Endettement extérieur et efficience productive dans les pays en

Transcription

Endettement extérieur et efficience productive dans les pays en
Proposition pour la 2ème Conférence Euro-Africaine
en Finance et Economie (CEAFE)
Thème : Economie Internationale
Endettement extérieur et efficience productive
dans les pays en développement
Imed DRINE
IHEC Sousse (Tunisie)
&
Mahmoud Sami NABI
*
LEGI - Ecole Polytechnique de Tunisie & IHEC Sousse (Tunisie)
L’endettement extérieur est-il devenu une source d’inefficience économique pour
les pays en développement au cours des dernières décennies? Dans la partie théorique
du papier nous montrons que le surendettement extérieur peut accroître la taille du
secteur informel au dépend d’un secteur formel plus efficient. Par ce canal
l’endettement extérieur diminue l’efficience productive d’une économie. Ensuite, dans
la partie empirique nous utilisons la méthode de la frontière de production
stochastique pour tester l’effet de l’endettement extérieur sur l’efficience productive
d’un échantillon de 28 pays en développement entre 1970 et 2002. Il s’avère que
l’accroissement en niveau de 1% du ratio de la dette extérieure par le PIB réduit
l’efficience productive de 2,5% et que l’augmentation en niveau de 1% de la part de la
dette publique dans l’endettement extérieur augmente l’efficience productive de 1,3%.
Ces résultats sont enfin interprétés sur la base du modèle théorique.
Classification JEL : F34, O17, O40
Mots clés : dette extérieure, efficience productive, secteurs formel et informels
*
Auteur chargé de la correspondance. Adresse : LEGI — Ecole Polytechnique de Tunisie
B.P. 743, 2078 - LA MARSA. TUNISIE — Tél. : +216 71 774 611 — Fax : +216 71 748 843
E-mail : [email protected]
1. INTRODUCTION
1
2
Introduction
Au cours des dernières décennies le stock et le service de la dette extérieure des
pays en développement ont augmenté de manière continue.
Fig. 1 — Evolution de la dette des pays en développement (source des données : CNUDST)
Considérant un échantillon de 28 pays en développement, nos calculs1 montrent
que le ratio de la dette extérieure par le PIB a passé de 31, 6% au cours de la période
1970 − 1974 à environ 60% au cours de la période 2000 − 2002. En même temps, la
croissance annuelle moyenne a passé de 6, 8% à 0, 22% pour les mêmes périodes. Ces
observations soulèvent la question suivante : L’endettement extérieur est-il devenu
un frein au développement pour ces pays ?
La relation entre l’endettement extérieur et la croissance économique n’est pas
un thème nouveau. Avramovic (1964) établit la théorie du cycle de la dette en distinguant trois étapes. D’abord, l’épargne intérieure est insuffisante pour satisfaire
les besoins de financement et la dette extérieure permet de financer partiellement les
investissements et de payer les intérêts du stock de la dette. Ensuite, l’épargne intérieure augmente et permet de financer une partie importante des investissements,
mais elle est encore insuffisante, d’autant plus que le poids des intérêts et l’amortissement de la dette se fait sentir. La dette continue donc à croître et ce, jusqu’au seuil
culminant où il cesse d’augmenter. Enfin, la dette amorce son déclin et l’épargne
1
Les pays sont présentés dans la partie empirique. Nos calculs se basent sur les statistiques
WDI.
1. INTRODUCTION
3
intérieure est supérieure à l’investissement. Cette théorie est insuffisante vue que
la plus part des pays en développement semblent piégés dans la première étape du
cycle avec une explosion de la dette et des performances économiques médiocres.
Plus récemment, de nouveaux travaux tels que Krugman (1988), Sachs (1989) et
Cohen (1992) ont donné naissance à la théorie de la dette excessive (debt overhang).
Cette théorie établit qu’à partir d’un certain seuil la dette extérieure décourage la
consommation et l’investissement, et par conséquent limite la croissance économique.
