20 - 21 mai 2016 forest national
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En collaboration avec La IXe Symphonie LES INTENTIONS «LA DANSE, ICI, NE FAIT QUE SUIVRE LE LENT CHEMINEMENT DU COMPOSITEUR» Chorégraphie Maurice Béjart remontée par Gil Roman avec l’aide de Piotr Nardelli Textes Friedrich Nietzsche, Friedrich von Schiller Musique Ludwig van Beethoven, Citypercussion – Thierry Hochstätter et jB Meier (Prologue) POUR MAURICE BÉJART, SA TRANSPOSITION CHORÉGRAPHIQUE DE LA PARTITION EST PLUS QU’UN BALLET, LA PARTICIPATION HUMAINE PROFONDE À UNE ŒUVRE QUI APPARTIENT À L’HUMANITÉ. Décors, lumière et costumes Joëlle Roustan, Roger Bernard Réalisation lumière Dominique Roman Réalisation costumes une partition qui est un des sommets de la musique, mais d’une participation humaine profonde à une œuvre qui appartient à l’humanité entière et qui est ici non seulement jouée et chantée, mais dansée, tout comme l’était la tragédie grecque ou toutes les manifestations religieuses primitives et collectives.» Maurice Béjart Henri Davila Première Cirque Royal, Bruxelles, 27 octobre 1964 – Ballet du XXe Siècle DR «Cette transposition chorégraphique de l’œuvre de Beethoven n’a d’autre idée, d’autre but, d’autre argument que la musique qui la supporte, la nourrit, et en est la seule raison d’être. La danse, ici, ne fait que suivre le lent cheminement du compositeur qui va de l’angoisse à la joie, des ténèbres vers la clarté. Il ne s’agit pas d’un ballet, au sens généralement adopté du terme, plaqué sur 2 3 LES CHIFFRES Les dates clés 3 années de préparation artistique, 1964 Création en Belgique, 1976 A Bruxelles, à l’occasion au Cirque Royal de Bruxelles. du 25 anniversaire du règne le Béjart Ballet Lausanne et le 1966 A Paris, au Palais des Sports. du Roi Baudouin pour l’événement Tokyo Ballet, pour les 50 ans de 1968 Au Mexique, pour l’ouverture Les Fêtes du Roi au Parc des ce dernier. e 2014 A Tokyo, au NHK Hall, par technique et logistique 15 semaines de répétition sur deux continents 80 danseurs (BBL et Tokyo Ballet) 250 artistes sur scène Un tapis de scène de 289 m2 recréé des Jeux Olympiques de Mexico. expositions. 1975 En Italie, aux Arènes de 1999 A Tokyo, au Bunka Kaikan, et spécialement pour l’événement Vérone et sur la Piazza San Marco à Paris, au Palais Omnisports Paris- 40’000 spectateurs à Tokyo, Lausanne et Monaco de Venise. Bercy, par le Ballet de l’Opéra de Paris. LES INTENTIONS Le final avec Alanna Archibald entourée des danseurs du Béjart Ballet Lausanne et du Tokyo Ballet «La IXe Symphonie est un spectacle total d’une grande actualité» Gil Roman, cinquante ans après sa création à Bruxelles, vous retrouvez La IXe Symphonie. L’œuvre n’a-t-elle pas vieilli? Nullement. Les ballets que Maurice Béjart a créés sur des partitions comme le Boléro, le Sacre du printemps ou la Neuvième, résistent à tout! Ce grand spectacle se veut une prolongation de la musique par le geste. Telle que nous la représentons, La IXe est ce que l’on pourrait appeler de la «musique visuelle». Pour revisiter cette symphonie qui met en scène près de 250 interprètes, il aura fallu trois ans de travail! Trois ans de travail, de recherches artistiques et financières. Dans un premier temps, nous nous sommes basés sur des vidéos. Piotr Nardelli a fait le gros du travail, accompagné de mes deux répétiteurs, Julio Arozarena et Domenico Levré. De mon côté, j’ai étudié et confronté les différentes versions pour retrouver le sens originel de l’œuvre. J’ai travaillé sur les dessins de la chorégraphie d’une vidéo réalisée à la Scala de Milan en 1973 et observé que les choses se transforment de manière imperceptible. Maurice Béjart a toujours adapté ses chorégraphies à ses danseurs. Il en est allé de même dans la relecture que je propose de ce chef-d’œuvre. Comment se sont déroulées les répétitions? L’automne dernier, au BBL avec ma compagnie, nous nous sommes interrogés sur le style et l’esprit, alors que Piotr poursuivait l’aventure avec les danseurs du Tokyo Ballet. Ce sont eux qui dansent le premier mouvement. Les deuxième et troisième mouvements sont interprétés par le BBL, tandis que le quatrième réunit les deux compagnies et des danseurs africains. Dix jours avant la première, le 8 novembre 2014 au NHK Hall, nous nous sommes retrouvés à Tokyo afin de finaliser le travail entrepris