à l’adoption du cadre de compétences européen (European qualifications framework). La Fondation Lumina décida alors de mettre en place une initiative sur les acquis de formation et les cadres de compétences à la fin 2008. Le Conseil d’état des régents de l’Utah, la Commission pour l’enseignement supérieur de l’Indiana, le Bureau pour l’enseignement supérieur du Minnesota et le Conseil de coordination pour l’enseignement supérieur du Texas nominèrent des administrateurs et universitaires qui prirent part à un groupe d’étude. Ce groupe d’étude mena à l’adoption du document Profil de qualification par degrés (Degree qualification profile) en 2011, qui visa à spécifier ce que les étudiants apprennent par niveaux et est donc similaire au cadre de compétences européen. Le groupe de travail TuningUSA travaille en cinq étapes. Il définit les structures des diplômes, développe les profils de carrière liés à ces diplômes, consulte les partis intéressés, définit les compétences cœurs et les apports de connaissances liés aux diplômes afin d’identifier des spécifications communes à chaque diplôme. L’initiative TuningUSA vise, comme son parallèle européen, à identifier des points de référence plutôt qu’à obtenir une standardisation des diplômes. Ce groupe d’étude, plus connu sous le nom de Tuning USA, épousa les critères de la gouvernance délibérative adoptes par Teague. *Il visa à résoudre un problème. Ce problème est lié à la qualité de l’enseignement supérieur aux Etats-Unis, qui a inquiété une grande partie de la littérature et fait l’objet d’un rapport gouvernemental de la Commission Spellings (Douglass, 2006; Babcock et Marks, 2012). Arum et Roska (2011) ont par exemple démontré que 45% des étudiants de niveau équivalent à la license (‘undergraduate’) ne présentaient aucun gain d’apprentissage après deux ans d’étude et que 25% des titulaires d’un diplôme undergraduate ne disposaient d’aucun gain d’apprentissage après quatre ans passés dans l’enseignement supérieur. Ce souci est corroboré par les statistiques de l’OCDE, qui montrent que le pourcentage des diplômés de l’enseignement supérieur aux Etats-Unis est environ 25% plus bas que dans l’Union européenne et que dans la moyenne des pays de l’OCDE (OCDE, 2010). Adelman (2009 :9) fit écho à ces soucis, lorsqu’il expliqua : « Nous avons passé un bon temps, comme on dit, mais nous ne sommes plus d’avant-garde. L’enseignement supérieur aux EtatsUnis ne peut plus présumer de sa dominance mondiale, ignorant les énergies créatives, l’intelligence naturelle et le dur travail des autres nations ». Le groupe d’étude lancé par la Fondation Lumina visait aussi à cadrer le discours sur l’enseignement supérieur dans le sens du débat Les limites de la gouvernance délibérative … 113 sur la responsabilité (accountability) liée à l’enseignement. Ce débat sur la responsabilité fut traditionnellement limité à des considérations sur l’acquisition de compétences générales discuté par l’Association de collèges et universités américaines AAC&U (AAC&U; 2007). Le processus de Bologne cadra ce discours et força une reconsidération plus précise de la responsabilité liée à l’enseignement supérieur (Gaston, 2010). *Ce groupe mena à la création de recommandations ouvertes et flexibles. Les niveaux d’apprentissage furent relativement clairement définis selon six dimensions -connaissances spécialisées, apprentissage intégratif général, compétences intellectuelles, apprentissage civique, domaine institutionnel spécifique. Mais le document n’était pas liant légalement, et laissait aux participants la possibilité de l’adopter ou non. *Finalement, cet exercice aboutit à un apprentissage entre juridictions, puisqu’il permettait d’explorer les différences sur les niveaux de diplômes. La formation d’un tel effort aux Etats-Unis était largement surprenant. Susan Robertson (2009) commenta : « Le monde a changé. Les frontières entre l’enseignement supérieur aux Etats-Unis et en Europe sont maintenant quelques peu perméables […]. Un européen en Amérique est maintenant pensable ! » (Robertson, 2009). Adelman (2009: 8) repris: « Trois états examinent le processus de Bologne pour déterminer leurs formes et l’étendue de leur potentiel dans un contexte américain. Il y a seulement un an, un tel effort était inimaginable » (Adelman, 2009: 8). Pourtant, l’effort demeura limité. Peu de réformes y sont associées à ce jour, ce qui n’était pas le cas en Europe – quelques années après son début, le Processus de Bologne avait mène à des réformes radicales dans plusieurs pays incluant la France, l’Allemagne et l’Italie. Les efforts de la Fondation Lumina ont aussi mène à une attitude très sceptique aux Etats-Unis, et la continuité de l’initiative est réévaluée. L’étendue de l’initiative demeura limité à quelques états les systèmes universitaires les plus reconnus (tels que ceux de Californie ou de Michigan) ne prenant pas part à l’exercice. (Même si l’on compare le Tuning USA non à la genèse mais au Tuning Europe, la différence d’échelle reste marquée). 5 – Expliquer les différences : le rôle clef des relations entre universités et Etats Pourquoi est-ce que l’effort d’émulation américain rencontra moins d’enthousiasme et fut lié à moins de réformes que le Processus de Bologne en Europe? Si le changement d’opinions peut arriver sans mécanisme contraignant dans le cadre d’une délibération ouverte, la mise en œuvre des décisions délibératives dépend des relations entre principal régulateur (Etat) et agent régulé (université), ainsi que des relations au sein de l’université. La culture universitaire aux Etats-Unis implique une méfiance des universitaires par rapport aux efforts de coordination des administrations des universités. Cette dichotomie interne aux universités n’est pas unique aux Etats-Unis. Musselin (2004) souligne une tension similaire tension entre autonomie académique et autonomie de la direction universitaire dans le cas de la France. Mais, selon Adelman (2010) la relation avec l’Etat est différente. Les universités restent beaucoup plus perçues comme une responsabilité de l’Etat en Europe. L’initiative TuningUSA, bien que présentée comme un processus mené par les universitaires, fut initialement soldé par une réticence de la part du personnel universitaire, qui le vivait comme un processus d’harmonisation administrative, même si que certains personnels deviennent plus impliqués au fur et à mesure des délibérations, d’après le Bureau pour l’Enseignement supérieur de Minnesota (Minnesota Office of Higher Education, 2010 :4). Cette distance du personnel académique est facilitée par une certaine indépendance financière, les universités Les limites de la gouvernance délibérative … 115 d’Etat, prises comme exemple en introduction, même si elles sont largement financées par le secteur public, gardent une certaine responsabilité de gestion financière, dont la décision d’augmenter ou pas les frais étudiants, qui leur permettent de garder une certaine distance vis-à-vis du gouvernement. Cette influence mène à des plans de coordination plus importants. Par exemple, les universités américaines n’ont pas les mêmes contraintes en matière d’évaluation qu’en Europe. Le processus d’accréditation (a priori) étant assuré par des agences et les universités américaines ne sont pas soumises à des évaluations périodiques par des agences gouvernementales telles qu’en Europe (Gaston, 2010). De plus, les universités américaines ne sont pas soumises à l’accomplissement d’objectifs pour leur financement, comme c’est le cas en France dans le cadre de la procédure contractuelle, qui est liée à l’évaluation et où le budget des universités peut dépendre de la poursuite d’indicateurs de performance ou accroître en fonction de leur adaptation aux réformes; ou en Angleterre où le budget des universités pour la recherche dépend du nombre de publications et de la qualité de ces publications. Ces différences impliquent que les universités américaines ont une motivation moindre pour embrasser les réformes gouvernementales que les universités européennes, ce qui explique la différence d’étendue entre le processus de Bologne en Europe et son effort d’émulation aux Etats-Unis. Les deux régions ne partaient aussi probablement pas avec la même base de coordination intergouvernementale. Certains éléments cœur au processus Tuning étaient plus coordonnés en Europe. Les crédits à l’apprentissage bénéficient d’une initiative coordonnée par la Commission européenne sous la forme du système européen de transfert d’unités de cours capitalisables, mis au point en 1989 (Commission, 2006), alors que le transfert de crédits entre état demeure principalement du domaine des universités aux Etats-Unis, étant donné que la mobilité entre universités y reste principalement intra-étatique. Conclusion : le paradoxe de l’autonomie Cet article a analysé deux efforts de coordination interétatiques sur l’enseignement supérieur par l’intermédiaire du processus de Bologne en Europe et d’un effort d’émulation similaire aux Etats-Unis. Dans les deux cas, ces processus de coordination étaient souples, non légalement liant, et pouvait être qualifié de gouvernance délibérative, suivant la définition de Teague (2001). Ces processus de gouvernance délibérative avaient pour objectif de résoudre un problème politique donné, ont mené à la mise en place d’un cadre de référence, devait faciliter un apprentissage entre juridictions, menant à l’adoption d’un plan politique ouvert et flexible et éventuellement à des changements politiques par incréments (à l’opposé d’une approche de choc). Le processus de Bologne fut l’objet de plus de changements politiques et d’une plus large adhésion gouvernementale que son parallèle EtatsUnien. Plusieurs différences existent entre les deux régions, par exemple des différences culturelles basées soit sur l’individualisme ou le concept de l’Etat providence. Cette approche a néanmoins permis d’isoler une le rôle clefs des relations entre principal et agent comme facteur clef d’adhésion aux réformes et au processus délibératif. En ce qui concerne le cadre théorique de la gouvernance délibérative, cette considération ne souligne donc non pas les limites de la gouvernance délibérative, mais le fait que sa portée politique dépend du cadre de mise en œuvre. D’un point de vue appliqué, cet article a démontré que l’échelle de la coordination en ce qui concerne les politiques de l’enseignement supérieur aux Etats-Unis ne répond pas au souci croissant vis-à-vis de la qualité de l’enseignement supérieur. L’apport principal de cet article réside dans ses considérations européennes. Cet article a souligné le paradoxe de l’autonomie lié aux réformes du Processus de Bologne en Europe. L’adhésion au processus de Bologne repose sur une relation avec le gouvernement contraignante pour les universités Cette adhésion des gouvernements repose donc sur leur conscience de leur marge de manœuvre et de la légitimité apportée par le Processus de Bologne ainsi que d’une mise en place par les universités incitée au travers de leur financement public – même si cette mise en place peut Les limites de la gouvernance délibérative … 117 laisser porter a des différences entre universités (Mignot-Gérard et Musselin, 2002). Ces considérations témoignent d’un paradoxe de l’autonomie qui est concurrent au processus de Bologne. Ce dernier embrasse – et réaffirme à chaque déclaration – le principe de l’autonomie des universités (la déclaration de Bologne faisant référence à la déclaration sur l’autonomie des universités Magna Charta Universitatum de 1998). Et une large partie du processus de Bologne vise à rendre les universités plus compétitives vis-à-vis du monde ainsi qu’entre elles, notamment en facilitant la mobilité étudiante par la transférabilité des systèmes de crédits par exemple, compétitivité qui passe par l’acquisition d’une certaine autonomie. Pourtant, les gouvernements européens ont paradoxalement visé à mettre en place cette autonomie par l’intermédiaire de procédures d’orientation plus ou moins lourdes, basées sur l’imposition d’indicateurs de performance comparatifs - par exemple liés à la production d’indicateurs sur l’adoption du processus. L’Etat reste un acteur principal des réformes, comme le souligne Susan Robertson. L’autonomie décriée dans les déclarations successives du processus de Bologne reste en large partie de jure, et l’interventionnisme étatique reste présent de facto. L’autonomie devient imposée et passe paradoxalement par un interventionnisme étatique lourd au sein des politiques universitaires. Les mécanismes d’intervention étatiques par rapport aux universités ont certes beaucoup changé au travers des quinze dernières années dans plusieurs pays européens, passant d’une régulation a priori à un contrôle a posteriori, un changement commun a plusieurs secteurs publics en transition (Politt et Bouckaert, 2004). Ce changement des relations entre Gouvernements et universités est qualifié de transition du contrôle vers la supervision étatique (Van Vught et Neave, 1991). Mais le gain en autonomie, préconisé par les documents officiels nationaux et européens, est loin d’être clair dans cette transition entre contrôle étatique et supervision. D’un côté les universités ont acquis plus de liberté en France, par exemple dans le contenu des diplômes au travers de la suppression des maquettes nationales. De l’autre la loi sur les libertés et responsabilités des universités du 11 août 2007 en France, qui d’une certaine façon fut facilité par les considérations d’ordre général discutées lors du processus de Bologne, reposait en principe sur une mise en place volontaire des universités. Pourtant, le Gouvernement encouragea fortement la mise en place de cette loi grâce à des primes financières liées aux négociations contractuelles quadriennales (Hoareau, 2011). Ces dynamiques en ce qui concerne les relations entre gouvernements et universités au sein des processus de coordination ont une portée plus large que l’Europe et une comparaison avec d’autres régions du monde, telles que l’Amérique latine ou l’Asie, pourrait informer les débats internationaux sur les politiques universitaires, portant une attention marquée sur l’inscription de ces relations gouvernement/université dans la structure socio-économique des pays concernés. 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Éducation comparée / nouvelle série, n°8, pp 127-147 L’européanisation de l’Enseignement supérieur en Europe : une analyse du discours promotionnel en ligne des universités Jeoffrey Gaspard Doctorant à l’Université Libre de Bruxelles MOTS CLÉS Analyse du discours – discours promotionnel – site web – universités – européanisation RÉSUMÉ Dans cet article, nous proposons d’envisager le discours promotionnel en ligne des universités en tant que reflet d’un contexte socio-politique englobant l’Enseignement supérieur en Europe, activé notamment depuis le processus de Bologne. Plus spécifiquement, à travers une analyse du discours basée sur un échantillon de sites web d’universités francophones en Europe (Suisse romande, France métropolitaine, Belgique francophone et Luxembourg), nous voulons montrer que ce DP se caractérise par des régularités discursives qui tendent à l’homogénéiser, désingularisant par là les spécificités des institutions qu’il est pourtant censé promouvoir. Nous suggérons que cette homogénéisation du discours prend sa source dans l’harmonisation des politiques publiques en matière d’Enseignement supérieur en Europe. En s’attardant sur les marques d’européanisation du discours de promotion/valorisation des missions de l’université (au niveau des rubriques disponibles, des destinataires cibles explicitement évoqués et des expressions récurrentes), nous voulons montrer que le discours promotionnel constitue une des manifestations de la « formation discursive » néolibérale de l’enseignement supérieur que cultivent les pouvoirs publics au niveau européen. ABSTRACT In this article, we propose to consider the online promotional discourse of universities as a reflection of a sociopolitical context embracing Higher Education in Europe, which emerged with the Bologna process in particular. More specifically, through a discourse analysis based on a sample of websites belonging to European francophone universities (Switzerland, France, Belgium and Luxembourg), we intend to show that this promotional discourse is characterized by homogenizing discursive regularities which tend to smoothe the institutional specificities of the universities it is supposed to promote. We suggest that these homogenized features originate in the harmonization of Higher Education public policies in Europe. Concentrating on the marks of a europeanization of the studied discourse (when it comes to available website sections, explicitly mentioned target publics and recurrent expressions), we want to show that it constitutes one of the manifestations of a neoliberal « discurive formation » that is being cultivated at the European level. KEYWORDS Discourse analysis – promotionnal discourse – web site – universities – europeanization Dans certaines disciplines, les politiques européennes en matière d’Enseignement supérieur (désormais ES) constituent des cas d’étude exemplaires : par exemple, il s’agira, pour le chercheur en droit, d’analyser la façon dont s’articulent, en textes de loi, politiques nationales et supranationales, ou, pour le chercheur en sociologie, d’étudier la façon dont s’organisent, au sein des universités, les processus d’institutionnalisation de changements complexes. Plus spécifiquement, pour le chercheur en analyse du discours, le cas de l’ES est notamment privilégié pour l’étude de la circulation de discours émanant d’instances hétérogènes (Commission européenne, syndicats, OCDE, etc.) et se retrouvant mobilisés, réappropriés, altérés dans différents contextes, espaces ou périodes (voir, par exemple, Jessop, Fairclough, & Wodak, 2008). Dans le cadre de cette contribution, nous proposons précisément d’explorer la façon dont le discours promotionnel (désormais DP) en ligne des universités, qui vise principalement à promouvoir l’établissement en construisant une identité spécifique à l’institution, se trouve être surdéterminé par l’européanisation croissante de l’ES en Europe. Faisant l’hypothèse que l’intégration systématique de nos universités dans des cadres plus ou moins contraignants se manifeste à travers les différents discours qui s’y trouvent (re)produits, nous suggérons que les énoncés promotionnels disséminés sur les sites web institutionnels présentent des régularités discursives qui témoignent de l’ampleur que prend l’européanisation en tant que contexte socio-historique inédit dans lequel sont désormais baignées les universités depuis une décennie. L’européanisation de l’Enseignement supérieur en Europe … 129 Dans un premier temps, nous définirons ce que nous entendons par européanisation, ainsi que les différentes dimensions à travers lesquelles elle se manifeste dans le cadre de l’ES européen, ce qui nous a permis d’analyser notre corpus, constitué d’une sélection de sites web émanant d’universités francophones en Europe. Dans un second temps, nous présenterons brièvement trois exemples de marques d’européanisation observées dans les hypertextes étudiés. Enfin, nous terminerons par une brève discussion des résultats exploratoires que nous aurons dégagés. L’européanisation de l’Enseignement supérieur Les études traitant du concept d’européanisation sont nombreuses (voir, par exemple, Palier & Surel, 2007, pour une revue de la littérature) et témoignent tant de la polysémie que de la complexité conceptuelle que recouvre ce terme. Avec Oberdorff (2008), nous définirons l’européanisation comme une « manière de qualifier l’influence déterminante de l’Union européenne (UE) sur tous les États membres, notamment sur leurs politiques publiques » (tant économiques que sociales, culturelles ou éducatives) et qui résulte du « processus d’intégration d’États dans un espace transnational ». Cette européanisation se décline à travers 1) « une distribution des compétences [qui peuvent être exclusives à l’Union, partagées, ou complémentaires à celles des États] accompagnée d’un engagement des États à coopérer avec et dans le cadre de l’Union pour gérer en commun [ces] compétences » et 2) « une reconnaissance de la légitimité d’une intervention au niveau européen plutôt qu’au niveau national ». Dans le cas de l’ES, qui n’est pas une matière communautarisée mais demeure une compétence exclusive des États membres, l’européanisation se caractérise principalement par une volonté d’harmoniser les systèmes nationaux d’Enseignement supérieur et de réduire leur hétérogénéité (Pongy, 2008). Bien que cette harmonisation ne soit pas pilotée par les institutions européennes stricto sensu mais plutôt sur base d’un régime décisionnel volontaire et intergouvernemental, elle est fortement soutenue par la Commission européenne : cette dernière participe aux instances de décision, soutient les priorités d’action du processus, et encourage la coopération entre États. Légalement non contraignante, la méthode ouverte de coordination (MOC) promue par les institutions européennes est privilégiée pour coordonner les différentes étapes de cette harmonisation. La MOC entend définir et traduire des « lignes directrices » en politiques nationales et régionales tout en tenant compte des diversités propres à chaque État membre : (...) avec le benchmarking19 pour pièce maîtresse, ce dispositif fonctionne à l’incitation, à l’émulation entre pairs et à la surveillance multilatérale, sans recours à la contrainte légale. C’est par la quantification des performances nationales et la publicité de leur classement qu’il plie les dirigeants étatiques à la discipline d’une gestion par objectifs. Autrement dit, les champs fraîchement investis par l’Union sous la bannière de la MOC ne font plus l’objet d’une intégration par le droit, mais d’une européanisation par le chiffre. (Bruno, 2008, p. 13) La MOC prévoit également des évaluations qui permettent de suivre, pour chaque pays, l’état d’avancement des mesures adoptées et qui fondent « un effet d’émulation qui permet d’assurer la convergence au regard des principaux objectifs, une diffusion des "meilleures pratiques" et une réduction des écarts par un effet d’imitation » (Pongy, 2008). Concrètement, l’européanisation de l’ES se manifeste en trois blocs. Premièrement, le programme Erasmus, mis en place en 1987 à l’initiative de la Commission, vise à favoriser la mobilité des étudiants et promouvoir le sentiment d’appartenance à l’UE. Deuxièmement, le processus de Bologne a pour objectif d’harmoniser l’architecture des systèmes européens d’Enseignement supérieur autrefois complexes et variés. Le processus se fonde sur trois piliers : 1) la mise en place de trois cycles d’études BA20/MA/DOC, dont le but est d’accroître la visibilité des formations, 2) l’instauration du principe des crédits ECTS qui permet d’établir des équivalences de cursus et enfin 3) la création d’un supplément au diplôme, qui décrit en détail le parcours de son détenteur et permet la comparabilité des diplômes au sein d’un nouveau « marché » de l’Enseignement supérieur. Conjointement à ces impératifs de visibilité et de comparabilité, s’ajoute la question du management de la qualité de l’enseignement, qui entend assurer, à travers une culture de l’ « excellence », les conditions favorables à une Pratique consistant à comparer, à l’aide de chiffres et indicateurs, les pratiques d’entreprises ou institutions rivales plus « performantes » afin de s’en inspirer. 20 « Licence », en France. 19 L’européanisation de l’Enseignement supérieur en Europe … 131 meilleure compétitivité interinstitutionnelle. Troisièmement, la stratégie de Lisbonne, à laquelle s’intègre et se complémentarise le processus de Bologne, vise à faire de l’UE « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2020 »21, en impliquant notamment les universités, qui sont appelées à se « moderniser » à travers leur autonomisation, une indépendance financière et le renouvellement de leur mode de gouvernance et de gestion. Ces trois piliers – le programme Erasmus, le processus de Bologne et la stratégie de Lisbonne – constituent les fondamentaux de l’européanisation de l’ES. Cussó (2008), à partir d’un corpus de communications de la Commission, avait détecté « quatre temps d’argumentation » visant à promouvoir une société de la connaissance et qui constituent le noyau des discours européens sur l’ES : des évolutions socio-économiques importantes (1), notamment la « mondialisation », perçue comme un des « chocs moteurs » qui « transforment profondément et durablement le contexte de l’activité économique et le fonctionnement de nos sociétés »22, requièrent, pour les universités, le pari d’une ouverture sur le monde (2) ainsi que l’acceptation d’un devenir compétitif sur un marché de l’ES et de la recherche globalisé ; ceci nécessite une batterie de réformes pour transformer les systèmes d’Enseignement supérieur (3), notamment à travers une meilleure flexibilité des formations pour prendre en compte la diversité des publics et des demandes du monde socio-professionnel mais aussi à travers une attention accrue portée aux « compétences » qui se doivent d’être en adéquation avec les besoins du « marché de l’emploi ». Ces réformes s’accompagnent d’une redéfinition de l’espace public (4) et surtout d’un nouveau mode de gouvernance pour les universités, qui prend notamment en compte les nouveaux « partenaires » (entreprises en tête) auxquels l’université doit s’ouvrir en vue de répondre à des objectifs communalisés. De nombreux chercheurs ont tenté d’interpréter ces politiques et orientations collectives. Bruno, Clément, et Laval (2010) estiment par exemple que « le point fondamental tient à ce que l’Europe se construit selon une norme suprême, qui n’est pas toujours clairement À ce sujet, voir les Conclusions de la Présidence du Conseil européen de Lisbonne des 23 et 24 mars 2000. 22 Livre blanc sur l’éducation et la formation. Enseigner et apprendre. Vers la société cognitive de la Commission européenne (1995). 