Dirigeant de PME, un métier
Transcription
Dirigeant de PME, un métier
REGARDS SUR LES PME Dirigeant de PME, un métier ? ÉLÉMENTS DE RÉPONSE N°8 Dirigeant de PME, un métier ? Éléments de réponse Regards sur les PME est édité par le GIE OSEO services, 27-31, avenue du Général Leclerc, 94700 Maisons-Alfort. Tél. : 01 41 79 80 00. Mél : [email protected] Numéro 8, septembre 2005. ISSN 1761-1741. Imprimé en France par Graphoprint, Paris. N° d’imprimeur xxxxxxxxx. Dépôt légal 3e trimestre 2005. Directeur de la publication : Didier Havette. Responsable de la coordination et de la publication des études : Claire Genevey. Conception, réalisation et relecture : Contours, Paris. Copyright : L’Observatoire des PME considère que la diffusion la plus large des informations qu’il édite concourt à ses missions. Les demandes d’autorisation de citation d’extraits de Regards sur les PME doivent être adressées au préalable par mail à : [email protected], en indiquant dans l’objet du mail « demande d’autorisation de citation ». Toute citation doit mentionner la source sous la forme suivante : « Source : Regards sur les PME n° 8, Observatoire des PME, GIE OSEO services ». Introduction Parlons cinéma Christian Marbach Président Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 Introduction Christian Marbach Parlons cinéma : c’est le détour que je vous propose pour évoquer le « métier de dirigeant de PME », et pour introduire l’excellente étude présentée dans le numéro 8 de la collection « Regards sur les PME ». Parlons cinéma, en essayant de répondre à la question : dans quels films français montre-t-on un dirigeant de PME ? Réfléchissez, cherchez – vous allez peut-être trouver assez vite quelques films sur des patrons de très grandes entreprises, représentants de « grandes familles » à la Druon, manipulateurs du monde politique, héritiers plongés dans des complots complexes comme Belmondo dans l’étonnant film de Philippe Labro. Réfléchissons encore, rappelez-vous que la PME, c’est aussi bien l’artisan que l’hôtelier, le notaire, le garagiste… L’hôtelier, tiens : dans Le Diable par la queue, Danielle Darrieux tient un châteauhôtel décati puis rénové grâce au talent culinaire et au butin d’un Yves Montand qui s’y trouve être client après un « casse » réussi. Nous sommes là dans une belle province, bien riante, mais je ne conseille pas à nos professeurs de gestion d’enseigner la préparation des « business plans » à partir de cet exemple. De même que je ne conseillerais pas à l’APCE de se baser sur le cas de Michel Serrault, patron d’une entreprise de fabrication de matériel sanitaire, persuadé à la suite d’un accident cardiaque que « sa » vraie vie n’est plus dans l’entreprise, mais que « le bonheur est dans le pré ». Dans Le Téléphone rose, un Pierre Mondy en train de céder sa PME s’est pour sa part laissé tenter par un démon de midi… qui prend les formes de Mireille Darc. Remarquons au passage que l’acte de vente, la période de transmission de son entreprise est à l’occasion reprise par les scénaristes car elle plonge le dirigeant dans un trouble existentiel : Jean-Pierre Bacri vit cela dans Le Goût des autres. Quant à Vincent Lindon, c’est l’incendie de sa « petite entreprise » de menuiserie qui le conduit à passer la ligne jaune de l’honnêteté administrative et informatique pour rattraper la négligence fripouilleuse d’un agent d’assurances (qui, remarquons-le, donne aussi un mauvais exemple d’entrepreneur). Si donc le dirigeant de PME intéresse le cinéma français 5 Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 Introduction – mais je ne voudrais pas ici tirer de mes impressions de cinéphile amateur des généralisations trop affirmées –, ce n’est en général pas pour donner l’occasion d’une méditation sur le métier de dirigeant, mais plutôt pour saisir un personnage déterminé, et le plonger dans une situation parfois dramatique : je pense par exemple à l’excellent Horloger de Saint-Paul où Philippe Noiret, dirigeant de PME, doit affronter l’incarcération de son fils et en parle avec émotion dans les « bouchons » lyonnais avec l’inspecteur de police Jean Rochefort. Bertrand Tavernier sait, lui, rendre les interrogations personnelles du père mais aussi décrire à l’occasion les gestes de l’artisan. Christian Marbach 6 Le disque dur de ma mémoire m’apporte d’autres images de patron de PME, mais souvent traitées au cinéma avec cette espèce de caricature qui, avec plus ou moins de lourdeur, veut traduire un message politique. Dans Knock, Louis Jouvet pousse très très loin son rôle missionnaire en faveur de la santé et privilégie sans aucun scrupule le développement de son carnet de commandes. Dans Topaze, Marcel Pagnol nous fait part d’une sorte de création d’entreprise qui comporte des aspects peu recommandables ; un petit « prof », ayant « compris » le monde des notables « forcément » malhonnêtes (c’est un des lieux communs des films français sur la bourgeoisie, et les professions libérales, que l’on retrouve aussi chez Chabrol), se lance dans la spéculation immobilière. De l’autre côté du discours politique, Raimu joue les boulangers indispensables (sans boulanger, pas de pain – sans pain, pas de village: on se croirait dans Le Tour de la France par deux enfants à l’énoncé de ces vérités d’instruction civique) et tout le caractère utile et bienveillant de son rôle d’honnête artisan est souligné en creux par la « grève » qu’il entame, bouleversé par la fuite heureusement momentanée de sa jeune épouse. Et, représentatifs d’une utopie « mil neuf cent trente-six », les créateurs d’entreprise rassemblés dans La Belle Équipe de Julien Duvivier se lancent sans même avoir besoin de recourir à l’ADIE dans le lancement d’une guinguette dont les clients viendront, forcément, chanter et partager l’illusion lyrique : encore un « business plan » problématique ! Très souvent, la représentation du dirigeant de PME à travers les films français reprend donc davantage un moment du dialogue politique et social, qu’une description précise de son métier ou de ses motivations entrepreneuriales. Le « métier » est tout juste évoqué par quelques images ; ce qui intéresse le cinéaste, c’est souvent un cas de conscience extérieur à la sphère professionnelle plus qu’une péripétie inscrite dans la trajectoire de l’entreprise. J’aimerais à cette occasion qu’un travail bien plus complet que cette brève accumulation de réminiscences soit effectué sur ce beau sujet de l’image du patron de PME dans le cinéma (ou dans le livre, ou dans la télévision…) ; nous avons déjà, dans notre revue, abordé le cas de l’image de l’entreprise dans l’enseignement secondaire et nous allons bientôt traiter de l’ensemble des travaux économiques sur les PME dans les universités. Mais restons-en au cinéma, pour noter qu’aux États-Unis il propose en général une vision autrement plus dynamique de l’entreprise et a su réaliser des films, souvent excellents, montrant des personnages totalement plongés dans l’aventure de l’entreprise. Certes, ces personnages ont aussi une vie en dehors de l’entreprise, ils ont des enfants, ils vivent des amours tumultueuses – mais les cinéastes américains savent peut-être mieux rendre la « dedication » (je parle exprès franglais) totale de leur héros à son acte d’innovation : on est là plus près de Schumpeter que de Courteline, et je voudrais à cet égard encourager tous les lecteurs de nos revues, forcément intéressés par les PME, à revoir The Fountainhead de King Vidor (où Gary Cooper, un architecte exigeant et même obstiné jusqu’à la monomanie, préfère mettre en péril l’agence qu’il a créée plutôt que de se « compromettre ») ; à suivre à nouveau le parcours de Spencer Tracy dans Edison, the Man de Clarence Brown (car Edison n’a pas simplement été un « inventeur », mais aussi un créateur de PME qui a su faire grandir son entreprise) ; et surtout, plus récent (1988), donc plus intéressant encore dans la comparaison que l’on peut faire des images entrepreneuriales des deux côtés de l’Atlantique, l’extraordinaire et peu connu Tucker : The Man and His Dream de Francis Ford Coppola où un ingénieur se lance tout seul avec quelques compagnons dans la conception et la fabrication d’une voiture, s’oppose aux grandes entreprises de Detroit, triomphe un court instant, se ruine et décide de repartir pour un « challenge », histoire totalement vraie qui est évidemment très éloignée de l’apologie pseudo-écologiste du bonheur dans le pré ou du discours « pseudo-lutte des classes » de tant de films français. Les réalisateurs et scénaristes de cinéma seraient-ils donc imprécis ou infidèles dans leur description du « métier de dirigeant de PME » ? Formuler ainsi la question est incorrect : leur mission n’est pas le « rendu » exact de ce métier. Leur objectif est, évidemment et d’abord, de raconter de belles histoires qui mettent en scène des personnages avec des caractères interprétés par de grands acteurs qui nous font ainsi passer deux heures agréables. Mais dans la mesure où le cinéma est aussi porteur de message, on peut s’interroger sur la pertinence, la véracité et donc l’impact de ce message « latéral » ainsi délivré sur le patron de PME. Les optimistes trouveront que, souvent, certains traits de caractère sont bien rendus, vitalité, ténacité, obstination, goût du pouvoir, capacité à se faire entendre. Les pessimistes penseront que, Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 Introduction Christian Marbach 7 par ailleurs, la vraie histoire de l’entreprise et la vraie description du métier de dirigeant ne peuvent pas se retrouver dans l’accumulation ainsi aléatoire de bribes de films. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 Introduction Christian Marbach 8 La démarche que nous avons proposée à Pierre Louart, Gérard Dokou, Hervé Molin et Audrey Nirrengarten, qui participent avec succès au lancement d’un centre de réflexion sur le métier de dirigeant, est évidemment plus professionnelle – donc, aussi, moins imagée ! C’est qu’analyser un métier peut être aussi une aventure scientifique, et a été une démarche scientifique entreprise par un certain nombre de chercheurs, d’économistes et de sociologues. Vous trouverez donc ici une synthèse aussi complète que possible de toutes ces analyses. Le lecteur s’apercevra, très vite, que finalement les chercheurs qui nous proposent leur «portrait » du métier en font, aussi, des lectures très diverses, en fonction de l’outil qu’ils utilisent, et de la grille de raisonnement qu’ils privilégient. Le métier de dirigeant de PME ne peut-il être lu sans idées préconçues ? Aucune observation précise du travail d’un patron plombier n’arrive à gommer, pour certains, son image d’employeur, donc d’exploiteur. Pour d’autres, heureusement, le métier s’analyse selon d’autres théories plus attachées à la création de biens et à l’innovation. D’autres encore privilégient l’analyse des traits de caractère dominants et essaient de rechercher des lignes directrices homogénéisantes dans la variété incroyable des métiers. Toutes ces analyses sont à mon avis plus utiles par leur juxtaposition que par leur lecture isolée qui risque, chaque fois, de privilégier un seul aspect d’une réalité complexe, et donc de fournir un portrait déformé, anamorphosé – avec un zoom insistant sur une seule partie de l’ensemble. Pour ajouter, d’ailleurs, une autre analyse avec un autre outil qui nous paraît avoir aussi sa justification, l’Observatoire des PME a mis en route une étude et va diffuser très bientôt ses résultats, en interrogeant les patrons de PME sur la réalité de leur emploi du temps : à quoi passez-vous votre temps ? Nul doute que nous obtiendrons des éléments très intéressants sur la réalité de leur travail et donc de leur préoccupation, même si « remplir les papiers » n’est pas simplement « accomplir des tâches de gestion », si « lire des revues professionnelles » n’est pas simplement faire des efforts de formation technologique, et si déjeuner avec un client ne s’assimile pas à cent pour cent à une étude de marché ou à un acte d’après-vente. Et puis, une telle approche nous redonnera une autre vérité, celle du terrain, celle du métier. Car le métier de dirigeant de PME, souvent seul, souvent accompagné d’un très petit nombre d’employés ou de compagnons, ce n’est pas simplement « assumer une responsabilité stratégique globale ». C’est aussi, et surtout, tenir soi-même un arc à souder (je reviens là à Tucker), définir en détail un plan d’immeuble, pétrir soi-même son pain (je repense, ici, à Raimu), visiter les bouchots de moules, nettoyer et entretenir les machines à traire de sa ferme, repasser les costumes confiés par les clients de sa teinturerie, se lever de très bon matin pour aller s’approvisionner au marché de gros, dessiner et installer un chien-assis dans un toit de pavillon de banlieue, traiter esthétiquement les rides d’une visiteuse de son cabinet, ou charger un camion de déménagement avant de partir pour huit cents kilomètres de route. Voilà aussi, voilà surtout peut-être le métier de dirigeant de PME. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 Introduction Christian Marbach 9 Sommaire Introduction Parlons cinéma Christian Marbach, président Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 Sommaire Dirigeant de PME, un métier ? Éléments de réponse L’ÉTUDE 10 Préambule 15 I QUI SONT LES DIRIGEANTS DE PME ? 19 1. De qui parle-t-on ? 1.1. L’approche sémantique : une multitude de termes et de définitions 1.2. L’approche statistique : une classification hétérogène à préciser 1.3. Une approche dynamique : le dirigeant dans son environnement 21 2. 21 23 25 L’émergence du dirigeant de PME comme objet d’étude 2.1. Du Moyen Âge au XXe siècle : des conceptions politiques et historiques fluctuantes du dirigeant d’entreprise 2.2. L’intérêt croissant pour la PME et son dirigeant 29 II QU’EST-CE QUE LE MÉTIER DE DIRIGEANT DE PME ? 35 1. Diriger une PME : un métier spécifique ? 1.1. Gestion de la PME : diversité ou spécificité ? 1.2. Une gestion personnifiée 37 D’une approche psychologique à une logique compétence 2.1. Motivations et traits de personnalité 2.2. Valeurs et vision stratégique 2.3. Activités et compétences 2.4. Une synthèse : les différentes typologies de dirigeants 40 Les interactions avec l’environnement : quels impacts sur le métier ? 3.1. L’entourage du dirigeant 3.2. L’isolement face aux décisions importantes 3.3. Les réseaux de chefs d’entreprise 3.4. Le recours au conseil 3.5. La formation 3.6. Vers de nouveaux modes d’accompagnement du dirigeant ? 52 2. 3. 29 33 38 38 40 42 43 49 52 54 54 57 59 61 III DIRIGEANT DE PME : UN MÉTIER EN ÉVOLUTION 65 1. De nouveaux dirigeants 67 1.1. Les nouveaux créateurs et les repreneurs 1.2. Les dirigeants de la nouvelle économie 1.3. Les franchisés 1.4. Les femmes dirigeantes : un mode de management différent ? 1.5. L’influence de la culture d’origine 67 73 REGARDS SUR LES PME N°8 Un nouvel environnement 2.1. Technologies de l’information et de la communication (TIC) et économie du savoir 2.2. Des marchés mondialisés plus exigeants 74 Sommaire 2. 69 71 72 Dirigeant de PME, un métier ? 74 76 11 CONCLUSION 78 ANNEXES 80 Annexe 1 : Catégories statistiques Annexe 2 : Caractéristiques socio-économiques 80 83 LA TRIBUNE 1. Comprendre le rôle du dirigeant dans le collectif de l’entreprise, Christian Jouvenot 91 2. Dirigeant de PME : un métier au cœur de la performance économique, Renée Ingelaere 93 3. Compétences et professionnalisation des dirigeants-entrepreneurs, Françoise Cocuelle 95 4. Dirigeants de PME, parlons de notre métier, Pierre Fonlupt 97 5. Chef d’entreprise, investir et se battre pour créer, Jean-François Bernardin 6. Une étude remarquable par de nombreux aspects, Alain Griset 7. La formation, un enjeu stratégique pour les dirigeants de PME, 8. 99 102 Joël Ruiz 104 Dirigeant de PME, un métier d’avenir, Serge Boscher 107 Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS Sommaire 12 1. 2. 3. 4. 5. Auteurs, contributeurs, remerciements Méthodologie Lexique et sigles Sources documentaires Index des auteurs cités 111 113 114 116 124 L’OBSERVATOIRE DES PME Présentation Méthode La recherche universitaire Publications : Regards sur les PME, www.oseo.fr Les membres : le groupe OSEO, la Caisse des Dépôts 126 127 128 129 130 Dirigeant de PME, un métier ? ÉLÉMENTS DE RÉPONSE PRÉAMBULE Si les PME se signalent par leur diversité, elles partagent néanmoins une caractéristique essentielle : l’existence d’un personnage clé, le dirigeant auquel est dévolu un rôle essentiel. Il était donc logique que l’Observatoire des PME cherche à mieux connaître les dirigeants de PME, pour éclairer le fonctionnement et les besoins des petites et moyennes entreprises ; rappelons en effet les principales missions de l’Observatoire des PME : recenser les informations disponibles sur les PME, clarifier les concepts utilisés, comparer les situations en France et à l’étranger, combler les lacunes de la connaissance, diffuser les informations. Pour la réalisation de ses missions, l’Observatoire procède par approche quantitative et qualitative et fait appel à des compétences complémentaires : les services d’études du groupe OSEO, le monde universitaire, des entreprises de conseil et d’enquête statistique. L’Observatoire des PME a donc jugé essentiel de mettre en œuvre une étude permettant de décrire, comprendre, et mettre en évidence les différents aspects du métier et l’organisation du temps du dirigeant de PME. Pour cela, il a suivi la méthode suivante : Dans une première approche, il a semblé logique et nécessaire de réaliser l’analyse et la synthèse des connaissances existantes sur le sujet : c’est l’objet de la présente publication de présenter les résultats de ce travail. Dans une seconde approche, qui donnera également lieu à publication, un regard extrêmement proche est porté sur le dirigeant de PME au moyen d’une enquête conduite auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 dirigeants de PME, afin d’observer la façon de gérer le temps et la charge de travail, et de coordonner et organiser les activités de l’entreprise, le degré de planification des tâches, la relation à l’urgence, la rapidité du processus décisionnel, la gestion du réseau relationnel, et la capacité à élaborer une vision stratégique de l’entreprise. La présente publication correspond à la première des deux approches ci-dessus : elle a pour objectif de dresser le panorama le plus complet existant à ce jour des travaux académiques ainsi que des connaissances les plus significatives produites au sein d’organismes institutionnels sur le métier de dirigeant de PME. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE Préambule 15 En effet, comme il est écrit sur le site Internet du ministère des PME, « être chef d’entreprise est un métier à part entière, aux complexités indiscutables, où l’empirisme, le flair et la chance ne compenseront jamais l’incompétence et l’inexpérience. » Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE Préambule 16 Comme toutes les études conduites par l’Observatoire des PME, celle-ci peut être déclarée « achevée mais ouverte » tant il est vrai en effet que l’intérêt que suscitent le dirigeant de PME, la PME en général, la création d’entreprise et le développement de l’esprit d’entreprise semble croissant dans notre pays, en partie grâce à l’action des pouvoirs publics. Cette étude a été réalisée par le Centre de ressources et de prospective sur le métier de dirigeant de PME, présenté dans la partie « Compléments ». Les auteurs se sont appuyés sur trois types de sources : - en premier lieu l’ensemble des travaux académiques de langue française, essentiellement en sciences de gestion et en sciences économiques, et plus particulièrement les publications et communications des conférences de l’AIREPME (Association internationale de recherche sur l’entrepreneuriat et les PME), l’AIMS (Association internationale de management stratégique), l’Académie de l’Entrepreneuriat ; - les études, ouvrages, rapports, articles et travaux d’instances de représentation ou de groupements de dirigeants, ainsi que les travaux de l’Observatoire des PME ; - des données statistiques françaises et, de façon plus ponctuelle, européennes. Une telle synthèse bibliographique impose nécessairement la mention d’un grand nombre d’auteurs ; afin de ne pas alourdir la lecture, le nom de chaque auteur et la date de la publication auxquels se réfèrent les idées présentées ont été indiqués entre parenthèses au fil du texte. Le lecteur trouvera de plus amples informations bibliographiques dans la partie « Compléments ». Trois grands axes de questionnement ont guidé l’exploitation puis la synthèse des ressources bibliographiques : - Partie 1. Qui sont les dirigeants de PME ? Comment définir le dirigeant de PME ? Comment les dirigeants de PME sont-ils décrits et analysés dans les différents travaux qui leur ont été consacrés ? - Partie 2. Qu’est-ce que le métier de dirigeant de PME ? De quelles connaissances dispose-t-on sur les composantes de ce métier ? Quelles sont les principales théories et analyses développées dans la recherche académique et dans les autres travaux significatifs ? - Partie 3. Dirigeant de PME : un métier en évolution Quelles sont les évolutions récentes de ce métier ? Quelles sont les évolutions prévisibles et prévues ? Quelles sont les perspectives de la recherche ? Sur chacune de ces trois parties, les auteurs ont donc effectué une recherche d’information dans les sources bibliographiques, et lorsque ces sources ne permettaient pas de traiter certains aspects du thème, ils ont signalé la lacune comme méritant un approfondissement. Il s’agit donc de pistes de travaux à conduire ultérieurement. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE Préambule 17 L’étude I. Qui sont les dirigeants de PME ? Malgré l’accent mis par les médias sur les chefs d’entreprise ces dernières années, les dirigeants de PME françaises restent assez mal connus : il existe peu d’ouvrages ou d’études accessibles au grand public qui traitent directement des spécificités du responsable de PME. L’actualité économique concerne plus facilement le management et l’organisation des grands groupes que des petites structures. Le recueil de l’information sur les grandes entreprises est sans doute plus aisé, plus lisible, plus institutionnalisé. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE D’emblée, il faut s’interroger sur les raisons de ce constat. Manque d’intérêt, difficulté d’analyse, complexité du champ d’étude… ? Il était donc opportun de dresser un état des lieux de la façon dont les dirigeants de PME sont perçus. 1. DE QUI PARLE-T-ON ? Peut-on définir ce qu’est un dirigeant de PME ? Le recours aux définitions économiques et statistiques, ainsi que quelques données brutes apportent des éléments pour définir les contours de ce champ d’étude qui reste avant tout marqué par une grande diversité. La première étape logique pour décrire le dirigeant de PME serait de s’accorder sur une définition unique. Mais la réalité est différente. Il existe de nombreuses définitions du dirigeant de PME, ne serait-ce que parce qu’il existe plusieurs expressions courantes pour désigner ce rôle et cette fonction (approche sémantique). L’approche statistique s’appuie sur des définitions différentes. La caractérisation du dirigeant de PME nécessite donc une approche dynamique s’appuyant sur l’environnement du chef d’entreprise. 1.1. L’approche sémantique : une multitude de termes et de définitions Plusieurs termes sont synonymes pour désigner le dirigeant de PME : patron, dirigeant, chef d’entreprise, entrepreneur, manager… La variété des désignations ne cache pas forcément des divergences de sens. Les mots utilisés mettent plutôt chacun l’accent sur une partie du « métier » de dirigeant. Par exemple, patron (en latin patronus, « modèle », « protecteur », « avocat », et en italien padrone, « maître de maison »), souligne un côté soutien et protecteur. Mais l’on constate une double dérive du mot, dans des registres revendicatif (poujadiste) et paternaliste qui sont quelque peu dépréciés aujourd’hui. I. Qui sont les dirigeants de PME ? 21 Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE I. Qui sont les dirigeants de PME ? 22 L’entrepreneur désigne historiquement le négociant capitaliste qui apparaît au sein de la bourgeoisie, synonyme anglais d’adventurer et d’undertaker. Animé par l’esprit d’entreprise, il prend des risques. Le sens donné au mot « entrepreneur » a notablement varié selon les époques et le contexte dans lequel il était utilisé (Uzunidis et Boutillier, 1995). Aujourd’hui, l’entrepreneuriat est devenu un champ de recherche à part entière, propre à la création d’une entreprise et au lancement d’un projet. Si l’on dépasse cette première notion de créateur d’entreprise, l’entrepreneur est celui qui agit de façon proactive par rapport à son environnement. Cette qualité peut s’exprimer en dehors de la création d’activité, à différentes phases du cycle de vie de l’organisation. Dans cette optique, tous les chefs d’entreprise ne sont pas nécessairement entrepreneurs, dès lors qu’ils privilégient une approche plus centrée sur la gestion que sur le développement de leurs activités. De même la qualité d’entrepreneur n’est pas non plus réservée au dirigeant. « Ainsi ce serait moins l’homme qui fait l’entrepreneur que la situation, et des situations seraient plus entrepreneuriales que d’autres » (Fonrouge, 2002). Il existe des recherches sur l’intrapreneur (Louart, Beaucourt et Carrier, in Verstraete, 2000), celui qui fonctionne comme un quasientrepreneur dans des entreprises où il est salarié. On parle également de coentrepreneur pour désigner le collaborateur de dirigeant de PME en situation permanente de créativité, de prise d’initiative et de conception de projet de développement (Dokou, 2004). Ce type de rôle (ou de vocation) peut être un chemin d’expérience avant de s’installer à son compte ou de reprendre une entreprise. Le terme manager est d’inspiration anglo-saxonne. Le Petit Robert donne pour définition de manager : « chef, dirigeant d’une entreprise ». Or, les managers ne sont pas tous chefs d’entreprise. Aujourd’hui, ce terme a été intégré à la langue française et désigne plutôt les cadres* ou responsables d’équipes. On l’étend souvent à la notion de cadre dirigeant pour mieux prendre en compte les niveaux de responsabilité et de rémunération dont bénéficient certains salariés. Le terme chef d’entreprise est donc le plus couramment utilisé. Chef d’entreprise est clair : le « chef » est celui qui est à la tête – de caput, « tête ». Toutefois certains dirigeants préfèrent l’expression « animateur d’équipes » pour mieux mettre l’accent sur la qualité qu’exige l’exercice de leur métier. * Les mots suivis d’un astérisque sont définis dans le lexique en fin d’ouvrage. Nous privilégions dans cette étude le concept de dirigeant qui correspond à la désignation la plus globale de l’activité. Un dirigeant « dirige », il organise – met en ordre – et conduit – donne des ordres. 1.2. L’approche statistique : une classification hétérogène à préciser Les informations statistiques dont on dispose sont peu nombreuses pour décrire les dirigeants de PME et appréhender leur activité professionnelle. Les catégories statistiques existantes s’appuient sur des définitions différentes. 1.2.1. L’Institut national de la statistique et des études économiques regroupe au sein de la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS* INSEE, 2003) les « Artisans, commerçants et assimilés, et chefs d’entreprise » dans la même PCS, qui comprend plus de 1,4 million d’actifs occupés. Elle inclut : « les actifs qui mettent en valeur un capital économique en tant que chef de leur propre entreprise, mais travaillant seul ou qui n’emploient qu’un petit nombre de salariés, dans un domaine où l’aspect travail manuel est important, en dehors de l’agriculture ». La définition complète est disponible en annexe. Le champ ne permet pas de recouper ces données avec celles fournies par SIRENE1 concernant le nombre de PME. Il convient de noter que la PCS « Artisans, commerçants et assimilés, et chefs d’entreprise » intègre notamment les gérants de sociétés, qu’ils soient majoritaires ou non, les aides familiaux, mais ne regroupe pas tous les indépendants2. Les dirigeants d’exploitations agricoles n’appartiennent pas à cette PCS. Les artisans, commerçants et chefs d’entreprise de plus de 10 salariés 2002 Artisans Commerçants Chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus TOTAL REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE I. Qui sont les dirigeants de PME ? 23 La classification de l’INSEE PCS Dirigeant de PME, un métier ? 685 709 621 485 121 645 1 428 839 Source : enquête Emploi, 2002. INSEE/Traitement DCASPL3 1. « Système informatique pour le répertoire des entreprises et de leurs établissements » géré par l’INSEE. 2. Les précisions méthodologiques sont disponibles en annexe. 3. La mention « Traitement DCASPL » indique que les données ont été extraites et agrégées par les services de la DCASPL. Zoom sur la profession des chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus Nombre en 2002 Profession Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 Chefs de grande entreprise (500 salariés et plus) Chefs de moyenne entreprise (50 à 499 salariés) Chefs d’entreprise du bâtiment ou des travaux publics (10 à 49 salariés) Chefs d’entreprise de l’industrie ou des transports (10 à 49 salariés) Chefs d’entreprise commerciale (10 à 49 salariés) Chefs d’entreprise de service (10 à 49 salariés) TOTAL 2 635 15 095 17 557 40 746 20 148 25 464 121 645 L’ÉTUDE Source : enquête Emploi, 2002. INSEE/Traitement DCASPL I. Qui sont les dirigeants de PME ? 24 L’enquête SINE de l’INSEE, système d’information sur les nouvelles entreprises, a pour objectif de suivre pendant cinq ans une génération d’entreprises issue de création ex nihilo, de reprise ou de réactivation. Trois générations de 1994, 1998 et 2002 ont ainsi été suivies. L’enquête inclut des éléments d’informations sur l’entrepreneur : sexe, âge, qualification, situation et expérience antérieure, niveau de diplôme. Le projet de création et la situation de l’entreprise au moment de l’enquête, ainsi que ses éventuelles perspectives de développement sont également intégrés. Des informations issues de cette enquête seront exploitées dans la partie III, 1 « Dirigeant de PME : un métier en évolution – De nouveaux dirigeants ». 