dans les deux villes. Nous avons ensuite poursuivi, jusqu’au dernier moment, nos répétitions sur la scène de la grande salle, avec les choristes et l’Orchestre national d’Israël dirigés par Zubin Mehta. La IXe est une réalisation hors norme… Un spectacle total, surdimensionné, auquel je rêvais depuis longtemps et que nous avons choisi, avec le Tokyo Ballet, de réaliser ensemble. Nous n’aurions jamais pu, seuls, tenter un tel pari. Il fallait vraiment qu’une compagnie amie y participe et porte avec nous le message du poète Schiller selon lequel tous les hommes sont frères. Dans un monde qui ne cesse de se diviser davantage, ce message demeure d’une grande actualité. Propos recueillis par Patrick Ferla 5 HISTORIQUE Le troisième mouvement avec, au premier plan (de g. à d.), Felipe Rocha, Elisabet Ros et Fabrice Gallarrague. Au second plan: Pauline Voisard, Julien Favreau et Lisa Cano. «ON ÉCRIT QUE C’ÉTAIT UNE RÉVOLUTION, MAIS JE N’AI FAIT QUE REVENIR AUX SOURCES» 7 ILIA CHKOLNIK 6 LA HAVANE, AU DÉBUT DES ANNÉES 60. L’IDÉE D’UN «CONCERT-DANSÉ», QUI PARLERAIT DE FRATERNITÉ ET D’AMOUR UNIVERSEL, NAÎT DANS L’ESPRIT DE MAURICE BÉJART. DE RETOUR À BRUXELLES, LE CHORÉGRAPHE CRÉE LA IXE SYMPHONIE. CINQUANTE ANS PLUS TARD, SON SUCCESSEUR DONNE UN NOUVEAU SOUFFLE AU CHEF D’ŒUVRE, À L’OCCASION DES 50 ANS DU TOKYO BALLET ET REPREND LE MESSAGE DU POÈTE SCHILLER: TOUS LES HOMMES SONT FRÈRES. HISTORIQUE HISTORIQUE Quatrième mouvement: le Tokyo Ballet et le Béjart Ballet Lausanne célèbrent la fraternité universelle sur l’Ode à la Joie de Schiller. interview. On écrit que c’était une révolution, mais je n’ai fait que revenir aux sources. Dans la tragédie grecque, le chœur antique parlait, chantait, dansait. La séparation des genres est arrivée plus tard.» Créée dans un théâtre rond, le Cirque Royal de Bruxelles, La IXe Symphonie a été dansée par le Ballet du XXe Siècle dans le monde entier – de la superbe Place Saint-Marc de Venise au Palais du Kremlin, en passant par les Arènes de Vérone et par Mexico, lors des Jeux Olympiques de 1968 – avant d’être reprise à l’Opéra de Paris, dix-huit ans après sa dernière représentation de 1978. C’est avec une vidéo pirate, enregistrée à La Scala de Milan, que Maurice Béjart et Piotr Nardelli, son assistant de l’époque, retrouvent les gestes, l’émotion et l’esprit originel du ballet. «un concert-dansé». Il imagine virevolter sur le plateau des ethnies de toutes les couleurs. Et parler de fraternité, d’amour universel. Tout y est! Tout, sauf la mélodie. Un soir, de retour à Bruxelles, en bavardant musique avec des amis, l’un d’eux s’exclame en plaisantant: «Pourquoi pas la Neuvième?» Au lieu de trouver l’idée amusante, Maurice Béjart se précipite à la recherche du disque. Quand l’Adagio de Beethoven inonde la pièce, c’est là qu’il l’entend, vraiment, pour la première fois. Commence ainsi l’analyse folle et méticuleuse de la partition. Lui qui n’a pas fait d’études musicales, finit par décortiquer l’architecture si complexe de l’œuvre et la mémoriser. Il thématise chaque mouvement. Le premier sera la terre, le combat pour atteindre un idéal. Le second, le feu, la joie de la danse. L’Adagio, l’eau, l’amour. Et à la fin, la liberté, l’air. Caméléon comme jamais, PREMIÈRE À TOKYO En Asie en novembre dernier, cinquante ans après sa création, Gil Roman a eu l’audace de revisiter ce chef-d’œuvre qui met en scène 250 interprètes: chœur, musiciens et deux corps de ballet qui ne l’avaient jamais dansé auparavant, le Béjart Ballet Lausanne et le Tokyo Ballet. Trois ans de travail, de voyages et d’échanges, afin de retrouver le sens primordial, l’idéal de 64. Avec l’aide de Piotr Nardelli, qui s’est rendu à Tokyo afin de transmettre aux danseurs japonais cette œuvre magistrale, lui qui l’avait dansée dans les années 70 et avait secondé Béjart dans la reprise par le Ballet de l’Opéra de Paris en 1996. De cette communion sublime entre danseurs et musiciens sur scène, Gil Roman en rêvait depuis longtemps. Le directeur artistique connaît intimement l’œuvre de Béjart et pour La IXe, il s’est gracieusement métamorphosé en peintre, en metteur en scène, en passeur. Sans maniérisme, il souligne ce que l’on DANS LE VENT DE LA RÉVOLUTION La Havane, début des années 60, Maurice Béjart assiste à une représentation dansée par une jeune compagnie de danseurs noirs. Le