21 énoncée : la logique de marché étendue à tous les domaines ». Il s’agirait de ne pas perdre de vue que les politiques européennes, en ce compris celles liées à l’ES, ont toujours des origines et motivations économiques qui les subordonneraient, de cette manière, aux impératifs économiques que s’impose l’Union. Ainsi, le processus de Bologne et la stratégie de Lisbonne, en promouvant, entre autres, une formation de plus en plus professionnalisante et un accès étendu et flexible aux études « tout au long de la vie », viseraient surtout à alimenter les entreprises du continent en « capitaux humains ». Le concept d’employabilité des (futurs) étudiants (en formation continue) est ici fondamental : face à une mondialisation jugée « inévitable », les États ne protègent plus mais « arment » les citoyens-étudiants afin qu’ils puissent résister à une mise en concurrence généralisée : mobilité, stages en entreprises, flexibilité, assurance qualité, suppléments au diplôme, etc. concourraient davantage à faire de l’européanisation de l’ES un projet de survie dans une compétitivité constante, en ce compris pour les universités elles-mêmes, que la renaissance d’un projet humaniste hérité des premières universités médiévales. Mise en concurrence et communication des universités : le cas du discours promotionnel Dans ce nouveau contexte, hautement concurrentiel, les universités développent leurs activités de communication, souvent calquées sur celles pratiquées en entreprises. Ainsi, les principes de la communication corporate, qui désigne la « communication où l'entreprise parle d'elle-même, de son identité, de sa mission et de ses valeurs et se présente comme personne morale, au-delà de ses produits et services » (Libaert & Johannes, 2010, p.13), sont importés au cœur des dispositifs stratégiques du management universitaire. Parmi tous les outils à disposition des services de communication, le site web constitue de loin l’outil le plus valorisé pour promouvoir directement l’institution et informer les individus susceptibles de vouloir obtenir des compléments d’information à son sujet : Les nouveaux médias virtuels et la possibilité d’avoir accès à un public réellement international joue un rôle important et provoque des changements (…) dans la communication externe des L’européanisation de l’Enseignement supérieur en Europe … 133 universités. En même temps, la concurrence (...), les évaluations, le benchmarking, poussent [celles-ci] à se mettre en valeur, à se présenter de nouvelles manières, dans des médias nouveaux et dans un discours qui ressemble à celui des entreprises. (Andersen, 2009) Destinés à construire l’identité des universités qu’ils sont censés valoriser, ces hypertextes promotionnels sur lesquels nous nous concentrons constituent, à notre avis, un « lieu d’observation » (KriegPlanque, 2007) privilégié pour évaluer l’ampleur d’une européanisation de l’ES. Pour Maingueneau (1984), envisager l'étude d'un discours particulier, entendu comme « une dispersion de textes que leur mode d'inscription historique permet de définir comme un espace de régularités énonciatives » (ibidem, p.5), passe nécessairement par la mise en évidence des discours autres qui cohabitent et interagissent avec lui. Le concept d'interdiscours permet de rendre compte de ces enchevêtrements : « l'interdiscours prime le discours. Ce qui revient à poser que l'unité d'analyse pertinente n'est pas le discours mais un espace d'échanges entre plusieurs discours convenablement choisis » (ibidem, p.11). Nous intégrant de ce cadre théorique, nous défendons l’hypothèse que ce processus précis de construction discursive d’une identité institutionnelle passe nécessairement, dans le cas du DP des universités, par l’activation d’éléments (inter-)discursifs propres aux discours européens sur l’ES. Pour étayer notre propos, nous examinons de manière exploratoire les hypertextes promotionnels d’un échantillon d’universités francophones en Europe (France métropolitaine, Belgique francophone et Suisse romande). À partir de cet échantillon23, nous basons notre analyse sur trois matériaux : 1) les différentes rubriques proposées en pages d’accueil, 2) la liste des publics ciblés par l’Université, également proposée en pages d’accueil L’échantillon, conçu aléatoirement, comprend les 18 sites web institutionnels des universités suivantes : Université Blaise Pascal – Clermont-Ferrand, Université de Nice – Sophia Antipolis, Université de Strasbourg, Université de Bretagne Occidentale, Université de Pau et des Pays de l’Adour, Université de Paris-Est Créteil Val de Marne, Université de Rennes 1, Université de Rennes 2, Université de Limoges, Université de Cergy Pontoise, Université Paris 8, Université de Perpignan, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, Université de Poitiers, Université de la Méditerranée – Aix-Marseille II, Université François Rabelais – Tours, Université de Liège et Université de Lausanne. 23 et enfin, 3) les hypertextes de présentation institutionnelle généralement disponibles dans les rubriques de type « À propos de l’Université ». Nous proposons donc d’illustrer trois exemples de marques d’européanisation que sont 1) le choix des modules (ou rubriques) constitutifs des hypertextes promotionnels, 2) le choix des destinataires explicitement ciblés et enfin 3) l’activation d’une sémantique discursive propre aux discours européens sur l’ES. Marques d’européanisation dans le DP en ligne 1 ) Mo d u le s hyp e r tex tu e ls Les différents sites internet, caractérisés par l’hypertextualité propre au web, sont structurés en modules ou rubriques, reliés par un système d’hyperliens qui, contrairement au texte papier, autorise un parcours de lecture non linéaire qui installe l’hyperlecteur dans un processus de zapping constant, même si ce parcours est cadenassé par la structuration même de l’hypertexte et le nombre limité de modules disponibles. Si l’on considère que le choix des modules présents sur les sites web traduit la stratégie de communication des établissements, les plans de site – pouvant être envisagés comme des tables des matières – permettent de déterminer les priorités argumentatives déployées par les universités sondées. Plus fondamentalement, on retrouve 5 types de modules, systématiquement présents dans le corpus : 1) un module de présentation de l’institution, 2) un module de présentation des formations, 3) un module de présentation de la recherche, 4) un module de présentation de la documentation/bibliothèques, 5) un module consacré aux actualités et 6) un module destiné aux médias/presse. S’ajoutent à cela les modules habituels destinés à l’intranet, aux prises de contact, aux recherches avancées, à l’annuaire institutionnel, etc. qui ne sont pas spécifiques aux sites web universitaires. Cependant, d’autres modules apparaissent, qui sont à mettre en relation avec les impératifs mis en avant par Bologne et Lisbonne : il s’agit des modules relatifs 1) aux relations avec les entreprises, 2) à l’insertion professionnelle des diplômés, 3) à la formation continue et 4) au caractère international 24 de l’institution. Module contenant généralement des informations (disponibles en anglais) à destination des étudiants Erasmus incoming/outgoing et des chercheurs étrangers. 24 L’européanisation de l’Enseignement supérieur en Europe … 135 Au sein de chaque module, on retrouve également différentes sousrubriques qui rendent également compte des tendances actuelles. Par exemple, à côté des pages de présentation de l’institution (histoire de l’institution, description de la politique de l’établissement, présentation de la structure et des missions de l’université, description des campus), on retrouve des sections consacrées aux « indicateurs » et autres « chiffres clés » qui permettraient de résumer et d’offrir un instantané de la santé de l’université. Enfin, les modules consacrés aux recrutement/offres d’emploi, s’ils ne sont pas propres aux sites universitaires, projettent une image proactive des universités en matière de contribution au développement socio-économique du territoire dans lequel elles s’insèrent. Les modules, et les stratégies argumentatives qu’ils activent, correspondent ainsi, pour la plupart, aux domaines de priorités avancés par les instances européennes. Nous suggérons donc que la structuration même des hypertextes se calque en partie sur des thématiques imposées par l’extérieur, qui surdéterminent missions et plans de communication des universités sondées. Il semblerait que le site web universitaire puisse, de facto, devenir un véritable outil de comparaison hautement normé ayant intégré les réflexes propres au benchmarking tant les paramètres permettant comparaisons et mises en contraste deviennent aisément disponibles. 2 ) De st i na ta ir es i nvo q u és Censées s’ouvrir à l’extérieur, les universités, à l’instar des entreprises, doivent désormais s’intégrer dans différents réseaux qui mettent en relation toute une série de partenaires tant institutionnels qu’individuels afin de s’assurer un avantage compétitif. Ces partenaires sont qualifiés de parties prenantes ou stakeholders (voir, par exemple, Jongbloed, Enders, & Salerno, 2008). Cette approche trouve son origine en entreprise, où une partie prenante est un « groupe ou individu qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs de l’entreprise » [notre traduction] (Freeman, 1984, p. vi). Dans la même veine, le développement de ces alliances réticulaires est valorisé dans les textes européens, à l’instar de la communication de la Commission européenne (2003) intitulée Le rôle des universités dans l’Europe de la connaissance, où l’on peut lire que : Les universités doivent utiliser le plus efficacement possible les ressources financières limitées dont elles disposent. Elles en ont l'obligation vis-à-vis de leurs « parties prenantes » : les étudiants qu’elles forment, les autorités publiques qui les financent, le marché du travail qui utilise les qualifications et les compétences transmises par elles et la société dans son ensemble, pour qui elles remplissent des fonctions importantes liées à la vie économique et sociale. Cette hétérogénéité des parties prenantes à cibler se retrouve également reflétée dans les sites web. Sur les pages d’accueil, par exemple, les parties prenantes sont explicitement désignées par des segments hypertextuels qui ont pour vocation de les canaliser vers les différents modules contenant l’information les concernant. Barats (2010), qui parle de « formes d’adresse », considère ainsi que « la présence ou l’absence de [tels ou tels destinataires évoqués] témoignent de choix stratégiques en termes de communication ». Globalement, nous avons pu repérer au moins 12 destinataires, internes ou externes à l’institution, directement ciblés de cette manière à l’aide de dénominations parfois variées : 1) les étudiants (internationaux), 2) les adultes en reprise d’étude, 3) les anciens étudiants (alumni), 4) les entreprises, 5) les chercheurs (internationaux), 6) les enseignants, 7) les chercheurs d’emploi, 8) les journalistes, 9) le personnel, 10) les visiteurs, 11) les bailleurs de fonds potentiels et enfin, mais plus rare, 12) les citoyens lambda. Si la pratique consistant à invoquer directement les hyperlecteurs est courante sur la toile et vise à rendre efficiente la recherche d’informations, elle témoigne également des représentations que se font les universités sondées des destinataires auxquels elles s’adressent, ainsi que de leur hétérogénéité. À travers la scénographie de leur site web, les universités mettent donc en scène leur ouverture et les publics qu’elles désirent capter. Le rapport intérieur/extérieur est, en ce sens, beaucoup plus perméable, explicitement redéfini, et se plie à la volonté de briser la tour d’ivoire, métaphore qui symbolisait l’Université jusque là. Cette nouvelle gouvernance universitaire, qui tient compte des acteurs extérieurs, se donne donc à voir à travers la structure des hypertextes promotionnels mais également à travers les « formes d’adresse » inscrites directement en pages d’accueil. L’européanisation de l’Enseignement supérieur en Europe … 137 3 ) Fo rm es lex ica l e s réc ur r en te s Le corpus25 présente également un certain nombre de régularités lexicales qui caractérisent la phraséologie du discours promotionnel en ligne. Par exemple, on retrouve des termes et formules propres au genre du catalogue (emploi d’énumérations, de listings et d’expressions telles que offre, éventail, gamme, etc.) mais on retrouve également un vocabulaire relevant du domaine managérial – emploi d’expressions et syntagmes tels que gestion, prioritaire, stratégique, génère des revenus, crée des emplois, outils professionnels, structurer une offre, réseaux, évaluation, qualité, benchmarking, spin-off, production, etc. Plus spécifiquement, nous avons également repéré dans le corpus des formes lexicales à travers lesquelles se manifeste précisément l’européanisation de l’ES : nous suggérons en effet que les exploitations sémantiques de ces formes correspondent à celles déployées par les textes européens. Le tableau26 ci-dessous reprend douze de ces formes répétées, ainsi que leur fréquence. Quatre d’entre elles méritent qu’on s’y attarde : « partena* », « mobil* », « compétence* » et « vie ». Comme spécifié plus haut, les textes présentant l’institution, repris dans des rubriques généralement dénommées « À propos de l’université », « Université » ou encore simplement « Institution », etc. Ces textes, le plus souvent courts, ont été traité par le logiciel textométrique TXM 0.6 développé par un partenariat de 4 unités de recherche françaises (http://www.textometrie.ens-lyon.fr). Le logiciel propose notamment une fonctionnalité Index, utilisée pour la présente section, qui permet de calculer, pour chaque forme lexicale (le « mot ») présente dans le corpus, le nombre d’occurrences (« fréquence ») qui y est associé. L’astérisque permet d’opérer des troncatures. 26 Les formes présentes dans le tableau ont, pour la plupart d’entre elles, une fréquence supérieure à 20. Les formes ayant une fréquence supérieure à 20 correspondent à 0,03% du lexique, soit 106 formes (mots vides compris) sur 3392. 25 Formes Fréquences 1. ouvert* n=31 2. service* n=26 3. excellen* n=22 4. partena* n=28 5. mobil* n=19 6. développement* n=36 7. compétence* n=13 8. internationa* n=89 9. qualité* n=16 10. réseau* n=21 11. entrepr* n=27 12. vie n= 20 Dans le cas de « partena* », les différents partenaires/partenariats évoqués à travers le corpus sont l’université elle-même, les collectivités territoriales/la ville/l’agglomération de communes/le Conseil régional, les laboratoires, les pays développés 27, les acteurs du monde économique/les entreprises, les « structures partenaires », etc. et dans certains cas, les partenaires évoqués ne sont tout simplement pas déterminés. Pour « mobil* », on parlera principalement de la mobilité des étudiants et des chercheurs, qui est/doit être « accrue », « augmentée », « encouragée », « favorisée », « renforcée », « soutenue », « promue », etc. et qui est considérée comme une « valeur » ou encore faisant partie d’un « programme politique volontaire ». En ce qui concerne « compétence* », il s’agira de compétences qu’on « échange », qu’on « développe », qu’on « acquiert » ou qu’on « développe constamment ». Les compétences sont également « décrites dans les diplômes » mais aussi intégrées dans la « politique des pôles de compétitivité ». On retrouve également une occurrence vantant la façon dont les compétences sont 27 L’énoncé en question parle au contraire de coopération avec les « pays émergents ». L’européanisation de l’Enseignement supérieur en Europe … 139 « sollicitées pour répondre aux problématiques scientifiques et sociétales actuelles ». Enfin, concernant la forme lexicale « vie », on retrouve, à côté de « sciences de la vie », les syntagmes « formation tout au long de la vie », vie communautaire/universitaire/sur le campus/étudiante, « vie de la société » (à laquelle participe l’université), « vie professionnelle » et « vie internationale » (de l’institution). Le potentiel argumentatif actualisé par « vie » est ici intéressant : une fois sa « vie étudiante » terminée, la prochaine étape pour l’étudiant consiste à transiter vers sa « vie professionnelle », avant qu’il ne se forme « tout au long de la vie » : l’Université suit donc l’étudiant où qu’il soit (au côté d’une formation intra muros s’ajoute une « formation à distance ») et propose même de l’aider à « s’orienter » et « s’insérer dans la vie professionnelle ». Ces quelques exemples témoignent, à notre avis, de la correspondance intertextuelle, certes peu surprenante, entre, d’une part, les énoncés de présentation institutionnelle, et, d’autre part, les propositions disséminées dans les textes européens sur l’ES. Le cas de la formule excellence est ici emblématique et constitue un lexème fondamental – et souvent passe-partout – pour la construction discursive de l’identité universitaire. Voici deux exemples tirés du corpus, repris dans leur cotexte : (1) Pôle d’excellence de formation et de recherche pour les humanités et les sciences humaines et sociales, l’Université Rennes 2 œuvrera pour que ces champs scientifiques aient toute leur place dans les restructurations de l’enseignement supérieur et de la recherche qui sont en cours, notamment dans l’initiative d’excellence qui s’élabore entre la Bretagne et les Pays de la Loire. (Université de Rennes 2) (2) Depuis sa constitution en 1971, Paris 1 a constamment exprimé son attachement à un modèle universitaire combinant ouverture et recherche de l'excellence, assumant la responsabilité d'accueillir le public étudiant le plus nombreux et diversifié parmi les universités françaises, mais aussi de se positionner comme l'une des premières institutions de recherche dans ses domaines, comme l'attestent différents indicateurs. (Université Paris 1) Le substantif « excellence » est constamment préféré à l'adjectif « excellent » (0 occurrence dans le corpus). L’emploi spécifique du terme excellence – au détriment d'excellent – s’explique bien entendu par sa valeur intertextuelle, dont il est possible de retracer l’origine. Par exemple, dans la même communication de la Commission, Le rôle des universités dans l'Europe de la Connaissance (2003), on retrouve 14 occurrences du substantif « excellence » et 0 de l'adjectif « excellent ». En fait, excellence renvoie bien ici à une notion de politique générale précise, à savoir celle consistant à promouvoir l’excellence des activités universitaires dans le but de maintenir, pour l’établissement qui s’y emploie, un avantage compétitif par rapport à ses concurrents. Discussion et conclusion Ces trois exemples témoignent en faveur d’une relative homogénéité des hypertextes promotionnels en ligne des universités. Nous défendons l’idée que les énoncés se constituent, ce faisant, en un (genre de) discours, socio-historiquement situé et hautement réglé : promouvoir l’Université contemporaine est une pratique discursive qui commande une certaine façon de dire spécifique à propos de thèmes spécifiques, dans un espace-temps spécifique. Il peut, de prime abord, sembler paradoxal que des énoncés promotionnels puissent être à ce point homogènes alors qu’ils sont justement censés, dans un contexte qui se veut concurrentiel, singulariser les institutions qui les produisent. Si les énoncés publicitaires des entreprises se ressemblent structurellement (phrases courtes, sloganisations, etc.), ils sont néanmoins marqués par une certaine créativité, qui les singularisent à l’extrême dans un univers interdiscursif hautement concurrent : il s’agit, pour les publicitaires, de faire du « jamais vu », de se distinguer dans et par le discours. Or, dans le cas du discours promotionnel étudié, ces régularités discursives finissent par aplatir les différences entre institutions, au profit d’un discours figé, voire stéréotypé, et dont il serait même possible d’établir un prototype. In fine, les universités présenteraient les mêmes avantages et qualités, constat déjà dressé par Readings (1996, p.12) pour les Etats-Unis : University mission statements, like their publicity brochures, share two distinctive features nowadays. On the one hand, they all claim that theirs is a unique educational institution. On the other hand, they all go on to describe this uniqueness in exactly the same way. L’européanisation de l’Enseignement supérieur en Europe … 141 En réalité, nous suggérons que les thèmes et objectifs évoqués (valorisation du caractère international de l’institution, mise en avant des formations destinées aux travailleurs en reprise d’études, etc.), ainsi que les termes mobilisés pour en parler, sont donc surdéterminés par un contexte englobant caractérisé par l’européanisation croissante de l’ES européen. Si l’on reprend la définition d’européanisation donnée par Radaelli (2003, p.30), pour qui l’européanisation est un « processus de (a) construction, (b) diffusion et (c) institutionnalisation de règles formelles et informelles, de procédures, de paradigmes de politiques publiques, de styles, de "façons de faire", de croyances partagées et de normes qui sont (...) incorporées (...) dans la logique d’un discours, d’identités, de structures politiques et de politiques publiques sur un plan domestique » 28, le discours promotionnel constitue bien une de ces instances au moyen desquelles s’intègrent ces « croyances partagées » et ces « normes » propres à l’harmonisation de l’ES. L’homogénéité discursive caractéristique de ce discours, et les représentations afférentes de l’Université qu’en produisent ses producteurs, rendent donc compte d’une intrication contextuelle grandissante et de son impact sur certaines pratiques discursives intra muros : harmonisation de l’ES et harmonisation du DP vont ici de pair. Plus fondamentalement, à travers les hypertextes promotionnels, c’est donc toute une vision de l’ES qui se trouve matérialisée, mais également la redéfinition sémantique du concept « université ». Bien entendu, des décalages peuvent surgir entre, d’une part, les pratiques effectives au sein des institutions et, d’autre part, les pratiques (et atouts) valorisé(e)s (« enseignement de qualité », « recherche d’excellence », « qualité de vie des campus », « partenaires privilégiés », etc.) par le discours. Mais si ces décalages existent, le discours, dans toute sa matérialité discursive, crée néanmoins une réalité signifiante pour les acteurs qui en sont les producteurs et bénéficiaires, réalité discursive qui constitue également un lieu de bataille symbolique. Par exemple, Mautner (2005), ayant entrepris d’analyser l’usage des termes entrepreneurial, entrepreneurship et entrepreneur(s) dans les sites web de 30 universités anglaises, a montré « Processes of (a) construction (b) diffusion and (c) institutionalization of formal and informal rules, procedures, policy paradigms, styles, “ways of doing things” and shared beliefs and norms which are first defined and consolidated in the making of EU public policy and politics and then incorporated in the logic of domestic discourse, identities, political structures and public policies ». 28 comment la redéfinition des relations entre universités et entreprises peut donner lieu à cette combinaison jusqu’ici improbable des termes « université » et « entrepreneuriale ». Les nouvelles collaborations escomptées entre universités et entreprises génèrent ainsi de « nouvelles pratiques discursives et sociales » que les autorités politiques, en déterminant les agendas, contribuent en grande partie à propager : « they are imported into the academic domain, where previously the prevailing norm was characterized by [...] its concomitant non-commercial discourse ». À travers l’emploi de ce vocabulaire, Mautner perçoit deux polarisations : d’un côté, on retrouve le « management » qui promeut l’emploi même de ces termes - alors chargés positivement -, de l'autre, on retrouve le personnel qui ne semble pas nécessairement enclin à mobiliser ces mêmes termes favorablement. Ainsi, l’emploi positif ou négatif de ces termes, et les polarisations que cela engendre, est intimement lié à deux niveaux de pouvoir spécifiques : Those in favour of academic entrepreneurship emphasize innovation and the positive connotations of entrepreneurial, while those against highlight commercialization and negative connotations. The symmetry is deceptive, however, because the playing field which the two camps compete on is far from level either socially or discursively : supporters of academic entrepreneurship tend to be members of university management, holding positions which give them the power to implement entrepreneurial policy [...] [while those against it] are not in such positions of power [...]. As a result, their polemics are generally as passionate as they are inconsequential. Il en va de même pour l’ouverture à des parties prenantes de plus en plus hétérogènes (entreprises en tête), qui n’est pas définie de la même manière par tous les acteurs concernés (administrateurs, chercheurs, politiques, citoyens, etc.) : différentes conceptions de cette ouverture peuvent entrer en conflit et la nature des acteurs à engager peut se révéler tout aussi problématique. L’état d’esprit actuel vise en effet à considérer les parties prenantes comme des agents économiques avant tout : les universités doivent bel et bien s’engager avec leur communauté, mais aussi longtemps que les collaborations et partenariats permettent de contribuer au développement socioéconomique local et/ou régional du territoire sur lequel est implantée l’institution. Dans ce cas, les « partenaires » sont aussi ceux qui dictent L’européanisation de l’Enseignement supérieur en Europe … 143 les objectifs à atteindre – mais également les critères visant à les évaluer (Dardot & Laval, 2010, p.359). In fine, la façon dont les administrateurs conçoivent les interlocuteurs privilégiés de leur institution peut ne plus correspondre à l’idée traditionnelle du « public » auquel s’adressait l’Université et la pluralité des coénonciateurs invoqués cache parfois la superficialité des partenariats, recherchés ou effectifs (voir, par exemple, Irving & English, 2008). Ainsi, dans bien des cas, l’ouverture, vantée et affichée dans les textes, signifie davantage l’acceptation d’un devenir compétitif, justifié à travers les textes européens par la « réalité » d’une mondialisation jugée inévitable, et non la mise en place d’une ouverture démocratique générée de l’intérieur. Les régularités discursives détectées témoignent également de « l’autonomie contrôlée » (Dardot & Laval, 2010, p.309) à laquelle les universités sont actuellement assujetties. Si les textes européens garantissent et promeuvent l’autonomie des institutions académiques, celle-ci est néanmoins contrôlée par toute une série de dispositifs (évaluation des chercheurs, agences d’évaluation de la qualité de l’enseignement, etc.) qui rend cette autonomie paradoxale. L’homogénéité du discours identitaire rend manifeste le peu de marges laissées aux universités quand il s’agit de se représenter « sur papier ». La dépendance discursive vis-à-vis de l’interdiscours européen, à travers un vocabulaire et des arguments qui ne lui sont plus spécifiques, est symptomatique de la dépendance des universités vis-à-vis de critères qui doivent désormais compter sur le « marché de l’enseignement supérieur », où chaque établissement se doit d’exceller – et le faire savoir – dans certains domaines communs imposés par l’extérieur. C’est notamment par la mobilisation du terme « excellence » que s’actualise l’ethos concurrentiel propre au contexte ambiant : le discours de l’excellence instaure de facto un mode de pensée fondé sur une concurrence entre institutions, qui valorisent à outrance la qualité de leurs formations, recherche, etc. Si l’idée principale est de faire en sorte que les universités travaillent à rendre l’Europe compétitive sur le plan international, il n’en reste pas moins qu’elles entrent en concurrence avec elles-mêmes, ceci étant le prix à payer pour accroitre leur visibilité mondiale. L’Université de Perpignan reconnaît mêmes les « paradoxes » qui lui seraient inhérents : « Car [l’Université de Perpignan] cultive les paradoxes, et notamment celui de compter parmi ses chercheurs certains des plus éminents, mondialement reconnus, tout en préservant une réelle proximité avec les étudiants ». Enfin, insistons sur le fait que le discours promotionnel et définitionnel ne se fonde pas exclusivement sur cet interdiscours européen. Nous nous sommes attachés à traiter des marques d’européanisation mais on retrouve également des spécificités propres à chaque université, d’autant plus que « la convergence [des politiques nationales en matière d’ES] n’interdit pas pour autant une certaine diversification des trajets nationaux, selon les situations, les agendas et politiques domestiques » (Pongy, 2008). Ainsi, si chaque université traite de thèmes identiques (histoire de l’institution, campus, formations, etc.), certains contenus sont malgré tout spécifiques à chacune d’elles, au contraire de ces marques dont il a été question. Ces « zones de résistance » propres se détectent par exemple dans la présentation des « valeurs29 » propres à chaque établissement 30. Toutefois, ces valeurs, souvent liées à une tradition historique forte pour les plus anciennes universités, entrent en conflit avec certains des préceptes et impératifs de l’économie/société de la connaissance qui constituent en partie le programme officiel de la Commission. La confrontation entre ces impératifs et ces valeurs se manifeste au niveau social – mouvements de contestation, stratégies de détournement31 – mais également au niveau discursif, où des tentatives de lissage sont parfois tentées. On retrouve par exemple une telle tentative de « lissage » dans l’hypertexte de l’Université de Limoges : « Tout en veillant sur sa pluridisciplinarité, l’université privilégie l’excellence scientifique et bénéficie de la présence et du dynamisme d’un grand nombre de personnalités scientifiques et d’équipes de recherche ayant un réel rayonnement national et international ». L’Université reconnaît que l’importance accordée à « l’excellence scientifique » (et les disciplines, non citées, auxquelles elle peut s’appliquer) ne devrait pas porter atteinte à « sa » pluridisciplinarité qui lui est propre. Par exemple, l’Université Libre de Bruxelles défend le principe du libre examen, une valeur fondatrice de cette institution. 