le plaisir d`un cata simple et performant - adn

Transcription

le plaisir d`un cata simple et performant - adn
?essai
Ailerons, barres franches, l'Helios 42
offre volume et performances.
Edel Helios
42
Une ligne agréable pour un bateau qui saura
vous emmener sur le moindre plan d'eau.
Au mouillage, le cata reste confortable, malgré un aménagement des plus simples…
LE PLAISIR
D’UN CATA SIMPLE
ET PERFORMANT
Une jolie ligne harmonieuse,
pour un cata confortable.
APRÈS LE 38 PIEDS, LE CHANTIER EDEL CONTINUE, AVEC CET HÉLIOS 42, LE DÉVELOPPEMENT DE SA GAMME. SI LA COQUE
EST UNE EXTRAPOLATION DU MOULE DU 38, LA PRINCIPALE ÉVOLUTION VIENT DE L’ADJONCTION DE DÉRIVES. VISITE GUIDÉE À BORD D’UN BATEAU SÉDUISANT.
TEXTE ET PHOTOS : GILLES RUFFET
n ce mercredi, le soleil est plutôt frais
devant Le Havre. Exceptionnellement, des dizaines et des dizaines
de bateaux occupent le plan d’eau ; en effet, les
trimarans de la Transat Jacques Vabre auraient
dû partir dimanche dernier, mais en raison du
mauvais temps, le départ a été reporté à
aujourd’hui. Il ne fait pas chaud, pourtant, les
conditions sont idéales pour tester ce bateau :
vent frais et soleil. Tandis que je me trouve à
bord d’un autre catamaran, pour faire des photos sous voiles de l’Edel 42, en le regardant, je
suis agréablement surpris par le passage des
coques dans l’eau. Il glisse bien, ses mouvements sont purs, l’eau jaillit proprement de
chaque côté des étraves. La ligne générale du
bateau est agréable, dessus et dessous sont du
même arrondi, pour la bonne raison que sa
construction utilise un seul et même moule,
collé sur un plan horizontal. Les étraves sont
renforcées d’un véritable pare-chocs en élastomère, destiné à absorber un éventuel choc.
Je regagne le bord de l’Edel. Dans un premier
temps, tandis que les trimarans libellules évo-
E
La barre franche…
Un plus indéniable pour "sentir"
son bateau. Bravo !
Un catamaran marin, grâce à un devis
et un centrage des poids respectés.
luent sous grand-voile seule, nous nous conten-
sont lâchés, dans deux semaines, Franck
tons de quelques bords sous solent, histoire de
Cammas sera le premier à arriver à Bahia. Nous
rester manœuvrants, appuyés au moteur, pour
ne verrons pas grand chose, trop loin pour la
constater qu’il est auto-vireur. Ainsi, lors d’un
moindre photo, et notre skipper a beau mettre
empannage ou d’un virement de bord, il n’y a
les gaz, rien n’y fait. Nous allons pouvoir mettre
rien d’autre à faire si ce n’est modifier le cap à
à la voile. La superbe grand-voile a été livrée
l’aide des barres franches. Son écoute revient
hier seulement par Bernard Mallaré de Delta
sur un winch, à tribord, la drosse d’enrouleur
Voiles, elle est bien entendu mouflée et monte
quant à elle revenant sur le winch bâbord ; les
bien, sur ses chariots à bille Fredericksen, mais
deux sont à bonne hauteur pour mouliner. Dans
elle montera plus facilement quand la drisse,
ce petit clapot, je sens le bateau léger.
après être passée au travers d’écubiers, reviendra au guindeau. La brise est encore légère,
Jour de fête.