vent frais de la révolution souffle dans les rues, les maisons et les théâtres. L’extase est tangible. Enivré par ce spectacle, Béjart se laisse envahir par ce sentiment nouveau de liberté et de joie. Alors que les vagues s’écrasent sur le Malécon, une idée naît, chemine et se forme dans son esprit. L’envie de créer le saisit. Oui, ce sera un ballet. Un ballet symphonique, ILIA CHKOLNIK Inspiré, Maurice Béjart s’est saisi de la Neuvième Symphonie de Beethoven en 1964 pour y refléter ses instincts les plus purs et réincarner un idéal de fraternité universelle. Entre prémonitions pré-soixante-huitardes et flirt avec le sacré. Audacieux, Gil Roman donne aujourd’hui un nouveau souffle à ce «concertdansé», cinquante ans après sa création. FONDS MAURICE BÉJART KIYONORI HASEGAWA ne cessant de vouloir s’aventurer vers des contrées insoupçonnées, il se laisse guider par des notes sauvages et des chœurs imprédictibles. Il esquisse ensuite des pas, imagine des mouvements d’ensemble: un groupe de filles ici, des garçons par là, quelques solistes au centre, avec en tête l’idée d’un rituel qui en appelle à la fraternité, une danse qui s’adresse à la collectivité. Mai 68 n’est pas si loin. «Dans La IXe, il y a de la danse, de la musique, du chant, du théâtre, dira-t-il dans une Bruxelles 1964 – Tokyo 2014 Gil Roman a souhaité rester au plus proche de la chorégraphie originelle. HISTORIQUE COMMENT LA PARTITION S’IMPOSA À BEETHOVEN COMPOSÉE ENTRE FIN 1822 ET FÉVRIER 1824, CRÉÉE À VIENNE EN L’HONNEUR DU ROI FRÉDÉRIC-GUILLAUME III DE PRUSSE, LA NEUVIÈME EST UN CONDENSÉ DE PARADOXES ET D’EXCÈS. «LA DERNIÈRE DES SYMPHONIES», DIRA WAGNER. KIYONORI HASEGAWA KIYONORI HASEGAWA LANGAGE UNIVERSEL Maurice Béjart a voulu colorer de brun, de rouge et de jaune les conversations poétiques des interprètes sur le plateau. Des extraits de La naissance de la tragédie de Nietzsche résonnent au son des percussions occidentales et des bongos africains. Pour Béjart, la danse, elle seule, constitue un langage universel qui permet d’établir des liens entre les cultures. Elle possède un caractère sacré faisant appel aux forces occultes. En orientant la pensée nietzschéenne vers l’expression physique d’un sentiment profondément intime, Béjart cherche à trouver le point de jonction entre réel et transcendantal, entre apollinien et dionysiaque. Pour lui, danse et Dieu, philosophie et danse, ne font qu’un. Kathleen Thielhelm et Masayoshi Onuki survolent le deuxième mouvement à Tokyo. LA MUSIQUE DE LA IXE SYMPHONIE Ainsi, de l’obscurité à la lumière, les danseurs surgissent de l’ombre la plus mélancolique, pour embraser la scène. Ils tournent, courent, s’ébaudissent, cherchent la respiration commune et ce souffle qui va leur permettre de continuer. Avant peut-être que tout vacille, la lumière scintille, irradie. Le public, subjugué, s’attarde sur un pas de soliste, il respire avec un ensemble qui se construit progressivement. Les costumes, merveilleusement sobres, contiennent à la fois la présence et l’absence du corps. Avec délicatesse et fougue, les interprètes s’emparent du plateau pour le transfigurer. Ils deviennent des icônes. «Dansons comme des troubadours entre les saints et les catins, entre le monde et Dieu, notre danse!» Tout est transcendé: la musique, la danse, l’Humanité. Sophie Grecuccio pourrait ne pas voir: une main, un regard, un saut. Comme si chaque mouvement devait contenir l’ardeur d’un ultime geste. Rien n’est laissé au hasard. Oscar Chacón allie la fougue et l’élégance dans le quatrième mouvement. En chorégraphiant la Neuvième, Béjart signe un acte de foi envers le message initial de Schiller, une volonté de rassembler dans l’esprit de Beethoven, une prière collective et laïque. A l’image de Beethoven, la Neuvième Symphonie est un condensé de paradoxes et d’excès. Sa durée, tout d’abord. Plus d’une heure, dont près de la moitié consacrée au seul quatrième mouvement dans lequel chœur et solistes rejoignent un orchestre croulant déjà sous les timbres des cordes, bois, cuivres et de percussions particulièrement fournies. Sa construction musicale, aussi, qui passe sans cesse de la fureur à la transparence, d’affirmations triomphantes à des zones d’ombre et de retenue. Le compositeur se moque des codes, invente des chemins inouïs au milieu d’un chaos délibérément composé. La progression de