30 Dans le cas de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) par exemple, une part importante du module de présentation institutionnelle est ainsi consacrée à la description de la valeur du libre examen, un principe fondateur de cette université. 31 Voir, par exemple, le mouvement Slow Science ou le collectif Sauvons l’Université. 29 L’européanisation de l’Enseignement supérieur en Europe … 145 Pour conclure, le site web universitaire, produit du « management » académique et ressemblant de plus en plus à s’y méprendre au site web d’entreprises, constitue peut-être la marque la plus explicite de cette perte de spécificités due à l’européanisation de l’ES : il s’agit d’un outil de benchmarking normalisé, réceptacle d’un discours promotionnel et définitionnel harmonisé qui mobilise des éléments d’un interdiscours exogène qui ne fait pas l’unanimité, pour, in fine, devenir une plate-forme ouverte à la comparaison entre institutions devenues concurrentes sur les plans régional, national mais également international – comme le laissent voir les pages entières traduites en anglais et destinées aux hyperlecteurs (étudiants, chercheurs, entreprises) étrangers. 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Leurs effets sont donc contradictoires et paradoxales. En collaboration avec la projection optimiste de l'avenir, la nostalgie des temps de pousse apparemment plus sûres passé. Discours devient de plus en plus fragmenté contre l'unité apparente de la théorie. À travers de l’utilisation des documents officiels et un échantillon représentatif des programmes d'études approuvés au niveau du Bachelor et des diplômes de Master dans les différentes universités espagnoles, nous caractérisons les usages du «Processus de Bologne» en Espagne comme un véhicule discursive. Nous analysons également le genre de pratiques discursives employées par les voix critiques contre le «processus de Bologne» comme un lieu de concevoir pour décrire cette réforme et aussi comme un modèle de la gouvernance néolibérale de l'Université espagnole. MOTS CLÉS Processus de Bologne, Espace Européen de l’Enseignement Supérieur, Gouvernance, Réforme de l’Enseignement Supérieur. ABSTRACT This article problematizes the whole rhetorical architecture of the higher education reform in Spain. Although reforms attempt to present solid models and clear-cut orientations for decision-making, they are often a source of division, dispute and confusion. Their effects are therefore contradictory and paradoxical. Together with the optimistic projection of the future, nostalgia grows for apparently safer times past. Discourse becomes increasingly fragmented against the apparent unity of theory. Using official documents and a representative sample of the recently approved programmes of the Bachelor and Master diplomas at the different Spanish universities, we characterize the uses of the “Bologna Process” in Spain as a discursive vehicle. We also analyze the kind of discursive practices employed by the critical voices against the “Bologna Process” as a rather simple devise to describe this reform, and we also conceive it as an exponent of neoliberal governance of the Spanish University. KEYWORDS Bologna Process, European Higher Education Area, Governance, Reform of Higher Education. Introduction L’Espagne fait partie des quarante-six pays qui, dans les dix dernières années, ont adhéré au "processus de Bologne" qui prévoyait la création d’un Espace Européen de l’Enseignement Supérieur fondé sur les principes de qualité et de compétitivité, de même que sur la promotion de la diversité et de la mobilité. Alors que le processus a été lancé en 1988, lors d’une réunion de plusieurs recteurs d’universités à Bologne pour la commémoration du 900e anniversaire de la plus ancienne université de l’hémisphère ouest, il n’a réellement débuté qu’en 1998 par la déclaration de la Sorbonne à l’initiative du ministre français de la recherche de l’époque, Claude Allègre, après une réunion avec les ministres chargés de l’enseignement supérieur d’Italie, de Grande-Bretagne et d’Allemagne. Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles … 151 Le texte connu sous le nom de Magna Charta Universitatum, signé en 1988 à Bologne, peut être considéré comme le début du processus, et comme un document clé pour analyser et comprendre sa mise en place dans le temps. Un an après la réunion de la Sorbonne, les ministres chargés de l’enseignement supérieur de vingt-neuf pays se rencontrent à Bologne en juin 1999 pour signer la déclaration de Bologne, qui sera à l’origine d’une vague de réformes dans toutes les universités européennes au cours des dix années qui suivront. Le processus a pris de l’envergure grâce aux conférences ministérielles qui avaient lieu tous les deux ans et qui ont conduit et supervisé sa mise en œuvre dans les différents pays : Prague (2001), Berlin (2003), Bergen (2005), Londres (2007) et Louvain (2009)32. Bien qu’il y ait eu des objectifs communs au départ, telle que la création d’un large Espace Européen de l’Enseignement Supérieur, possédant la flexibilité et les ressources nécessaires pour gérer la convergence structurelle provoquée par la demande économique d’un capitalisme de plus en plus enclin à créer "une Europe de la connaissance"- cette formule de rhétorique fut répétée ad nauseam dans d’innombrables documents institutionnels puis proclamée par le Conseil de l’Europe. Cependant, les autorités de l’Union européenne (UE) réclament de la part des systèmes d’éducation et de formation, une position plus compétitive et des stratégies de régulation afin qu’ils « s’adaptent aux demandes de la société de la connaissance et à la nécessité d’augmenter le niveau et la qualité de l’emploi. » Ces objectifs s’associent et s’harmonisent avec la stratégie générale de l’Union européenne telle qu’elle a été définie lors du Conseil européen de Lisbonne en mars 2000, qui a fixé l’ambition de « devenir l’économie fondée sur la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique au monde »33, plus connu sous le nom d’agenda de Lisbonne. De cette manière, les politiques conçues pour la convergence, l’intégration, la synergie de la connaissance, de la recherche et de l’innovation sont au Pour toutes informations complémentaires sur la conduite du processus de Bologne depuis sa création, voir : http://www.ond.vlaanderen.be/hogeronderwijs/bologna/ (consulté le 31/07/2011). 33 . Voir le document de la Commission Européenne "Enseignement et formation en Europe : systèmes différents, objectifs communs pour 2010", disponible sur le site : www.educaragon.org/files/educacion_y_formacion_2010.pdf (consulté le 31/07/2011). 32 service de la croissance économique, et deviennent de fait la base fondamentale de toutes les politiques développées par la suite par l’UE. Ces "clairs-obscurs", tout comme les hauts et les bas de la mise en oeuvre du processus de Bologne durant les dix dernières années, ont donné lieu à une réflexion qui a mis à jour les mécanismes de cette approche et qui a examiné la transparence d’un processus soumis à un excès de bureaucratie tout autant qu’à un excès de hiérarchisation (Meyer & Schofer, 2006; Teichler, 2006; Muller & Ravinet, 2008; Ravinet, 2009; Cascante, 2009; Linde, 2010; Wodak & Fairclough, 2010). L’objet de cet article est de déterminer les catégories cognitives (Lakoff, 2007) qui ont été prédominantes dans les politiques liées au processus en cours, ainsi que les répercussions des réformes conduites depuis que l’Espagne a adhéré à la déclaration de Bologne, sur les universités espagnoles et leur gouvernance. A cette fin, nous utiliserons l’analyse critique du discours (Fairclough, 2003; Wodak, 2003; Fairclough & Wodak, 2008; Van Dijk, 2009; Fairclough & Wodak, 2009) pour examiner les textes les plus représentatifs et les plus répandus du processus d’ensemble, dans le but de montrer plus particulièrement comment les pratiques d’une société donnée génèrent des discours qui façonnent ses institutions – dans ce cas précis, les universités. Au sein des textes produits durant les réformes induites par le processus de Bologne dans les universités européennes, il existe comme l’a souligné Foucault (1979, p.77) des formations discursives dominées par : « des règles pour la formation d’objets, des règles pour la formation de concepts, et des règles pour la formation de théories. Ces règles, utilisées au travers de la pratique discursive à un temps donné, expliquent pourquoi quelque chose est mis en évidence (ou omis); pourquoi il est perçu d’une façon particulière et analysé à un niveau donné ; pourquoi un mot est utilisé dans un sens particulier dans une phrase donnée. » C’est la raison pour laquelle le discours occupe un rôle essentiel dans la reproduction et le changement socioculturels (Fairclough, 2008), ce qui permet de comprendre les structures et les stratégies de légitimation du pouvoir, ainsi que les processus de régulation et de standardisation qu’il véhicule. Du point de vue de Fairclough (2003, 2008), le discours constitue le pouvoir, produisant des pratiques discursives spécifiques associées à des attitudes idéologiques Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles … 153 particulières, en position de domination envers d’autres pratiques alternatives. L’hétérogénéité et la diversité même du discours implicite dans les textes, particulièrement dans leurs projections nationales, en conduisant à la "technicité du discours", peuvent servir d’indicateur dans l’analyse des contradictions inhérentes à la mise en œuvre du processus de convergence. L’analyse critique du discours constitue un outil analytique puissant parce qu’au-delà de leur sens, les textes sont des espaces où des processus sociaux fondamentaux interviennent de manière simultanée : la compréhension, la représentation du monde et les interactions sociales (Fairclough, 2003 ; Fairclough & Wodak, 2009). Cette étude se concentrera donc sur quelques-uns des aspects les plus significatifs du processus de convergence dans la construction de l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur en Espagne ces dix dernières années, lequel présente certaines particularités comparativement à la structure générale des nouvelles qualifications universitaires choisie dans la plupart des pays européens (un premier cycle de quatre ans au lieu de trois, un Master en un an au lieu de deux). Notre contribution portera sur trois caractéristiques significatives et révélatrices de la récente réforme de l’enseignement supérieur espagnol. Tout d’abord, il y a l’intensité et la rapidité des importants changements quantitatifs réalisés ; deuxièmement, la transition d’un gouvernement centralisé et autoritaire à une organisation quasi fédérale, où les régions autonomes constituent l’élément d’ajustement le plus significatif ; troisièmement des financements publics insuffisants qui conduisent à l’appauvrissement et à l’instabilité de toute transformation (l’Espagne occupe toujours la dernière place des pays de l’OCDE pour les dépenses nationales et privées en R&D -Recherche et Développement). A travers l’analyse du discours des textes les plus significatifs de ce processus, nous essaierons de montrer que derrière chaque réforme de l’éducation, se cache un projet contenant une dose plus ou moins grande de rhétorique politique, définie plus ou moins comme une tentative pour faire naître un nouveau type de citoyen, ainsi que certains types de modèles ou d’images des différents acteurs (étudiants et enseignants, tout comme le rôle de l’université et de l’éducation). Ces modèles et ces images sont aussi relativement précis et sont soumis à un processus verbal intense et complexe, qui révèle les points de vue disparates caractérisant les différents acteurs de l’éducation. Nous essaierons de montrer que les effets sont contradictoires et paradoxaux, avec la coexistence d’une vision optimiste du futur et d’une nostalgie persistante du passé. Notre point de départ sera une contextualisation relative du processus de changement et de transformation mené par l’institution universitaire espagnole depuis qu’elle a rejoint le processus de Bologne en 1999. Nous ne parlerons que des aspects et des domaines d’application pour lesquels l’enseignement supérieur n’a pénétré le tissu social qu’au moyen de la résonance de son discours et qu’au prix de sa grandiloquence. Le mouvement des universités espagnoles vers l’Europe au cours de la dernière décennie : une excellence fragile Afin de contextualiser la réalité des universités espagnoles dans le cadre du processus de Bologne, nous mettons l’accent sur trois aspects importants qui décrivent la situation et qui montrent son évolution durant les dix dernières années (Pereyra, Luzón & Sevilla, 2009). Il s’agit de l’intensité et de la rapidité avec lesquelles des changements quantitatifs importants ont eu lieu, du passage d’un gouvernement centralisé à un gouvernement quasi fédéral et d’une insuffisance de financements. a ) Un cha ng em e nt q ua nt it a tif a m b iva le nt Un des changements les plus notables dans le panorama de l’université espagnole au cours des dernières décennies, est de nature quantitative, mais il a eu des répercussions clairement qualitatives et même structurelles. Si nous comparons les années 60 à nos jours, nous remarquons que 3% d’une classe d’âge accédait à l’université en 1960 alors qu’en 2010, 24,5% de la population âgée de 18 à 24 ans fréquente l’Université, en tenant compte d’une baisse de 3% dans cette classe d’âge. Au cours des quarante dernières années, la population étudiante est passée de 170 000 à plus d’un million et demi, bien que la situation se soit stabilisée à partir des années 2000 (une baisse modérée dans l’enseignement supérieur et une augmentation de l’enseignement non-universitaire) puis qu’elle soit repartie légèrement à la hausse depuis 2010 à tous les niveaux de l’enseignement supérieur. L’augmentation importante des diplômés constitue un autre exemple, Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles … 155 il a atteint 72,4% au cours des vingt dernières années (Ministère de l’Education, 2010; pp.9-12)34. Un nombre considérable d’étudiants a même choisi le cursus des Masters officiels, leur nombre ayant été multiplié par trois pendant la dernière décennie. Il en est de même de la présence majoritaire des filles à tous les niveaux et dans tous les domaines, excepté dans l’enseignement technique, elles représentent 54,2% du total des étudiants à l’Université. En adhérant au processus de Bologne et en mettant en place une structure de convergence dans l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur, les universités espagnoles se sont efforcées d’abandonner un modèle dépassé, circonscrit à la sphère nationale, marqué par le statut de fonctionnaire de son personnel, avec des formes de gouvernance rigides et bureaucratiques orientées essentiellement vers la tradition. C’était une institution dont la mission fondamentale était la transmission des savoirs, qui devaient servir pratiquement pour une vie entière et qui devaient être reconnus par une qualification donnant accès à une profession stable. Reste à savoir si les universités espagnoles ont réellement mené à terme les changements engagés par leur nouvelle organisation, maintenant qu’elles ont achevé leur adaptation à l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur avec une offre officielle de 2338 Licences et de 2429 Masters comme en 2010. En Aujourd’hui (2010), le Système Espagnol Universitaire (SUS) est constitué de 78 universités, dont 50 (64,1%) sont publiques et 28 (35,9%) privées. En 1975 il n’y avait que 28 universités dans toute l’Espagne, avec le double 35 ans plus tard. Durant l’année scolaire 2009-2010, il y avait 1 556 377 étudiants inscrits dans le SUS, 89% dans les universités publiques et 11% dans les universités privées. Cependant, pour préciser ce changement quantitatif, nous devons signaler que le nombre d’étudiants le plus élevé dans les universités espagnoles a été enregistré, il y a dix ans, au cours de l’année scolaire 1999-2000 (1 589 473 étudiants) coïncidant avec l’arrivée des classes d’âge correspondant avec la forte baisse du taux de natalité qui se produisit en Espagne après 1975. Toutefois, selon les sources du Ministère de l’Education (2010), pour 2010-2011, une augmentation de 10% des nouvelles inscriptions est prévue, ce qui veut dire que 385 000 étudiants vont intégrer le SUS, inversant la tendance de la dernière décennie (2000-2008) qui a vu une réduction de 8% du nombre d’étudiants (Eurostat), contrairement aux 26 autres pays de l’UE. Le Ministère de l’Education prévoit qu’il y aura 1 600 000 étudiants inscrits dans les universités, ce qui est supérieur au niveau maximum des années 1990. (Source : Données et chiffres sur le Système Universitaire Espagnol. 20102011. Madrid : Secretaría General Técnica). Sur le site : http://www.educacion.gob.es/educacion/universidades/estadisticas-informes/datoscifras.html. Voir aussi le rapport CYD 2010 sur l’université sur le site : www.fundacioncyd.org 34 fait, elles se trouvent encore dans une situation ambiguë de transition, avec des caractéristiques de l’ancien système imbriquées dans celles du nouveau système. Nous soulignerons, entre autre, le niveau insuffisant d’ouverture à la compétition et aux services de la société en tant qu’institution spécialisée dans la création de nouveaux savoirs et dans la promotion du progrès technique. A de nombreux égards, l’université espagnole semble se limiter à l’octroi de qualifications sans aucun effet sur le marché du travail, générant un nombre de diplômés sans emploi en constante progression et des espoirs déçus qui amènent à penser à quoi bon de longues études et de longues formations. De plus, il y a un flot ininterrompu de déclarations institutionnelles émanant du Ministère de l’Education et de la Conférence des Recteurs (CRUE – Conferencia de Rectores de las Universidades Españolas) qui en appellent à une université plus compétitive orientée vers la société de la connaissance, telle qu’elle est définie dans l’agenda de Lisbonne et dans le traité de Lisbonne qui a suivi : «L’un des enjeux majeurs auquel l’Espagne doit faire face tout de suite, c’est une participation adéquate à la Société de la Connaissance, sur les bases de laquelle elle doit construire, en toute liberté, un nouveau modèle de production très efficace et compétitif à l’intérieur d’un modèle social de grande solidarité et de viabilité à long terme ».35 Les références à la compétitivité sont constantes dans pratiquement tous les documents européens et nationaux concernant l’université et la création de l’EEES. Un des exemples de cette insuffisance de développement est précisément le manque d’ouverture et de compétitivité. Si on fait abstraction des universités privées, puisque leurs droits d’inscription deviennent trop élevés pour la majorité de la population et qu’elles sont situées presque exclusivement à Madrid et à Barcelone, on remarque que seuls 12,6% des étudiants espagnols étudient en dehors de leur Communauté Autonome36, peut-être parce que les budgets Document préliminaire du Ministère de l’Education et de la Conférence des Recteurs intitulé : Stratégie des Universités 2015. Gouvernance de l’Université et ses institutions de recherche et d’innovation. 36 A Madrid, 26,1% des étudiants viennent des autres Communautés autonomes, beaucoup viennent des Communautés autonomes voisines, par exemple 31% de Castille- La Manche (Castilla-La Mancha), alors qu’en Catalogne (Catalonia) seulement 7% des étudiants viennent d’une autre Communauté autonome. 35 Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles … 157 prévus pour les bourses37 sont trop faibles, ou bien à cause de l’adoption d’un modèle de localisation, caractérisé par la prédominance de la proximité sur la mobilité, comme cela s’est déjà produit avec la mise en place des campus d’excellence. Le faible niveau d’ouverture transparaît également dans le nombre d’étudiants étrangers qui est bien inférieur à celui des autres pays voisins. Bien qu’il ait augmenté de 60% au cours des sept dernières années, le système universitaire espagnol attire très peu d’étudiants étrangers, c’est particulièrement vrai pour ceux de niveau Licence (4,1%). Au cours de l’année scolaire 2009-10, il y avait 76205 étudiants étrangers inscrits en Espagne, ce qui représentait 4,9% du total. C’était le cas, en dépit du fait que la langue représentait un atout supplémentaire, particulièrement pour les étudiants d’Amérique latine (45,6%), dont la plupart suivaient des études de troisième cycle (41,65%). La mobilité des étudiants des universités espagnoles reste faible avec un taux de participation au programme Erasmus de 2,1% seulement, même si la tendance globale à l’internationalisation dans l’enseignement supérieur est en augmentation. En 2001, quand le gouvernement de droite fit adopter la loi sur l’université nouvelle, plus connue sous le nom de LOU (Ley Orgánica de Universidades), ils légitimèrent cette loi, en plus de donner une justification détaillée de la nécessité de s’intégrer dans le nouvel EEES, en insistant sur le besoin de renforcer les politiques qui encouragent la mobilité des étudiants : « pour stimuler la mobilité des étudiants, des enseignants et des chercheurs à l’intérieur du système espagnol, mais aussi sur la scène européenne et internationale. » L’existence d’universités hors site, représentant 13,7% de l’ensemble, a également constitué une relative nouveauté au cours de la dernière décennie. Les institutions utilisent un autre argument pour (Ministère de l’Education (2010) : Données et chiffres sur le Système Universitaire Espagnol. 2010-2011; pp. 30-31). Selon le rapport CYD 2010, les universités de Madrid, de Catalogne, d’Andalousie et la Communauté de Valence accueillent les deux tiers des étudiants des universités espagnoles. 37 Pendant l’année scolaire 2009-2010, le budget total pour les bourses et les aides universitaires de toutes sortes dans l’enseignement supérieur espagnol (avec plus de 1,5 millions d’étudiants au total) s’élevait à plus de mille millions d’euros (1 011 454 204 euros), représentant 0,1% du PIB, ce qui équivaut exactement à la moitié de la moyenne de l’OCDE (Source : Ministère de l’Education (2010): Données et chiffres sur le Système Universitaire Espagnol. 2010-2011; p. 42). instrumentaliser la légitimation de l’adaptation de l’université espagnole au processus de Bologne, c’est l’augmentation de 9,3% du personnel enseignant au cours des cinq dernières années, contrairement à la baisse et à la stabilisation du nombre d’étudiants 38. De toute façon, il existe un indicateur du manque d’adéquation et d’adaptation, c’est le taux d’obtention de diplômes universitaires pour l’année 2008 tant en premier cycle qu’en deuxième cycle qui est inférieur à celui de l’OCDE. De nos jours, "le classement des universités" est un autre indicateur qui constitue un puissant stimulant pour les universités, comme le décrivent avec précision Lindblad et Foss (2009, p.180) : « les classements internationaux sont considérés comme un puissant facteur de changement, influençant l’organisation et la qualité de l’enseignement supérieur ainsi que son identité. » Malgré la controverse que cela soulève, il n’est pas rare d’entendre que les universités espagnoles doivent obtenir une meilleure position dans les classements internationaux comme preuve de l’amélioration de leurs performances. Par exemple, aucune université espagnole ne se classe parmi les cent premières mondiales et seulement une parmi les quatrevingt premières en Europe. En regardant de plus près le "Top 200 World Universities" dans le Times Higher Education (THE), on remarque que la première université espagnole figure à la 171 ème place en 2009. De la même façon, dans le classement mondial ARWU (Academic Ranking of World Universities), on trouve onze universités espagnoles parmi les 500 premières mondiales. Sans faire plus de commentaires sur les autres analyses du discours utilisé pour définir ces classements, il faut dire qu’il contribue de façon importante à la commercialisation de l’enseignement supérieur (Foss & Lindblad, 2010). Malgré tout cela, un autre changement quantitatif important doit être pris en compte dans l’évolution des universités espagnoles ces dix dernières années : leur production scientifique a été multipliée par deux, tout comme leur participation aux programmes cadre de l’UE, et cela malgré la faible contribution des entreprises, ce qui limitait de fait le transfert des connaissances. De 1996 à 2008, le personnel enseignant avait augmenté de 43,55% en moyenne. Le rapport étudiant/professeur en Espagne est de 11,6 comparé au 15,8 en moyenne dans l’UE (19). (Source : Indicateurs académiques de l’université. 2008/2009, p.36. Sur le site : www.crue.org). 38 Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles … 159 b ) La t ra n s it io n ve r s u n c ha ng em ent d e g o uve r na nce : d ’ un a uto ri ta ri sm e ce nt ra li sé à u ne a uto no m ie q ua si féd é ra le Sous la dictature de Franco, les universités étaient gouvernées d’une main de fer par le Ministère Central de l’Education. Vers la fin de la dictature, les universités devinrent un foyer de résistance aux agissements répressifs des autorités. Dans une atmosphère si hostile, il n’était pas surprenant que le concept d’autonomie des universités devint un mythe et une solution miracle pour résoudre automatiquement un grand nombre de problèmes qui se posaient aux universités. Un phénomène identique s’est produit avec la participation de l’Espagne au processus de Bologne - cela devrait résoudre les graves problèmes structurels dont souffraient les universités depuis des dizaines d’années, non seulement en terme de compétitivité, de recherche et de développement, mais aussi en terme de gouvernance. La Constitution Espagnole adoptée en 1978 reconnaissait l’autonomie des universités comme une garantie légale absolue : "l’autonomie des universités" comme garantie de la liberté académique. La Magna Charta Universitatum signée par les présidents des universités européennes en 1988, mentionne l’autonomie des universités comme étant un des quatre principes fondamentaux, qui doit être compris comme l’obligation pour les universités d’atteindre leurs objectifs en tant qu’institutions chargées de la production et de la transmission des connaissances. Le terme "autonomie" devient un élément majeur dans un discours hybride qui, du point de vue de Fairclough (2009, p. 349), oscille entre l’idéal universel "Humboldtien", holistique et pluraliste et le modèle nouveau de compétitivité à l’ombre de Bologne. L’Autonomie pour quoi faire ? « Pour satisfaire les besoins du monde qui nous entoure » comme préalable normatif de légitimation. Dans le contexte espagnol, l’autonomie des universités en tant qu’argument de légitimation a pris deux formes. D’une part, elle a permis aux universités de défendre leur espace de liberté et d’autogouvernance face aux autres pouvoirs afin de mener à bien les deux missions fondamentales qui sont les leurs, à savoir, la recherche et l’enseignement. D’autre part, elle a permis, dans certains cas, que les intérêts corporatistes prennent le dessus sur les politiques menées dans le but de créer un service public adapté. Ce qui était prévisible s’est produit : une fracture et une dissociation entre les universités et la société civile qui les ont protégées et leur ont donné de l’importance. Les Conseils Sociaux, composés de membres éminents de la vie culturelle, professionnelle, économique et sociale, furent créés afin d’intégrer la société civile à la gouvernance des universités, mais ils n’ont pas réussi à s’implanter et à exister autrement que comme un élément de décorum sans aucune réelle utilité ou fonction. De plus, il existe une double relation avec le pouvoir politique. Les universités sont liées à l’Etat à travers le Conseil de l’Université, présidé par le ministre concerné, et impliqué à deux niveaux de gouvernance – le politique et l’universitaire. Le premier niveau est représenté par les politiciens responsables de l’enseignement universitaire dans les 17 Communautés Autonomes, alors que le niveau universitaire est constitué des Recteurs (Dirigeants ou Présidents) de toutes les universités. Le Conseil de l’Université est responsable de la coordination, de la planification et de la régulation des programmes et garantit une certaine uniformité du système au niveau national. Cependant, les relations avec les Communautés Autonomes sont essentiellement des relations de dépendance financière. Dans ces conditions, l’autonomie de chaque université est totale, et la responsabilité, la compétition et l’évaluation externe sont des indicateurs qui exigent une qualité constante et une amélioration des universités. Toutefois, la responsabilité a souvent été détournée, la compétition entre les universités est souvent très limitée comme nous l’avons vu et l’évaluation externe a été l’un des instruments les plus encourageants concrétisé par la création des Agences de Qualité autonomes et nationales. Il n’est pas surprenant que la Ministre de la Science et de l’Innovation ait déclaré dans une interview en 2009 « qu’il est largement acquis que le système actuel de gouvernance de l’université espagnole ne fonctionne pas. » Elle a proposé ensuite une formule plus orientée vers une gestion professionnalisée, dotée de mécanismes de responsabilité plus en accord avec les demandes sociales, et fait référence d’une manière plus générale, vague et imprécise au modèle de gouvernance dans les universités européennes. Selon Barbara Kehm (2011, p.12), la gouvernance et la nouvelle gestion publique « font partie de l’agenda européen pour moderniser l’université et la responsabiliser davantage face aux besoins sociaux et économiques à l’ère de la société de la connaissance », en référence à une gouvernance "créative" qui restaurera la confiance sociale envers l’institution. Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles … 161 Un des objectifs du processus de Bologne est d’encourager une gouvernance à plusieurs niveaux, à des échelles différentes, améliorant ainsi la participation des acteurs sociaux. Les universités espagnoles ont dû adapter le processus d’harmonisation européen à la nature autonomiste de leur structure administrative, créant ainsi une carte quasi fédérale des différents degrés d’autorité. Ce processus a été excessivement long et complexe et s’est conclu par une perte d’uniformité, mais non par une perte d’homogénéité, car il s’est adapté à la diversité de plus en plus large et de plus en plus importante de la structure administrative prédominante. Le récent "Informe CYD 2010" (p.257) (Rapport de la Fondation Conocimiento y Desarrollo) est un diagnostic du système universitaire espagnol établi par un réseau d’experts en gestion. Il met en évidence qu’un des enjeux majeurs dans la période 2006-2010, était d’offrir une organisation appropriée aux universités qui leur permettent d’agir comme une force de développement économique, et de favoriser en même temps un partenariat entre le monde des affaires, les entreprises et l’université. Malgré cela, le financement privé de la R&D des universités est tombé à 6,5% en 2008-2009. De plus, la nouvelle littérature scientifique cherche à propager les valeurs de développement de la gestion stratégique, afin de rendre les universités espagnoles plus entrepreneuriales, ce qui doit constituer une caractéristique particulière de leurs responsabilités sociales, mais les faits mentionnés par le rapport CYD 2010 exposent clairement que l’on parle surtout de généraliser les agendas de la nouvelle réforme en accord avec la rhétorique de la nouvelle recherche (Kirby, Guerrero & Urbano, 2011; Gaete Quezada, 2011). c) L’ éte r ne l p ro b lèm e d u f ina nc em ent a sym ét r iq u e Le rapport 2010 des recteurs des universités espagnoles (CRUE) intitulé "L’Université espagnole en chiffres" révèle l’évolution des mécanismes de financement des universités publiques, le financement public s’étant intensifié ces dernières années afin de répondre aux exigences de résultats. Toutefois, le besoin de financement de la croissance rapide de l’enseignement universitaire due à une forte demande sociale, conjugué avec un faible budget essentiellement public, est devenu l’une des causes de l’excellence précaire des universités espagnoles aujourd’hui. En 2007, l’Espagne a consacré 1,1% de son PIB à l’enseignement supérieur, ce qui est inférieur à la moyenne de l’OCDE (1,5%) et légèrement inférieur à la moyenne de l’Union Européenne (1,4%). Comme cette donnée représente un pourcentage du PIB, c’est encore plus négatif, l’Espagne se situe en dessous de la moyenne européenne alors que le Danemark (1,7%) ou la Suède (1,6%) occupent les premières places39. Le coût par étudiant dans l’enseignement supérieur était de 12548 euros en 2007, c’est à dire beaucoup moins élevé que celui de la moyenne de l’OCDE qui était de 12907 euros, mais légèrement supérieur à la moyenne de l’UE (19) (12084 euros). Ces chiffres varient en fonction de la Communauté Autonome concernée, cela va du simple au double40 entre la Communauté Autonome qui investit le plus par étudiant universitaire et celle qui investit le moins. Si les possibilités de rénovation et de modernisation du système universitaire espagnol dépendent essentiellement des financements publics provenant de sa Communauté Autonome (83,3%), qui est supérieur à la moyenne de l’OCDE (80,4%), le degré de dépendance économique s’accroît et la capacité d’autonomie est plus limitée. Néanmoins, le Conseil de l’Université tient à placer la modernisation du système universitaire dans le cadre stratégique connu sous le nom de Estrategia Universidad 201541, cadre dans lequel le financement, tout comme la responsabilité et la gouvernance constituent les facteurs Alors que le PIB par personne s’élevait à 22886 € en 2009 en Espagne, la moyenne des 27 pays de l’UE était de 23600 € et de 40300 € au Danemark (Eurostat, 2010). 40 Les trois communautés autonomes qui dépensaient le plus par élève dans l’enseignement supérieur universitaire en 2008 étaient : le Pays basque (9314 €), la Cantabrie (8596 €), et la Catalogne (8477 €). Les trois qui dépensaient le moins : les Iles Baléares (5988 €), Murcie (5966 €) et Estrémadure (4934 €). (Source : CRUE, 2010). 41 Pour plus d’informations voir : "Document sur l’amélioration et le suivi des politiques de financement des universités afin de promouvoir l’excellence académique et d’augmenter l’impact socio-économique du Système Universitaire Espagnol (SUS)". Stratégie des Universités 2015. Conférence sur la politique de l’Université, Conseil de l’Université. Sur le site : http://www.educacion.gob.es/educacion/universidades/educacion-superioruniversitaria/financiacion-sue.html. Stratégie des Universités 2015 est une initiative de l’actuel gouvernement socialdémocrate, qui a débuté en 2008, dans le but d’adapter l’université espagnole à l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur (EEES), avec la vision plus large de la modernisation des universités espagnoles par la promotion de l’excellence scientifique et éducative, l’internationalisation du système universitaire et sa participation au changement économique basé sur la connaissance. 39 Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles … 163 fondamentaux du développement. Un changement pour le financement est donc envisagé dans le but d’améliorer l’efficacité du système universitaire afin d’atteindre certains objectifs, tel que « intégrer les universités comme une force motrice pour le développement économique et l’emploi » (Document de financement de l’université, p.5). En dépit de la déclaration d’intention et des changements de modèles de financement de l’université, cela ne fait aucun doute que si ce dernier dépend des administrations autonomes, la question est de savoir comment ces administrations vont pouvoir faire si elles doivent réduire leur budget de 50% vers 2013 dans le but de respecter les plans de réduction du déficit. Une autre considération doit également être prise en compte, jusqu’à quel point va-t-on pouvoir mettre en oeuvre les nouveaux cursus, comme le Master, afin d’apporter une réponse suffisante à la demande des étudiants. Les objectifs principaux vont donc devoir être réévalués en fonction de la réduction des dépenses et des mesures d’austérité telle que la stabilité budgétaire qui vont dans le sens du discours néo-libéral en ces temps de crise et d’incertitude dans lesquels nous vivons aujourd’hui. Le processus de Bologne en Espagne ou "l’entrée par la petite porte" Des études de Fairclough (2009), Wodak & Fairclough (2010) et Ravinet (2008) ont montré la dissonance et l’antinomie qui existent entre le discours implicite et le discours explicite dans l’architecture du changement de l’enseignement supérieur européen. Ce processus a commencé avec la Magna Charta Universitatum (Bologne, 1988), à laquelle il est très peu fait référence dans les documents officiels espagnols, et a conduit à la déclaration de Bologne (1999) qui correspond au lancement d’un processus de coordination et d’harmonisation des politiques de l’enseignement supérieur en Europe supervisé par les autorités de l’UE. Comme mentionnée dans la déclaration d’ouverture, « la consolidation de l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur » est un objectif supranational, bien qu’il n’y ait aucune indication de la réalité de son institutionnalisation au niveau du gouvernement européen, contrairement à ce qui avait été conçu au départ à la Sorbonne, selon Ravinet (2009), car les conditions de lancement et les priorités nationales étaient différentes. Les différences entre les deux documents étaient considérables, bien qu’ils semblaient faire partie du même agenda : « les deux documents faisaient la liste des réformes, mais seul celui de Bologne utilisait ce qu’on pourrait appeler une technique discursive » (Fairclough, 2009, p.356). Dans le cas de l’Espagne, cette réforme a commencé sous un gouvernement de droite et a été mise en oeuvre en grande partie par différents gouvernements socialistes, mais cela n’a rien apporté de vraiment nouveau, en dehors des changements réglementaires déjà prévus. Nous allons donner quelques exemples des procédés discursifs utilisés dans son institutionnalisation en Espagne. Ils ont été acceptés avec très peu de résistance, devenant une étape supplémentaire dans la symbologie de la construction de l’Europe, un attribut inséparable de la modernité institutionnelle, dont seule une petite minorité d’enseignants et d’étudiants critiques les erreurs d’application et l’assimile à une commercialisation de l’université 42. Nous allons illustrer les formes discursives utilisées dans le discours des principaux textes qui ont institutionnalisé 43 et légitimé les réformes proposées à Bologne44. Un langage commun pour d es directions différentes Dans les considérants préliminaires (Section XI) et dans le chapitre XIII de la Loi de l’Université adoptée par le Parti populaire (Partido Popular - PP) en 2001, il est déjà fait mention d’un des axes majeurs de . Voir le supplément El Mundo. Campus (1/06/2005); El País (26/04/2010), "Le nouveau système éducatif a soulevé l’opposition d’un mouvement étudiant sans précédent" (El País; 19/09/2010). « Les étudiants opposés au processus de Bologne, prévoit la commercialisation de l’éducation dans un manifeste » (La Vanguardia; 22/01/2009). 43 Nous entendons "institutionnalisation" comme un processus dans lequel les pratiques sociales sont standardisées et deviennent des normes structurelles qui sanctionnent et légitiment le comportement dans la société 44 Les six objectifs énoncés dans la déclaration de Bologne sont : l’adoption d’un système universitaire similaire et facilement compréhensible ; l’adoption d’un système basé essentiellement sur deux cycles principaux – Licence et Master ; l’établissement d’un système de crédit – équivalent à l’ECTS – comme étant un moyen pertinent de promouvoir une mobilité plus grande des étudiants ; la promotion de la coopération européenne dans l’évaluation de la qualité ; la promotion de la nécessité d’une dimension européenne de l’enseignement supérieur. 42 Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles … 165 la déclaration de Bologne : « pour intégrer de manière compétitive les meilleurs centres de l’enseignement supérieur dans le nouvel espace universitaire européen qui commence à voir le jour »45. Ce processus, décrit dans la loi comme un objectif encore confus, mal défini, fut développé plus clairement par le Ministère de l’Education deux années plus tard dans un document devant être débattu, qui spécifiait les moyens et les mécanismes d’intégration du système universitaire espagnol à l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur. Bien que la nouvelle loi ne mentionnait pas l’architecture de la nouvelle structure dont il était question dans la réforme proposée par Bologne, le dernier document, intitulé "Intégration du système universitaire espagnol dans l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur", publié en 2003, faisait des propositions spécifiques qui allaient donner naissance aux mesures réglementaires. Ce texte de base à la discussion, contenait des "techniques discursives" (Fairclough, 2009) de haut niveau. Examinons quelques-uns des termes les plus controversés : a ) A q ue lle so cié té d e la c o nna i ssa nc e no u s réf ér o ns - no u s ? Tout au long des années 1990, l’UE insistait de plus en plus sur la nécessité pour l’Europe de faire partie de l’économie et de la société de la connaissance, un artefact rhétorique sans définition et sans précision (Ravinet, 2009), dont on trouve la version la plus éloquente dans le document intitulé "L’UE et la société basée sur la connaissance" 46, ou bien dans la résolution de la Commission européenne intitulée "Le rôle des universités dans l’Europe de la connaissance" 47. C’est une véritable caisse de résonance pour un discours plein d’ambiguïtés, alors qu’il s’agit en réalité de reconquérir la place de l’Europe dans le monde et de préserver une influence formative à un moment où la géopolitique globale se déplace pour la première fois de l’Atlantique Nord vers les pays riverains du Pacifique (Japon et Australie). Des termes tels que "employabilité", "mobilité" et "compétitivité" sont aussi 45 46 Loi Organique 6/2001 sur les Universités (BOE nº 307, 24/12/2001). Commission européenne (2003) : L’UE et la société basée sur la connaissance. Luxembourg : Office de Publications de la Communauté européenne. Sur le site : http://ec.europa.eu/publications/booklets/move/36/es.pdf 47 Voir : COM (2003): "Le rôle des universités dans l’Europe de la connaissance" sur le site : http://europa.eu/legislation_summaries/education_training_youth/lifelong_learning /c11067_es.htm] incorporés dans une matrice cognitive tout autant que normative visant à renforcer le marché unique européen et la libre circulation des travailleurs en accord avec la stratégie de Lisbonne (2000). D’une certaine façon, Anthony Giddens (2006) l’avait déjà suggéré dans un article de journal publié en Espagne sous le titre "Améliorer les universités européennes" quand il déclara : « Que signifie cet élargissement ? Pourquoi les leaders politiques sont-ils si intéressés par l’expansion des universités ? Les raisons sont avant tout économiques. Ils doivent composer avec les forces puissantes qui transforment aujourd’hui les économies de tous les pays développés. » En d’autres termes, le discours prétentieux sur la société de la connaissance constitue en lui-même une "politique de réalité" qui limite et articule les capacités du gouvernement et qui les interprète. L’enseignement supérieur est l’une des voies pour établir l’Europe de la connaissance comme prévu dans la stratégie de Lisbonne (2000), en activant le prétendu triangle de la connaissance, recherche, éducation et innovation – un mécanisme paré de rationalité scientifique afin que l’économie profite de l’exigence de compétitivité. Depuis que le Conseil Européen a déterminé un nouvel objectif stratégique pour l’Union Européenne à Lisbonne en mars 2002, qui est d’en faire la société et l’économie basée sur la connaissance les plus avancées au monde, le processus de Bologne a cessé d’être le seul moteur du changement et de la modernisation des universités en Europe, et il est devenu un moyen de plus dans « l’espace d’action publique à intensité variable » (Muller & Ravinet, 2008; p.664) du programme "Education et formation 2010" conduit par l’UE. La rationalité cognitive acquise par l’Européanisation des politiques se construit par le biais d’une « logique de comparaisons permanentes, qui sont légitimées et mises en place grâce à de "nouvelles stratégies", dans le but de trouver des solutions plus efficaces et plus rentables » (Nòvoa, 2010; p.35). La méthode ouverte de coordination est l’une d’entre elles (Wodak & Fairclough, 2010). b ) L’ ha rm o ni sa t io n d e la s tr uc tu r e d e s p a rco u rs o u red éf i ni tio n d es m o d èl es u ni ve r si ta i re s tra d it io n ne l s Comme nous l’avons déjà mentionné dans d’autres textes (Pereyra, Luzón & Sevilla, 2008; Faraco, Luzón & Torres, 2009; Luzón, Sevilla & Torres, 2009), la création d’une structure équivalente et intelligible des cours universitaires est un autre des objectifs majeurs du processus et l’un des plus originaux pour le développement de l’EEES. Il ne s’agit pas uniquement d’encourager la mobilité des étudiants ou Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles … 167 d’harmoniser des cursus similaires, mais aussi de garantir une formation professionnelle suffisante dans un marché du travail étendu et diversifié, et surtout forcément compétitif. C’était mis en évidence dans la stratégie de Lisbonne (2000) et dans les documents ultérieurs spécifiant cette stratégie, tel que le programme "Education et Formation 2010" (Commission européenne, 2004), dans le but de combattre le niveau inquiétant du chômage qui représentait 21% de la population active, l’Espagne ayant un des taux les plus élevés (Eurostat, 2011)48. La démarche s’inscrivait dans la tendance internationale à renforcer l’idée d’un enseignement universitaire qui produirait des personnes qualifiées professionnellement et améliorerait ses relations avec le marché. Les conséquences de cette tendance sont nombreuses et profondes, car elle invite à une reconsidération des fonctions et des objectifs traditionnels de l’université et par-dessus tout, de l’esprit de ses modèles historiques tel que celui de Von Humboldt, où les objectifs de professionnalisation occupent un rôle secondaire. L’Espagne agit conformément aux postulats de base dans la mise en place de l’EEES, suivant les principes de Bologne et les accords des différentes conférences de suivi, où les discours clairement orientés vers la formation professionnelle, priment sur l’enseignement général, culturel ou humaniste. (La proposition présentée pour être examinée par les universités et l’administration de l’éducation dans les Communautés Autonomes, prévoit d’harmoniser la structure cyclique de l’enseignement universitaire avec celle proposée par la déclaration de Bologne qui est majoritaire dans la plupart des Etats de l’Union Européenne et dans le reste du monde. Ministère de l’Education. Document cadre pour l’établissement de l’EEES). Il est question "d’harmoniser" les politiques, c’est à dire de les adapter aux directives européennes ou à un mode de gouvernance imbriqué à plusieurs niveaux. Le document cadre pour l’application des directives sur l’EEES précise que le premier cycle de l’enseignement supérieur universitaire 48 L’inquiétude face au problème de l’augmentation du chômage en Europe a déjà été exprimée en 1993 dans le Livre blanc sur la croissance, la compétitivité et l’emploi (Commission européenne, 1993), qui a mis en évidence la nécessité de mettre en place des politiques de formation permanente et qui aurait affecté sans aucun doute l’enseignement supérieur. doit être la "Licence", durant entre 180 et 240 ECTS (European Credit Transfer System – Système européen de transfert de crédits de cours), c’est une nouvelle structure dont le but évident est de se concentrer sur l’acquisition de connaissances et de compétences afin d’obtenir une qualification professionnelle qui offre de réelles opportunités d’emploi sur le marché du travail. Le second cycle ou "Master" dure entre 60 et 120 ECTS et est destiné à la spécialisation professionnelle ou à la recherche. En Espagne, la question du premier cycle traditionnel qui dure cinq ou six ans, s’est posée. Est-ce que c’était un premier cycle ? Si c’était le cas, sa durée devait être reconsidérée (3-4 ans) et les études de deuxième cycle devaient être renforcées (il fallait réorganiser au moins l’offre officielle du Master). Quand un nouveau gouvernement socialdémocrate arriva au pouvoir en Espagne, il essaya d’encourager l’établissement de l’EEES et, alors que l’on discutait de la révision de la loi de l’Université votée par le gouvernement précédent quatre ans plus tôt. Une nouvelle réglementation fut adoptée en 2005 qui établissait la structure de l’enseignement universitaire et qui organisait de nouveaux cursus49 de premier cycle et de second cycle. Il ne semblait pas raisonnable de repousser une réglementation qui devait être approuvée plus tard, à un plus haut niveau normatif tel que la modification d’une loi organique, alors que l’année 2010 approchait et que les mesures d’application en Espagne étaient très en deçà de ses voisins européens. Néanmoins, dès 2003 un bon nombre d’enseignements expérimentaux avaient déjà été entrepris concernant la mise en place des nouveaux crédits ECTS, dans le but de respecter la réglementation du système de crédits européen qui demandait une adaptation50 progressive. La totalité des règles normatives du processus est empreinte d’artifices techniques étant donné la demande implicite de changement de mentalité en vue de l’introduction du nouveau système de crédits, présenté comme bénéfique pour la "qualité de l’enseignement", l’étudiant se trouvant au centre des nouvelles méthodologies de l’enseignement universitaire (l’adoption 49 L’arrêté royal 55/2005 (21 janvier), qui a établi la structure de l’enseignement universitaire et réglementait le premier cycle universitaire officiel et l’arrêté royal 56/2005 (21 janvier) réglementant le deuxième cycle universitaire officiel. BOE, nº 21, 25/1/2005). 50 Voir la disposition transitoire de l’arrêté royal 1125/2003 (5 septembre), qui établit le système de crédit européen et le système de notation des diplômes universitaires officiels dans toute l’Espagne (BOE, nº 224, 18 septembre 2003). Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles … 169 du système de crédits ECTS entraîne un changement du système et de la méthodologie de l’enseignement qui devrait favoriser l’apprentissage et l’auto-formation). Nous avons là un exemple où la fonction du langage apparaît dans toute sa subtilité, le changement implique la "qualité" et l’expérimentation du nouveau système de crédits apporte un nouveau système d’enseignement plus compétitif qui peut être utilisé tout au long de la vie une fois que les "compétences" ont été acquises. Comme vous pouvez le voir, les artifices du langage utilisent un nombre de procédés rhétoriques creux, dépourvus de tout contenu véritable. La réglementation, approuvée par le nouveau gouvernement socialiste en 2005 sur la structure des études universitaires, présente de nombreuses omissions. Elle conserve l’ambiguïté sur la durée des nouveaux premiers et second cycles et donne aux universités la responsabilité de structurer les cours conformément aux directives définies. Les études de second cycle (Master et Doctorat.) furent organisées de manière plus souple, mais sans préciser la durée du Master (60-120 crédits et un ou deux ans), en fonction du niveau du premier cycle, et sans lignes directrices générales. Au contraire, l’existence du cursus de Master jusqu’ici inexistant en tant qu’études de second cycle, fut soulignée comme une innovation importante. La demande et les attentes concernant les études de Master ont conduit les universités à accélérer leur offre, dès que la modification de la Loi de l’Université de 2001 fut adoptée en 200751, les mécanismes de réglementation nécessaires à la spécification des structures du premier cycle, du Master et du Doctorat furent mises en application (article 33, articles 37 et 38 modifiés de la LOU), bien qu’il n’y eut pas de différences fondamentales. La structure des nouveaux cursus universitaires fut spécifiée définitivement à la fin 2007 52. Elle fut considérée comme une des réglementations essentielles dans le processus de réforme des universités pour la construction de l’EEES en Espagne et comme une référence réglementaire en ce qui concerne le nouvel aménagement des cursus universitaires et des diplômes officiels. Dorénavant, l’initiative concernant le processus était transférée aux universités et à leur cadre institutionnel pour la 51 Loi organique 4/2007 (12 avril) modifiant la Loi organique des Universités 6/2001 (21 décembre) (BOE nº 89 13/04/2007). 