20 - 21 mai 2016 forest national

Transcription

20 - 21 mai 2016 forest national
En collaboration avec
La IXe
Symphonie
LES INTENTIONS
«LA DANSE, ICI, NE FAIT
QUE SUIVRE LE LENT
CHEMINEMENT
DU COMPOSITEUR»
Chorégraphie
Maurice Béjart
remontée par Gil Roman
avec l’aide de Piotr Nardelli
Textes
Friedrich Nietzsche,
Friedrich von Schiller
Musique
Ludwig van Beethoven,
Citypercussion – Thierry
Hochstätter et jB Meier
(Prologue)
POUR MAURICE BÉJART, SA TRANSPOSITION CHORÉGRAPHIQUE
DE LA PARTITION EST PLUS QU’UN BALLET, LA PARTICIPATION
HUMAINE PROFONDE À UNE ŒUVRE QUI APPARTIENT À L’HUMANITÉ.
Décors, lumière et costumes
Joëlle Roustan, Roger Bernard
Réalisation lumière
Dominique Roman
Réalisation costumes
une partition qui est un des sommets de la
musique, mais d’une participation humaine
profonde à une œuvre qui appartient à
l’humanité entière et qui est ici non seulement jouée et chantée, mais dansée, tout
comme l’était la tragédie grecque ou toutes
les manifestations religieuses primitives et
collectives.»
Maurice Béjart
Henri Davila
Première
Cirque Royal, Bruxelles,
27 octobre 1964 –
Ballet du XXe Siècle
DR
«Cette transposition chorégraphique de
l’œuvre de Beethoven n’a d’autre idée,
d’autre but, d’autre argument que la musique
qui la supporte, la nourrit, et en est la seule
raison d’être. La danse, ici, ne fait que suivre
le lent cheminement du compositeur qui
va de l’angoisse à la joie, des ténèbres vers
la clarté. Il ne s’agit pas d’un ballet, au sens
généralement adopté du terme, plaqué sur
2
3
LES CHIFFRES
Les dates clés
3 années de préparation artistique,
1964 Création en Belgique,
1976 A Bruxelles, à l’occasion
au Cirque Royal de Bruxelles.
du 25 anniversaire du règne
le Béjart Ballet Lausanne et le
1966 A Paris, au Palais des Sports.
du Roi Baudouin pour l’événement
Tokyo Ballet, pour les 50 ans de
1968 Au Mexique, pour l’ouverture
Les Fêtes du Roi au Parc des
ce dernier.
e
2014 A Tokyo, au NHK Hall, par
technique et logistique
15 semaines de répétition sur deux continents
80 danseurs (BBL et Tokyo Ballet)
250 artistes sur scène
Un tapis de scène de 289 m2 recréé
des Jeux Olympiques de Mexico.
expositions.
1975 En Italie, aux Arènes de
1999 A Tokyo, au Bunka Kaikan, et
spécialement pour l’événement
Vérone et sur la Piazza San Marco
à Paris, au Palais Omnisports Paris-
40’000 spectateurs à Tokyo, Lausanne et Monaco
de Venise.
Bercy, par le Ballet de l’Opéra de Paris.
LES INTENTIONS
Le final avec Alanna Archibald
entourée des danseurs
du Béjart Ballet Lausanne
et du Tokyo Ballet
«La IXe Symphonie est un spectacle
total d’une grande actualité»
Gil Roman, cinquante ans après sa création à
Bruxelles, vous retrouvez La IXe Symphonie. L’œuvre
n’a-t-elle pas vieilli?
Nullement. Les ballets que Maurice Béjart a créés
sur des partitions comme le Boléro, le Sacre du
printemps ou la Neuvième, résistent à tout! Ce
grand spectacle se veut une prolongation de la
musique par le geste. Telle que nous la représentons, La IXe est ce que l’on pourrait appeler de la
«musique visuelle».
Pour revisiter cette symphonie qui met en scène
près de 250 interprètes, il aura fallu trois ans de
travail!
Trois ans de travail, de recherches artistiques et
financières. Dans un premier temps, nous nous
sommes basés sur des vidéos. Piotr Nardelli a fait le
gros du travail, accompagné de mes deux répétiteurs, Julio Arozarena et Domenico Levré. De mon
côté, j’ai étudié et confronté les différentes versions
pour retrouver le sens originel de l’œuvre. J’ai travaillé sur les dessins de la chorégraphie d’une vidéo
réalisée à la Scala de Milan en 1973 et observé que
les choses se transforment de manière imperceptible. Maurice Béjart a toujours adapté ses chorégraphies à ses danseurs. Il en est allé de même dans
la relecture que je propose de ce chef-d’œuvre.
Comment se sont déroulées les répétitions?
L’automne dernier, au BBL avec ma compagnie, nous
nous sommes interrogés sur le style et l’esprit, alors
que Piotr poursuivait l’aventure avec les danseurs
du Tokyo Ballet. Ce sont eux qui dansent le premier
mouvement. Les deuxième et troisième mouvements sont interprétés par le BBL, tandis que le quatrième réunit les deux compagnies et des danseurs
africains. Dix jours avant la première, le 8 novembre
2014 au NHK Hall, nous nous sommes retrouvés à
Tokyo afin de finaliser le travail entrepris dans les
deux villes. Nous avons ensuite poursuivi, jusqu’au
dernier moment, nos répétitions sur la scène de la
grande salle, avec les choristes et l’Orchestre national d’Israël dirigés par Zubin Mehta.