sa symphonie n’est pas linéaire, elle est contradictoire, turbulente, pugnace. Les thèmes jaillissent, disparaissent, prisonniers d’un gigantesque carrousel qui tourne, se répète, semble se disloquer avant de repartir de plus belle. Tout cela pour préparer la voie aux voix. Pour que le chant s’affirme, telle la révélation d’une solution suprême. UN CHERCHEUR MUSICAL Isolé, solitaire, souffrant, muré dans une surdité désormais complète, Beethoven n’a décidément rien à perdre et laisse exploser sa fureur sonore grandiose, révoltée, survoltée, au service d’une exhortation à la fraternité, à l’amour, à l’embrassement universel. Il met sa personnalité individualiste de chercheur musical – ses expérimentations fascinantes dans le domaine de la sonate, du quatuor à cordes – au service du collectif. Et surtout, il construit une symphonie gigantesque pour la faire accoucher, finalement, d’une ode à la simplicité mélodique désarmante, qui va bien évidemment servir de champ d’exploration, entre variations, fugue et autres recettes de grand chef. Le projet d’une symphonie avec chœur couvait depuis des années. La Fantaisie pour piano, chœur et orchestre de 1808 LA MUSIQUE DE LA IXE SYMPHONIE Plusieurs écrits de Ludwig van Beethoven (1770-1827) attestent qu’il avait songé à la danse en écrivant cette symphonie. Des esquisses du final, faisant intervenir la voix pour chanter le poème de l’Ode à la Joie de Schiller, portent ainsi la mention «mit Chor und Tanz» (avec chœur et danse). UN RÊVE DEVENU RÉALITÉ «La Neuvième Symphonie de Beethoven est l’un des plus hauts sommets du répertoire symphonique et une étape dans la carrière de tout chef d’orchestre. Si je dirige très régulièrement toutes les autres symphonies de ce compositeur, en particulier la Troisième et la Septième (que j’ai DR instrumentistes dans le domaine plus élitiste de la musique de chambre, balayant d’un geste dédaigneux ou courroucé leurs commentaires effarés à la vue des partitions à jouer, persuadé de la pertinence de ses choix esthétiques dont il entendait parfaitement l’agencement dans sa tête, Beethoven a en revanche tenu à ce que sa Neuvième, dans la lancée de la Missa Solemnis, soit une œuvre pour le peuple. Pour tous. Il a réussi son pari. Au-delà de ses espérances sans aucun doute puisque, mise entre toutes les mains, son Ode à la Joie a été de toutes parts dévoyée. 12 annonçait la couleur, dans un genre cependant plus bucolique puisque le poème de Christophe Kuffner célébrait la beauté des sons et des harmonies, «le soleil printanier des arts» capable de «faire surgir la lumière de la paix et du bonheur». Mais Schiller, ses idéaux humanistes et politiques, habitait déjà Beethoven depuis longtemps. Subissant le durcissement de la situation politique dans la Vienne dominée par Metternich, sa police et son hostilité aux idéaux de la Révolution française, Beethoven a remis l’Ode sur le métier en 1822, désireux que le message de Schiller soit accessible au plus grand nombre. Farouchement indifférent aux difficultés techniques qu’il imposait à ses interprètes UN HYMNE DISPUTÉ Rares sont les œuvres à avoir servi autant de maîtres. Si Wagner donnait à Woody Allen «l’envie d’envahir la Pologne», la Neuvième galvanisait le chancelier Bismarck, artisan de l’unification allemande: «Si j’entendais souvent cette musique, je serais toujours très courageux.» Dans la mouvance des nationalismes, au XIXe siècle et à l’apparition des hymnes nationaux, ciments d’identité et par conséquent d’exclusion, l’Ode à la Joie est devenue «Hymne» et bientôt Schiller et Beethoven se retrouvaient enrôlés côte à côte… des deux côtés des tranchées. «L’Ode à la Joie est le seul hymne des Alliés, le credo de toutes nos justes espérances et il faudrait interdire à l’Allemagne criminelle de ne jamais en jouer une seule mesure», écrivait Camille Mauclair en 1927. Dès son avènement, le national-socialisme chacune donnée en public plus d’une douzaine de fois), je n’ai jamais osé diriger la Neuvième en concert jusqu’à ce jour. Je l’ai déjà analysée, étudiée et même dirigée en répétition par le passé lorsque j’étais assistant à Paris. Ce rêve va devenir pour moi réalité et je suis donc très heureux d’avoir l’immense privilège de pouvoir l’aborder enfin au côté de la légendaire chorégraphie de Maurice Béjart.» Alexander Mayer, directeur