nous avançons à 7.5 nœuds, sous grand-voile
Le vent, la lumière, tout est réuni pour que la
et solent ; les choses sérieuses commencent
fête soit réussie. A dix minutes du départ, les 60
au moment où nous déroulons le gennaker, sur
pieds envoient les voiles d’avant, déploient
emmagasineur, pour l’envoyer, il suffit, au
leurs grands gennakers. Le ballet des hélico-
moment où on reprend l’écoute, de libérer la
ptères a commencé. Les photographes vont
drosse en boucle. Pour l’instant, nous navi-
s’éclater, nous aussi. Ferries, avisos militaires et
guons à une allure un peu trop proche du vent
remorqueurs de haute mer se croisent et se
arrière, et nous ne sommes donc pas très per-
recroisent. Ils sont tous là : Marco, Mich Dej,
formants. C’est tout juste si nous arrivons à
Thomas et les autres, pour faire oublier le der-
faire jeu égal avec un JOD 35 sous grand-voile
nier Rhum, et aussi montrer que ces bateaux
seule. Nous allons prendre la direction de Saint-
sont extraordinaires et uniques. Ca y est, ils
Vaast La Hougue, à une cinquantaine de milles
I
3MULTICOQUES MAG 63
du Havre. Nous déroulons le gennaker, rapide-
qu’une, puisque la voile est auto-vireuse), à
novembre, nous prenons le café dans le cock-
On y retrouve la même assise, bien pratique, et
ment, au portant, avec ces vingt nœuds de
tribord. L’enrouleur de génois est un gros
pit, autour de la table, sur les bancs qui le cein-
la couchette offre 205 cm de long, par 140 cm
vent, Osiris allonge la foulée. Tenir la barre
Profurl 52, surdimensionné au vu de la surface
turent et qui s’avèrent pratiques. En sortant
dans sa plus grande largeur. La hauteur sous
franche est un véritable bonheur. Car il s’agit
de la voile, mais rendu nécessaire par le dia-
des équipets les deux petits tabourets pliants,
galipettes est entravée par le passage de la
bien là, avec les dérives inclinées, des origina-
mètre de l’étai. Il inspire confiance, tout
tout le monde prend place autour de la table.
poutre centrale, réalisée en enroulement fila-
lités les plus marquantes et les plus intelli-
comme le reste du bateau par ailleurs. Je
Un passe-plats, sous la forme d’un plexi cou-
mentaire. Tandis que je prends des notes, de
gentes, de ce bateau. Derrière nous, la mer
rebranche le pilote, il s’agit d’un Raymarine
lissant, désenclave le cuisinier par rapport aux
temps à autre, le bateau se lance dans un surf
tarde à se former. Sur un surf, j’atteins 15
5000. Il ne fait pas vraiment chaud, je rentre à
équipiers qui sont dehors. Le cockpit est large,
sauvage. Rarement, une vague vient lécher et
nœuds, assez facilement. Et je me pose la
l’intérieur. Gérard, le propriétaire de ce bateau,
spacieux, et l’antidérapant, efficace, est
toucher le dessous de la nacelle. La nuit tombe.
question : pourquoi diable ne trouve-t-on pas,
a fait le choix d’équiper Osiris d’un groupe
constitué
procédé
Le phare de l’entrée de Saint Vaast La Hougue
sur le marché, plus de catamarans équipés de
électrogène, de marque Lombardini, tout
International, le reste du bateau étant traité
n’est plus très loin. En me déplaçant sur le pont,
barres franches ? Les arguments commer-
comme les moteurs propulsifs. Ainsi, quand il
de couleur blanche.
je constate que les passavants ne sont pas très
3L’encadrement des portes des cabines, en
ciaux sont passés par là, car sur ces tailles de
fait trop froid, il démarre le groupe, et met en
Puis je reprends la barre, et me délecte des
larges ; les mains courantes du roof, en option,
caoutchouc, bien isolées.
bateaux, les roues ne sont pas vraiment
route deux petits chauffages électriques. Dans
sensations offertes par ce bateau. A vrai dire,
pourraient être implantées de série. Nous sor-
3La visibilité depuis le carré.
nécessaires ; désormais, on en trouve même
trois ans, il a pour projet de partir pour un tour
il y a bien longtemps que, lors d’un essai en
tons les défenses qui sont rangées dans les
3Un bateau performant.
sur des monocoques de moins de neuf mètres !
du monde. Osiris recevra alors un dessalinisa-
mer, je n’ai pas passé autant de temps assis, la
coffres avant, en pied de mât. C’est également
3Les barres franches.