52 L’arrêté royal 1393/2007 (29 octobre) établissant la réglementation de l’enseignement universitaire officiel (BOE, nº 260, 30 octobre 2007). préparation, l’analyse, l’approbation et la mise en place des nouveaux cursus officiels du système universitaire espagnol. La durée du premier cycle était donc de 240 crédits (quatre ans), contrairement aux 180 crédits et aux trois ans prévus à l’origine et mis en place pour la Licence dans de nombreuses universités européennes. Apparemment, la réduction du cursus traditionnel de cinq ans à trois ans, avait été jugée excessive. En ce qui concerne les Masters, ils étaient de 60 crédits et d’une durée d’un an, ce qui se différenciait à nouveau des universités européennes où ils duraient deux ans. Toutefois, malgré les différences et les divergences dans leur véhicule discursif prédominant, en l’espace de tout juste deux ans (2006-2008), l’offre des Masters officiels s’élevait à plus de mille. Mi-2010 en particulier, il y avait 1870 cursus de Masters authentifiés et les attentes sont si grandes dans les années à venir, que le chiffre pourrait atteindre 3000. La qualité est sensée être garantie par les mécanismes de vérification et de suivi fixés par la réglementation. Les challenges et les nouvelles attentes se portent maintenant sur la coopération interuniversitaire et les Masters internationaux afin de promouvoir la mobilité. D’un point de vue normatif, l’harmonisation et la structure des nouveaux cursus se concluent par un autre dispositif réglementaire, il s’agit du Supplément européen au diplôme (European Diploma Supplement), une nouveauté jusqu’à présent dans la légitimation du mécanisme d’adaptation à l’EEES. C’est un document qui détaille la carrière universitaire et les compétences acquises et qui a été réglementé en même temps que l’adaptation aux crédits européens. c) L’ a m élio ra t io n d e la q u a lit é d e s sy s tèm es d ’a cc réd ita tio n o u le s no uv ea ux m o d es d e g o uve r na n ce d a n s l’ e ns eig nem ent sup é rie u r Dans la déclaration de Bologne, le dispositif réglementaire de l’harmonisation et de l’européanisation, on peut remarquer qu’au-delà des différences nationales, il existe une tendance au changement des modes de gouvernance dans l’éducation et la formation mais aussi dans l’enseignement supérieur. Il y a des mécanismes de substitution qui constituent de nouvelles techniques de gouvernance réduisant le contrôle exercé par les Etats nationaux, ou plus simplement, leur permettant de s’assurer de la suffisance de la qualité en s’appuyant sur les résultats obtenus par les agences d’évaluation (Faraco, Luzón & Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles … 171 Torres, 2009). Cela signifie que le concept de qualité n’a pas été reformulé, puisqu’il continue d’être centré sur l’action de certains mécanismes d’évaluation fonctionnant avec des indicateurs dont les références sont toujours l’efficience et l’efficacité de systèmes nationaux au regard de la responsabilité d’un point de vue que l’on peut qualifier de purement économique. C’est pourquoi, António Nòvoa (2010, p. 37) trouvait tout à fait approprié d’affirmer « qu’une conception arithmétique du pouvoir est complètement inadéquate. ». Quoiqu’il en soit, dans la rhétorique politique et institutionnelle, comme il est écrit dans l’article 149.1 du Traité Constitutionnel de l’Union Européenne, la qualité se comprend comme quelque chose en plus : « La Communauté contribue au développement d’une éducation de qualité en encourageant la coopération entre les Etats membres et, si nécessaire, en appuyant et en complétant leurs actions tout en respectant pleinement la responsabilité des Etats membres pour le contenu de l’enseignement et l’organisation du système éducatif ainsi que leur diversité culturelle et linguistique. » (Journal Officiel de l’Union Européenne C 321 E/3, 29.12.2006, p.112). Comme nous pouvons le déduire de ce passage, la qualité devient un élément clé et légitime, en conséquence, une intervention de l’UE dans les politiques éducatives nationales. Cela constitue donc un nouveau mode de gestion supranationale, communément appelée "Méthode ouverte de coordination", sur la base de laquelle ont été conçues les agences d’évaluation et d’accréditation au niveau national et régional, avec le principe de coopération entre elles et de coordination au niveau supranational par le biais d’une agence des agences connue sous le nom de "Réseau européen pour l’assurance qualité dans l’enseignement supérieur" (European Network for Quality Assurance in Higher Education - ENQA)53. Les universités espagnoles ont mis du temps à participer aux mécanismes de contrôle, d’efficience, d’efficacité et de résultats associés aux pratiques du marché. Un des premiers programmes institutionnels d’évaluation de la qualité dans les universités fut créé en 1995 par le Premier plan national pour l’évaluation et la qualité 53 L’ENQA a été crée en 1998, peu avant la déclaration de Bologne, dans le but de promouvoir le « Co-fonctionnement européen » dans les domaines de l’évaluation et de l’accréditation. Pour plus d’informations, voir son site web : http://www.enqa.net dans les universités, qui n’a jamais vu le jour. Avec la mise en place du processus de Bologne, la garantie de la qualité dans les universités a pris plus d’importance et a trouvé un nouvel élan. En 2001, la LOU a créé l’Agence nationale pour l’évaluation de la qualité et l’accréditation (ANECA – Agencia Nacional de Evaluación de la Calidad y Acreditación), qui fut rejoint petit à petit par les Agences autonomes, ce qui prouvait que l’université espagnole était engagée dans un processus constant d’évaluation institutionnelle avec l’objectif d’assurer l’excellence des cursus diplômant, de permettre une plus grande transparence et une meilleure insertion sur le marché du travail. En fait, sous le slogan de "garantie de qualité", ces dix dernières années, les universités espagnoles ont développé un processus de réglementation extrêmement complexe d’accréditation et de vérification des nouveaux cursus de premier et de second cycle et l’accréditation du personnel universitaire enseignant, dans lequel la qualité basée sur des critères quantifiables, vérifiables et objectifs a constitué le discours dominant. Bien que la performance de l’ANECA bénéficie d’un large consensus54, l’enjeu est de dépasser la forte complaisance et l’ambivalence générée par le discours sur la qualité pour lui permettre de s’adapter aux exigences sociales, scientifiques et de productivité, que nécessite chaque situation particulière. En conclusion Le processus de Bologne et l’adaptation à l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur (EEES) ont eu une importance particulière pour la recontextualisation des universités espagnoles. C’est un processus complexe, dynamique et relativement récent, qui est à l’origine du besoin d’amélioration ressenti et exprimé par les universités, ainsi que du désir des différents gouvernements d’entreprendre des réformes dans la sphère de l’éducation qui joue un rôle important dans le progrès économique de l’Union Européenne. Laissant derrière elle une résistance relativement faible, la maxime d’Ortega y Gasset est toujours d’actualité : « L’Espagne est le problème, l’Europe la solution. » L’enseignement supérieur a constitué un tremplin pour sécuriser l’Europe en tant que vaste espace d’éducation ou de formation, avec une forte composante économique dans son discours qui a instrumentalisé la société de la connaissance 54 Voir http://www.aneca.es Le processus de Bologne et la gouvernance des universités espagnoles … 173 pour lui donner une valeur économique. Comme nous l’avons déjà dit, une des mélodies les plus dissonantes est la transition entre un modèle universitaire forgé dans une identité historique particulière, avec un certain caractère Humboldtien et imprégné d’un certain élitisme et un modèle plus standardisé, breveté par le processus de Bologne qui propose des cursus courts (premier cycle) accessibles à un fort pourcentage de jeunes avec une caractéristique très professionnelle orientée vers le marché du travail. En Espagne, en dépit de différences substantielles avec les pays voisins, les formes d’adaptation auxquelles l’université a dû faire face au cours des dernières décennies, ont été similaires et ont répondu à un "idéal de réglementations" qui a affecté de manière radicale la construction des politiques nationales. La réglementation du processus a subi une charge discursive considérable et, malgré la désinvolture de certaines opinions, nous avons retrouvé la capacité critique de nous positionner sur le champ de force latente de la "logique d’adaptation" de l’enseignement universitaire au marché du travail. Dans ce sens, les gouvernements de droite ou sociauxdémocrate d’Espagne, ont tous deux construit le grand Espace Européen de l’Enseignement Supérieur à travers la promotion d’un dispositif législatif qui a rendu possible l’harmonisation de la structure des études, l’organisation et le contenu de nouveaux cursus et la garantie de qualité grâce aux agences créées dans ce but. Ce que nous avons obtenu, c’est un outil institutionnel qui a exigé des ressources humaines et matérielles pour répondre aux attentes et qui nous a fourni des leçons inattendues mais précieuses qui interviennent dans la formation des identités professionnelles avec des conséquences à long terme. 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L'institutionnalisation récente d'un enseignement des langues et cultures autochtones est un angle privilégié pour saisir la portée du mot d'ordre d'une « décolonisation » de l'école. Cette institutionnalisation est un terrain exceptionnel pour tester les limites du désir de concilier l'universalisme du droit avec la reconnaissance de droits collectifs spécifiques au nom de la réparation des torts de la colonisation. En quoi l'émergence d'un système scolaire qui se veut désormais «culturellement adapté » remet-elle en question « l'indifférence aux différences » qui caractérise le fonctionnement de l'école ? Quels sont les objectifs des réformes en cours, les registres de leur justification, et en quoi sont-ils compatibles ? Jusqu'où les dispositifs adaptés peuvent-ils rompre avec le système éducatif national, et comment les évaluer avec les outils dont on dispose ? La transmission des savoirs autochtones s'est faite jusqu'à présent hors de l'école : quelles peuvent être les conséquences sur la nature de ces savoirs du fait qu'ils soient transmis désormais par l'école ? Jusqu'où peuton le faire dans le respect de la forme scolaire, et jusqu'où peut-on le faire sans transformer radicalement le rapport des sujets à leur culture ? Les contenus disciplinaires. Approches comparatistes Auteur(s) : REUTER Yves, DAUNAY Bertrand, THÉPAUT Antoine (dir.) Editeur(s) : Presses universitaires du Septentrion Année : 2013 Référence : coll. Éducation et didactiques s, ,274 pages, 25 €€ Parution : Janvier 2013) Quels contenus caractérisent les différentes disciplines ? Quels sont leurs sources et leurs modes de structuration ? Quels problèmes posent-ils aux maitres et aux élèves ? Comment sont-ils mis en scène dans la classe au travers des pratiques d'enseignement ? Comment les acteurs se les approprient-ils ? C'est à ces questions que cet ouvrage tente de répondre en réunissant des contributions issues du 2e colloque de l’Association Internationale pour des Recherches comparatistes en Didactiques qui s’est tenu à Lille en janvier 2011. Il croise ainsi les regards de spécialistes reconnus des différentes disciplines (didactiques du français, des mathématiques, des sciences…) sur les définitions possibles des contenus d’enseignement et d’apprentissages, sur leurs catégories, sur leurs variations selon les matières scolaires, les activités ou encore sur les représentations des maitres et des élèves. A un moment historique où se développent dans nombre de pays des débats sur les curriculums, sur les relations entre programmes et socles ou sur la priorité à accorder aux savoirs ou aux compétences, cet ouvrage propose des analyses informées et des pistes de réflexion loin des simplifications partisanes. Ecoles en mouvements et réformes Auteur(s) : CHARLAND Patrick, DAVIAU Claude, SIMBAGOYE Athanase, CYR Stéphane (dir.) Editeur(s) : De Boeck Année : 2012 Référence : Coll. Perspectives en éducation et formation, 272 pages, 36 € Parution : octobre 2012 Dans un contexte de tension, voire de distance entre les propositions des réformes curriculaires et des pratiques sur le terrain des écoles, cet ouvrage regroupe les contributions de différents acteurs, en provenance de divers milieux de l’éducation issus de toute la francophonie (Amérique du Nord, Veille scientifique, parution … 179 Europe et Afrique de l’Ouest) qui tentent de mettre leurs écoles et leurs unités administratives en mouvement. L’ouvrage vise donc à mettre de l’avant les nombreuses initiatives individuelles ou collectives, témoignant de l’ingéniosité didactique et pédagogique d’enseignants, de conseillers pédagogiques, ainsi que de la créativité des gestionnaires des établissements scolaires. En traitant des enjeux globaux comme des thématiques spécifiques à un contexte ou un pays donné, les auteurs présentent leur propre perspective des enjeux, des défis et des perspectives de différentes réformes curriculaires en cours dans le monde. lien : http://superieur.deboeck.com/titres/127028_3/ecoles-en-mouvementset-reformes.html Les mobilités étudiantes Auteur(s) : ERLICH Valérie Editeur(s) : La Documentation française Année : 2012 Référence : coll. Panorama des savoirs, 224 pages, 19 € Parution : octobre 2012 L’Observatoire national de la vie étudiante publie, en octobre 2012, Les mobilités étudiantes. Cet ouvrage de Valérie Erlich propose un état des lieux des mobilités étudiantes en Europe. Plus qu’une simple synthèse des travaux sociologiques existants sur la question, l’auteure analyse les processus en jeux dans ces mobilités, les spécificités des étudiants mobiles par rapport aux migrants « classiques » et expose les perspectives attendues pour les prochaines années. Cet ouvrage est donc autant un manuel à destination des étudiants qu’une réflexion sur les évolutions des mobilités étudiantes utiles aux responsables politiques et universitaires. lien : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/ouvrages/9782110091024-lesmobilites-etudiantes Les Précurseurs de l'oralité scolaire en Europe. De l'oral à la parole vivante Auteur(s) : LANGLOIS Roberte Editeur(s) : Publications des Universités de Rouen et du Havre Année : 2012 Référence :258 pages, 21 € Parution : septembre 2012 « Quand on sait, on se tait ! » : cette injonction paradoxale, que l'on peut aujourd’hui encore entendre dans une salle de classe, montre le rapport ambigu qu’entretient le couple parole et savoir au sein du système éducatif français. Cet ouvrage éclaire la question de l’oralité scolaire, point aveugle de la recherche en éducation, à travers l’histoire des idées éducatives. En soulevant la question de l’héritage républicain et plus largement, en mettant à jour un réseau de précurseurs européens de l’éducation dont l’idéal est centré sur le concept de parole vivante, cet ouvrage propose, à l’échelle européenne, une réflexion sur les enjeux et la dimension anthropologique de l’oralité scolaire. Le virage réflexif en éducation. Où en sommes-nous 30 ans après Schön ? Auteur(s) : TARDIF Maurice, BORGES Cécilia, MALO Annie (dir.) Editeur(s) : De Boeck Année : 2012 Référence : Pédagogies en développement, 232 pages, 36 € Parution : août 2012 Dans les années 1980, Donald Schön propose, avec ses idées de praticien réflexif et de réflexion, une nouvelle manière d’envisager le travail et la formation des professionnels. Ses idées sont rapidement reprises par des milliers de chercheurs et de formateurs à travers le monde. Le modèle du praticien réflexif gagne l’Europe dès le début des années 1990, mais aussi les pays latino-américains et, progressivement, la plupart des systèmes de formation des enseignants qui, partout à travers le monde, prétendent aujourd’hui former des enseignants réflexifs. La recherche en éducation subit Veille scientifique, parution … 181 le même impact. Bref, tant sur le plan scientifique que professionnel, dès la fin des années 1980, autant à travers les adhésions que les réactions critiques qu’elle suscite, la conception de Schön devient une référence obligée, voire un quasi-paradigme au sein de la recherche internationale sur l’enseignement et la profession enseignante. Près de trente ans plus tard, cet ouvrage collectif s’efforce de prendre la mesure du virage réflexif initié par Schön. Quel sens faut-il donner à ce virage réflexif ? Quelles ont été son importance et ses retombées pour la profession enseignante et la formation à l’enseignement ? Cette orientation réflexive est-elle encore pertinente de nos jours pour penser l’activité et la formation professionnelle des enseignants ? Telles sont les questions qui sont au cœur de cet ouvrage, fruit d’une collaboration internationale entre des chercheurs nord-américains et européens. lien: http://superieur.deboeck.com/titres/126970_3/le-virage-reflexif-eneducation.html La formation des enseignants en quête de cohérence Auteur(s) : PAQUAY Léopold, ALTET Marguerite, PERRENOUD Philippe, ÉTIENNE Richard (dir.) Editeur(s) : De Boeck Année : 2012 Référence : Perspectives en éducation et formation, 248 pages, 34 € Parution : septembre 2012) Les appels à une amélioration de la cohérence se multiplient dans les textes d’orientation qui prévalent au développement des programmes de formation à l’enseignement et ce, un peu partout dans le monde. Pourtant, la cohérence reste un concept plutôt mal défini, que chacun approche le plus souvent à tâtons ou de façon intuitive. Les recherches en ce domaine sont peu nombreuses et les textes de conceptualisation quasi inexistants. Pour répondre aux besoins des chercheurs comme à ceux des acteurs impliqués dans le développement et l’amélioration des programmes de formation à l’enseignement, cet ouvrage propose un ensemble de textes qui permettent de baliser conceptuellement la notion de cohérence et de l’appréhender à travers la description de divers exemples de dispositifs dont est analysée la portée sur la mise en cohérence des programmes, à travers le regard croisé des divers acteurs concernés (formateurs, étudiants, etc.). Mais au-delà de la clarification conceptuelle et des pistes d’opérationnalisation de la cohérence, le présent invite aussi le lecteur à se poser les questions suivantes : la cohérence est-elle souhaitable ? Est-elle possible ? Pour cela, il adopte une posture non complaisante, faisant le point sur les intérêts, les limites, les potentialités et les obstacles à la cohérence des programmes, et ce à travers la lunette de contextes nationaux variés. lien : http://superieur.deboeck.com/titres/127019_3/la-formation-desenseignants-en-quete-de-coherence.html Veille scientifique, parution … 183 Revue de revues Les évaluations externes dans quelques pays ou régions d'Europe : élaboration, analyses et diffusion Référence : Note d'information du SRED, N°54, décembre 2012 Thème : Les évaluations externes dans quelques pays ou régions d'Europe : élaboration, analyses et diffusion "Cette note complète le rapport Évaluation des acquis à l'école obligatoire et se centre sur les évaluations externes dans quelques pays ou régions d'Europe. Par évaluation externe, nous entendons toute évaluation qui n'est pas réalisée par les enseignants de l'école et ce quelle que soit sa fonction (monitorage, bilan, évaluation certificative ou sommative, évaluation formative)". (Anne Soussi et Christian Nidegger) Informations complémentaires : http://www.ge.ch/.../notes-sred-54.pdf European Journal of Education : Research, Development and Policy Référence : Vol.47, n°4, décembre 2012 Thème : Early Childhood Education and Care in Europe: re-thinking, researching and re-conceptualising policies and practices Caring and Learning Together: exploring the relationship between parental leave and early childhood education and care, Peter Moss Researching Early Childhood Policy and Practice. A Critical Ecology, Mathias Urban Towards Competent Systems in Early Childhood Education and Care. Implications for Policy and Practice, Mathias Urban, Michel Vandenbroeck, Katrien Van Laere, Arianna Lazzari and Jan Peeters The Education and Care Divide: the role of the early childhood workforce in 15 European countries, Katrien Van Laere, Jan Peeters and Michel Vandenbroeck Rights of the Child and Early Childhood Education and Care in Europe, Maria Herczog The Public Good. Historical and Political Roots of Municipal Preschools in Emilia Romagna, Arianna Lazzari A Minority within a Minority? Social Justice for Traveller and Roma Children in ECEC, Colette Murray A Nordic Perspective on Early Childhood Education and Care Policy, Kirsti Karila The Benefit of Educational Inclusiveness for Early School Leavers in the European Labour Market, Stan van Alphen Informations complémentaires : http://onlinelibrary.wiley.com/.../issuetoc European Educational Research Journal (EERJ) Référence : Vol.11, n°4, décembre 2012 A Diminished Self: entrepreneurial and therapeutic ethos operating with a common aim, Kristiina Brunila Governing Education in Europe: a ‘new’ policy space of European schooling, Sofia Carlos Social Inequalities of Post-secondary Educational Aspirations: influence of social background, school composition and institutional context, Vincent Dupriez, Christian Monseur, Maud van Campenhoudt & Dominique Lafontaine Reconstructing Higher Education? The Case of Master’s and PhD Programmes in Education in a Portuguese Institution, Mariana G. Alves, Cláudia Neves, Nair R. Azevedo & Teresa N.R. Gonçalves Suitable Enemies? Governmentality of Youth: youth as a threat, Helena Ostrowicka Understanding the Difficulties of Implementation of a Teachers’ Evaluation System in Greek Primary Education: from national past to European influences, Georgios Stamelos, Andreas Vassilopoulos & Marianna Bartzakli Veille scientifique, parution … 185 The Discourses of Vocational Education and Training: a developmental response from a European perspective, Aurora López-Fogués Multi-level Steering and Institution Building: the European Union’s approach to research policy, Mitchell Young The Map is the Territory: educational evaluation and the topology of power, Antti Saari, ECER 2011 BERLIN: EMERGING RESEARCHERS BEST PAPER Pupil Responses to a Saviour Pedagogy: an ethnographic study, Anneli Schwartz Quantifying Quality: the construction of Europe and the road to the policy of learning, Eszter Neumann Informations complémentaires : http://www.wwwords.eu/.../issue11_4.asp PISA à la loupe Référence : N°22, novembre 2012 Thème : Où en sont les élèves issus de l'immigration dans les établissements d'enseignement défavorisés ? " Les élèves issus de l’immigration doivent souvent surmonter de nombreux obstacles à la fois pour réussir à l’école. Dans la plupart des pays de l’OCDE, la moindre performance des élèves issus de l’immigration par rapport aux autres élèves est fortement liée au profil socio-économique défavorisé de leur établissement d’enseignement, caractérisé par la concentration d’élèves dont la mère est peu instruite. La concentration, dans un établissement d’enseignement, d’élèves issus de l’immigration ou d’élèves qui ne parlent pas la langue d’instruction à la maison ne présente pas une corrélation aussi forte avec une moindre performance scolaire. " Informations complémentaires : http://www.oecd-ilibrary.org/.../ou-en-sont-les-eleves-issus-de-limmigration-dans-les-etablissements-d-enseignementdefavorises_5k8zpchwjfq0-fr;jsessionid=3hdhtssuovjjd.x-oecd-live-02 Revue internationale d'éducation - Sèvres (RIES) Référence : N°61, décembre 2012 Thème : Enseignement et littérature dans le monde Dossier Le métier de chef d'établissement, Coordination : Emmanuel Fraisse Introduction : L’enseignement de la littérature : un monde à explorer Emmanuel Fraisse La littérature à l’école en Chine, Chen Wei, Li Qin Une histoire ancienne, de nouveaux défis : L’enseignement de la littérature en France, Violaine Houdart-Merot Entre deux langues et deux approches didactiques : L’enseignement de la littérature en Haïti, Darline Alexis La littérature dans l’enseignement scolaire en Russie : Au service des valeurs nationales et humanistes, Lioudmila Troubina, Viktor Chertov Directives pédagogiques et soubassement idéologique: La littérature à l’école sénégalaise, de l’époque coloniale à aujourd’hui, Abdoulaye Elimane Kane Un affrontement idéologique et politique durable : Littérature et enseignement au Danemark, Jørn Boisen La lecture des œuvres complètes en contexte scolaire au Québec: État des lieux, Olivier Dezutter, Julie Babin, Marcel Goulet, Lise Maisonneuve L’enseignement général de la littérature aux États-Unis existe-t-il ?, M. Martin Guiney À lire également dans ce numéro France : La concertation, un nouvel art de gouverner ?, Nathalie Mons Kazakhstan : Un développement rapide de la formation technique et professionnelle, Lisa Bydanova, Ganat Dalabayev Le système éducatif de la Tanzanie continentale, Nathalie Bonini, Suleman Sumra Réformes et enjeux de l’enseignement supérieur en Bulgarie, Gilles Rouet Informations complémentaires : http://www.ciep.fr/.../ries61b.php Veille scientifique, parution … 187 Spirale Référence : N° 51, janvier 2013 Thème : Éducation et mondialisation Présentation, Régis MALET et Éric MANGEZ: Espaces, acteurs et modalités de l’hybridité politique. Le cas de la construction d’un modèle pour l’évaluation externe des écoles au Portugal dans la première décennie du siècle Luís Miguel, CARVALHO, Estela COSTA et Natércio AFONSO PISA en Belgique francophone. Métissage entre équité et positionnement international, Miguel Souto LOPEZ et Sarah CROCHÉ Les évaluations nationales en CE1 et CM2 en France : entre enjeux institutionnels et tensions professionnelles, Isabelle HARLÉ-GIARD Partir en Erasmus : et après ? Parcours d’insertion professionnelle comparés de diplômés Erasmus, Magali BALLATORE Décentralisation et recentralisation éducative. Approche comparée de trois États fédéraux latino-américains, François MALGOUYRES École, relations internationales et mondialisation en Afrique, Marie-France LANGE Représentations du changement chez les enseignants dans le champ scolaire en France et accompagnement d’équipes d’écoles, Martine JANNER et Laurent LESCOUARCH Teachers’ Unions, the Capitalist State and the Contradictions of Educational Reform, Carlos Alberto TORRES et al.: School Community, Parent Participation and Non-Neutrality in the context of globalization : A Communitarian Perspective, Monica E. MINCU Analyse comparative des représentations sociales d’enseignants libanais et français au sujet des besoins d’apprentissage d’élèves en situation de handicap et des besoins en formation associés, dans une dynamique mondiale d’école inclusive, Valérie BARRY L’enseignement français à l’étranger, une exception éducative: aspects contradictoires de la mondialisation, Noël MARTINE Informations complémentaires : http://spirale-edu-revue.fr/spip.php?rubrique150 Carrefours de l'éducation Référence : N° 34, 2012/2 Thème : L'éducation face au défi de la globalisation : entre local et global Dossier Claude Carpentier:L'éducation face au défi de la globalisation : entre local et global Études et recherches Annie Vinokur: Réflexions sur la place du marché dans l'éducation Fabienne Maillard:Professionnaliser les diplômes et certifier tous les individus : une stratégie française indiscutable ? International Teresa Mariano Longo: Dix années de transformation de l'école et de la culture en Italie (2001-2010) Ione Ribeiro Valle, Lucídio Bianchetti: Éducation et recherche au brésil : du projet nationaliste à la globalisation Abdeljalil Akkari, Mylene Santiago:L'impact des politiques néolibérales sur l'éducation : tensions entre prise en compte des diversités et standardisation Claude Carpentier: La globalisation vue par les manuels d'histoire sud-africains : entre « main invisible » et griffes du diable Tidiane Sall: L'impact de la globalisation sur l'Afrique et les « petites patries » vu par les élèves sénégalais Rencontre avec... Françoise Lorcerie, Florence Cesbron et Francine NyambekKanga : Évolution des publics scolaires et des cadres institutionnels dans un contexte migratoire lié à la globalisation Varia Michel Soëtard: La tache aveugle de l'Émile Emmanuelle Leclercq : Enseigner le projet professionnel personnalisé : une nouvelle approche pédagogique pour les enseignants chercheurs ? Jeanne Guiet-Silvain, Yvan Malabry: Le geste professionnel, du savoir à la compétence : l'exemple de la proportionnalité des doses chez les infirmiers Jacques Méard, Philippe Zimmermann et Eric Flavier: Quand les enseignants lèvent le doigt : le façonnage de l'identité professionnelle des professeurs des écoles débutants Veille scientifique, parution … 189 International Florence Legendre : Processus de Bologne dans l'enseignement supérieur hongrois: représentations et pratiques enseignantes Note de synthèse Jean Houssaye: La gestion pédagogique des différences entre les élèves: variations françaises Informations complémentaires : http://www.cairn.info.fr/revue-carrefours-de-l-education.htm Recherches en éducation Référence : N° 15, janvier 2013 Thème : Modalités de leadership et indices de variations de climat dans les établissements scolaires Dossier ALAIN BAUDRIT, Edito - Des « faiseurs » de climat de travail dans les écoles ? Perspectives comparatives Chili/France JOEL RICH, Climats et pratiques de leadership dans les équipes enseignantes des écoles élémentaires ALAIN GUERRIER, Fonctions et roles des directeurs d’école : apports métaphoriques LUCILE BONCOMPAIN-KATZ, Climat social et professionnel : un comparatif écoles publiques/écoles privées SERGE LE BIHAN, Leadership distribué, leadership partagé : coopération et pouvoir LORENA PENAILILLO, SERGIO GALDAMES, SIMON RODRIGUEZ, La discusión sobre la formación de lideres intermedios. Fundamentos, aprendizajes y desaf os SIMON RODRIGUEZ & CAROLINA SALINAS, La escuela como organización que mejora SIMON RODRIGUEZ, CRISTIAN CARDENAS, FABIAN CAMPOS, Historias de aprendizaje y formación