artistique du Sinfonietta de Lausanne n’a pas manqué de s’emparer de Beethoven, «précurseur» de Wagner, bien que les spécialistes en généalogie n’aient pas pu prononcer un verdict autre que «Rasse gemischt» (race mélangée). Difficile en effet de faire abstraction du visage du compositeur, de ses yeux noirs, sa chevelure sombre, son corps disgracieux, aux antipodes des canons de la beauté aryenne. PRIÈRE COLLECTIVE ET LAÏQUE L’opéra Fidelio était interdit mais l’Hymne à la Joie entonné lors des cérémonies des Jeux Olympiques de Berlin de 1936, au cours desquelles Pierre de Coubertin, impressionné par la parade, saluait «les ententes musculaires plus fortes que la mort même». Hymne à la jeunesse gymnaste et au peuple allemand, la fraternité humaine excluait bien évidemment de son giron les races des sous-hommes. Il en est de même en Rhodésie en 1974, quand l’Hymne à la Joie fut promulgué hymne national, au plus fort du régime de l’Apartheid. Entre temps, en 1972, Herbert von Karajan en livrait une version retouchée, évidemment raccourcie et simplifiée, qui allait servir d’Hymne européen. Et on se souvient également de Beethoven joué devant le Mur de Berlin en 1989 ou à Sarajevo en 1996. La Neuvième comme pansement miracle à appliquer de toute urgence sur toutes les plaies que l’Humanité s’inflige. «Tous ceux qui se sont réclamés de la Neuvième sont partis de l’expérience de sa beauté pour aboutir à la nécessité de sa moralité», note Esteban Buch au terme de sa passionnante Histoire politique de la Neuvième de Beethoven (éd. Gallimard, 1999). Et de se demander «si nous sommes prêts à accepter l’idée qu’un jour, pourquoi pas, elle devienne muette sans que ce soit forcément une catastrophe.» Béjart l’a voulue dansée. La IXe en langage des corps, symphonie d’êtres en mouvements, en interaction les uns avec les autres. Orchestration d’énergies individuelles et collectives. La chorégraphie n’est pas une nouvelle entreprise de récupération, mais bien un acte de foi envers le message initial de Schiller, une volonté de rassembler, dans l’esprit de Beethoven. Une prière collective et laïque, une ode aux possibles de l’Humanité, non un hymne à sa gloire. La Neuvième de Beethoven chorégraphiée retrouve, ainsi, sa place d’œuvre à vivre les pieds sur terre, dans notre réalité et dans ce que nous saurons en faire. Dominique Rosset – L’Hebdo 13 LES ARTISTES DE LA IXE SYMPHONIE LE BÉJART BALLET LAUSANNE EN CHIFFRES 20 programmes différents présentés en saison BÉJART BALLET LAUSANNE 41 danseurs professionnels 70 artistes et techniciens du spectacle en tournée 100 représentations par saison 1200 costumes portés par saison 2500 paires de chaussons de danse usées par an 250’000 km parcourus chaque année 300’000 spectateurs aux quatre coins du monde annuellement 12 millions de budget annuel DEPUIS SA CRÉATION EN 1987, LE BÉJART BALLET LAUSANNE EST UNE RÉFÉRENCE DANS LE MONDE CHORÉGRAPHIQUE. DÉSIGNÉ COMME SUCCESSEUR PAR MAURICE BÉJART, GIL ROMAN, DIRIGE LA COMPAGNIE ET PRÉSERVE SON EXCELLENCE ARTISTIQUE DEPUIS LA DISPARITION DU MAÎTRE EN 2007. Maurice Béjart a toujours eu la volonté d’ouvrir le monde de la danse à un large public. Animés de ce même esprit, Gil Roman et ses 41 danseurs se produisent dans le monde entier pour de grands événements tout comme des galas au profit d’oeuvres caritatives. Le Béjart Ballet Lausanne est l’une des rares compagnies capables de remplir de vastes espaces tels que le NHK Hall de Tokyo ou la patinoire de Malley-Lausanne. Depuis 2007, par sa recherche et son travail de création, Gil Roman entretient et développe le répertoire du Béjart Ballet Lausanne. Au coeur de ce dernier se trouve l’oeuvre de Maurice Béjart, avec des chorégraphies populaires, comme Le Sacre du Printemps, Boléro ou Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat, et d’autres que Gil Roman fait découvrir au public d’aujourd’hui, telles que Light Suite, Piaf, ou Suite Barocco. Chorégraphe depuis 20 ans, le directeur artistique nourrit le répertoire de ses créations, dont Syncope et Kyôdaï, très applaudies lors de récentes représentations. Invités par Gil Roman, des chorégraphes amis, comme Alonzo King, Julio Arozarena, Tony Fabre ou Christophe Garcia, ont également contribué au développement créatif du Béjart Ballet Lausanne. La Compagnie reste fidèle à sa vocation : faire vivre