Prévention des RPS : une réglette pour mesurer le bien- être

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Prévention des RPS : une réglette pour mesurer le bien- être
Prévention des RPS : une réglette pour mesurer le bienêtre au travail
Par le Dr Isabelle Girardot – médecin coordinateur du secteur interprofessionnel et médecin du travail au CMB
Depuis janvier 2009, une étude sur le bien-être au travail est menée par les médecins
du travail du CMB du secteur interprofessionnel.
Cette étude concerne ainsi 3000 entreprises adhérentes de ce secteur (hôtellerie,
restauration, professions juridiques, finance, livre et industries graphiques…), soit plus de
26000 salariés.
Protocole
Sont concernés tous les salariés passant une visite médicale qui peut être soit périodique,
soit d’embauche, soit occasionnelle et ayant travaillé dans l’entreprise les quatre semaines
précédant la visite.
L’étude consiste à inviter le salarié à répondre en fin de consultation à la question
« comment vous sentez-vous au travail ? », en lui demandant de placer le curseur d’une
réglette sur une échelle non graduée allant de « très bien au travail » à « très mal au
travail ». Le salarié place donc le curseur en fonction de sa perception de sa situation de
bien-être au travail. La réglette, graduée de l’autre côté, permet au médecin d’attribuer un
score qui va de 0 pour « très bien » à 10 pour « très mal ». Ce score est ensuite saisi dans le
dossier médical informatisé du salarié accompagné de commentaires en cas de mauvais
score.
Bénéfices de l’étude : fournir un indicateur à la fois individuel et
collectif
Cet outil présente un intérêt tant d’un point de vue individuel que collectif.
En effet, sur le plan individuel, l’utilisation de la réglette permet d’ouvrir un dialogue avec le
salarié et d’approfondir les raisons d’un mauvais score. Le côté « concret » de la réglette
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pousse le salarié à se positionner et à mettre en balance les aspects positifs comme négatifs
de son travail. Grâce à la saisie informatique des résultats, le médecin peut également suivre
l’évolution de la perception du salarié dans le temps.
D’un point de vue collectif, l’étude des scores et des mots clés associés aux mauvais scores
est un indicateur complémentaire pour rechercher les causes internes de risques psycho
sociaux dans une entreprise ou au sein d’un service. Cet outil, assez simple, est une sorte
de baromètre. Il n’a bien entendu pas vocation à se substituer à la pratique d’enquêtes plus
approfondies sur le stress si celles-ci s’avèrent nécessaires.
Le traitement statistique des données permet de comparer les services entre eux au sein
d’une même entreprise, ou de comparer une entreprise à d’autres du même secteur
d’activité. L’étude des résultats permet de conseiller l’employeur et peut également donner
lieu à une restitution en CHSCT.
En faisant prendre conscience des problèmes de l’entreprise dans le domaine des
risques psycho sociaux, les résultats de cette étude pourront donner des pistes pour
l’élaboration d’un plan de prévention. Toute action de prévention, telle un changement
d’organisation par exemple, pourra ensuite être évaluée sur le score de bien-être au travail.
Résultats de l’étude bien-être au travail pour la période 2009-2010
17400 scores réglette ont été recueillis par les médecins du CMB.
Scores de bien-être au travail
Score moyen 2009-2010
Score de 0 à 3 inclus : vécu bon et très bon
Score de 3 à 5 inclus : vécu moyen
Score de 5 à 7 inclus : vécu plutôt mauvais
Score de 7 à 10 : vécu mauvais et très mauvais
Total des scores recueillis
Nombre de scores
10 050
4850
1500
1000
17 400
Moyenne des scores recueillis
3,3
répartition des 17400 scores
9%
6%
score de 0 à 3 inclus vécu
bon et très bon
score de 3 à 5 inclus vécu
moyen
28%
57%
score de 5 à 7 inclus vécu
plutôt mauvais
score de 7 à 10 vécu
mauvais et très mauvais
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