de ocho directores/as de escuela. Una aproximación a la formación del liderazgo educativo en Chile JEAN-MARIE DE KETELE, Le leadership des chefs d’établissement : un exercice en tensions et balances Varia BAPTISTE JACOMINO, L’idée de pédagogie scientifique chez Freinet ANDRE PACHOD, L’instituteur du Code Soleil : la vocation d’un prophète missionnaire AGATHE EVIN, CAROLE SEVE & JACQUES SAURY, Activité de l’enseignant et dynamique coopérative au sein de dyades d’élèves. Une étude de cas dans des taches d’escalade en Education Physique THIBAUT LAUWERIER, MARIE BRUNING, ABDELJALIL AKKARI, La qualité de l’éducation de base au Bénin : la voix des acteurs locaux SOPHIE MORLAIX & CATHY PERRET, L'évaluation du Plan Réussite en Licence : quelles actions pour quels effets ? Analyse sur les résultats des étudiants en première année universitaire Informations complémentaires : http://www.recherches-en-education.net/spip.php?article146 Note d'analyse Référence : N° 316, janvier 2013 Thème : Enseignements des recherches sur l'effet de l'autonomie des établissements scolaires "Depuis les années 1980, la grande majorité des pays de l’OCDE ont accru le degré d’autonomie de leurs établissements scolaires, c’est-à-dire les marges de manœuvre dont ces derniers disposent en termes de pédagogie, de gestion financière et de ressources humaines. Cette autonomie étendue a généralement pour contrepartie un contrôle plus strict des résultats obtenus par les établissements. La France est restée relativement en retrait de ce mouvement, les établissements bénéficiant d’un degré de liberté restreint, notamment en termes de recrutement et de programmes scolaires. Néanmoins, en la matière, des évolutions récentes doivent être mentionnées, avec les réformes successives des lycées professionnels puis polyvalents et le lancement du programme Écoles, collèges et lycées pour l’ambition et la réussite (ÉCLAIR). Un certain nombre de travaux ont cherché à évaluer les effets de l’autonomisation. Les analyses menées en comparaison internationale suggèrent bien que l’autonomie bénéficie à la réussite des élèves. Veille scientifique, parution … 191 En revanche, dans des pays où les établissements scolaires disposent déjà d’un niveau élevé d’autonomie (Grande-Bretagne, États-Unis et Suède), il semble qu’un nouvel accroissement de l’autonomie apporte des gains de réussite scolaire limités, voire nuls. Les mêmes études suggèrent par ailleurs que dans les établissements les plus autonomes, la satisfaction des parents, des élèves et des enseignants est sensiblement supérieure, et que les élèves, à niveau comparable, poursuivent plus souvent leurs études. Enfin, l’autonomie permet de faire émerger des structures et des dispositifs éducatifs innovants." (Pierre-Yves Cusset et Sarah Sauneron) Informations complémentaires : http://www.strategie.gouv.fr/.../autonomie-etablissements-scolaires-NA316 Administration et éducation Référence : N° 135, octobre 2012 Thème : Enjeux internationaux pour les professionnels de l'éducation Éditorial, Françoise MARTIN VAN DER HAEGEN et Lydie KLUCIK Lumières sur l’école. Comment interpréter les débats éducatifs contemporains dans le monde ?, António NÓVOA Savoirs voyageurs, réflexion sur la transmission internationale des savoirs éducatifs, Roger-François GAUTHIER Mieux connaître pour mieux agir : vers une synthèse des travaux colloque, Jean-Marie DE KETELE L’international, un horizon socialement construit, Xavier PONS Se comparer en éducation : pourquoi ? Comment ?, Luisa LOMBARDI Les enquêtes internationales en France : de l’indifférence à la « référence », Jean-Claude EMIN Données chiffrées et gouvernance en Europe, Martin LAWN et Jenny OZGA Former des enseignants : un casse-tête international, Isabelle ROBIN Les financements de l’éducation en France et ailleurs : qui paye quoi ? Comment?, Jean-Richard CYTERMANN et Thierry CHEVAILLIER École inclusive : conceptions croisées, Jean-Claude ROUANET L’école « CHIME » : un modèle d’éducation inclusive, Adie BUCHINSKY et Alisa STEERS L’établissement scolaire en France et ailleurs : autonomies, pilotages, évaluations, Gérard MAMOU L’établissement scolaire en Écosse, Isobel McGREGOR La querelle des redoublements : l’apport de l’économétrie, Robert GARY-BOBO et Jean-Marc ROBIN Une ouverture internationale à l’épreuve des appartenances : quelques observations sur le cas français, Daniel CHARBONNIER Management et éducation, deux univers à réconcilier, Alain BOUVIER et Marie-Caroline MISSIR et Jean-Pierre OBIN Informations complémentaires : http://www.education-revue-afae.fr/ Spirale Référence : N°50, octobre 2012 Thème : Les éducations à… : nouvelles recherches, nouveaux questionnements ? Coordination : Maria PAGONI et Nicole TUTIAUX-GUILLON Une pluralité d’« éducations à…" Effervescence contemporaine des propositions d’éducations à… : Regard rétrospectif pour le tournant curriculaire à venir, Joël LEBEAUME Enseignement de l’informatique, éducation aux technologies de l’information et de la communication en France, dans l’enseignement général du second degré, Béatrice DROT-DELANGE Éducation à la santé et à la citoyenneté à l’école primaire : diversité et cohérence des pratiques enseignantes en éducation à…, Corinne MÉRINI, Patricia VICTOR et Didier JOURDAN L’éducation à l’entreprenariat : enjeux, statut, perspectives, Patricia REMOUSSENARD Des sciences à forte vivacité sociale à l’école: entre disciplines et éducations à… ?, Virginie ALBE L’éducation à la santé. Histoire de l’éducation à la santé à l’école : une lente et complexe ascension (XVIIIe-XXIe siècles), Didier NOURRISSON et Séverine PARAYRE L’éducation à la santé dans le curriculum libanais des Sciences de la Vie : _ l’impératif d’une réforme vers une approche écologique, Odile SAAB, Dominique Berger et Fadi El HAGE Veille scientifique, parution … 193 Éduquer à la santé et à la sexualité, c’est transmettre aussi des valeurs, Salah-eddine KHZAMI, Abdelaziz RAZOUKI, Sabah SELMAOUI, Boujemaa AGORRAM et Dominique BERGER L’éducation à la santé entre discipline scolaire et approche transversale : analyse de la tâche représentée des enseignants dans les systèmes éducatifs français et irlandais, Carine SIMAR et Didier JOURDAN Le déjà-là décisionnel de l’enseignant en éducation à la santé.Une étude de cas en didactique clinique à l’école élémentaire, Yves LÉAL et Marie-France CARNUS L’éducation à la santé à l’école aujourd’hui : quelle évolution ?, Jeanne GUIET-SYLVAIN Formateurs en éducation à la santé : un outil d’analyse des conceptions, Jean-Pierre CARDOT et Dominique BERGER L’éducation au développement durable Quelle(s) spécificité(s) pour l’Éducation au Développement Durable (ÉDD)?, Aurélie ZWANG et Yves GIRAULT Les éducations à, un changement de logique éducative ? L’exemple de l’éducation au développement durable à l’université, Angéla BARTHES et Yves ALPE Question scientifique socialement vive et médiation participative : apports et limites d’un partenariat entre école et professionnels de l’éducation au développement durable, Angélique MOREAU, Catherine BRUGUIÈRE et Eric TRIQUET L’éducation au développement durable, entre agir et comprendre : étude au sein de quatre collèges français, Suzan KOVACS Informations complémentaires : http://spirale-edu-revue.fr/spip.php?rubrique147 Recherches en éducation Référence : N°14, septembre 2012 Thème : PISA, TIMSS : regards croisés et enjeux actuels Dossier Les enjeux des évaluations internationales, Faouzia Kalali & Edgar W. Jenkins Varia Quels enseignements peut-on tirer du PISA : l’exemple des écarts de performances entre les sexes, Maciej Jakubowski & Francesca Borgonovi Using TIMSS and PIRLS to improve teaching and learning, Ina V.S. Mullis & Michael O. Martin L’évaluation de la culture scientifique des élèves français de 15 ans dans PISA 2009, Nicolas Coppens PISA : politique, problèmes fondamentaux et résultats paradoxaux, Svein Sjøberg De la crise de l’éducation et de ses nouveaux avatars, Alain Trouvé Retour sur un paradoxe de la normativité éducative, Henri Louis Go L’Ecole Républicaine est-elle le fruit des idées et de valeurs protestantes?, Anne Ruolt La mise au jour d’un contrat réflexif comme régulateur de démarches de recherche participative : le cas d'une recherche-action et d'une recherche collaborative, Nadine Bednarz, Serge Desgagné, JeanFrancois Maheux, Lorraine Savoie Zajc Le métier impossible des moniteurs de Maison Familiale Rurale : analyse de l’activité, entre l’audace d’un projet et la réalité du terrain, Violaine Charil Quel(s) besoin(s) d’accomplissement pour quelles carrières ? Une exploration dans le contexte tunisien pour mieux comprendre l’attrait pour la carrière entrepreneuriale, Ilia Taktak Kallel Informations complémentaires : http://www.recherches-en-education.net/spip.php?article140 Note d'analyse Référence : N° 292, octobre 2012 Thème: Quels services rendus aux étudiants par les universités ? Les enseignements d'expériences étrangères Les universités françaises rendent, à des degrés divers, des services à leurs étudiants visant à améliorer leur réussite. Cette note analyse différents cas étrangers, notamment en Angleterre (Est de Londres et Oxford), au Japon (Hiroshima et Seikei), en Suède (Södertörn et Uppsala) et en Suisse (Genève). Veille scientifique, parution … 195 Dans ces pays, les services péri universitaires, c’est-à-dire intrinsèquement liés à la formation, relèvent systématiquement de la responsabilité des universités. En revanche, ces dernières s’impliquent de manière variable dans les services para-universitaires, souvent liés aux conditions de vie des étudiants. Dans le contexte d’une autonomie accrue, les universités françaises pourraient jouer un rôle plus central dans les politiques de vie étudiante. Elles gagneraient à renforcer prioritairement leurs services péri universitaires, notamment en réorientant leurs moyens vers le développement des services d’accompagnement à la réussite, à l’orientation et à l’insertion. Les universités devraient également s’impliquer davantage dans la conception des services para-universitaires. Enfin, elles pourraient inciter plus fortement leurs étudiants à s’engager dans l’animation, la conception et la gestion de tous ces services. Sommaire Des définitions et des conceptions variées de la politique de vie étudiante Le périmètre des politiques de vie étudiante des universités varie en fonction de multiples facteurs Des études de cas étrangers riches d'enseignement pour la France Auteurs : Nicolas Charles et Mohamed Harfi, CAS, département Travail Emploi et Jun Oba, maître de conférence à l'université d'Hiroshima, Japon. Informations complémentaires : http://www.strategie.gouv.fr/.../vie-etudiante-na292 Politix Référence : n°98, 2012/2 Thème : Politiques scolaires Dossier coordonné par Frédéric Sawicki Frédéric Sawicki, Pour une sociologie des problématisations politiques de l'École Philippe Bongrand, La mise en système et l'économicisation de l'enseignement en France au début des années 1950 : la fonctionnalisation d'une institution Sylvie Aebischer, Réinventer l'école, réinventer l'administration Une loi pédagogique et managériale au prisme de ses producteurs Pierre Clément, Le Conseil national des programmes (1985-1994) : l'institutionnalisation chaotique d'une entreprise réformatrice Lorenzo Barrault, Les résistances de la carte scolaire Les limites du volontarisme politique dans l'action publique Hélène Buisson-Fenet et Xavier Pons, L'européanisation de l'École française en débat : le cas contrasté de l'évaluation des établissements scolaires Claire Lemêtre, La création et la diffusion du « bac théâtre » : une offre scolaire promue « d'en bas » Informations complémentaires : http://www.cairn.info/revue-politix-2012-2.htm Revue internationale d'éducation - Sèvres (RIES) Référence : N° 60, septembre 2012 Thème : Le métier de chef d'établissement Les évolutions du métier de chef d'établissement : constats, enjeux et perspectives, Ghislaine MATRINGE Le leadership en des temps incertains : pratiques clés pour les chefs d'établissement aux États-Unis, Rachel D. ROEGMAN, Thomas HATCH, Carolyne RIEHL La gestion scolaire, entre modernisation et exigence démocratique: le cas du Portugal, Joao BARROSO Des identités professionnelles en construction : les chefs d'établissement en France (table ronde), Anne BARRÈRE, Pascal BOLLORÉ, Alain BOUVIER, Ghislaine MATRINGE, Bernard TOULEMONDE La direction pédagogique des chefs d'établissement, un défi à relever : le cas du Chili, José WEINSTEIN, Gonzalo MUNOZ, Javiera MARFAN Entre droits et devoirs élargis : une perspective empirique sur l'action des chefs d'établissements allemands, Stefan BRAUCKMANN Quel développement professionnel des chefs d'établissement? Le cas de la Slovénie, Andrej KOREN Quelle identité pour les chefs d'établissement? La Suède entre décentralisation et recentralisation, Dan COLLBERG Veille scientifique, parution … 197 Informations complémentaires : http://www.ciep.fr/ries/ries60.php Revue française de pédagogie (RFP) Référence : N° 178, Janvier-mars 2012 Thème : Les politiques de lutte contre les inégalités scolaires d’un pays à l’autre Dossier coordonné par Daniel Frandji et Jean-Yves Rochex Jean-Yves Rochex – Les politiques de lutte contre les inégalités scolaires d’un pays à l’autre Adam Gamoran – Bilan et devenir de la loi No Child Left Behind aux États-Unis Alan Dyson, Kirstin Kerr & Carlo Raffo – Area-Based Initiatives in England: Do They Have a Future? Alan Dyson, Kirstin Kerr & Carlo Raffo – Quel avenir pour les initiatives territoriales en éducation en Angleterre ? José Alberto Correia & João Caramelo – Les figures du local dans les politiques d’éducation prioritaire au Portugal Anne Soussi, Christian Nidegger, Marion Dutrévis & Marcel Crahay – Un réseau d’enseignement prioritaire dans le canton de Genève : quels effets sur les élèves ? Marc-André Deniger – Les politiques québécoises d’intervention en milieux scolaires défavorisés : regard historique et bilan critique Varia Marie-Christine Toczek, Michel Fayol & Marion Dutrévis – Dictée notée ou dictée non notée ? Analyse des erreurs orthographiques des élèves en situation scolaire Muriel Nicot-Guillorel – Bilinguisme et apprentissage de la lecture à Madagascar : quelle place pour la phonologie ? Note de synthèse Cyrille Gaudin & Sébastien Chaliès – L’utilisation de la vidéo dans la formation professionnelle des enseignants novices Informations complémentaires : http://catalogue-editions.ens-lyon.fr/.../?GCOI=29021100830710 Carrefours de l'éducation Référence : N°33, 2012/1 Thème : Que "peut" le syndicalisme enseignant? Dossier Que « peut » le syndicalisme enseignant ?, André D. Robert Varia, Philippe Monchaux La « forteresse FEN » vue du ministère de l'Éducation nationale, un colosse aux pieds d'argile, Sylvie Aebischer Groupes d'intérêt et discours éducatif : le cas du syndicat des enseignants primaires en Grèce (1946-1967), Panagiotis Papadouris Les évaluations au Mexique : un effet de la globalisation impliquant le syndicat des enseignants, Julieta Espinosa Le combat syndical des enseignants sud-africains depuis les dernières années de l'apartheid : entre unionism et professionalism, Claude Carpentier Politiques néolibérales et syndicalisme des enseignants : l'expérience italienne (1980-2002), Teresa Mariano Longo Brève histoire d'un engagement international : la FIPESO, Louis Weber Etudes et recherches Culture commune versus émancipation ? Les effets pervers de la canonisation des auteurs philosophiques, Sébastien Charbonnier Analyse anthropodidactique de l'aide mathématique aux « élèves en difficulté » : l'effet Pharmakéia, Christophe Roiné Etude des trajectoires d'apprentissage autodirigé : place de la planification, des intentions, du hasard, Peggy Candas Les orientations de valeur des enseignants d'éducation physique et leur compatibilité avec les objectifs de développement personnel des programmes, Gaëlle Le Bot Préparation aux concours d'enseignants : l'épreuve orale d'EPS au CRPE. Les incidences contre- intuitives des textes de cadrage sur les interactions entre candidats et jurés, Pascal Ramon Classement en ZEP et moyens supplémentaires : réalité ou illusion ? Regard historique sur une question sensible et mal connue (1981 – 2001), Lydie Heurdier Veille scientifique, parution … 199 Note de synthèse Méthodes d'entraînement à résumer et leurs effets, Sonia Mandin Informations complémentaires : http://www.cairn.info/revue-carrefours-de-l-education.htm Diversité Ville-École-Intégration Référence : N° 169, juillet 2012 Thème : La pression évaluatrice Quelle place pour les plus faibles ? Éditorial, Régis Guyon L'évaluation : éclairer, piloter et infléchir l'action, et non justifier a posteriori les décisions prises et les politiques suivies !, Entretien avec Jean-Claude Émin I - Critique de la raison évaluative Pourquoi croyons-nous à l'évaluation ?, Danilo Martuccelli Évaluation, contrôle et accompagnement : où en est-on ?, Michel Vial, Nicolas Goubkine, Annie Tellini La qualité de l'éducation : un faux ami ?, Elisabeth Chatel Qu'est-ce qu'un effet Pisa ? – Réflexions sur la politique française d'évaluation en éducation, Xavier Pons Comparer les systèmes éducatifs européens – Une entreprise complexe mais indispensable, Marc Demeuse Tradition, médiatisation et mesure de l'efficacité scolaire – Brève histoire immédiate de l'évaluation des systèmes éducatifs, PierrePhilippe Bugnard L'évaluation, entre contrôle et réflexivité, Lise Demailly La politique de la ville ou les déconvenues de l’évaluation néomanagériale, Thomas Kirszbaum II - L'évaluation et l'école Les angles morts de l'évaluation du système éducatif – Retour sur les disparités d'éducation en France, Choukri Ben Ayed L'évaluation des politiques éducatives – Des principes pertinents, des résultats impertinents, Georges Felouzis Du bon usage de l'évaluation en éducation prioritaire, Anne Armand Le français comme totem et tabou – La langue de scolarisation et les publics les plus fragiles, Maryse Adam-Maillet La pression de l'évaluation sur les réformes scolaires et les pratiques enseignantes – Le cas du canton de Vaud, Patricia Gilliéron Giroud Des parcours scolaires sous contraintes – Orientation des élèves et évaluation des établissements, Séverine Chauvel Les chefs d'établissement face à l'évaluation – Tâches, dilemmes, épreuves, Anne Barrère L'évaluation et la formation des enseignants : le malaise ?, Richard Étienne L'évaluation, une compétence professionnelle en question, Anne Jorro, Véronique Bordes L'action politique et sociale aux prises avec la raison évaluative, Marie-Christine Bureau III - Des méthodes et des pratiques Resserrer ou justifier les classements ? L'évaluation scolaire entre deux injonctions, Olivier Maulini Évaluation, innovation : la mesure du changement, Bénédicte Robert, François Muller (entretien) « Peser le cochon tous les jours ne l'a jamais fait grossir » – Représentations et dilemmes d’enseignants confrontés aux « compétences », Patrick Picard Pourquoi la question de l'évaluation est-elle si importante à l'heure des compétences ?, Jean-Michel Zakhartchouk Enseignants expérimentés et enseignants novices : les effets du contrôle en cours de formation en EPS, Sabine Coste L'évaluation formative en contexte – Points de vue d'enseignants et d'élèves, Nathalie Younès, Elvire Gaime Pratiques innovantes d'enseignement de l'orthographe : focalisation sur les résultats ou les processus ?, Céline Devès, Brigitte Marin L'évaluation des enfants nouveaux arrivants - Problèmes spécifiques ou problématiques transversales ?, Emmanuelle Huver Notation à l'école élémentaire – Retour sur un débat, Eunice MangadoLunetta L'orientation vers les enseignements adaptés – Évolution des procédures et des profils des élèves, Fatiha Tali Évaluation et innovations des politiques publiques – Une expérimentation visant à soutenir la parentalité, Jessica Pothet Informations complémentaires : http://www2.cndp.fr/vei/ Veille scientifique, parution … 201 Higher Education Référence : Vol.64, n°6, décembre 2012 Examining the role of authenticity in supporting the development of professional identity: an example from teacher education, Louise Sutherland, Lina Markauskaite Is there a gap between students’ preference and university presidents’ concern over college ranking indicators?: a case study of “College Navigator in Taiwan”, Angela Yung-Chi Hou, Robert Morse, Yueh-jen E. Shao Developmental patterns of privatization in higher education: a comparative study, Laleh Jamshidi, Hamidreza Arasteh, Abdolrahim NavehEbrahim Did they sell their soul to the devil? Some comparative case-studies on academic entrepreneurs in the life sciences in Europe, Giancarlo Provasi, Flaminio Squazzoni, Beatrice Tosio Tuition fees and the challenge of making higher education a popular commodity in South Africa, Gerald Wangenge-Ouma Re-situation challenges for international students ‘becoming’ researchers, Margaret Franken Graduateness: an empirical examination of the formative function of university education, J. M. Steur, E. P. W. A. Jansen, W. H. A. Hofman Recasting the academic workforce: why the attractiveness of the academic profession needs to be increased and eight possible strategies for how to go about this from an Australian perspective, Hamish Coates, Leo Goedegebuure Exploring emotion in the higher education workplace: capturing contrasting perspectives using Q methodology, Charlotte Woods Mutual recognition of quality assurance decisions on higher education institutions in three regions: a lesson for Asia, Angela Yung-Chi Hou Informations complémentaires : http://link.springer.com/journal/10734/64/6/page/1 European Journal of Education : Research, Development and Policy Référence : Vol.47, n°3, septembre 2012 Thème : The Bologna Process Revisited Editorial, Barbara M. Kehm The Bologna Process in Italy, Gabriele Ballarino and Loris Perotti The Transformation of the European Educational Discourse in the Balkans, Aristotelis Zmas Bologna 2010. The Moment of Truth?, Amélia Veiga Academic Understandings of and Responses to Bologna: a threecountry perspective, Cristina Sin The Shifting Relationship between Vocational and Higher Education in France and Germany: towards convergence?, Justin J. W. Powell, Lukas Graf, Nadine Bernhard, Laurence Coutrot and Annick Kieffer Fulfilling a European Vision through Flexible Learning and Choice, Margaret S. G. Harris Evaluation Tools in the European Higher Education Area (EHEA): an assessment for evaluating the competences of the Final Year Project in the social sciences, Joan Mateo, Anna Escofet, Francesc MartínezOlmo, Javier Ventura and Dimitrios Vlachopoulos Universities and a Human Development Ethics: a capabilities approach to curriculum, Melanie Walker Developing Generic Competences in the European Higher Education Area: a proposal for teaching the principles of economics, Manuel Salas Velasco, María Teresa Sánchez Martínez and Noelina Rodríguez Ferrero Informations complémentaires : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/ejed.2012.47.issue-3/issuetoc Journal of Education Policy (JEP) Référence : Vol.27, n°6, décembre 2012 Education policy racialisations: Afrocentric schools, Islamic schools, and the new enunciations of equity, Kalervo N. Gulson & P. Taylor Webb Veille scientifique, parution … 203 Relays and relations: tracking a policy initiative for improving teacher professionalism, Jenny Reeves & Valerie Drew Safety in numbers? Middle-class parents and social mix in London primary schools Kim James Vowden Overcoming resistance to change: PISA, school reform in Germany and the example of Lower Saxony, Sigrid Hartong Recognition of prior learning (RPL) policy in Australian higher education: the dynamics of position-taking, Tim Pitman & Lesley Vidovich Centrifugal schooling: third sector policy networks and the reassembling of curriculum policy in England, Ben Williamson The new compulsory schooling age policy in NSW, Australia: ethnicity, ability and gender considerations, Carol Reid & Helen Young Contested discourses of teacher professionalism: current tensions between education policy and teachers’ union, Sølvi Mausethagen & Lise Granlund Professionalism and partnership: panaceas for teacher education in Scotland?, Aileen Kennedy & Robert Doherty Truth telling in Foucault and Arendt: parrhesia, the pariah and academics in dark times, Maria Tamboukou Informations complémentaires : http://www.tandfonline.com/toc/tedp20/27/6 Journal of Curriculum Studies Référence: Vol. 44, n°5, novembre 2012 Policy networks and boundary objects: Enacting curriculum reform in the absence of consensus, Indira Banner, Jim Donnelly & Jim Ryder ‘You’ve got to teach people that racism is wrong and then they won’t be racist’: Curricular representations and young people’s understandings of ‘race’ and racism, Audrey Bryan Economic wellbeing: Critical reflections upon policy and practice in English primary schools, Howard Gibson Building Potemkin schools: Science curriculum reform in a STEM school, Tang Wee Teo Curriculum-making in pre-vocational education in the lower secondary school: A regional comparative analysis within Europe, Susanne Berger, Roy Canning, Michael Dolan, SŁAWOMIR Kurek, Matthias Pilz & Tomasz Rachwał Curriculum change and climate change: Inside outside pressures in higher education, Shireen J. Fahey Informations complémentaires : http://www.tandfonline.com/toc/tcus20/44/5 School Leadership & Management Référence : Vol.32, n°5, novembre 2012 Tensions and dilemmas in leading Australia's schools, David Gurr & Lawrie Drysdale Drowning or waving? Coping strategies among Scottish head teachers, John MacBeath, Jim O'Brien & Peter Gronn Should leadership talent management in schools also include the management of self-belief?, Christopher Rhodes Principalship in an Indonesian school context: can principal decisionmaking styles significantly predict teacher job satisfaction?, Hasan Hariri, Richard Monypenny & Murray Prideaux Independent state-funded schools: some reflections on recent developments, Christopher Chapman & Maija Salokangas Lessons from crisis recovery in schools: how hurricanes impacted schools, families and the community, Holly Howat, Nikki Curtis, Shauna Landry, Kara Farmer, Tobias Kroll & Jill Douglass Instructional leadership in Indonesian school reform: overcoming the problems to move forward, Francesco Sofo, Robert Fitzgerald & Umiati Jawas Symbolic leadership and leadership culture in one unified comprehensive school in Finland, Tapio Juhani Lahtero & Mika Risku Informations complémentaires : http://www.tandfonline.com/toc/cslm20/32/5 Veille scientifique, parution … 205 European Journal for Research on the Education and Learning of Adults (RELA) Référence : Vol.3, n°2, octobre 2012 Thème : The effects of policies for the education and learning of adults - from 'adult education' to 'lifelong learning', from 'emancipation' to 'empowerment' Editorial: The effects of policies for the education and learning of adults - from 'adult education' to 'lifelong learning', from 'emancipation' to 'empowerment', Danny Wildemeersch and Henning Salling Olesen Political globalization and the shift from adult education to lifelong learning, Marcella Milana From lifelong education to lifelong learning: Discussion of some effects of today's neoliberal policies, Rosanna Barros Discursive turns from 'Bildung' to managerialism: Memory-work of the Finnish adult education generations, Karin Filander Subordinating careers to market forces? A critical analysis of European career guidance policy, Ingela Bergmo-Prvulovic Informations complémentaires : http://www.rela.ep.liu.se/issues/10.3384rela.20007426.201232/10.3384rela.2000-7426.201232.pdf Policy Futures in Education Référence : Vol.10, n°5, novembre 2012 Thème : The School in the Plural and Divided Society Introduction: The School in the Plural and Divided Society, Joanne Hughes & Caitlin Donnelly Faith Schools: democracy, human rights and social cohesion, Gerald Grace Catholic Schools and Sectarianism in Scotland: educational places and the production and negotiation