La IXe est une réalisation hors norme…
Un spectacle total, surdimensionné, auquel je rêvais
depuis longtemps et que nous avons choisi, avec le
Tokyo Ballet, de réaliser ensemble. Nous n’aurions
jamais pu, seuls, tenter un tel pari. Il fallait vraiment
qu’une compagnie amie y participe et porte avec
nous le message du poète Schiller selon lequel tous
les hommes sont frères. Dans un monde qui ne
cesse de se diviser davantage, ce message demeure
d’une grande actualité.
Propos recueillis par Patrick Ferla
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HISTORIQUE
Le troisième mouvement avec,
au premier plan (de g. à d.), Felipe Rocha,
Elisabet Ros et Fabrice Gallarrague.
Au second plan: Pauline Voisard, Julien
Favreau et Lisa Cano.
«ON ÉCRIT
QUE C’ÉTAIT
UNE RÉVOLUTION, MAIS JE
N’AI FAIT QUE
REVENIR AUX
SOURCES»
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ILIA CHKOLNIK
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LA HAVANE, AU DÉBUT DES ANNÉES 60.
L’IDÉE D’UN «CONCERT-DANSÉ», QUI PARLERAIT
DE FRATERNITÉ ET D’AMOUR UNIVERSEL,
NAÎT DANS L’ESPRIT DE MAURICE BÉJART.
DE RETOUR À BRUXELLES, LE CHORÉGRAPHE
CRÉE LA IXE SYMPHONIE. CINQUANTE ANS
PLUS TARD, SON SUCCESSEUR DONNE UN
NOUVEAU SOUFFLE AU CHEF D’ŒUVRE,
À L’OCCASION DES 50 ANS DU TOKYO BALLET
ET REPREND LE MESSAGE DU POÈTE SCHILLER:
TOUS LES HOMMES SONT FRÈRES.
HISTORIQUE
HISTORIQUE
Quatrième mouvement: le Tokyo Ballet et le Béjart Ballet Lausanne célèbrent
la fraternité universelle sur l’Ode à la Joie de Schiller.
interview. On écrit que c’était une révolution,
mais je n’ai fait que revenir aux sources. Dans
la tragédie grecque, le chœur antique parlait,
chantait, dansait. La séparation des genres est
arrivée plus tard.»
Créée dans un théâtre rond, le Cirque Royal
de Bruxelles, La IXe Symphonie a été dansée
par le Ballet du XXe Siècle dans le monde
entier – de la superbe Place Saint-Marc de
Venise au Palais du Kremlin, en passant par
les Arènes de Vérone et par Mexico, lors des
Jeux Olympiques de 1968 – avant d’être
reprise à l’Opéra de Paris, dix-huit ans après
sa dernière représentation de 1978. C’est
avec une vidéo pirate, enregistrée à La Scala
de Milan, que Maurice Béjart et Piotr Nardelli,
son assistant de l’époque, retrouvent les
gestes, l’émotion et l’esprit originel du ballet.
«un concert-dansé». Il imagine virevolter sur
le plateau des ethnies de toutes les couleurs.
Et parler de fraternité, d’amour universel. Tout
y est! Tout, sauf la mélodie.
Un soir, de retour à Bruxelles, en bavardant
musique avec des amis, l’un d’eux s’exclame
en plaisantant: «Pourquoi pas la Neuvième?»
Au lieu de trouver l’idée amusante, Maurice
Béjart se précipite à la recherche du disque.
Quand l’Adagio de Beethoven inonde la
pièce, c’est là qu’il l’entend, vraiment, pour la
première fois.
Commence ainsi l’analyse folle et méticuleuse de la partition. Lui qui n’a pas fait
d’études musicales, finit par décortiquer
l’architecture si complexe de l’œuvre et la
mémoriser. Il thématise chaque mouvement.
Le premier sera la terre, le combat pour
atteindre un idéal. Le second, le feu, la joie de
la danse. L’Adagio, l’eau, l’amour. Et à la fin,
la liberté, l’air. Caméléon comme jamais,
PREMIÈRE À TOKYO
En Asie en novembre dernier, cinquante ans
après sa création, Gil Roman a eu l’audace de
revisiter ce chef-d’œuvre qui met en scène
250 interprètes: chœur, musiciens et deux
corps de ballet qui ne l’avaient jamais dansé
auparavant, le Béjart Ballet Lausanne et le
Tokyo Ballet. Trois ans de travail, de voyages et
d’échanges, afin de retrouver le sens primordial, l’idéal de 64. Avec l’aide de Piotr Nardelli,
qui s’est rendu à Tokyo afin de transmettre aux
danseurs japonais cette œuvre magistrale, lui
qui l’avait dansée dans les années 70 et avait
secondé Béjart dans la reprise par le Ballet de
l’Opéra de Paris en 1996.
De cette communion sublime entre danseurs
et musiciens sur scène, Gil Roman en rêvait
depuis longtemps. Le directeur artistique
connaît intimement l’œuvre de Béjart et pour
La IXe, il s’est gracieusement métamorphosé
en peintre, en metteur en scène, en passeur.