Pourtant, il y a belle lurette qu’elles ont déser-
teur (le bateau est actuellement équipé d’un
main sur la barre. Je ne la quitte que pour la
en pied de mât que se trouve le groupe, le
té les cockpits des trimarans océaniques. Il
réservoir à eau de 200 litres). Dans la nacelle,
confier au doigté d’ Hélène. Elle prend pour la
réservoir à eau, l’ancre, sa chaîne et son guin-
moins
? Les
3Le manque d’espace de travail dans la cuisine.
sera bientôt midi. Le manche dans une main,
de temps à autre, un grondement nous rap-
première fois la barre d’un multicoque, les
deau. Inconvénient de la formule, la patte d’oie
un Ti-Punch dans une autre, le soleil d’hiver
pelle que le bateau part au surf. Avant de pas-
sensations sont très différentes de celles
sera peut-être un peu plus difficile à gréer.
illumine la baie de Seine, le joli bateau est
ser à table, et parce que nous sommes peut-
3L’inaccessibilité de l’écoute de grand-voile
offertes par son Romanée ! Elle aussi atteint
poussé par une bonne brise portante ; que
être un peu trop toilés pour le pilote, nous rou-
les quinze nœuds, tandis que nous rattrapons
Un bilan positif.
depuis les barres.
demander de plus ? Quand on navigue aussi
lons le gennaker, puis prenons un ris.
un monocoque, un peu plus petit que nous,
A l’issue de cette première journée, il apparaît
3Le manque de visibilité depuis la barre.
confortablement au-dessus de dix nœuds, le
L’intérieur est assez dépouillé, recouvert de
mais notre vitesse doit être double de la sien-
que ce cata rassemble tout ce qui en fait un
3L’impossibilité de lire les tableaux moteur
bonheur est forcément sur l’eau. Avec
vaigrage blanc sur feutre, réhaussé de
ne. Alors que le bateau avance entre dix et
multicoque marin, à savoir un poids maîtrisé,
depuis la barre.
quelques degrés Celsius de plus, on s’y croi-
baguettes de bois clair, le même qui est utilisé
douze nœuds, nous devisons, autour de la
un centrage des masses optimisé, une bonne
rait. Au gré des risées et des molles, bon an,
pour la menuiserie. La casquette est assez
table, en écoutant les Rolling Stones, le péché
surface de toile, des emménagements mini-
mal an, Osiris ne descend que rarement au
haute, à l’intérieur, la hauteur sous barrots est
mignon de Gérard (et le mien, un peu je
mums. Après les huîtres du soir, la nuit est
dessous de dix nœuds, et navigue régulière-
d’environ 195 cm.
l’avoue…) Mais la pierre qui roule, en ce
bonne et réparatrice. A 6 heures, l’équipage est
moment, c’est plutôt nous qui la rattrapons !
dans le carré, avalant une tasse de café. Dans
Le cockpit est simple mais fonctionnel.
? Bien :
ment à 12 nœuds ; ceci grâce à des coques
de
peinture,
le
qui semblent offrir ce qu’il faut en portance, en
A table.
Voilà, c’est fait. Encore un monocoque à
le port, il n’y a pas beaucoup de vent, il y a fort
finesse. Le centrage des poids est optimisé, et
Au menu de ce midi, chili con carne, version
vendre. A la barre, Hélène vient de flirter avec
à craindre que ça ne soit guère mieux dehors.
le gréement offre ce qu’il faut de puissance…
Gérard, l’heureux propriétaire de ce bateau
les 16 nœuds, le record est battu !
Je prends les commandes, nous quittons le
sympathique. A 10 nœuds, et même parfois
Un carré classique, et une fois à table,
on a une vue panoramique sur la mer…
Les aménagements sont :
simples, fonctionnels et pratiques…
A la barre.
nettement plus, nous savourons ce repas pris
Depuis la barre, on n’est pas exagérément
La cuisine manque cruellement d'espace
pour cuisiner à l'aise.
