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Elan magazine est édité par LB DEVELOPPEMENT OUTREMER 16 Convenance’s Center 97122 Baie-Mahault Tél. : 0590 810 325 L’E.A, l’accessible 04 L’entreprise adaptée - Shirley MOLIA, l’accessible 05 Fiches Pratiques : Changeons de regard sur le handicap 08 Focus sur le service d’ergothérapie du C.H de Selbonne 12 Affectivité et handicap : Les Abymes lèvent le voile 14 Le chien, décidément le meilleur ami de l’Homme 17 Les Dynamiques et Tigligli s’unissent pour une prestation de cœur 19 •Directeur de publication Laurent ROBILLARD •Maquette et mise en page S. CAU - EPAG [email protected] •Rédaction et service commercial Johanna MATHEAU Tél. : 0690 20 21 05 [email protected] • Impression PRIM • 0590 26 72 40 •Tirage moyen 20 000 exemplaires •Diffusion Guadeloupe continentale Tous droits réservés pour les documents et textes publiés dans Elan Magazine. La reproduction totale ou partielle des documents, textes, articles, photos publiés dans Elan Magazine sans accord écrit du journal est strictement interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique. L’envoi de textes et photos implique l’accord des auteurs pour une reproduction libre de tous droits, et suppose que l’auteur se soit muni de toutes les autorisations nécessaires à la parution. Les articles et photos envoyés à Elan Magazine ne seront pas renvoyés sauf accord préalable. La rédaction n’est pas responsable des textes, illustrations et photos qui lui sont communiqués. Les textes des publicités sont rédigés sous la responsabilité des annonceurs et ne sont pas de la responsabilité de l’éditeur. Dépôt légal à parution Mise en place du label Tourisme et Handicap en Guadeloupe 21 Yann Calabre, portrait d’un sportif aux multiples facettes 28 On ne change pas une équipe qui gagne 30 Renault et l’AGSPH, le partenariat de l’autonomie automobile 28 L’E.A, l’accessible 03 30 EDITORIAL 2010, UN NOUVEAU DÉPART Après plus d’une année sans parution, le magazine Elan fait son grand retour. Revu aussi bien dans sa forme que dans son contenu, le magazine a fait peau neuve spécialement pour vous, afin de rendre votre lecture la plus agréable possible. mais bien d’avoir une approche généraliste de l’information en mettant en avant toutes les initiatives prises en faveur de l’intégration des personnes handicapées. Le traitement de l’information y est factuel afin de garantir le respect de chacun. Bien qu’il s’agisse d’un titre de presse spécialisée, Elan Magazine s’adresse à toutes les Guadeloupéennes et tous les Guadeloupéens. Il est primordial de comprendre que le handicap est un sujet qui nous concerne tous. Que vous soyez vous-même en situation de handicap, que vous soyez parent, enfant, ami ou collègue d’une personne handicapée ; que vous soyez employeur ou employé, que vous interveniez ou non sur le secteur de la santé, cette information est aussi la vôtre. La toile de fond de notre ligne rédactionnelle est de faire évoluer les mentalités et d’abaisser les frontières qui peuvent exister entre milieu « ordinaire » et milieu handicapé, toujours dans l’optique de contribuer à une meilleure intégration des personnes handicapées dans leur vie personnelle et professionnelle. En ce qui concerne la forme, nous avons souhaité vous proposer un support moderne, pratique et dynamique. Nous avons donc opté pour un format plus petit afin qu’il puisse vous accompagner dans tous vos déplacements. Pour faciliter et améliorer la rapidité d’accès aux informations qui vous intéressent, le magazine s’est doté d’un système de rubriques facilement repérables grâce à un jeu de couleurs propre à chacune d’elles. Cet objectif récurrent se traduit à travers une nouvelle signature qui reflète le positionnement du Magazine : « Vivre et travailler ensemble ». Au niveau des choix éditoriaux, Elan Magazine est et demeure un magazine dédié au secteur du handicap. Néanmoins, il n’a pas vocation à faire de voyeurisme ou à créer de stigmatisation autour du handicap ; il ne s’agit donc pas de partir du handicap pour traiter l’information Bonne lecture à tous. Elan Magazine 04 INTERVIEW SHIRLEY MOLIA, DIRECTRICE DE L’ACCESSIBLE • Elan : Quelles sont les valeurs que vous mettez en avant ? • Elan : L’Accessible, c’est quoi au juste ? Shirley Molia : C’est une entreprise adaptée (EA) qui existe depuis plus de 5 ans. On compte aujourd’hui 29 salariés dont 80 % sont reconnus travailleurs handicapés. • Elan : Pourquoi avoir choisi de baptiser votre entreprise ainsi ? Shirley Molia : Notre volonté est de permettre à toute personne atteinte d’un handicap d’accéder totalement à la vie politique, économique et sociale. En ce sens, l’entreprise « l’Accessible » y contribue puisqu’elle représente le dernier pallier vers le milieu « ordinaire ». • Elan : Comment vous est venue l’idée de fonder cette structure ? Shirley Molia : Ce projet est à l’initiative de Monsieur Etienne Molia qui en est le gérant, de même que le membre fondateur de la KAHMA (Karukéra Association Handicapés Moteurs Adultes). Cette initiative s’inscrit dans un projet de groupe. En effet, l’ESAT (Etablissement et/ou Service d’Aide par le Travail) débute la formation des travailleurs handicapés qui se poursuit au sein de l’entreprise adaptée. Shirley Molia : En fait, nos valeurs sont celles que partagent l’ensemble des membres, usagers et salariés de l’ensemble des établissements de la KAHMA : respect de la personne handicapée, protection de la personne dépendante, citoyenneté, intégration sociale et promotion de la personne ; avec la volonté permanente de permettre à chacun d’exister, de vivre en collectivité et de partager une expérience commune. On veut créer une unité entre les personnes en situation de handicap. Et c’est précisément ce qui se passe. Les employés sont très solidaires entre eux. Quand il y a des problèmes liés au mauvais temps ou à la grève, vous avez toujours une entraide avec un système de covoiturage qui se met en place naturellement. Il y en a toujours un qui passe chercher ses collègues. L’aspect humain est très ancré dans notre culture d’entreprise. • Elan : Qu’attendez-vous principalement de vos employés ? Shirley Molia : L’objectif est de permettre aux personnes en situation de handicap de s’insérer dans le milieu ordinaire. Nous sommes le dernier pallier avant l’entrée dans ce milieu. On les prépare donc à être autonome. Ils ont leur logement, leur véhicule. Ils bénéficient de contrats de travail normaux et rémunérés comme tout le monde. A la différence d’autres entreprises, nous avons une assistante sociale qui leur apporte une aide pour tout ce qui est administratif ou financier. Parmi nos employés, certains sont illettrés, j’ai donc organisé une formation intitulée « lutte contre l’illettrisme ». Le bilan a été très positif. Certains d’entre eux sont venus me voir pour me dire à quel point ils en étaient ravis. On n’aide pas seulement un employé, on aide une mère ou un chef de famille. C’est très enrichissant pour eux comme pour moi. • Elan : Quels sont aujourd’hui vos clients les plus fidèles ? Shirley Molia : La majeure partie de notre chiffre d’affaires se fait grâce aux activités restauration et buan05 plus de 140 couverts par jour, sans compter les anniversaires dont nous avons la gestion aussi. Sinon, nous préparons les repas pour l’ESAT. Concernant l’activité de buanderie plus spécifiquement, on s’occupe de l’entretien du linge et des vêtements des résidents de la MAS. Nous travaillons aussi avec une maison de retraite, un Institut Educatif Thérapeutique et Pédagogique... On compte aussi parmi nos clients des entreprises et des institutions publiques. • Elan : Quelles sont les remarques qui reviennent le plus de la part de vos clients ? Shirley Molia : Généralement, la première réaction de nos clients est de nous demander quel type de handicap ont les personnes qui travaillent à « l’Accessible ». Ce qu’il faut savoir, c’est que nos employés ont reçu une habilitation de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) qui, après analyse de leur pathologie et étude de leurs capacités, les a orientés vers nous. Nous avons actuellement, après 5 années dans notre structure, des travailleurs qui sont aptes à intégrer une entreprise « normale ». • Elan : Jusqu’où s’étend votre zone de chalandise ? Shirley Molia : Sur toute la Guadeloupe continentale. • Elan : Envisagez-vous de développer une autre activité ? derie pour la Maison d’Accueil Spécialisée (M.A.S) de la KAHMA. Il faut compter à peu près 48 personnes en sachant que nous prenons en charge leurs petits-déjeuners, déjeuners et dîners ; ce qui nous revient à un peu Shirley Molia : Nous sommes ouverts à toute proposition. Quel que soit le secteur d’activités, nous pourrions proposer des opérations de sous – traitance. On attend que des opportunités se présentent à nous... 06 TEMOIGNAGE CATHERINE RUI, DIRECTRICE ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE DE CANON NOUS PARLE DE L’ACCESSIBLE De gauche à droite : Catherine Rui et son mari à gauche, José (cuisinier chez l’Accessible) « Pour la 32ème édition de notre exposition, j’ai décidé, sur les conseils d’un collègue, de faire appel à l’Accessible. Mis à part le respect du code couleur de notre marque, la seule consigne que j’ai donnée au personnel était de laisser libre cours à leur créativité. Le résultat a été très satisfaisant. Tout s’est bien déroulé. Le buffet était original, attractif et copieux. Les employés de l’Accessible sont professionnels, volontaires et motivés. Je n’ai, d’ailleurs, eu que des compliments à leur égard de la part de mes collègues. D’autre part, faire appel à une entreprise adaptée présente de réels avantages pour une société que ce soit en termes d’économie de temps comme de coût. Nous rentabilisons notre propre organisation de travail en libérant du temps pour nos salariés, ainsi plus disponibles pour se consacrer à d’autres tâches... L’expérience a été très positive et c’est avec plaisir que je ferai à nouveau appel à eux l’année prochaine. D’ailleurs, j’ai d’ores et déjà commencé à leur faire de la « publicité »... Dès que j’en ai l’occasion et notamment lors de mes déjeuners professionnels, je parle de l’Accessible. Malheureusement, beaucoup de personnes ignorent leur existence, de même que celle des entreprises du secteur protégé. Il serait intéressant que chaque chef d’entreprise ait une liste des structures existantes en Guadeloupe ; surtout que, tout comme moi, les personnes auxquelles j’en parle, sont immédiatement séduites par l’idée. » 07 CHANGEONS de REGARD SUR LE HANDICAP, VIVRE ET TRAVAILLER ENSEMBLE ELAN met à votre disposition ces fiches pour vous apporter des informations à la fois ludiques et concrètes sur le handicap. Sur chaque fiche, vous êtes invités à participer, dans la rubrique « A vous de jouer ». A VOUS DE JOUER ! DÉCOUVRIR LA LOI 1- En quelle année la loi «pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées» a-t-elle été votée ? o 2007 o 2005 o 1987 Depuis 1987, les entreprises de plus de 20 salariés ont l’obligation d’employer 6% de salariés handicapés. 