Sans maniérisme, il souligne ce que l’on
DANS LE VENT DE LA RÉVOLUTION
La Havane, début des années 60, Maurice
Béjart assiste à une représentation dansée par
une jeune compagnie de danseurs noirs. Le
vent frais de la révolution souffle dans les rues,
les maisons et les théâtres. L’extase est tangible. Enivré par ce spectacle, Béjart se laisse
envahir par ce sentiment nouveau de liberté et
de joie. Alors que les vagues s’écrasent sur le
Malécon, une idée naît, chemine et se forme
dans son esprit. L’envie de créer le saisit.
Oui, ce sera un ballet. Un ballet symphonique,
ILIA CHKOLNIK
Inspiré, Maurice Béjart s’est saisi de la
Neuvième Symphonie de Beethoven en 1964
pour y refléter ses instincts les plus purs et
réincarner un idéal de fraternité universelle.
Entre prémonitions pré-soixante-huitardes et
flirt avec le sacré. Audacieux, Gil Roman donne
aujourd’hui un nouveau souffle à ce «concertdansé», cinquante ans après sa création.
FONDS MAURICE BÉJART
KIYONORI HASEGAWA
ne cessant de vouloir s’aventurer vers des
contrées insoupçonnées, il se laisse guider
par des notes sauvages et des chœurs imprédictibles. Il esquisse ensuite des pas, imagine
des mouvements d’ensemble: un groupe de
filles ici, des garçons par là, quelques solistes
au centre, avec en tête l’idée d’un rituel qui en
appelle à la fraternité, une danse qui s’adresse
à la collectivité. Mai 68 n’est pas si loin.
«Dans La IXe, il y a de la danse, de la musique,
du chant, du théâtre, dira-t-il dans une
Bruxelles 1964 – Tokyo 2014 Gil Roman a souhaité
rester au plus proche de la chorégraphie originelle.
HISTORIQUE
COMMENT
LA PARTITION S’IMPOSA
À BEETHOVEN
COMPOSÉE ENTRE FIN 1822 ET FÉVRIER 1824, CRÉÉE À VIENNE EN L’HONNEUR
DU ROI FRÉDÉRIC-GUILLAUME III DE PRUSSE, LA NEUVIÈME EST UN CONDENSÉ
DE PARADOXES ET D’EXCÈS. «LA DERNIÈRE DES SYMPHONIES», DIRA WAGNER.
KIYONORI HASEGAWA
KIYONORI HASEGAWA
LANGAGE UNIVERSEL
Maurice Béjart a voulu colorer de brun, de
rouge et de jaune les conversations poétiques
des interprètes sur le plateau. Des extraits
de La naissance de la tragédie de Nietzsche
résonnent au son des percussions occidentales et des bongos africains. Pour Béjart,
la danse, elle seule, constitue un langage
universel qui permet d’établir des liens entre
les cultures. Elle possède un caractère sacré
faisant appel aux forces occultes. En orientant
la pensée nietzschéenne vers l’expression
physique d’un sentiment profondément
intime, Béjart cherche à trouver le point de
jonction entre réel et transcendantal, entre
apollinien et dionysiaque. Pour lui, danse et
Dieu, philosophie et danse, ne font qu’un.
Kathleen Thielhelm et Masayoshi Onuki survolent
le deuxième mouvement à Tokyo.
LA MUSIQUE DE LA IXE SYMPHONIE
Ainsi, de l’obscurité à la lumière, les danseurs
surgissent de l’ombre la plus mélancolique,
pour embraser la scène. Ils tournent, courent,
s’ébaudissent, cherchent la respiration commune et ce souffle qui va leur permettre de
continuer. Avant peut-être que tout vacille, la
lumière scintille, irradie. Le public, subjugué,
s’attarde sur un pas de soliste, il respire avec
un ensemble qui se construit progressivement. Les costumes, merveilleusement
sobres, contiennent à la fois la présence
et l’absence du corps. Avec délicatesse et
fougue, les interprètes s’emparent du plateau pour le transfigurer. Ils deviennent des
icônes. «Dansons comme des troubadours
entre les saints et les catins, entre le monde
et Dieu, notre danse!» Tout est transcendé:
la musique, la danse, l’Humanité.
Sophie Grecuccio
pourrait ne pas voir: une main, un regard, un
saut. Comme si chaque mouvement devait
contenir l’ardeur d’un ultime geste. Rien n’est
laissé au hasard.
Oscar Chacón allie la fougue et l’élégance
dans le quatrième mouvement.
En chorégraphiant la Neuvième, Béjart signe
un acte de foi envers le message initial de
Schiller, une volonté de rassembler dans
l’esprit de Beethoven, une prière collective
et laïque.
A l’image de Beethoven, la Neuvième
Symphonie est un condensé de paradoxes
et d’excès. Sa durée, tout d’abord. Plus d’une
heure, dont près de la moitié consacrée
au seul quatrième mouvement dans lequel
chœur et solistes rejoignent un orchestre
croulant déjà sous les timbres des cordes,
bois, cuivres et de percussions particulièrement fournies. Sa construction musicale,
aussi, qui passe sans cesse de la fureur à la
transparence, d’affirmations triomphantes
à des zones d’ombre et de retenue. Le
compositeur se moque des codes, invente
des chemins inouïs au milieu d’un chaos
délibérément composé. La progression de sa
symphonie n’est pas linéaire, elle est contradictoire, turbulente, pugnace. Les thèmes
jaillissent, disparaissent, prisonniers d’un
gigantesque carrousel qui tourne, se répète,
semble se disloquer avant de repartir de plus
belle. Tout cela pour préparer la voie aux voix.
