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Concours : IFSI (épreuve de culture générale) « Test numéro 3 » Demande : Abel Education System Santé et psychiatrie en prison Santé Alors que les besoins sanitaires de la population incarcérée sont bien plus importants que ceux de la population générale, l’accès aux soins reste difficile en détention, notamment pour des consultations spécialisées. La prévalence de la tuberculose est dix fois plus élevée en détention qu’à l’extérieur. Plus de la moitié des arrivants rencontrent des problèmes d’addiction aux drogues et/ou à l’alcool… Les conditions d’hygiène et de surpopulation dans certains établissements apparaissent incompatibles avec un bon niveau de santé, comme le montrent de nombreux rapports des DRASS et DDASS. La triple exigence posée au travers de la normalisation des soins engagée en 1994 – les médecins exerçant en détention ne sont plus employés par l’administration pénitentiaire mais par l’hôpital public ; les soins dispensés ont vocation à être de même niveau que ceux dispensés à la population générale ; les détenus plus considérés comme des patients ordinaires-­‐ semble aujourd’hui remise en cause. L’institution carcérale tente d’imposer depuis quelques années aux personnels soignants la notion de « partage opérationnel d’informations », leur enjoignant d’enrichir un cahier de liaison électronique (CEL) des informations de nature médicale dont ils sont seuls détenteurs ou de participer à des commissions pluridisciplinaires. Face à la « demande incessante » de l’administration pénitentiaire « de tout connaître de la personne, de sa vie passée, voire de prédire ses actes pour le futur » pointée du doigt par le Contrôleur général, il est attendu des autorités sanitaires qu’elles réaffirment la primauté tout à la fois du respect du secret médical, de la qualité de la relation thérapeutique et de l’indépendance des équipes médicales. Psychiatrie Les évolutions conjointes de la psychiatrie et de la justice pénale ont abouti à un transfert de prise en charge des personnes les plus marginalisées et atteintes de troubles psychiques sévères de l’hôpital vers la prison. Saturé, et souffrant d’un manque patent de solutions d’accueil adaptées, le secteur de psychiatrie générale laisse à la rue nombre de personnes atteintes de troubles mentaux jusqu’à ce que leurs symptômes les fassent basculer dans la criminalité ou la délinquance. En parallèle, les autorités judiciaires prononcent de moins en moins de non lieux pour irresponsabilité pénale. Les procédures rapides, prédominantes en matière délictuelle, sont peu propices à la détection de la maladie mentale et les expertises se font rares. Magistrats comme jurés ont, en outre, tendance à sanctionner plus sévèrement les auteurs d’infractions atteints de troubles mentaux, estimant qu’ils présentent une double dangerosité, psychiatrique et criminologique. Résultat : plus de 20 % des détenus seraient atteints de troubles psychotiques. Or, la prison ne peut être considérée comme un lieu de soins : elle est en elle-­‐même pathogène, accroissant ou générant des maladies mentales. Les personnels soignants sont en sous effectif et les locaux mis à leur disposition ne leur permettent pas toujours de dispenser des soins de qualité dans le respect de l’éthique médicale. Quant aux conditions d’hospitalisation d’office des détenus ne pouvant être maintenus en détention, elles s’avèrent souvent désastreuses : patients placés dans des chambres d’isolement, aux murs nus, sans mobilier, et fréquemment attachés à leur lit. Alors que seuls 2 à 5 % des auteurs d’homicide et 1 à 4 % des auteurs d’actes de violences sexuelles sont atteints de troubles mentaux, la figure du « fou criminel » gagne les esprits et l’approche sécuritaire contamine les politiques de santé publique, quand bien même ce sont davantage les ruptures de soins et l’isolement social que les troubles psychiques en eux-­‐
mêmes qui favorisent le passage à l’acte. Loin de remédier à cette situation par des politiques de renforcement de la psychiatrie générale, d’insertion et de prévention de la délinquance, les pouvoirs publics mettent en place des dispositifs judiciaro-­‐sanitaires visant à palier en aval à l’impossible soin psychiatrique en milieu carcéral, telles les unités hospitalières spécialement aménagées, souvent nommées « hôpitaux prisons ». Question 1 ( 7 points ) En vous appuyant sur les éléments du texte : a/ Exposez la problématique (8 à 10 lignes) b/ Dégagez la ou les idées principales (15 à 20 lignes) Question 2 ( 5 points) Sous forme synthétique et/ou de tableau, citez les acteurs impliqués et donnez leurs positionnements Question 3 (5 points) (15 à 20 lignes maxi) « Alors que seuls 2 à 5 % des auteurs d’homicide et 1 à 4 % des auteurs d’actes de violences sexuelles sont atteints de troubles mentaux, la figure du « fou criminel » gagne les esprits et l’approche sécuritaire contamine les politiques de santé publique, quand bien même ce sont davantage les ruptures de soins et l’isolement social que les troubles psychiques en eux-­‐mêmes qui favorisent le passage à l’acte » ; Que pensez-­‐vous cette position ? Argumentez. La qualité de la syntaxe, la richesse du vocabulaire et le respect de l’orthographe seront pris en compte (3 points) ; CORRIGE Question 1 (moyen) Problématique Les conditions de détention en France continuent d’être rudes et les politiques publiques pour y remédier contradictoires. Les chiffres sont là : -­‐ plus de 50% des détenus souffrent d’addiction aux drogues et/ou à l’alcool ; -­‐ la prévalence de la tuberculose est dix fois plus élevée en détention qu’à l’extérieur ; -­‐ plus de 20 % des détenus seraient atteints de troubles psychotiques. Pourtant, l’accès au soin reste limité en prison et on note une progression des dispositifs judiciaro-­‐sanitaires tels que les hôpitaux prisons au détriment de l’insertion et de la prévention de la délinquance. Idées principales Des constats sont partagés : -­‐ les besoins sanitaires de la population incarcérée sont bien plus importants que ceux de la population générale, -­‐ les conditions de détentions sont désastreuses. Des engagements sont pris : -­‐ les médecins sont employés par l’hôpital public, -­‐ les détenus plus considérés comme des patients ordinaires, -­‐ les soins doivent être de même qualité que ceux dispensés à l’extérieur. Mais on constate toujours que l’accès au soin par les détenus reste difficile et non proportionné à leurs besoins. Autre exemple, l’institution carcérale demande aux médecins de leur livrer des informations personnelles sur leurs patients alors que dans le même temps, on réaffirme la primauté du secret médical. Un dernier exemple, le secteur de la psychiatrie manque de possibilités d’accueil adaptées, et les personnes souffrant de troubles mentaux se retrouvent à la rue et basculent dans la criminalité ou la délinquance. Loin de remédier à cette situation par des dispositifs d’insertion et de prévention de la délinquance, les pouvoirs publics mettent en place des actions judiciaro-­‐sanitaires telles les unités hospitalières spécialement aménagées, souvent nommées « hôpitaux prisons. Question 2 (facile) Les acteurs et leurs positionnements Acteurs DRASS et DDASS. Les médecins dans le milieu carcéral Contrôleur général L’institution carcérale Justice pénale magistrats Jurés Psychiatre positionnements Les soins ne sont pas adaptés ni proportionnés aux besoins des détenus. Les détenus sont des patients comme les autres. Primauté du secret professionnel. Qualité des soins et de la relation thérapeutique. Constate le hiatus entre médecins et autorités carcérales. Faire participer les médecins aux commissions pluridisciplinaires et partager les données et les informations. Tout connaître de la personne, de sa vie passée, prédire ses actes pour le futur. Répression au détriment de la prévention. Diminution des irresponsabilités. Condamnent plus systématiquement. Absence de moyens et de structures d’accueil. Question 3 (moyen) L’actualité regorge d’articles sur la récidive des ex détenus notamment en ce qui concerne les malades psychiatriques; Sont-­‐ils responsables de leurs actes ? Sont-­‐ils guérissables? En arrière fond de ce débat se pose l’inéluctable question de la réinsertion. Notre système carcéral ne prévoit pas suffisamment de dispositifs de réinsertion et de suivi adaptés. Manque de moyen, manque de volonté politique ? L’atrocité de certains crimes notamment le viol et la mort d’enfants mobilise la presse et le public est en émoi. Tout est remis en cause. L’inefficacité des mesures de prévention entraîne, en réaction, une radicalisation des positions. Certains proposent de créer des hôpitaux-­‐prison : soigner sans oublier de punir. Toutefois, lorsque l’on regarde les statistiques, les actes de violences sexuelles et / ou d’homicide ne concernent que 2 à 5 % de personnes atteintes de troubles mentaux. Pourquoi focalise-­‐t-­‐on alors autant sur ce phénomène ? Parce qu’il y a une mise en scène, une dramatisation par la presse de ces actes de violence qui bousculent nos représentations : enfance, viol, mort. Quid des 95% restant ? L’article parle d’isolement social, de rupture de soins. Quid des moyens et des politiques de prévention et d’insertion. On retourne alors à la case de départ. Il est indéniable que ces dispositifs de prévention et d’insertion sont des actes à poser sur le long terme et qui exigent un contrôle et un suivi systématiques. Répression et prévention ne sont pas forcément antinomiques. * Fin *