2- La loi prévoit que les salariés handicapés représentent une partie des effectifs des entreprises. Selon vous, quel est le taux d’emploi de salariés handicapés fixé par la loi ? o 3% o 6% o 8% • Embaucher ou maintenir dans l’emploi des salariés handicapés. • Accueillir en formation des demandeurs d’emploi handicapés dans le cadre de stages, sous certaines conditions. • Conclure des contrats de sous-traitance auprès des secteurs adapté et protégé (ESAT, EA). • Signer un accord en faveur de l’emploi des personnes handicapées, ce qui permet à l’entreprise de s’exonérer de l’obligation d’emploi durant la période de validité de l’accord. C’est l’option qui a été retenue par IKEA pour la période 2007-2009. • Verser une contribution financière à l’Agefiph, pour chaque bénéficiaire qui aurait dû être embauché. Pour répondre à cette obligation d’emploi, ces entreprises disposent de plusieurs modalités, qui peuvent être utilisées de manière complémentaire. 3- Comment une entreprise rend-elle compte de son obligation d’emploi ? o L’inspection du travail effectue chaque année un recensement des travailleurs handicapés de l’entreprise o L’entreprise inscrit le nombre de travailleurs handicapés dans une déclaration annuelle spécifique o Elle n’a pas besoin d’en rendre compte et peut faire l’objet d’un contrôle occasionnel La loi du 11 février 2005 «pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées», dite « loi Handicap «, a réaffirmé et renforcé l’obligation d’emploi de personnes handicapées. 4- Que se passe-t-il pour les entreprises qui ne remplissent pas (ou pas entièrement) leur obligation d’emploi ? o Elles doivent s’engager à embaucher une personne handicapée dans un délai de 1 an o Elles doivent verser une contribution financière à l’Agefiph, en fonction du nombre de personnes handicapées manquantes dans leurs effectifs o Elles doivent verser des contributions financières à des associations engagées en faveur de l’emploi des personnes handicapées Elle a également permis d’autres avancées, parmi lesquelles : • La création d’un lieu unique pour simplifier les démarches des personnes handicapées, dans chaque département. Il s’agit de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). Une commission, au sein de la MDPH attribue des prestations et des aides dédiées aux personnes handicapées. Elle instruit également les demandes de Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH). Réponses 1- La loi «pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées» date du 11 février 2005. 2- La loi prévoit que les établissements de plus de 20 salariés emploient 6% de personnes handicapées. • La mise en place d’une prestation pour compenser le handicap. La prestation de compensation (PCH) répond aux besoins spécifiques de chaque personne, notamment en matière d’adaptation de son environnement (au domicile ou au travail), d’insertion professionnelle, d’enseignement, d’éducation... 3- Les entreprises assujetties à l’obligation d’emploi indiquent le nombre de travailleurs handicapés dans une déclaration annuelle spécifique. 4- Les entreprises qui ne respectent pas le taux d’emploi doivent verser une contribution financière à l’Agefiph, en fonction du nombre de personnes handicapées manquantes dans leurs effectifs. 08 CHANGEONS de REGARD SUR LE HANDICAP, VIVRE ET TRAVAILLER ENSEMBLE Être bénéficiaire de la loi : Pourquoi, comment ? INFOS PRATIQUES A VOUS DE JOUER ! Pour bénéficier de l’obligation d’emploi et des différentes aides susceptibles de favoriser l’insertion professionnelle, une personne en situation de handicap doit obtenir la reconnaissance administrative de son handicap. Une fois cette reconnaissance obtenue, elle entre alors dans le champ de la loi du 11 février 2005. 1- Pour se faire reconnaître comme travailleur handicapé, il faut s’adresser à la COTOREP. o Vrai o Faux Les principaux bénéficiaires de la loi du 11 février 2005 sont : • Les personnes reconnues Travailleurs Handicapés par la CDAPH. • Les titulaires d’une Allocation Adulte Handicapé (AAH). • Les titulaires d’une carte d’invalidité. Reconnaissance du handicap par... La Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH), au sein de la MDPH • Les titulaires d’une pension d’invalidité attribuée par la Sécurité sociale. • Les victimes d’accidents du travail ou de maladies professionnelles, dont l’Incapacité Permanente Partielle (IPP) est au moins égale à 10 %. • Les titulaires d’une pension d’invalidité, si cette invalidité réduit au moins des 2/3 leur capacité de travail ou de gain. 2- Parmi les personnes suivantes, lesquelles sont bénéficiaires de l’obligation d’emploi : o Les personnes titulaires d’une Allocation Adulte Handicapé (AAH) o Les personnes titulaires d’une carte de station debout pénible o Les personnes dont l’invalidité dépasse 50%, titulaires d’une pension 3- Les titres de bénéficiaires de la loi sont valables dans le département où la demande a été effectuée. o Vrai o Faux 4- Une personne reconnue travailleur handicapé a l’obligation de mentionner son handicap à son employeur. o Vrai o Faux Réponses 1- Faux. Depuis la loi de 2005, il faut s’adresser à la MDPH, la Maison Départementale des Personnes Handicapées. Les décisions prises par les COTOREP sont cependant valables jusqu’à échéance. Pour rester bénéficiaire, il faut faire une demande de renouvellement de sa reconnaissance. Le processus n’est pas automatique. Il revient à la personne de faire cette demande. L’obtention du statut n’est pas systématique, elle dépend de critères médicaux et administratifs. 2- Parmi les personnes citées, seuls les titulaires d’une Allocation Adulte Handicapé font partie des bénéficiaires de la loi. Les titulaires d’une carte de station debout pénible ne relèvent pas du champ des bénéficiaires de la loi. Sont bénéficiaires de la loi, les titulaires d’une pension d’invalidité dont l’invalidité réduit au moins des 2/3 leur capacité de travail ou de gain. 3- Faux. Les titres de bénéficiaires de la loi sont valables sur le plan national, pendant la durée indiquée sur le justificatif. 4- Faux. Faire part, ou non, de son statut de travailleur handicapé reste une liberté. Le bénéficiaire d’une RQTH n’a pas l’obligation d’en faire état, mais en parler présente des avantages pour la personne. 09 CHANGEONS de REGARD SUR LE HANDICAP, VIVRE ET TRAVAILLER ENSEMBLE A VOUS DE JOUER ! LE HANDICAP QU’EST-CE QUE C’EST ? 1- Quelle est la proportion de personnes handicapées motrices qui utilisent un fauteuil roulant ? o 3% o 8% o 15% Le handicap peut s’exprimer dans des situations de la vie quotidienne ou de la vie professionnelle. Il peut être temporaire ou définitif. On distingue plusieurs types de handicaps. • Le handicap moteur Il correspond à l’ensemble des troubles pouvant entraîner une atteinte partielle ou totale de la motricité, notamment des membres supérieurs et/ou inférieurs. Causes possibles : atteintes ostéo-articulaires, atteintes motrices neurologiques (hémiplégie, paraplégie, traumatisme crânien...), malformations congénitales, hernies discales... 2- Quelle est la proportion de personnes handicapées dont le handicap nécessite un aménagement de poste (temps de travail, accessibilité,...) ? o 10% o 20% o 40% 3- Selon vous, quel est le pourcentage de handicaps visibles, par opposition aux handicaps invisibles ? o 60% o 37% o 20% • Le handicap auditif Il s’agit de l’inexistence ou de la perte, à des degrés variables, de l’acuité auditive, dès la naissance ou au cours de la vie. Causes possibles : séquelles d’otite, agressions sonores, oreillons, hérédité... 4- Un grand nombre de personnes handicapées le sont dès la naissance. o Vrai o Faux • Le handicap visuel Il correspond à l’inexistence ou à la perte, à des degrés variables, de l’acuité visuelle, ainsi qu’à d’autres altérations visuelles, telles que celle des couleurs. Causes possibles : affections oculaires (héréditaires ou non), décollement de la rétine, atrophies optiques, diabète... Réponses 1- Entre 3 et 5% des personnes handicapées motrices ont recours à un fauteuil roulant pour se déplacer. • Le handicap psychique Il regroupe les conséquences durables des maladies mentales. Il correspond au retentissement personnel et social de ces maladies sur les capacités d’autonomie et d’adaptation des personnes concernées. 2- 10% des personnes handicapées ont besoin d’un aménagement de poste. Il peut s’agir d’un équipement spécifique (loupe éclairante de table pour une personne déficiente visuelle, une chaise ergonomique pour une personne souffrant de lombalgies), de la mobilisation d’une aide humaine, du recours à un transport adapté, d’un aménagement du temps de travail,... • Le handicap intellectuel Le handicap intellectuel est liée à la perturbation des fonctions mentales, sur le plan de la compréhension, des connaissances et de la cognition. Il peut avoir des causes génétiques, biologiques, psychologiques ou liées à l’environnement de la personne. 3- Seulement 20% des handicaps en entreprise sont visibles. • Les maladies invalidantes Elles regroupent les maladies ou insuffisances respiratoires (asthme...), cardio-vasculaires, endocrines (diabète,..), digestives (maladie de Crohn), infectieuses ou parasitaires (VIH, hépatite,...). Elles peuvent être momentanées, permanentes ou évolutives. Les traitements associés à ces maladies peuvent être lourds. 4- Faux. 85% des handicaps sont acquis à l’âge adulte. 10 CHANGEONS de REGARD SUR LE HANDICAP, VIVRE ET TRAVAILLER ENSEMBLE HANDICAP... SUIS-JE CONCERNÉ(E) ? A VOUS DE JOUER ! De nombreuses personnes se trouvant en situation de handicap ne se reconnaissent pas dans le terme « handicapé ». Faire reconnaître leur handicap leur permettrait pourtant de bénéficier d’aides spécifiques ou d’aménagements. 1- Le handicap ne concerne que peu d’actifs. o Vrai o Faux En ce qui vous concerne, vous sentez-vous concerné(e) par le handicap, personnellement ou en tant que collègue ? 