Pour que le chant s’affirme, telle la révélation
d’une solution suprême.
UN CHERCHEUR MUSICAL
Isolé, solitaire, souffrant, muré dans une
surdité désormais complète, Beethoven n’a
décidément rien à perdre et laisse exploser sa
fureur sonore grandiose, révoltée, survoltée,
au service d’une exhortation à la fraternité, à
l’amour, à l’embrassement universel. Il met sa
personnalité individualiste de chercheur musical – ses expérimentations fascinantes dans le
domaine de la sonate, du quatuor à cordes – au
service du collectif. Et surtout, il construit une
symphonie gigantesque pour la faire accoucher,
finalement, d’une ode à la simplicité mélodique
désarmante, qui va bien évidemment servir de
champ d’exploration, entre variations, fugue et
autres recettes de grand chef.
Le projet d’une symphonie avec chœur
couvait depuis des années. La Fantaisie
pour piano, chœur et orchestre de 1808
LA MUSIQUE DE LA IXE SYMPHONIE
Plusieurs écrits de Ludwig van Beethoven
(1770-1827) attestent qu’il avait songé à la danse
en écrivant cette symphonie. Des esquisses
du final, faisant intervenir la voix pour chanter
le poème de l’Ode à la Joie de Schiller, portent
ainsi la mention «mit Chor und Tanz» (avec
chœur et danse).
UN RÊVE DEVENU RÉALITÉ
«La Neuvième Symphonie de Beethoven est l’un
des plus hauts sommets du répertoire symphonique et une étape dans la carrière de tout chef
d’orchestre. Si je dirige très régulièrement toutes
les autres symphonies de ce compositeur, en
particulier la Troisième et la Septième (que j’ai
DR
instrumentistes dans le domaine plus élitiste
de la musique de chambre, balayant d’un
geste dédaigneux ou courroucé leurs commentaires effarés à la vue des partitions à
jouer, persuadé de la pertinence de ses choix
esthétiques dont il entendait parfaitement
l’agencement dans sa tête, Beethoven a en
revanche tenu à ce que sa Neuvième, dans la
lancée de la Missa Solemnis, soit une œuvre
pour le peuple. Pour tous. Il a réussi son pari.
Au-delà de ses espérances sans aucun doute
puisque, mise entre toutes les mains, son
Ode à la Joie a été de toutes parts dévoyée.
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annonçait la couleur, dans un genre cependant plus bucolique puisque le poème de
Christophe Kuffner célébrait la beauté des
sons et des harmonies, «le soleil printanier
des arts» capable de «faire surgir la lumière
de la paix et du bonheur». Mais Schiller, ses
idéaux humanistes et politiques, habitait déjà
Beethoven depuis longtemps. Subissant le
durcissement de la situation politique dans
la Vienne dominée par Metternich, sa police
et son hostilité aux idéaux de la Révolution
française, Beethoven a remis l’Ode sur le
métier en 1822, désireux que le message de
Schiller soit accessible au plus grand nombre.
Farouchement indifférent aux difficultés
techniques qu’il imposait à ses interprètes
UN HYMNE DISPUTÉ
Rares sont les œuvres à avoir servi autant de
maîtres. Si Wagner donnait à Woody Allen
«l’envie d’envahir la Pologne», la Neuvième
galvanisait le chancelier Bismarck, artisan
de l’unification allemande: «Si j’entendais
souvent cette musique, je serais toujours très
courageux.»
Dans la mouvance des nationalismes, au
XIXe siècle et à l’apparition des hymnes nationaux, ciments d’identité et par conséquent
d’exclusion, l’Ode à la Joie est devenue
«Hymne» et bientôt Schiller et Beethoven se
retrouvaient enrôlés côte à côte… des deux
côtés des tranchées. «L’Ode à la Joie est le seul
hymne des Alliés, le credo de toutes nos justes
espérances et il faudrait interdire à l’Allemagne
criminelle de ne jamais en jouer une seule
mesure», écrivait Camille Mauclair en 1927.
Dès son avènement, le national-socialisme
chacune donnée en public plus d’une douzaine
de fois), je n’ai jamais osé diriger la Neuvième
en concert jusqu’à ce jour. Je l’ai déjà analysée,
étudiée et même dirigée en répétition par le passé
lorsque j’étais assistant à Paris. Ce rêve va devenir
pour moi réalité et je suis donc très heureux
d’avoir l’immense privilège de pouvoir l’aborder
enfin au côté de la légendaire chorégraphie de
Maurice Béjart.»
Alexander Mayer, directeur artistique
du Sinfonietta de Lausanne
n’a pas manqué de s’emparer de Beethoven, «précurseur» de Wagner, bien que
les spécialistes en généalogie n’aient pas pu
prononcer un verdict autre que «Rasse gemischt» (race mélangée). Difficile en effet de
faire abstraction du visage du compositeur,
de ses yeux noirs, sa chevelure sombre, son
corps disgracieux, aux antipodes des canons
de la beauté aryenne.