l’oeuvre de Maurice Béjart tout en restant un espace de création. LES ARTISTES DE LA IXE SYMPHONIE LES ARTISTES DE LA IXE SYMPHONIE TOKYO BALLET Norio Takahashi*, dans quelles circonstances le Béjart Ballet Lausanne et votre compagnie, le Tokyo Ballet, se sont-elles rencontrées? A l’origine de cette rencontre, il y a la profonde amitié qui liait notre président, Tadasugu Sasaki et Maurice Béjart. Depuis des décennies, nous nous retrouvons régulièrement sur scène. C’est dire qu’au fil du temps nos deux compagnies sont devenues très liées. Aussi, à seize reprises, le Tokyo Ballet a-t-il invité le BBL à se produire au Japon. Et avec quelle ferveur! A quand remonte le projet de travailler ensemble? Cela fait six ans qu’avec Gil Roman nous avions envie de travailler à la création d’un grand spectacle. Nous en avons beaucoup parlé et, très vite, songé à La IXe Symphonie. Le projet est si exaltant: reprendre ensemble une œuvre que Maurice Béjart a créée il y a cinquante ans à Bruxelles, pour les cinquante ans du Tokyo Ballet! Si nous tenions beaucoup l’un et l’autre à cet événement, nous n’ignorions pas qu’il nous fallait du temps, beaucoup de temps, pour répéter et trouver les moyens tant artistiques que financiers nécessaires à sa réalisation. Ceci d’autant qu’au plan artistique, les danseurs des deux compagnies sont issus de cultures totalement différentes. D’où la richesse et le caractère exceptionnel de cette rencontre. Avant de nous mettre au travail en 2012, les deux compagnies ont été à l’affiche d’un spectacle réalisé en commun sur des chorégraphies de Maurice Béjart. Le Tokyo Ballet a présenté Petrouchka et le BBL Ce que l’amour me dit de Malher, et ensemble, nous avons dansé Le Sacre du printemps. Ce fut un immense succès! Puis nous avons commencé à répéter La IXe Symphonie à Tokyo et à Lausanne avant de nous retrouver dans notre studio au Japon le 30 octobre 2014, soit une dizaine de jours avant la première, qui a eu lieu dans le grand Théâtre NHK à Tokyo devant 4000 spectateurs enthousiastes. Quelle place occupe aujourd’hui Maurice Béjart au Japon? Maurice Béjart et son œuvre demeurent très présents dans le cœur des Japonais. Il avait tant d’amour pour ce pays qui le fascinait. Pour le Tokyo Ballet, il avait créé deux chorégraphies inspirées par la culture nipponne: Kabuki (1986) et M (1993) en hommage au grand écrivain Yukio Mishima, tous deux sur une musique originale de Toshiro Mayuzumi. Maurice Béjart avait tissé des liens très étroits avec le Tokyo Ballet et nous sommes heureux que cinquante ans plus tard, cette belle aventure se poursuive avec Gil Roman et La IXe. Propos recueillis par Patrick Ferla *Norio Takahashi est le directeur administratif de la Japan Performing Arts Foundation, The Tokyo Ballet. «Le BBL et le Tokyo Ballet sont deux compagnies sœurs» LES ARTISTES DE LA IXE SYMPHONIE LES ARTISTES DE LA IXE SYMPHONIE «SUR SCÈNE, L’ÉNERGIE EST PHÉNOMÉNALE» RÉUNIS À L’ENSEIGNE DE CITYPERCUSSION, THIERRY HOCHSTÄTTER ET JB MEIER RYTHMENT LE PROLOGUE. UN MOMENT SAISISSANT! Introduire l’une des œuvres les plus emblématiques du XIXe siècle par un prologue de huit minutes, c’est le challenge auquel Maurice Béjart s’est attelé en imaginant sa chorégraphie. Au milieu de l’immense scène dénudée, un récitant se saisit de La naissance de la tragédie et de Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche; non-danseur, il court, saute dans les rythmes pulsés par deux percussions, l’une ethnique et l’autre contemporaine. Magie de l’œuvre, du texte originel incarné dans une énergie folle, l’homme n’est plus artiste, «il est devenu œuvre d’art». Lorsqu’il imagine sa IXe Symphonie en 1964, Maurice Béjart confie la partition rythmique à Fernand Schirren, titulaire de l’enseignement au rythme à l’Ecole Mudra (devenue l’EcoleAtelier Rudra Béjart Lausanne). Le souhait du chorégraphe: que le son vienne de deux univers facilement identifiables, l’inspiration ethnique d’une part et les sonorités urbaines aux accents métalliques de l’autre. Le rapprochement de deux mondes antagonistes sons différents en rapport avec l’univers imaginé par Gil Roman. «Souvent, il écoute notre proposition musicale. Puis il revient avec des demandes précises: enlever un instrument, raccourcir, modifier un son… Pour La IXe, c’était pareil. Il écoute, nettoie les solos, le