2- La majorité des actifs confrontés à une situation de handicap ont une reconnaissance administrative de leur handicap. o Vrai o Faux Vous vous sentez personnellement concerné(e) ? Voici quelques questions pour vous aider à mieux cerner vos difficultés : 3- Selon vous, parmi les personnes suivantes, lesquelles sont susceptibles d’engager une démarche de reconnaissance de leur handicap ? • Quelle est la nature de vos difficultés ? Depuis quand existent-elles ? Avez-vous une idée précise de leur origine ? • Y-a-t-il des répercussions sur votre travail au quotidien ? Par exemple, une impossibilité à respecter vos horaires de travail, des pertes de mémoire qui impactent votre activité... o o o N’hésitez pas à parler de votre situation à des collègues avec lesquels vous vous sentez en confiance. En tant que personnes extérieures, ont-elles remarqué vos difficultés ? Connaissent-elles des situations similaires ? Même si cette démarche peut vous sembler difficile, elle constitue pourtant un premier pas dans la prise en compte de votre handicap. Vos collègues peuvent aussi avoir une expérience à partager avec vous, des informations à vous apporter, un avis extérieur... Pour faciliter la prise en compte de votre situation de handicap dans le cadre professionnel, vous pouvez également solliciter l’avis et l’appui de certains acteurs clés (médecin traitant, médecin du travail, correspondant handicap de votre magasin). Si vous estimez être en situation de handicap, vous pouvez initier une démarche de reconnaissance de travailleur handicapé. Plus d’info sur la fiche «Être bénéficiaire de la loi : Pourquoi comment ?». Vous vous sentez concerné(e) en tant que collègue ? Voici quelques conseils utiles dans votre relation avec la personne en situation de handicap : • Ne confondez pas la personne avec sa déficience. • Parlez du handicap avec votre collègue, restez ouvert. • Soyez à l’écoute de ses remarques et de ses questions, pour soutenir ses besoins, le cas échéant. N’hésitez pas à proposer votre aide, sans vous sentir offusqué si votre offre est déclinée. Participez aux aménagements mis en place et faites preuve de solidarité (ne pas laisser traîner d’objets par terre, si un collègues est non-voyant, parler en face d’un collègue malentendant qui pratique la lecture labiale...). Une comptable malentendante Un ébéniste allergique à la sciure Un hôte de caisse diabétique 4- Quelle est la proportion de salariés jugeant la présence de leurs collègues handicapés enrichissante ? o 23% o 67% o 88% Réponses 1- Faux. 1 actif sur 2 sera touché par un handicap au cours de sa vie active. 10 millions d’actifs (environ 1 sur 4) déclarent avoir un handicap ou éprouver un problème de santé depuis plus de 6 mois. 5 millions d’actifs indiquent une limitation de leur capacité de travail, en termes de mobilité ou de quantité de travail à fournir. Chaque année, 468 000 personnes d’âge actif connaissent une situation de handicap. 2- Faux. Sur les 5 millions d’actifs qui indiquent une limitation de leur capacité de travail, seuls 1,5 million d’actifs ont une reconnaissance administrative de leur handicap. 3- Toutes potentiellement. Grâce à une démarche de reconnaissance de leur handicap, ces personnes pourront bénéficier d’un aménagement de poste (prothèse auditive ou téléphone avec amplificateur pour la comptable malentendante, par exemple, aménagement du temps de travail pour l’hôte de caisse diabétique, par exemple) ou d’une reconversion professionnelle (pour l’ébéniste qui ne pourra plus exercer son métier). 4- Selon une enquête, 88% des salariés déclarent enrichissant de travailler avec un collègue en situation de handicap. 11 FOCUS LE SERVICE D’ERGOTHÉRAPIE DU C.H SELBONNE À BOUILLANTE Principal centre fonctionnel de rééducation de la Guadeloupe, le service d’ergothérapie du CH de Selbonne, créé en 2002 par Corinne Hilaire, première ergothérapeute de l’île, compte aujourd’hui quatre ergothérapeutes et une coordinatrice. équipée d’aides techniques (couverts, tables adaptées, plans réglables en hauteur...) ; une salle de menuiserie pour travailler la force et la dextérité ; une salle principale dans laquelle est proposée des activités artisanales (voir photo ci-contre), pour compléter les exercices de préhension. Un service très moderne de balnéothérapie est également disponible pour les exercices de rééducation en piscine. Dans le cadre de la rééducation liée au déplacement, le patient est invité à concevoir lui-même un menu pour ses repas journaliers et à les cuisiner. L’étape suivante consistant à accompagner la personne faire ses courses, après avis du professionnel. Cette démarche tout en permettant à l’ergothérapeute d’évaluer les progrès de son patient en situation réelle, contribue surtout à le ressocialiser. Une des subtilités du métier d’ergothérapeute réside dans la bonne appréciation des capacités du patient afin de le valoriser sans le mettre en situation d’échec. Comme nous le résume Corinne Hilaire : « il s’agit de conseiller le patient pour utiliser au mieux les capacités qu’il a et compenser ainsi celles qu’il n’a plus ». Bien que cette profession soit encore peu connue du grand public, les ergothérapeutes interviennent pourtant à des stades fondamentaux dans le rétablissement du patient. Entre autres, ce sont eux qui : - évaluent le niveau d’autonomie de la personne, son milieu de vie, sa capacité à se prendre en charge avec ou sans l’aide de ses proches ; - identifient les besoins ; - proposent des solutions appropriées aux besoins et capacités de chacun ; - interviennent pour aider à une amélioration de l’indépendance : par une rééducation, par un réapprentissage des activités quotidiennes, par un conseil adapté pour le matériel et l’aménagement de l’indépendance. D’une manière générale, l’équipe des ergothérapeutes de Selbonne met tout en œuvre pour que le séjour du patient se déroule dans les meilleures conditions. La relation patient / professionnel de santé est, plus qu’une priorité, un enjeu déterminant dans le processus de réadaptation de la personne. C’est la raison pour laquelle, en plus de son travail quotidien, l’équipe se mobilise et organise régulièrement des animations à l’occasion d’anniversaires, des fêtes de fin d’année ou à titre ponctuel pour distraire et remonter le moral de leurs résidents. Chaque semaine, le service s’organise autour de trois pôles primordiaux et communs au métier d’ergothérapeute : bilan d’évaluation, réadaptation, rééducation en salle. BON À SAVOIR A l’initiative de Corinne Hilaire, le CH de Selbonne propose le troisième vendredi de chaque mois, une (ré)évaluation de la capacité à conduire d’un patient en situation de handicap. Pour cela, une prescription médicale vous sera demandée. LA RÉÉDUCATION, UNE ÉTAPE-CLÉ AU CŒUR DU DISPOSITIF DE SELBONNE La rééducation passe par des ateliers pratiques. Le service d’ergothérapie de Selbonne dispose de salles spécialement aménagées à cet effet : une cuisine thérapeutique, accessible aux personnes en fauteuil roulant, et Pour plus d’informations, contactez le service par mail sur [email protected] 12 Note de Benjamin Lureau, délégué régional Antilles-Guyane de l’AGEFIPH, concernant le report de la contribution pour les établissements à quota zéro de 20 à 49 salariés. Les établissements dont l’effectif d’assujettissement, au titre de l’année 2009, est compris entre 20 à 49 salariés et qui n’ont réalisé aucune action positive en 2006, 2007, 2008 et 2009 disposent d’un délai supplémentaire de 6 mois pour : • réaliser une action positive, soit jusqu’au 30 juin 2010 • remplir et renvoyer la déclaration d’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (DOETH) au plus tard au 31 juillet 2010. • régler la contribution à l’Agefiph au plus tard au 31 juillet 2010. Si l’établissement a réalisé une action positive entre le 1er janvier 2010 et le 30 juin 2010, l devra alors s’acquitter, au titre de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés 2009, de la contribution non majorée, calculée sur la base de 400, 500 ou 600 fois le SMIC horaire selon la taille de son entreprise. L’établissement devra adresser au plus tard le 31 juillet 2010 : • la DOETH 2009 à la DDTEFP sans faire mention de l’action positive réalisée. En effet, hormis pour la détermination du coefficient à appliquer pour 2009 celle-ci ne sera valorisable qu’au titre de l’obligation d’emploi 2010. Les pièces justificatives relatives à cette éventuelle action positive devront être envoyées en 2011 avec la DOETH de l’exercice 2010. • Une déclaration sur l’honneur attestant de la réalisation de l’action positive. A défaut, l’action ne pourra pas être retenue et l’établissement devra s’acquitter de la contribution sur la base de 1500 fois le SMIC horaire. • La contribution non majorée à l’Agefiph Si l’établissement n’a mis en œuvre aucune action positive, entre le 1er janvier 2010 et le 30 juin 2010, l’établissement s’acquittera, au titre de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés 2009, d’une contribution majorée calculée sur la base de 1500 fois le SMIC horaire et devra adresser au plus tard le 31 juillet 2010 : • la DOETH 2009 à la DDTEFP. • Une déclaration sur l’honneur attestant de la non réalisation d’une action positive. • La contribution majorée à l’Agefiph. Communication • L’envoi d’un courrier aux établissements concernés accompagné de l’attestation sur l’honneur est assuré par l’Agefiph. Cet envoi est doublé d’un « e mailing » lorsque l’adresse e mail est connue. Les courriers devraient commencer à parvenir aux destinataires à partir du 10 février. • la newsletter entreprise consacrée à la contribution, sera diffusée dans les jours prochains. Le site internet de l’Agefiph intègrera également les informations relatives à cette procédure spéciale. • Le dispositif de plate-forme téléphonique spécialement dédiée à l’information sur la collecte 0811 37 38 39 (accessible depuis les DOM)�dispose désormais des éléments d’information. Reportage AFFECTIVITÉ ET HANDICAP LES ABYMES LÈVENT LE VOILE ! Vendredi 9 octobre 2009 s’est déroulée la journée mondiale des personnes en situation de handicap. La commune des Abymes a choisi d’articuler cette journée autour du thème « Affectivité et handicap ». A cette occasion, le centre culturel Sonis a été un véritable lieu d’échanges et de partage entre public, représentants d’associations et professionnels de santé. Le thème Affectivité et Handicap, retenu cette année par la ville des Abymes, « reflète l’ambition de la Municipalité de prendre en considération les conditions de vie humaine des personnes handicapées (...) afin de permettre à cette population de jouir pleinement des droits de l’Homme et de participer en toute égalité à la vie en société » insiste le Maire. L’élu conclut