Dans une étude empirique portant sur 93 pays en développement sur la période 19691998, Patillo et al. (2002) trouvent un effet non -linéaire de la dette extérieure sur la
croissance. Lorsque le ratio de la dette par le PIB est supérieur à un seuil entre 35%
et 40% l’effet moyen de la dette sur la croissance est négatif alors qu’il est positif
pour un niveau inférieur. Dans un deuxième papier Patillo et al. (2004) ils analysent empiriquement les canaux à travers lesquels l’endettement extérieur affecte
la croissance économique. Leur étude empirique porte sur un échantillon de 61 pays
en développement entre 1969 et 1998. Ils trouvent que l’impact négatif de la dette
sur la croissance est dû aux effets négatifs sur l’accumulation du capital physique
(1/3 de contribution en moyenne) et aux effets négatifs sur la productivité globale
des facteurs (2/3 de contribution en moyenne). L’explication donnée au premier effet est la suivante : lorsque la dette extérieure devient excessive, les investisseurs
qui anticipent une augmentation progressive des taxes pour le remboursement de la
dette diminuent leurs investissements ce qui ralentie la dynamique d’accumulation
du capital. L’explication donnée au deuxième effet est liée à la baisse de la productivité globale des facteurs : le gouvernement peut décider de ne pas réaliser des
réformes économiques difficiles et coûteuses jugeant que les bénéfices futurs en terme
de production nationale plus élevée vont servir les créanciers étrangers. Cette faiblesse de l’environnement économique affecte l’efficacité de l’allocation des capitaux
et la qualité des investissements ce qui ralentie la productivité globale.
Dans la partie théorique de ce papier on propose un modèle théorique fournissant
une explication originale aux deux effets identifiés par Patillo et al (2004). Ceci est
fait en introduisant un aspect important des pays en développement qui n’a pas
encore été pris en compte dans la littérature portant sur l’endettement extérieur :
il s’agit du secteur informel de l’économie. Chickering et Salahdine (1991) affirment
que le secteur informel emploie entre 35% et 65% de la population active et produit
entre 20% et 40% du PIB dans les pays en développement. Selon les estimations de
Friedman et al. (2000) la taille du secteur informel dans l’économie est d’environ 68%
en Égypte, 39% en Malaisie, 76% au Nigeria, 71% en Thaïlande, 45% en Tunisie,
etc.
Dans notre modèle un surendettement extérieur peut inciter le gouvernement à
augmenter la taxe sur les bénéfices ce qui augmente la taille du secteur informel et
réduit la taille du secteur formel qui est le plus efficient. Par ce canal l’endettement
2. MODÈLE THÉORIQUE
4
extérieur peut diminuer l’efficience productive de l’économie. C’est ensuite dans la
partie empirique du papier que l’on emploie pour (la première fois à notre connaissance) la méthode de la frontière de production stochastique pour tester l’effet de
l’endettement extérieur sur l’efficience productive d’un échantillon de 28 pays en
développement (dont 8 pays africains) entre 1970 et 2002.
2
2.1
Modèle théorique
L’environnement économique
L’horizon de l’économie est infini et le temps est divisé en périodes discrètes
indexées par t = 0, 1, 2, ...La date t correspond au début de la période t + 1 et à
la fin de la période t. L’économie est dotée d’un secteur de formation du capital
humain et de deux secteurs de production ayant des technologies différentes. Le
premier fabrique un bien de consommation (bien final) à l’aide du capital physique,
du capital humain et du travail. Le deuxième fabrique un bien d’investissement (ou
capital) à l’aide du bien de consommation uniquement.
Le modèle est à générations imbriquées. Chaque génération est composée d’un
continuum d’agents uniformément répartis sur un intervalle [0, 1] et vivant trois périodes. Un agent se forme lorsqu’il est jeune, travaille dans le secteur final lorsqu’il est
adulte et obtient un salaire à la fin de sa deuxième période de vie. On suppose qu’il
ne consomme qu’à la fin de la troisième période et qu’il utilise tout son salaire pour
entreprendre un projet d’investissement (produisant le bien d’investissement). Ce
projet peut être "formel" ou "informel". Dans le cas d’un projet formel, l’entrepreneur paye l’impôt au gouvernement et peut bénéficier d’un financement extérieur.
Par contre, un entrepreneur "informel" s’évade de l’imposition en supportant un
coût d’évasion et autofinance l’intégralité de son projet.
2.2
Les technologies de production
2.2.1
Le secteur du bien de consommation
Le bien de consommation est un bien échangeable. Il est produit à partir d’une
combinaison de facteurs substituables : le capital physique, le capital humain et le
travail. Elle est caractérisée par une fonction de production de type Cobb-Douglas
et un cycle de production qui dure une période : Yt = At (Kt )α (Ht )δ (Lt )1−α−δ où
Ht représente le niveau du capital humain dans l’économie (que l’on peut exprimer comme le produit du capital humain par tête et de la population active : ht Lt .
Cette fonction de production exhibe que les rendements des facteurs de production
soient constants mais intègre une externalité At qui induit des effets d’échelle sur
les rendements des facteurs. Cette externalité traduit un effet technologique dépendant du stock de capital agrégé kt = Kt /Lt et des dépenses publiques par tête
2. MODÈLE THÉORIQUE
5
disponible depuis la période précédente gt−1 = Gt−1 /Lt−1 de la manière suivante :
1−α
At = (gt−1 )ε kt . Le paramètre ε vérifie 0 < ε ≤ 1 et représente le niveau de l’externalité des dépenses publiques. Exprimé par tête la production du bien échangeable
est donnée par
yt = (gt−1 )ε kt (ht )δ
(1)
Pour la simplification des calculs on suppose que la dépréciation totale du capital
physique au cours d’une période qui est aussi la durée du cycle de production.