1.2.2. La nomenclature de la DARES et le recensement du CEPME La DARES1 s’appuie sur une nomenclature spécifique des métiers fondée sur la famille professionnelle ou FAP, issue du rapprochement du répertoire opérationnel des métiers et des emplois (ROME*), utilisé par l’ANPE, et de la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS)2. La DARES recense ainsi plus de 118 000 dirigeants d’entreprises de PME. La définition du métier de dirigeant de PME issue du ROME est détaillée dans la partie II, 2.3 « Qu’est-ce que le métier de dirigeant de PME ? – Activités et compétences ». 1. Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale 2. La FAP permet d’exploiter le champ des « dirigeants de petites et moyennes entreprises » (L600). Cet agrégat regroupe les professions répertoriées dans la PCS sous les professions « chefs de moyenne entreprise (50 à 499 salariés ; 2320) », « chefs d’entreprise du bâtiment ou des travaux publics (10 à 49 salariés ; 2331) », « chefs d’entreprise de l’industrie ou des transports (10 à 49 salariés ; 2332) », « chefs d’entreprise commerciale (10 à 49 salariés ; 2333) », « chefs d’entreprise de service (10 à 49 salariés ; 2334) ». Cet agrégat ne tient pas compte de la PCS 2310 relative aux chefs de grande entreprise de 500 salariés et plus. Les entreprises de moins de 10 salariés ne sont pas non plus prises en compte. Par ailleurs, il faut signaler que les dirigeants de PME de 10 à 499 salariés ont fait l’objet d’une enquête approfondie et d’un ouvrage de référence de Bertrand Duchéneaut, publié en 1996 avec le soutien du CEPME (Crédit d’équipement des petites et moyennes entreprises, actuel OSEO bdpme). Ce rapide panorama des sources statistiques existantes met en valeur l’hétérogénéité des définitions sur lesquelles elles s’appuient. Face à ce constat, il est légitime d’exprimer le souhait que soit créée au sein des appareils statistiques nationaux une catégorie « Dirigeants de PME » dont la définition incontestable respecterait au minimum la définition européenne de la PME (critère de taille et d’indépendance) et tous secteurs d’activité confondus. En fait, la difficulté à « catégoriser » tient notamment à la diversité des situations des dirigeants de PME. Il apparaît nécessaire de compléter les informations basées sur la taille ou le secteur d’activité par une approche croisée entre les activités des dirigeants et les caractéristiques de leurs entreprises. 1.3. Une approche dynamique : le dirigeant dans son environnement L’idée de mettre en rapport les dirigeants et leurs entreprises est donc fondamentale. En effet, leur métier ne peut se comprendre qu’à travers les interactions permanentes avec leur environnement et leur organisation. Pour mieux définir le dirigeant de PME, il est donc important de prendre en compte le cadre dans lequel il est placé. 1.3.1. La diversité des PME La définition de PME varie selon les pays ou les objets de réflexion. Il n’y a pas de définition unique de la PME et les critères retenus diffèrent selon les textes législatifs ou réglementaires instituant des dispositifs d’aide en direction des PME. Néanmoins, la définition européenne fait de plus en plus autorité. Le premier numéro de la revue « Regards sur les PME », PME : clés de lecture fait le point sur les définitions, dénombrement et typologies utilisés. 1.3.2. Forme juridique de l’entreprise et statut du dirigeant Il existe différents types d’entreprises et de formes juridiques, qui vont avoir une incidence sur les activités des dirigeants. La forme Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE I. Qui sont les dirigeants de PME ? 25 juridique de l’entreprise détermine le statut du dirigeant et les responsabilités qui lui incombent, notamment du point de vue financier. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE I. Qui sont les dirigeants de PME ? 26 L’entreprise individuelle est la forme la plus courante et la plus simple adoptée souvent par les petites organisations ou les microentreprises ; mais les risques pour le dirigeant sont importants, puisque sa responsabilité est totale et indéfinie. La constitution d’une société permet de limiter cette responsabilité (EURL ou SARL unipersonnelle par exemple), et éventuellement de la partager avec un ou des associés (SARL, SA par exemple). Dans le cas d’une SNC (deux associés au moins), tous les associés sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes de l’entreprise sur leur patrimoine personnel. La SCOP, qui peut exercer son activité dans tous les domaines, sous forme de SA ou SARL, est une société dont les salariés sont associés majoritaires et participent aux décisions, à la gestion et aux résultats selon des principes coopératifs de démocratie dans l’entreprise. Cette liste, non exhaustive, souligne déjà la variété des conditions d’exercice. Par ailleurs, précisons que la terminologie « profession libérale » ne désigne pas un statut particulier mais une activité. Il faut différencier les professions libérales dites « réglementées » et les « non réglementées ». Selon les cas, le statut social, juridique et fiscal du dirigeant sera différent. Les dirigeants seront assimilés salariés concernant leur régime social (président-directeur général par exemple), ou considérés comme non salariés (gérant de SARL majoritaire par exemple). 1.3.3. Mode d’exploitation de l’entreprise et place du dirigeant Avec le choix d’un statut juridique traité ci-dessus, le mode d’exploitation de l’entreprise a aussi des impacts sur le métier exercé par le dirigeant. 1.3.3.1. Les franchisés et les filiales Si l’indépendance de l’entreprise est réelle sur le plan juridique, le dirigeant d’une entreprise franchisée exercera cependant ses activités et ses responsabilités dans un cadre particulier déterminé par le contrat de franchise. Il faut mentionner également que certaines structures s’apparentent à des PME par leur taille, mais ne sont pas comptabilisées comme telles par la définition européenne car elles ne sont pas indépendantes et appartiennent à un groupe. Les modalités de gestion seront également différentes car intégrées dans des processus fonctionnels et hiérarchiques. De même, l’indépendance stratégique et l’autonomie de décision du dirigeant d’une entreprise de sous-traitance liée à un ou des donneurs d’ordre apparaissent comme très contraintes et relativement limitées : la gestion de l’entreprise peut être encadrée par un système de cahier des charges et de normes qualité/produits. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE I. Qui sont les dirigeants de PME ? 1.3.3.2. Les entreprises familiales 27 Certaines entreprises sont exploitées dans un cadre familial. Des membres d’une même famille peuvent être associés au sein d’une société. Lorsque le conjoint travaille aux côtés du chef d’entreprise, il assure souvent des fonctions clés et complémentaires avec celles du dirigeant. S’il n’est pas déclaré comme conjoint collaborateur, salarié ou associé, le conjoint peut ne pas avoir de statut particulier, et son activité n’est alors pas reconnue officiellement. Une nouvelle loi Entreprise est en préparation par le ministre en charge des PME et devrait créer un nouveau statut pour le conjoint collaborateur. La définition de ce qu’est une entreprise familiale fait encore débat parmi les chercheurs (Amann et Allouche, 2000). Faut-il se limiter à un critère quantitatif, comme le pourcentage de capital détenu par la famille, ou prendre en compte des notions plus qualitatives concernant l’influence et le contrôle réels exercés par des membres de la famille ? 1.3.3.3. Les indépendants Certains travailleurs indépendants qui exercent une activité non salariée préfèrent ne pas être employeur, et exercer seuls leur activité. Des modalités particulières d’accompagnement de l’entrepreneur indépendant existent. Signalons par exemple que certains indépendants ont choisi le portage salarial comme cadre de leurs activités. Ils bénéficient alors d’un statut de salarié, ainsi que de certains services administratifs, et reversent à la société de portage une partie de leur chiffre d’affaires. Les travailleurs indépendants doivent assurer leur rentabilité, gérer leur croissance et effectuer des choix stratégiques en termes de positionnement sur leur marché : autant d’éléments que l’on retrouve chez les dirigeants qui animent une équipe. 1.3.4. Un socle commun : les responsabilités du dirigeant Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE I. Qui sont les dirigeants de PME ? Cette diversité ne doit pas masquer certaines caractéristiques communes à tous les dirigeants de PME. Malgré la diversité des statuts, les dirigeants ont en commun d’assumer des responsabilités importantes. Les risques encourus sont importants. Ils sont à la fois d’ordre juridique, financier, économique et social. Ils impliquent le dirigeant à titre personnel et professionnel. Le dirigeant porte aussi une responsabilité vis-à-vis des salariés qu’il emploie. 28 Il n’existe donc pas une définition unique du dirigeant de PME. Selon l’approche adoptée, la population sera plus ou moins étendue. Il faut donc garder à l’esprit à la fois la grande variété des situations et les spécificités liées à la PME. Le tableau qui suit récapitule les variables descriptives de la diversité des dirigeants de PME avec leurs valeurs possibles. Pour compléter ces approches, il faut étudier comment l’émergence de la PME et de son dirigeant comme objet d’étude a permis de mieux connaître le chef d’entreprise. Les éléments de diversité des dirigeants de PME Variables Valeurs Variété des désignations Dirigeant, entrepreneur, patron, chef d’entreprise, manager, responsable… - Taille - Indépendance - Industrie, Transport, BTP, Commerce, Services, Nouvelles technologies… - Conditions d’accès réglementées - Artisanale - Profession libérale - Indépendants - Franchisée… - Entreprise personnelle, entreprise à responsabilité limitée, société par action… - Salariés ou non - Seule ou partagée - Majoritaire ou minoritaire - Expérience préalable (ancien dirigeant, étudiant, salarié, demandeur d’emploi…) - Modalités d’accès à la fonction (repreneur, créateur, successeur…) - Formation initiale - Zone urbaine (taille des communes d’implantation) ou rurale - Zone frontalière, isolée - Ancrage territorial fort, développement à l’international… - Niveau de salaire - Variation des revenus d’activité Définition de la PME Secteur d’activité Statut de l’entreprise Forme juridique et statut des dirigeants Propriété de l’entreprise Variété des parcours Territoire Revenus Des données statistiques concernant ces éléments sont disponibles en annexe. 2. L’ÉMERGENCE DU DIRIGEANT DE PME COMME OBJET D’ÉTUDE La recherche d’une « caractérisation » du dirigeant de PME passe également par l’analyse des conceptions politiques et historiques du chef d’entreprise. L’intérêt croissant qu’il suscite dans la société tend à légitimer la PME et son dirigeant comme objets de recherche à part entière. 2.1. Du Moyen Âge au XXe siècle : des conceptions politiques et historiques fluctuantes du dirigeant d’entreprise C’est tout d’abord la figure de l’entrepreneur qui a fait l’objet d’analyse, notamment de la part des économistes. Le terme « dirigeant » n’apparaît que plus tard, au XIXe siècle. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE I. Qui sont les dirigeants de PME ? 29 2.1.1. Les premières conceptions théoriques et historiques : l’entrepreneur Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE I. Qui sont les dirigeants de PME ? 30 Le contexte historique et culturel peut expliquer la difficile émergence du métier de chef d’entreprise comme objet d’étude. Différentes théories d’économistes, témoignages d’historiens et représentations sont issus de ce contexte. • Du Moyen Âge à l’entrepreneur bourgeois L’image de celui qu’on appelle longtemps entrepreneur est effectivement empreinte de clichés. Au Moyen Âge, la figure du marchand émerge et se distingue de l’artisan. Avant la première révolution industrielle, l’entrepreneur, celui qui prend des risques, devient peu à peu un capitaliste. Cependant, la théorie économique classique (à l’exception de Jean-Baptiste Say) et surtout néoclassique va relativiser le rôle joué par l’entrepreneur. Les économistes confèrent au dirigeant une place variable. Werner Sombart (1863-1941) attribue à « l’inventeur capitaliste » des qualités psychiques, tandis que Léon Walras (1834-1910), pour qui l’entrepreneur n’est qu’un intermédiaire entre le capital et le travail, ne lui reconnaît pas de qualités spécifiques (Uzunidis et Boutillier, 1995). La théorie schumpetérienne place le rôle de l’entrepreneur au cœur de son analyse. Celui-ci est avant tout un inventeur, agent du changement, mais être entrepreneur pour Joseph Schumpeter ne constitue pas une profession ni un état permanent. L’entrepreneur se distingue du capitaliste, et sa fonction n’est pas liée à un statut (Liouville, 2002). F. Piotet (in Caspar, 1993) retrace « la lente et difficile construction de l’identité du dirigeant d’entreprise ». La bourgeoisie d’où étaient issus les marchands développe des valeurs qui lui sont propres. Pour Max Weber, auteur de L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, les entrepreneurs à l’origine du capitalisme « furent élevés à la dure école de la vie, calculateurs et audacieux à la fois, des hommes avant tout sobres et sûrs, perspicaces, entièrement dévoués à leur tâche, professant des opinions sévères et de stricts ”principes“ bourgeois ». L’entrepreneur est donc plutôt perçu comme un inventeur qui dispose d’aptitudes entrepreneuriales. Il a néanmoins reçu une bonne éducation car il est issu de la bourgeoisie. • De la révolution industrielle au XXe siècle La révolution industrielle voit apparaître les grandes usines et le paternalisme à l’égard des ouvriers. En parallèle, l’idéologie marxiste et le langage contestataire des premiers syndicalistes stigmatisent le « patron exploiteur ». Précisons d’ailleurs que pour Karl Marx le capitaliste est tout aussi aliéné que le salarié, car il est contraint par la logique capitaliste de se développer sans cesse, et ce système étant instable, il vit dans la même insécurité que l’ouvrier. Alfred Marshall, économiste néoclassique, souligne que l’entrepreneur est mal aimé parce qu’il s’enrichit. Le mythe du self-made man ne parvient pas à renverser cette tendance. En France, le patronat devient un objet d’étude tardif pour les sociologues, qui s’intéressent plus à la conscience ouvrière. Il faut attendre le milieu des années 1980 pour que les sociologues s’intéressent à la classe dirigeante (Le Breton, Colloque ISEOR, 1998), et complètent ainsi les travaux des économistes et chercheurs en management. Il faut également signaler que les points de vue des économistes, très modélisateurs, sont prolongés par les travaux des historiens. Ceux-ci s’intéressent particulièrement aux comportements concrets et personnalisés des entrepreneurs. Des monographies d’historiens ont alors permis de rendre compte de certaines attitudes clés, certaines qualités, et de certains besoins au regard du contexte dans lequel les entrepreneurs évoluent avec leur organisation. 2.1.2. Au XXe siècle, l’émergence du capitalisme managérial L’émergence du capitalisme managérial éclipse la figure de l’entrepreneur propriétaire. Le capitalisme managérial apparaît aux ÉtatsUnis dans les années 1920-1930 et est caractérisé par la distinction entre les actionnaires, notamment familiaux, et le dirigeant (manager) qui occupe le devant de la scène. Au XXe siècle, le pouvoir ne se fonde plus sur la propriété du capital mais sur la capacité entrepreneuriale du dirigeant. La distinction entre capitaliste et entrepreneur évoquée notamment par Joseph Schumpeter s’accroît avec la concentration du capital et la constitution des grands groupes à l’issue de la Première Guerre mondiale. Les modes de régulation qui avaient cours dans les manufactures du siècle précédent ne fonctionnent plus et laissent la place à une organisation scientifique et rationnelle du travail. Le pouvoir appartient désormais à l’organisation et à la technostructure. Parallèlement, la structure financière des entreprises et le recours aux marchés financiers impliquent de nouveaux modes de gouvernance. C’est la grande entreprise capitalistique qui concentre toutes les attentions. Les spécificités des dirigeants de PME, qui tiennent aux notions de responsabilité et au fondement de leur pouvoir, ne sont donc que peu Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE I. Qui sont les dirigeants de PME ? 31 étudiées, notamment parce qu’elles ne correspondent pas aux préoccupations des observateurs de l’économie mondiale, plus soucieux de ce qui se joue dans les grandes entreprises. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE Le pouvoir ne se fonde plus sur la propriété du capital. Ainsi, les fondateurs des théories du management, comme Mintzberg, ne font pas la distinction entre le manager et le propriétaire de son entreprise. En France, dans la seconde moitié du siècle, deux conceptions fortes alimentent le débat sur la définition de dirigeant de PME. I. Qui sont les dirigeants de PME ? 32 • La Confédération générale des PME, fondée en 1944, propose une définition représentative d’une identité forte: « Les petites et moyennes entreprises sont celles dans lesquelles les chefs d’entreprise assument personnellement et directement les responsabilités financières, techniques, sociales et morales de l’entreprise, quelle que soit la forme juridique de celle-ci » (Article 2 des statuts). Pour Léon Gingembre, fondateur de la CGPME, il est nécessaire de distinguer le « patronat réel » du « patronat de gestion »1. • Pour Yvon Gattaz, ancien président du CNPF, fondateur de l’ASMEP (Association des moyennes entreprises patrimoniales), les dirigeants effectifs sont ceux qui ont le pouvoir d’influencer ou de prendre les décisions stratégiques de l’entreprise. Lorsque ceux-ci détiennent une part significative du capital de l’entreprise, il s’agit d’entreprises patrimoniales. Bien entendu, cette particularité impacte fortement les modalités de gestion de l’entreprise. Les moyennes entreprises patrimoniales, c’est-à-dire les entreprises de 10 à 3 000 salariés possédant cette caractéristique, afficheraient des performances supérieures en termes de croissance (site Internet de l’ASMEP, 2003). Dans la recherche en sciences de gestion, on constate un regain d’intérêt pour la relation entre « propriété » et « pouvoir managérial ». L’idée principale est que le danger d’une mauvaise gestion est moindre quand un manager est propriétaire des biens qu’il administre. Les « risques d’agence » (liés aux divergences d’intérêts, entre actionnaires et dirigeant par exemple) sont moins grands. De plus, un dirigeant propriétaire serait moins obsédé par des profits à court terme, il pourrait donc mener des projets stratégiques sur des durées plus longues. Aujourd’hui le manager et l’entrepreneur constituent plutôt deux idéaux types utilisés par les chercheurs en sciences de gestion que deux personnalités opposées (Fonrouge, 2002). 1. Le « patronat réel » est propriétaire de l’entreprise qu’il dirige et le « patronat de gestion » est le dirigeant d’une entreprise qui ne lui appartient pas. 2.2. L’intérêt croissant pour la PME et son dirigeant 2.2.1. La reconnaissance économique et politique de la PME Les PME n’ont pas toujours été considérées comme des acteurs majeurs de l’économie. Aux États-Unis, la Small Business Administration* est créée en 1956, pour accompagner et protéger les PME, en leur permettant notamment un accès plus juste aux marchés publics. Il faut attendre plus longtemps pour voir en France apparaître le secrétariat d’État aux PME. En effet, le redressement économique de l’après-guerre est soutenu par une politique industrielle qui laisse peu de place à la PME. La culture technique de l’ingénieur prévaut, alors que le modèle anglo-saxon de management commence à pénétrer le système d’enseignement français qui forme les cadres des grands groupes industriels. À partir des années 1970, l’influence de la taille sur les organisations devient un élément fort des recherches en gestion. Le mot d’ordre des économistes et des politiques est « small is beautiful » alors qu’on réalise que les PME sont créatrices d’emploi. La prépondérance des activités de services et la restructuration du tissu économique liée à la crise du milieu des années 1970 peuvent expliquer la croissance du nombre de PME. En France, la création du secrétariat d’État aux PME1, de la BDPME en 1995-1996 et celle de la DECAS (Direction des entreprises commerciales, artisanales et de services) en 1998 confirment cette tendance, renforcée par la création en janvier 2005 du nouveau groupe OSEO regroupant la BDPME, l’ANVAR et l’Agence des PME. La volonté forte des pouvoirs publics et l’accroissement des initiatives entrepreneuriales peuvent expliquer ce regain d’intérêt pour les petites structures. Certains auteurs y ont vu un rééquilibrage structurel entre grandes et petites entreprises, d’autres un renouveau tout relatif au regard des difficultés à cerner le phénomène – problèmes de définition et faible pérennité des jeunes entreprises (Faber, 2002). Cependant, on peut affirmer aujourd’hui que la mobilisation en faveur de l’initiative entrepreneuriale est le reflet d’une réelle dynamique de société. 1. Devenu ministère en 2004. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE I. Qui sont les dirigeants de PME ? 33 2.2.2. L’essor de la PME dans la recherche Néanmoins, du point de vue de la recherche, la PME devient petit à petit un champ, un outil et un objet d’analyse (Torrès, 1998). Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE La création de la Revue internationale PME en 1988 et de l’Association internationale de recherche en PME en 1996 dans le cadre d’une collaboration entre chercheurs français et québécois en atteste. Aux États-Unis, le Journal of Small Business Management publie déjà en 2004 son 42e volume annuel. I. Qui sont les dirigeants de PME ? 34 Le champ de l’entrepreneuriat constitue également un domaine de recherche en sciences humaines récent en France, et plus ancien aux États-Unis. Si les contours de ce champ sont encore parfois discutés, il semble qu’il concerne plus spécifiquement les modalités d’émergence de nouvelles organisations, ou encore de nouvelles activités économiques (pour une revue de littérature sur ce thème, voir Fayolle, 2002, et Saporta, 2003). L’entrepreneuriat est avant tout lié à un changement, un processus d’émergence. Les études sur l’entrepreneur contribuent à compléter le peu d’analyses qui s’intéressent au dirigeant de PME, dans la mesure où tout dirigeant de PME peut être amené à vivre des situations entrepreneuriales. Les chercheurs font apparaître la place centrale du dirigeant au sein de la PME. Ce constat, lié au poids économique des PME, conduit à s’interroger sur la façon de mieux connaître les activités du chef d’entreprise. II. Qu’est-ce que le métier de dirigeant de PME ? Il existe dans l’opinion publique une certaine image « héroïque » du dirigeant de PME, fondée sur des descriptions du preneur de risque, indépendant et innovateur. Or ce portrait qui met l’accent sur certaines spécificités du dirigeant n’est pas suffisamment opérant lorsqu’il s’agit de comprendre quels sont les rôles concrets et les compétences exercées par le dirigeant de PME dans la mise en œuvre de son projet d’entreprise. Aussi nous avons privilégié une approche basée sur l’activité professionnelle du dirigeant de PME, son métier. La notion de métier est en effet plus opérationnelle. Il s’agit d’un « travail dont une personne tire ses moyens d’existence et qui définit son état, sa condition » (dictionnaire de l’Académie française, 9e édition). Ce choix conduit à s’interroger sur la façon de mieux connaître ce métier et ses évolutions afin d’accompagner de façon toujours plus adaptée le dirigeant de PME dans un contexte changeant et incertain, tout en essayant de mieux comprendre la variété des situations qui caractérise les dirigeants de PME. Les travaux récents qui se sont intéressés au dirigeant de PME mettent en évidence un certain nombre de questionnements : pourquoi parlet-on de la spécificité des modes de management en PME ? Quelle est la place du dirigeant dans l’organisation ? Comment évolue-t-elle ? Comment comprendre ses processus de décision et mieux les accompagner ? Différentes approches ont été utilisées pour identifier et comprendre les éléments caractéristiques du métier de dirigeant. Ces approches s’appuient également sur l’étude des interactions du dirigeant avec son environnement. 1. DIRIGER UNE PME : UN MÉTIER SPÉCIFIQUE ? Les caractéristiques du métier de dirigeant de PME semblent nécessairement liées aux spécificités de la PME. Il était donc naturel de rendre compte brièvement des différentes analyses de la PME qui ont été développées. En effet, l’émergence de la PME comme champ d’étude s’est accompagnée d’un vif débat qui conduit à une lecture plurielle des spécificités du métier de dirigeant. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 37 1.1. Gestion de la PME: diversité ou spécificité? Il existe plusieurs courants d’analyse de la PME. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N° 8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 38 Le courant de la spécificité considère la PME comme une organisation qui se distingue de la grande entreprise. La PME constitue donc un concept à part entière. Or la modélisation d’un idéal type, s’il permet de considérer la PME comme un objet de recherche, tend à une généralisation abusive, alors que la réalité montre une grande diversité des situations. Cette théorie de la spécificité caractérise la PME par rapport à la grande entreprise et n’est donc pas totalement satisfaisante. À l’inverse, le courant de la diversité consiste à ordonner cette hétérogénéité en s’appuyant sur des typologies. Mais la difficulté tient au risque de multiplier les observations sans parvenir à dégager des modèles théoriques et notamment opérationnels issus d’hypothèses de recherche solides. Le courant de la synthèse a alors tenté de dégager des typologies complexes, en tenant compte des critiques adressées aux deux précédents courants d’analyse. Toute PME se situe à un point intermédiaire d’un continuum intégrant différentes caractéristiques constitutives de l’hypofirme* (Julien, GREPME, 1994), qui sont : - la taille, - le type d’activité et de produits (traditionnels ou de pointe…), - le type de marché (local ou international, protégé ou ouvert…), - le contrôle de l’entreprise et son organisation (indépendance, appartenance à un réseau, un groupe, centralisation…), - la stratégie (définition et niveau de formalisation, prise de risque…), - la technologie (degré d’innovation, procédé et organisation…). Le rôle du dirigeant reste néanmoins le point commun de ces différents courants théoriques. 1.2. Une gestion personnifiée • La PME peut être perçue comme une ego-firme*, organisation centrée autour du dirigeant, caractérisée par un système de gestion personnifié. Le métier de dirigeant est alors fortement impacté par cette spécificité. Le pouvoir de gestion et la propriété du capital interagissent et fondent ainsi une des principales spécificités de la PME. Les premières définitions qualitatives de la PME ont mis l’accent sur des spécificités fortes. * Les mots suivis d’un astérisque sont définis dans le lexique en fin d’ouvrage. Le dirigeant est présent à tous les niveaux de l’organisation de la structure. Il a sa propre vision de l’entreprise, et il est celui qui peut la communiquer et la partager. Elle est souvent peu formalisée. Il entretient des contacts étroits avec les différents acteurs dans et à l’extérieur de l’entreprise. L’équipe de direction, quand elle existe, est relativement restreinte et peu spécialisée. Ce mode de relation implique également un circuit court de décision et un système d’information peu complexe, basé sur une transmission orale. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE Si la gestion du dirigeant est toujours personnalisée, c’est que ce dernier projette sa personnalité sur son entreprise. Mais il en reçoit aussi des signaux objectifs qui l’obligent à s’ajuster. Le dirigeant, et la façon dont il conçoit son métier, vont interagir avec son environnement. Le chef d’entreprise construit, à partir des caractéristiques propres à son entreprise et à son environnement, un mode de gestion spécifique. Un tel mode de gestion peut être dénaturé par des interventions ou des projets très marquants : intervention d’un consultant dans l’entreprise, projet de développement, arrivée d’un nouveau dirigeant lors d’une reprise. L’omniprésence du dirigeant suppose que la PME ne peut pas être appréhendée comme une grande entreprise miniature. Mais comme le précise Allali (2002), « il ne faut pas en comprendre cependant que le dirigeant, parce qu’il joue un rôle central, agit tout seul au sein de la PME. En effet, il est souvent entouré d’une équipe, informelle la plupart du temps, de collaborateurs, d’amis, de membres de la famille, etc. qui sont autant de conseillers, voire d’éléments de réserve en cas de besoin. Il n’est pas rare non plus de trouver dans la PME un fidèle second […]. » • À la faveur des connaissances acquises sur la PME, une caractérisation plus fine de sa spécificité apparaît. Le mode de gestion spécifique à la PME s’appuie sur des logiques de proximité (spatiale, hiérarchique, fonctionnelle, temporelle, voire familiale) qui constituent alors un principe de hiérarchisation (Torrès, 2000). Autre élément à prendre en compte, un effet « transformant » : les règles ne sont pas les mêmes que dans des structures plus grandes ; certaines données ou certains événements sont grossis ou amplifiés, d’autres réduits ou minimisés, d’autres encore déformés, changeant de nature ou d’intensité. Mahé de Boislandelle (1996) évoque un effet de grossissement dans la gestion des ressources humaines en PME comme par exemple lorsque surviennent des événements tels que II. Le métier de dirigeant de PME 39 l’absence d’un collaborateur, la mise en place d’un nouvel outil ou d’une nouvelle organisation. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 Il apparaît donc que le mode de gestion d’une PME est bien spécifique. Il nous faut maintenant définir la relation entre le rôle, les activités, les missions, bref le métier du chef d’entreprise, et les performances économiques. L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 2. D’UNE APPROCHE PSYCHOLOGIQUE À UNE LOGIQUE COMPÉTENCE 40 Avec le développement de la recherche en PME, plusieurs analyses du dirigeant ont été développées. Le dirigeant a d’abord été abordé à travers ses motivations et traits de personnalité. Cette caractérisation quelque peu héroïque a été peu à peu complétée par l’analyse de ses valeurs et comportements. La compréhension du métier de dirigeant s’appuie également sur les différentes activités qui le composent, et les compétences qui y sont associées. Des typologies de dirigeant ont ainsi pu être dégagées. Pour mieux comprendre le dirigeant de PME, de nombreuses analyses se sont d’abord fondées sur le parcours du dirigeant, ses traits de personnalité et ses aptitudes personnelles à diriger une entreprise. 2.1. Motivations et traits de personnalité Longtemps, les facteurs du succès du dirigeant ont été reliés à des attributs psychologiques, en premier lieu sa personnalité et sa motivation d’entrepreneur. Les premières analyses formalisées par les économistes établissaient la première caractéristique de l’entrepreneur comme la prise de risque (Cantillon). Elles mettaient le plus souvent en exergue des facultés naturelles ou des aptitudes entrepreneuriales. Les approches développées dans les années 1950 aux États-Unis par des sociologues et des psychologues notamment, basées sur la personnalité, postulent que les traits personnels propres aux entrepreneurs les prédisposent à agir de façon particulière. Ces traits de personnalité expliqueraient les succès et la pérennité de l’entreprise. Les entrepreneurs auraient des velléités d’indépendance plus marquées, et pourraient s’appuyer pour réussir sur une forte confiance en eux. Les entrepreneurs sont optimistes et persévérants. Enfin, le goût du risque serait une des caractéristiques principales du dirigeant. Danjou (2004) confirme à travers les entretiens menés auprès d’une cinquantaine de chefs d’entreprise la passion de réaliser, le sens du projet et le goût de l’œuvre collective qui animent les dirigeants. Néanmoins, les différentes études n’ont pas permis de prouver que ces éléments étaient discriminants (par rapport à l’ensemble de la population), tout comme il est difficile d’établir des relations de causalité entre le succès entrepreneurial et les profils des dirigeants basés sur leurs parcours tant ceux-ci sont variés. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 41 Si les traits de caractère et la personnalité peuvent expliquer certaines prédispositions à la création ou la reprise d’une entreprise, ils ne suffisent pas à justifier du succès de celle-ci et de la réussite du dirigeant. En outre, le profil de l’entrepreneur tel qu’il a été longtemps présenté constitue plus un idéal type, car il semble impossible de trouver réunies chez une seule personne toutes les qualités que l’on exige de lui (Fonrouge, 2002). Ici, c’est surtout le créateur qui a été étudié, dans le cadre de la mise en place d’une organisation nouvelle. On trouve moins de travaux concernant le dirigeant de PME à partir du moment où l’entreprise est entrée dans une phase de stabilité, après un processus de changement ou de création. Il faut néanmoins reconnaître que, au cœur des actions et des décisions des dirigeants, l’esprit d’entreprise constitue une force profonde, à l’origine de convictions fortes, qui représente une part d’affectif symbolique et irrationnel (Danjou, 2004). La place de la motivation doit également être considérée. Elle constitue l’élément d’interface entre les traits de personnalités du dirigeant et ses actions, dans lesquelles sont mises en œuvre des compétences. Les motivations du créateur sont identifiées comme le souci d’accomplissement personnel (need for achievment, mis en lumière par Mc Clelland en 1961), le goût d’entreprendre, le besoin d’indépendance (Faber, 2002). Friedman et Rosenman ont montré qu’il existait deux types de comportements face au stress. Le comportement de type A est caractérisé par la volonté de se dépasser en permanence, et ses signes caracté- ristiques sont l’agressivité, la combativité, l’impatience, l’ambition, la compétitivité et un discours très concret. D’après ce modèle, des études américaines ont montré que le créateur d’entreprise était plutôt de type A. Dirigeant de PME, un métier ? En fait, si la performance dépend de la personnalité, de la compétence et de la motivation, il ne s’agit pas ici de la motivation entrepreneuriale, mais plutôt de la connaissance et de la gestion de soi. Pour Faber (2002), c’est en agissant sur ces leviers que l’on pourra accompagner le dirigeant vers la performance. En effet, « la PME, en tant qu’organisation sociale centrée sur son dirigeant, dépend en grande partie du ”construit psychologique” de celui ou celle qui la dirige ». REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 42 L’approche par les traits de personnalité contribue à donner une image quelque peu « héroïque » du dirigeant de PME. Cette approche doit être nuancée par l’intégration de la variable motivation. Elle doit aussi intégrer les croyances, valeurs, représentations du dirigeant qui ne seront pas sans influence sur ses actions, tout comme ses schémas cognitifs. 2.2. Valeurs et vision stratégique P. Drucker (1985) définit les fonctions du dirigeant d’entreprise, et considère que la réussite est une question de comportement plus que de traits de caractère. L’approche par le comportement (ce que fait le dirigeant) permet de déterminer l’influence des valeurs et de la vision du dirigeant. 2.2.1. Les valeurs du dirigeant Au-delà de la volonté de réalisation, de l’attrait du pouvoir, et de la recherche d’autonomie, le système de valeurs des dirigeants détermine leur mode de management, et les orientations stratégiques impulsées. Ce système comprend les valeurs, orientations profondes qui structurent les représentations et les actions des individus, les buts et les objectifs. Danjou (2004), à partir d’entretiens menés auprès de dirigeants, montre que ces derniers, confrontés à des questionnements dans leur prise de décision, s’appuient sur une éthique, questionnement moins figé que la morale. « Ce qui entre en jeu dans le maintien d’une certaine intégrité personnelle relève plus d’une vigilance portant à se poser à tout moment les bonnes questions et à tenter d’y répondre en conscience, que d’une adhésion à des principes stricts, à des normes de comportement. » Les contradictions entre ses valeurs personnelles et l’exercice de son métier constituent parfois une difficulté à surmonter. D’après l’étude menée par Géhin (1997), les dirigeants qui présentent un ensemble d’attitudes traduisant des sentiments de confiance globale semblent plus disposés à la croissance que les dirigeants centrés sur la sécurité et la protection. D’après cette étude, la croissance semble liée à un ensemble de valeurs relatives à l’affirmation de soi, au sentiment d’accomplissement personnel, à un climat de détente dans le milieu familial plutôt qu’à une éducation stricte, à une approche ouverte des autres plutôt qu’à la méfiance et à une attitude positive envers l’avenir plutôt qu’à la prudence. 2.2.2. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE La vision du dirigeant II. Le métier de dirigeant de PME Un certain nombre de travaux ont axé leurs recherches sur la vision stratégique du dirigeant et son rôle dans le processus décisionnel. 43 La vision stratégique, c’est-à-dire l’image que le dirigeant se fait de l’entreprise dans le présent et le futur, va influencer les intentions et le comportement du dirigeant. Des projets stratégiques, déclinés en action, vont se développer à partir de la vision personnelle du dirigeant. L’étude de la formalisation de cette vision, du point de vue cognitif, permet de saisir les composantes du processus de décision. Cette méthode de travail a été appliquée dans le cadre des décisions d’internationalisation (Allali, 2002 ; Carrier, 1996), de l’assurance qualité ou ISO (Messeghem, 1998 ; Berger-Douce, 2000). Un modèle d’analyse de la cartographie cognitive du dirigeant de PME permettant d’opérationnaliser cette démarche est suggéré par Cossette (2003) : il s’agit de la retranscription graphique par le chercheur des représentations mentales du dirigeant de PME transmises dans son discours. Ces travaux peuvent lui permettre de mieux comprendre et analyser le « pourquoi » de ses actions, et l’aider notamment à mieux communiquer. D’autres modes d’analyse s’appuient plus précisément sur le contenu des activités du dirigeant et les compétences mises en œuvre. 2.3. Activités et compétences Le dirigeant influence le développement et la pérennité de l’entreprise par ses caractéristiques personnelles mais aussi par les compétences qu’il mobilise dans l’exercice de ses fonctions. Son métier est composé de plusieurs types d’activités qui varient en fonction du cadre technologique, social et juridique du projet développé et de la vie de l’entreprise. Ces approches ont le mérite d’être plus flexibles, et de permettre la prise en compte du contexte dans lequel évolue le dirigeant. 2.3.1. Les composantes du métier de dirigeant de PME 2.3.1.1. La Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 44 définition du métier de dirigeant Il n’existe pas de référentiel métier, document décrivant de façon structurée et organisée les activités et les compétences, qui puisse constituer une référence pour accompagner le dirigeant, et permettre d’assurer une veille sur les évolutions du métier. Seul le ROME* (répertoire opérationnel des métiers et des emplois) de l’ANPE donne une définition de l’emploi-métier n° 33 311 de chef d’entreprise/dirigeant de PME. Le chef d’entreprise : « Détermine la stratégie de l’entreprise et dirige sa mise en œuvre. Choisit les produits fabriqués ou les services fournis par l’entreprise, et définit les marchés sur lesquels elle exerce son activité. Rassemble et gère les moyens de l’entreprise (humains, financiers, techniques). Dirige et anime les hommes pour atteindre les objectifs fixés. Veille au développement de l’image de l’entreprise. » Le dirigeant créé lui-même, ou en tout cas en grande partie, ses missions et les conditions dans lesquelles il les exerce, et en assume toute la responsabilité. À la différence d’un cadre par exemple, il n’est pas intégré dans une hiérarchie qui détermine la stratégie à mettre en œuvre. En outre, la polyvalence du dirigeant de PME apparaît comme un des éléments caractéristiques du métier. 2.3.1.2. Les fonctions caractéristiques du dirigeant de PME Les théoriciens anglo-saxons du management ont décrit les fonctions qui caractérisent le dirigeant. Avant eux, Henri Fayol avait déjà identifié en 1916 les « cinq fonctions clés du management » à savoir : Prévoir et planifier, Organiser, Commander, Coordonner, Contrôler. Pour Mintzberg, autre auteur majeur des théories du management, le dirigeant a trois rôles à remplir, dans les domaines du contact, de l’information et de la décision. Mais ces définitions ne permettent pas de distinguer le dirigeant de PME de celui d’une unité fonctionnelle d’un grand groupe. Le dirigeant de la PME doit disposer de certaines aptitudes indispensables au fonctionnement courant et au développement de son entreprise. D’autres travaux issus de l’observation en longue période des pratiques de dirigeants de PME (Debourse, 1993 ; Dokou, 2000 et 2004) ont mis en évidence les aptitudes, les fonctions et les rôles les plus saillants du dirigeant de PME. • Les aptitudes sont considérées comme étant des facteurs clés de succès du métier de dirigeant de PME. Il s’agit notamment des traits de caractères suivants : - animateur, - capacité de décision, - visionnaire, - goût du risque, - organisateur, - capacité de remise en cause, - autoformation, - exigence de compétence. • Les fonctions constituent un ensemble de tâches que le dirigeant de l’entreprise doit accomplir. Elles peuvent être partagées, déléguées ou externalisées. Il s’agit de : - prévision/planification (objectifs, plans), - manœuvres stratégiques, - organisation (structuration, délégation), - conduite et motivation des hommes (recrutement, motivations, résolution des conflits), - contrôles (budgets, tableaux de bord, évaluations). • Les rôles considérés comme déterminants concernent la garantie de pérennité de l’entreprise, la production, l’interaction entreprise-environnement (ancrage territorial), la construction de la légitimité du dirigeant, la création d’une culture d’entreprise et la promotion de valeurs communes. Le dirigeant a également un rôle d’agent de changement. Les rôles correspondent aux aspects suivants : - avocat du client, - observation de l’environnement ou veille informationnelle, - projection de l’entreprise dans le futur, - préparation de la succession, - promotion des valeurs fondamentales de l’entreprise, - analyse du changement, - préparation au changement, - élaboration de principes stratégiques, - rôle sociopolitique ou acquisition de la légitimité territoriale. Ces trois aspects du métier de dirigeant sont en interaction. Ils permettent au dirigeant de mieux maîtriser la dynamique de son organisation Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 45 en prenant les décisions les plus adaptées à l’évolution des marchés convoités. 2.3.1.3. Le Dirigeant de PME, un métier ? pouvoir de décision : caractéristique majeure du dirigeant La dimension essentielle du métier de dirigeant est l’aspect décisionnel. Même si le dirigeant doit avoir d’autres rôles et fonctions, « la prise de décision reste un acte fondamental » de son métier (Duchéneaut, 1996). Baillette (2003) précise que « même si le processus décisionnel inclut diverses catégories de personnes dans l’entreprise à des degrés différents, la décision finale est souvent du ressort du dirigeant, en particulier pour des décisions de nature stratégique ; les décisions tactiques étant plus facilement déléguables ». REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 46 Une recherche menée conjointement par des étudiants, des chercheurs et des consultants sur le littoral dunkerquois a mis en évidence la composante stratégique du métier de dirigeant de la TPE. Cette étude montre, à partir d’une classification alliant un critère de taille et la volonté de développement, que pour passer le cap des 4 salariés et entrer en phase de croissance le dirigeant doit posséder la capacité à gérer au mieux le risque et la capacité à acquérir un minimum de savoirs (permettant de renouveler les savoir-faire). La capacité à gérer au mieux le risque se structure à partir de deux types de processus (Marchesnay, 1998). Il s’agit d’abord des processus cognitifs – qui relèvent de la connaissance – au sens des schèmes, des représentations et d’une certaine conception du monde. Il s’agit ensuite des processus conatifs – qui relèvent de l’expérience – au sens de la perception des problèmes, de l’intentionnalité ou de la mise en action. Les croyances personnelles, forgées par l’éducation du dirigeant et son milieu d’origine, vont également impacter la capacité à gérer au mieux le risque. Au cœur d’un système polyvalent et centralisé, le dirigeant de PME devra posséder de multiples compétences pour répondre, sous la pression d’une perpétuelle exigence de réactivité, aux divers types de situations rencontrées. 2.3.2. Les compétences mises en œuvre 2.3.2.1. Un large champ de compétence Chaque dirigeant va se servir, en fonction de son profil psychologique, de ses compétences comme de ressources utilisables dans l’action. Dans les années 1990, les chercheurs nord-américains se sont tournés vers l’étude des compétences des dirigeants et des créateurs, et les résultats de ces recherches indiquent que les compétences sont plus directement liées à la performance des entrepreneurs que les traits de personnalité. Des chercheurs québéquois (Lorrain et al , 1998) ont établi un état des lieux des approches par les compétences dans le cadre de leurs travaux sur un questionnaire d’évaluation des compétences entrepreneuriales (QCE). Un nombre restreint de typologies articulées autour des compétences ont été formulées par des spécialistes en psychologie dans les années 1990. À titre d’exemple, les auteurs en citent un certain nombre, dont certaines ont été testées auprès de dirigeants : Typologie des compétences du dirigeant de PME Chandler et Jansen (1992) Herron (1990) Baum (1995) - L’habileté à identifier et à prendre avantage d’opportunités, - l’habileté à travailler intensément, - l’habileté cognitive à coordonner les intérêts et les activités de l’entreprise, - l’habileté à diriger des individus, - l’habileté politique à affirmer sa position dans un réseau d’affaires, - l’habileté technico-fonctionnelle (i. e. capacité à utiliser les outils, les procédures et les techniques dans un champ de spécialisation). Typologie de sept habiletés : - l’habileté à concevoir des produits-services, - l’habileté à évaluer les diverses fonctions de l’entreprise, - l’habileté à comprendre son secteur d’activité et ses tendances, - l’habileté à motiver le personnel, - l’habileté à créer des relations d’influence dans son réseau d’affaires, - l’habileté à planifier et à administrer les activités de l’entreprise, - l’habileté à identifier et à implanter des opportunités. - La capacité cognitive, - l’habileté organisationnelle (i. e. leadership), - l’habileté décisionnelle, - l’habileté technique, - l’habileté à identifier et à implanter des opportunités. Après l’avoir testé empiriquement, Lorrain et al. ont construit un questionnaire d’évaluation des compétences identifiées à partir du panorama des études sur ce thème. Les 12 compétences retenues sont : - l’identification d’opportunité - la vision stratégique, - la gestion du réseau d’affaires, - la gestion de son temps, - la gestion de son travail, - la gestion financière, Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 47 Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 - la gestion marketing, - la gestion des opérations, - la gestion du personnel, - la gestion des lois, des règlements, - la négociation d’affaires, - la prise de décision. 2.3.2.2. La polyvalence des compétences L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 48 Le métier de dirigeant de PME relève donc d’une « alchimie des compétences », au sens de Durand (2001). Il exige une imbrication active et contextualisée de connaissances, de pratiques et d’attitudes. Celles-ci varient et sont différemment sollicitées en fonction des stades de développement de l’entreprise, relativement au comportement de délégation, au temps consacré aux activités, aux contacts externes et à la perception de certains problèmes organisationnels. Dans les PME, les dirigeants doivent être polyvalents, réactifs et susceptibles de réorganiser en permanence leurs agencements stratégiques. Ils ont besoin de capacités techniques, relationnelles et cognitives, mais avec des contenus spécifiques par rapport à ceux (par exemple) d’un manager d’unité de production, d’un expert professionnel ou d’un stratège de grande société. Assez souvent, ils doivent associer les caractéristiques du manager, de l’expert et du stratège, avec moins de force qu’un spécialiste mais plus de flexibilité et de souplesse globales. 2.3.2.3. Le dirigeant et la gestion du temps Faber (2002) note que l’organisation des activités du dirigeant de PME s’articule autour de trois niveaux temporels. - Les cycles de vie qui caractérisent l’évolution de la PME. - L’organisation de son agenda, géré de façon polychrone (plusieurs tâches sont gérées simultanément). - Un effet microcosme, qui fait que certains dossiers prennent une place importante car traités dans l’immédiat temporel et spatial. Cette variabilité du temps nécessite des habiletés d’adaptabilité du discours, du comportement et du raisonnement (CJD, 2001). Ce qui caractérise beaucoup de dirigeants de PME, ce qui fonde leur métier, c’est l’aptitude à faire face à tout ce qui survient quand ils sont directement « sur la brèche ». Tendus par l’action à mener, ils sont pris par le besoin immédiat d’être réactifs à ce qui se présente. Cette urgence permanente suppose pour celui qui veut diriger de « d’abord se diriger et trouver son chemin dans un univers complexe » en gérant sa motivation. La motivation, comme les compétences, est une ressource pour la performance. « La gestion motivationnelle de soi participe non seulement à l’amélioration des compétences détenues (ensemble des savoirs, des savoir-faire et des capacités comportementales), mais aussi à l’expression de capacités nouvelles. Le dirigeant de PME devient l’objet d’un phénomène d’apprentissage dans la mesure où, en se motivant, il apprend en faisant et en comprenant ce qu’il fait. » Pour aider le dirigeant de PME dans la gestion de sa motivation, le dirigeant peut développer des techniques d’introspection ou faire appel à un accompagnement individualisé par un consultant ou un formateur (Faber, 2002). Ces approches par les compétences sont récentes. Il semble qu’elles constituent une piste de recherche à explorer, notamment pour « outiller » la fonction d’accompagnement du dirigeant. 2.4. Une synthèse : les différentes typologies de dirigeants Une multitude de typologies de dirigeants ont été proposées. Elles s’appuient sur différents critères comme la motivation de l’individu, ses antécédents, ses capacités, son style de management de la firme. Nous en présentons quelques-unes, autour de deux grands axes : la logique d’action et le territoire. 2.4.1. Les logiques d’action du dirigeant de PME Les critères d’indépendance, d’autonomie, d’aversion au risque, de tendance à privilégier la croissance ou la pérennité, la rentabilité ou l’assurance patrimoniale constituent autant de critères à partir desquels construire une typologie de dirigeants de PME. Marchesnay et Julien dans leur ouvrage de référence L’Entrepreneuriat (1996) ont rappelé certaines typologies : celle de Smith qui distingue l’artisan, qui s’appuie sur des compétences plus techniciennes et une stratégie réactive, de l’opportuniste, plus expérimenté et moins réticent à l’innovation. Le rapport à l’innovation, couplé aux valeurs qui caractérisent le dirigeant de PME, a servi de base à plusieurs typologies. Pour Miles et Snow, quatre grands profils de dirigeants peuvent être distingués selon leur rapport à l’innovation : le prospecteur, le suiveur, l’innovateur, le réacteur. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 49 Enfin, les auteurs définissent deux grands types d’entrepreneurs, selon la logique d’action privilégiée dans leurs activités et dans la gestion de leur entreprise. Chacun va évoluer en fonction de trois grandes aspirations : l’indépendance, la pérennité, la croissance. L’entrepreneur « PIC » (pérennité, indépendance, croissance) privilégiera une stratégie fondée sur la pérennité et l’indépendance, au détriment de la croissance. Son souci est d’éviter l’endettement et d’accumuler du patrimoine. L’entrepreneur « CAP » (croissance, autonomie, pérennité) cherchera avant tout la valorisation des capitaux, en s’appuyant notamment sur l’innovation. Ses leitmotive seront principalement la croissance et l’autonomie. Bauer (1993) propose une autre grille d’analyse à partir des aspirations des dirigeants. La place du dirigeant dans une petite entreprise familiale se situe au croisement de trois logiques : économique (il s’agit de pérenniser et développer l’entreprise), politique (sa relation au pouvoir dans l’entreprise) et familiale (la gestion de l’entreprise se fait dans un cadre familial). Le dirigeant de PME fonctionne comme un homme à trois têtes, selon une triple rationalité. Ses décisions et activités rendent compte de ces interactions permanentes entre les trois logiques, la dimension économique n’étant pas dominante. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 50 On peut également étudier les dirigeants de PME en fonction de leur logique professionnelle : celle-ci peut être d’ordre plutôt relationnel (basée sur la construction d’un réseau et un mode de fonctionnement basé sur les relations humaines), artisanal (le dirigeant s’appuie sur l’ouvrage de l’entreprise), ou encore systémique (l’organisation est perçue comme décentralisée et flexible) (Garnier et Mercier, 2003). Cette typologie intègre les interactions avec l’environnement. 2.4.2. Le territoire Marchesnay (in Verstraete, 2000) a proposé une typologie autour de quatre idéaux types, en fonction de l’intégration du dirigeant de PME au territoire et de son positionnement concurrentiel. L’isolé est peu intégré à la vie économique et sociale, et la compétitivité de son entreprise est faible. Le notable bénéficie d’une meilleure insertion professionnelle et locale et reste réticent à une ouverture hors de son implantation d’origine. Le nomade ne cherche pas à s’intégrer au tissu local, il a le souci de valoriser les capitaux qu’il a investis en fonction de l’opportunité qu’il a saisie. Enfin, l’entreprenant tire parti des spécificités du territoire auquel il est attaché, grâce à une stratégie proactive. Prenant en compte l’environnement territorial dans l’analyse des démarches stratégiques des TPE, l’équipe du GREEL-PME (université de Dunkerque) a mis en évidence quatre types de dirigeants. • La TPE centrée sur les acquis : le dirigeant souffre d’une carence en matière de gestion des risques stratégiques, de culture d’acquisition et de renouvellement de savoirs. Le dirigeant gère une entreprise complètement dominée par l’environnement interne et externe. • La TPE centrée sur la clientèle locale : l’acquisition d’une culture de marché se traduit par un système d’offre constitué de produits ou de services irréprochables. On peut alors assimiler ce dirigeant aux types « PIC » (pérennité, indépendance et croissance) ou « notable » de Marchesnay (in Verstraete, 2000). Cependant, il tend vers un dirigeant proactif plutôt que défensif et individualiste, et est en recherche d’une vision collective. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 51 • La TPE centrée sur la gestion : la TPE étant mature et stable, le dirigeant se voit comblé. Cependant, il tend à perdre son sens de la créativité. Le dirigeant de la TPE gestionnaire a une démarche d’analyste qui est très peu enclin aux risques stratégiques. Il fait partie des dirigeants qui expriment un fort besoin d’affiliation et de reconnaissance. Le niveau de croissance retenu se fait en cohérence avec les compétences organisationnelles et le bien-être personnel du dirigeant. • La TPE centrée sur l’esprit d’entreprise : le dirigeant concerné a une double capacité à gérer le risque et à développer constamment des savoirs propres à son entreprise. Les décisions stratégiques relèvent, le plus souvent, d’une démarche organisée et réfléchie dans une perspective de maîtrise des facteurs clés de succès centrés sur la culture d’innovation et de cohérence organisationnelle. C’est le modèle/référence des trois autres types de dirigeants. Il s’agit d’un chef d’entreprise ambitieux, à la fois proactif et réactif aux changements internes et externes. Si ces typologies peuvent être éclairantes pour mieux comprendre le dirigeant et mieux l’accompagner, il reste que « ce qui importe, ce n’est pas de classer les dirigeants dans des typologies d’acteurs ou de styles de gestion, mais d’élucider avec eux les processus par lesquels ils agissent et prennent leurs décisions » (Beaucourt et Louart, 1995). Pour cela, on doit s’intéresser au contexte. Comme tout acteur, le dirigeant est traversé par différentes logiques d’action : appartenances communautaires (famille, organisation professionnelle), calculs du marché et exigence d’authenticité personnelle (Dubet, 1994). Il doit donc combiner au mieux ces logiques de son action et gérer les tensions de son expérience. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 À cela s’ajoutent toutes sortes de médiations, en particulier le groupe des gens proches, dont les rôles peuvent être variables : apports de compétences ou de réassurance ; personnalités complémentaires, « renfort » du dirigeant ou au contraire « gardiennes » de l’ordre, etc. Tous ces jeux collectifs méritent étude, encore insuffisante pour le moment, car le dirigeant est à la fois une personne et un « groupe fonctionnel » aux relations plus ou moins complexes. L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 3. LES INTERACTIONS AVEC L’ENVIRONNEMENT : QUELS IMPACTS SUR LE MÉTIER ? 52 L’environnement du dirigeant a un rôle clé dans la construction de son métier, et dans l’apport de compétences. Le métier de dirigeant combine différents types d’apprentissages, qui impliquent nécessairement des interactions avec l’environnement : - apprentissages par l’action ; par le maniement de processus, de techniques ou d’outils nouveaux ; - apprentissages par l’activation des capacités d’apprendre et de désapprendre (le renoncement à de mauvaises habitudes ou à des pratiques devenues obsolètes est un facteur largement sous-estimé d’adaptation et de progrès comportemental, Durand, 2001). Ces apprentissages peuvent s’appuyer sur l’entourage du dirigeant, les réseaux professionnels, le recours au conseil, ou à la formation, ainsi que sur de nouveaux modes d’accompagnement. 