son discours en rappelant que son adjointe, Mme Solange Leblanc, est la seule personne en Guadeloupe à avoir la gestion des projets sur le handicap, tout en étant elle-même en situation de handicap moteur. Au message politique succède la plaisanterie quand le maire aperçoit des visages familiers dans l’assistance. Et c’est sur ces quelques échanges bon enfant que Monsieur Jalton s’éclipse pour laisser place au cœur du débat. ‘‘ Parce que vivre ne se résume pas à être assisté ’’ Actuellement, le handicap est envisagé par notre société d’un point de vue réglementaire, avec la mise en place de règles d’accessibilité par exemple. Les professionnels l’envisagent d’un point de vue pratique, logistique ou médical. La dimension affective et tout ce qui en découle - comme les émotions, le rapport à l’autre, le besoin d’amour, les relations sexuelles - reste complètement occultée alors qu’elle représente tout un pan de la vie des personnes en situation de handicap. Il est à peine neuf heures et déjà les différents interve- nants sont tous installés derrière leur chevalet, prêts à débuter cette journée. Les dernières personnes prennent place quand M. Gérard Lefort, chargé de mission sécurité au rectorat et modérateur de cette matinée, prend la parole pour présenter le programme et engager le débat. Après une brève introduction et un rapide tour de table, il laisse la parole aux élus de la commune. Pour une personne handicapée, « vivre ne se résume pas à être assisté », nous rappelle Mme Solange Leblanc, adjointe au maire des Abymes. « La sexualité est un droit inaliénable. Il ne peut être nié ». C’est pourtant bien ce qui se passe aujourd’hui. Outre les personnes extérieures et le regard qu’elles peuvent porter sur le handicap, c’est d’abord l’entourage direct des personnes handicapées qui conditionne, volontairement ou non, un environnement très protecteur. ‘‘ Le regard que nous portons sur les personnes en situation de handicap engage notre vision de l’homme tout entier ’’ Bien que pressé par le temps, Monsieur Eric Jalton, maire des Abymes, tenait à prendre quelques minutes pour saluer le travail réalisé par son équipe en matière de handicap et souligner l’engagement de sa ville dans ce domaine :« Le regard que nous portons sur les personnes en situation de handicap engage notre vision de l’Homme tout entier », nous dit-il. Les familles voient leur enfant comme s’il était directement issu de la voie du Saint-Esprit, nous dit l’adjointe 14 au maire. « Mais, nous ne sommes pas des anges ? Nous ne sommes pas des anges ! » insiste Mme Leblanc, dont la remarque suscite de nombreux signes approbateurs de la part des personnes handicapées présentes dans la salle. La sexualité est pourtant un besoin physiologique au même titre que l’alimentation ou la respiration, et un droit reconnu par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). M. Lefort, modérateur et lui-même handicapé moteur depuis 2003 suite à un accident de moto, intervient pour insister sur le fait « qu’il ne faut pas confondre intelligence et capacité à ressentir des sentiments » en ajoutant que « mobilité réduite ne doit en aucun cas signifier sexualité réduite ». Des questions se posent alors : Comment dans de telles circonstances les personnes en situation de handicap peuvent-elles vivre leur sexualité ? Comment trouver un espace intime en sachant que pour certaines d’entre elles en situation de dépendance physique, cela relève d’un véritable parcours du combattant ? Pour proposer des solutions, une commission de réflexion a déjà été mise en place par la ville des Abymes. En outre, il faut qu’un projet pour l’épanouissement sexuel des personnes en situation de handicap soit monté rapidement, d’autant que nos voisins européens ont déjà une longueur d’avance sur ce sujet. Le point de vue de Mme Porteco-Rutil, psychologue, apporte un éclaircissement sur cette idée reçue : « le plus souvent, le handicap chez l’enfant, vécu comme une culpabilité par les parents, fait naître une relation fusionnelle. Le handicap, et plus particulièrement le handicap mental, est associé à la vulnérabilité. Il entraîne une infantilisation puis un gommage de l’identité sexuelle par les parents ». « En Hollande ou en Allemagne par exemple, un métier a été créé, celui d’accompagnant sexuel. Il s’agit ni plus ni moins d’une personne formée et chargée d’accompagner la personne en situation de handicap dans la découverte de son intimité. Mais ce procédé n’est pas du goût de tous et pose évidemment des problèmes d’éthique » nous expose Mme Véronique Lucas, sexologue. Une des alternatives pour avancer sur ce débat est de laisser la parole aux personnes handicapées. Mais cette démarche ne peut être envisagée sans la participation et donc la reconnaissance du besoin affectif des personnes handicapées, par leurs familles. Il faut avant tout lever les tabous, accepter d’en parler et laisser les personnes concernées s’exprimer. Reportage AFFECTIVITÉ ET HANDICAP : LES ABYMES LÈVENT LE VOILE ! porteurs d’optimisme et d’espoir. Mme Elise Loimon travaille depuis 14 ans pour la municipalité des Abymes. Elle conseille avec beaucoup de naturel « si les personnes dites ordinaires ne viennent pas vers nous, et bien c’est à nous d’aller vers eux ! Sé ensemb nou ké fè tou sa nou pé fè ! ». Monsieur Etienne Molia, président de l’association des handicapés physiques de Guadeloupe, nous communique à son tour sa philosophie : « j’ai eu beaucoup de femmes malgré mon handicap, mais je n’en ai aimé qu’une seule ». Et s’adressant à une autre personne en fauteuil roulant, bien plus réservée sur le sujet, il lui dit : « Il faut choisir et vivre avec un être par rapport à ce que tu es et non par rapport à ce que tu as ou ce que tu fais ». La salle est silencieuse, les oreilles attentives. L’espoir est décidément très contagieux. SIMULER POUR MIEUX COMPRENDRE Des exercices de mise en situation concrète de handicap sont proposés aux personnes valides. Les simulations sont réalisées aussi bien pour le handicap moteur en fauteuil roulant que pour le handicap visuel ou auditif. Les plus audacieux se prêtent rapidement au jeu. Sous le sourire de l’assistance, un jeune garçon tente, tant bien que mal, de se déplacer les yeux bandés à l’aide d’une canne. Le parcours est volontairement semé d’embûches. Mais rien de tel qu’une confrontation avec le quotidien des personnes en situation de handicap pour prendre conscience des difficultés d’accessibilité des lieux publics. ‘‘ Il faut vivre avec un être par rapport à ce que tu es... ’’ L’après-midi est marquée aussi par des démonstrations handisport en fauteuil roulant et par des animations de danse que vient rythmer l’orchestre du foyer Pellican. Composé exclusivement de personnes en situation de handicap mental, moteur ou visuel, les artistes nous entraînent tout de suite dans leur univers musical avec des rythmes familiers de Gwoka. Le débat se poursuit avec des échanges entre public et professionnels de santé. C’est là le moment le plus fort en émotion de cette journée abymienne du handicap. Les témoignages s’enchaînent entre rires et humour, douleur et compassion ; mais avec comme objectif commun de briser une fois pour toute ce silence. Le ton, lui, est donné dès les premiers récits. Bien qu’il s’agisse d’un sujet relevant de l’intimité, les mots sont plutôt directs et francs. L’enjeu étant de dénoncer l’incompréhension des proches et de la société. La journée abymienne du handicap s’achève. Le voile semble levé. Monsieur Lefort introduit cette partie en nous faisant part d’une anecdote : « Un an et demi après mon accident de moto, j’ai eu une copine. Savez-vous quelle a été la première question que mes proches m’ont posée : Elle est handicapée ? ». Il est déjà difficile pour les familles des personnes handicapées de concevoir et d’accepter les relations amoureuses, mais lorsque le partenaire est valide, les choses se compliquent. Les proches pensent qu’il va profiter de la fragilité de l’individu. Si certains témoignages sont poignants, ils sont surtout L’orchestre du foyer Pellican 16 REPORTAGE LE CHIEN, DÉCIDÉMENT LE MEILLEUR AMI DE L’HOMME ! En Guadeloupe, l’association Flam’RG œuvre sans relâche pour permettre aux personnes en situation de handicap de bénéficier d’un fidèle compagnon à quatre pattes. Le chien d’assistance ou handi’chien est un ami précieux qui facilite considérablement le quotidien de ces personnes tout en leur redonnant le goût de vivre. plus ses deux jambes, il est précieux d’avoir un ami qui en a quatre ». Les vendredi 8 et samedi 16 janvier à Baie-Mahault et Sainte-Rose respectivement, des démonstrations ont été organisées par l’association Flam’RG en présence de la marraine et directrice de l’association Handi’Chiens, Marie-Claude Lebret. Les résultats sont surprenants : Les chiens sont capables de ramasser et de rapporter des objets à leur maître comme la télécommande de la télévision ; de même que d’ouvrir ou de fermer un tiroir, ou encore d’effectuer une transaction à la place de leur maître dans un magasin en donnant ou en récupérant la monnaie à leur place ; le tout sans jamais endommager l’objet qu’ils prennent dans leur gueule. Bien plus qu’un rôle d’assistance, le handi’chien a un rôle sécurisant puisqu’il est omniprésent dans la vie de la personne qu’il accompagne et qu’il est en mesure d’aboyer sur commande pour alerter le voisinage s’il juge que son maître est en danger. Un handi’chien remis gracieusement à son maître, mais dont le coût d’acquisition est de 13 000 euros Le chien d’assistance répond avant - tout à une demande réelle et bien précise : faciliter la vie des personnes handicapées pour lesquelles certains gestes ou certaines actions de la vie quotidienne relèvent véritablement du parcours du combattant. Ces personnes, le plus souvent à mobilité réduite, et donc privées d’une partie de leur autonomie, ont besoin du concours d’un proche ou d’une assistante pour pouvoir vivre normalement. Le handi’chien est formé dès son plus jeune âge à répondre à plus de 50 ordres, ce qui lui permet de rendre à son maître une partie de cette autonomie et donc davantage de liberté. Alexandre, handicapé moteur, et maître d’un chien d’assistance, témoigne de la présence indispensable de ce fidèle ami en reprenant pour nous la phrase inscrite sur les tee-shirts de l’association Flam’RG, « quand on n’a Il endosse aussi et surtout un rôle affectif déterminant. La complicité qui naît entre ces deux individus a permis à beaucoup de personnes de retrouver tout simplement le goût de vivre. UNE COMPLICITÉ AU-DELÀ DES MOTS Si le chien est dressé pour répondre à des ordres précis, il n’en reste pas moins qu’au fur et à mesure de son évolution, la complicité qu’il noue avec son maître est telle que l’animal acquiert des réflexes étonnants. Viviane, atteinte de myopathie, nous explique : « un jour, j’ai demandé à mon chien d’aller me prendre une paire de chaussures ; je portais une robe rose. Le chien m’a rapporté une paire de chaussures roses sans que je lui précise quoi que ce soit ». Et d’ajouter : « une autre fois, ma mère est sortie pour fermer les volets de la maison. Je me suis retrouvée dans l’obscurité et je me suis dit que j’allais demander à mon chien d’allumer la lumière. 