La production est entièrement reversée aux salariés (les adultes) et aux producteurs du bien d’investissement (les entrepreneurs). Les prix des facteurs de production sont égales à leur productivités marginales en terme de biens de consommation
et sont donnés par
ρt = α (gt−1 )ε (ht )δ
ε
(2)
δ
wt = (gt−1 ) kt (ht )
2.2.2
Le secteur du bien d’investissement
Le bien d’investissement est un bien intermédiaire nécessaire à la production du
bien de consommation. Sa production est obtenue grâce à la réalisation de projets
d’investissement qui peuvent être formels ou informels. La technologie de production
est linéaire avec une productivité (a) pour les projets formels. Les projets informels
sont moins productifs. Cela peut se justifier par le coût d’anti-détection supporté
par l’entrepreneur informel en vue d’éviter d’être détecté par les autorités publiques
(Fortin et al. (1997)). On suppose que les entrepreneurs sont hétérogènes par rapport au coût d’anti-sélection. Cela se traduit par des productivités différentes. La
productivité du projet informel réalisé par un agent j est θj a avec θj distribué sur
[0, 1] selon la densité f (θ). Dans le cas où le coût d’anti-détection est nul, le projet
informel a la même productivité que le projet formel (θj = 1).
2.3
Les agents et les décisions d’investissement
Chaque génération est constituée d’un continuum [0, 1] d’agents. Nous supposons qu’une génération initiale composée de "vieux" agents ainsi qu’une génération
d’"adultes" coexistent, à la période 0, avec les jeunes agents. Les vieux de la génération initiale détiennent un stock de capital k0 à t = 0 alors que ses adultes détiennent
un stock de capital k1 à t = 1.
Un agent de la génération t − 2 (né à la date t − 2) se forme durant sa première
période de vie et se trouve à la date t − 1 doté d’une unité de travail ayant une
qualification ht−1 . Le niveau de la qualification de la génération t − 2 dépend de
2. MODÈLE THÉORIQUE
6
celui de la génération précédente ht−2 et du rendement du secteur de formation du
capital humain. Cette relation est du type ht−2 = (1 + σ)ht−1 où σ est le rendement
de l’unité de temps investie2 par l’agent pour se former. L’agent offre l’unité de travail
inélastiquement au secteur de production du bien de consommation (l’offre totale
de travail à chaque période est alors L = 1). En conséquence de son travail, l’agent
reçoit un salaire wt à la fin de sa deuxième période de vie. La relation (2) montre
que cette rémunération dépend de sa qualification, du stade de développement et
des dépenses publiques.
Pour simplifier le modèle, on suppose que l’agent ne consomme qu’à la fin de la
troisième période évitant ainsi de prendre en compte l’arbitrage entre consommation
et investissement à la fin de la deuxième période. L’arbitrage que l’on modélise et
qui est le plus important pour notre problématique est celui que l’agent fait entre
investir son salaire dans un projet formel ou l’investir dans un projet informel. Selon
le choix effectué, le projet lui génère un bénéfice lui permettant de consommer à la
fin de sa troisième période de vie.
Entreprendre un projet formel En entreprenant un projet formel, l’agent peut
compléter son propre financement wt par un emprunt extérieur d’un montant dft en
biens de consommation dont le taux d’intérêt est fixé sur les marchés internationaux
des capitaux ; on note r∗ le facteur d’intérêt. Par ailleurs, il doit payer au gouvernement l’impôt sur le bénéfice au taux τ que l’on
´ exogène. Le projet produit
³ considère
f
f
le bien d’investissement en quantité κt+1 = a wt + dt . N’étant pas consommable,
cette quantité est vendue au secteur final, à la date t + 1, en contre partie du bien
de consommation au prix ρt+1 en termes du bien de consommation. L’entrepreneur
du projet formel aura finalement ρt+1 κft+1 biens de consommation. Ainsi, l’endettement extérieur n’est profitable que sous la condition ρt+1 a > r∗ . Le profit brut de
l’entrepreneur formel est alors π ft+1 = ρt+1 κft+1 − r∗ dft alors que le profit net d’impôt
est (1 − τ ) π ft+1 .
Entreprendre un projet informel En entreprenant un projet informel, l’agent j
autofinance son projet et ne paye pas l’impôt sur le bénéfice en supportant des coûts
d’anti-détection. Le projet produit le bien d’investissement en quantité κjt+1 = θj awt .