of urban space, John Flint Faith Schools and the Plural Society: exploring notions of diversity in school provision in England, Andrew B. Morris Sharing Classes between Separate Schools: a mechanism for improving inter-group relations in Northern Ireland? , Joanne Hughes, Simon Lolliot, Miles Hewstone, Katharina Schmid & Karen Carlisle Defending Identity and Ethos: an analysis of teacher perceptions of school collaboration in Northern Ireland, Caitlin Donnelly Teachers’ ‘Contact’ at the Integrated Bilingual Schools in Israel, Zvi Bekerman Anger and Political Culture: a time for outrage!, Michael A. Peters Complementary Evaluation: the development of a conceptual framework to integrate external and internal evaluation in the New Zealand school context, Carol Mutch The Wisdom of Sages: nuclear physics education, knowledgeinquiry, and wisdom-inquiry, Alan Cottey Informations complémentaires : http://www.wwwords.co.uk/pfie/content/pdfs/10/issue10_5.asp PISA à la loupe Référence : N° 20, septembre 2012 Thème : Les chèques éducation permettent-ils d'accroître l'égalité des chances? "Les établissements d’enseignement dont la gestion relève d’une instance privée attirent généralement des élèves de milieux plus favorisés. Cependant, l’écart entre les profils socio-économiques des établissements publics et privés se resserre lorsque les établissements privés reçoivent un financement public plus important. L’écart entre les profils socio-économiques des établissements dont la gestion relève d’instances publiques ou privées est généralement deux fois plus important dans les systèmes d’éducation qui ont recours aux chèques éducation universels par rapport aux systèmes qui utilisent des chèques éducation ciblés". Informations complémentaires : http://www.oecd-ilibrary.org/content/workingpaper/5k918xhsms9t-fr Veille scientifique, parution … 207 European Educational Research Journal (EERJ) Référence : Vol.11, n°3, septembre 2012 Thème : THE EUROPEAN CURRICULUM: restructuring and renewal The European Curriculum: restructuring and renewal, Kirsten Sivesind, Jan van den Akker & Moritz Rosenmund Are the Traditional Curricula Dispensable? A Feature Pattern to Compare Different Types of Curriculum and a Critical View of Educational Standards and Essential Curricula in Germany, Daniel Scholl Standards-based Curricula in a Denationalised Conception of Education: the case of Sweden, Daniel Sundberg & Ninni Wahlström Balancing Curriculum Freedom and Regulation in the Netherlands, Nienke Nieveen & Wilmad Kuiper The European Qualification Framework: skills, competences or knowledge?, Philippe Méhaut & Christopher Winch Facing the Changing Demands of Europe: integrating entrepreneurship education in Finnish teacher training curricula, Jaana Seikkula-Leino, Elena Ruskovaara, Heikki Hannula & Tuija Saarivirta The Epistemological Fog in Realising Learning to Learn in European Curriculum Policies, David Leat, Ulrike Thomas & Anna Reid Comparison as Curriculum Governance: dynamics of the Europeanwide governance technology of comparison within England’s National Curriculum reforms, Natalie Papanastasiou ‘Europe’ as an Alibi: an overview of twenty years of policy, curricula and textbooks in the Republic of Cyprus – and their review, Stavroula Philippou ‘Tuning’ Education for the Market in ‘Europe’? Qualifications, Competences and Learning Outcomes: reform and action on the shop floor, Fátima Antunes The Bias of Markets, Francesca Gobbo Informations complémentaires : http://www.wwwords.eu/EERJ/content/pdfs/11/issue11_3.asp European Journal of Education : Research, Development and Policy Référence : Vol. 47, n°3, septembre 2012 Thème : The Bologna Process Revisited Editorial, Barbara M. Kehm The Bologna Process in Italy, Gabriele Ballarino and Loris Perotti The Transformation of the European Educational Discourse in the Balkans, Aristotelis Zmas Bologna 2010. The Moment of Truth?, Amélia Veiga Academic Understandings of and Responses to Bologna: a threecountry perspective, Cristina Sin The Shifting Relationship between Vocational and Higher Education in France and Germany: towards convergence?, Justin J. W. Powell, Lukas Graf, Nadine Bernhard, Laurence Coutrot and Annick Kieffer Fulfilling a European Vision through Flexible Learning and Choice, Margaret S. G. Harris Evaluation Tools in the European Higher Education Area (EHEA): an assessment for evaluating the competences of the Final Year Project in the social sciences, Joan Mateo, Anna Escofet, Francesc MartínezOlmo, Javier Ventura and Dimitrios Vlachopoulos Universities and a Human Development Ethics: a capabilities approach to curriculum, Melanie Walker Developing Generic Competences in the European Higher Education Area: a proposal for teaching the principles of economics, Manuel Salas Velasco, María Teresa Sánchez Martínez and Noelina Rodríguez Ferrero International Journal of Science Education (IJSE) Référence : Vol.34, n°18, décembre 2012 Leisure and Pleasure: Science events in unusual locations, Karen Bultitude & Ana Margarida Sardo Lessons with Living Harvest Mice: An empirical study of their effects on intrinsic motivation and knowledge acquisition, Matthias Wilde, Jona Samuel Hußmann, Simone Lorenzen, Annika Meyer & Christoph Randler Veille scientifique, parution … 209 Major Strands in Scientific Inquiry through Cluster Analysis of Research Abstracts, Yi-Fen Yeh, Tsung-Hau Jen & Ying-Shao Hsu Student Conceptions of Ionic Bonding: Patterns of thinking across three European contexts, Keith S. Taber, Georgios Tsaparlis & Canan Nakiboğlu Nature of Technology: Implications for design, development, and enactment of technological tools in school science classrooms, Noemi Waight & Fouad Abd-El-Khalick Informations complémentaires : http://www.tandfonline.com/.../18?ai=17b&ui=1053l&af=H Ressources en ligne Parce que je suis une fille : la situation des filles dans le monde 2012. Apprendre pour la vie Auteur : Khadijah Fancy et al. Editeur : Plan International Date : 10/2012 Le 6ème rapport annuel de Plan intitulé « Apprendre pour la vie », jette un regard critique sur l’éducation des filles : le rapport soutient que, malgré une évolution de la parité dans l’enseignement primaire ainsi que des taux de scolarisation, on peut déceler une crise, entre autres du côté de la qualité de l’apprentissage. De fait, les taux de scolarisation mesurent la présence des élèves sur une journée de l’année scolaire, ils ne nous révèlent donc rien sur l’accès réel à l’éducation ou encore sur la qualité de l’enseignement proposé. Dans le monde entier, la pauvreté et les pratiques discriminatoires continuent de sévir et constituent des barrières à l’éducation des filles. Dans bien des cas, lorsqu’une fille atteint l’adolescence, son rôle domestique et reproductif prend le dessus sur son droit à l’éducation. Inscrire les filles à l'école n'est donc pas suffisant. Le rapport émet des recommandations précises pour maintenir les adolescentes dans le système éducatif. Voir aussi sur le site de Plan les versions anglaises et espagnoles du rapport, le résumé exécutif, également trilingue, et toutes les informations sur la campagne internationale "Because I am a Girl" (pdf, 12 pages). (pdf, 202 pages, 13 Mo) Télécharger le document : http://plan-international.org/.../La-situation-desfilles-dans-le-monde-2012-Apprendre-pour-la-vie.pdf Veille scientifique, parution … 211 TIMSS 2011 International Results in Mathematics Auteur : Mullis, I.V.S., Martin, M.O., Foy, P., & Arora, A. Editeur : TIMSS & PIRLS International Study Center, IEA Date : 12/2012 Ce rapport rend compte des résultats de l'enquête internationale TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) de l'IEA, qui porte sur les performances des élèves de CM1 et de 4ème en mathématiques dans 63 pays participants ainsi que dans certains États américains et Provinces canadiennes. Il permet d'analyser l'évolution des performances avec les éditions précédentes (TIMSS 1995, 1999, 2003 et 2007) et d'établir des comparaisons entre pays. L'édition 2011 consacré aux mathématiques fournit de nombreuses informations sur les contextes d'enseignement dans chaque pays, et en particulier sur le soutien des familles, les acquis et les attitudes des élèves, les programmes scolaires, la formation des enseignants, les conditions et activités dans la classe ainsi que les méthodes pédagogiques. (pdf, 520 pages, 66 Mo) Télécharger le document : http://timssandpirls.bc.edu/.../internationalresults-mathematics.html PIRLS : http://timssandpirls.bc.edu/pirls2011/international-results-pirls.html Training leave. Policies and practice in Europe Editeur : Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop) Date : 12/2012 Les besoins en matière d'apprentissage tout au long de la vie se traduisent par une demande croissante d'opportunités de formation. Cette évolution impacte à la fois les modalités de formation au sein des entreprises et les contenus mêmes de ces formations. Pour les employés, les principaux freins à la formation sont le manque de temps, les divergences avec l'employeur et les horaires de travail. Un congé de formation rémunéré peut encourager plus d'adultes à s'engager dans une démarche de développement de compétences. Couplé avec un travail à temps partiel, ce congé de formation peut contribuer à renverser la tendance à la baisse des demandes. Dans cette étude, le Cedefop examine les modalités de ces congés de formation en Europe, analyse ses performances dans plusieurs pays (Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, France, Hongrie, Pays-Bas,Pologne) et émet des recommandations pour en améliorer l'efficacité. (pdf, 220 pages, 3,3 Mo) Télécharger le document : http://www.cedefop.europa.eu/.../20733.aspx Curriculum reform in Europe. The impact of learning outcomes Editeur : Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop) Date : 12/2012 De nombreuses réformes des systèmes d'enseignement professionnel ont été engagées dans la dernière décennie. Les "résultats d'apprentissage" (learning outcomes) sont désormais à la base de la conception des curricula dans tous les pays cherchant à rendre l'enseignement professionnel plus attractif et plus adapté aux besoins du marché. A partir de données en provenance de 32 pays participant au programme Education et formation 2020, ce rapport de recherche du Cedefop (n°29) discute les différentes politiques curriculaires orientées "résultats d'apprentissage" et examine leurs implications sur l'enseignement et l'évaluation des apprenants en formation initiale professionnelle. Les conclusions offrent des pistes exploitables pour la conception de curricula. (pdf, 208 pages, 1,7 Mo) Télécharger le document : http://www.cedefop.europa.eu/.../20816.aspx Veille scientifique, parution … 213 Auteur : Nadir ALTINOK, Jean BOURDON Editeur : Agence Française de Développement Date : 01/2013 "Ce rapport a pour ambition de présenter l’ensemble des évaluations existantes sur les acquis des élèves au sein des pays en développement. Pour ce faire, deux parties permettent d’éclairer l’analyse des évaluations sur les acquis. La première partie a pour principal objectif de distinguer les différentes approches disponibles dans la mesure des acquisitions et compétences, ainsi que de recenser le niveau de participation des pays. Plusieurs types d’évaluations sont présentés : les évaluations nationales, régionales, internationales, hybrides, ainsi que celles concernant les populations adultes. Pour chaque évaluation, notre analyse présente la nature de celle-ci, des populations évaluées ainsi que les principaux résultats. Nous montrons que la plupart des pays effectuent des évaluations nationales. Par ailleurs, si la participation des pays en développement, dans les tests régionaux et internationaux, s’accroit dans le temps, il subsiste cependant un noyau dur de pays ne participant à aucune évaluation régionale ni internationale, en particulier parmi les pays les plus peuplés de la planète (Chine [ 1 ], Inde, Nigeria [ 2 ], Bangladesh), ceci meme si l’évaluation scolaire y est active. Dans la deuxième partie, nous présentons les principales caractéristiques des évaluations sur les acquis des élèves dans une approche comparative. Pour chaque évaluation, notre analyse détaille la nature de celle-ci, en distinguant plusieurs caractéristiques. Après la présentation des caractéristiques techniques des tests (méthode d’estimation, échantillonnage), nous nous focalisons sur leur nature et leur contenu. L’utilisation possible des évaluations par le biais de comparaisons inter- et internationales est relatée. De nombreuses différences apparaissent entre les évaluations étudiées dans ce rapport. Bien que l’on observe une tendance à l’homogénéisation des enquetes, des caractéristiques de l’enquete PASEC [ 3 ] marquent un retard sur un certain nombre de domaines. Par exemple, le non-recours aux méthodes modernes de l’estimation d’un score basé sur des compétences ressort comme la principale faiblesse de cette évaluation. Au contraire, l’approche en termes de valeur ajoutée est le principal atout du PASEC." (184 pages) Developing Key Competences at School in Europe: Challenges and Opportunities for Policy Editeur : Eurydice Date : 11/2012 Ce rapport passe en revue les politiques nationales en matière de développement des compétences clés à l'école en Europe. Il reconnaît les progrès réalisés jusqu'à présent dans la mise en œuvre des compétences clés et aborde plusieurs problématiques qui sont directement liées à la contribution de l'éducation et de la formation à l'évolution des besoins en matière de compétences: la lutte contre les faibles performances en lecture, mathématiques et science; l'augmentation du nombre de diplômés en MST (Mathématiques, Sciences et Technologie), et l'acquisition de compétences transversales telles que les capacités en technologie de l'information, l'entrepreneuriat et la citoyenneté. Le rapport couvre 31 pays européens (les États membres de l'UE, la Croatie, l'Islande, la Norvège et la Turquie) et porte sur l'année de référence 2011/2012. L'information porte sur l'enseignement obligatoire et secondaire général. Voir aussi le communiqué de presse et le résumé exécutif (pdf, 4 pages). (pdf, 72 pages) Télécharger le document : http://eacea.ec.europa.eu/education/eurydice/documents/thematic_reports/14 5EN.pdf Comparaisons internationales : Concertation sur la refondation l'Ecole de la République Editeur : Ministère de l'Education nationale Date : 09/2012 "Quelle place pour le numérique à l’école ? À quoi, et comment, former les enseignants de demain ? Comment lutter contre le décrochage scolaire ? Quelles méthodes développer contre les violences dans les établissements ? Veille scientifique, parution … 215 Ces questions, au cœur de la concertation pour la refondation de l’École de la République, se posent également dans la plupart des pays développés qui cherchent à moderniser leur École pour préparer au mieux les jeunes d’aujourd’hui au XXIe siècle. De là l’intérêt d’une démarche comparative : face à ces problématiques communes, elle permet d’étudier les multiples réponses qu’y ont apporté différents pays, d’analyser leur efficacité au vu des caractéristiques de chaque système éducatif et surtout d’essayer d’en tirer des leçons pour notre propre pays. Sur de nombreux sujets, de grandes tendances se dégagent : on en trouvera dans les synthèses ci-dessous des présentations synthétiques, appuyées sur des exemples varié" Les rapports : comparaisons internationales sur la formation des enseignants comparaisons internationales sur le numérique comparaisons internationales sur les rythmes scolaires comparaisons internationales sur le décrochage scolaire comparaisons internationales sur l’éducation prioritaire comparaisons internationales sur les violences scolaires comparaisons internationales sur le handicap comparaisons internationales sur les programmes Télécharger le document : http://www.refondonslecole.gouv.fr/actualite/comparaisons-internationales/ Le « climat scolaire » : définition, effets et conditions Auteur : Debarbieux, E., Anton, N. , Astor, R.A., Benbenishty, R., BissonVaivre, C., Cohen, J., Giordan, A., Hugonnier, B., Neulat, N., Ortega Ruiz, R., Saltet, J., Veltcheff, C., Vrand, R. Editeur : Ministère de l’éducation nationale. MEN-DGESCO/Observatoire International de la Violence à l’Ecole Date : 08/2012 L'équipe de Debarbieux fait le point sur les recherches françaises et internationales consacrées aux problèmes liés au climat scolaire. Le groupe propose quelques pistes destinées à l'améliorer : Améliorer l’environnement physique Adapter les rythmes scolaires Renforcer la vie d'équipe Poser la formation des personnels comme priorité Assurer une gouvernance démocratique des établissements Réformer les méthodes de pilotage Stabiliser les personnels Repenser la composition des classes Encourager la justice scolaire et l'évaluation Former aux compétences sociales par la responsabilisation Renforcer le lien école-famille Aider à la gouvernance par la mesure du climat scolaire (systematic monitoring) Encourager les recherches et produire des modèles (25 pages, 1,2 Mo) http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docsjoints/climatscolaire2012.pdf Les défis du financement de l'enseignement de base Auteur : Ilona Genevois et Anne Thévenin Editeur : Institut international de planification de l'éducation (Unesco) Date : 11/2012 Garantir une éducation de base de qualité à tous les enfants représente un facteur clé dans le processus de développement et occupe une place centrale dans la lutte contre la pauvreté. Mais cette quête implique la mobilisation d’importants moyens humains, matériels et financiers. Or, dans nombre de pays en développement, le dynamisme démographique augmente les besoins, tandis que la faiblesse de la base fiscale limite les ressources publiques. Dans ce cadre, des solutions impliquant secteur privé, écoles, partenariats ou financements innovants représentent aujourd’hui de possibles alternatives. En 2010, l’Institut international de planification de l’éducation (IIPE) de l’UNESCO a organisé un Forum international des politiques éducatives sur le thème : « Les défis du financement de l’enseignement de base : réexaminer les solutions impliquant le secteur privé ». Ce Forum a réuni plus de 80 experts internationaux : décideurs et planificateurs de ministères et de diverses Veille scientifique, parution … 217 institutions, chercheurs travaillant sur ces questions, représentants d’agences internationales. Cet ouvrage reprend les quatre thèmes du Forum : les dépenses des ménages et la barrière économique à l’accès à l’éducation, les politiques de gratuité pour l’enseignement primaire, l’offre privée d’éducation pour l’enseignement de base, et les partenariats public-privé dans l’enseignement de base. Il vise à réexaminer les solutions impliquant le secteur privé dans le financement de l’éducation de base. (pdf, 52 pages, 1,2 Mo) Télécharger le document : http://www.iiep.unesco.org/.../les-defis-dufinancement-de-lenseignement-de-base.html Developing Key Competences at School in Europe: Challenges and Opportunities for Policy Editeur : Eurydice Date : 11/2012 Ce rapport passe en revue les politiques nationales en matière de développement des compétences clés à l'école en Europe. Il reconnaît les progrès réalisés jusqu'à présent dans la mise en œuvre des compétences clés et aborde plusieurs problématiques qui sont directement liées à la contribution de l'éducation et de la formation à l'évolution des besoins en matière de compétences: la lutte contre les faibles performances en lecture, mathématiques et science ; l'augmentation du nombre de diplômés en MST (Mathématiques, Sciences et Technologie) ; et l'acquisition de compétences transversales telles que les capacités en technologie de l'information, l'entrepreneuriat et la citoyenneté. Le rapport couvre 31 pays européens (les États membres de l'UE, la Croatie, l'Islande, la Norvège et la Turquie) et porte sur l'année de référence 2011/2012. L'information porte sur l'enseignement obligatoire et secondaire général. L'analyse montre qu'un tiers des pays européens n'ont pas mis en place de plan national pour l'acquisition des apprentissages fondamentaux (langue maternelle, mathématiques, sciences) et qu'ils sont la moitié à ne pas avoir de stratégie globale pour développer l'apprentissage des langues étrangères. (pdf, 72 pages) Télécharger le document : http://eacea.ec.europa.eu/.../145EN.pdf Rapport mondial de suivi sur l'EPT 2012. Jeunes et compétences : l'éducation au travail Editeur : Unesco Date : 10/2012 A travers le monde, de nombreux jeunes — en particulier défavorisés — quittent l’école sans avoir acquis les compétences dont ils auront besoin pour se faire une place dans la société et trouver un emploi décent. En plus de contrarier les espoirs des jeunes, cet échec des systèmes d’enseignement compromet l’équité de la croissance économique et la cohésion sociale et empêche de nombreux pays de tirer parti des avantages potentiels que peut leur apporter la population croissante des jeunes. Le Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous 2012 montre de quelle façon des programmes de développement des compétences peuvent être améliorés et leur champ d’application étendu afin d’offrir aux jeunes de plus grandes chances d’accéder à des emplois décents et à de meilleures conditions de vie. Voir aussi sur le site de l'Unesco les communiqués de presse, le résumé en français, les chapitres téléchargeables à l'unité (pdf, 53 pages) (pdf, 541 pages, 6,33 Mo) Télécharger le document : http://unesdoc.unesco.org/.../218015f.pdf Looking Beyond the Numbers: Stakeholders and Multiple School Accountability Auteur : Edith Hooge, Tracey Burns, Harald Wilkoszewski Editeur : OCDE Date : 10/2012 Veille scientifique, parution … 219 Ce rapport traite de l'autonomie des établissements scolaires et comment les pouvoirs politiques leur demandent des comptes en matière de résultats et de performance. (29 pages, 92 Ko) Télécharger le document : http://www.oecd-ilibrary.org/.../looking-beyondthe-numbers-stakeholders-and-multiple-school-accountability_5k91dl7ct6q6en Lessons from abroad: International review of primary languages Auteur : Teresa Tinsley & Therese Comfort Editeur : CfBT Education Trust Date : 09/2012 Les anglophones natifs n'auraient-ils pas besoin d'apprendre d'autres langues ? Ce rapport, commandité par la fondation CfBT Education Trust, met en évidence la propension des systèmes éducatifs dans les pays anglophones à fournir moins d'opportunités pour apprendre les langues vivantes et encourager moins le développement de telles compétences. Les auteurs s'appuient sur des recherches qui portent sur l'enseignement primaire et traitent d'exemples en provenance d'Europe, Asie, Amérique et Australie. Le rapport est composé de deux parties : la première discute des bénéfices d'un apprentissage précoce des langues et présente les initiatives existantes hors du Royaume-Uni, la deuxième se concentre sur les enjeux et défis communs à tout système éducatif dans cette perspective. (pdf, 92 pages, 4,2 Mo) Télécharger le document : abroad_en.htm M h http://ec.europa.eu/.../20120918-lessons-from- g g : ( GCS) Auteur : Jandhyala B.G. Tilak Editeur : Institut international de planification de l'éducation (Unesco) Date : 09/2012 L’internationalisation de l’enseignement supérieur ne cesse d’évoluer. Aujourd’hui, la mobilité transfrontalière des étudiants, des établissements, des programmes et des enseignants s’inscrit dans le cadre de la marchandisation de l’éducation. L’Accord général sur le commerce des services (AGCS) a systématisé et formalisé les conditions du commerce des services, y compris ceux de l’éducation. Le présent ouvrage offre une analyse détaillée des différentes dimensions de l’AGCS et de ses conséquences sur le développement de l’enseignement supérieur, en particulier dans les pays en développement. Cette analyse propose aussi un bilan critique des avantages et des dangers potentiels que comporte la commercialisation de l’éducation. Cette étude, parue dans la collection Principes de la planification de l'éducation de l'IIPE (n°95) apportera un éclairage utile sur la question aux décideurs et planificateurs de l’éducation, ainsi qu’aux chercheurs. (pdf, 172 pages, 1,8 Mo) Télécharger le document : http://www.iiep.unesco.org/.../Fund95FR.pdf Mind the Gap - Education Inequality across EU Regions Auteur : Dimitris Ballas, Ruth Lupton, Dimitris Kavroudakis et al. Editeur : NESSE Date : 09/2012 Selon un nouveau rapport indépendant publié par les experts du réseau NESSE pour la Commission européenne, l'éducation et les perspectives d'avenir sont fortement influencées par l'endroit où l'on vit en Europe. Ce document souligne les écarts importants dans les possibilités de formation et les résultats entre les États membres, mais aussi à l'intérieur de ceux-ci. Le niveau d'instruction semble varier considérablement entre le nord et le sud, les régions du sud de l'Europe (en particulier au Portugal et en Espagne) présentant les taux les plus élevés de personnes peu qualifiées (ayant, au mieux, terminé le premier cycle de l'enseignement secondaire). À l'inverse, les régions affichant les taux les plus faibles de personnes peu qualifiées se trouvent principalement au Royaume-Uni, en Belgique, aux Pays-Bas et en Suède. Les inégalités géographiques en matière d'éducation persistent, en dépit des engagements pris par les États membres pour promouvoir l'équité des systèmes d'éducation et de formation. Le rapport, le premier du genre, Veille scientifique, parution … 221 invite les pays de l'Union européenne à intensifier leurs efforts pour réduire ces inégalités. Voir aussi les communiqués de presse et les résumés multilingues (pdf, 3 pages) (pdf, 176 pages, 7,7 Mo) Télécharger le document : http://ec.europa.eu/.../report_en.pdf Regards sur l'éducation 2012: Les indicateurs de l'OCDE Editeur : OCDE Date : 09/2012 Source d’informations précises et pertinentes, Regards sur l’éducation: Les indicateurs de l’OCDE fait figure de publication de référence sur l’état de l’éducation dans le monde. Elle fournit des données sur la structure, le financement et les performances des systèmes d’éducation des 34 pays membres de l’OCDE, ainsi que d’un certain nombre de pays du G20 non membres de l’Organisation. Avec plus de 140 graphiques, 230 tableaux et 100 000 chiffres, Regards sur l’éducation présente des données clés sur : les résultats des établissements d’enseignement ; l’impact de l’apprentissage dans les différents pays ; les ressources humaines et financières investies dans l’éducation ; l’accès, la participation et la progression au sein des systèmes d’éducation ; et l’environnement pédagogique et l’organisation scolaire. Dans l’édition 2012, de nouveaux indicateurs portent notamment sur : les effets de la crise économique mondiale sur les dépenses d’éducation ; les structures d’accueil de la petite enfance dans le monde ; la mobilité intergénérationnelle des différents groupes socio-économiques dans l’enseignement supérieur ; l’impact de l’éducation sur des variables macroéconomiques telles que le PIB ; les facteurs spécifiques qui influent sur le niveau des dépenses d’éducation selon les pays ; les aspirations professionnelles des filles et des garçons à l’âge de 15 ans par rapport aux taux d’obtention d’un diplôme de l’enseignement supérieur par domaine d’études ; la composition du corps enseignant dans les différents pays et les qualifications requises pour devenir enseignant ; l’impact des examens sur l’accès à l’enseignement secondaire et tertiaire. Lire aussi le résumé du rapport Lire aussi le panorama général (584 pages, 6,37 Mo) Télécharger le document : http://www.oecd.org/.../rse2012.htm Assessment for Qualification and Certification in Upper Secondary Education: A Review of Country Practices and Research Evidence Editeur : OCDE Date : 09/2012 Dans le domaine de la politique d'évaluation des élèves, l'évaluation des élèves pour la qualification et la certification dans l'enseignement