17 FOCUS SUR L’ASSOCIATION FLAM’RG Il s’est levé et a été allumer la pièce avant même que je lui en donne l’ordre ». FLAM’RG est une association qui a pour but de fédérer la lutte et les actions contre les maladies rares et génétiques. Dirigée avec bravoure et dynamisme par Brigitte Mounien, FLAM’RG se bat depuis plusieurs années pour sortir de l’isolement les personnes handicapées. Dans cette optique, Brigitte Mounien a travaillé en collaboration avec Marie-Claude Lebret, directrice et fondatrice de l’association Handi’chien, afin de faire venir en Guadeloupe des chiens d’assistance pour les personnes handicapées qui en font la demande. Etant donné les frais d’acquisition de ces animaux, l’association FLAM’RG organise des manifestations pour collecter des fonds et trouver des partenaires financiers. Cette année, l’association a organisé deux événements majeurs : Alexandre prend la suite de ce discours surprenant en nous racontant comment son chien lui a sauvé la vie : « j’étais allongé dans mon lit, je dormais. Et tout à coup, je me suis réveillé. J’ai trouvé mon chien en train de me lécher la figure et de me taper sur l’estomac. C’est seulement plus tard que j’ai réalisé qu’il venait de me sauver la vie. Mon chien tentait en fait de me ranimer... Je venais de faire une crise d’épilepsie ». - une marche de l’espoir, avec le défi des 70 kms à pied (Pointe-à-Pitre/Saint-François), relevé par Jean-Michel Bulgare de l’association Gwada don’ne, le samedi 9 janvier sur la plage des Raisins Clairs à Saint-François ; - une manifestation handi’chiens avec démonstrations des prouesses canines, animations musicales et expo/ vente des travaux réalisés par l’association FLAM’RG, le samedi 16 janvier sur la place tricolore de Sainte-Rose. Toute l’équipe de FLAM’RG réunie pour la marche de l’espoir sur la plage des Raisins Clairs à Saint-François le 9 janvier UNE ACQUISITION COÛTEUSE Le mérite et la nécessité des handi’chiens ne sont plus à démontrer. Néanmoins, leur acquisition reste coûteuse. Bien qu’ils soient remis aux personnes handicapées gratuitement, les frais d’acquisition de ses fidèles amis s’élèvent à 13 000 euros. Il faut compter entre autres, l’achat du chiot et les frais de vétérinaires, ainsi que les frais liés à la prise en charge et à la pré - éducation du chiot en famille d’accueil. S’ensuivent ensuite les coûts de l’éducation spécifique du chien avec des éducateurs. Les personnes handicapées devront suivre également une formation intensive - avec toute la logistique et les déplacements que cela comporte - avant d’obtenir... enfin, leur compagnon de route. Une fois placé chez son nouveau maître, le chien sera suivi tout au long de sa vie, en particulier si le handicap de son propriétaire évolue, et nécessite d’adapter l’éducation du chien. De gauche à droite : Jean-Michel Bulgare de l’association Gwada Don’ne, Marie-Claude Lebret fondatrice et présidente de l’association Handi’Chien et Brigitte Mounien présidente de FLAM’RG. Les fonds récoltés par FLAM’RG permettent en l’occurrence de faire partir des personnes handicapées en Métropole afin qu’elles puissent suivre le stage d’adaptation et de transmission du chien d’assistance. Du 6 au 20 juin 2010, cinq Guadeloupéens, dont Brigitte Mounien, auront à leur tour la chance de participer à ce stage, et de revenir accompagnés de leur chien respectif. La présidente de FLAM’RG envisage aussi de partir quelques jours en Martinique pour prêter mains fortes à ses homologues afin de les aider à asseoir le même projet handi’chiens au niveau de l’île soeur. 18 REPORTAGE Les Dynamiques et Tigligli s’unissent pour une prestation de cœur Les Dynamiques et Tigligli sont deux organisations ayant décidé ensemble d’unir leurs compétences et leur savoir-faire pour offrir aux personnes en situation de handicap des activités de loisirs et de détente. DES ACTIONS DE SANTÉ PUBLIQUE Les deux associations unissent leur force pour mener des actions de santé publique en direction des personnes fragilisées par les conséquences du vieillissement ou par leur handicap. Ces actions visent par exemple à prévenir les chutes et les lombalgies, à entretenir la mémoire, à prévenir de l’apparition de certaines maladies, comme le diabète ou l’hypertension, deux facteurs de risques dans les Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC). LE SPORT COMME OUTIL DE (RE)SOCIALISATION Mart’Inn à gauche et Valérie à droite A l’origine de ce projet, nous avons Mart’Inn et Valérie, deux femmes particulièrement déterminées et engagées. La première est guide de montagne et propose des activités touristiques de plein air comme la randonnée, le kayak ou le bivouac, qui peuvent s’associer à des séjours en gîte dans l’un des trois bungalows de Tigligli. Ces offres touristiques ont la particularité de s’inscrire dans une démarche d’écotourisme et de développement durable chère à Mart’Inn. La seconde, Valérie, est infirmière éducatrice sportive, et fondatrice en 2003 des Dynamiques, association sportive et culturelle accueillant les Séniors, et depuis 2006, les personnes handicapées. Le destin se charge du reste. Suite à un article paru dans la presse sur Tigligli, et plus précisément sur les activités que Mart’Inn propose aux personnes en situation de handicap, les deux femmes finissent par se rencontrer. Toutes deux poursuivent un objectif commun, qu’elles s’efforcent dès lors de concrétiser : utiliser leurs qualités humaines et professionnelles pour contribuer à l’épanouissement des personnes à mobilité réduite. Partant du constat que le sport permet d’améliorer l’intégration sociale des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, et donc de les sortir de l’isolement dans lequel elles peuvent se trouver, les deux associations ont le projet d’obtenir l’agrément de services à la personne. Plus encore, « il s’agit véritablement de combler un manque latent de propositions de loisirs sportifs sur ce créneau en Guadeloupe » nous explique Mart’Inn. Aujourd’hui, avec une équipe composée entre autres de professionnels du sport et de la santé, les deux femmes sont en mesure de proposer des activités de loisirs de pleine nature, avec un accompagnement spécifique pour les personnes handicapées. Pour les amoureux de l’eau, vous pourrez vous adonner à la handi-plongée, au handi-surf, au kayak ou à l’aquagym. Les amateurs de farniente se verront proposer une baignade avec tiralo. Quant aux passionnés des activités terrestres, vous pourrez concilier effort et amusement en pratiquant l’une ou l’autre de ces disciplines : • La « boccia » ou pétanque adaptée qui se présente sous forme de boules de cuir – travail de l’habileté et de la coordination des gestes • La sarbacane – habileté et souffle 19 • Le parachute – stimulation de la motricité • La chasse aux trésors – mémoire • La course d’orientation / la rando Challenge – orientation dans l’espace rouler et de le porter si nécessaire. La Joëlette comprend également une suspension, un vérin pour régler la hauteur des brancards et un système de freinage. Elle doit son nom à son inventeur Joël Claudel, accompagnateur en montagne qui s’est efforcé de trouver un système pour pouvoir emmener Stéphane, son neveu myopathe, en balade. • La marche solidaire avec la « Joëlette » - environnement et découverte du patrimoine. Toutes ces activités présentent l’intérêt d’améliorer l’état général de la personne, d’accroître la résistance au stress, de renforcer les fonctions inhibées et d’améliorer la coordination des mouvements. Plus important encore, ces activités permettent d’avoir un dérivatif intellectuel tout en partageant une passion commune entre univers dit ordinaire et univers handicapé. LA JOËLETTE Il s’agit d’un moyen de transport composé d’une seule roue, ce qui lui permet de se faufiler dans les sentiers même les plus étroits. Le siège, à adapter en fonction du handicap, est placé au-dessus de la roue. Des brancards situés à l’avant et à l’arrière permettent de le faire Pour plus de renseignements, vous pouvez contacter Mart’Inn au 0690 59 02 60. 20 INFO Mise en place du label Tourisme et Handicap en Guadeloupe Dans le cadre de la mise en place du label Tourisme et Handicap, le Comité du Tourisme des Iles de Guadeloupe (CTIG) a organisé une session de formation ayant pour objectif de préparer localement un groupe d’évaluateurs aptes à évaluer l’accessibilité d’un site ou d’une prestation touristique pour les personnes en situation de handicap. La formation s’est déroulée sur trois jours, du 29 septembre au 1er octobre 2009, à l’hôtel Saint-Georges à Saint-Claude. A cette occasion, l’association Tourisme et Handicaps, instigatrice du label du même nom, était représentée par deux de ses membres, Dominique Carliez et Annette Masson, présidente de l’association. Ensemble, ils ont co-animé cette formation qui s’est articulée notamment autour des quatre formes de handicap que recouvre le label : le handicap moteur, le handicap visuel, le handicap auditif et le handicap mental. Après un aperçu théorique, les formateurs ont surtout insisté sur une mise en situation concrète du handicap afin de faire prendre véritablement conscience aux participants de l’enjeu et de la rigueur qu’implique un tel dispositif. le groupe d’évaluateurs accompagné d’Annette Masson, Présidente de l’association Tourisme et Handicap tout à fait à droite Le vendredi 2 octobre, à l’issue de ce stage, le CTIG et l’association Tourisme et Handicaps, ont donné une réunion au lycée hôtelier du Gosier afin de présenter le label aux différents acteurs touristiques et politiques de l’île. A l’heure actuelle, les membres du CTIG travaillent activement pour enclencher ce dispositif et répondre aux premières demandes de labellisation. INTERVIEW Naïke NARANIN, chargée de mission Qualité Tourisme au Comité du Tourisme des Iles de Guadeloupe (CTIG) • Elan : En quoi va consister le dispositif « Evaluateurs Tourisme et Handicap » ? Naïke Naranin : Des évaluateurs ont été formés pour intervenir auprès des structures qui feront la demande de label tourisme et handicap. • Elan : Quel délai vous êtes-vous fixée pour que ce dispositif soit opérationnel ? Naïke Naranin : On peut dire qu’il est déjà opérationnel. Trois établissements ont fait l’objet d’une évaluation. L’hôtel Saint-Georges à Saint-Claude a fait l’objet d’une évaluation-test, dans le cadre de la formation Evaluateurs Tourisme et Handicap. L’aquarium du Gosier, qui est actuellement en attente d’une réponse de la part de la commission régionale. Enfin, la cascade aux écrevisses dont l’évaluation a porté sur les handicaps moteur et visuel. Nous avons en plus cinq demandes de labellisation en attente. • Elan : Avez-vous défini des objectifs sur le moyen ou long terme concernant le nombre d’évaluateurs que vous souhaitez former sur la région Guadeloupe ? Naïke Naranin : Aujourd’hui, treize évaluateurs ont été formés. Pour l’instant, nous envisageons de nous en tenir à ce nombre. A moins que nous ayons une énorme demande de labellisation de la part des établissements touristiques... Le cas échéant, nous envisagerons de former d’autres évaluateurs. 