PRIÈRE COLLECTIVE ET LAÏQUE
L’opéra Fidelio était interdit mais l’Hymne à la
Joie entonné lors des cérémonies des Jeux
Olympiques de Berlin de 1936, au cours desquelles Pierre de Coubertin, impressionné par
la parade, saluait «les ententes musculaires
plus fortes que la mort même». Hymne à la
jeunesse gymnaste et au peuple allemand, la
fraternité humaine excluait bien évidemment
de son giron les races des sous-hommes. Il
en est de même en Rhodésie en 1974, quand
l’Hymne à la Joie fut promulgué hymne
national, au plus fort du régime de l’Apartheid.
Entre temps, en 1972, Herbert von Karajan en
livrait une version retouchée, évidemment
raccourcie et simplifiée, qui allait servir
d’Hymne européen. Et on se souvient également de Beethoven joué devant le Mur de
Berlin en 1989 ou à Sarajevo en 1996.
La Neuvième comme pansement miracle
à appliquer de toute urgence sur toutes les
plaies que l’Humanité s’inflige. «Tous ceux qui
se sont réclamés de la Neuvième sont partis
de l’expérience de sa beauté pour aboutir à la
nécessité de sa moralité», note Esteban Buch
au terme de sa passionnante Histoire politique
de la Neuvième de Beethoven (éd. Gallimard,
1999). Et de se demander «si nous sommes
prêts à accepter l’idée qu’un jour, pourquoi
pas, elle devienne muette sans que ce soit
forcément une catastrophe.»
Béjart l’a voulue dansée. La IXe en langage des
corps, symphonie d’êtres en mouvements, en
interaction les uns avec les autres. Orchestration d’énergies individuelles et collectives. La
chorégraphie n’est pas une nouvelle entreprise
de récupération, mais bien un acte de foi envers le message initial de Schiller, une volonté
de rassembler, dans l’esprit de Beethoven.
Une prière collective et laïque, une ode aux
possibles de l’Humanité, non un hymne à sa
gloire. La Neuvième de Beethoven chorégraphiée retrouve, ainsi, sa place d’œuvre à vivre
les pieds sur terre, dans notre réalité et dans
ce que nous saurons en faire.
Dominique Rosset – L’Hebdo
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LES ARTISTES DE LA IXE SYMPHONIE
LE BÉJART BALLET LAUSANNE
EN CHIFFRES
20 programmes différents
présentés en saison
BÉJART BALLET
LAUSANNE
41 danseurs professionnels
70 artistes et techniciens
du spectacle en tournée
100 représentations par saison
1200 costumes portés par saison
2500 paires de chaussons
de danse usées par an
250’000 km parcourus chaque année
300’000 spectateurs aux quatre coins
du monde annuellement
12 millions de budget annuel
DEPUIS SA CRÉATION EN 1987, LE BÉJART BALLET LAUSANNE EST UNE RÉFÉRENCE DANS LE MONDE CHORÉGRAPHIQUE. DÉSIGNÉ COMME SUCCESSEUR PAR
MAURICE BÉJART, GIL ROMAN, DIRIGE LA COMPAGNIE ET PRÉSERVE SON EXCELLENCE ARTISTIQUE DEPUIS LA DISPARITION DU MAÎTRE EN 2007.
Maurice Béjart a toujours eu la volonté
d’ouvrir le monde de la danse à un large
public. Animés de ce même esprit, Gil Roman
et ses 41 danseurs se produisent dans le
monde entier pour de grands événements
tout comme des galas au profit d’oeuvres
caritatives. Le Béjart Ballet Lausanne est l’une
des rares compagnies capables de remplir de
vastes espaces tels que le NHK Hall de Tokyo
ou la patinoire de Malley-Lausanne.
Depuis 2007, par sa recherche et son travail
de création, Gil Roman entretient et développe le répertoire du Béjart Ballet Lausanne.
Au coeur de ce dernier se trouve l’oeuvre
de Maurice Béjart, avec des chorégraphies
populaires, comme Le Sacre du Printemps,
Boléro ou Le Presbytère n’a rien perdu de son
charme, ni le jardin de son éclat, et d’autres
que Gil Roman fait découvrir au public
d’aujourd’hui, telles que Light Suite, Piaf, ou
Suite Barocco. Chorégraphe depuis 20 ans,
le directeur artistique nourrit le répertoire de
ses créations, dont Syncope et Kyôdaï, très
applaudies lors de récentes représentations.
Invités par Gil Roman, des chorégraphes
amis, comme Alonzo King, Julio Arozarena,
Tony Fabre ou Christophe Garcia, ont également contribué au développement créatif du
Béjart Ballet Lausanne.
La Compagnie reste fidèle à sa vocation :
faire vivre l’oeuvre de Maurice Béjart tout en
restant un espace de création.
LES ARTISTES DE LA IXE SYMPHONIE
LES ARTISTES DE LA IXE SYMPHONIE
TOKYO BALLET
Norio Takahashi*, dans quelles circonstances le Béjart Ballet Lausanne et votre
compagnie, le Tokyo Ballet, se sont-elles
rencontrées?