texte. Finalement, il ne reste que l’essentiel: percussions et batterie.» Pour ces deux musiciens, participer à un tel événement crée une fierté particulière. «Sur le plateau, il y a une énergie phénoménale, témoigne Thierry Hochstätter. Il y a quelque chose de différent. C’est tellement rare de faire un spectacle avec autant d’artistes sur scène… Plus la chorégraphie, plus la musique, plus le tapis! Vous devez tout donner pendant le prologue parce que derrière, vous avez un monument musical et chorégraphique!» Antoine Casanova exprimant parfaitement le thème de La IXe. Lorsque Gil Roman décide de reprendre cette œuvre en 2012, il se rapproche naturellement de ses amis professeurs à Rudra, Thierry Hochstätter et jB Meier. Ces musiciens, réunis à l’enseigne de la compagnie Citypercussion, ont composé la plupart des musiques de ses créations et collaboré avec Maurice Béjart (Zarathoustra, entre autres). Pour la reprise du prologue de La IXe, le trio n’a pu s’appuyer que sur des indications de Maurice Béjart (la captation vidéo de la représentation de 1999 à Bercy par Le Ballet de l’Opéra de Paris n’ayant révélé qu’un seul percussionniste). COMPLICES DE LONGUE DATE Respectueux de l’œuvre de Béjart, Gil Roman souhaitait se rapprocher au plus près de la version de 1964 à deux instruments. «Cela tombait plutôt bien, raconte Thierry Hochstätter, car avec jB on se répartit souvent les rôles, moi plus occidental et lui plus ethnique.» Les échanges avec le chorégraphe ont été assez simples. «Il avait une idée de cadre très claire, poursuit le musicien. Un texte à la signature ethnique, l’autre urbaine et enfin un moment très puissant où tous les intervenants sont à l’unisson pour l’entrée des danseurs.» La collaboration entre le directeur artistique et les musiciens commence souvent autour d’une table pour se poursuivre dans les locaux du Béjart Ballet Lausanne. «Gil nous demande de lui amener de la musique et à partir de là, il y a des idées qui en amènent d’autres. Notre travail est une véritable collaboration qui dure depuis Echographie d’une baleine (2003).» A chacune des créations, les musiciens proposent un instrumentarium et un panel de LAUREN PASCHE PUB DR Thierry Hochstätter sur la scène du NHK Hall à Tokyo, le 8 novembre 2014. jB Meier lors des répétitions à la veille de la première au NHK Hall de Tokyo. BIOGRAPHIES 20 MAURICE BÉJART GIL ROMAN L’ŒUVRE LE FLAMBEAU AU DÉBUT DES ANNÉES 50 À PARIS, MAURICE BÉJART CHORÉGRAPHIE POUR SA PREMIÈRE COMPAGNIE, LES BALLETS DE L’ÉTOILE. PENDANT PRÈS DE TRENTE ANS, GIL ROMAN A INTERPRÉTÉ LES PLUS CÉLÈBRES BALLETS DU CHORÉGRAPHE, AVANT DE CRÉER À SON TOUR. Formé par Marika Besobrasova, Rosella Hightower et José Ferran, Gil Roman a rejoint en 1979 le Ballet du XXe Siècle de Maurice Béjart. Pendant près de trente ans, il interprète les plus célèbres ballets du chorégraphe. En 2007, Maurice Béjart le désigne comme son successeur à la tête du Béjart Ballet Lausanne. Son parcours chorégraphique est riche de créations: L’habit ne fait pas le moine, Réflexion sur Béla, Échographie d’une baleine, Casino des esprits, Aria, Syncope, Là où sont les oiseaux (présentée en première mondiale au China Shanghai International Arts Festival en 2011), et Anima Blues. Depuis cette dernière œuvre en 2013, trois créations ont rejoint le répertoire: 3 Danses pour Tony, Kyôdai et Tombées de la dernière pluie présentée le 8 mai 2015 à l’Opéra de Lausanne. La carrière de Gil Roman représente plus de quarante ans de danse ininterrompue. Elle a été couronnée en 2005 par le Danza & Danza Award du meilleur danseur pour son interprétation de Jacques Brel dans le ballet Brel et Barbara, puis en 2006 par le prestigieux Nijinsky Award décerné par le Monaco Dance Forum. En 2014, La Fondation Vaudoise pour la Culture lui a décerné son prix du rayonnement. En novembre de la même année, lors de la tournée asiatique de La IXe Symphonie, il s’est vu remettre le prix spécial du Festival des arts Shanghai. Au KKL à Lucerne le 15 mai dernier, il a reçu le Maya Plisetskaya Award 2015 lors d’une soirée en hommage à la grande danseuse disparue le 2 mai de cette année. Son Excellence M. René Roudaut, Ambassadeur de France en Suisse, lui a remis, le vendredi 29 mai 2015 à Lausanne, les insignes de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite, l’une des décorations françaises