21 Suite de l’interview de la page 21 • Elan : Une campagne d’information ou de communication de la part du CTIG est-elle prévue pour accompagner ce projet ? Naïke Naranin : Nous avons déjà entamé une campagne de communication auprès des professionnels du Tourisme qui est accessible au grand public sur notre site Internet. D’ici à la fin de l’année, un onglet « Tourisme et Handicap » sera ajouté à notre site et pendant le mois de novembre, nous pensons faire une piqûre de rappel via des médias comme le TVmag, en complément de notre site. INTERVIEW Liliane Cornely - Grégoire, chef de projet et chargée de mission à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Basse-Terre (CCI) Elan : Quel est le rôle et l’implication de la CCI dans les secteurs du Tourisme et du Handicap ? CTIG), nous avons abordé une phase plus poussée de la sensibilisation « Guadeloupe Destination Qualité » auprès des dirigeants, du middle management et du personnel de ces structures. Liliane Cornely - Grégoire : La CCI de Basse-Terre participe à ce projet par le conseil et l’accompagnement qu’elle apporte à ses ressortissants. Au niveau du Tourisme et Handicap, la CCI de BasseTerre m’a demandé de travailler en étroite collaboration avec le CTIG afin de suivre la formation d’évaluateurs, mais aussi et surtout afin que je puisse évaluer l’accessibilité des sites selon des critères établis, entre autres, avec les associations de personnes handicapées. Elan : Des initiatives ont-elles déjà été prises dans ces secteurs, avant le projet Tourisme et Handicap dont vous avez la charge ? Liliane Cornely - Grégoire : Des dispositions en interne au niveau du siège et de l’hôtel-restaurant concernant l’application des dispositions réglementaires ; Elan : En quoi va consister le dispositif « Evaluateurs Tourisme et Handicap » pour ce qui relève de votre compétence ? Nous avons aussi mis à disposition des bureaux pour des rencontres de personnes en situation de handicap Liliane Cornely - Grégoire : Il s’agit surtout d’une mission de conseil et d’accompagnement. Elan : Vous avez expliqué hier que le Directeur de la CCI vous avait confié, en juillet 2008, la gestion du plan Qualité Tourisme et Tourisme Handicap. Quelles actions ont déjà été mises en place à ce jour ? Liliane Cornely - Grégoire : Tout d’abord, nous avons informé et sensibilisé nos ressortissants sur ce dispositif à travers une campagne de communication et des rencontres in situ. Puis avec l’aide de nos partenaires (notamment le 22 CANDIDE FEDERO Responsable du service social et membre du comité médical et technique de l’association « Libellule » neuro-moteur dû à une légère déficience mentale. Je l’emmenais à des séances de kinésithérapie. Le kiné, qui s’occupait d’elle, m’a parlé de cette association et m’a conseillé d’y adhérer. Ce que j’ai fait. • Elan : En règle générale, et plus particulièrement en Guadeloupe, on constate que le milieu du handicap reste un secteur « mis à l’écart », et le travail des associations reste encore trop méconnu du grand public. Quelles solutions préconisez-vous ? • Candide FEDERO : Nous communiquons déjà beaucoup. Nous organisons des rencontres entre les personnes en situation de handicap et le grand public. Mais il faut bien sûr continuer d’informer beaucoup et de sensibiliser le plus possible la population sur ce champ, et notamment sur l’importance du confort ou de l’accessibilité des lieux publics pour ces personnes. • Elan : Vous avez participé à la formation Evaluateurs Tourisme et Handicap qui s’est déroulée du 29 septembre au 1er octobre 2009, pour quelles raisons ? • Candide FEDERO : Dans mon cas, il s’agit d’une motivation personnelle. Comme je l’ai dit, ma fille est en situation de handicap et mon frère est en chaise roulante. C’est donc tout naturellement que j’ai voulu participer, pour apporter ma pierre à l’édifice et faire avancer les choses. • Elan : Depuis quand l’association Libellule existeelle ? • Candide FEDERO : Cela fait maintenant 7 ans que l’association existe ; elle a été créée en novembre 2002, pour être exacte. • Elan : Quel(s) objectif(s) poursuit-elle ? • Candide FEDERO : Nous réunissons des parents d’enfants handicapés, principalement atteints de troubles neuro-moteurs présentant ou non une déficience mentale ; mais aussi des enfants en situation de handicap visuel ou auditif. Notre priorité est d’améliorer l’intégration sociale de ces enfants. Nous veillons à leur prise en charge et à leur qualité de vie. Nous sommes là aussi pour aider et soutenir les parents en les formant, en les informant, ou encore en veillant à l’adaptation spécialisée de locaux. Une bonne partie de notre action consiste aussi à inciter des échanges entre familles afin de créer des liens et ainsi leur apporter un soutien supplémentaire. • Elan : Qu’est-ce que cela vous a apporté ? • Candide FEDERO : J’ai trouvé la formation très intéressante et très enrichissante. Cela permet de se rendre compte de certains détails qui ont leur importance pour améliorer la vie quotidienne des personnes handicapées ou leur accès à des lieux publics comme les hôtels par exemple. Ce sont des choses qu’on ne repère pas forcément voire pas du tout lorsque l’on n’est pas soi-même en situation de handicap. • Elan : D’une manière générale, pensez-vous que cela va contribuer à changer les a priori des Guadeloupéens vis-à-vis du secteur du handicap ? • Candide FEDERO : Evidemment. Je pense que les Guadeloupéens feront plus attention et seront plus solidaires vis-à-vis des personnes handicapées ; en commençant déjà, au quotidien, à respecter davantage les places de stationnement qui leur sont réservées. • Elan : Depuis quand avez-vous intégré l’association « Libellule » ? • Candide FEDERO : Dès son commencement. • Elan : Pour quelle raison avez-vous décidé d’adhérer à cette association ? • Candide FEDERO : Ma fille présente un trouble 23 PUPLIREPORTAGE Le label Tourisme et Handicap - Développer une offre touristique adaptée - Anticiper l’obligation légale d’accessibilité A qui s’adresse ce label ? Ce Label s’adresse aux clientèles à besoins spécifiques afin qu’elles bénéficient d’une information fiable sur l’accessibilité des lieux de vacances et de loisirs pour les 4 handicaps, à savoir moteur, visuel, auditif et mental. Quels sont les sites qui peuvent être labellisés ? De gauche à droite : Mr Franck Baptiste, administrateur, Mme Sylvie DESBOIS, assistante marketing, évaluatrice Tourisme & Handicap, Melle Maria-Luisa IANNETTI, responsable des conseillers en produits touristiques, Mr Olivier MICHEL, directeur du pôle bonjour, Melle Naïke NARANIN, chargée de mission qualité Les professionnels suivants sont concernés par le label : - Les sites de visites et de loisirs - Les prestations activités/loisirs Lors des Assisses du tourisme du 11 au 13 octobre 2006 qui ont débouché sur la « charte pour une restructuration durable du tourisme en Guadeloupe » les différents partenaires publics et privés se sont accordés pour favoriser la mise en œuvre du label Tourisme et Handicap en Guadeloupe. - La restauration - Les hébergements - Les lieux d’informations touristiques Comment obtenir ce label ? Depuis 2007, le Comité du Tourisme des Iles de Guadeloupe, en partenariat avec le Conseil Régional et la Délégation Régionale au Tourisme, s’est engagé dans cette mise en œuvre par différents moyens : • Etape 1 : Retirer une fiche de demande de label au CTIG • Etape 2 : Déposer le dossier complété au CTIG qui va évaluer la pertinence de la demande - Rencontre avec les associations de personnes handicapées de Guadeloupe • Etape 3 : Réalisation d’un audit par 2 évaluateurs (un appartenant au monde du handicap et l’autre au secteur du tourisme) - Formation d’évaluateurs au niveau local - Création de la commission régionale Pourquoi ce label ? • Etape 4 : Etude du dossier par la commission régionale (émission d’un avis sur la labellisation puis, si avis favorable, transmission du dossier à la commission nationale) Il s’agit d’un label appartenant à l’Etat qui s’inscrit dans une démarche de développement du droit aux vacances pour tous. • Etape 5 : Etude du dossier par la commission nationale (émission d’un avis, si avis favorable, attribution du label pour une durée de 5 ans) Ce label a pour objectif de : • Etape 6 : Signature de la charte d’engagement du - Information et sensibilisation des professionnels 24 POUR TOUTE INFORMATION COMPLEMENTAIRE VOUS POUVEZ CONTACTER : l’équipe du CTIG accompagnée de Monsieur Compère, directeur de l’hôtel le Oualiri à la Désirade, Dominique Carliez, membre de l’association Tourisme et Handicap et sa présidente, Annette Masson labellisé* avec l’Association Tourisme et Handicaps (*il s’agit d’un contrat d’obligations garantissant l’accueil et la préservation de l’accessibilité permanente du site) • LE COMITE DU TOURISME DES ILES DE GUADELOUPE 5, square de la Banque 97166 POINTE-A-PITRE Tél : 0590 82 09 30 / Fax : 0590 83 89 22 Les chiffres du label au niveau national Mme Sylvie DESBOIS Tél : 0590 82 37 79 Selon l’Association Tourisme et Handicaps, au 15 septembre 2009, 586 sites touristiques ont reçu le label pour les 4 familles de handicaps, ce qui représente 16% des labellisés. - 69% pour le handicap moteur Melle Naïke NARANIN Tél : 0590 82 37 78 E-mail : [email protected] Site Internet : www.lesilesdeguadeloupe.com • L’ASSOCIATION TOURISME ET HANDICAPS - 83% pour le handicap mental 43, rue