3.1. L’entourage du dirigeant Un dirigeant n’est jamais solitaire. Il se construit dans un contexte qui l’influence et conditionne une grande partie de ses comportements. Évidemment, le contexte en question n’est pas (ou pas seulement) le groupe de travail dont il est le « patron ». Un dirigeant fait partie de ses équipes, mais il en est aussi et nécessairement distant. Il est plus proche d’autres personnes, avec qui il crée une proximité : dans sa famille, dans une petite équipe de direction qu’il a construite, dans un groupe de pairs, dans son organisation professionnelle, etc. Ces éléments sont confirmés dans les témoignages de dirigeants (Danjou, 2004 ; CJD, 2001). L’entourage du dirigeant est lié au type d’entreprise. 3.1.1. Les entreprises familiales Les petites structures peuvent avoir à leur tête des binômes, qui n’apparaissent pas toujours comme tels. Le couple constitué par le dirigeant et son conjoint constitue un élément clé de la gestion d’entreprises artisanales et familiales, mais aussi dans d’autres cas d’entreprises patrimoniales. Dans le cas d’une entreprise familiale, Boissin (2000) montre que l’étude du profil de chaque individu n’est pas suffisante pour rendre compte du comportement managérial. Il a mis en exergue le rôle des valeurs partagées par les membres de la famille dans la façon dont l’entreprise familiale (plusieurs dirigeants actionnaires) sera gérée. Dans le cas étudié, les valeurs sont la confiance, la coopération, la pérennité, l’effectivité. 3.1.2. Les microgroupes La constitution d’hypogroupe* (Debray, 1997) maximise les enseignements tirés de l’expérience du chef d’entreprise et de la collaboration avec les employés. En effet, les échanges accrus entre les différentes composantes du groupe génèrent des apprentissages organisationnels qui vont interférer avec la stratégie du dirigeant. 3.1.3. Les entreprises innovantes Ces interactions entre compétences complémentaires sont également relevées dans le cadre de la création d’entreprises innovantes. Le rapport établi pour le Commissariat général du plan par le groupe de travail (2002) sur les jeunes entreprises innovantes montre que, selon une étude réalisée par GMV Conseil en 1992, les start-up, entreprises à croissance plutôt forte, sont majoritairement créées par au moins deux fondateurs. Ces unions sont plus efficaces si elles sont basées sur la complémentarité en termes d’âge, de formation et d’expérience. Mais le capital social de chacun des associés, qui se connaissent le plus souvent avant la création (expérience professionnelle antérieure similaire, réseau d’anciens…) explique que leurs profils soient souvent plus proches que complémentaires. Ces entreprises basées sur la rencontre de plusieurs associés se révèlent plus pérennes. À noter que, sur une population d’entreprises non spécifiquement innovantes, une étude de la BDPME (1998) montre au contraire que l’indice contentieux augmente avec le nombre de créateurs. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 53 3.2. L’isolement face aux décisions importantes Mais lorsqu’il est face aux décisions à prendre au quotidien, le dirigeant se sent souvent isolé. Dirigeant de PME, un métier ? La solitude ressentie par le dirigeant a deux sources : elle peut être éprouvée au sein de l’organisation, en raison d’une distance avec les salariés, ou de l’absence d’une équipe de direction, mais aussi par rapport à l’environnement extérieur. L’enquête effectuée auprès de dirigeants de PME concernant leur gestion des ressources humaines met en exergue l’absence de reconnaissance de leur rôle économique et social dont certains souffrent (Regards sur les PME, 2003). REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 54 Cependant, doit-on considérer que chaque PME est spécifique, unique, que le parcours de son dirigeant est suffisamment riche et qu’aucun apport extérieur ne peut améliorer les performances ou la pérennité de l’entreprise ? Le conseil et l’accompagnement auprès du dirigeant de PME peuvent prendre plusieurs formes : réseaux de chefs d’entreprise, conseil ou formation. 3.3. Les réseaux de chefs d’entreprise Les apports de la mise en réseau sont souvent valorisés auprès des créateurs, au sein de clubs et de rencontres variés organisés par les différents accompagnateurs des porteurs de projet et jeunes entrepreneurs. Il existe de très nombreux et différents types de réseaux et d’intervenants qui accompagnent le dirigeant au quotidien. Nous nous focaliserons plus spécifiquement sur les réseaux qui favorisent l’échange d’expérience. 3.3.1. Les différents réseaux • L’affiliation à un groupement de commerçants permet au dirigeant d’être en contact, au sein de structures communes et autonomes, avec d’autres entreprises indépendantes, et de partager son savoir-faire, en plus de l’organisation de services en commun ou encore d’obtention de conditions d’achat plus intéressantes auprès des fournisseurs. Les réseaux regroupant des pairs, au sein d’une structure formalisée dont la mission est spécifiquement orientée vers une réflexion sur l’entreprise, sont des éléments pouvant favoriser un climat de confiance propice aux échanges informationnels entre les dirigeants et à une aide dans leur activité de gestionnaire (Baillette, Duchéneaut, 1996). Les rencontres organisées dans d’autres types de réseaux rassemblant des dirigeants (comme les chambres de commerce et d’industrie ou des métiers, les syndicats patronaux, les associations humanitaires, sportives, culturelles, etc.) peuvent également faciliter les échanges d’informations utiles au plan du management de l’entreprise. • Les chambres consulaires sont des institutions particulières, distinctes des syndicats patronaux. Leur statut, les liens entretenus avec les pouvoirs publics, leur maillage national et leur rôle de consultation leur confèrent une place de choix dans le monde économique et auprès des chefs d’entreprise. Les chambres de métiers et de l’artisanat représentent les intérêts de l’artisanat. Les CCI sont, auprès des pouvoirs publics, « les organes des intérêts commerciaux et industriels de leur circonscription ». Elles ont des activités de consultation, d’aide aux entreprises (assistance technique, actions de promotion, information, appui à l’international, formalités administratives) et de formation. L’accompagnement qu’elles proposent aux dirigeants passe notamment par des cycles de conférences, des séminaires thématiques et des écoles de formation, afin de se former au métier de chef d’entreprise. Les chambres consulaires agissent également comme des animateurs territoriaux qui peuvent être à l’initiative de nouvelles expériences. • De nombreux autres clubs de dirigeant existent, quelques exemples sont décrits ci-dessous. Des exemples de fonctionnement de clubs de dirigeants L’Association pour le progrès du management (APM), née sous l’impulsion du CNPF en 1986, a pour vocation de rompre la solitude du dirigeant, de lui faire profiter des opportunités liées à un réseau international de chefs d’entreprise, et de lui offrir les conditions d’une réflexion pour mieux anticiper les problèmes. Le fonctionnement des clubs APM s’appuie sur trois constats : - La compétitivité d’une entreprise dépend de la qualité de son dirigeant. - Le métier de chef d’entreprise est en constante évolution et nécessite sans cesse des compétences nouvelles. - La réflexion des dirigeants exige une pédagogie spécifique. Ces clubs se sont internationalisés et une fédération internationale des associations Progrès du management a été créée. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 55 Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME Le Centre des jeunes dirigeants s’adresse tant aux cadres d’entreprises ayant des capacités de décision et une forte autonomie dans l’organisation qu’aux dirigeants propriétaires. Créé en 1938, il a pris la suite du Centre des jeunes patrons et regroupe près de 2 000 dirigeants à travers toute la France. Depuis de nombreuses années, le CJD met l’accent sur la nécessaire professionnalisation des dirigeants d’entreprise. Pour les accompagner dans leur développement professionnel, de nombreuses modalités de formation sont proposées : conférences, séminaires, cycle de formation, mais aussi l’école Copernic, véritable parcours d’apprentissage du métier de dirigeant. 56 • D’autres clubs mettent en avant des composantes particulières du métier de dirigeant, comme la nécessité d’intégrer les problématiques issues de la responsabilité sociale et environnementale dans ses raisonnements et son action. Citons par exemple l’ORSE (Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises), même si cette association a été créée à initiative de grandes entreprises. Croissance Plus est un lieu de rencontre pour les dirigeants à forte croissance. Les regroupements entre dirigeants peuvent également se faire en fonction de leurs convictions religieuses, comme au Centre français du patronat chrétien (CFPC) devenu Les entrepreneurs et dirigeants chrétiens, de leur origine géographique, ou en fonction de leur communauté culturelle d’appartenance. Des clubs regroupant exclusivement des femmes se sont également créés ces dernières années (Dirigeantes, le réseau des femmes chefs d’entreprise mondiales FCEM…). 3.3.2. Apports du réseau Complémentaire aux autres sources d’aide potentiellement mobilisables par les responsables de PME, l’association occupe néanmoins un positionnement particulier auprès des chefs d’entreprise. Reconnu principalement dans les phases amont du processus décisionnel, le succès de l’aide dépend d’une série de facteurs liés à la mission de l’association, à la structure et au fonctionnement des groupes de travail, et à la gestion de l’association. Le rôle de la confiance dans l’aide à la décision apportée à un dirigeant de PME par ses homologues adhérents à un réseau institutionnel de réflexion sur l’entreprise est primordial pour permettre aux chefs d’entreprise de mettre à profit des processus d’apprentissage. Ces échanges peuvent même constituer une forme de Recherche et Développement informelle de la PME (Baillette, 1998). Si les réseaux de dirigeants peuvent aider à atteindre une échelle efficiente et réduire certains coûts, ils constituent avant tout des opportunités d’apprentissage accéléré (OCDE, 2000). 3.4. Le recours au conseil Pour 18 % des PME européennes, le recours au conseil apparaît comme une modalité stratégique qui peut faciliter l’acquisition de compétences qui ne sont pas disponibles en interne après les clients et fournisseurs et les associations professionnelles (Observatoire des PME européennes, 2003). 3.4.1. Les différents types de prestation Les intervenants comme les prestations peuvent être de différents types. Des instances ou associations publiques spécialisées (sur l’environnement, l’innovation, les conditions de travail…) proposent également des prestations au dirigeant. Les centres universitaires constituent des ressources de plus en plus mobilisées. Universitaires et dirigeants : des coopérations efficaces L’Institut supérieur des métiers, créé en juillet 1990 par l’État, l’Assemblée permanente des chambres de métiers et l’Union professionnelle artisanale apportent un concours aux organismes relevant de l’artisanat. L’ISM propose des clubs de dirigeants, regroupant artisans et universitaires. Il s’agit d’un dispositif global d’accompagnement des dirigeants d’organisation à l’approche marché. Huit clubs, réunissant une dizaine de dirigeants et d’universitaires, ont été mis en place progressivement dans les régions après la réussite du premier club pilote. L’Accompagnement managérial et industriel constitue une autre expérience menée sur le long terme entre universitaires et chefs d’entreprise, avec l’appui d’institutions consulaires et publiques. Afin d’aider le dirigeant à sélectionner les informations et faire des choix, l’AMI inscrit celui-ci dans des réseaux de compétences et substitue à des conseils externes et ponctuels un accompagnement permanent. Deux thèmes centraux sont plus particulièrement abordés : l’innovation et la structuration commerciale. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 57 Torrès et Plane (1998), dans une étude sur les effets du recours au conseil, reprennent une distinction établie par Ferrer entre les prestations d’expertise et les prestations en management stratégique. Dans le premier cas, les dirigeants souhaitent que l’intervention du consultant se concentre sur un problème particulier déjà identifié avec la mise en œuvre d’une solution concrète. Dans le cas d’une prestation de management stratégique, le consultant agit comme un guide, un facilitateur. Ainsi, selon Ferrer, le dirigeant dont la logique est centrée autour de la croissance et l’autonomie sera plutôt en recherche de prestation d’ordre stratégique et méthodologique. Il acceptera plus facilement de prendre du recul dans l’exercice de son métier. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 58 Le recours au conseil sera appréhendé de façon plus positive s’il est recommandé par un pair, et si, lors d’une intervention préalable, un formateur ou consultant a laissé une bonne première impression. 3.4.2. Les effets du recours au conseil Le consultant apporte un soutien méthodologique en phase de décision et de mise en œuvre d’un projet. Il sert aussi souvent de catalyseur vers le changement. L’apport d’un consultant par l’ouverture de l’entreprise à de nouvelles pratiques va permettre au fil de l’intervention de « substituer l’explicite à l’implicite, le procédural au processuel, le formel à l’informel, l’écrit au verbal, le délibéré à l’émergent, le planifié à l’intuitif, l’immatériel au matériel… » (Plane et Torrès, 1998). Les spécificités de gestion de la PME sont alors dépassées. Selon Dokou et Roge (1998), le suivi-accompagnement de l’AMI (Accompagnement managérial et industriel, voir encadré précédent) permet d’introduire progressivement des changements au niveau de la vision stratégique du dirigeant, de ses méthodes, de ses conduites et du système organisationnel dans son ensemble. Le développement de la petite entreprise est naturellement conditionné par l’existence des moyens de financement. Aux difficultés financières s’ajoutent deux types de barrières dont la suppression suppose l’acquisition de nouveaux principes managériaux. Il s’agit de : • Barrières à la consolidation : développement de la concurrence, évolution technologique, défaillance de clients stratégiques ou semistratégiques, baisse de compétitivité (coût, qualité et délai). • Barrières à la croissance : saturation du marché, concentration de l’offre, succession du dirigeant et gestion des seuils liés au changement d’organisation et à la mise en place de fonctions stratégiques. Certaines de ces barrières résultent généralement de l’isolement du dirigeant de la TPE, qui consacre l’essentiel de son temps à la gestion quotidienne. L’intervention d’un consultant peut favoriser la levée de ces obstacles. 3.5. La formation Dans le rapport sur la formation des dirigeants de PME (2002), l’OCDE rappelle qu’« il existe une corrélation positive entre le niveau de formation des dirigeants et les performances d’une PME. Il existe des signes avant-coureurs de l’incidence d’une formation formelle des dirigeants sur la réduction du taux d’échec des petites entreprises, qui courent de plus grands risques de faire faillite que les grandes entreprises, surtout au cours des premières années. » Or malgré la complexification de l’environnement juridique, réglementaire, et de la transversalité accrue sur laquelle doivent être basées les organisations du travail, les dirigeants se forment peu. 3.5.1. Un faible taux de formation continue Pour l’ensemble de la catégorie « Artisans, commerçants et chefs d’entreprise », le taux de formation est de 16,3 %, soit le plus faible de toutes les professions et catégories socioprofessionnelles, avec celui des exploitants agricoles. Duchéneaut (1996) a obtenu des données basées sur les déclarations des dirigeants, qui indiquent également un taux de formation continue assez faible. Un tiers des dirigeants n’avait suivi aucune formation au cours des cinq années précédentes. Un autre tiers déclare néanmoins avoir suivi plus de cinq sessions durant la même période. Vu l’âge moyen des créateurs d’entreprise, 35 ans, les rapporteurs du rapport sur les jeunes entreprises innovantes (Commissariat général du plan, 2002) considèrent comme logique de proposer une formation continue aux jeunes dirigeants issus de la grande entreprise. « Mais on sait aussi qu’ils ne souhaitent pas, dans leur grande majorité, subir une formation, au moins sous une forme traditionnelle. Ils estiment pouvoir ”apprendre en marchant”. » Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 59 3.5.2. Des prestations peu adaptées au métier de dirigeant de PME ? Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME 60 Plusieurs raisons peuvent expliquer ce faible recours à la formation continue. Les résistances culturelles semblent encore bien vivaces et expliqueraient le faible recours à la formation du dirigeant. Les auteurs d’une étude du CEREQ (1999) sur la formation dans les TPE identifient une « métaphysique » propre au dirigeant de petite entreprise. Celle-ci se fonde sur l’importance accordée au travail, à l’effort, à l’enrichissement par l’expérience, et à la persévérance. Pour le dirigeant, la formation est avant tout destinée aux salariés. Le dirigeant considère la formation comme d’autant plus inutile que son expérience du métier s’accroît. En effet, les apports issus de la formation continue sont peu valorisés à ses yeux (Duchéneaut, 1996). Cette caractéristique, que l’on retrouve dans l’étude du CEREQ, explique également que le mode de formation informel via des réseaux ou clubs de dirigeants soit assez prisé. Mais ces résistances culturelles sont-elles suffisantes pour expliquer le peu de prise en considération de la formation continue par les dirigeants de PME ? Il semble que la formation des dirigeants de PME passe avant tout par l’autodidaxie (le dirigeant apprend par luimême) et l’autopraxéologie*. Il acquiert son savoir dans des situations socioprofessionnelles, par « une pratique pédagogique personnelle complètement clarifiée, organisée, conscientisée, utilisant l’environnement total » (G. Le Meur, in Caspar 1993). Or le cadre institutionnel de la formation n’intègre pas ces dimensions, et n’est peut-être pas adapté à la formation des dirigeants de PME. Le CJD souligne également que la professionnalité* propre des dirigeants n’est pas traitée sur le marché de la formation (2001). Il semble que l’offre actuelle de prestation ne facilite pas l’accès à la formation du dirigeant. De nombreux observateurs estiment que les sessions traditionnelles et collectives de formation ne sont pas adaptées, car elles ne correspondent pas aux spécificités de la fonction. Néanmoins, une certaine prudence s’impose, car on dispose de peu d’éléments statistiques pour évaluer les pratiques de formation, formelles ou informelles, des dirigeants. L’effet de taille doit également être pris en compte, puisque le taux de formation augmente avec la taille de l’entreprise (enquête Emploi du CEREQ). Les domaines de formation demandés sont également liés à ces effets de taille. Les formations en stratégie sont moins prisées par les chefs de petites entreprises. Cependant, la définition et la mise en œuvre d’une stratégie apparaissent comme des facteurs de succès de l’entreprise quelle que soit la taille. La formation du chef d’entreprise démarre par la culture d’entreprise transmise par la famille, la communauté et la société en général. Selon l’Organisation internationale du travail, « le vrai défi de la formation et du perfectionnement des chefs d’entreprises touche l’amélioration de leur capacité à tirer les leçons des expériences pour y puiser des idées et des connaissances indispensables à la gestion des interactions et des transactions futures » (OIT, 1998). Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE II. Le métier de dirigeant de PME Il est important de faire prendre conscience de l’apport, pour la prospérité de l’entreprise, de compétences nouvelles et adaptées au défi que le dirigeant doit relever dans l’exercice de ses fonctions. En ce sens, les clubs et mouvements de dirigeants peuvent apporter des réponses innovantes et mieux adaptées. La formation ne doit pas être appréhendée dans une acception stricte, mais doit s’appuyer sur des intervenants prêts à sortir de leur champ d’appartenance et de leur culture. Elle doit être avant tout pensée dans une optique de stratégie de l’entreprise, de productivité et d’accroissement de la compétitivité (étude AGEFOS PME Nord-Picardie, citée par Chrétien, 1997). Le coaching* ou le parrainage apparaissent comme des modalités d’accompagnement prisées et efficaces (Carrier, 1996 ; Louart, 2002). Enfin, l’OCDE dans son enquête sur la formation des dirigeants de PME recommande d’effectuer une évaluation systématique des programmes. On constate une lacune en matière de recherche sur les effets d’un accompagnement du dirigeant de PME sur les performances de l’entreprise. Il serait pertinent de disposer de mesures statistiques incluant les processus de professionnalisation dans les caractéristiques du dirigeant et ses liens avec la croissance de l’entreprise. En outre, il faut garder à l’esprit que « à chaud » la formation peut être perçue par le dirigeant comme positive. Mais qu’en est-il des effets réellement transformants sur les pratiques professionnelles ? 3.6. Vers de nouveaux modes d’accompagnement du dirigeant ? La pédagogie utilisée dans les clubs de dirigeants ou le suivi d’une formation produisent les effets synthétisés dans le schéma ci-dessous, à partir des réactions recueillies à l’issue d’une expérience d’accompagnement individuel et collectif menée en partenariat (une CCI, AGEFOS PME régional, des consultants) : 61 Revoir, définir, mieux formaliser sa stratégie Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE Rompre son isolement, être accompagné dans la mise en place d'un projet Partager les mêmes problématiques avec d’autres dirigeants • Se sentir mieux dans son métier de dirigeant Prendre du recul sur ses pratiques, se remettre en question, se rassurer • Mettre en synergie les ressources de l’entreprise et la stratégie Mieux comprendre les mutations de son environnement • Accroître la perfomance de son entreprise II. Le métier de dirigeant de PME 62 Découvrir de nouvelles opportunités Mettre en place de nouveaux outils Mieux communiquer sa vision et ses projets de changements Source : Centre de ressources et de prospective sur le métier de dirigeant de PME Diriger, c’est être aussi être capable de questionner sa vision. Le dirigeant qui a créé son entreprise peut, en raison de la position qu’il y occupe, avoir une vision de son environnement et un rapport à son entreprise qui lui rendent difficile la remise en cause. Y parvenir nécessite de changer de paradigme sur la représentation que le dirigeant a de son rôle et de sa relation à son entreprise. L’aide apportée à un dirigeant de PME doit dépasser les seuls apports techniques ou relationnels et l’aider à trouver une harmonie relative entre ses différentes logiques d’action. On constate un accroissement de l’offre d’accompagnement au dirigeant qui repose sur la complémentarité de plusieurs acteurs, qui tout à la fois rassurent le dirigeant de PME (couple universitaires -étudiants, consultants-institutionnels) et lui proposent un éventail de compétences plus souples et plus complètes pour aborder la problématique détectée, en s’appuyant par exemple sur des méthodes heuristiques d’aide à la décision et une vision systémique. C’est ainsi que le CJD a développé une école du dirigeant pour lui permettre de réfléchir au sens de son métier, et « accroître son potentiel de compétence en matière d’intervention sur des interactions, à travers la combinaison dialogique des activités de médiation et de pilotage ». L’accompagnement du dirigeant basé sur des allers-retours formation/conseil va permettre de construire des savoirs d’action, et d’agir selon une logique différente. Cette démarche est notamment développée dans les formations proposées par les chambres de métiers et de l’artisanat aux artisans (cycle CAPEA). L’objectif de l’accompagnement est de faire évoluer le dirigeant d’une culture technicienne vers des pratiques de management. Ces nouveaux types de prestations peuvent permettre de montrer aux chefs d’entreprise comment ils peuvent construire ce métier en groupe, avec ceux qui ont le potentiel de coopérer avec eux, afin de créer des systèmes de compétences complexes. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE On peut supposer que ces nouvelles formes d’accompagnement sont plus aptes à répondre à des demandes qui reflètent l’évolution des dirigeants de PME et la complexification de leurs activités. II. Le métier de dirigeant de PME 63 III. Dirigeant de PME : un métier en évolution Un certain nombre d’indicateurs permettent aussi de rendre compte des évolutions des dirigeants de PME. Face aux changements économiques et sociaux, de nouveaux profils de dirigeants apparaissent. Quels enseignements peut-on tirer des statistiques ? Quelles sont les pistes actuellement développées par la recherche ? 1. DE NOUVEAUX DIRIGEANTS Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE 1.1. Les nouveaux créateurs et les repreneurs 1.1.1. La création d’entreprise L’acte de créer son propre emploi est encouragé par les pouvoirs publics, à travers des campagnes de sensibilisation et d’information, et des aides financières. L’entrepreneuriat a fortement été valorisé ces dernières années. Néanmoins, tous les créateurs ne deviennent pas dirigeants d’entreprise, car ils ne souhaitent pas forcément se développer. Dans ce cas, leur principale motivation est l’indépendance. Le nombre d’entreprises ayant au moins un salarié au moment de leur création est faible. Selon l’APCE, ce constat peut s’expliquer du fait de l’augmentation des activités de services et de la diminution des activités de production, mais aussi en raison d’une plus grande prudence de l’entrepreneur au démarrage. Cependant, après cette période, les jeunes entreprises sont très créatrices d’emploi (plus de 429 000 postes en 2004). Le nombre de créateurs demandeurs d’emploi a considérablement augmenté au cours des quinze dernières années. De 2 % du total des créateurs en 1990, la part des chômeurs est actuellement d’un tiers. Elle a atteint son point le plus élevé au cours des années 19941995 (44 % d’anciens chômeurs parmi les créateurs d’entreprise en 1994). Les profils des entrepreneurs changent aussi selon la croissance. Lorsque celle-ci est soutenue, les chômeurs de courte durée sont moins nombreux et l’emploi salarié des jeunes entreprises nouvellement créées est plus important. La création d’entreprise est surtout une opportunité pour être indépendant et créer son propre emploi (étude ANPE, APCE, 2004). L’étude de la relation entre le taux de création d’une part et le taux de croissance du PIB ou le taux de chômage d’autre part a donné des résultats parfois divergents. En Europe, il existe de façon générale une corrélation négative (– 0,44) entre le niveau de développement III. Un métier en évolution 67 et le taux de natalité des entreprises (sauf en Allemagne), et une corrélation positive mais faible avec le taux de chômage (Observatoire des PME européennes, 2002). La France serait proche de ces tendances. Un taux de chômage élevé peut décourager l’initiative entrepreneuriale, les salariés préférant ne pas quitter leur poste. Il faut aussi noter que la diffusion large des aides aux demandeurs d’emploi créant leur entreprise peut avoir un impact. Néanmoins, l’analyse du lien entre indicateurs macroéconomiques et création d’entreprise mérite d’être affinée, et de prendre en compte d’autres facteurs, comme la consommation. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE III. Un métier en évolution D’une façon générale, les créateurs ont des caractéristiques qui leur sont propres. Par exemple, leur niveau de formation s’élève, et il semble que les créateurs préfèrent les conseils de leur famille ou de leur entourage à d’autres conseils extérieurs (INSEE (a), 2003). 68 Il est difficile de dégager une tendance nette concernant les profils des futurs chefs d’entreprise. Signalons également une autre tendance à prendre en compte. Certains entrepreneurs des nouvelles technologies ne souhaitent pas entrer dans le costume de dirigeant, mais préfèrent revendre l’entreprise créée, pour initier de nouveaux projets qu’ils souhaitent développer, avant de céder une nouvelle fois cette innovation à d’autres (concept de « l’entreprise qui se constitue pour le besoin et le temps d’une mission », développé par Loïc Le Meur à l’université d’été 2000 du MEDEF, lors d’une intervention sur le thème « Petits ou grands, qu’est-ce que la croissance est belle ! »). 1.1.2. Les repreneurs d’entreprise Les nouveaux dirigeants sont également issus des processus de reprise. La reprise d’entreprise est un enjeu important pour les pouvoirs publics. En raison du vieillissement de la population, un nombre important d’entreprises va changer de mains dans les quinze ans à venir. Du côté du cédant, la transmission est une étape importante du métier. Il est important de ne pas se laisser happer par le syndrome de Mathusalem décrit avec humour par Yvon Gattaz, en refusant de quitter son entreprise pour un départ à la retraite. Les repreneurs font également évoluer, par leur expérience préalable, le métier de dirigeant. Il existe des types très variés de repreneurs, que l’on peut décrire en fonction de leur origine ou de leur formation. Du seul fait de leur connaissance préalable de l’entreprise qu’ils vont reprendre, leur parcours sera très différent, de même que le management de la reprise. Plusieurs types de repreneurs peuvent être identifiés : ancien salarié de l’entreprise, personnes extérieures, membres de la famille, partenaire commercial… La reprise peut s’effectuer seul ou à plusieurs (reprise par les salariés par exemple). L’étude d’OSEO bdpme (2005) sur la transmission des PME montre que, lorsque la reprise est le fait de deux repreneurs, les chances de réussite sont meilleures. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE III. Un métier en évolution 41 % des repreneurs (hors commerce) connaissent l’entreprise préalablement à la transmission, soit en tant que salarié, soit comme membre de la famille. D’après les données d’OSEO bdpme (2005), alors que les entreprises cédées présentent un actionnariat majoritairement familial, les transmissions dans le cercle familial sont de moins en moins fréquentes. Deschamps (2002) a étudié plus spécifiquement les caractéristiques du repreneur qui était un ancien partenaire commercial, celui qui n’avait aucun lien avec l’entreprise, et l’ancien salarié. Tous soulignent le besoin d’être mieux accompagnés, informés, mais aussi formés dans cette phase cruciale. 1.2. Les dirigeants de la nouvelle économie Certains dirigeants de secteurs comme les TIC ou d’entreprises innovantes présentent des spécificités qui ont également fait l’objet de recherche. Selon Fonrouge (2002), les dirigeants de PME du secteur des TIC ont des raisonnements spécifiques afin de répondre à l’instabilité propre à leur secteur. On constate en effet l’existence de deux traits spécifiques qui agissent particulièrement sur la performance des réseaux mis en place par le dirigeant. Les dirigeants du secteur des TIC auraient tendance à effectuer une analyse de l’intérieur sans tenir compte du contexte, et à se considérer eux-mêmes comme la raison des succès de l’entreprise, sans tenir compte de l’apport par les réseaux externes. Leur modalité de développement de l’entreprise semble donc répondre à une logique particulière. L’étude menée par le groupe de recherche sur la PME et l’ « entrepreneurship » de l’université Laval sur les dirigeants de la nouvelle économie au Québec confirme l’existence de particularités liées à ce secteur. L’accent est surtout mis par ces dirigeants sur la performance, la réussite générale de l’entreprise et de la profession. Les dirigeants 69 Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE III. Un métier en évolution 70 « traditionnels » parlent plutôt de rentabilité et de croissance. Dans la nouvelle économie, les dirigeants proposent surtout des modalités de formation continue non traditionnelles, à travers la lecture de revues scientifiques, la consultation de banques d’informations, de sites Internet et la participation à des réseaux de spécialistes. Les compétences et les valeurs de ces dirigeants, soumis à des exigences de réactivité managériales et technologiques, pourraient également expliquer les meilleures performances de certaines de ces entreprises, comme le souligne l’étude concernant les dirigeants du FAST 50, palmarès des entreprises de haute technologie (Ineum, Deloitte, 2003). S’ils partagent, comme la plupart des dirigeants de PME, leur temps entre les activités commerciales et marketing (32 %), la technique (23 %), le management (21 %), l’administration (13 %), la stratégie et l’organisation (11 %), ils ont plus tendance à partager leurs activités et leur pouvoir décisionnaire avec leurs collaborateurs. Leur motivation s’appuie sur leur équipe, leur projet d’entreprise, et la survie et la croissance économique. Leur vision stratégique constitue un guide assez strict. Des résultats allant dans le même sens ont été explicités par d’Amboise, Gasse et Garand (2000). Enfin, leurs valeurs sont principalement la réactivité et l’intégrité. Il est intéressant de noter que, a contrario des grands groupes également interrogés, la réactivité est bien la valeur caractéristique des entreprises technologiques de forte croissance. Benavent et Verstraete (in Verstraete, 2000) mettent en avant la capacité d’improvisation de l’« entreprenaute ». Pour Albert (in Verstraete, 2000), « les créateurs d’entreprises technologiques sont souvent des chercheurs ou ingénieurs qui ont, par formation, plus le goût de la performance technique que celui de créer de véritables projets industriels […] leurs compétences commerciales et marketing sont souvent insuffisantes ». Si la création d’entreprises innovantes par les chercheurs, encouragée par la loi sur l’innovation du 12 juillet 1999, reste très faible (Verstraete, 2003 ; Émin, 2004), le taux de survie de ces entreprises est par contre supérieur à la moyenne. Les principaux freins à la création d’entreprise par les chercheurs concernent surtout l’incompatibilité qu’ils perçoivent entre leur vocation de chercheur et la réorientation de leur carrière vers la gestion d’une entreprise. Le manque de compétences en gestion peut également apparaître comme un frein (Émin, 2004). L’ouverture du capital des entreprises sur le nouveau et le second marché, plus fréquente pour des entreprises des nouvelles technologies, et des biotechnologies par exemple, entraîne l’arrivée de financeurs externes qui modifie le rapport dirigeant/actionnaires. Les modalités de gestion mises en œuvre par le dirigeant sont alors impactées. 1.3. Les franchisés Une autre évolution marquante concerne le système de franchise qui séduit de plus en plus d’entrepreneurs. « La franchise constitue un système de commercialisation de produits et/ou de services et/ou de technologies basé sur une collaboration étroite et continue entre des entreprises juridiquement et financièrement distinctes et indépendantes, le franchiseur et ses franchisés. Le franchiseur accorde à ses franchisés le droit, et impose l’obligation d’exploiter une entreprise en conformité avec le concept du franchiseur » (définition du Code de déontologie européen de la franchise, Fédération française de la franchise). Les réseaux de commerce associés, les coopératives, le fonctionnement de supermarchés, la distribution sélective (parfumerie…), la concession (automobile…), le courtage, les agents commerciaux ou encore le partenariat et la commission affiliation constituent d’autres modes d’exploitation d’une entreprise en réseau, et de cadre d’exercice des activités de dirigeant. La franchise se développe de plus en plus dans le secteur du commerce de détail. La Fédération française de la franchise a recensé 835 réseaux de franchise ou de concession en 2004, et 36 773 franchisés, alors que ces chiffres étaient de 550 et 27 000 en 1992, avant une forte chute en 1993-1994. La franchise française représente 40 % de la franchise européenne, et les réseaux sont majoritairement nationaux. Les déterminants du choix de la franchise plutôt que l’entreprise indépendante ou le salariat sont multiples. Des risques plus faibles que dans le cadre d’une entreprise indépendante, l’espoir d’un développement et d’une rentabilité plus rapides et à moindre coût, l’existence d’une marque déjà connue, l’appartenance à un réseau et la possibilité de bénéficier d’assistance et de formation sont des motifs recensés (Dubost et al., 2000). On peut également avancer l’idée que le choix de ce mode d’exploitation est parfois imposé par les conditions du marché. La franchise peut également constituer une solution pour les entrepreneurs qui souhaitent s’établir à leur compte, mais qui n’ont pas de projet précis. Les interactions entreprises, dirigeants, contexte seront donc différentes. Certains aspects des activités de gestion de l’entreprise (le choix des produits, la définition d’une stratégie d’innovation, la stratégie commerciale…) seront moins présents. On peut s’interroger sur la relation entre ce développement et les impacts sur le contenu des activités du dirigeant et essayer de comprendre les raisons de ce développement de la franchise qui est peut-être de nature à remettre Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE III. Un métier en évolution 71 en cause les travaux d’analyse portant sur le rôle du dirigeant en matière de gestion. Nos recherches bibliographiques ne nous ont pas fourni d’éléments sur ces questions qui restent à creuser. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE III. Un métier en évolution 72 1.4. Les femmes dirigeantes : un mode de management différent ? Depuis quelques années, de nombreux chercheurs se sont penchés sur l’entrepreneuriat et les femmes. Ici aussi, les études portent plus souvent sur les porteurs de projet que sur les dirigeants installés depuis plusieurs années. Il est néanmoins utile d’en dégager certains aspects. En France, près de 30 % des artisans, commerçants et chefs d’entreprise (nomenclature INSEE) sont des femmes. Elles sont plus nombreuses à exercer la profession de commerçant (39 %) que d’artisan (23 %). Seuls 14 % des dirigeants d’entreprises de plus de 10 personnes sont des femmes. Elles sont également surreprésentées parmi les aides familiaux (voir la définition de la PCS Artisans, commerçants, chefs d’entreprise de 10 salariés et plus en annexe). Les motivations des femmes dirigeantes pour entreprendre seraient légèrement différentes de celles des hommes. Elles sont plus souvent intéressées par un désir de souplesse et de plus grande harmonie entre leur vie familiale et professionnelle. En France comme en Europe, la création d’une entreprise par une femme correspond plus souvent à une phase de reprise d’emploi. Selon les travaux du Kaufman Center, la croissance des entreprises dirigées par des femmes est plus lente. Ce même institut a constaté que les entreprises détenues par des femmes vivent plus longtemps et affichent de meilleurs taux de remboursement de leur dette (OCDE, 2002). Cependant, ces résultats ne font pas l’unanimité. D’une façon générale, les femmes dirigeantes utilisent plus facilement Internet que leurs homologues masculins. En outre leur gestion de l’entreprise s’appuie sur un mode plus relationnel. Leur envie d’intégrer des réseaux et leur capacité à les créer est forte (OCDE, 2002). Enfin, une recherche publiée dans la revue Small Business Economics (Syeda-Masooda Mukhtar, 2002) retrace les débats concernant l’existence de spécificités féminines de management. Pour certains chercheurs, il n’y a pas de différence significative dans les valeurs managériales entre hommes et femmes, qui disposent d’ailleurs de capacités et de compétences en management similaires. L’auteur montre par les résultats du traitement statistique d’un sondage que non seulement le mode de management féminin dans les petites structures est différent de leurs homologues masculins, mais qu’il est aussi plus autocratique et moins participatif. Leur gestion s’appuie plus sur une organisation par personne que par fonction, contrairement aux dirigeants propriétaires hommes. Pour mieux évaluer ces phénomènes, en France comme en Europe, les observateurs s’accordent à solliciter un accroissement des études et statistiques disponibles pour mieux connaître l’entrepreneuriat féminin. Pour remédier au peu de connaissance, l’OCDE à travers son groupe de travail sur les PME et l’entrepreneuriat est à l’initiative d’une série de conférences sur ce thème. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE III. Un métier en évolution 73 1.5. L’influence de la culture d’origine Les spécificités managériales des dirigeants issus d’une culture différente de celle du pays d’implantation méritent sans doute d’être étudiées. En France, peu d’études ont été menées sur ce thème, et on dispose de peu d’éléments statistiques pour évaluer le nombre de chefs d’entreprise issus de l’immigration. Le thème de l’entrepreneuriat ethnique est plus souvent traité aux États-Unis (où les statistiques prennent en compte le critère ethnique), au RoyaumeUni et dans une moindre mesure au Canada. Les travaux de Lévy montrent que l’analyse des comportements des entrepreneurs issus de l’immigration en France suppose la prise en compte d’une diversité importante. La littérature anglo-saxonne met en avant deux situations théoriques : - le repli sur la communauté ethnique d’origine, - l’intégration résignée, via la création d’une activité, à la société d’accueil dans l’attente d’un hypothétique retour. Des facteurs socio-économiques et culturels peuvent impacter les motivations de l’entrepreneur (volonté de rendre service aux membres de sa communauté), impliquer des difficultés spécifiques (langue par exemple), ou permettre la constitution de réseaux d’appui et de solidarité propres. Les projets peuvent se faire avec l’appui de la communauté d’origine, sur un marché de proximité qui lui est également lié, à partir d’un savoir-faire ethnique. D’autres entrepreneurs chercheront à investir des marchés externes, ou encore à créer des liens avec leur pays d’origine. Dans tous les cas, l’entrepreneur doit justifier son choix et ses actions par rapport aux personnes qui composent son environnement. Cette particularité peut impliquer des conflits de conventions et de systèmes de valeurs avec les membres de sa communauté (Lévy, 2002). Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 Une étude de l’APCE (2002) montre également que la création d’entreprise par les entrepreneurs issus de l’immigration concerne tous les secteurs d’activité, et est de plus en plus « qualitative ». Les modalités de financement sont parfois différentes. Les entrepreneurs d’origine maghrébine solliciteraient moins de prêts bancaires et d’aides publiques. Le recours plus fréquent aux capitaux personnels ou familiaux, ou encore aux réseaux communautaires, implique des choix de gestion plus proches de ceux d’une entreprise patrimoniale par exemple. L’ÉTUDE III. Un métier en évolution 74 Des clubs de dirigeants se mettent en place, afin de promouvoir l’initiative entrepreneuriale de chefs d’entreprise issus de minorité ethnique. Il semble que sous l’influence de ces évolutions démographiques mais aussi sectorielles et technologiques, le profil des dirigeants de PME et leur motivation sont amenés à se modifier. Les services et prestations qui leur sont proposés devront s’adapter. 2. UN NOUVEL ENVIRONNEMENT Si le dirigeant possède des aptitudes à la fonction d’entrepreneur, il n’en reste pas moins que l’économie du savoir lui impose, comme à tout travailleur, de développer et adapter ses compétences. La décision d’effectuer des investissements immatériels constitue une des facettes à part entière des activités du dirigeant de PME. 2.1. Technologies de l’information et de la communication (TIC) et économie du savoir Parmi les nouvelles compétences à maîtriser, les TIC sont représentatives de la nécessité d’incorporer les investissements immatériels comme une nouvelle composante forte des activités du dirigeant. Le pouvoir de grandes firmes multinationales sur leurs partenaires et sous-traitants a également imposé des nouveaux standards de gestion, strictement appliqués dans le « hard discount » par exemple. 2.1.1. L’utilisation d’Internet et des nouvelles technologies Aujourd’hui, il semble que la majorité des dirigeants de PME disposent d’un accès Internet. Le manque de temps, la possibilité de déléguer cette tâche à son assistante et le manque de maîtrise de l’outil constituent les freins principaux (Cospirit recherche, 2001) à une réelle utilisation. Il faut néanmoins souligner que l’utilisation des TIC n’implique pas nécessairement l’intégration de celles-ci dans la stratégie définie dans l’entreprise. L’utilisation d’Internet ou d’EDI (échange de données informatisées) est de nature à faire gagner du temps au dirigeant, dans sa relation avec la banque, les fournisseurs, les clients, les administrations, même avec ses collaborateurs. L’utilisation de systèmes d’information a également pour conséquence de formaliser un certain nombre d’éléments du management des chefs d’entreprise : système de contrôle, atteinte des objectifs… Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE III. Un métier en évolution Pour maximiser l’impact positif de la mise en place de ces nouveaux modes de gestion, il est indispensable que le dirigeant accepte de remettre en cause sa façon de prendre des décisions, d’impliquer ses collaborateurs et de déléguer certaines fonctions. Curvalle et Torrès (in Torrès, 1998), à l’issue de leur étude sur l’implantation d’un système d’échange de données informatisées (EDI) et/ou juste à temps (JAT) suggèrent l’émergence de deux types de PME, en fonction de l’attitude de leur dirigeant. Dans le profil minimaliste, le dirigeant va chercher à minimiser les changements introduits par l’utilisation de ces nouvelles technologies, pour essayer de maintenir son contrôle sur l’entreprise. Cependant, cette attitude ne permet pas d’optimiser les résultats. Dans le profil maximaliste au contraire, le dirigeant cherchant à maximiser les bénéfices de l’implantation des technologies JAT/EDI va également accepter de modifier le mode d’organisation de l’entreprise, qui devient plus managérial. Dans ce cas « les règles de “durée”, de “temps”, de “distance” et de “complexité” sont complètement changées », se rapprochant de celles de la grande entreprise. 2.1.2. Effets pour le dirigeant Les TIC impliquent une modification de la perception de l’espace et du temps, vers un espace long et un temps court (Torrès, in Verstraete, 2000). Elles permettent à partir de l’échelon local de rejoindre la sphère internationale. Les TIC accroissent les informations disponibles. Du point de vue du management de l’innovation (qui peut être de différente nature, technologique, mais aussi des processus, des modes d’organisation), cette évolution peut avoir deux effets: accroître le potentiel d’innovation ou complexifier la gestion des informations et de la veille (Liouville, 2002). L’entrepreneur de notre époque doit donc être encore plus innovateur, capable d’improviser et doté de capacités managériales (Benavent et Verstraete, in Verstraete, 2000). 75 Pour mieux percevoir les opportunités d’innovation liées à l’environnement, le dirigeant peut s’appuyer sur des mises en réseaux. Mais devant la nécessité de travailler en coopération, gérer des partenariats et posséder de nouvelles compétences, une personne unique ne suffit plus à assurer toutes les fonctions de l’entrepreneur (Liouville, 2002). Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 2.2. Des marchés mondialisés plus exigeants L’ÉTUDE La complexification du métier de dirigeant de PME peut avoir plusieurs sources. III. Un métier en évolution 2.2.1. Des exigences accrues 76 L’exigence des clients et des donneurs d’ordre, notamment en matière de qualité, les enjeux liés au développement durable et à un nouvel équilibre social au sein des entreprises sont des réalités de plus en plus prises en compte par les dirigeants. La pression des concurrents suppose d’adopter des stratégies proactives, basées sur de nouveaux modes de gestion, de repenser ses conceptions stratégiques, d’adopter des nouveaux comportements pour se développer à l’export ou en s’appuyant sur les nouvelles technologies. Tous ces changements impactent la fonction de dirigeant, le contenu de son métier et la façon de l’exercer. Ils sont de nature à complexifier le processus décisionnel des dirigeants de PME qui est « vu comme étant plus intuitif, “au juger”, moins dépendant d’information et de modèles formels de prise de décision » (Blili et Raymond, in Julien, 1998). 2.2.2. L’internationalisation, une étape nécessaire ? Pour certaines PME, la dimension internationale constitue un bon exemple des nouvelles exigences de la fonction de dirigeant. Dans le contexte de concurrence accrue provoquée par l’ouverture des marchés, les PME sont encore trop peu nombreuses à envisager le défi du commerce international. Certaines études établissent que c’est fondamentalement l’attitude du propriétaire dirigeant d’une petite entreprise face à l’exportation qui conditionne la décision qu’il prend de s’y engager ou non. « Le dirigeant de la PME exerce une influence directe et souvent sans partage aussi bien sur la décision d’internationalisation que sur sa mise en œuvre » (Allali, 2002). Les dirigeants qui s’engagent sur des marchés à l’international se représentent leurs forces et faiblesses à l’égard de l’exportation. À partir de là, leurs activités et les compétences dont ils doivent disposer se modifient. Les principales difficultés sont liées au temps que les dirigeants peuvent consacrer à la définition d’une stratégie à l’export en raison du poids de la gestion quotidienne, mais aussi de l’absence de personnel qualifié. La formation peut permettre d’accompagner le dirigeant dans cette phase, plus précisément sur les aspects de gestion financière, marketing, logistique et juridique spécifiques à l’international. Les accompagnements proposés doivent être différenciés par secteurs, s’appuyer sur des échanges et des cas concrets, et être dispensés à la fois par des professionnels expérimentés qui seront pragmatiques, et des universitaires et spécialistes institutionnels (Carrier, 1996). Ceci va également dans le sens d’une évolution des prestations d’accompagnement proposées au dirigeant de PME (partie II, 3 de cette étude). Sur ce dernier point, il est à noter que la stratégie d’internationalisation de la PME reste soutenue par un ancrage local, qui constitue les ressources de l’entrepreneur à l’international, le « milieu internationalisant » (Torrès, 2002). 2.2.3. Mondialisation et culture de management La rencontre des chefs d’entreprise avec leurs homologues de culture différente, à travers leurs échanges commerciaux, des voyages au sein des clubs de dirigeants ou encore à travers une formation, n’est pas sans influencer leur gestion quotidienne de l’entreprise. Le développement à destination des dirigeants de PME d’une offre de formation diplômante, sur le modèle du MBA anglo-saxon, est également porteuse d’influences. Les nouvelles exigences des marchés, les nouvelles technologies, l’évolution des demandes des salariés constituent autant de vecteurs de changements qui s’imposent sous une forme ou sous une autre au dirigeant de PME. Ces évolutions viennent interroger et compléter les approches du métier qui ont été présentées dans cette étude. L’intervention de R. et J. Bonnet (2003) dans un colloque sur la complexité synthétise ces mutations : « Ainsi les responsables sontils passés progressivement d’une intervention essentiellement bornée par les exigences et les contraintes fonctionnelles de la production à une fonction particulièrement complexe et sensible, au sein de laquelle les dimensions symboliques des activités humaines représentent des enjeux, des besoins et des défis de chaque instant, au plan individuel comme au plan collectif. » Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE III. Un métier en évolution 77 CONCLUSION Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE III. Un métier en évolution 78 Qui sont les dirigeants de PME ? Différents termes, à la fois proches et différents, sont utilisés pour désigner le dirigeant de PME. Des classifications statistiques existent mais elles sont hétérogènes. Pour caractériser les dirigeants de PME, cette étude a complété les informations basées sur la taille ou le secteur d’activité par une approche croisée entre les activités des dirigeants et les caractéristiques de leurs entreprises. L’environnement du dirigeant de PME est marqué par des caractéristiques telles que la forme juridique de l’entreprise et ses modalités d’exploitation (seul, en association, dans un cadre familial, dans un système de franchise, etc.). Néanmoins, le point commun de tous les dirigeants reste les responsabilités assumées, tant au point de vue juridique et social que financier. Les risques personnels sont également élevés. En étudiant les dirigeants de PME, il faut donc garder à l’esprit à la fois la grande variété des situations et les spécificités liées à la PME. L’émergence de la PME comme objet d’étude a permis de mieux connaître le métier de chef d’entreprise. Les économistes ont fourni les premières analyses du rôle de l’entrepreneur. La reconnaissance du rôle économique de la PME dans la seconde partie du XXe siècle a entraîné un intérêt croissant du côté de la recherche. Avec le développement de la recherche en PME, plusieurs approches ont été développées. Aujourd’hui, on considère la gestion d’une PME comme spécifique, mais en évolution sous l’effet de plusieurs facteurs. Le dirigeant, au cœur de son entreprise, a d’abord été abordé à travers ses traits de personnalité. Cette caractérisation quelque peu héroïque a été peu à peu complétée par l’analyse de ses comportements, à travers notamment le filtre de sa motivation et de ses valeurs. La compréhension du métier de dirigeant s’appuie également sur les différentes composantes de son activité, et les compétences qui y sont associées, ce qui permet de dégager des approches plus opérationnelles (en termes de formation et d’accompagnement par exemple). Des typologies de dirigeants ont ainsi pu être dégagées. Leur principal intérêt réside dans la possibilité de décrire des grands types et de poser des hypothèses de travail pour les chercheurs. Néanmoins, elles ne doivent pas masquer une compréhension plus fine des logiques d’action des dirigeants. Celle-ci doit s’appuyer sur les interactions entre le dirigeant et son environnement. Son entourage au sein de l’entreprise et sur le plan personnel, les réseaux professionnels dans lesquels il s’intègre, tout comme les ressources externes en termes de conseil et de formation, impactent la gestion de l’entreprise. Les pratiques du dirigeant évoluent sous ces diverses influences, qu’il faudrait pouvoir mieux connaître et analyser. Les acteurs publics gagneraient très certainement à mieux connaître les liens entre le dirigeant et le territoire et la façon dont sont utilisées les ressources qui lui sont proposées. Le profil des dirigeants et leur conception de leur métier évoluent. En effet, les caractéristiques des nouveaux dirigeants, créateurs et repreneurs, montrent certaines évolutions en termes d’aspirations, de parcours antérieur, de mode de gestion. Les spécificités de certains types de dirigeants (entreprises à forte croissance, franchisés, femmes ou entrepreneurs issus de cultures différentes) gagneraient à être mieux connues afin de dégager de nouveaux profils. On ne peut que souhaiter voir se développer de plus amples sources d’information sur les pratiques en termes de recours au conseil, de formation, d’utilisation des TIC et de nouveaux outils dans la gestion quotidienne de la PME par exemple. Enfin, le contexte économique implique de nouvelles responsabilités (environnementales par exemple) et la nécessité de remettre en cause ses compétences (économie du savoir). Cette nouvelle donne suppose d’étudier et d’accompagner le dirigeant de PME dans sa complexité. Une meilleure connaissance des éléments qui ont été abordés ici pourrait éclairer les pouvoirs publics, mais aussi les intervenants privés, vers des interventions toujours plus proches des besoins, et participer à la valorisation du métier de chef d’entreprise auprès des plus jeunes générations. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE III. Un métier en évolution 79 ANNEXES ANNEXE 1 Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE Annexe 1 80 CATÉGORIES STATISTIQUES : Différentes sources d’informations permettent de connaître la population active française et ses évolutions. Concernant les dirigeants de PME (voir la partie I, 1.2 de cette étude), on peut se reporter aux données produites par l’INSEE, qui collecte, produit et diffuse des informations sur l’économie et la société française. La DARES, Direction de l’animation de la recherche, des études et statistiques du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Cohésion sociale, propose un traitement spécifique des données de l’INSEE. L’INSEE et la DARES utilisent des outils de classification différents afin d’analyser les données socio-économiques du marché de l’emploi. L’INSEE a construit des professions et catégories socioprofessionnelles permettant des regroupements, utilisés notamment pour du recensement de la population ou de l’enquête emploi. La DARES s’appuie sur une nomenclature spécifique des métiers. 1. Professions et catégories socioprofessionnelles selon l’INSEE La nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles classe la population selon une synthèse de la profession, de la position hiérarchique et du statut, salarié ou non. La PCS a remplacé en 1982 la CSP. Cette nomenclature comporte trois niveaux d’agrégation emboîtés : les groupes socioprofessionnels (8 postes), les catégories socioprofessionnelles (24 et 42 postes) et les professions (486 postes). Au niveau des catégories socioprofessionnelles, des regroupements ont été effectués et une distinction apparaît entre les « artisans », les « commerçants » et les « chefs d’entreprise », selon l’extrait reproduit ci-dessous de la nomenclature des professions et catégories professionnelles. Artisans, commerçants et chefs d’entreprise (groupe socioprofessionnel n° 2) Ces catégories ont pour but de regrouper les actifs qui mettent en valeur un capital économique en tant que chef de leur propre entreprise, mais travaillant seul ou qui n’emploient qu’un petit nombre de salariés, dans un domaine où l’aspect « travail manuel » est important, en dehors de l’agriculture. Il s’agit : - pour les artisans de chefs d’entreprise, associés ou aides familiaux non salariés ; employant de 0 à 9 salariés ; dans une activité de fabrication, bâtiment, entretien, réparation, transport ou soins esthétiques. - pour les commerçants de chefs d’entreprise, associés ou aides familiaux non salariés ; employant de 0 à 9 salariés ; dans le commerce, la restauration, les services de type administratif, les services d’enseignement, de santé, d’action sociale, et quelques autres ; dans la mesure où dans ces activités l’aspect intellectuel ou artistique n’est pas dominant. - et pour les chefs d’entreprise, associés ou aides familiaux non salariés ; employant 10 salariés ou plus ; en dehors des agriculteurs, des membres de professions libérales et des professions de l’information, des arts et des spectacles. • Artisans Cette catégorie a pour but de regrouper les actifs qui mettent en valeur un capital économique en tant que chef de leur propre entreprise, mais travaillant seul ou qui n’emploient qu’un petit nombre de salariés, dans un domaine où l’aspect « travail manuel » est important, en dehors de l’agriculture On y trouve des chefs d’entreprise, associés ou aides familiaux non salariés ; employant de 0 à 9 salariés ; dans une activité de fabrication, bâtiment, entretien, réparation, transport ou soins esthétiques. • Commerçants et assimilés Cette catégorie a pour but de regrouper les actifs qui mettent en valeur un capital économique en tant que chef de leur propre entreprise, mais travaillant seul ou qui n’emploient qu’un petit nombre de salariés, dans un domaine où l’aspect « travail manuel » est secondaire et qui n’exige pas un capital culturel très élevé. On y trouve des chefs d’entreprise, associés ou aides familiaux non salariés ; employant de 0 à 9 salariés ; dans le commerce, la restauration, les services de type administratif, les services d’enseignement, de santé, d’action sociale, et quelques autres ; dans la mesure où dans ces activités l’aspect intellectuel ou artistique n’est pas dominant. • Chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus Cette catégorie regroupe les chefs d’entreprise, associés ou aides familiaux non salariés ; employant 10 salariés ou plus ; en dehors des agriculteurs, des membres des professions libérales et des professions de l’information, des arts et des spectacles. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE Annexe 1 81 Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE Annexe 1 82 2. La nomenclature spécifique de la DARES La DARES1 s’appuie sur une nomenclature spécifique des métiers fondée sur la famille professionnelle ou FAP, issue du rapprochement du répertoire opérationnel des métiers et des emplois (ROME*), utilisé par l’ANPE, et de la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS). Le ROME est plus détaillé que la PCS. Plusieurs numéros du ROME ont été regroupés en face d’une même PCS quand c’était nécessaire. Il cherche à décrire des emplois-métiers. Un emploi-métier rassemble des contenus d’activité qui sont proches ou semblables et qui renvoient à un ensemble homogène de situations de travail. La nomenclature du ROME s’appuie sur le contenu de l’activité professionnelle, les compétences techniques de base, et la proximité des profils requis pour exercer l’emploi. La FAP est utilisée par la DARES pour présenter des données sur l’emploi par métier. Il existe ainsi une fiche de synthèse sur la famille professionnelle L6 Dirigeants d’entreprises, qui donne des informations sur le métier « dirigeant de petites et moyennes entreprises » (L600). Cet agrégat L600 regroupe les professions répertoriées dans la PCS sous les professions « chefs de moyenne entreprise (50 à 499 salariés ; 2320) », « chef d’entreprise du bâtiment ou des travaux publics (10 à 49 salariés ; 2331) », « chefs d’entreprise de l’industrie ou des transports (10 à 49 salariés ; 2332) », « chef d’entreprise commerciale (10 à 49 salariés ; 2333) », « chefs d’entreprise de service (10 à 49 salariés ; 2334) ». L’agrégat L600 ne tient pas compte de la PCS 2310 relative aux chefs de grande entreprise de 500 salariés et plus. Les entreprises de moins de 10 salariés ne sont pas non plus prises en compte. Pour plus d’information : Le ROME sur le site Web de l’ANPE : http://rome.anpe.net Site Web de la DARES : www.travail.gouv.fr/etudes/etudes_h.html Site Web de l’INSEE : www.insee.fr (rubrique Nomenclature, définitions, méthodes/Nomenclature) 1. Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale. * Les mots suivis d’un astérisque sont définis dans le lexique en fin d’ouvrage. ANNEXE 2 CARACTÉRISTIQUES SOCIO-ÉCONOMIQUES Secteurs d’activité Dirigeant de PME, un métier ? La répartition de la population des dirigeants de PME correspond à la structure de l’économie française. Les chefs d’entreprise exercent majoritairement leurs activités dans le secteur tertiaire. Agriculture Artisans Commerçants Chefs d’entreprise (> 10 salariés) Industrie Construction 1,7 0,3 25 1,5 34,9 0,3 Tertiaire hors commerce 24, 3 51,1 0,8 25,8 12,6 36,1 L’ÉTUDE Annexe 2 Ventilation par secteur d’activité des dirigeants d’entreprise Répartition par activités REGARDS SUR LES PME N°8 Commerce Total 14,1 46,8 100 100 24,7 100 83 Source : INSEE, enquête Emploi Les artisans exercent principalement leurs activités dans les secteurs de la construction, des industries alimentaires, des transports, et du commerce et de la réparation, et des services aux personnes. En plus du commerce de détail, de gros et de l’hôtellerie-restauration pour les deux tiers d’entre eux, les commerçants sont essentiellement présents dans le domaine des activités immobilières et du conseil et de l’assistance. Enfin, les activités des dirigeants d’entreprise de plus de 10 salariés sont plus diversifiées. En plus des secteurs de la construction, du commerce et des transports, on retrouve par exemple le conseil et l’assistance, les services divers, la chaudronnerie, ou encore la transformation des métaux. Répartition géographique Les chefs d’entreprise sont répartis sur l’ensemble du territoire. Les artisans exercent majoritairement leurs activités dans des zones rurales. Les entreprises de plus de 10 salariés se répartissent plus uniformément entre les différentes tailles de communes. Le poids de la région parisienne est plus marqué pour les entreprises de plus de 10 salariés. La région Rhône-Alpes et l’Alsace ont également une forte concentration de dirigeants. Âge et sexe La population des dirigeants est encore peu féminisée. Les femmes représentent 14 % de la catégorie « Chefs d’entreprise de plus de 10 salariés », et moins d’un tiers de la catégorie « Artisans, commerçants, chefs d’entreprise ». Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 Répartition par sexe des artisans, commerçants et chefs d’entreprise L’ÉTUDE hommes femmes Annexe 2 100 % 84 90 % 23 % 40 % 14 % 30 % 77 % 60 % 86 % 70 % Artisans Commerçants Chefs d’entreprise (+ de 10 salariés) Ensemble 80 % 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0% Source : enquête Emploi 2002 INSEE Aujourd’hui, le vieillissement de la population des dirigeants de PME représente un enjeu important pour la pérennité des entreprises et des emplois. Le graphique suivant superpose la pyramide des âges de l’ensemble de la population française à celle de la catégorie des « Artisans, commerçants et chefs d’entreprise ». Les chefs d’entreprise ont une moyenne d’âge plus élevée que le reste de la population. Pyramide des âges des commerçants, artisans et chefs d’entreprise chefs d’entreprise de 10 salariés et plus commerçants artisans de 15 à 19 ans Dirigeant de PME, un métier ? de 20 à 24 ans de 25 à 29 ans REGARDS SUR LES PME N°8 de 30 à 34 ans L’ÉTUDE de 35 à 39 ans de 40 à 44 ans Annexe 2 de 45 à 49 ans 85 de 50 à 54 ans de 55 à 59 ans de 60 à 64 ans de 65 à 69 ans de 70 à 74 ans 75 ans et plus 0 5 10 15 20 25 Source : enquête Emploi 2002 INSEE/Traitement DCASPL Pyramide des âges des commerçants, artisans et chefs d’entreprise comparée à l’ensemble de la population active ensemble de la population artisans, commerçants et chefs d’entreprise plus de 65 ans de 60 à 64 ans de 55 à 59 ans de 50 à 54 ans de 45 à 49 ans de 40 à 44 ans de 35 à 39 ans de 30 à 34 ans de 25 à 29 ans de 20 à 24 ans de 15 à 19 ans 0 5 10 15 20 Source : enquête Emploi 2002 INSEE/Traitement DCASPL Formation Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE Près de 60 % des dirigeants d’entreprise de 10 salariés et plus ont un niveau de diplôme égal ou supérieur au bac. Ce taux est plus faible pour les artisans et les commerçants. Le niveau d’études s’élève pour les dirigeants les plus jeunes. Diplôme le plus élevé obtenu – Ensemble des artisans, commerçants et chefs d’entreprise Annexe 2 14 % Sans diplôme 15 % Post bac 86 14 % Bac ou équivalent 57 % Infra bac Source : enquête Emploi INSEE/Traitement DECAS Le taux d’accès à la formation continue1 de l’ensemble de la catégorie est relativement faible. En 1999, le taux d’accès à la formation continue le plus faible était celui des travailleurs indépendants. Dans l’enquête Formation de l’INSEE, la catégorie « Chefs d’entreprise de plus de 10 salariés » présente un taux d’accès de 33 %. Ce taux est inférieur à celui des cadres d’entreprises privées et de la fonction publique, mais aussi à celui des professions intermédiaires, techniciens et employés administratifs. Il est supérieur au taux d’accès en formation des ouvriers. Mais pour les artisans et les commerçants, ce taux est de 16 et 13 %. Pour l’ensemble de la catégorie « Artisans, commerçants et chefs d’entreprise » le taux est de 16,3 %, soit le plus faible, avec celui des exploitants agricoles. Ces chiffres sont à interpréter prudemment. Le système de formation professionnelle ne valorise pas les apprentissages issus de l’expérience quotidienne. En outre, les dirigeants privilégient par exemple les clubs de dirigeants qui sont également des lieux de perfectionnement. Parcours Selon l’enquête SINE de l’INSEE, en 1998, la moitié des créateurs d’entreprises étaient en activité et un tiers à la recherche d’un emploi. 1. Le taux d’accès à la formation est le rapport entre un nombre de stagiaires (c’est-àdire une personne ayant réalisé au moins une formation) et l’ensemble des individus. L’étude de leur qualification antérieure montre également une grande variété de profils. Qualification antérieure du créateur d’entreprise Qualification antérieure du créateur d’entreprise Artisan, commerçant Chef d’entreprise Cadre Agent de maîtrise Profession intermédiaire Employé Ouvrier Étudiant Sans activité en (%) 14 4 15 4 7 29 14 5 8 Source : INSEE, enquête SINE 1998 Revenus Les revenus des dirigeants sont également très hétérogènes. Ainsi, concernant les dirigeants salariés, les écarts vont de 1 à 3, en fonction de la taille et du secteur d’activité de l’entreprise, mais aussi des caractéristiques propres au dirigeant. La moitié des dirigeants d’entreprise (toutes tailles confondues) gagnent moins de 28 850 euros nets par an. Les femmes gagnent en moyenne un tiers de moins que les hommes dirigeants. Les dirigeants de petites entreprises ont les salaires moyens les plus faibles. Ces salaires sont souvent complétés par d’autres revenus (revenus du capital). Les entrepreneurs individuels ont des revenus d’activité plus sensibles à la conjoncture que les salariés. Les employeurs dégagent des revenus supérieurs aux indépendants1. 1. Pour plus de précisions voir les études de l’INSEE, INSEE Première, n° 884, février 2003, et n° 945, janvier 2004. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’ÉTUDE Annexe 2 87 La tribune P o i n t d e v u e Comprendre le rôle du dirigeant dans le collectif de l’entreprise par Christian Jouvenot Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Une approche par le métier… Intervenant comme conseils auprès de nombreuses PME qui souhaitent améliorer les conditions de réalisation de leur travail, les chargés de mission de l’ARACT Nord-Pas-de-Calais, comme ceux de l’ensemble du réseau ANACT-ARACTS, savent d’expérience le rôle essentiel que joue le dirigeant au sein de son entreprise. Encore récemment, l’étude menée par le réseau sur « la gestion des compétences en PME » l’a bien montré : le dirigeant est un acteur clé et tout changement, toute innovation sur ce sujet dépendent d’abord de lui, de la vision qu’il a de son entreprise et de la déclinaison opérationnelle qu’il est en capacité de lui donner. La synthèse qui nous est proposée ici, ainsi que le travail de réflexion dont elle marque une étape, nous intéressent à plus d’un titre. D’abord, et ce n’est pas mince, elle procure un accès facile à une abondante littérature managériale sur le sujet et nous permet de nous situer par rapport à elle. Ensuite et surtout, elle développe un point de vue tout à fait intéressant, également mis en valeur par le travail du centre de ressources mis en place à la CCI d’Armentières-Hazebrouck : elle propose d’aborder le dirigeant sous l’angle de son métier. Une telle approche ne saurait rendre compte de toute la réalité, mais elle a l’immense mérite, pour nous, d’être opé- ratoire, en dessinant pour nous, et plus largement pour le monde du conseil, un cadre de référence bien utile pour intervenir en PME. … permet de mieux percevoir le rôle du dirigeant dans le collectif de l’entreprise… Nos interventions, en effet, ne visent pas d’abord les individus en tant que tels, mais le collectif que constitue l’entreprise. Elles ne cherchent pas à répondre aux enjeux et aux intérêts de tel ou tel acteur particulier, mais à ceux qui se posent à l’ensemble. Aborder le dirigeant non pas d’abord sous l’angle du statut social mais sous celui du métier permet précisément de mieux prendre en compte sa place au sein de ce collectif. Il n’y est pas un personnage d’exception, il y remplit une fonction et un rôle spécifiques, qui, à ce titre, peuvent être interrogés, mais au fond comme peuvent être interrogés la fonction et le rôle de tout un chacun. … au-delà de ses qualités personnelles… En passant d’une logique fondée sur les seules qualités personnelles – la perception « héroïque » dont parle l’étude, toute proche de ce qu’une littérature masque sous le terme vague de « savoir-être » –, à une logique du métier, il devient plus facile de faire prendre de la distance et Christian Jouvenot 91 Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Christian Jouvenot 92 d’objectiver le point de vue : ce n’est pas la personne qui est en cause mais la manière dont elle exerce son métier, les compétences qu’elle possède, le temps dont elle dispose, la conception qu’elle en a, etc. Montrer l’impact qui en résulte sur les points forts et les points faibles de l’entreprise permet de repositionner le rôle et la fonction et de dessiner des marges de progrès pour l’ensemble de l’entreprise. … avec des aspects de polyvalence On sait, par exemple, que dans de nombreuses petites entreprises le dirigeant occupe une fonction opérationnelle (fonction clé quelquefois lorsqu’il est le seul à posséder la compétence sur le sujet), soit dans la production, soit dans le commercial. Le cadre proposé ici permet facilement de l’amener à prendre conscience de ce cumul de fonctions en termes de polyvalence, comme pour tous les autres acteurs de l’entreprise, à en évaluer l’intérêt et les limites, à en mesurer la faisabilité à terme… et à prendre les décisions en conséquence. P o i n t d e v u e Dirigeant de PME : un métier au cœur de la performance économique par Renée Ingelaere Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE La PME au cœur de la Flandre Territoire de petites et moyennes entreprises : c’est ce qui caractérise aujourd’hui le mieux l’identité économique de la Flandre. Située entre Dunkerque et Lille, issue de la tradition agricole, la Flandre a su évoluer au cours des années passées et accompagner la création et l’essor d’entreprises bien souvent familiales et attachées au territoire. Malgré l’absence de logique de filière ou de pôle d’excellence structurant, les entreprises ont trouvé en Flandre les conditions d’un développement harmonieux et une qualité de la « ressource humaine » qui est unanimement reconnue. Toutefois, le contexte concurrentiel exacerbé et la compétition entre les différents territoires pour attirer les investisseurs sont venus poser avec insistance la question des modalités d’un accompagnement plus efficace des PME en Flandre et en particulier de leurs dirigeants. La CCI d’Armentières-Hazebrouk est chaque jour au cœur de la réalité que vivent les dirigeants. Elle constate ainsi le rôle joué par celles et ceux qui exercent le plus souvent avec passion leur métier. Sur un territoire comme le nôtre, leur implication dans le tissu local et leur réactivité sont la clé du dynamisme de notre économie. On ne peut donc que saluer la volonté de l’Observatoire des PME d’inscrire le diri- geant de PME dans son programme d’étude afin de mieux cerner son rôle économique et social et les évolutions de sa fonction. Le recensement des sources sur ce thème nous montre la grande diversité des situations vécues par les chefs d’entreprise, mais aussi la difficulté à mieux les connaître, car il n’est pas aisé, notamment sur le plan statistique, de rendre compte de cette variété. Aujourd’hui, l’image de l’entreprise et de son responsable est souvent associée à celle de grands groupes, et peu de ressources permettent de comprendre les spécificités du métier de dirigeant dans une PME. Le territoire : des ressources pour le dirigeant L’étude le souligne, passion et valeurs entrepreneuriales caractérisent le chef d’entreprise. Mais cette synthèse des différentes approches du chef d’entreprise nous démontre aussi qu’une personnalité entreprenante, volontaire et déterminée ne suffit plus pour réussir. Un dirigeant d’entreprise, même de petite taille, exerce un véritable métier, aux complexités indiscutables, qu’il faut enfin reconnaître comme tel. Les témoignages des entrepreneurs dans notre région montrent la difficulté à agir en permanence à la fois dans le court et le long terme, dans l’opérationnel et le stratégique, dans l’urgence et la réflexion. Renée Ingelaere 93 Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Renée Ingelaere 94 Les compétences du dirigeant, mais aussi celles dont il doit s’entourer, sont de plus en plus stratégiques, transversales et pointues. Face aux évolutions de leur métier, nos chefs d’entreprise soulignent qu’il est aujourd’hui primordial de trouver les ressources pour bien s’entourer que ce soit en matière de ressources humaines, de soutien à l’innovation, ou encore d’implantation à l’international. Pour cela, l’accès à l’information doit être rapide, simple et fondé sur des logiques de proximité. Le maillage des acteurs est essentiel pour apporter une plus-value aux ressources disponibles sur le territoire et pour faciliter la transmission d’informations pertinentes. Innover au service du dirigeant Les enjeux de la création/reprise d’entreprise Pour répondre à ces enjeux, il est indispensable d’avoir une meilleure connaissance des dirigeants, des évolutions de leur métier et de l’utilisation qu’ils font des ressources du territoire. Les chefs d’entreprise doivent pouvoir trouver facilement les aides et moyens nécessaires à l’exercice de leur profession. Pour les aider, l’offre de prestation qui leur est adressée doit être plus lisible. Aujourd’hui, il faut approfondir la réflexion sur les modalités d’accompagnement du dirigeant, et anticiper leurs besoins. Dans ce but, il est important d’innover et de tirer profit des complémentarités entre les acteurs « sur le terrain », et les chercheurs qui permettent de mieux comprendre les comportements des entrepreneurs. Malgré un contexte difficile pour l’entreprise, des hommes et des femmes choisissent tous les jours d’exercer ce métier : 320 000 créations d’entreprise en France en 2004 – dont 12 000 dans le Nord-Pas de-Calais – et 630 000 emplois créés à l’échelle nationale (chiffres APCE). Face à ces chiffres encourageants, l’enjeu est de taille : comment aider ces nouveaux dirigeants à pérenniser leur projet et réussir leur aventure entrepreneuriale ? Pour cela, il est nécessaire de promouvoir un accompagnement adapté aux spécificités du métier de dirigeant de PME. Notre expérience auprès des PME nous a convaincus de ces nécessités. C’est pourquoi nous avons initié, avec des partenaires locaux, régionaux, et nationaux, le Centre de ressources et de prospective sur le métier de dirigeant de PME. Il permet la mise en commun des expertises et la mise à disposition, de façon rapide et simple, grâce au portail www.dirigeantpme.com, des ressources sur lesquelles le dirigeant et ceux qui le conseillent peuvent s’appuyer pour réussir. Cet espace unique se veut un lieu de débat et de promotion du métier de dirigeant. Une seconde question essentielle se pose également : comment reconnaître le parcours, les expériences et les compétences des dirigeants qui cessent leurs fonctions pour des raisons économiques ou personnelles ? Dans un contexte économique difficile où les contraintes sont multiples, l’échec est stigmatisé et le dirigeant peu valorisé. À sa façon, l’étude réalisée pour l’Observatoire des PME par le Centre de ressources et de prospective sur le métier de dirigeant de PME constitue une occasion de redécouvrir un métier passionnant, de mieux le valoriser, et de donner des atouts supplémentaires à tous ceux qui osent encore l’aventure de l’entreprise aujourd’hui. P o i n t d e v u e Compétences et professionnalisation des dirigeants-entrepreneurs par Françoise Cocuelle Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Dans le cadre du projet Copernic, un parcours de professionnalisation du métier de dirigeant, le CJD débuta ses travaux en 2001 par une étude universitaire de Jacques Bonnet auprès de 200 jeunes dirigeants : « Compétences et professionnalisation des dirigeants-entrepreneurs, quels scénarii pour un métier émergent? ». On ne peut tenir pour acquit que le dirigeant soit naturellement compétent. Pour autant, si l’on veut parler de la compétence des chefs d’entreprise ou plus spécifiquement des entrepreneurs (et sortir des logiques de « dons », d’« art »), il semble essentiel de savoir ce que l’on entend par métier de dirigeant. En cela le travail développé pour l’Observatoire des PME sur le métier de dirigeant est fondamental. Sans revenir sur les nombreuses études académiques qui ont tenté de cerner le sujet, une distinction intéressante peut être faite. Deux catégories émergent : les gestionnaires et les entrepreneurs Le gestionnaire évolue dans un environnement « stable », il gère et optimise, il est le champion de l’efficience, et est probablement interchangeable (par un autre gestionnaire). L’entrepreneur, lui, a cette capacité à dessiner l’avenir (la vision). Il pilote le système complexe qu’est l’entreprise sur une trajectoire qu’il a lui-même dessinée. Il est le champion de l’efficacité, il initie et accompagne le changement. Il envisage tout autant qu’il calcule. Il a sa propre définition de ce qu’est la réussite (la sienne et celle de l’entreprise), la performance, et sait comment s’y prendre pour arriver à l’image qu’il s’est faite de cette réussite. Ce dirigeant entrepreneur a cela de particulier que, quand on l’observe, on ne se sait pas de quoi est faite sa compétence. Parler d’un référentiel de compétence est donc une utopie. Les savoirs de processus comme pilier central de l’action Être compétent ne signifie pas obligatoirement agir avec compétence. Les savoirs théoriques et l’expérience ne produisent pas toujours de la compétence dans l’action dans un contexte donné. Le concept de processus est un élément clé car il intervient en priorité sur les interactions entre le dirigeant-entrepreneur et son activité. Les savoirs de processus permettent de répondre à « comment créer de la compétence dans l’action (agir avec compétence) », éclairent les « savoir-faireensemble » et sans qu’ils puissent être listés de manière exhaustive, certains comme « savoir problématiser », « élaborer une pensée stratégique », « gérer des temporalités différentes », « diagnostiquer Françoise Cocuelle 95 et passer à l’action », « se mettre en posture de médiation », etc., sont centraux. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Françoise Cocuelle 96 Repenser l’action de formation pour les dirigeants-entrepreneurs Si l’on s’intéresse à l’offre de formation sur le métier de dirigeant, nous sommes confrontés à la pauvreté de l’offre de formation (essentiellement des formations organisées par thèmes, comme la gestion financière, le développement commercial, etc.), et force est de constater le piètre bilan de leur capacité à professionnaliser. Il est donc essentiel d’innover. Caractériser une liste de savoirs de processus semble donc incontournable. Identifier des principes pédagogiques nouveaux et revoir les moyens d’évaluer la construction de ces compétences le sont tout autant. Innover suppose de sortir du simple face-à-face pédagogique, et de travailler à la combinaison de lieux, de moyens, d’outils et d’approches visant à construire les compétences et ces savoirs professionnels nouveaux. Et surtout individualiser. L’élaboration d’un parcours de professionnalisation individualisé s’entend, non pas dans le choix de modules optionnels, mais dans la capacité de ces formations à mettre le dirigeant en posture de métacognition. Cette logique sociocognitive assure au formé une capacité à prendre du recul par rapport à ses pratiques. Elle lui permet de raisonner sur le « comment je m’investis dans l’action », et à agir pour progresser. Elle apporte un éclairage sur les représentations, la nature et le sens que les dirigeants donnent à leurs activités et à leur métier. De plus, pour répondre aux besoins d’une professionnalité de plus en plus complexe et en plein renouvellement, il est nécessaire d’attacher de l’importance à : - la dimension humaine et psychologique, en tant que facteur déterminant pour une identité constitutive du métier de dirigeant-entrepreneur, donc sa capacité à se professionnaliser ; - la nécessité d’accompagner les fonctions d’interface et de médiation dans le pilotage des activités ; - la reconnaissance d’un véritable métier irrigué par une pensée de complexité qui anime pilotage de l’entreprise et gestion des incertitudes et des contextes ; ce métier nécessite donc une capacité à agir dans des raisonnements par processus et non plus par procédures ; - la mise en perspective de ces postures sociales et cognitives, comme point d’entrée pour l’accès à ces savoirs professionnels complexes, clé de voûte de la professionnalité et d’un parcours de professionnalisation ; - l’analyse des pratiques professionnelles (et non plus des « échanges » de pratiques), pour développer une offre nouvelle de formation. Enfin, innover dans l’offre de formation implique également une approche différente des cahiers des charges pour les actions de formation à construire, ainsi qu’un rôle nouveau pour les consultants formateurs qui animent cette nouvelle offre. Un vaste chantier !!! P o i n t d e v u e Dirigeants de PME, parlons de notre métier par Pierre Fonlupt Les auteurs du rapport « Dirigeant de PME, un métier ? Éléments de réponse » relèvent que les PME deviennent un sujet d’étude. On ne peut que s’en réjouir. En effet, elles représentent, si l’on s’en tient à la définition européenne, plus de 99 % des entreprises, près de 63 % de l’emploi, plus de la moitié de la valeur ajoutée. Je regrette même que l’intérêt des chercheurs pour ce champ d’investigation soit si récent ! Un métier mal connu Cet intéressant rapport rejoint l’un des thèmes de réflexion et d’action du MEDEF et en particulier du GPA Entrepreneur. Il s’agit de l’image de l’entrepreneur dans l’opinion publique. Non seulement le grand public n’a pas une idée exacte de ce qu’est le métier d’entrepreneur, mais il en a une vision partielle, orientée vers les seuls dirigeants de grandes entreprises, ou plus exactement sur la caricature qui en est trop souvent faite. Même si les dirigeants sont plutôt bien considérés par leurs propres salariés, il demeure que l’entreprise en général est mal jugée et que le métier de dirigeant n’est pas apprécié à sa juste valeur. Il est vrai que les chefs d’entreprise, pas plus que les entreprises elles-mêmes, n’ont pour vocation première de plaire. Mais cette perception négative est désagréable pour les centaines de milliers d’entrepreneurs, de dirigeants de PME qui, par leurs compétences, leur volonté et les risques qu’ils prennent, créent de la Dirigeant de PME, un métier ? valeur et construisent l’avenir de notre pays. C’est dommage pour notre économie, elle y perd des vocations d’entrepreneurs. L’esprit d’entreprise n’est pas suffisamment diffusé. REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Pierre Fonlupt 97 L’étude qui nous est proposée par l’Observatoire des PME, malgré toutes ses qualités, ne suffira pas à faire mieux comprendre le métier de dirigeant à l’opinion publique. Tel n’est d’ailleurs pas son objectif. Il me semble que seuls les hommes qui exercent ce métier pourront faire percevoir, notamment par les jeunes générations, ce qu’il est, pourquoi il est passionnant et difficile. En somme, eux seuls pourront dire vraiment qui ils sont. Ils ont là une responsabilité qui me parait essentielle. Les dirigeants de PME et la complexité Dans un monde en pleine évolution, les PME de demain ne sont plus ce qu’elles étaient hier, et de nouveaux profils d’entrepreneur apparaissent, comme le relèvent les auteurs de l’étude. Il me semble toutefois que l’un des aspects de l’évolution du métier n’a pas été exploré par les chercheurs autant qu’il aurait pu l’être : diriger une PME, c’est de plus en plus accepter de gérer l’équilibre entre des intérêts divergents, ou en tout cas différents. Les attentes des actionnaires, celles des salariés, celles de la famille, s’il s’agit d’une entreprise Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Pierre Fonlupt familiale, doivent être prises en compte pour assurer la pérennité et le développement de l’entreprise. Une gouvernance adaptée à l’entreprise, à son développement, à ses enjeux doit être mise en place. Le débat est ouvert dans les grandes entreprises. Aujourd’hui les dirigeants de PME ne peuvent plus faire l’économie d’une réflexion sur le sujet. Les réponses apportées dans les grandes entreprises ne sont pas forcément transposables telles quelles aux autres. 