Après la vente au secteur final, l’agent réalise un profit πjt+1 = ρt+1 κjt+1 .
Le choix des agents L’agent entreprend le projet qui lui génère le plus de profit.
Ainsi à la date t, les projets informels sont réalisés par les agents vérifiant π jt+1 ≥
(1 − τ ) π ft+1 . En utilisant les expressions des profits précédemment établies, il s’en
suit que l’ensemble des entrepreneurs informels est donné par {j tel que θj ∈ [θ∗t , 1]}
où
2
L’introduction d’un arbitrage formation/loisir n’est pas nécessaire pour notre problématique.
2. MODÈLE THÉORIQUE
7
θ∗t = (1 − τ )[1 + (1 −
r∗ dft
) ]
aρt+1 wt
(3)
De manière équivalente l’ensemble des entrepreneurs formels est composé des
agents qui supportent des coûts d’antidétection suffisamment élevés qu’il est plus
intéressant pour eux d’entreprendre des projets formels ; cet ensemble est alors donné
par {j tel que θj ∈ [0, θ∗t ]} . On peut maintenant déterminer la quantité du bien
d’investissement (capital) kt+1 disponible à la date t+1. C’est la somme des quantités
produites par les projets d’investissement formels et les projets informels :
Z 1
∗ f
κjt+1 f (θi )dθi
(4)
kt+1 = θt κt+1 +
θ∗t
2.4
Le gouvernement
A la date t qui marque le début de la période t + 1, le stock accumulé de dette
extérieure publique de l’économie (en terme du bien échangeable) est donné par
Dtg et l’économie a accès à une nouvelle ligne de crédit extérieur d’un montant d.
On suppose qu’initialement l’économie n’est pas endettée : D0g = 0 .Le gouvernement dispose de deux instruments de gestion de la dette extérieure. Le premier
concerne la part λt du nouveau crédit extérieur qu’il va allouer à ses dépenses budgétaires et par conséquent la part 1 − λt à allouer au secteur privé. Ainsi, on a
dgt = λt d et dft = (1 − λt ) d. Notons que tant que le rendement des projets d’investissements est inférieur au coût du financement extérieur (ρt+1 a < r∗ ) les entrepreneurs n’ont pas intérêt au financement extérieur : λt = 1. C’est notamment le cas
lorsque l’économie n’a pas encore accumulé suffisamment de capital humain puisque
ρt+1 = α (gt )ε (ht+1 )δ .
Le deuxième instrument concerne la fraction γ t ≤ 1 du stock de la dette à
rembourser. A la date t, les ressources du gouvernement proviennent des recettes
de l’imposition de la proportion θ∗t−1 des entrepreneurs formels de la période t − 1
et de la nouvelle dette publique dgt . Ses ressources sont partagées entre les dépenses
publiques et le service de la dette. L’équilibre entre les recettes et les dépenses du
gouvernement nous permet d’obtenir
θ∗t−1 τ π ft + dgt − γ t Dtg = gt
(5)
Quant à la dynamique de la dette extérieure, elle est donnée par
g
= r∗ [(1 − γ t )Dtg + dgt ]
Dt+1
(6)
Cette relation permet d’obtenir une condition suffisante pour que la dette extérieure soit explosive. C’est lorsque la part remboursée à chaque période vérifie γ t <
1 − 1/r∗ .
2. MODÈLE THÉORIQUE
2.5
8
Gestion de la dette et efficience productive
L’efficience productive à la date t + 1 que l’on note ϕt+1 est défine par le rapport
entre la production effective par tête de l’économie yt+1 et sa production potentielle
notée y t+1 . Elle s’exprime comme suit ϕt+1 = yt+1 /y t+1 et peut s’écrire en utilisant
(1) de la manière suivante
ϕt+1
(gt )ε kt+1
=
(gt )ε kt+1
(7)
L’efficience productive est donc égale à 1 lorsque les ressources disponibles durant
le cycle de production sont utilisées de manière optimale. Les ressources du secteur
privé ont une composante intérieure égale à la capacité d’autofinancement wt et une
composante externe égale à la dette extérieure privée (1 − λt ) d. Les ressources du
gouvernement allouées au secteur final sont égales à ses dépenses publiques gt et
sont données par la relation (5). Ainsi, les ressources totales de l’économie pour le
cycle de production de la période t + 1 sont égales à wt + θ∗t−1 τ πft + d − γ t Dtg .
Effet direct de la gestion de la dette Pour les pays en développement où le
gouvernement contrôle l’accès à l’endettement extérieur, le secteur privé peut être
contraint à un niveau d’endettement extérieur sous-optimal au profit d’un surendettement public. Dans la suite, nous essayons de montrer en utilisant notre modèle
qu’une allocation sous-optimale de la dette extérieure entre le secteur public et le
secteur privé constitue une source d’inefficience productive.