Max Dormoy 75018 PARIS Tél : 0144 11 10 41 / Fax : 0145 55 99 60 - 52% pour le handicap auditif - 31% pour le handicap visuel Ce label sanctionne les efforts des professionnels du tourisme en matière d’accessibilité et d’accueil des clientèles spécifiques. E-mail : [email protected] Site Internet : www.tourisme-handicaps.org Les partenaires du label Tourisme & Handicap 25 CULTURE La sélection livres & films AVATAR Film de James Cameron sorti en décembre 2009 Ce film est particulièrement intéressant autant pour la qualité de ses effets spéciaux et de ses images que pour la richesse des thèmes abordés : le rapport à la différence et l’acceptation du handicap. Pour la première fois dans un blockbuster américain, la présence d’un héros handicapé est banalisée. Une remarquable attention est portée à la représentation du handicap, ainsi qu’aux réalismes physiologiques, scientifiques et sociaux.Jake Sully (Sam Worthington), héros du film, est un marine blessé lors d’une intervention militaire, et à la suite de laquelle il se retrouve en fauteuil roulant. Parce qu’il est génétiquement compatible avec son frère jumeau brutalement décédé, Jake est sollicité pour prendre sa place et participer à une mission sur la planète Pandora, peuplée par les Na’vis. Sa mission est d’investir mentalement le corps d’un Na’vi (en réalité une marionnette vivante, hybride d’Humain et de Na’vi). Jake va alors retrouver les sensations de marche, de course et surtout une incroyable liberté. Tout ce qu’il croyait perdu à jamais : courir, voler même - comme dans les rêves qu’il nourrissait, cloué sur son lit d’hôpital - tout redevient possible... MOI, L’ENFANT AUTISTE Judy et Sean Barron Ce livre intéressera les parents à la recherche de réconfort, de témoignages d’enfants difficiles, parce que parfois, le seul fait de savoir que l’on n’est pas seul, aide énormément. Il apporte aussi un espoir quant aux possibilités de vie autonome de nos enfants si les conditions sont favorables. 26 HANDICAPS ET SEXUALITÉS, LE LIVRE BLANC Marcel Nuss Marcel Nuss met en lumière dans cet ouvrage la position paradoxale de nos sociétés quant à la question de la sexualité des personnes handicapées. D’un côté, on ne cesse de proclamer le droit des personnes dépendantes à l’égalité des chances dans tous les domaines, et pourtant, on peine à reconnaître l’accompagnement à la vie affective et sexuelle comme un véritable sujet de société. L’auteur livre ici le premier recueil de personnes handicapées mais aussi de soignants, de conjoints, d’accompagnateurs sexuels étrangers, d’institutionnels, de philosophes et de juristes. Il permet ainsi de faire un point exhaustif et honnête sur la question. OÙ ON VA PAPA ? Jean-Louis Fournier Prix Femina 2008 Il s’agit de l’histoire d’un papa et de ses deux fils handicapés physiquement et mentalement. Pour la première fois, Jean-Louis Fournier parle de ses garçons, pour ses garçons. Parce que le temps presse et qu’il faut dire autrement. Dire autrement la question du handicap, sans l’air contrit ou la condescendance. Jean-Louis Fournier réussit à conserver un équilibre maîtrisé entre le drôle et le désespoir. 27 PORTRAIT Yann Calabre, un sportif aux multiples facettes C’est sur le terrain de basket de Chanzy à Pointe-à-Pitre, juste à côté de l’école du même nom que Elan fait la connaissance de Yann Calabre, athlète handisport guadeloupéen particulièrement dynamique. L’équipe de basket-ball handisport de la Guadeloupe Dès les premiers instants, le jeune homme se distingue par sa simplicité et son sourire avenants. Cet esprit de compétition, Yann l’a acquis au fil des années. Des années marquées particulièrement par le Basket-Ball qu’il pratique maintenant depuis plus de 20 ans. Les présentations faites, il nous fait partager, sans attendre, son quotidien plutôt « sportif ». Habitué à se réunir à Chanzy, Yann nous propose d’assister à l’entraînement de l’équipe handisport de basket de la Guadeloupe. Après quelques ballons d’échauffement, l’équipe entame directement un match. Il fait ses écoles, comme beaucoup, avec l’UNSS Basket (Union Nationale du Sport Scolaire) puis en club à l’ASPTT (Association Sportive des Postes, Télégraphes et Téléphones), actuel New Star de Pointe-à-Pitre. Le caractère du jeune homme se précise sur le terrain au fur et à mesure du jeu. Déterminé et énergique, yann ne laisse passer aucun ballon ; quant aux tentatives d’intimidation, réputées dans ce sport collectif, elles ne l’impressionnent guère. Un seul objectif en ligne de mire : faire marquer l’équipe ! En parallèle, Yann s’adonne aussi, à l’époque au playground ; autrement dit, basket de rue. C’est d’ailleurs avec cette discipline qu’il fait ses premières armes, enchaînant sans compter les 3 contre 3 des après-midi durant. 28 Sorti du terrain de Chanzy, l’athlète donne aussi depuis maintenant deux ans, des cours d’échec qu’il dispense dans les collèges de Richeval (Morne-à-l’Eau) et d’Alexandre Isaac (Abymes). En 2006, il découvre cette discipline dont il tombe amoureux. Dès 2008, licencié et fort de son expérience, il saisit l’opportunité de faire partager son savoir en intégrant le dispositif d’apprentissage mis en place par la ligue des échecs de Guadeloupe en collaboration avec certaines écoles. Aujourd’hui, c’est avec passion et générosité qu’il enseigne cet art aux collégiens des deux établissements cités. Outre la discipline qui demande rigueur et concentration, les élèves d’Alexandre Isaac entrent dans la salle, attirés par la bonne humeur et l’accessibilité du professeur. Même les colles y deviennent agréables. cutive du titre de champion de la Guadeloupe dans la catégorie handisport. Difficile pour lui de résister à un challenge, et quand il s’agit en plus de soutenir des enfants malades, Yann répond présent sans hésiter, enchaînant pendant 12 heures aux côtés d’une équipe aussi solidaire que déterminée, le défi du tir organisé en faveur du Téléthon le 5 décembre dernier. Au détour d’une conversation, il tente d’ailleurs de nous entraîner sur une de ses disciplines de prédilection – une de plus ! – la natation, en lançant un dernier défi : faire la traversée Daccia/Ilet du Gosier... à suivre ! L’ambiance y est studieuse...mais pas trop, rythmée par les conseils tactiques de Yann. Intéressé et curieux, l’athlète aime avoir plusieurs cordes à son arc. 2006 est décidément une année-clé dans sa vie, puisqu’il décide aussi de s’essayer au tir. Déjà fortement sensibilisé lors de son service militaire effectué en Guyane en 1998, le jeune homme est attiré plus particulièrement par le tir à la carabine : agilité, précision et regard affûté, toutes les qualités y sont réunies pour attiser sa curiosité et son adresse. Résultat, Yann est aujourd’hui détenteur pour la troisième année consé29 REPORTAGE CARAIB’ INSER aux 20 kms de Paris On ne change pas une équipe qui gagne ! passé. 1h29 au lieu d’1h30 en 2008 pour Dominique HEDREVILLE et 1h27 au lieu de 1h29 pour Bernard GAYDU. Le 11 octobre 2009, l’association Caraïb Inser, fidèle au RDV des 20 kms de Paris, est représentée pour la seconde année consécutive, par ses deux champions : Dominique HEDREVILLE et Bernard GAYDU. Alors Dominique, pari tenu ! Le mardi 6 octobre, à l’aéroport Pôle Caraïbes des Abymes, quelques minutes avant l’embarquement du vol pour Paris, Elan décide de sonder l’état d’esprit des deux coureurs. La motivation est incontestable, et bien qu’expérimentés, nos deux sportifs gardent la tête froide et restent relativement réservés sur les résultats du marathon parisien. C’est après quelques échanges amicaux que Dominique, plus détendu, s’engage finalement sur un pronostic : « Je ne rentre en Guadeloupe que si je fais partie des 10 premiers »... Et bien, c’est chose faite ! L’athlète est arrivé 10ème sur 493 dans sa catégorie VH3... ... Bienvenue au pays Dominique ! Bernard GAYDU a, quant à lui, terminé 365ème sur 5125 dans sa catégorie VH1. Dimanche 11 octobre – C’est dans une ambiance chaude et aux côtés de près de 27 000 autres coureurs que Dominique et Bernard, athlètes handisports, prennent le départ des 20 kms de Paris, encouragés par toute l’équipe de Caraïb’Inser. Après une course effrénée, c’est fatigués mais la tête haute et la mine rayonnante que nos deux athlètes guadeloupéens se remettent de leurs efforts ; et pour cause, les deux hommes ont battu leur record respectif de l’an Les compteurs sont d’ores et déjà remis à zéro. L’association Caraïb’Inser vous donne RDV, pour venir encourager les deux Guadeloupéens, lors des prochains 20 kms de Paris qui se déroulera le 10 octobre 2010 en l’honneur des femmes. CARAÏB’ INSER Association créée en octobre 2008, Caraïb’Inser a pour objectif principal de favoriser l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap. Pour cela, elle s’est fixée deux missions : • une mission individuelle consistant à élaborer des projets personnels et professionnels pour les personnes handicapées ; • une mission collective en créant une solidarité internationale permettant aux personnes valides et invalides de venir en aide aux handicapés caribéens. Aujourd’hui, Caraïb’Inser se positionne sur des événements d’envergure tels que le semi-marathon de Fort-de-France ou les 20 kms de Paris et nourrit de belles ambitions pour l’année 2009/2010. Ces actions ont été possibles grâce aux partenaires de l’association : 30 INTERVIEW Renault et l’AGSPH, le partenariat de l’autonomie automobile Rencontre avec Claudia Schol, conseillère commerciale chez Renault Entreprises à la Jaille. Claudia Schol : Dans un premier temps, les adaptations les plus simples et les plus courantes à savoir la boîte automatique et la boîte robotisée peuvent être réalisées facilement, en sachant que ce sont des adaptations susceptibles d’être demandées par n’importe lequel de nos clients. Ensuite, s’il s’agit de petites adaptations, nous sommes en mesure aujourd’hui de les réaliser localement, soit directement à la concession, en atelier ou bien en passant par des intervenants locaux agréés. Par exemple, on peut installer « une boue » (télécommande fixée au volant et regroupant toutes les commandes indispensables comme les essuie-glaces, les clignotants, les appels de phare ou l’avertisseur sonore) accessible d’un simple mouvement de doigt. Les commandes de vitesse peuvent également être installées au niveau du volant. Pour améliorer l’aisance d’accès dans le véhicule, des sièges escamotables peuvent être montés. Tout dépend après du handicap et des adaptations qu’il implique. • Elan : Avec quel type de clientèle travaillez-vous le plus fréquemment ? Claudia Schol : Il faut distinguer déjà deux aspects dans le TPMR : Les véhicules conduits par les personnes handicapées et les véhicules conduisant ces mêmes personnes. En somme, nous avons des personnes handicapées qui viennent nous voir, quel que soit le handicap ; mais également les familles de personnes handicapées ou encore les associations dont la problématique est d’avoir un véhicule spacieux et adapté aux personnes à transporter. Vous avez aussi des chefs d’entreprises qui viennent nous voir pour acquérir un véhicule pour un salarié handicapé. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, celle de l’adaptation. Simplement, ce ne sont plus les familles des personnes handicapées qui s’accommodent de leur véhicule classique comme c’était le cas par le passé. Aujourd’hui, c’est nous, constructeurs qui nous adaptons en proposant des véhicules qui soient adaptés aux besoins spécifiques de chacun de nos clients. • Elan : Depuis quand Renault a-t-il intégré la problématique du handicap dans sa politique commerciale ? Claudia Schol : Le marché du Transport des Personnes à Mobilité Réduite (TPMR) existe déjà depuis plusieurs années. Néanmoins, les réponses aux différentes demandes faites sur ce secteur étaient gérées de façon ponctuelle et indisciplinée, sans véritable réflexion stratégique de notre part. A partir de 2007, nous avons totalement révisé notre approche. Nous avons pris conscience de la nécessité de mettre en place une véritable démarche commerciale spécifique à l’égard de nos clients qu’ils soient directement concernés ou non par le handicap. Notre objectif étant d’améliorer notre efficacité et notre réactivité afin de leur apporter un savoir-faire adapté. Une équipe s’est donc rendue en Métropole pour rencontrer des transformateurs et des carrossiers. L’idée était de trouver des interlocuteurs spécialisés et de construire ainsi un réseau professionnel propre. Ce qui est aujourd’hui chose faite. Nous sommes fiers d’être précurseur en Guadeloupe dans notre démarche handicap. • Elan : Quels sont les véhicules adaptés disponibles en concession ? Claudia Schol : Nous avons en premier lieu testé le Kangoo dans lequel la personne à mobilité réduite peut aujourd’hui se mouvoir avec beaucoup plus de facilité grâce à une rampe escamotable, un système d’abaissement hydraulique et un décaissement du plancher. Ces • Elan : Quelles sont les adaptations que Renault est susceptible d’effectuer ? 32 adaptations permettent entre autres d’éviter l’ancien système beaucoup plus marginal de positionnement du siège au niveau du coffre. Maintenant, le siège vient s’imbriquer entre les deux sièges passagers et créé ainsi plus de convivialité. En plus, nous allons recevoir deux autres véhicules après les fêtes de fin d’année : la Daccia MCV avec un très bon rapport qualité/prix ; et le Traffic qui intéresse notamment les associations et les entreprises. Nous évaluerons la nécessité d’établir un stock pour ces deux nouveaux modèles en fonction de l’approche et des attentes de notre clientèle. • Elan : Si une personne à mobilité réduite vient vous voir aujourd’hui, combien de temps en moyenne doit-elle attendre pour avoir son véhicule ? Claudia Schol : La démarche est bien plus rapide aujourd’hui dans la mesure où n’importe quel véhicule peut faire l’objet d’une adaptation. Avant par exemple, la boîte automatique ou robotisée n’était possible que sur des véhicules haut de gamme ; aujourd’hui ces changements peuvent se faire même sur un véhicule de classe A comme la Twingo. Et ce sont, je vous le rappelle, les Rencontre avec Hyppomène Grandisson, directeur de l’Association Guadeloupéenne de soutien aux Personnes Handicapées (AGSPH) et Henri Bonnin, ergothérapeute. • Elan : Comment s’est fait le partenariat entre Renault et l’AGSPH ? Hyppomène Grandisson : En octobre 2007, nous nous sommes rendus en Métropole afin de participer à la troisième édition des journées nationales des CICAT (Centre d’Information et de Conseil sur les Aides Techniques), visant à améliorer l’évaluation des aides aux personnes handicapées. Cette action a été sponsorisée par Renault. L’entreprise ayant elle-même entamé une véritable démarche d’intégration et de mobilisation autour du handicap, nous avons décidé de pérenniser cette collaboration sous forme de partenariat. • Elan : Quelles sont les étapes nécessaires à l’acquisition d’un véhicule adapté ? Henri Bonnin : A ce sujet, nous travaillons autour de trois volets que sont la procédure administrative, les aides techniques et le travail entamé avec la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) et les autres concessionnaires. Avant l’acquisition d’un véhicule adapté, se pose déjà le problème de l’obtention ou de la révision du permis de conduire. Les ergothérapeutes font un travail de suivi et d’évaluation des patients pour tout ce qui concerne les handicaps moteur et sensoriel. Le problème qui se pose, c’est que la carte d’invalidité remise à la personne handicapée et permettant la reconnaissance de son statut, précise seulement un taux d’invalidité et non pas le type de handicap qui la concerne. Par conséquent, une personne accidentée et déjà adaptations les plus courantes. Ensuite, la durée va dépendre de l’adaptation à réaliser en fonction du handicap, en sachant qu’il faut compter de toute façon un délai de commande de huit jours. On va dire qu’il faut compter en moyenne entre deux et quatre mois. • Elan : Quelle est la démarche pour acquérir un tel véhicule ? Claudia Schol : Il faut d’abord se rapprocher du constructeur. Celui-ci va établir un tarif normal et un tarif avec transformation. Un dossier doit ensuite être constitué et envoyé auprès d’une commission. • Elan : Le personnel Renault, est-il formé pour répondre aux questions d’une personne en situation de handicap ? Claudia Schol : Nous avons quatre conseillers formés et parfaitement opérationnels qui sont en mesure d’accompagner les personnes handicapées dans le choix, l’aménagement et le financement de leur futur véhicule. détentrice du permis de conduire, devra se soumettre à une visite médicale auprès de la Préfecture de Basse-Terre à l’issue de laquelle un médecin va donner un avis ; l’évaluation de l’aptitude à conduire sera ensuite faite dans un centre de rééducation soit en Guadeloupe (dans le centre hospitalier de Maurice Selbonne notamment), soit en France. Les capacités fonctionnelles de la personne handicapée seront appréciées au regard du poste de conduite. Suite à ces étapes, si la personne est jugée apte à conduire, elle obtiendra un permis de conduire sur lequel sera mentionné les appareillages spécifiques du véhicule. • Elan : Et concernant l’achat du véhicule, quelles sont les procédures et les aides à envisager ? Henri Bonnin : d’une manière générale, il faut savoir que plus le handicap est lourd, plus il y a d’aménagements à faire au niveau du véhicule et plus les coûts sont élevés. Une partie est toutefois prise en charge par la MDPH. Mais il faut bien préciser que c’est l’aménagement du véhicule qui est pris en charge et non pas l’achat du véhicule lui-même. Sous réserve de l’existence d’une convention, d’un contrat de stage ou de travail, l’Agefiph peut aussi prendre en charge les heures de conduite. De plus, cet organisme peut aussi intervenir et permettre d’avoir accès à un véhicule aménagé en cas d’accident sur la voie publique. La meilleure alternative pour les personnes handicapées reste le recours à une assistante sociale apte à les conseiller et à les aider dans la constitution du dossier de demande d’acquisition d’un véhicule. En outre, si la procédure administrative est respectée, des aides supplémentaires pourront être proposées par les assurances et les mutuelles qui prennent en charge le préjudice subi. 33 AGENDA Vos rendez-vous AGENDA INFOS UTILES • Karuk’Interface : Sessions de formation à la langue des signes dispensées sur toute l’année : - 1er cycle d’initiation - 2ème cycle de perfectionnement ; soit 300 heures. Formation dispensée par des sourds à Basse – Terre, centre socio culturel Roger Fortuné, et aux Abymes à l’immeuble de l’Agipsah ZI de Dugazon de Bourgogne. Les cours se déroulent en journée à raison de 6h/sem ou bien le soir à raison de 4h/sem de 18h à 20h. Renseignements : Tél. : 05 90 86 82 21 / fax : 05 90 95 76 41 Mail : [email protected] Gosier • Crèche municipale de Mango : la directrice Mme Martial propose aux parents d’enfants porteurs de maladies chroniques, diabétiques ou drépanocytaires, de les garder. Si vous avez des courses à faire, un RDV ou si vous souhaitez tout simplement vous libérer pour une heure ou une demi-journée, la crèche Mango dispose d’un psychologue, de deux auxiliaires en puériculture et de trois éducatrices formées et disponibles pour garder vos enfants. Avec la Prestation de Service Unique (PSU), les enfants issus des autres communes peuvent également bénéficier de ce service. Horaires d’ouverture : du lundi au vendredi : 6h45 à 18h. Pour plus de renseignements, contactez Mme Martial au 05 90 84 98 65 ou 05 90 84 98 63. • Libellule : Lundi gras : Défilé du groupe Voukoum à Capesterre avec des jeunes handicapés, initiés pendant tout le mois de janvier à l’apprentissage du son et à la maîtrise du Ka. De fin septembre 2009 à Juin 2010, l’association propose des : - Ateliers d’origami, groupes de théâtre, des groupes esthétiques (revalorisation de l’image de soi, confiance en soi) – groupes de parole pour enfants et adultes animés par un psychologue en binôme avec un infirmier ou un éducateur. - Mini-conférences sur les thèmes suivants : • Traitements médicamenteux • Alimentation • Sexualité • Intérêt de l’activité thérapeutique (démystification des troubles neuromusculaires) Pour tout renseignement complémentaire, contacter Libellule par mail : [email protected] OFFRES & DEMANDES D’EMPLOI Dans votre prochain numéro (mars / avril 2010), profitez de votre rubrique « offres et demandes d’emploi » pour mettre en avant vos compètences ! • « Festival dans la boîte ! Emploi et handicap » : à l’occasion du salon Autonomic qui se déroule à Paris – Porte de Versailles, du 09 au 11 juin 2010, le festival donne l’opportunité aux DRH, Responsables de mission Handicap et collaborateurs de mettre en valeur les films réalisés sur le thème de l’intégration des personnes handicapées dans l’entreprise. Les films doivent être envoyés avant le 15 avril et réalisés entre le 1er janvier 2003 et le 31 mars 2010. Pour plus d’informations, RDV sur le site : www.festivaldanslaboite.fr Pour plus d’informations, contactez-nous par mail à l’adresse : [email protected] 34