A l’origine de cette rencontre, il y a la
profonde amitié qui liait notre président,
Tadasugu Sasaki et Maurice Béjart. Depuis des
décennies, nous nous retrouvons régulièrement sur scène. C’est dire qu’au fil du temps
nos deux compagnies sont devenues très
liées. Aussi, à seize reprises, le Tokyo Ballet
a-t-il invité le BBL à se produire au Japon. Et
avec quelle ferveur!
A quand remonte le projet de travailler
ensemble?
Cela fait six ans qu’avec Gil Roman nous
avions envie de travailler à la création d’un
grand spectacle. Nous en avons beaucoup
parlé et, très vite, songé à La IXe Symphonie.
Le projet est si exaltant: reprendre ensemble
une œuvre que Maurice Béjart a créée il y a
cinquante ans à Bruxelles, pour les cinquante
ans du Tokyo Ballet! Si nous tenions beaucoup
l’un et l’autre à cet événement, nous n’ignorions pas qu’il nous fallait du temps, beaucoup
de temps, pour répéter et trouver les moyens
tant artistiques que financiers nécessaires à sa
réalisation. Ceci d’autant qu’au plan artistique,
les danseurs des deux compagnies sont issus
de cultures totalement différentes. D’où la
richesse et le caractère exceptionnel de cette
rencontre. Avant de nous mettre au travail en
2012, les deux compagnies ont été à l’affiche
d’un spectacle réalisé en commun sur des
chorégraphies de Maurice Béjart. Le Tokyo
Ballet a présenté Petrouchka et le BBL Ce que
l’amour me dit de Malher, et ensemble, nous
avons dansé Le Sacre du printemps. Ce fut un
immense succès! Puis nous avons commencé
à répéter La IXe Symphonie à Tokyo et à
Lausanne avant de nous retrouver dans notre
studio au Japon le 30 octobre 2014, soit une
dizaine de jours avant la première, qui a eu lieu
dans le grand Théâtre NHK à Tokyo devant
4000 spectateurs enthousiastes.
Quelle place occupe aujourd’hui Maurice
Béjart au Japon?
Maurice Béjart et son œuvre demeurent très
présents dans le cœur des Japonais. Il avait
tant d’amour pour ce pays qui le fascinait.
Pour le Tokyo Ballet, il avait créé deux chorégraphies inspirées par la culture nipponne:
Kabuki (1986) et M (1993) en hommage au
grand écrivain Yukio Mishima, tous deux sur
une musique originale de Toshiro Mayuzumi.
Maurice Béjart avait tissé des liens très étroits
avec le Tokyo Ballet et nous sommes heureux
que cinquante ans plus tard, cette belle aventure se poursuive avec Gil Roman et La IXe.
Propos recueillis par Patrick Ferla
*Norio Takahashi est le directeur administratif
de la Japan Performing Arts Foundation, The
Tokyo Ballet.
«Le BBL et le Tokyo Ballet
sont deux compagnies sœurs»
LES ARTISTES DE LA IXE SYMPHONIE
LES ARTISTES DE LA IXE SYMPHONIE
«SUR SCÈNE, L’ÉNERGIE
EST PHÉNOMÉNALE»
RÉUNIS À L’ENSEIGNE DE CITYPERCUSSION, THIERRY HOCHSTÄTTER
ET JB MEIER RYTHMENT LE PROLOGUE. UN MOMENT SAISISSANT!
Introduire l’une des œuvres les plus emblématiques du XIXe siècle par un prologue
de huit minutes, c’est le challenge auquel
Maurice Béjart s’est attelé en imaginant
sa chorégraphie. Au milieu de l’immense
scène dénudée, un récitant se saisit de La
naissance de la tragédie et de Ainsi parlait
Zarathoustra de Nietzsche; non-danseur,
il court, saute dans les rythmes pulsés par
deux percussions, l’une ethnique et l’autre
contemporaine. Magie de l’œuvre, du texte
originel incarné dans une énergie folle,
l’homme n’est plus artiste, «il est devenu
œuvre d’art».
Lorsqu’il imagine sa IXe Symphonie en 1964,
Maurice Béjart confie la partition rythmique à
Fernand Schirren, titulaire de l’enseignement
au rythme à l’Ecole Mudra (devenue l’EcoleAtelier Rudra Béjart Lausanne). Le souhait
du chorégraphe: que le son vienne de deux
univers facilement identifiables, l’inspiration
ethnique d’une part et les sonorités urbaines
aux accents métalliques de l’autre. Le rapprochement de deux mondes antagonistes
sons différents en rapport avec l’univers imaginé par Gil Roman. «Souvent, il écoute notre
proposition musicale. Puis il revient avec des
demandes précises: enlever un instrument,
raccourcir, modifier un son… Pour La IXe,
c’était pareil. Il écoute, nettoie les solos, le
texte. Finalement, il ne reste que l’essentiel:
percussions et batterie.»
Pour ces deux musiciens, participer à un tel
événement crée une fierté particulière. «Sur
le plateau, il y a une énergie phénoménale,
témoigne Thierry Hochstätter. Il y a quelque
chose de différent. C’est tellement rare de
faire un spectacle avec autant d’artistes sur
scène… Plus la chorégraphie, plus la musique,
plus le tapis! Vous devez tout donner pendant
le prologue parce que derrière, vous avez un
monument musical et chorégraphique!»