La partie wt des ressources intérieures est partagée entre la proportion θ∗t des
projets formels et la proportion 1 − θ∗t des projets informels. La relation (3) montre
que la taille du secteur formel (et donc celle du secteur informel) dépend de la dette
privée dft = λt d et des dépenses budgétaires (à travers le prix relatif du capital
ρt+1 ). Étant donné que les projets informels sont moins productifs que les projets
formels, une mauvaise allocation de la dette peut réduire l’efficience productive en
augmentant la taille du secteur informel au détriment du secteur formel. De plus, une
part plus élevée du crédit extérieur en faveur des dépenses publiques se fait au dépend
de l’investissement privé. Deux effets opposés sont en jeu. D’une part, des dépenses
publiques plus élevées génèrent plus d’externalités positives et exercent par ce biais
un effet positif sur la production. D’autre part, la réduction de l’investissement privé
réduit le capital physique disponible pour la production du bien final et l’effet est
dans ce cas négatif. Il y a donc une allocation optimale définie par λt qui maximise
l’effet résultant.
Le problème du gouvernement consiste à maximiser l’efficience productive de
l’économie en diminuant (stabilisant) le stock de la dette extérieure. La part optimale λt de la dette extérieure allouée aux dépenses publiques est alors solution du
problème suivant :
3. ANALYSE EMPIRIQUE
⎧
max (gt )ε kt+1
⎪
⎪
⎪
⎨ λt ,γ t
sc
⎪
θ∗ τ π ft + λt d = γ t Dtg + gt
⎪
⎪
⎩ t−1
g
Dt+1
≤ Dtg
9
(8)
Effet indirect de la gestion de la dette On se place ici dans le cas où le
gouvernement maximise l’efficience productive de son économie sans se soucier de
l’évolution du stock de la dette extérieure. Dans ce cas, γ t n’est plus une variable de
g
maximisation de la fonction objectif dans (8) et la contrainte Dt+1
≤ Dtg est relaxée.
Il existe ainsi, une autre source d’inefficience productive liée à l’accumulation du
stock de la dette extérieure. En effet, l’économie risque de se trouver avec un stock
de dette extérieure suffisamment élevé qui oblige le gouvernement, dans un premier
stade, à augmenter la part de l’endettement extérieur publique au delà de ce qui
est optimal (λt > λt ). Cette accumulation de la dette publique peut ramener à un
deuxième stade, où le service de la dette engrange de plus une partie des recettes
fiscales (voir (5)). Le gouvernement peut alors être amené à augmenter l’impôt
sur les bénéfices. En conséquence, la taille du secteur informel augmente sous ce
deuxième effet puisque d’après (3) on a ∂(1−θ∗t )/∂τ > 0. En conséquence, l’efficience
productive de l’économie diminue encore plus.
3
Analyse empirique
L’objectif de cette partie est de vérifier empiriquement la pertinence des effets
direct et indirect (que l’on vient d’exposer dans la partie théorique) de la mauvaise gestion de l’endettement extérieur sur l’efficience productive de l’économie en
utilisant une approche non encore appliquée à ce thème.
3.1
Méthodologie
On utilise la méthode de la frontière de production stochastique avec effet d’inefficience variable telle que proposée par Battese et Coelli (1995). La frontière de
production stochastique consiste à construire à partir des meilleures pratiques des
pays considérés une frontière de production qui permet de calculer, pour un pays
donné à une date donnée, son output potentiel pour une technologie et des quantités
de facteurs de production données. L’inefficience productive (inefficience technique)
est définie comme étant l’écart entre l’output potentiel et l’output effectif. Il s’agit
alors de tester si l’inefficience productive dépend du niveau de l’endettement extérieur (mesuré par le rapport dette/PIB) et de l’allocation de la dette extérieure entre
la dette publique et la dette privée (mesurée par le rapport dette publique/dette privée noté λ) telle que l’on a analysé dans la partie théorique.
3. ANALYSE EMPIRIQUE
10
En considérant une fonction de production à trois variables à savoir le capital
physique, le capital humain et le travail, la frontière est estimée à partir du modèle
suivant :
Yit = AKitγ Hitδ L1−γ−δ
exp(Vit − Uit )
it
avec i = 1......, N et t = 1, ...., T
(9)
avec Yit le PIB, Kit le stock de capital physique, Hit le stock du capital humain
et Lit la population active du ième pays à la date t. Le terme Vit est un terme d’erreur identiquement et indépendamment distribués suivant la distribution N(0, σ 2v ).