98 Au-delà du premier cercle, celui de leur fonctionnement interne, les PME sont également interpellées par l’ensemble de leurs « parties prenantes », clients, fournisseurs, société civile…, tout comme les grandes entreprises. L’une des particularités de la question pour les dirigeants de PME tient à ce que les habitants de leur région comptent souvent sur eux pour défendre l’emploi local. On conçoit bien, même si certains s’en plaignent, que les grandes entreprises, surtout si elles relèvent de centres de décision implantés dans d’autres pays d’Europe ou du monde, choisissent leur lieu d’exploitation sur la base de critères objectifs de compétitivité. On est obligé d’admettre que pour certaines activités, d’autres pays sont mieux placés que la France. Mais des PME le citoyen attend une fidélité plus grande au territoire. Les entrepreneurs partagent ce même souci. Mon expérience au sein des instances du MEDEF m’a souvent donné l’occasion de constater l’immense attachement des dirigeants de PME à leur région, et l’engagement fort des responsables régionaux, départementaux et locaux de notre mouvement, quasiment tous dirigeants de PME, au service de leurs territoires. Il n’empêche que les PME sont de moins en moins à l’abri de la concurrence internationale, et que les réponses qu’elles peuvent apporter aux préoccupations légitimes des Français en termes d’emploi ne doivent ni les priver des marchés étrangers, ni les mettre en situation de s’affaiblir par rapport à la concurrence étrangère. L’implantation à l’étranger et la délocalisation de certaines activités ne sont pas des trahisons à l’égard de nos territoires. Ce sont des aventures souvent nécessaires, toujours difficiles, et une invitation à renouveler le tissu économique local en créant de nouvelles activités, de nouvelles entreprises avec de nouveaux dirigeants. En encourageant la prise de risque et l’innovation et en permettant aux petites entreprises de devenir grandes. P o i n t d e v u e Chef d’entreprise, investir et se battre pour créer par Jean-François Bernardin Plus encore que par le passé, les entreprises sont confrontées à une compétition mondiale féroce et le terme « mondialisation » dont on la revêt montre assez combien les liens entre les chefs d’entreprise et leur environnement sont complexes. La présente étude le souligne à l’envi. Les marchés se reconfigurent à grande vitesse sous l’effet conjugué de la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, de la complexité accrue des réglementations, de la pression de la distribution, des donneurs d’ordre ou des clients… Dès lors, optimiser le fonctionnement d’une entreprise ne suffit plus à lui assurer un avenir, lequel passe désormais par la capacité d’anticipation de son dirigeant. À charge pour les acteurs publics de tout mettre en œuvre pour permettre aux chefs d’entreprise de se concentrer sur leur métier et le développement de leur activité. Une perception ambiguë de l’entreprise La majorité des emplois salariés (58 %) relève de TPE et de PME employant moins de 250 personnes. Or, quand on parle de « patron » en France, la caricature du capitaliste exploitant ses salariés n’est jamais très loin. Il est vrai cependant que, par manque de temps ou d’intérêt, les chefs d’entreprise souffrent d’un déficit de communication sur leur savoirfaire, leurs performances ou leur stratégie. En conséquence, les Français aiment leur entreprise, surtout lorsqu’elle est florissante, mais pas « les entreprises ». Chaque fois qu’un gouvernement annonce une mesure en faveur du développement des entreprises, il s’entend reprocher de « faire un cadeau aux patrons ». Notre système scolaire est ainsi fait qu’il méconnaît le rôle de l’entreprise, quand il n’en donne pas une vision archaïque. C’est pourquoi les métiers de la fonction publique apparaissent comme un eldorado pour de nombreux jeunes. Pourtant, seuls le maintien et le développement d’entreprises compétitives permettront de garantir une protection sociale durable pour nos concitoyens. L’intérêt général se conjugue avec l’intérêt des entreprises et la rentabilité est le « mal » nécessaire à leur croissance et à l’épanouissement de leurs collaborateurs, trop souvent cantonnés au statut de salariés. Une sphère politique et une sphère économique qui parfois s’ignorent, une perception négative de l’entreprise, le culte des avantages acquis sont autant de handicaps dans un contexte de compétition mondiale qui nécessite concertation, coalition et adaptation. Notre pays n’est pas encore soudé autour d’un projet économique consensuel, incluant les entreprises. L’entreprise, d’abord un projet individuel né de l’envie de créer Au quotidien, les chefs d’entreprise vivent, investissent et se battent pour Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Jean-François Bernardin 99 Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Jean-François Bernardin 100 bâtir quelque chose. Pour réussir, ils ont des convictions personnelles et une vision stratégique. Ils assument au sein de leur entreprise des tâches nombreuses et variées et leur principale qualité est la réactivité, une valeur montante de l’esprit entrepreneurial étant le sens de l’innovation. Le chef d’entreprise est aussi un manager d’équipe avec toutes les qualités que la fonction suppose. Il lui faut être assez convaincant pour que ses collaborateurs s’approprient son projet de développement et trouvent leur intérêt à rester dans l’entreprise. Détection et fidélisation des talents, maîtrise des compétences, préservation des savoir-faire sont devenues des enjeux majeurs. La réflexion stratégique, avec ses experts, ses logiciels, ses cas de référence, s’est banalisée comme outil d’optimisation du fonctionnement de l’entreprise. Pour se différencier, le chef d’entreprise devrait mener une réflexion prospective qui le conduise à prendre du recul par rapport à son quotidien. En a-t-il vraiment les moyens ? Il subit en effet la pression de ses clients, ses fournisseurs, ses financeurs, ses actionnaires, les exigences et les états d’âme de ses salariés, sans oublier d’évoquer le poids de la bureaucratie et des services de contrôle en tous genres. Quel patron peut se targuer de maîtriser le code du travail, qui s’alourdit d’ailleurs régulièrement, ou la réglementation environnementale sans l’aide de spécialistes ? Le temps qu’il passe à démêler l’écheveau de ces textes et à se conformer aux procédures administratives serait plus utile à l’intérêt général s’il le consacrait à l’avenir de son entreprise. Aider les chefs d’entreprise à s’adapter Corps intermédiaires économiques, les CCI sont des établissements présidés par des chefs d’entreprise. Dans le cadre de leurs grandes missions de consultation, appui aux entreprises et aux territoires, formation, gestion des grands équipements, elles représentent les intérêts des entreprises industrielles, commerciales et de services auprès des pouvoirs publics locaux, régionaux, nationaux ou européens. Les chambres sont un outil au service des PME pour les aider à s’intégrer dans le processus de compétition internationale. Elles ont fait du développement des exportations un axe majeur de leur action en identifiant les secteurs et les marchés porteurs, et en y accompagnant les entreprises. En outre, elles gèrent tous types de ressources nécessaires à l’amélioration de la compétitivité des entreprises et proposent leur compétence en matière de veille et d’information économique, de conseil et d’accompagnement ou de coopération interentreprises. Ce faisant, les CCI participent à l’amélioration de l’image de l’entreprise auprès des médias et de l’opinion publique. On peut ainsi noter le succès croissant du tourisme de découverte économique avec les journées nationales portes ouvertes. À travers l’enseignement qu’elles délivrent, notamment dans les écoles supérieures de commerce, elles valorisent le goût d’entreprendre. Au plan politique, il devient nécessaire d’étendre la pratique de la concertation locale aux sujets économiques en y associant les chefs d’entreprise. Les transferts de responsabilités aux régions dans le cadre de la décentralisation sont l’occasion de remettre la politique économique au centre des préoccupations locales. En conclusion, il y a urgence à revaloriser l’image du chef d’entreprise, à réévaluer la contribution des entreprises à l’intérêt général et à donner aux jeunes le sens du risque et le goût d’entreprendre. Mais même si l’enfer de l’entreprise est encore pavé des bonnes intentions du législateur et la réussite entrepreneuriale plus sanctionnée qu’encouragée, les pouvoirs publics se sont attelés, au travers des lois récentes et de propositions concrètes, à sortir les entreprises de leur quasi-purgatoire et à réhabiliter l’esprit d’entreprise. C’est un signe fort et encourageant pour les chefs d’entreprise. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Jean-François Bernardin 101 P o i n t d e v u e Une étude remarquable par de nombreux aspects par Alain Griset Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Alain Griset 102 L’étude réconcilie la théorie et la pratique L’accompagnement des dirigeants d’entreprises artisanales est au cœur de notre métier et nous nous réjouissons que l’Observatoire des PME ait pris l’initiative de réaliser une étude sur le comportement de ces dirigeants. Cette étude est remarquable par de nombreux aspects, nous ne citerons ici que la pertinence des concepts évoqués. Ces concepts, qui apparaissent souvent peu concrets, sont ici mis en lumière d’une façon qui, pour nous professionnels de l’accompagnement, réconcilie la théorie et la pratique. Retenons quelques éléments qui sont autant de portes ouvertes pour de nouvelles recherches. Dans un environnement économique où règne l’incertitude, où réagir aux événements ne suffit plus, les petites et moyennes entreprises sont souvent plus réactives, plus flexibles, capables de mieux anticiper les mouvements des marchés. Ces changements amènent beaucoup d’observateurs du monde économique à se préoccuper de ces petites entreprises. Ces dernières s’appuient souvent sur des systèmes de management originaux, où les intérêts du chef d’entreprise et de son entreprise sont souvent confondus. De ce point de vue, cette étude met en évidence ces particularités et parfois même toutes les contradictions que cela présuppose. Plus que nulle part ailleurs, la dimension psychologique du chef d’entreprise joue un rôle majeur dans les prises de décision. Ceci nous est rappelé dans l’évocation de l’éthique ou encore de l’affirmation de soi. La polyvalence du dirigeant de petite entreprise Cette étude met également en exergue une dimension essentielle du métier de dirigeant et ouvre de nouvelles voies pour de futures recherches, lorsqu’elle évoque « l’Alchimie des compétences » au sens de Thomas Durand. En effet diriger une PME, c’est nécessairement être capable de changer de « costume » en permanence, en passant tour à tour du rôle du stratège visionnaire à celui de gestionnaire financier, en passant par le rôle de l’animateur, du technicien, du commercial. Cette capacité à passer d’un rôle à l’autre est devenue un facteur de réussite indispensable. Formation et accompagnement du dirigeant de petite entreprise La formation des dirigeants est une clé de voûte majeure pour atteindre un niveau de polyvalence satisfaisant. De ce point de vue, le texte nous livre des éléments d’information importants sur la nécessité de former les responsables à appréhender l’ensemble des domaines, pour qu’ils puissent piloter de façon la plus efficiente possible leur entreprise. L’évocation de la complémentarité entre la formation et l’action, en tant qu’élément majeur de la réussite du passage du technicien au manager, rejoint notre logique de conception lorsque nous élaborons des méthodes pour accompagner les artisans dans la structuration de leur organisation. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Ces méthodes s’appuient presque toujours sur un programme de formation associé à une opération de conseil réalisée par un consultant, qui a pour mission, à partir des éléments composant le référentiel d’accompagnement, de guider le dirigeant sur la voie de l’autonomie managériale. Là aussi cette étude nous aide à percevoir l’importance du lien qui existe entre les différents acteurs qui gravitent autour de la PME et de son dirigeant. Pour conclure, ce regard conceptuel, mais qui n’exclut pas une vision pratique, éclaire de façon intéressante et originale le dirigeant de PME ; souhaitons que ce soit le début d’autres investigations sur un domaine encore méconnu et pourtant crucial pour l’avenir de nos économies. Alain Griset 103 P o i n t Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 d e v u e La formation, un enjeu stratégique pour les dirigeants de PME par Joël Ruiz LA TRIBUNE Joël Ruiz 104 Complexe et trop peu connu : est-ce un métier ? Le dirigeant de PME suscite aujourd’hui l’intérêt croissant de l’ensemble des acteurs du monde économique et social. C’est véritablement le « personnage clé » de la PME. Pour un intermédiaire de financement et de conseil à la formation (OPCA), travailler avec les PME, connaître leur fonctionnement et répondre à leurs besoins implique de mieux connaître le décideur de la PME pour un accompagnement plus adapté de leur politique de formation. L’intérêt de cette étude, conduite par l’Observatoire des PME à travers le recensement et la synthèse des connaissances existantes sur le sujet, est d’avoir tenté de décrire, de comprendre, et de mettre en évidence les différents aspects de la fonction de dirigeant à partir de travaux de recherche. Pari audacieux compte tenu des profils variés, multiples, voire différents des dirigeants de TPE/PME, mais dont l’initiative doit être soulignée. Les dirigeants de PME restent à ce jour mal connus, contrairement aux dirigeants de grandes entreprises par exemple, alors même que les PME sont désormais considérées comme des acteurs majeurs à la fois de leur territoire et de l’économie. 1er constat : pas de définition unique du dirigeant, mais une activité professionnelle commune L’étude confirme qu’il est difficile de donner une définition unique. En effet, il n’existe pas une catégorie de dirigeants mais une multitude selon la forme juridique de l’entreprise, le statut du dirigeant, son histoire personnelle et son parcours. Le point commun de tous ces dirigeants réside dans l’exercice d’une activité professionnelle particulière. La compréhension de cette fonction de dirigeant comme toutes les autres activités dans l’entreprise s’appuie sur les différentes activités qui la composent, et les compétences qui lui sont associées. 2e constat : une fonction, fortement modelée par le contexte et la variété des situations dans lesquelles elle s’exerce Chercher à comprendre la fonction de dirigeant implique de ne pas dissocier les dirigeants de leur entreprise et de leurs spécificités, voire de leurs territoires. En effet, essayer de définir ce que serait le « métier » de dirigeant nécessite de prendre en compte les interactions permanentes avec l’environnement et l’organisation qui en font par ailleurs son grand intérêt. Les caractéristiques du dirigeant semblent nécessairement liées à la spécificité de la PME. Le dirigeant plus que tout autre dans l’entreprise s’éloigne de la fonction directe de production, du métier opérationnel, pour faire, développer, et arbitrer. L’environnement et le contexte ont donc un rôle clé dans la construction du métier de dirigeant et dans l’apport de compétences. Ils permettent ainsi de comprendre les processus par lesquels les dirigeants agissent et prennent leurs décisions. Des pistes d’actions à retenir pour un accompagnement plus opérationnel en matière de formation et de conseil Les travaux présentés dans cette étude mettent en évidence l’intérêt et l’importance de développer une approche compétence de la fonction de dirigeant. En effet, les enjeux du développement des compétences impliquent bien la capacité pour une PME d’identifier les compétences stratégiques dont elle dispose, qu’elles concernent les salariés ou le dirigeant. Cette approche semble la plus cohérente. L’objectif ne serait-il pas de faire de la fonction de dirigeant un « métier » à part entière, et appréhendé comme tel, même si le profil des dirigeants et leurs conceptions évoluent plus que tout autre ? Cette étape semble être le préalable indispensable pour reconnaître le métier de dirigeant de PME et repérer son parcours et ses compétences. Dans le contexte sociodémographique annoncé de ces prochaines années, il convient d’attirer de nouveaux profils. Il est donc important de développer cette approche compétence, de l’outiller et de la proposer aux dirigeants. L’enjeu est bien de pouvoir accompagner le transfert de compétences de dirigeant au même titre que la transmission d’entreprise. En sachant que ce « métier » repose beaucoup sur le charisme et l’empirisme du dirigeant. Comme le préconise l’étude, cet accompagnement doit passer par un appui de conseil adapté y compris en matière de formation. Accompagner le dirigeant avec des prestations adaptées aux spécificités du dirigeant et à ses attentes, y compris en matière de formation Cette étude confirme que les dirigeants représentent la catégorie socioprofessionnelle qui se forme le moins, ce qui est encore plus vrai dans les PME. Les hypothèses avancées pour expliquer cette situation reposent sur une posture particulière d’« apprenant » du dirigeant, qui privilégie l’expérience et l’apprentissage par des mises en situation ou sur le tas plutôt que sur des formes classiques de transmission de savoirs par des formations traditionnelles. Les solutions apportées doivent donc en tenir compte et proposer des formations adaptées à la fois aux spécificités du dirigeant et à ses attentes, par exemple en développant des formes nouvelles de transfert de savoirs par le parrainage et le coaching. L’enjeu est de taille puisqu’il va s’agir de dépasser les résistances culturelles et donc convaincre les dirigeants que la formation professionnelle n’est pas uniquement à vocation technique et destinée au salarié. Parler aujourd’hui de valorisation du capital humain dans les PME n’a pas de sens si l’on n’y associe pas le dirigeant au même titre que les salariés. AGEFOS PME, dans cette vision, est convaincue de la nécessité de conduire Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Joël Ruiz 105 une action prioritaire pour convaincre et aider les dirigeants à appréhender la formation comme un outil au service de leur stratégie globale de développement. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Joël Ruiz 106 Se former, c’est toujours s’imposer de changer ; or gérer le changement est le propre du dirigeant de PME, qui doit tenir compte de la complexification des activités et des logiques d’action des dirigeants dans un environnement donné et en évolution constante. En cela, la formation du dirigeant devient un objectif prioritaire en soi. Comme le souligne l’étude, « diriger, c’est aussi être capable de questionner sa propre vision ». P o i n t d e v u e Dirigeant de PME, un métier d’avenir par Serge Boscher Dirigeant de PME, un métier ? « L’art d’entreprendre n’est pas simplement de produire ou de vendre des produits mais aussi de satisfaire, par un ensemble de services rendus individuellement et collectivement, les besoins d’un client. » Cette définition que fait la Direction du commerce, de l’artisanat, des services et des professions libérales (DCASPL) du métier de chef d’entreprise commerciale, artisanale et de services, regroupe plusieurs éléments clés qui font du chef d’entreprise un acteur économique aux multiples compétences. La PME se distingue en particulier, comme le précise très bien l’étude de l’observatoire, par une organisation centrée autour du dirigeant. Sa place dans l’entreprise se situe généralement à tous les niveaux et ses choix concernent l’ensemble des niveaux d’organisation de l’entreprise. Un métier à part entière Le chef d’entreprise est tout d’abord une personne exerçant un métier à part entière, celui de dirigeant. Pour réussir, le dirigeant doit s’insérer dans un projet entrepreneurial et financier global et maîtriser au mieux tous les paramètres liés à la création ou à la reprise d’une entreprise. Cette première étape nécessite une connaissance précise du secteur et du marché le concernant. Pour cela, de nombreux appuis existent : l’État, les réseaux d’accompagnement, les chambres consulaires, les experts-comptables, les centres de gestion agréés, etc. Une fois franchi le cap des cinq premières années, où, rappelons-le, 38 % des entreprises cessent leur activité suite à des difficultés économiques, le chef d’entreprise doit continuellement mettre à profit son savoir-faire et ses connaissances pour répondre au mieux à ses clients tout en analysant l’évolution du marché. Une approche stratégique du dirigeant lui permettra en sus d’anticiper les demandes et d’adapter son offre. C’est par ce travail que le projet entrepreneurial se transforme progressivement en entreprise dynamique, grâce également à l’énergie et à la passion du dirigeant pour sa PME. Une information de qualité nécessaire Le champ des entreprises commerciales, artisanales, de services et des professions libérales concerne essentiellement des entreprises de petite taille. Pour ces dirigeants, disposant souvent de peu d’effectifs, la qualité de l’information apparaît également comme prépondérante au bon fonctionnement de l’entreprise. Que ces entreprises soient exploitées dans un cadre familial, en couple ou alors par le seul entrepreneur, l’existence d’asymétries d’informations risque d’être plus présente pour les petites structures que pour des entreprises de taille plus importante. L’accès à l’information apparaît comme un facteur clé de la réussite du projet entrepreneurial. Dans ce sens, de nombreux interlocuteurs mettent à la REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Serge Boscher 107 Direction du commerce, de l’artisanat, des services et des professions libérales Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et des Professions libérales disposition du chef d’entreprise des outils (guide du créateur, études économiques et statistiques…) permettant de mieux gérer son projet. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LA TRIBUNE Serge Boscher 108 La loi Dutreil pour l’initiative économique d’août 2003 permet par exemple le développement des incubateurs et des couveuses d’entreprises (article 20 et 21). Ces dispositifs d’appui et d’aide préalables à la création connaissent un intérêt croissant grâce au contrat d’appui au projet d’entreprise (CAPE), dont l’objectif est de permettre à des porteurs de projets de valider, auprès de formateurs, le bien-fondé de leur démarche avant même la création de leur entreprise. Le nombre de réseaux d’accompagnement servant de point d’appui aux dirigeants en recherche d’informations et de conseils, plus particulièrement au moment de la création, est également en croissance. D’autres organismes sont à la disposition des chefs d’entreprise pour les soutenir dans leur financement ou encore dans leur souhait d’exporter leurs produits. Enfin, cette loi permet de mieux financer les initiatives des PME par toute une série de mesures comme par exemple celles liées à l’investissement dans la création d’entreprise ou dans une PME ou aux dons aux réseaux d’accompagnement à la création et à la reprise. Sécuriser les dirigeants et leur entourage Les mesures adoptées ces dernières années ont amélioré la vie des entreprises et de leurs dirigeants. Il en est ainsi notamment de la mise en place, en amont, de structures dédiées spécifiquement à l’accompagnement des créateurs d’entreprise. Cependant, il apparaît clairement que le métier de chef d’entreprise reste un métier à risque. Ce risque existe tout au long de la vie de l’entreprise. Comme le souligne l’étude, cette prise de risque a longtemps été considérée comme la première caractéristique de l’entrepreneur. Par ailleurs, d’autres caractéristiques comme l’esprit d’entreprise occupent également une place de première importance. Le rôle des pouvoirs publics est de limiter au maximum le risque existant en permettant au chef d’entreprise d’évoluer dans un environnement juridique, économique, social et fiscal favorable à son activité. Outre l’exercice sous forme sociale permettant au dirigeant de distinguer très clairement son patrimoine personnel de celui de l’entreprise, il existe aujourd’hui des dispositions visant à protéger davantage l’entrepreneur individuel, grâce à la loi. C’est précisément l’une des mesures pivots définies dans la loi pour l’initiative économique d’août 2003 : une protection de l’habitation des entrepreneurs individuels, une meilleure information et une meilleure protection des personnes qui se portent caution, et enfin la fixation d’un délai de préavis de rupture du crédit bancaire. La loi en faveur des PME (2 août 2005) va permettre d’engager une nouvelle étape pour conforter la création, la pérennité et la transmission des entreprises. Aux dirigeants de PME de saisir ces nouvelles opportunités ! Les compléments AUTEURS Pierre Louart est professeur des universités et directeur de l’IAE de Lille, responsable de l’équipe de recherche en gestion des ressources humaines du CLAREE, et président de l’Association francophone de gestion des ressources humaines (AGRH). Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 Gérard A. Kokou Dokou est maître de conférences à l’Université du LittoralCôte d’Opale, directeur du département Techniques de commercialisation de l’IUT Saint-Omer/Dunkerque, et responsable du GREEL-PME. LES COMPLÉMENTS Hervé Molin est responsable du service Ressources humaines de la chambre de commerce et d’industrie d’Armentières-Hazebrouck, et à l’origine de la création du Centre de ressources et de prospective sur le métier de dirigeant de PME. 111 Audrey Nirrengarten est responsable de l’animation du Centre de ressources et de prospective sur le métier de dirigeant de PME. Le Centre de ressources et de prospective sur le métier de dirigeant de PME est présenté dans la partie « Compléments, sources documentaires ». CONTRIBUTEURS Christian Jouvenot est chargé de mission à l’ARACT Nord-Pas-de-Calais, Renée Ingelaere est président de la CCI d’Armentières-Hazebrouck, Françoise Cocuelle est présidente du Centre des jeunes dirigeants, Pierre Fonlupt est président du Groupe de propositions et d’actions (GPA) « Entrepreneur » du MEDEF, Jean-François Bernardin est président de l’Assemblée française des chambres de commerce et d’industrie, Alain Griset est président de l’Assemblée permanente des chambres de métiers, Joël Ruiz est directeur général de l’AGEFOS PME, Serge Boscher est sous-directeur des études, des statistiques, et des relations avec les organisations professionnelles à la DCASPL, ministère des PME, du Commerce, de l’Artisanat, et des Professions libérales. Auteurs et contributeurs REMERCIEMENTS Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS Remerciements 112 L’Observatoire des PME remercie les auteurs et contributeurs ci-dessus ; il associe à ces remerciements les personnes suivantes qui ont participé au comité de pilotage de l’étude et/ou facilité la présente publication : Delphine Cabaret, doctorante au GREEL-PME, Stéphane Rimlinger, DCASPL, Valérie Corman, MEDEF, Nathalie Delorme, AGEFOS PME national, et Sylvie Delahaye, AGEFOS PME Nord-Picardie, Hervé de Ruggiéro et Samuel Douette, CJD, Franck Besombes, APCM, Patrick Vincent, ACFCI, Dominique Broggio, CGPME, et pour le groupe OSEO : Henry Savajol, Hélène Perrin, Didier Havette, Claire Genevey. MÉTHODOLOGIE Les sources utilisées dans cette étude sont de plusieurs types. La littérature académique, essentiellement les publications d’articles de recherche et communications de conférences spécialisées, constitue une source principale et donne accès à des modèles d’analyse qui ne sont pas toujours connus d’un large public. Le périmètre a été restreint à la littérature francophone. Le monde de la recherche anglo-saxon a développé depuis plusieurs dizaines d’années déjà un volume important de travaux sur le management, la petite entreprise et l’entrepreneuriat. Ces deux derniers champs sont plus récents en France, et il nous a paru pertinent d’en présenter l’émergence et les principaux résultats. Des données statistiques françaises et européennes ont également été utilisées, ainsi que des études, ouvrages, rapports, articles… et travaux de différentes instances. Trois grands axes de questionnement ont guidé l’exploitation puis la synthèse des ressources bibliographiques : - Partie 1. Qui sont les dirigeants de PME ? Comment définir le dirigeant de PME ? Comment les dirigeants de PME sontils décrits et analysés dans les différents travaux qui leur ont été consacrés ? - Partie 2. Qu’est-ce que le métier de dirigeant de PME ? De quelles connaissances dispose-t-on sur les composantes de ce métier ? Quelles sont les principales théories et analyses développées dans la recherche académique et dans les autres travaux significatifs ? - Partie 3. Dirigeant de PME : un métier en évolution Quelles sont les évolutions récentes de ce métier ? Quelles sont les évolutions prévisibles et prévues ? Quelles sont les perspectives de la recherche ? Sur chacune de ces trois parties, les auteurs ont donc effectué une recherche d’information dans les sources bibliographiques, et lorsque ces sources ne permettaient pas de traiter certains aspects du thème, ils ont signalé la lacune comme méritant un approfondissement. Il s’agit donc de pistes de travaux à conduire ultérieurement. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS Méthodologie 113 LEXIQUE ET SIGLES Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS Lexique et sigles 114 Cadre Le concept, assez flou, de cadre est français et fait référence à un statut correspondant à un niveau de responsabilité ou d’expertise, souvent lié à la formation. Dans la nomenclature de l’INSEE, les cadres et les chefs d’entreprise ne sont pas répertoriés dans la même catégorie. Coaching Le coaching est l’accompagnement de personnes ou d’équipes pour le développement de leurs potentiels et de leurs savoir-faire dans le cadre d’objectifs professionnels. Le coaching peut être centré sur la personne ou sur une situation. (Définition de la Société française de coaching. Site Internet: www.sfcoach.org) DARES Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail et de l’Emploi. Site Internet : www.travail.gouv.fr/etudes/etudes_h.html DECAS Direction des entreprises commerciales, artisanales et de services rattachée au ministère des PME ; elle est devenue DCASPL (Direction du commerce, de l’artisanat, des services et de professions libérales) en 2005. Site Internet : www.pme.gouv.fr Ego-firme « Il est communément admis que la gestion dans les PME est extrêmement centralisée, voire personnalisée. La personnalité du dirigeant s’exprime à travers les différentes facettes de la gestion quotidienne de son entreprise. Les valeurs du dirigeant, son profil psychologique, ses buts et aspirations déterminent le fonctionnement de l’entreprise. C’est la raison pour laquelle on peut considérer la PME comme une ego-firme. » (Définition de Torrès et Plane, 1998.) Famille professionnelle (FAP) Nomenclature spécifique des métiers fondée sur la famille professionnelle utilisée par la DARES pour les besoins d’analyse de l’emploi et du chômage par métier. Hypofirme Très petite entreprise aux caractéristiques propres : structure organisationnelle simple, rôle central du dirigeant, marché plutôt local, stratégie implicite, système de planification peu développé (Candau, 1981 ; Marchesnay, 1982). Aujourd’hui, pour Marchesnay (2004), l’hypofirme constitue un nouveau modèle de firme, dont la compétitivité est basée sur la recherche de la plus petite taille efficiente possible. Hypogroupe Structure de groupe dont les composantes sont des petites, voire toutes petites entreprises, unies entre elles par des relations financières. Ces relations donnent à l’une d’entre elles (la holding) le pouvoir de décision sur les autres. Quelle que soit la combinaison utilisée dans la structure de propriété du capital, elle confère au dirigeant-propriétaire une place centrale et le pouvoir de décision final concernant la gestion stratégique de l’hypogroupe. (Définition de Debray, 1997.) Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS OIT Organisation internationale du travail. Site Internet : www.ilo.org PCS Nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles utilisée notamment dans la codification du recensement de la population et de l’enquête Emploi par l’INSEE. Praxéologie Réflexion sur ses actions, ses pratiques. Professionnalité L’ensemble des facteurs sociaux et organisationnels qui forgent les identités professionnelles et influencent les comportements professionnels : évolution des qualifications, réseaux, représentations du métier. ROME Répertoire opérationnel des métiers et des emplois utilisé par l’ANPE pour codifier le métier demandé par les demandeurs et les offreurs d’emploi. Site Internet : rome.anpe.net SIRENE « Système informatique pour le répertoire des entreprises et de leurs établissements » géré par l’INSEE. Site Internet : www.insee.fr SBA (Small Business Administration) La SBA, agence fédérale américaine indépendante, a été créée en 1953 suite à la promulgation du Small Business Act pour aider et conseiller les petites entreprises, protéger leurs intérêts, préserver la libre concurrence entre les entreprises et renforcer l’économie du pays. La SBA propose différents programmes d’aide organisés autour de quatre axes : l’accès aux marchés publics ; la défense des PME ; la formation, le conseil et l’assistance technique ; les aides au financement. Site Internet : www.sba.gov Lexique et sigles 115 SOURCES DOCUMENTAIRES Sites Internet Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS Sources documentaires 116 Le Centre de ressources et de prospective sur le métier de dirigeant de PME, www.dirigeant-pme.com, est une démarche partenariale qui a pour objectifs de - faire reconnaître et valoriser le métier de dirigeant de PME ; - générer, capitaliser et diffuser des ressources sur le métier de dirigeant de PME; - développer la réflexion sur les modalités de construction et d’accompagnement du métier de dirigeant de PME ; - donner une lisibilité et une compréhension de l’offre de prestations, en privilégiant une action globale et contextualisée sur le métier de dirigeant de PME. Les ressources et actions en cours (référentiel du métier de dirigeant de PME, bibliothèque virtuelle, annuaire de l’offre de formation, études et enquêtes) ainsi que la bibliographie de la présente étude sont disponibles sur son site. L’Association internationale de recherche en entrepreneuriat et PME (AIREPME) www.hec.ca/airepme Réseau des chercheurs du domaine de langue française, l’AIREPME organise des rencontres, publie la Revue internationale PME et met en ligne les travaux de recherche sur l’entrepreneuriat et la PME. L’Académie de l’entrepreneuriat www.entrepreneuriat.com Association pour la promotion de l’entrepreneuriat au sein du système éducatif et de la formation continue. Le site propose une sélection de ressources et d’actes de colloques, ainsi qu’une liste des ouvrages et thèses ayant pour thème l’entrepreneuriat. Revue de l’entrepreneuriat asso.nordnet.fr/r-e Revue scientifique dédiée à la publication de travaux de recherche sur l’entrepreneuriat éditée par l’Académie de l’entrepreneuriat. L’Association internationale pour le management stratégique (AIMS) www.strategie-aims.com Le site de l’AIMS propose des ressources pédagogiques, des fiches de lecture, une bibliothèque de liens et donne accès aux actes des colloques annuels. L’Association pour la diffusion de la recherche sur l’entrepreneuriat et la gestion (ADREG) asso.nordnet.fr/adreg Association constituée d’un groupe de chercheurs francophones qui met en ligne des ressources afin de développer la diffusion de la connaissance sur l’entreprise et l’entrepreneuriat. Le site du Centre pour l’entrepreneuriat du Babson College www3.babson.edu/eship Global Entrepreneurship Monitor www.gemconsortium.org Le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) est un programme de recherche international qui évalue annuellement et de façon comparative les niveaux nationaux d’activité entrepreneuriale. Des données globales et par pays depuis 1999 sont accessibles sur le site. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS Sources documentaires 117 Références académiques B. ALLALI (2002), Vision des dirigeants et internationalisation des PME: ébauche d’un cadre conceptuel, 6e Congrès international francophone sur la PME. A. ASQUIN, T. PICQ (2003), Préparer des dirigeants de PME au défi de la complexité. Perspective sur un système de formation développé pour le Centre des jeunes dirigeants, colloque MCX Lille, septembre. P. BAILLETTE (2003), « Le responsable de PME français et québécois membre d’une association de dirigeants : quelle utilité en matière décisionnelle ? », Revue internationale PME, vol. 16, n° 1. P. BAILLETTE (1998), Le Rôle de la confiance dans la décision du chef d’entreprise de PME. Le cas de l’adhésion à un réseau de dirigeants, 4e Congrès international francophone sur la PME. C. BEAUCOURT, P. LOUART, (1995), « Pour dynamiser la GRH dans les petites entreprises : dialoguer avec les logiques sociales des dirigeants », Revue Gestion 2000, n° 1, janvier-février. J. BOISSIN (2000), Système de valeurs du management familial en PME, actes du 5e Congrès international francophone sur la PME. R. BONNET, J. BONNET (2003), Les Cadres et les dirigeants confrontés à la complexification de leur métier. Quelle formation pour quel parcours de professionnalisation ?, colloque MCX Lille, septembre. S. BOUTILLIER, D. UZUNIDIS (1995), L’Entrepreneur, une analyse socio-économique, coll. « Gestion/Poche », Economica. C. CARRIER (1996), Les Besoins de formation et de perfectionnement des propriétaires-dirigeants de PME potentiellement exportatrices, 3e Congrès international francophone sur la PME. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS P. COSSETTE (2003), « Méthode systématique d’aide à la formulation de la vision stratégique : illustration auprès d’un propriétaire-dirigeant », Revue de l’entrepreneuriat, vol. 2, n° 1. G. D’AMBOISE, Y. GASSE, D. J. GARAND (2000), Vision stratégique et performance de PME en nouvelle économie, 5e Congrès international francophone de la PME. Sources documentaires 118 H. DAVAL, B. DESCHAMPS, S. GEINDRE (1999), Proposition d’une grille de lecture des typologies d’entrepreneurs, actes du 1er Congrès de l’Académie de l’entrepreneuriat. J.-P. DEBOURSE, A. ABIASSI, M. BELANGER, G. DOKOU (1993), Fonction, rôles des dirigeants et évolution des entreprises, 3es Journées IFRESI, janvier. C. DEBRAY (1997), Contribution à l’analyse de l’hypogroupe : application d’une grille d’analyse stratégique et émergence de logiques-types du processus d’hypogroupement, 6e Conférence internationale de management stratégique. B. DESCHAMPS (2002), Proposition d’une grille de lecture des profils de repreneurs d’entreprises, actes du 2e Congrès de l’Académie de l’entrepreneuriat. G. DOKOU (2002), De l’accompagnement du créateur de PME à la prévoyance commerciale, 6e Congrès international francophone sur la PME. G. DOKOU, M. ROGE, M. BAUDOUX (2000), L’Accompagnement managérial et industriel de la PME : l’entrepreneur, l’universitaire et le consultant, L’Harmattan. M. DRANCOURT (1998), Leçons d’histoire sur l’entreprise de l’Antiquité à nos jours, PUF, coll. « Major ». P. DRUCKER (1985), Les Entrepreneurs, Hachette. F. DUBET (1994), Sociologie de l’expérience, Paris , Seuil. N. DUBOST, C. GAUZENTE, V. GUILLOUX, M. KALIKA (2000), « Factors affecting choice criteria when joining a franchise network - Evidence from french franchisees », Cahiers du CREPA, n° 61, université Paris-Dauphine. B. DUCHÉNEAUT (1996), Les dirigeants de PME. Enquêtes, chiffres, analyses pour mieux les connaître, Maxima. T. DURAND (2001), « L’alchimie de la compétence », Revue française de gestion, n° 127, janvier-février. S. ÉMIN (2004), Les Croyances des chercheurs publics: quel impact sur leur intention de créer une entreprise ?, 7e Congrès international francophone sur la PME. P. FABER (2002), La Motivation du dirigeant de PME : un processus à gérer pour soi-même et l’organisation, thèse de doctorat, Graphe, IAE, université de Lille. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS A. FAYOLLE (2002), « Du champ de l’entrepreneuriat à l’étude du processus entrepreneurial : quelques idées et pistes de recherche », Cahier de recherche du CERAG, série Recherche, n° 2002-32. Sources documentaires 119 C. FONROUGE (2002), « Les dirigeants dans le secteur des TIC pensent-ils différemment? Biais cognitifs et formation de réseaux dans les PME aux environnements instables », Revue internationale PME, vol. 15, n° 3-4. C. FONROUGE (2002), Entrepreneur/Manager : deux acteurs d’une même pièce, XIe conférence de l’AIMS. C. FONROUGE (1999), De l’entrepreneur à l’entreprise, exploration de l’influence des facteurs individuels d’ordre cognitif sur la formation des stratégies des entreprises nouvellement créées, thèse soutenue à l’université de Bordeaux-IV (B. Saporta). J. GARNIER, D. MERCIER (2003), La Figure du « marin chef d’entreprise », IXes Journées de sociologie du travail, Centre Pierre-Naville, Travail et mobilité. ISEOR (1998), PME PMI: le métier de dirigeant et son rôle d’agent de changement, actes du colloque, Economica. P. A. JULIEN (1997), « Pour une définition des PME », in Les PME : Bilan et perspectives, Économica. P. A. JULIEN, M. MARCHESNAY (1996), L’Entrepreneuriat, coll. « Gestion/Poche », Economica. T. LÉVY, (2002), Vers une modélisation du phénomène entrepreneurial immigré, IXe Conférence de l’Association internationale de management stratégique. J. LIOUVILLE (2002), La Fonction d’entrepreneur : Schumpeter revisité, actes du 2e Congrès de l’Académie de l’entrepreneuriat. J. LORRAIN, A. BELLEY, L. DUSSAULT (1998), Les Compétences des entrepreneurs : élaboration et validation d’un questionnaire (QCE), 4e Congrès international francophone sur les PME. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS Sources documentaires P. LOUART (2002), « Le coaching : son intérêt, ses méthodes », Cahier de la recherche, IAE de Lille. M. MARCHESNAY (2004), L’Hypofirme, fondement de l’hypermodernité ?, 7e Congrès international francophone sur la PME. M. MARCHESNAY (1998), Une vision renouvelée du risque entrepreneurial, 4e Congrès international francophone sur la PME. 120 M. MARCHESNAY (1982), « Pour un modèle de l’hypofirme », in Entreprise et organisation, Economica. S. M. MUKHTAR (2002), « Differences in Male and Female Management Characteristics : a Study of Owner-Manager Businesses », Small Business Economics, n° 18. J. M. PLANE & O. TORRÈS (1998), Le recours au conseil est-il un processus dénaturant pour la PME ?, 4e Congrès international francophone de la PME. M. ROGE, G. DOKOU (1998), Pédagogie du suivi-accompagnement et stratégies de diversification de la PMI. L’expérience de la Région Nord-Pas-de-Calais, 4e Congrès international francophone de la PME. B. SAPORTA (2003), « Préférences théoriques, choix méthodologiques et recherche française en entrepreneuriat : un bilan provisoire des travaux entrepris depuis dix ans », Revue de l’entrepreneuriat, vol. 2, n° 1. O. TORRÈS, (2002), Face à la mondialisation, les PME doivent mettre du territoire et de la proximité dans leurs stratégies de glocalisation, IXe Conférence de l’Association internationale de management stratégique. O. TORRÈS (2002), Essai de conceptualisation proxémique de la petitesse des entreprises, 6e Congrès international francophone sur la PME. O. TORRÈS (coord.) (1998), PME/de nouvelles approches, coll. « Recherche en Gestion », Economica. T. VERSTRAETE (dir.) (2003), La Création d’entreprise par les chercheurs du secteur public : exploration des dimensions appelées par la loi sur l’innovation n° 99-587 du 12 juillet 1999, rapport ADREG-CLAREE pour le CNRS. T. VERSTRAETE (ss dir.) (2000), Histoire d’entreprendre. Les réalités de l’entrepreneuriat, coll. « Gestion en liberté », éditions EMS. Études, ouvrages et rapports APCE, ANPE, IFOP (2004), Les Chômeurs porteurs de projets d’entreprise - Mise en place d’un outil de suivi et résultats de la première mesure, étude de l’Observatoire de la création, site Internet de l’APCE. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS APCE (2003), 10 ans de création d’entreprise (1993-2002) pour situer les évolutions marquantes, Observatoire de la création, site Internet de l’APCE. APCE , MRH, (2002), Création d’entreprise par les entrepreneurs issus de l’immigration - L’exemple des entrepreneurs d’origines maghrébines, site Web de l’APCE, Observatoire de la création, rubrique « Étude ». M. BAUER (1993), Les Patrons de PME entre le pouvoir, l’entreprise et la famille, InterEditions, coll. « L’entreprise ». P. CASPAR (dir.) (1993), « La formation des dirigeants », Éducation permanente, n° 114. CENTRE INFFO (2001), « La formation au management », Dossier documentaire. CENTRE INFFO (2001), « La formation des dirigeants », Actualité de la formation permanente, n° 172. CEREQ (1999), Gestion des hommes et formation dans les TPE, n° 72, Études du CEREQ. C. CHRÉTIEN (1996), « Qu’attendent les PME de leurs formateurs, de leurs consultants ? Quelles réponses privilégier ? » , in Actualité de la formation permanente n° 146, janvier-février. CJD, R. BONNET, J. BONNET (2001), Compétences et professionnalisation des dirigeants-entrepreneurs. Quels scénarios pour un métier émergent ?, rapport de synthèse de la phase de recherche, Centre des jeunes dirigeants d’entreprise. Commissariat général du plan (2002), Les Jeunes Entreprises innovantes : une priorité pour la croissance, rapport du groupe présidé par Jean Jacquin, juillet 2002, La Documentation française. I. DANJOU (2004), Entreprendre, la passion d’accomplir ensemble, « Dynamique d’entreprises », L’Harmattan. Sources documentaires 121 M. DESCOLONGES (1998), Qu’est-ce qu’un métier ?, PUF. INEUM CONSULTING, DELOITTE (2003), Résultats d’enquête sur les leaders du Deloitte Technology Fast 50, Palmarès Deloitte Technology Fast 50, édition 2003. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS Sources documentaires 122 G. LE BOTERF (2003), Développer la compétence des professionnels, Éditions d’Organisation, 4e édition. OBSERVATOIRE DES PME (2003), « Gestion du personnel et de l’emploi dans les petites entreprises », Regards sur les PME n° 3, oct. 2003, auteurs : BVA et BBC pour l’Observatoire des PME. OBSERVATOIRE DES PME EUROPEENNES (2003), Le Développement des compétences dans les PME européennes, n°1. OBSERVATOIRE DES PME EUROPEENNES (2002), La Démographie des entreprises en Europe, n° 5. OCDE (2002), Perspective de l’OCDE sur les PME. OCDE (2002), La Formation des dirigeants de PME, rapport préparé par le professeur D. Storey. OCDE (2000), Les Femmes entrepreneurs à la tête de petites et moyennes entreprises : pour une participation dynamique à la mondialisation et à l’économie du savoir, 2e Conférence de l’OCDE sur les femmes entrepreneurs. OIT, A. TOLENTINO (1998), Formation et perfectionnement des dirigeants de petites entreprises: conseils, pratiques et leçons, Publication de l’OIT, Département du développement des entreprises et des coopératives. OSEO bdpme (2005), La Transmission des petites et moyennes entreprises. Statistiques DARES, Les fiches de synthèse par métier, 1982, 2002, www.travail.gouv.fr/etudes/etudes_h.html Fédération française de la franchise (2004), « Les chiffres 2003 », La Lettre de la FFF, février. Fédération française de la franchise, (2005) « Les chiffres 2004 ». www.franchise-fff.com INSEE, Enquête Emploi, résultats 2002. INSEE, CEREQ, Enquête Formation continue 2000. INSEE Première (a) (2003), Les Créateurs d’entreprises en 2002 - Un créateur sur trois était au chômage au moment de la création, n° 928 - octobre. INSEE Première (b) (2003), 30 % de femmes parmi les créateurs d’entreprises, n° 887 - mars. INSEE Première (2000), Les Créateurs d’entreprise en 1998 - Moins de chômeurs, plus de diplômés, n° 743 - octobre. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS Sources documentaires INSEE Résultats (2004), Créations et créateurs d’entreprises - Enquête SINE de 2003 : la génération 1998 cinq ans après, n° 19 éco. INSEE Résultats (2004), Créations et créateurs d’entreprises - Enquête SINE, profil du créateur 2002, n° 16 éco. - août. INSEE Résultats (2001), Créations et créateurs d’entreprises, n° 205 sp - décembre. www.insee.fr Observatoire de la création, APCE www.apce.fr 123 INDEX DES AUTEURS CITÉS Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 LES COMPLÉMENTS Index des auteurs cités 124 Albert, 70 Allali, 39, 43, 76 Allouche, 27 Amann, 27 ANPE, 24, 44, 67, 82 Baillette, 46, 55, 56 Bauer, 50 BDPME, 33, 53, 69 Beaucourt, 22, 51 Benavent, 70, 75 Berger-Douce, 43 Blili, 76 Boissin, 53 Bonnet, 77 Boutillier, 22, 30 Carrier, 22, 43, 61, 77 Caspar, 30, 60 CEREQ, 60 Chrétien, 61 CJD, 48, 52, 56, 60, 62 Commissariat général du plan, 53, 59 Cospirit recherche, 74 Cossette, 43 Curvalle, 75 d’Amboise, 70 Danjou, 41, 42, 52 Debourse, 45 Debray, 53 Deschamps, 69 Dokou, 22, 45, 58 Drucker, 42 Dubet, 51 Dubost, 71 Duchéneaut, 25, 46, 55, 59, 60 Durand, 48, 52 Émin, 70 Faber, 33, 41, 42, 48, 49 Fayol, 44 Fayolle, 34 Fonrouge, 22, 32, 41, 69 Garand, 70 Garnier, 50 Gasse, 70 Gattaz, 32, 68 Géhin, 43 Gingembre, 32 GREEL-PME, 50 Ineum, Deloitte, 70 INSEE, 68 Julien, 38, 49, 76 Le Breton, 31 Le Meur G., 60 Le Meur L., 68 Lévy, 73 Liouville, 30, 76 Lorrain, 47 Louart, 22, 51, 61 Mahé de Boislandelle, 39 Marchesnay, 46, 49, 50, 51 Marshall, 31 Marx, 31 Mercier, 50 Messeghem, 43 Miles, 49 Mintzberg, 32, 44 Observatoire des PME européennes, 57, 68 OCDE, 57, 59, 61, 72, 73 OIT, 61 Piotet, 30 Plane, 58 Raymond, 76 Roge, 58 Saporta, 34 Say, 30 Schumpeter, 30, 31 Snow, 49 Sombart, 30 Syeda-Masooda Mukhtar, 72 Torrès, 34, 39, 58, 75, 77 Uzunidis, 22, 30 Verstraete, 22, 50, 51, 70, 75 Walras, 30 Weber, 30 PRÉSENTATION Activité et missions Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’OBSERVATOIRE DES PME Présentation 126 L’Observatoire des PME réunit dans une activité d’étude la Caisse des Dépôts et le groupe OSEO. Ces organismes qui, chacun dans leur domaine, ont développé de longue date des programmes de soutien aux PME et TPE ont souhaité structurer leur partenariat et constituer un véritable pôle d’appui à la connaissance, et au développement, des PME. L’Observatoire a vocation à s’ouvrir aux organismes qui participent de l’action publique en faveur des PME. Recenser les informations disponibles sur les PME, clarifier les concepts utilisés, comparer les situations en France et à l’étranger, combler les lacunes de la connaissance, diffuser les informations, telles sont les missions de l’Observatoire des PME. Le travail de l’Observatoire repose, d’une part sur une approche quantitative de la réalité des petites et moyennes entreprises, et d’autre part sur des démarches d’études plus qualitatives. Organisation La présidence de l’Observatoire des PME a été confiée à Christian Marbach, membre de l’Académie des technologies, qui a dirigé précédemment d’importants organismes dédiés au développement des entreprises (notamment, président-fondateur de SOFINNOVA, président-directeur général de l’ANVAR, directeur général de l’Industrie, président de la Cité des sciences et de l’industrie). L’Observatoire est dirigé et animé respectivement par : Didier Havette, directeur général du GIE, et Henry Savajol, directeur des études d’OSEO bdpme. La coordination des études de l’Observatoire des PME et leur publication est placée sous la responsabilité de Claire Genevey. Études et recherches en cours Outre les projets menés avec les laboratoires universitaires, citons quelques thèmes actuellement en cours d’étude : Création d’entreprise et accès aux métiers: conditions, contraintes, barrières? – Le dirigeant de PME et sa gestion du temps – PME et Innovation – PME, clés de lecture, mise à jour de Regards sur les PME n° 1 intégrant les données européennes disponibles – Appui à la création, phase de post-création – Gouvernance dans les PME. Organismes publics et privés et chercheurs peuvent manifester leur intérêt pour ces thèmes auprès de : [email protected] MÉTHODE Le conseil scientifique L’Observatoire s’est doté d’un conseil scientifique composé de personnalités dont les qualités et expériences professionnelles assurent la plus grande pertinence dans la détermination des sujets d’étude ainsi que dans les modalités de réalisation des travaux. Le conseil scientifique se compose de : • Michel Berry, directeur de l’École de Paris du management ; • Bernard Brunhes, président du conseil de surveillance de Bernard Brunhes Consultants ; • Christian de Boissieu, professeur à l’université Paris-Sorbonne, président du conseil d’analyse économique du Premier ministre ; • Jean-Marc Béguin, directeur des statistiques d’entreprise à l’INSEE ; • Jean-Jacques Duby, président de l’Observatoire des sciences et techniques ; • Jacques Lesourne, président de Futuribles International. Les membres du conseil scientifique sont appelés à réagir sur le programme d’études de l’Observatoire qui leur est soumis chaque année, ainsi que sur les cahiers des charges des études et les résultats d’étape. Le comité d’orientation La mise en œuvre du programme d’études est suivie en cours d’année au sein du comité d’orientation de l’Observatoire des PME. Les comités de pilotage Chaque étude de l’Observatoire est pilotée par un groupe de travail spécifique : le comité de pilotage ; les participants à ce comité sont : les membres fondateurs de l’Observatoire et des acteurs parmi les plus compétents pour le domaine traité. Les études s’appuient, notamment, sur des enquêtes réalisées directement auprès des entreprises. Les études sont publiées depuis le début de l’année 2003, dans le cadre de la collection de l’Observatoire des PME : Regards sur les PME. Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’OBSERVATOIRE PME DES Méthode 127 LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’OBSERVATOIRE DES PME La recherche universitaire 128 L’Observatoire des PME s’est rapproché du monde universitaire : il a notamment fait réaliser par l’ANDESE (Association nationale des docteurs en sciences économiques) un travail de recensement des thèses et travaux concernant les PME. Le recensement de l’ANDESE a produit les résultats suivants : • 32 thèses ont été achevées sur les cinq dernières années, 1997-2002, et 85 au total sur toute la période couverte par ce recensement: 1974-2002. Ces thèses ont été classées en 13 groupes : Financement, Innovation et technologie, Environnement, Stratégies, Organisation et gestion, L’entrepreneur, Artisanat et TPE, Gestion des ressources humaines, Soustraitance, Défaillance d’entreprises, Exportation, Fiscalité, Essaimage. • 72 laboratoires et centres de recherche ont par ailleurs été identifiés comme intéressés, à des degrés divers, par l’étude des PME L’Observatoire des PME procède actuellement à la mise à jour de ce recensement, en l’accompagnant d’un travail de réflexion et de synthèse sur la recherche académique en PME en France. Par ailleurs, l’Observatoire des PME se tient à la disposition des chercheurs afin d’étudier toute coopération permettant de valoriser les projets de recherche en cours ou les travaux récemment achevés mais insuffisamment connus du monde économique, ainsi qu’impulser de nouveaux axes de recherche. Pour tout contact sur ce sujet, s’adresser à : Mme Claire Genevey, [email protected] PUBLICATIONS La publication des études est assurée sous format papier dans le cadre de la collection Regards sur les PME. La collection Regards sur les PME est diffusée par La Documentation française, les achats peuvent être faits en ligne sur le site : www.ladocumentationfrancaise.fr Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’OBSERVATOIRE PME DES Regards sur les PME Publications La collection Regards sur les PME est destinée principalement aux personnes et organismes, publics et privés, dont le travail et les missions concourent à la création, au développement et à la transmission des PME, et à tous ceux qui, à un titre ou à un autre, ont la capacité d’améliorer les services de toutes natures, administratifs ou commerciaux, qui sont rendus aux PME. 129 Pour toute question sur la diffusion de cette revue : [email protected] Numéros parus 1 2 3 4 5 6 PME : clés de lecture PME : l’appui à la création Gestion du personnel et de l’emploi dans les petites entreprises Les PME et l’Environnement : enjeux et opportunités PME et marchés publics Connaissance de l’entreprise par les élèves : contribution du collège et du lycée 7 Entreprises artisanales du bâtiment. Pratiques bancaires et besoins de financement www.oseo.fr www.oseo.fr, le nouveau site d’OSEO, le groupe né du rapprochement de l’Agence de l’innovation (OSEO anvar), de la Banque du développement des PME (OSEO bdpme) et de l’Agence des PME (OSEO services), s’adresse aux PME et à leurs partenaires (réseaux d’accompagnement, établissements financiers…) pour leur offrir les informations, conseils et services utiles, pour créer son entreprise, se développer, innover, s’internationaliser, gérer au quotidien, reprendre ou transmettre son entreprise. Les études de l’Observatoire sont consultables sur le site Internet www.oseo.fr, menu Observatoire des PME. LES MEMBRES Dirigeant de PME, un métier ? REGARDS SUR LES PME N°8 L’OBSERVATOIRE DES PME Les membres du GIE OSEO services L’Observatoire des PME est l’activité d’études du Groupement d’intérêt économique OSEO services ; les membres de ce groupement sont le groupe OSEO et la Caisse des Dépôts. Les membres 130 OSEO est le nom du nouvel ensemble au service des PME et de l’innovation créé en début d’année 2005, à l’initiative du ministre de l’Économie et des Finances, composé de : OSEO anvar, OSEO bdpme, OSEO sofaris et le GIE OSEO services (anciennement « Agence des PME »), qui réunissent leurs compétences et leurs savoir-faire pour accompagner la croissance des petites et moyennes entreprises tout au long de leur cycle de vie. OSEO s’attache notamment à : - renforcer l’efficacité de la politique de soutien public aux PME et à l’innovation, et devenir, à moyen terme, une référence européenne en la matière ; - assurer la continuité du financement de l’entreprise, quels que soient son activité ou le stade de son développement, en partenariat avec les établissements bancaires et les intervenants en fonds propres ; - proposer aux PME une gamme élargie de services d’accompagnement ; - accroître la faculté du nouvel ensemble à devenir le relais des politiques de développement économique conduites par les collectivités territoriales, notamment à l’échelle régionale. www.oseo.fr La Caisse des Dépôts, établissement public créé en 1816, exerce à la fois des activités publiques et des activités concurrentielles. Dans le cadre de ses missions d’intérêt général, elle porte, depuis 1994, des programmes à destination des PME et TPE : . le financement en fonds propres des PME et de l’innovation, . les très petites entreprises et l’économie sociale. www.cdcentreprises.fr www.caissedesdepots.fr Dirigeant de PME, un métier ? Éléments de réponse est une synthèse de travaux et connaissances, en grande partie, mais pas seulement, académiques, sur le thème du dirigeant de PME, construite autour des axes de réflexion suivants : qui sont les dirigeants de PME ? Qu’est-ce que le métier de dirigeant de PME ? Quelles sont les évolutions de ce métier ? La collection Regards sur les PME est destinée principalement aux personnes et organismes, publics et privés, dont le travail et les missions concourent à la création, au développement et à la transmission des PME, et à tous ceux qui, à un titre ou à un autre, ont la capacité d’améliorer les services de toutes natures, administratifs ou commerciaux, qui sont rendus aux PME. Acheter en ligne les publications Regards sur les PME : www.oseo.fr, menu OSEO services/Observatoire des PME. En diffusion à La Documentation française 29, quai Voltaire 75344 Paris cedex 07 Tél. 01 40 15 70 00 Télécopie 01 40 15 72 30 ISSN : 1761-1741 Réf. 1330800000009 Imprimé en France 1re édition, septembre 2005, 8000 08 Prix : 19 euros © OSEO services, 2005 Design : Contours, photo : © Getty images L’Observatoire des PME est porté par le GIE OSEO services dont les membres sont la Caisse des Dépôts et le groupe OSEO.