Antoine Casanova
exprimant parfaitement le thème de La IXe.
Lorsque Gil Roman décide de reprendre
cette œuvre en 2012, il se rapproche naturellement de ses amis professeurs à Rudra,
Thierry Hochstätter et jB Meier. Ces musiciens, réunis à l’enseigne de la compagnie
Citypercussion, ont composé la plupart des
musiques de ses créations et collaboré avec
Maurice Béjart (Zarathoustra, entre autres).
Pour la reprise du prologue de La IXe, le trio
n’a pu s’appuyer que sur des indications
de Maurice Béjart (la captation vidéo de la
représentation de 1999 à Bercy par Le Ballet
de l’Opéra de Paris n’ayant révélé qu’un seul
percussionniste).
COMPLICES DE LONGUE DATE
Respectueux de l’œuvre de Béjart, Gil Roman
souhaitait se rapprocher au plus près de
la version de 1964 à deux instruments.
«Cela tombait plutôt bien, raconte Thierry
Hochstätter, car avec jB on se répartit souvent les rôles, moi plus occidental et lui plus
ethnique.» Les échanges avec le chorégraphe
ont été assez simples. «Il avait une idée de
cadre très claire, poursuit le musicien. Un
texte à la signature ethnique, l’autre urbaine
et enfin un moment très puissant où tous les
intervenants sont à l’unisson pour l’entrée des
danseurs.»
La collaboration entre le directeur artistique
et les musiciens commence souvent autour
d’une table pour se poursuivre dans les
locaux du Béjart Ballet Lausanne. «Gil nous
demande de lui amener de la musique et à
partir de là, il y a des idées qui en amènent
d’autres. Notre travail est une véritable collaboration qui dure depuis Echographie d’une
baleine (2003).»
A chacune des créations, les musiciens
proposent un instrumentarium et un panel de
LAUREN PASCHE
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DR
Thierry Hochstätter sur la scène
du NHK Hall à Tokyo,
le 8 novembre 2014.
jB Meier lors des répétitions à la veille de
la première au NHK Hall de Tokyo.
BIOGRAPHIES
20
MAURICE BÉJART
GIL ROMAN
L’ŒUVRE
LE FLAMBEAU
AU DÉBUT DES ANNÉES 50 À PARIS, MAURICE BÉJART CHORÉGRAPHIE
POUR SA PREMIÈRE COMPAGNIE, LES BALLETS DE L’ÉTOILE.
PENDANT PRÈS DE TRENTE ANS, GIL ROMAN A INTERPRÉTÉ LES PLUS CÉLÈBRES
BALLETS DU CHORÉGRAPHE, AVANT DE CRÉER À SON TOUR.
Formé par Marika Besobrasova,
Rosella Hightower et José
Ferran, Gil Roman a rejoint en
1979 le Ballet du XXe Siècle de
Maurice Béjart. Pendant près de
trente ans, il interprète les plus
célèbres ballets du chorégraphe.
En 2007, Maurice Béjart le désigne comme son successeur à
la tête du Béjart Ballet Lausanne.
Son parcours chorégraphique
est riche de créations: L’habit ne fait pas
le moine, Réflexion sur Béla, Échographie
d’une baleine, Casino des esprits, Aria,
Syncope, Là où sont les oiseaux (présentée
en première mondiale au China Shanghai
International Arts Festival en 2011), et Anima
Blues. Depuis cette dernière œuvre en 2013,
trois créations ont rejoint le répertoire:
3 Danses pour Tony, Kyôdai et Tombées de
la dernière pluie présentée le 8 mai 2015 à
l’Opéra de Lausanne.
La carrière de Gil Roman représente plus
de quarante ans de danse ininterrompue.
Elle a été couronnée en 2005 par le Danza
& Danza Award du meilleur danseur pour
son interprétation de Jacques Brel dans
le ballet Brel et Barbara, puis en 2006 par
le prestigieux Nijinsky Award décerné par
le Monaco Dance Forum. En 2014, La
Fondation Vaudoise pour la
Culture lui a décerné son prix
du rayonnement.
En novembre de la même
année, lors de la tournée asiatique de La IXe Symphonie, il
s’est vu remettre le prix spécial
du Festival des arts Shanghai.
Au KKL à Lucerne le 15 mai
dernier, il a reçu le Maya
Plisetskaya Award 2015 lors
d’une soirée en hommage à la grande danseuse disparue le 2 mai de cette année. Son
Excellence M. René Roudaut, Ambassadeur
de France en Suisse, lui a remis, le vendredi
29 mai 2015 à Lausanne, les insignes de
Chevalier dans l’Ordre national du Mérite,
l’une des décorations françaises les plus
prestigieuses.
AMÉLIE BLANC
il décide de réduire la taille de
sa compagnie à une trentaine
de danseurs pour «retrouver
l’essence de l’interprète» et la
même année, il fonde l’EcoleAtelier Rudra Béjart Lausanne.
Parmi les nombreux ballets créés
pour cette compagnie, citons
Le Mandarin merveilleux, King
Lear – Prospero, À propos de
Shéhérazade, Lumière, Mutation
X, La Route de la soie, Le Manteau, Enfant-Roi,
La Lumière des eaux et Le Presbytère n’a rien
perdu de son charme, ni le jardin de son éclat.