Le terme Uit est un terme d’erreur non négatif indépendant de Vit et représentant l’inefficience productive (technique). Il est distribué indépendamment comme
la troncature à zéro de la loi N(mit , σ 2u ) avec mit expliqué par le ratio de la dette
extérieure par le PIB et la part de la dette extérieure allouée au secteur publique :
mit = µ0 + µ1
Dit
+ µ2 λit
Yit
(10)
On peut réécrire l’équation (9) en fonction des variables logarithmiques par tête
comme suit :
ln yit = γ 0 + γ ln(kit ) + δ ln(hit ) + Vjt − Ujt
(11)
A partir de l’équation (9) l’efficience productive est donnée par
ϕit = e−U it
(12)
Notons que ϕit ∈ ]0, 1] traduisant que plus un pays est efficient dans l’utilisation
de ces facteurs de production plus sa production effective (tenant en compte des
chocs aléatoires modélisés par Vit ) s’approche de sa production potentielle égale à
AKitγ Hitδ L1−γ−δ
.
it
3.2
Données
Notre analyse empirique porte sur un échantillon de 28 pays en développement3
sur la période de 1970-2002. Les données sont regroupées en des sous périodes de
5 ans, soit 7 périodes d’étude. A partir de la base de données WDI de la banque
mondiale nous obtenons les données concernant les variables Yit , Lit , Dit et λit . Pour
obtenir le stock de capital humain par tête hit nous suivons l’approche de Collins
and Bosworth (2003) qui suppose la formulation suivante Hit = hit Lit avec hit =
(1, 07)sit où sit désigne le nombre moyen d’années d’études que l’on obtient à partir
de Barro-Lee (2000). Cette hypothèse signifie qu’une année d’études supplémentaire
3
Bangladesh, Brésil, Cameroun, Columbia, Costa rica, Rep. Dominicaine, Égypte, Équateur,
Guatemala, Inde, Indonésie, Kenya, Malawi , Malaisie , Mali, Mexique, Pakistan , Panama, Paraguay, Rwanda, Sénégal, Soudan, Sri lanka, Thaïlande, Trinidad & Tobago, Tunisie, Turquie
et Uruguay.
3. ANALYSE EMPIRIQUE
11
en moyenne par travailleur engendre une augmentation de 7% du capital humain.
Enfin, pour construire le stock de capital physique nous avons suivi l’approche de
Collins and Bosworth (2003) en utilisant le stock de capital initial de l’année 1970
(obtenu à partir de la base de données Nehru et Dhareshwar (1993)) et la méthode
d’inventaire en employant les données concernant la formation brute du capital fixe
(à partir de la base de données WDI) et en supposant une dépréciation annuelle de
4%.
3.3
Résultats
3.3.1
Statistiques descriptives
Dans le tableau suivant nous présentons le niveau d’endettement, la part de la
dette publique dans la dette extérieure totale et l’efficience productive obtenus pour
4 groupes4 de pays classés en fonction de leur efficience productive moyenne sur
toute la période.
Tableau 1 : Statistiques descriptives
Gr 1
Dt
P IBt
λt
ϕt
Gr 2
Dt
P IBt
λt
ϕt
Gr 3
Dt
P IBt
λt
ϕt
4
70 − 74
33, 4
78, 7
0, 83
75 − 79
50, 7
74
0, 76
80 − 84
72, 8
74, 7
0, 68
85 − 89
95
78, 7
0, 62
90 − 94
110, 5
77, 2
0, 57
95 − 99
97, 2
81, 6
0, 62
00 − 02
87, 6
80, 5
0, 64
Moy
78, 2
77, 9
0, 68
E.type
25, 5
2, 6
0, 08
70 − 74
26, 3
73, 9
0, 86
75 − 79
32, 3
70, 5
0, 84
80 − 84
50, 6
71, 7
0, 79
85 − 89
61, 9
76, 2
0, 76
90 − 94
52, 8
71
0, 78
95 − 99
63, 4
65, 6
0, 73
00 − 02
63, 5
67, 9
0, 74
Moy
50, 1
71
0, 78
E.type
14
3, 2
0, 04
70 − 74
16, 3
66
0, 89
75 − 79
23, 6
65, 9
0, 87
80 − 84
35, 7
71
0, 83
85 − 89
50, 2
81, 1
0, 80
90 − 94
46, 9
77, 5
0, 81
95 − 99
46, 3
69, 9
0, 80
00 − 02
50
65, 1
0, 78
Moy
38, 4
70, 9
0, 83
E.type
12, 6
5, 7
0, 03
Le premier groupe qui a l’efficience productive la moins élevée comporte les pays suivants :
Soudan, Malawi, Panama, Équateur, Malawi , Égypte, Kenya. Les pays du deuxième groupe sont :
Uruguay, Tunisie, Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Sénégal, Cameroun, Pakistan, Costa Rica. Les
pays du troisième groupe sont : Sri Lanka, Brésil, Rep. Dominicaine, Mexique, Turquie, Rwanda.