Les cabines arrières, ventilées par quatre
hublots, offrent des couchettes de bonne
dimension et des placards en nombre
suffisant.
ponton. La plate-forme de barre manque de
hauteur, je cherche une visibilité que je ne trou-
autour de la table du carré. J’apprécie les
Un aménagement des plus
simples.
protégé, et dans des conditions plus proches
fargues qui la ceinturent, car même à bord
Allumez votre lecteur CD, c’est maintenant du
stick. Pour ma taille, il y a peut être dix centi-
du vent, il ne fait aucun doute que le barreur
d’un cata, en mer, ça bouge toujours un peu.
blues, la musique qui nous accompagne pour la
mètres de trop sur la nacelle, ou il en manque
sera plus exposé. Pour bien voir sous le vent,
Grâce au plexi panoramique, on bénéficie
visite des coques. Il s’agit ici d’une version
dix au niveau de la barre…. Les portes s’ou-
? CARACTERISTIQUES
TECHNIQUES
il faut regarder à travers la baie vitrée de la
d’une excellente vue sur l’ensemble de la mer ;
quatre cabines, les deux coques sont donc
vrent, nous nous y engouffrons, et retrouvons
3 Longueur de coque : 12,68 m
nacelle, et de temps à autre, il n’est pas ridicu-
les deux seules zones ‘bouchées’ étant celle
symétriques. Une version de l’Edel 42 est éga-
les eaux de la Manche. Grand-voile et gennaker
3Largeur :
6,65 m
le de se lever et se déplacer pour avoir une
située au pied de mât, et une autre au-dessus
lement disponible en trois cabines. Face aux
sont envoyés, au près le plus serré, avec
3Tirant d’eau :
1,05 m/ 2,20 m
bonne vue sous le vent. A l’arrière du grand
des descentes dans les coques. C’est l’occa-
descentes, se trouvent les toilettes, un seul
quelques nœuds de vent, Osiris peine à
3Déplacement :
6 400 kg
cockpit, un winch commande le chariot de
sion de jeter un œil sur la cuisine. Elle est divi-
cabinet par coque, leurs portes sont coulis-
atteindre quatre nœuds. Comme tout catama-
grand-voile, et l’écoute. Dans cette disposition,
sée autour de la descente, le long de la cloison
3SV au près :
85,70 m2
santes, ils sont équipés d’une cuvette de WC,
ran de croisière, il paie là une forte surface
cette écoute est complètement inaccessible,
arrière… A tribord, on trouve la cuisinière et
3Grand-voile :
64 m2
d’un lavabo, et d’une douchette. Les cabines
mouillée. Pour commencer à vivre, il leur faut
depuis l’un ou l’autre des postes de barre.
l’évier, il manque singulièrement d’espace de
arrières, ventilées par quatre hublots, offrent
un peu plus de vent. L’aube point, la brise est
3Foc solent :
21,70 m2
des couchettes de bonne dimension (140 x
évanescente, le gennaker est enroulé, et la
Hors, ce bateau est plutôt performant, et il fau-
travail, et même plus simplement pour sécher
ve qu’en grimpant sur la coque, en prenant le
3Matériaux :
Sandwich mousse
PVC / polyester
dra modifier ce plan d’accastillage. Il s’agit en
la vaisselle. Les tiroirs sont en inox ; on aime,
200cm). Un siège de lecture, quelques placards,
risée Lombardini reprend du service, elle nous
effet d’une négligence intolérable sur un
ou on n’aime pas… Pendant ce temps, la dis-
et un vaigrage collé directement sur le sandwi-
poussera jusqu’à Honfleur, le port où siège le
3Catégorie de conception : A
bateau qui par ailleurs semble réunir tout ce
cussion suit son cours, sur le cours du homard
ch, le procédé est simple et efficace. Partout, la
chantier Edel. Entre temps, et après le chili
3Architectes :
qui fait d’un catamaran un bon multicoque. La
à l’île d’Yeu, ou au Havre, il viendrait paraît-il
hauteur sous barrots est suffisante. En allant
d’hier midi, le couscous d’hier soir, Gérard nous
drosse d’enrouleur revient sur la coque
de Salcombe, en Angleterre. Tandis que le
vers la cabine avant, on est à peine gêné par le
a concocté pour ce midi un délicieux porc à
bâbord, et l’écoute de solent (il n’y en a
speedo indique 12.5 nœuds. En ce mois de
passage des dérives, décalées sur l’extérieur.
l’ananas. Quel dur métier !
ADN
Bernard Lelièvre/
Alban Vigner
3Constructeur :
Edel catamarans
3Prix :
262.000 euros HT
I
3MULTICOQUES MAG 65