secondaire supérieur revêt une importance particulière puisque des décisions clés sur la progression des élèves peuvent être prises sur la base des résultats de l'évaluation. Les élèves de la plupart des pays de l'OCDE font face à une spécialisation dans l'enseignement secondaire supérieur et des enjeux élevés sont associés à leurs performances lorsque les résultats d'évaluation sont utilisées comme critère de sélection, en particulier pour l'accès à l'enseignement supérieur et au marché du travail. Ce rapport décrit les principales caractéristiques de l'évaluation de la qualification et de la certification dans l'enseignement secondaire supérieur dans plusieurs pays et examine les questions relatives à leur conception et leur mise en œuvre. (53 pages, 650 Ko) Télécharger le document : http://www.oecdilibrary.com/.../5k92zp1cshvb-en Evaluer les politiques d'éducation prioritaire en Europe: un défi méthodologique Auteurs : Marc Demeuse, Nathanaël Friant Editeur : Institut d’Administration Scolaire, Université de Mons, Belgique Date : 08/2012 "L'évaluation des politiques éducatives n'est pas une entreprise aisée, à la fois parce qu'elle se heurte à des difficultés méthodologiques importantes, mais aussi parce qu'elle menace ou semble menacer certains projets construits Veille scientifique, parution … 223 essentiellement sur une base idéologique, alors même que leurs promoteurs s'en défendent le plus souvent. Il est pourtant essentiel de pouvoir évaluer ces démarches politiques, d'autant plus qu'elles concernent des publics défavorisés. Cet article, alimenté par une recherche menée au niveau européen dans huit pays (EuroPEP), met en évidence cette nécessité et illustre à la fois les problèmes rencontrés et les pistes qui peuvent être mises en œuvre. Il indique la nécessité d'une réflexion méthodologique globale et interroge, notamment, la manière dont sont définies " les bonnes pratiques ", souvent invoquées dans le domaine des politiques éducatives." (20 pages, 322 Ko) Télécharger le document : http://hal.archivesouvertes.fr/.../Demeuse_friant_rsse_modif_VF.pdf Comparer les systèmes éducatifs européens. Une entreprise complexe mais indispensable Auteur : Marc Demeuse Editeur : Institut d’Administration scolaire (INAS) Université de Mons (Belgique) Date : 07/2012 L'école est, en même temps, considérée comme une source potentielle d'amélioration de la situation des plus démunis et comme un outil de reproduction des inégalités comme l'ont montré Bourdieu et Passeron dès les années 70. Elle bénéficie donc à la fois d'un a priori favorable, lorsqu'elle est pensée comme un des leviers du changement vers une société plus juste, et est analysée avec suspicion par la sociologie critique qui la perçoit comme une instance importante de fixation des rapports de classe et de domination. L'approche comparative permet de proposer une vision nuancée et qui dépasse la simple description d'une situation perçue comme spécifique et immuable." (8 pages, 210 Ko) Télécharger le document : http://halshs.archivesouvertes.fr/.../Comparer_les_systeI_mes_eI_ducatifs_europeI_ens.pdf Bringing About Curriculum Innovations: Implicit Approaches in the OECD Area Auteur : Kiira Kärkkäinen Editeur : OCDE Date : 08/2012 Les réformes curriculaires reposent de façon plus ou moins explicite sur différentes approches de l'innovation. Doit-elle être descendante et "pilotée" au niveau central ? ou doit-elle résulter d'une plus forte implication d'acteurs variés (experts, enseignants, parents) ? Ce document de travail de l'OCDE (working paper n°82) discute la pertinence de ces deux approches au travers d'exemples de réformes curriculaires dans l'enseignement secondaire obligatoire de différents pays membres. (pdf, 65 pages, 804 Ko) Télécharger le document : http://www.oecd-ilibrary.org/.../bringing-aboutcurriculum-innovations_5k95qw8xzl8s-en Éducation comparée / nouvelle série, n°8, pp 225-237 Agenda des colloques XV WCCES - World Congress - World Council of Comparative Education Societies - New times, New voices Date : du 24-06-2013 au 28-06-2013 Lieu : Buenos Aires Organisation : La Sociedad Argentina de Estudios Comparados en Educación (SAECE) organise ce congrès avec le World Council of Comparative Education Societies Programme : Des perspectives diverses se font entendre dans les systèmes éducatifs, nouvelles ou anciennes, et de nouvelles propositions s’affirment. Les mondes éducatifs et scolaires révèlent des formes d’accompagnement ou de résistance au changement diverses, d’intensité variée dans leur expression et plus ou moins fédératives selon les contextes nationaux. Les politiques de mondialisation tendent à normaliser les voix et la pensée en utilisant, parfois à l’excès, de nouveaux médias et de nouveaux modes de communication. Dans ce contexte, l’éducation comparée est appelée à devenir un espace d’échange et de production de savoirs de premier plan pour les débats sur ces nouveaux processus politiques, culturels et éducationnels parmi lesquels beaucoup reste encore inexplorés. L’éducation forme des individus pour leur avenir : cela exige une vision prospective et critique, soucieuse de prendre en compte les enseignements du passé et bien ancrée dans le présent, attentive enfin aux défis posés par les temps nouveaux et les nouvelles perspectives émergentes. Les thématiques abordées dans ce congrès sont : Groupe 1. Les nouvelles perspectives théoriques et méthodologiques pour l'éducation comparée Groupe 2. Les perspectives provenant du Sud Groupe 3. Nouvelles perspectives aux niveaux national, mondial et local Groupe 4. Les perspectives des acteurs dans les nouveaux dispositifs Groupe 5. Nouveautés pour les systèmes publiques d'éducation Groupe 6. Internationalisation de l'éducation, perspectives académiques et politiques publiques Groupe 7. Voix de la diversité et de nouvelles formes de démocratisation de l'enseignement Groupe 8. Nouvelles perspectives et langage Groupe 9. Nouveautés du côté du curriculum Groupe 10. Perspectives de pays ou de régions en conflit Groupe 11. Les perspectives en éducation des adultes, apprentissage tout au long de la vie et éducation non formelle Groupe 12. Nouvelles façons de communiquer Le délai de soumission des résumés a été fixé au 14 janvier 2013. URL : http://wcces2013.com.ar/.../ AFIRSE 2013 - Recherche en éducation: Continuité, rupture ou limites? Date : du 13-05-2013 au 15-05-2013 Lieu : Montréal Organisation : section canadienne de l'Association Francophone Internationale de Recherche Scientifique en Éducation (AFIRSE) Programme : La recherche en sciences de l'éducation a pris une importance considérable au cours des dernières années, à preuve les innombrables colloques qui lui sont consacrés ainsi que les non moins nombreuses publications sur le sujet. S'ajoute à cela l'éclosion d'observatoires, de chaires universitaires et de laboratoires consacrés à des thématiques spécifiques allant de l'intervention précoce à l'éducation des adultes en passant par la violence scolaire la liaison formation-emploi et l'abandon des études. Faut-il le rappeler, tant dans les pays du Sud que ceux du Nord, aucune sphère d'activité, y compris le monde Agenda des colloques … 227 de l'éducation, ne peut échapper à l'influence de la mondialisation et de la marchandisation. Il ne saurait être question aujourd'hui d'ignorer l'évolution des contextes sociaux et économiques dans lequel se situe l'École. Si les sciences de l'éducation veulent contribuer à trouver des réponses aux problèmes de notre temps, elles doivent être attentives à l'émergence de nouveaux noyaux épistémologiques et méthodologiques. Les systèmes éducatifs se transforment au fil des changements concomitants qui interpellent la recherche sous de nombreux aspects. Alors même que l'imposition courante de sujets de recherche par les bailleurs de fonds ou autres partenaires. De telles conditions risquent de nuire à l'avènement de démarches innovantes et fructueuses. C'est dans un tel contexte que s'exerce la fonction de chercheur en sciences de l'éducation. Ainsi, en raison de la crise économique et des politiques financières conservatrices des états, la recherche dans ce domaine est souvent mise à mal par un ensemble de conditions qui risquent de nuire à son développement et à sa réalisation. Rappelons que les chercheurs en éducation, comme ceux de nombreux autres secteurs, doivent souvent consacrer un temps précieux pour quémander le financement nécessaire afin de mener à bien leurs travaux. Sous l'angle de la thématique de ce colloque comme fil conducteur, il nous paraît indispensable de tenter de définir deux concepts clés : continuité et rupture. Le mot continuité pourrait être compris ici dans le sens d'une addition d'éléments qui contribueraient à assurer la pérennité de la recherche. Le mot rupture peut mettre en évidence le fait que le changement n'est pas forcément négatif. Pensons, par exemple à la rupture de pratiques courantes pour en adopter d'autres plus efficaces, etc. Pour mieux comprendre l'évolution de la recherche en éducation, tel que nous y invitait le dernier Congrès de l'AFIRSE tenu à l'UNESCO en 2011, plusieurs questions demeurent en suspens. Quels sont les différents types d'approche? Quelles sont les interactions effectives possibles entre ces différents types d'approche? La recherche en éducation se dirige-t-elle vers de nouvelles voies ? Y a-t-il continuité, rupture ou limites concernant la recherche en éducation ? Les travaux scientifiques de ce colloque se dérouleront sous la forme de conférences, tables rondes, séances plénières et ateliers. La réflexion, le débat, le partage de résultats de travaux de recherche et de rapports d'expériences menées sur le terrain seront les objets privilégiés lors des ateliers. Colloque AIFRIS - Les recherches-actions collaboratives : une révolution silencieuse de la connaissance - colloque international pluridisciplinaire et plurisectoriel Date : du 27-05-2013 au 29-05-2013 Lieu : Dijon Programme : "Ce colloque vise à réaliser un état des lieux de ces questions, dans plusieurs secteurs professionnels et dans des disciplines diverses. Pour cela, une égale parole sera donnée à chacun des protagonistes des recherches-actions collaboratives (RAC) afin de permettre l’expression d’expériences ou d’analyses. Ce sera aussi une manière de laisser la place à une analyse critique des RAC dans ce qu’elles permettent et ne permettent pas. Cet état des lieux veut être construit sans a priori, sans définitions préalables de telle ou telle pratique, sans hiérarchisation de celles-ci. L’ambition de ce colloque est que les participants fassent de la recherche ensemble." URL : http://aifris.eu/.../index_01.php Colloque/ programme de formation-recherche du CIERA Bologne et au-delà Experts, entrepreneurs, usagers face à Date : du 20-06-2013 au 21-06-2013 Lieu : Strasbourg Programme : "Ce colloque vise à étudier l’impact du cadre international et européen de réforme du système universitaire – et notamment du processus de Bologne – sur l’enseignement supérieur des pays ex-communistes d’Europe centrale et orientale, y compris l’Allemagne". Thématiques proposées Agenda des colloques … 229 Sociologie des acteurs impliqués dans le processus de Bologne (experts, universitaires, etc.) Analyse des transferts transnationaux de savoirs, d’instruments et indicateurs techniques, d’idées, etc. Impacts directs ou/et indirects du processus de Bologne sur les « usagers » académiques (étudiants, universitaires, personnels administratifs…) Effets globaux du processus de Bologne dans l’espace académique centre-est- européen (uniformisation vs. hétérogénéité, renforcement des hiérarchies symboliques et des rapports de dépendance et domination, etc.) Date limite pour une proposition de contribution : 15 décembre 2012. URL : http://calenda.org/226383 C g Date : du 27-08-2013 au 30-08-2013 Lieu : Montpellier Organisation : AECSE (Association des Enseignants et des Chercheurs en Sciences de l’Éducation) SSRE (Société Suisse pour la Recherche en Éducation) ABC-Educ (Association belge des chercheurs en Éducation) Programme : Comme pour chaque édition triennale, des symposiums courts ou longs, des communications en ateliers, des posters et des conférences plénières viendront éclairer l'actualité en éducation et formation. URL : http://www.lirdef.univ-montp2.fr/ Agenda des colloques … 231 Colloques en ligne Biennale internationale de l'éducation de la formation et des pratiques professionnelles Date : du 03-07-2012 au 06-07-2012 Lieu : Paris Organisation : CNAM Association de la Biennale de l'éducation Programme : "La nouvelle Biennale Internationale de l’Education, de la Formation et des Pratiques Professionnelles, qui étend ses préoccupations au-delà des systèmes d’éducation et de formation a choisi pour l’édition 2012 de mettre au travail ces thématiques sous des formes diverses : débats, colloques, conférences, ateliers, communications de recherche et communications professionnelles..." Seront abordées notamment les questions suivantes La transmission est-elle forcément corrélée à la tradition ? S’inscrit-elle dans une fonction de socialisation ? Est-elle un élément central dans une perspective de construction identitaire ? Les rites sont-ils à la fois occasion de rupture et de transmission ? Faut-il distinguer transmettre et intention de transmettre ? Transmettre a-t-il le meme sens pour celui qui transmet et pour celui à qui on a l’intention de transmettre ? Quel sens peut avoir la transmission dans une situation d’altérité (handicap, maladie, interculturalité...) ? L’expérience et les compétences peuvent-elles se transmettre ? Transmettre est-il l’équivalent de communiquer ? Peut-on distinguer transmission des savoirs, transmission des activités, transmission des cultures et transmission des valeurs ? Peut-on transmettre autre chose que ce que l’on est ? Réception des projets de communication avant le 5 mars 2012 URL : http://labiennale.cnam.fr "Améliorer la performance scolaire. Avantages et limites des inspirations internationales" - Séminaire de travail Date : du 14-12-2009 au 14-12-2009 Lieu : Paris Organisation : Centre d'analyse stratégique- Premier ministre Programme : On observe que des modèles d’éducation aux logiques très différentes, parfois radicalement opposées, sont parvenus à d’excellents niveaux de performance, non seulement aux regards de leurs propres critères d’évaluation mais également dans les tests internationaux. Ils ont en partie inspiré les réformes du système français. Le séminaire s'est organisé autour de deux tables rondes permettant de mettre en perspective le système d’éducation primaire français au regard des cohérences internes de deux « idéaux types » : une excellence fondée sur l’équité et l’autonomie, illustrée par exemple dans le système finlandais, et une excellence fondée sur l’élitisme et la transmission des savoirs, symbolisée par les pays asiatiques." URL : http://www.strategie.gouv.fr/.../seminaire-de-travail-ameliorer-laperformance-scolaire-avantages-et-limites-des-inspirations j x x mieux connaître pour mieux agir - Colloque AFAE 2012 : Date : du 16-03-2012 au 18-03-2012 Lieu : Strasbourg Organisation : Association française des administrateurs de l'éducation (AFAE) Programme : "Qu’il s’agisse de la construction européenne, de l’impact des grandes enquetes internationales de type PISA, de la circulation au-delà des frontières d’idées relatives à l’éducation – mais qui sont parfois originaires d’autres horizons politiques ou économiques – ou meme des compétences nécessaires à nos élèves face à un marché du travail fortement internationalisé, des Agenda des colloques … 233 questions liées à des perspectives internationales font de plus en plus souvent irruption au cœur de nos pratiques professionnelles". Pour ce colloque, l’AFAE propose que trois objectifs soient retenus : s’intéresser au champ de l’international pour y gagner une professionnalité par déplacement du regard sur les réalités de l’éducation s’intéresser au champ de l’international pour en maitriser les utilisations s’intéresser au champ de l’international pour mieux pouvoir se situer comme professionnels francais dans les grands débats éducatifs mondiaux. Détail du programme - une table ronde : «Apprendre des autres : participer aux débats internationaux de l’éducation ». - Lumières sur l’école : comment interpréter les débats éducatifs dans le monde? », Conférence d’ouverture d’António Nóvoa, professeur en histoire comparée et recteur de l’Université de Lisbonne (Portugal), suivie d’un débat avec le public Des ateliers : 1. L’impact des enquetes internationales dans les différents pays : entre indifférence et choc. 2. Coordonnateur : Jean-Claude Emin, ancien sous-directeur à la DEPP (Paris) ; Olivier Rey, IFÉ (Lyon) ; un représentant étranger. 3. « école inclusive » : conceptions croisées... 4. Coordonnateur : Jean-Claude Rouanet, IA-DSDEN honoraire (Toulouse) ; Teresa Longo, enseignant-chercheur en éducation comparée à l’UPJV (Amiens) ; Francoise Lorcerie, directrice de recherches CNRS-INRAM (Aix-en-Provence). 5. école du choix, choix de l’école. 6. Coordonnateur : Alain Taupin, IGAENR (Paris) ; un expert international ; un représentant étranger. 7. 4. L’établissement scolaire en France et ailleurs : autonomies, pilotages, évaluations; Coordonnateur : Gérard Mamou, IGEN-EVS (Paris) ; Isobel MacGregor, Her Majesty Inspector of Education emeritus (Écosse) ; Reiner Oschewsky, proviseur honoraire (Allemagne). 8. Le métier d’enseignant en France et ailleurs : référentiel, recrutement, formation, carrière; Coordonnatrice : Isabelle Robin, chef du bureau 9. 10. 11. 12. 13. des lycées général et technologique à la DGESCO (Paris) ; un expert international ; un représentant étranger. La division du travail éducatif en direction des élèves (direction, vie scolaire, enseignement, orientation, etc.); Coordonnateur : Claude Bisson-Vaivre, IGEN (Paris) ; Marie-Hélène Ahnborg, directrice de l’Inspection générale (Suède) ; Donald Lillistone, chef d’établissement à Middlesbrough (Angleterre). Structure des systèmes et des diplomes : état des lieux, problèmes, évolutions; Coordonnateur : Jean-Marc Huart, sous-directeur des formations professionnelles à la DGESCO (Paris) ; un expert international ; un représentant étranger. Les financements de l’éducation en France et ailleurs : qui paye quoi ? Comment ?; Coordonnateur : Jean-Richard Cytermann, IGAENR (Paris) ; un expert international ; un représentant étranger. Existe-t-il une vision européenne de l’école ? Qu’en font les différents pays ? Qu’en attendent les professionnels ?; Coordonnatrice : Michèle Sellier, ancien recteur, IGEN honoraire (Paris) ; Martine Quelen, proviseur du Lycée international des Pontonniers (Strasbourg) ; Chantal Manes, chargée de la sous-direction des affaires européennes et multilatérales à la DREIC (Paris). URL : http://www.afae.fr/ Éducation comparée / nouvelle série, n°7, pp 235-242 Abonnement et commande de numéros Pour adhérer et/ou pour vous abonner à la revue Education Comparée, veuillez remplir le bulletin ci-joint en joignant votre titre de paiement (chèque à l’ordre de l’AFEC) et l’envoyer directement à l’AFEC. Siège exécutif : Site de la revue Education Comparée Courriel : Revue Education Comparée Régis Malet Université de Bordeaux IV – IUFM Château Bourran 160, Avenue de Verdun BP. 152 33705 MERIGNAC http://www.afec-info.org/revue [email protected] (manifestations) [email protected] (revue – propositions de contributions) Pour information, les commandes au numéro, en version papier ou en version électronique, s’effectuent directement auprès de l’éditeur : www.i6doc.com/afec B b , h Formule 1 - Abonnement à la revue Education Comparée ( h à C Nom – Prénom : Fonction : .................................................................................................................... Adresse professionnelle Institution : ..................................................................................................... Adresse : ......................................................................................................... Courriel : ......................................................................................................... Tél : ..................................................Fax : ...................................................... Adresse personnelle Adresse : ......................................................................................................... Courriel : ......................................................................................................... Tél : ..................................................Fax : ...................................................... Envoi du courrier AFEC : à l'adresse professionnelle ou à l'adresse personnelle Abonnement et commande … 237 FORMULES 2013 Adhésion à l’AFEC comprenant un abonnement gratuit d’un an à la Revue Education comparée Abonnement à la revue Education comparée uniquement Montant Tarif normal : - option Revue version électronique : - option Revue version papier* : * Frais de port annuels pour un envoi hors-UE Tarifs étudiant : Version électronique uniquement : 40 € 70 € 18 € 30 € Individuel : - option Revue version électronique : - option Revue version papier* : * Frais de port annuels pour un envoi hors-UE Institution : Version papier uniquement : 100 € Achat d’un numéro de la Revue Frais de port 30 € 9€ 40 € 80 € 18 € MONTANT TOTAL Mode de paiement : par chèque ou virement en € à l’ordre de l’AFEC (paypal ou bancaire). 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Précisions modalités de payement : chèque à l’ordre de « AFEC » (à envoyer à Catalin Nache (33 rue Hermite, 54000, Nancy, France) ou virement compte Paypal à l’attention du compte PayPal suivant : [email protected]) virement bancaire (Société Générale – Nancy) – référence « Adhésion AFEC 2012 » et votre Nom : Code banque Code guichet N° compte Clé RIB 30003 01460 00050065905 63 IBAN : FR76 3000 3014 6000 0500 6590 563 / BIC-ADRESSE SWIFT : SOGEFRPP Abonnement et commande … 239 Commande au numéro versions papier ou numérique Prix du numéro (franco de port): 30 euros. Disponibles à la vente en version numérique sur www.i6doc.com Numéro 7 – Nouvelle série (2011) Les enjeux d'évaluation, de politiques de la mesure en éducation et de leurs effets, envisagés sur un plan comparatif international Marc Demeuse (coord.) Numéro 6 – Nouvelle série (2011) Penser les marchés scolaires Georges Felouzis et Barbara Fouquet-Chauprade (coord.) . Numéro 5 – Nouvelle série (2011) Les politiques d’accountability Vincent Dupriez et Nathalie Mons (coord.) . Numéro 4 – Nouvelle série (2010) Les politiques de la diversité culturelle en éducation Régis Malet et Michel Soétard (coord.) . Numéro 3 – Nouvelle série L’éducation comparée aujourd’hui. Julia Resnik, Juergen Schriewer, Anthony Welsh (coord). Numéro 2 – Nouvelle série Le métier d’enseigner à l’épreuve des contextes. Régis Malet (coord.) . Numéro 1 – Nouvelle série Sciences et croyances en éducation. José-Luis Wolfs (coord.) Numéro 62 Education, religion et laïcité. Vol. 2. Abdel Baba-Moussa (coord.) . Numéro 61 Education, religion et laïcité. Vol. 1. Abdel Baba-Moussa (coord.) Numéro 60 Education et justice sociale Alain Carry (coord.) édition papier seulement – reprographie Prix du numéro (franco de port): 30 euros Numéro 58 Éducation et handicap. D'une pensée territoire à une pensée monde. 2004 – Denis Poizat (coord) - Co-édition Erès-AFEC-CRHES. Numéro 56 L'éducation dans tous ses états : Influences européennes et internationales sur les politiques nationales d'éducation et de formation 2002 – Philippart, A. & Vandevelde, L. (coord.). 304 p. Numéro 55 Education et travail : divorce ou entente cordiale 2001 – Soledad Perez (coord.), 267 p. Numéro 54 Les enjeux du pluralisme linguistique pour les systèmes d'éducation et de formation 2001 – Regnault, E., Folliet, H. & Gauthier P.-L. (coord.), 244 p. Numéro 53 L'éducation comparée : mondialisation et spécificités francophones 1999 – Leclercq, J.-M. (coord.), CNDP et AFEC, 287 p. Numéro 52 Les modalités de prise en compte de la diversité dans les institutions éducatives 1998 – Frenay, M. (coord.) (1998). 291 p. Numéro 51 Le rôle des pouvoirs publics dans l'éducation : approches comparatives des évolutions et tendances récentes 1977 – Paul, J.-J. & Tomamichel, S. (coord.), 293 p. Abonnement et commande … 241 Numéro 49 Pluralisme et éducation : politiques et pratiques au Canada, en Europe et dans les pays du Sud. L’apport de l’éducation comparée 1995 – McAndrew, M., Toussaint, R., & Galatanu, O. (coord.), Presses Universitaires de Montréal & AFEC, 284 p.. Numéro 47 Les nouvelles formes de coopération internationale en éducation. Exemple européen et perspectives mondiales 1994 – Sutherland, M. (coord.), 151 p. Numéro 44 Recherches et pratiques éducatives. Perspectives internationales 1990 – Zay, D. (coord.), 116 p. Numéro 42 Nouvelles réformes ou changements sans réformes ? Tome 2 – Représentations et comportements des acteurs sociaux 1989 – Gelpi, E. (coord.),169 p. Numéro 41 Recherches et pratiques éducatives. Perspectives internationales Tome 1 – Les politiques éducatives 1989 – Gelpi, E. (coord.), 157 p. Éducation comparée / nouvelle série, n°7, pp 243-244 Notes aux contributeurs Vous êtes invités à proposer des articles à la revue Education comparée. Les textes ne doivent pas dépasser 40.000 signes (75.000 pour les notes de synthèse) et seront précédés d’un résumé (français, anglais) de 6 lignes maximum, assorti de 5 mots clés. Les comptes rendus d'ouvrage comportent un maximum de 6000 signes et indiquent les références précises de l'ouvrage. Les notes sont placées en bas de page et non en fin d´article ou de note. Les appels de note sont en chiffres arabes. Les références bibliographiques sont placées en fin de texte. Elles se présentent selon les normes de l´APA : Articles Maurice, M. (1989). Méthode comparative et analyse sociétale. Les implications théoriques des comparaisons internationales. Sociologie du travail, 2, 175-191. Ouvrage Lallement, M., & Spurk, J. (Dir.). (2003). Stratégies internationales de la comparaison. Paris : Editions du CNRS. Chapitre d´ouvrage Debeauvais, M. (1992). L'influence des organisations internationales sur les politiques nationales d'éducation. In Meuris, G., & De Cock, G. (Eds.), Education comparée. Essai de bilan et projets d'avenir (pp. 96-106). Bruxelles : De Boeck. Toute proposition de contribution doit énoncer clairement une problématique, décrire la méthodologie suivie, situer les conditions de la comparaison et présenter des résultats qui contribuent à l´avancement de la réflexion sur le sujet traité. Il est attendu des propositions les caractéristiques suivantes : o Répondre aux exigences de la rigueur scientifique, c´est-à-dire aux critères de cohérence des analyses, de rigueur des démonstrations et de qualité des sources. o Avoir une dimension comparative affirmée : - soit dans l´espace : comparaisons au sein d´un même pays, entre deux ou plusieurs pays, au sein d´un ou entre deux ou plusieurs ensembles géopolitiques, linguistiques, culturels ; - soit dans le temps : comparaisons de conjonctures ou de processus historiques, sociaux ou politiques. Sous réserve que les propositions s´inscrivent dans le cadre général ci-dessus décrit, toute liberté est laissée quant au choix : o de l´approche disciplinaire (toutes les sciences sociales sont concernées) ; o du mode de traitement (compte-rendu d´enquêtes et de recherches empiriques, analyse théorique, synthèse, commentaire de documents) o du sujet lui-même. Toutes les propositions seront soumises au comité de rédaction qui décidera collectivement sur compte-rendu de deux des membres du comité scientifique. Les propositions de contribution doivent être adressées : o par courriel, au format rtf, à l´adresse suivante [email protected] et o par courrier, en trois exemplaires, à l´adresse suivante : Revue Education Comparée à g M Université de Bordeaux IV – IUFM Château Bourran 160, Avenue de Verdun BP. 152 33705 MERIGNAC :