Les pays du quatrième groupe : Colombie, Trinidad & Tobago, Paraguay, Guatemala, Bangladesh,
Inde.
3. ANALYSE EMPIRIQUE
Gr 4
Dt
P IBt
λt
ϕt
70 − 74
16, 6
80, 8
0, 90
75 − 79
16, 4
73
0, 89
12
80 − 84
21
74
0, 88
85 − 89
38, 9
84, 5
0, 84
90 − 94
36, 9
81, 5
0, 84
95 − 99
31, 5
73, 2
0, 85
00 − 02
32, 2
75, 2
0, 85
Moy
27, 6
77, 5
0, 86
Tout d’abord, il semble que les pays qui sont les plus endettés sont ceux qui ont
l’inefficience productive la plus élevée. Nous remarquons aussi que pour l’ensemble
des pays le taux d’endettement a évolué selon une courbe en V inversé ; le seuil
est atteint vers la fin des années 1980 et le début des années 1990. Ceci peut être
expliqué par les efforts entrepris par ces pays dans le cadre des plans d’ajustements
structurels pour réduire leurs taux d’endettement suite à la hausse excessive du
niveau de la dette. Le rapport dette publique/ dette privée a poursuivi a peu près
la même trajectoire et nous remarquons une tendance à la baisse qui commence
dès le début des années 1990. La réduction de la part de l’endettement publique
s’inscrit dans le même cadre de la maîtrise de la dette par une privatisation accrue
de l’économie. Parallèlement, pour la plupart des groupes l’évolution de l’efficience
productive est similaire à une courbe en V.
3.3.2
Résultats de l’estimation
Afin de tenir compte d’une éventuelle relation non linéaire entre le taux d’endettement et l’efficience productive nous avons décomposé notre échantillon en deux
sous périodes : 1970-1989 et 1990-2002. Les résultats de l’estimation sont présentés
dans le tableau suivant.
Tableau 2 : Résultats de l’estimation5
γ0
3, 3
(0, 55)∗∗∗
γ
0, 23
(0, 06)∗∗∗
δ
0, 21
(0, 11)∗
µ0
µ1
−2, 1
2, 5
(1, 4) (0, 96)∗∗
µ2
−1, 3
(0, 68)∗
σ 2u
1, 4
(0, 39)∗∗∗
Nous pouvons remarquer que la relation entre l’inefficience (Ut ) d’une part et
le taux d’endettement et la répartition de la dette entre publique et privé d’autre
part est significative : l’accroissement de l’endettement contribue à l’augmentation
de l’inefficience (baisse de l’efficience) productive alors que l’accroissement de la
part de la dette publique agit dans le sens opposé. Cette relation peut être traduite
mathématiquement à partir des équations (10) et (12) comme suit :
µ ¶
∆ϕt
Dt
+ 1, 3 ∆(λt )
≈ −2, 5 ∆
(13)
ϕt
Yt
5
Les valeurs entre parenthèses sont les écarts types.
E.type
8, 2
4, 3
0, 02
3. ANALYSE EMPIRIQUE
3.3.3
13
Interprétations
D’abord, commençons par illustrer graphiquement l’évolution de l’endettement
extérieur et de l’efficience productive pour tout l’échantillon. La figure 2 illustre
le résultat qui découle de la relation (13) : Durant la période 1970 − 2002 et en
moyenne, tout accroissement en niveau de 1% du ratio de l’endettement extérieur
réduit l’efficience productive (et donc le PIB) de 2, 5% et toute augmentation en
niveau de 1% de la part de la dette publique dans l’endettement extérieur augmente
l’efficience productive de 1, 3%.
Effet indirect positif
Effet direct negatif
>
Effet indirect negatif
> Effet direct positif
Effet indirect negatif
(augmentation reelle
ou anticipee de l’impot)
Effet indirect positif
(baisse de la pression sur
les depenses publiques)
Fig. 2 — Evolution de l’endettement extérieur et de l’efficience productive
Comment peut-on interpréter ces résultats en relation avec les scénarios établis
dans la première partie de l’article ?
Pour la période 1970 − 1989, nous remarquons que le niveau de la dette extérieure augmente pour atteindre son maximum à la fin des années quatre-vingt. Cet
endettement est principalement publique dès le départ et la part de la dette publique
augmente durant la troisième et quatrième période pour atteindre le seuil de 80% à
la fin des années quatre-vingt. Cette évolution s’accompagne d’une baisse continue
de l’efficience productive. Les deux effets directs et indirects qu’on a définit dans la
section 2.5 semblent pertinents dans l’explication de ces faits.