Metteur en scène de théâtre (La Reine verte,
Casta Diva, Cinq Nô modernes, A-6-Roc),
d’opéras (Salomé, La Traviata et Don Giovanni),
réalisateur de films (Bhakti, Paradoxe sur le
comédien...), Maurice Béjart a également
publié plusieurs livres (romans, souvenirs,
journal intime, pièce de théâtre). En 2006,
à l’aube de ses quatre-vingts printemps, le
chorégraphe donne naissance à La Vie du
danseur racontée par Zig et Puce. Alors qu’il
crée ce qui sera sa dernière œuvre, Le Tour
du monde en 80 minutes, Maurice Béjart
s’éteint à Lausanne le 22 novembre 2007.
PHILIPPE PACHE
Maurice Béjart naît à Marseille
le 1er janvier 1927. Il débute sa
carrière de danseur à Vichy en
1946, la poursuit auprès de Janine
Charrat, de Roland Petit et surtout
à Londres au sein de l’International Ballet. A l’occasion d’une
tournée en Suède avec le Ballet
Cullberg (1949), il découvre les
ressources de l’expressionnisme
chorégraphique. Un contrat pour
un film suédois le confronte une première fois
avec Stravinsky, mais de retour à Paris il se fait
la main sur des pièces de Chopin sous l’égide
du critique Jean Laurent. Le danseur se double
dès lors d’un chorégraphe. En 1955, à l’enseigne des Ballets de l’Étoile, il sort des sentiers
battus avec Symphonie pour un homme seul.
Remarqué par Maurice Huisman, le nouveau
directeur du Théâtre Royal de la Monnaie, il
règle un triomphal Sacre du printemps (1959).
En 1960, Maurice Béjart crée, à Bruxelles, le
Ballet du XXe Siècle, une compagnie internationale à la tête de laquelle il sillonne le monde
entier, tandis que la liste de ses créations
s’allonge: Boléro (1961), Messe pour le temps
présent (1967) et L’Oiseau de feu (1970).
En 1987, le Ballet du XXe Siècle devient le
Béjart Ballet Lausanne. Le grand chorégraphe
s’installe dans la capitale olympique. En 1992,
ORGANIGRAMME 2015
DIRECTION
Directeur artistique
Gil Roman
Directeur de l’Ecole-Atelier
Rudra Béjart Lausanne
Michel Gascard
Directeur exécutif
Jean Ellgass
Directrice administrative
Régina Zwahlen
Directeur de production
Richard Perron
ADMINISTRATION
Secrétariat de Gil Roman
Marie-Thérèse Jaccard
Communication – presse
Cécile Roten (responsable)
Antoine Casanova
Sarah Réal
Régisseur compagnie
Enrico Cesari
Assistante de production
Annalisa Pozzi
Comptable
Christelle Houdayer
Accréditations
Sandra Muller (responsable)
Sarah Réal
Hospitalités
Daniel Decleyre
Billetterie
Cyril Pittet
DANSE
Assistant à la
direction artistique
et Maître de ballet
Julio Arozarena
Répétiteur
et régie plateau
Domenico Levré
Enseignement
de la danse
Azari Plissetski
Pianiste
Ilia Chkolnik
Danseuses
Carme Andres
Alanna Archibald
Jasmine Cammarota
Lisa Cano
Oana Cojocaru
Nina Gogua
Cosima Munoz
Mari Ohashi
Marsha Rodriguez
Elisabet Ros
Kateryna Shalkina
Kathleen Thielhelm
Aldriana Vargas López
Catherine Zuaznabar
Danseuses stagiaires
Clélia Mercier
Chiara Posca
Danseurs
Gabriel Arenas Ruiz
Javier Casado Suárez
Oscar Chacón
Julien Favreau
Fabrice Gallarrague
Mattia Galiotto
Kwinten Guilliams
Valentin Levalin
Iker Murillo Badiola
Keisuke Nasuno
Masayoshi Onuki
Vito Pansini
Juan Pulido
Laurence Rigg
Felipe Rocha
Vitali Safronkine
Juan Sanchez
Jiayong Sun
Denovane Victoire
Danseurs stagiaires
Connor Barlow
Ergys Lalaj
Kevin Lila
Anthony Maestre Benitez
Angelo Perfido
TECHNIQUE
Directeur technique
Eric Gasser
Secrétaire technique
Mélanie Santos
Créatrice lumière
Dominique Roman
Chef électricien
Lucas Borgeaud
Régisseur lumière
Johan Rochat
Costumier
Henri Davila
Couturière – habilleuse
Ludiwine Rais
Accessoiriste
Diane Yeterian
Ingénieurs du son
Eric Maurin (responsable)
Robin Martinelli
Chef machiniste
Jean-Michel Favre
Chauffeur – machiniste
Thierry Thibault
Physio-ostéopathe
Guillaume Rousée
Chef cuisinier
Guillaume Henry
Cafétéria
Laurence Zwahlen
Concierge
Carlos Ortiz Chavez
PHOTOS MATTHIEU GAFSOU
TOUTE L’ÉQUIPE DU BBL