les plus prestigieuses. AMÉLIE BLANC il décide de réduire la taille de sa compagnie à une trentaine de danseurs pour «retrouver l’essence de l’interprète» et la même année, il fonde l’EcoleAtelier Rudra Béjart Lausanne. Parmi les nombreux ballets créés pour cette compagnie, citons Le Mandarin merveilleux, King Lear – Prospero, À propos de Shéhérazade, Lumière, Mutation X, La Route de la soie, Le Manteau, Enfant-Roi, La Lumière des eaux et Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat. Metteur en scène de théâtre (La Reine verte, Casta Diva, Cinq Nô modernes, A-6-Roc), d’opéras (Salomé, La Traviata et Don Giovanni), réalisateur de films (Bhakti, Paradoxe sur le comédien...), Maurice Béjart a également publié plusieurs livres (romans, souvenirs, journal intime, pièce de théâtre). En 2006, à l’aube de ses quatre-vingts printemps, le chorégraphe donne naissance à La Vie du danseur racontée par Zig et Puce. Alors qu’il crée ce qui sera sa dernière œuvre, Le Tour du monde en 80 minutes, Maurice Béjart s’éteint à Lausanne le 22 novembre 2007. PHILIPPE PACHE Maurice Béjart naît à Marseille le 1er janvier 1927. Il débute sa carrière de danseur à Vichy en 1946, la poursuit auprès de Janine Charrat, de Roland Petit et surtout à Londres au sein de l’International Ballet. A l’occasion d’une tournée en Suède avec le Ballet Cullberg (1949), il découvre les ressources de l’expressionnisme chorégraphique. Un contrat pour un film suédois le confronte une première fois avec Stravinsky, mais de retour à Paris il se fait la main sur des pièces de Chopin sous l’égide du critique Jean Laurent. Le danseur se double dès lors d’un chorégraphe. En 1955, à l’enseigne des Ballets de l’Étoile, il sort des sentiers battus avec Symphonie pour un homme seul. Remarqué par Maurice Huisman, le nouveau directeur du Théâtre Royal de la Monnaie, il règle un triomphal Sacre du printemps (1959). En 1960, Maurice Béjart crée, à Bruxelles, le Ballet du XXe Siècle, une compagnie internationale à la tête de laquelle il sillonne le monde entier, tandis que la liste de ses créations s’allonge: Boléro (1961), Messe pour le temps présent (1967) et L’Oiseau de feu (1970). En 1987, le Ballet du XXe Siècle devient le Béjart Ballet Lausanne. Le grand chorégraphe s’installe dans la capitale olympique. En 1992, ORGANIGRAMME 2015 DIRECTION Directeur artistique Gil Roman Directeur de l’Ecole-Atelier Rudra Béjart Lausanne Michel Gascard Directeur exécutif Jean Ellgass Directrice administrative Régina Zwahlen Directeur de production Richard Perron ADMINISTRATION Secrétariat de Gil Roman Marie-Thérèse Jaccard Communication – presse Cécile Roten (responsable) Antoine Casanova Sarah Réal Régisseur compagnie Enrico Cesari Assistante de production Annalisa Pozzi Comptable Christelle Houdayer Accréditations Sandra Muller (responsable) Sarah Réal Hospitalités Daniel Decleyre Billetterie Cyril Pittet DANSE Assistant à la direction artistique et Maître de ballet Julio Arozarena Répétiteur et régie plateau Domenico Levré Enseignement de la danse Azari Plissetski Pianiste Ilia Chkolnik Danseuses Carme Andres Alanna Archibald Jasmine Cammarota Lisa Cano Oana Cojocaru Nina Gogua Cosima Munoz Mari Ohashi Marsha Rodriguez Elisabet Ros Kateryna Shalkina Kathleen Thielhelm Aldriana Vargas López Catherine Zuaznabar Danseuses stagiaires Clélia Mercier Chiara Posca Danseurs Gabriel Arenas Ruiz Javier Casado Suárez Oscar Chacón Julien Favreau Fabrice Gallarrague Mattia Galiotto Kwinten Guilliams Valentin Levalin Iker Murillo Badiola Keisuke Nasuno Masayoshi Onuki Vito Pansini Juan Pulido Laurence Rigg Felipe Rocha Vitali Safronkine Juan Sanchez Jiayong Sun Denovane Victoire Danseurs stagiaires Connor Barlow Ergys Lalaj Kevin Lila Anthony Maestre Benitez Angelo Perfido TECHNIQUE Directeur technique Eric Gasser Secrétaire technique Mélanie Santos Créatrice lumière Dominique Roman Chef électricien Lucas Borgeaud Régisseur lumière Johan Rochat Costumier Henri Davila Couturière – habilleuse Ludiwine Rais Accessoiriste Diane Yeterian Ingénieurs du son Eric Maurin (responsable) Robin Martinelli Chef machiniste Jean-Michel Favre Chauffeur – machiniste Thierry Thibault Physio-ostéopathe Guillaume Rousée Chef cuisinier Guillaume Henry Cafétéria Laurence Zwahlen Concierge Carlos Ortiz Chavez PHOTOS MATTHIEU GAFSOU TOUTE L’ÉQUIPE DU BBL