Il y a manifestement un surendettement extérieur publique (λ > λ) croissant
4. CONCLUSION
14
durant la période 1970 − 1989 qui est responsable en grande partie de la baisse
continue de l’efficience productive. Mais comment interpréter le résultat économétrique montrant un impact positif sur l’efficience productive de l’augmentation de
la part de la dette publique durant cette période ? S’il n’y a pas de surendettement
publique on aurait pu interpréter cet impact par l’effet direct. Autrement dit, on
aurait pu dire que la part de la dette publique augmente et se rapproche de son
niveau optimal λ ce qui augmente l’efficience productive. Or, on est plus tôt dès le
départ dans la situation λ > λ et donc toute augmentation de λ engendre un effet
direct négatif. La seule explication en cohérence avec notre modélisation théorique
serait l’existence d’un effet indirect positif dominant du surendettement publique de
manière à ce que l’effet résultant soit positif.
Durant la période 1970−1984 les flux nets de capitaux sont faibles et deviennent
même négatifs durant la période 1984 − 1989 (voir figure 1). Cela signifie que les
pays consacrent une partie importante de leur nouvelle dette pour le service du
stock de la dette augmentant ainsi ce dernier. Cela pourrait indiquer qu’il y a un
effet indirect avec recours du gouvernement à l’augmentation de l’impôt. Or, on a
vu que l’augmentation du niveau de l’imposition réduit l’efficience productive de
l’économie. Ainsi, plus la marge de recours à l’endettement extérieur est élevée (λ
élevée) moins élevé sera l’augmentation du niveau de l’imposition.
Pour la période 1990 − 2002, nous remarquons que le ratio de la dette extérieure
par le PIB diminue pour l’ensemble de l’échantillon et passe de 62, 54% durant la
période 1990 − 1994 à 59, 92% durant la période 2000 − 2002. Parallèlement, la part
de la dette publique diminue et passe de 76, 19% à 72% pour la même période. Quant
à l’efficience productive elle égale à 74% pour les périodes 1990−1994 et 1995−1999
et 75% pour les périodes 2000 − 2002. Econométriquement, il y a compensation de
l’effet positif de la baisse du niveau de la dette extérieure par l’effet négatif de la
baisse de la part de la dette publique. Là aussi, on peut interpréter l’effet négatif de
la baisse de la part de la dette publique comme la résultante de deux effets. D’une
part, la diminution de la part de la dette extérieure publique engendre un effet direct
positif (λ diminue et se rapproche de λ). D’autre part, elle engendre un effet indirect
négatif dû aux difficultés du gouvernement à contracter de nouvelles dettes ce qui
pourrait l’inciter à recourir plus à l’augmentation du niveau d’imposition.
4
Conclusion
Dans la partie théorique du papier nous avons présenté deux effets négatifs de
la mauvaise gestion de la dette extérieure sur l’efficience productive de l’économie.
Premièrement, un effet direct dû à une mauvaise allocation de l’endettement extérieur entre les dépenses publiques et l’investissement privé. Cet effet est pertinent
dans les économies où le gouvernement contrôlant l’accès à l’endettement extérieur
contraint l’endettement du secteur privé au profit d’un surendettement public Cette
4. CONCLUSION
15
allocation sous-optimale de la dette extérieure réduit le potentiel de croissance de
l’économie. Deuxièmement, un effet indirect tel que l’accumulation d’un stock de
dette extérieure publique improductive incite le gouvernement à augmenter la taxe
sur les bénéfices engendrant ainsi un accroissement de la taille du secteur informel
de l’économie au dépend d’un secteur formel plus efficient.
Dans la partie empirique du papier on a utilisé la méthode de la frontière de
production stochastique pour tester l’effet de l’endettement extérieur sur l’efficience
productive d’un échantillon de 28 pays en développement entre 1970 et 2002. Nous
avons montré qu’en moyenne, tout accroissement en niveau de 1% du ratio de l’endettement extérieur par le PIB réduit l’efficience productive de 2,5% et toute augmentation en niveau de 1% de la part de la dette publique dans l’endettement
extérieur augmente l’efficience productive de 1,3%. Ces résultats ont été interprétés
sur la base des effets directs et indirects.
En conclusion, le contrôle du ratio de la dette extérieure par le PIB doit être
complété par le contrôle de l’allocation de la dette extérieure entre le secteur publique
et le secteur privé. Il faut aussi tenir compte de la sensibilité de la taille du secteur
informel à l’augmentation des impôts sur les bénéfices lors de la mise en oeuvre
d’une politique de réduction de l’endettement extérieur.
5. BIBLIOGRAPHIE
5
16
Bibliographie
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"Debt, Stabilization and Development : Essays in Memory of Carlos Díaz
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